tenir [ t(ə)nir ] v. <conjug. : 22> I ♦ V. tr.
1 ♦ Avoir (un objet) avec soi en le serrant afin qu'il ne tombe pas, ne s'échappe pas. Tenir son chapeau à la main. « Il tenait un luth d'une main, De l'autre un bouquet d'églantine » (Musset). « À cause du verre qu'il tenait entre ses mains » (Flaubert). « Sous le bras, elle tenait son parapluie » (Suarès). Tenir qqn dans ses bras. ⇒ embrasser, étreindre, serrer. — Par ext. Ma main tenait la sienne. — Tenir la porte à qqn (pour le laisser passer).
♢ Avoir (un objet) à la main, dans les mains en serrant. Tenir les rênes d'un cheval, la laisse d'un chien; la rampe d'un escalier. — Tenir bon la rampe. Tenir la queue de la poêle. Tenir la dragée haute à qqn. Tenir la bride haute à qqn. Tenir les cordons de la bourse. Tenir la chandelle. Tenir le bon bout. Par ext. Se tenir le ventre (de douleur),presser ses mains contre. — Tenir un enfant par la main, tenir sa main. Il la tient par la taille. Je te tiens, tu me tiens par la barbichette (chans. enfantine). Se tenir les côtes de rire. Tenir la jambe à qqn.
2 ♦ (Choses) Faire rester en place. ⇒ retenir. « Les rouleaux des amarres qui le tenaient [le chalut] » (Maupassant). De « simples semelles tenues par des courroies » (Daniel-Rops). — Fig. Conserver, garder. « Ses cheveux tenaient la frisure » (Balzac). Tenir une pose. Piano qui tient l'accord.
♢ (Personnes) Tenir sa langue, son sérieux. (Attribut) Tenir qqch. secret.
3 ♦ Faire rester dans un certain état, pendant un certain temps. ⇒ maintenir. Il lui a tenu la tête sous l'eau. Le médecin m'a tenu là pendant une demi-heure. ⇒ garder. Tenir qqn en respect avec un revolver. Tenir qqn en échec. Tenir qqn au courant. Il tenait les yeux baissés. Ces travaux me tiennent occupé jusqu'en juillet. Un vêtement qui tient chaud. « L'espérance les tient en haleine » (Marivaux). — Tenir un plat au chaud. — Tenir une note, en prolonger le son. — Ficelles et clous qui tiennent un assemblage.
4 ♦ Saisir (ce qui s'échappe), s'emparer de. Tenir qqn, être maître de lui, de sa liberté, de son indépendance. ⇒ maîtriser. Nous tenons les voleurs. « On le tient cette fois [...] on va lui casser les reins » (Péguy). Si je le tenais ! (il verrait cela). Professeur qui sait tenir ses élèves. — « Amour, amour quand tu nous tiens » (La Fontaine).
5 ♦ Résister à (dans quelques expr.). Un navire qui tient bien la mer, qui ne risque pas de chavirer. — Tenir l'alcool : être capable de boire beaucoup sans être ivre. « un des rares hommes à tenir le whisky aussi bien que le colonel » (Simenon). — Fam. Tenir bon. Tenir le choc, le coup. — Tenir tête à.
6 ♦ Avoir en sa possession. ⇒ 1. avoir, détenir, posséder. « À mon avis, vous tenez un filon » (Romains). Le bonheur « lorsqu'on le tient, ce n'est plus rien de bon » (Alain). « La certitude qu'ils tiennent la vérité » (France). — Milit. Tenir un territoire, une position, en être maître. — PROV. Mieux vaut tenir que courir : il vaut mieux avoir effectivement qqch. qu'entretenir de grands espoirs. — Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras : mieux vaut avoir effectivement une chose, que la promesse d'une chose de plus grande valeur.
♢ Fam. Tenir une bonne cuite. Je tiens un de ces rhumes. Il en tient une couche : il est bête.
♢ Littér. FAIRE TENIR QQCH. À QQN :faire parvenir. « Une petite fille nommée Carmen, à qui je fis tenir [...] une lettre dans laquelle je lui exprimais mon amour » (Radiguet).
♢ TIENS, TENEZ ! prends, prenez. « Tiens, mon ami, en voilà un autre » (Voltaire). Tenez, voilà votre argent. « Il gifla le gosse. “Tiens, ça t'apprendra !” » (Aragon). (Pour présenter qqch.) Tenez, je l'ai vu hier. Ça m'écœure, tiens ! — TIENS ! (pour marquer l'étonnement). Tiens ! je ne l'aurais pas pensé. ⇒ 2. té. Tiens, tiens ! C'est bien étrange.
♢ TENIR EN : avoir en. Tenir qqn en estime.
7 ♦ TENIR QQCH. DE QQN, l'avoir par lui. « Tu tiens ces nouvelles de mon oncle » (Molière). De qui tenez-vous ce renseignement ? Nous tenons de source sûre, de bonne source que...
♢ Spécialt, fig. Avoir par hérédité. Il tient cela de son père. « Je tenais de ma grand-mère d'être dénué d'amour-propre » (Proust)[cf. infra III, 3o].
8 ♦ Occuper (un certain espace). « La fosse à fumier, qui tenait un tiers de la cour » (Zola). « L'enseigne, qui tenait toute la largeur de la boutique » (Flaubert). — Bouteille qui tient le litre. ⇒ contenir. « Ces questions d'intérêt [...] qui tiennent une si grande place dans la vie » (Loti).
9 ♦ Occuper (un lieu), sans s'en écarter. Conducteur qui tient sa droite. Tenir la route. Tenir le haut du pavé.
♢ Fig. Tenir une place éminente dans la société. Tenir son rang. — Tenir lieu de...
10 ♦ Remplir (une activité). ⇒ exercer. Tenir une charge, un emploi, un poste. Tenir son rôle. Tenir compagnie. La conduite à tenir. — Avoir sous sa direction, sous son autorité... ⇒ diriger, gérer. Tenir un hôtel, un café (⇒ tenancier) . « Ce logis tenu par deux femmes » (Hugo). Tenir boutique. Par ext. Elle « tenait l'orgue pour un cachet minime » (Vialar). Le greffier tient les notes d'audience. Tenir un registre, un journal. Tenir une rubrique dans un journal. Tenir la caisse, la comptabilité, les livres de comptes (⇒ 2. teneur) . Tenir compte de.
♢ Présider (une réunion), prendre part à. Tenir une assemblée, un concile, une conférence... Tenir conseil, séance. ⇒ délibérer, discuter.
♢ Par ext. Tenir un langage, des discours, des propos (et adj. ou déterm.),s'exprimer (de telle façon). « Le discours intérieur qu'elle se tenait à elle-même » (Bourget). Tenir des propos scandaleux.
11 ♦ Considérer, regarder comme. Vx « Je tiens leur culte impie » (P. Corneille). Mod. Tenir quitte. — (1050) TENIR... POUR... : considérer, croire. Tenir un fait pour assuré, certain. « Il tenait [...] l'existence d'un principe créateur pour assez probable » (France ). « On le tient pour un esprit fameux » (Romains). Tenez vous-le pour dit.
12 ♦ Observer fidèlement (ce qu'on a promis). Tenir parole, sa parole, ses engagements, ses promesses, une gageure, un pari, un serment. Absolt Promettre et tenir sont deux. — Mettre un enjeu équivalent, au jeu. Je tiens ! Pari tenu.
II ♦ V. intr.
1 ♦ (fin XIIe) Être attaché, fixé, se maintenir dans la même position. « Des lunettes qui tiennent sur le bout des narines » (Balzac). Je ne tiens plus debout. Fig. Votre histoire ne tient pas debout, est invraisemblable. Il ne peut tenir en place. Un échafaudage qui tient en équilibre, tient tout seul.
♢ Par ext. Être contigu. Le jardin tient à la maison (⇒ attenant) .
♢ Fig. « Je tiens encore par mille liens au monde dans lequel j'ai vécu » (France). Cela n'a tenu qu'à un fil, un cheveu.
2 ♦ (1155) Choses Être solide, ne pas céder, ne pas rompre. Faites un double nœud, cela tiendra mieux. « Des chaînes qu'on croit rompues et qui tiennent toujours » (Maupassant). « L'écrou ne tenait plus » (Hugo). « Un granit escarpé où la neige ne tient même pas » (Michelet). Tenir bon : bien résister. « L'arbre tient bon, le roseau plie » (La Fontaine). Fig. Il n'y a pas de raison qui tienne, qui puisse s'opposer à... Par ext. Fam. Il n'y a pas de concert qui tienne : tu n'iras pas au concert.
♢ Ne pas se défaire. Coiffure, maquillage qui ne tient pas. Faire tenir ses cheveux. Un plissé qui tient.
♢ Résister à l'épreuve du temps; rester valable. ⇒ durer. « Le marché ne tint pas » (La Fontaine). Cette pièce n'a pas tenu, quel four ! Leur union tient toujours. Fam. (en parlant d'une invitation, d'un projet) Cela tient toujours pour jeudi ? — Résister à l'analyse. Son raisonnement ne tient pas.
3 ♦ (Personnes) Résister. Tenir ferme contre l'ennemi. Il faut tenir bon, ne pas céder. « Quelques carrés de la garde [...] tinrent jusqu'à la nuit » (Hugo). « Il a fallu tenir dix jours » (Dorgelès). « Je tiendrai bien jusqu'à demain soir. — Tu es trop tendue, tu ne tiendras pas. Ton courage t'abandonnera tout d'un coup » (Sartre).
♢ Ne plus pouvoir tenir, ne pouvoir y tenir : être au comble de l'impatience, à bout, hors de soi. « Je n'y puis plus tenir, j'enrage » (Molière). N'y tenant plus, il est parti en claquant la porte.
♢ Par ext. vieilli Tenir pour qqn : ne pas abandonner son parti. ⇒ soutenir. « Les médecins qui tenaient pour les anciens intentèrent un procès » (Voltaire). Mod. Tenir pour une opinion, la soutenir.
4 ♦ Être contenu dans un certain espace. Tous mes livres tiennent dans cette armoire. ⇒ entrer. « Une voiture démodée où l'on pouvait tenir à dix » (Simenon). « Les trente lettres et dépêches où tenait tout le projet de l'opération » (Madelin).
III ♦ V. tr. ind.
1 ♦ (1237) TENIR À QQN, À QQCH., y être attaché par un sentiment durable. « Il doit tenir à cette femme-là » (Balzac). « Je ne tiens plus à personne » (Loti). J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux. Tenir à la vie, à la liberté.
♢ (Avec une propos.) Vouloir absolument. J'ai tenu à les inviter. « Ils tiennent à ne pas se mettre mal avec la police » (Romains). Si vous y tenez, on peut vérifier une seconde fois. Il ne tient pas à ce que je vienne.
2 ♦ (Choses) TENIR À QQCH. : avoir un rapport de dépendance, d'effet à cause. ⇒ provenir, résulter. « Cette médiocrité ne tenait pas au genre, elle tenait au talent insuffisant des auteurs » (Caillois). « Cela tient à ce que nous n'avons pas la même nature » (France). Impers. (négatif) Il ne tient qu'à moi qu'il obtienne satisfaction, il ne dépend que de moi. S'il ne tenait qu'à moi... Qu'à cela ne tienne ! peu importe, que cela ne soit pas un obstacle.
3 ♦ (1580) TENIR DE QQN, DE QQCH. : avoir des rapports de filiation, de parenté, d'analogie qui amènent une ressemblance. « Il tenait de sa mère et de sa grand-mère » (Sainte-Beuve). ⇒ ressembler (à). Il a de qui tenir : ses parents ont bien ce trait qu'il possède.
♢ Participer de la nature de (qqch.). Cela tient du miracle, du prodige.
IV ♦ SE TENIR v. pron. (1080)
A ♦ (Réfl.)
1 ♦ SE TENIR À QQCH. : tenir qqch. afin de ne pas tomber, de ne pas changer de position. ⇒ s'accrocher, s'agripper, se cramponner, se retenir. « La corde à laquelle il se tenait d'une main » (Hugo). Le blessé se tenait au mur. ⇒ s'appuyer. — Absolt Tiens-toi bien, ça glisse !
2 ♦ Être, demeurer (en telle position). Se tenir debout. Se tenir penché, les bras croisés, à genoux, agenouillé. Se tenir immobile, sans bouger, au garde-à-vous. Tiens-toi droit ! Façon de se tenir. ⇒ attitude, maintien, 2. port, tenue. Savoir se tenir à cheval : avoir une bonne assiette.
♢ Fig. et absolt Être formé d'éléments cohérents qui entraînent la vraisemblance. C'est peut-être un mensonge mais cela se tient. Son histoire, son raisonnement se tient.
3 ♦ Être (quelque part). « Pablo se tenait au milieu de la chambre » (Sartre). Se tenir près, auprès de qqn. « Elle se tenait à l'écart modestement » (Flaubert). — (1559) Choses Lieux où se tiennent les foires, où elles ont lieu.
4 ♦ Être et rester (dans un certain état). Se tenir prêt. Se tenir caché, à carreau, sur la réserve, sur ses gardes. Se tenir tranquille : ne pas bouger; fig. ne pas agir, rester sage. Se tenir à l'écart. Se tenir au courant.
♢ Se tenir bien, se tenir mal : se conduire en personne bien, mal élevée. Se tenir bien à table. — Absolt Se tenir : se tenir bien. Il sait se tenir en société.
5 ♦ Vx ou littér. NE POUVOIR SE TENIR DE... : ne pouvoir s'empêcher, se retenir de (faire telle chose). « Ses voisins de dortoir [...] ne pouvaient se tenir de rire » (Maupassant).
6 ♦ Littér. SE TENIR À QQCH. : observer, pratiquer fidèlement et exclusivement. « Tu parles d'or, maman, et je me tiens à ton avis » (Beaumarchais).
♢ Cour. S'EN TENIR À QQCH. : ne pas aller au-delà, ne vouloir rien de plus. ⇒ se borner. « Ils s'en tenaient aux lieux communs » (Flaubert). S'en tenir là : s'arrêter. Tenez-vous-en là. — Savoir à quoi s'en tenir : être fixé, informé (cf. En avoir le cœur net). « J'en suis malade, à la fin, de ne pas savoir à quoi m'en tenir. Il me faut un oui ou un non » (Zola).
7 ♦ SE TENIR POUR... : se considérer comme. « Un mot de plus, et je me tiens pour insulté » (Gobineau). — Se tenir pour averti.
B ♦ (Récipr.)
1 ♦ Se tenir l'un l'autre. Se tenir par la main, le bras, la taille.
2 ♦ Être dans une dépendance réciproque. « Ces choses complexes où tout se tient, où les qualités sortent des défauts, et où l'on ne peut rien changer sans faire crouler l'ensemble » (Renan).
3 ♦ Être très proches, très voisins, pour qqn qui juge. Les deux candidats, les deux options se tiennent, ce qui rend le choix difficile.
⊗ CONTR. 1. Lâcher, laisser, quitter . Abandonner, capituler, céder, fléchir. — Branler, chanceler. Manquer (à).
⊗ HOM. Tins :teins (teindre); tintes :teinte (teinter), tinte (tinter).
● Tenir résister à une situation difficile, la supporter sans faiblir : Il peut tenir plusieurs jours sans manger.
tenir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Avoir à la main, dans les bras, etc. Tenir un objet. Tenir qqn par le cou.
d2./d (Sujet n. de chose.) Maintenir fixé. La sangle qui tient la charge.
d3./d Parvenir à avoir ou à garder en son pouvoir, sous son contrôle. Nous tenons le coupable. Tenir son cheval.
— Fig. La fièvre le tient.
|| Loc. Tenir sa langue: savoir se taire.
— (Forme passive.) être tenu à qqch, à faire qqch, y être contraint, obligé.
d4./d Avoir, posséder. Je tiens la solution.
— Prov. Mieux vaut tenir que courir: il vaut mieux se contenter de ce qu'on a que de rechercher qqch d'incertain.
d5./d Tenir une chose d'une personne, l'avoir eue par l'intermédiaire de cette personne. Je tiens ces documents d'un confrère.
— Fig. De qui tenez-vous la nouvelle?
d6./d Occuper (un espace). Ce meuble tient trop de place.
|| Loc. Tenir lieu de.
d7./d Avoir la charge de; être occupé à. Tenir un restaurant. Tenir la caisse.
— (Belgique) Fam. élever (des animaux). Tenir des lapins, des poules.
— (Belgique) Tenir une collection: faire une collection.
— Tenir compte de.
— Tenir conseil: s'assembler pour délibérer.
|| Tenir tel discours, tel propos: parler de telle manière.
d8./d Maintenir dans la même position, la même situation. Tenir les yeux baissés. Tenir une chose secrète. Tenir qqn en haleine, en respect.
d9./d Garder, conserver. Tenir son sérieux.
— Tenir rigueur à qqn.
|| Instrument qui tient l'accord, qui reste longtemps accordé.
d10./d (Sujet n. de chose.) Pouvoir contenir. Ce réservoir tient vingt litres.
d11./d Rester dans (un lieu); conserver (une direction). Tenir la chambre, le lit. Tenir un cap.
|| Bateau qui tient bien la mer, qui est stable et sûr.
— Par anal. Voiture qui tient la route.
d12./d être fidèle à (un engagement). Tenir sa parole.
d13./d Tenir qqch, qqn pour, le considérer comme. Tenir une chose pour vraie.
|| Fam. Se tenir qqch pour dit, ne pas avoir besoin qu'on vous le rappelle.
rII./r v. intr.
d1./d Rester à la même place, dans la même position, sans se détacher, sans tomber. Ce clou, ce pansement tient mal.
d2./d Subsister sans changement. Ce projet tient-il toujours?
|| Fig. être cohérent, valable, digne de considération, crédible. (V. aussi v. Pron. ci-après: IV, 7.) Ses arguments ne tiennent pas ou, Fam., ne tiennent pas debout.
d3./d (Sujet n. de personne.) Résister. Ils ne pourront pas tenir longtemps.
— Tenir bon (même sens). Tenir bon contre une attaque.
|| (Belgique, Fam.; France, vieilli) Tenir pour ou tenir avec (qqn): soutenir (qqn), prendre parti pour (qqn).
|| N'y plus tenir: ne plus pouvoir se dominer.
d4./d Pouvoir être compris dans un certain espace, dans certaines limites. Ses vêtements tiendront dans une seule valise.
— Fig. Toute sa philosophie tient en une maxime.
rIII/r v. tr. indir.
d1./d Adhérer, être attaché (à). Affiche qui tient au mur avec des punaises, de la colle.
|| Fig. Tenir à qqn, à qqch, y être attaché.
— Cela lui tient à coeur: il y porte un grand intérêt.
|| (Suivi de l'inf. ou du subj.) Désirer à tout prix. Je tiens à le rencontrer, à ce que tu le voies.
d2./d Dépendre, provenir (de). La maladresse tient parfois à l'inexpérience.
|| v. impers. Il ne tient qu'à vous que cela réussisse, cela ne dépend que de vous.
— Qu'à cela ne tienne: que cela ne soit pas un empêchement.
d3./d Tenir de: avoir une certaine ressemblance avec. Il tient de son père. Cela tient de la folie.
rIV./r v. Pron.
d1./d (Récipr.) Se tenir mutuellement. Ils se tenaient par la main.
d2./d Se retenir, s'accrocher à (qqch). Se tenir d'une main au trapèze.
d3./d Se trouver, demeurer (dans un certain lieu, une certaine position, un certain état). Elle se tenait sur le pas de la porte. Se tenir accroupi.
|| Se tenir bien, mal: avoir un bon, un mauvais maintien; faire preuve d'une bonne, d'une mauvaise éducation.
d4./d Avoir lieu. La réunion se tiendra ici.
d5./d S'en tenir à: rester dans les limites de (qqch d'arrêté).
— Tenons-nous-en là: n'en disons, n'en faisons pas davantage.
— Savoir à quoi s'en tenir: être fixé sur qqch.
d6./d Se tenir pour: se considérer comme. Se tenir pour satisfait.
d7./d Fig. (Sujet n. de chose.) Absol. Présenter une certaine cohérence; être vraisemblable, crédible. Son récit se tient.
rV./r Loc. Interj. Tiens! Tenez!: Prends! Prenez!
|| (Pour attirer l'attention, marquer l'étonnement.) Tenez, je vais vous le montrer. Tiens, il pleut!
— Rem.: Tiens! s'emploie aussi avec le vouvoiement. Tiens! vous voilà!
⇒TENIR, verbe
1re Section. Empl. trans. et intrans.
I. — Empl. trans. Disposer de quelqu'un, être en possession de quelque chose, être en état de garder cette chose.
A. — Avoir (entre les mains, à sa disposition).
1. Qqn (ou un animal, un organe de préhension) tient qqn (ou un animal)/qqc. Garder (dans un/des organe(s) de préhension) de manière à ne pas laisser s'échapper, en vue de prendre appui, etc. Anton. lâcher1. Il reste là, indifférent, voûté, tenant son verre qu'il porte de temps à autre à ses lèvres (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 77).
SYNT. Tenir le(s) bras de qqn, son chapeau, la/les clef(s), un objet, un enfant, un livre, la/les main(s) de qqn (dans la/les sienne(s)); tenir qqn, qqc. dans ses bras, entre ses mains; tenir qqn par la main; tenir qqc. à la main, dans sa/ses mains(s), d'une main, à pleine(s) main(s).
— [Avec compl. désignant une partie du corps]
♦ Fam. Je te tiens par la barbichette (paroles d'une chanson enfantine accompagnant un jeu traditionnel).
♦ Empl. pronom. réfl. indir. et réciproque. Se tenir les côtes, les coudes, le ventre. Il se tenait la bouille à deux mains (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 466). V. estomac C 1 ex. de France.
— Empl. abs. On s'est mis à deux pour la grande volée: un qui tient, un qui cogne. C'est plus vite fait que d'écrire à l'inspecteur de l'Assistance (HAMP, Champagne, 1909, p. 88).
— Empl. pronom. réfl. Paulina, qui se tenait elle-même à la gorge avec tant de violence, se sentit dégagée un peu, et respira (JOUVE, Paulina, 1925, p. 144).
— Empl. pronom. réciproque. Avec l'exubérance de chiens qui se flairent, ils ont échangé des bourrades, se tenant par les épaules et s'appelant « président » (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 184).
♦ Se tenir de près. [En parlant de deux ou plusieurs concurrents, dans une épreuve sportive] Être très proches l'un de l'autre, les uns des autres (d'apr. Lar. Lang. fr.).
— Tenir un enfant sur les fonts. [Avec effacement du compl. de lieu] Mme Delelée ne demanderait pas mieux que de tenir [comme marraine] l'enfant d'un compagnon d'armes de son mari (Mme V. HUGO, Hugo, 1863, p. 15).
— [Le compl. désigne un outil, un instrument, etc.] Avoir un outil, un instrument à la main pour s'en servir comme il convient. Tenir les rênes. Sa grosse distraction était, chaque fois que le train se garait pour en laisser passer un autre, d'aller retrouver en tête Bébert qui tenait les guides (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1294). Tenir la plume. Tenir le volant. V. volant2.
♦ Au fig. Tenir les commandes (d'un pays, d'une entreprise). V. commande II C 2 ex. de Thibaudet.
— SPORTS. [Basket] Ballon tenu. Ballon ,,nettement immobilisé par deux joueurs qui se le disputent`` (PETIOT 1982); ballon tenu pendant plus de cinq secondes sans être joué par un joueur marqué par un adversaire (d'apr. PETIOT 1982). [Volley] Le ballon doit être nettement frappé. S'il est accompagné, soulevé, poussé, porté, il sera considéré comme balle tenue (Féd. Franç. Volley-ball, Règles, 1951 ds PETIOT 1982).
— Empl. pronom. à sens passif. Des ressorts de montre, de petites pendules, de vieilles lancettes, servent communément de lames à l'ouvrier. La pointe se tient à peu près comme une plume à écrire (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 153).
— Proverbe, vx. Cet homme tient bien ce qu'il tient. ,,Il n'est pas aisé de lui faire quitter prise; ou bien: Il est avare`` (Ac. 1835).
— P. métaph. ou au fig. Les savants et les techniciens étaient en train de fabriquer des bombes, des anti-bombes, des super-bombes, c'étaient eux qui tenaient l'avenir dans leurs mains. Un joyeux avenir! (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 229).
♦ Empl. pronom. réciproque. Se tenir par la main; se tenir entre soi. Faire preuve de solidarité. « Il va falloir beaucoup l'entourer », répétait ta mère. « Heureusement que nous sommes une famille où l'on se tient les uns les autres. Il ne faut pas laisser seule cette petite » (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 121).
— Loc. verb. fig.
♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Tenir qqn au cul et aux chausses. V. chausse. Tenir qqn au filet. V. filet1. Tenir qqn à quatre. Tenir qqn dans sa manche. V. manche2 I A. Tenir qqn de court. V. court1. Tenir qqn en lisière(s).
♦ Se tenir de près. [En parlant de deux ou plusieurs concurrents, dans une compétition autre que sportive] Obtenir des résultats à peu près équivalents. Deux candidats qui se tiennent de près, difficiles à départager (GDEL).
♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne un animal] Tenir un cheval par la bride. Tenir le loup par les oreilles.
♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé] Tenir le bon bout. Tenir les cartes. V. carte II A 1 c. Tenir le chandelier, la chandelle. Tenir la corde. Tenir les cordons de la bourse. V. bourse1. Tenir le crachoir. Tenir le(s) dé(s). Tenir à qqn l'épée dans les/aux reins. Tenir l'épée à la gorge de qqn. Tenir l'étrier à qqn. Tenir ferme qqc. V. ferme1 II A. Tenir les fils (d'une affaire). V. fil. Tenir la haute main sur/dans qqc. V. haut1. Tenir la main à (un cheval). Tenir la rampe. Tenir la queue de la poêle. V. poêle3 A 2 a.
2. À l'impér. [Fait fonction d'interj. pour exprimer les types d'action d'un locuteur par rapport à une situation donnée]
a) [Sous les formes tiens ou tenez]
— [Le locuteur interpelle qqn à qui il présente qqc.] Vous ne voulez pas sortir avec nous? Tenez, voici un livre que j'ai reçu, je pense qu'il vous intéressera (PROUST, Sodome, 1922, p. 1045).
— [Le locuteur active une situation] Bougrelas, le frappant: Tiens, lâche, gueux, sacripant (...)! Père Ubu, ripostant: Tiens! polognard, soûlard, bâtard (...)! (JARRY, Ubu, 1895, V, 2, p. 89).
— [Le locuteur entre en contact] Ça va bien, dit-il, jetant trente sous sur le comptoir. Tenez, donnez-moi un paquet de cigarettes anglaises (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 314).
— [Le locuteur justifie par un exemple ou par une preuve] Patience, Vial, bientôt je viendrai ici au printemps... et à l'automne... et aussi pendant les mois qui servent à bourrer les intervalles entre deux saisons... février, tiens, ou bien la deuxième quinzaine de novembre (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 40).
— [Le locuteur défend une opinion] — Honoré! voyons, Honoré... — Et crois-tu que c'est frais? un museau rigoleur... Tiens, pendant qu'on était à causer, je lui ai vu la jambe jusqu'au mollet! Ah! Jésus Fils! Comme c'était! (AYMÉ, Jument, 1933, p. 193).
b) [Uniquement sous la forme tiens]
— [Le locuteur exprime sa désapprobation franche, sa rancune] Le prince hindou de l'autre bout de la salle fit un grand geste hautain pour appeler l'infirmier. — Tiens, dit celui-ci au gardien-chef, tu vas voir ce salaud-là! Il a encore recommencé, j'en suis sûr. Oh mais cette fois... (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 250).
— [Le locuteur exprime sa surprise dans le discours dir. et dans le discours latent] Je pousse un gémissement; alors il s'arrête, soulève son lorgnon et, par-dessus son journal:— Tiens! Qu'est-ce que tu fais là? Je me crispe (...) et, dans une espèce de sanglot que je voudrais irrésistible:— Je souffre, dis-je (GIDE, Si le grain, 1924, p. 426).
— [L'empl. de la forme tiens répétée ou suivie de donc signifie que le locuteur retient sa surprise, insinue, ironise] — (...) Voilà le train qui part, vous prendrez le suivant. — Le suivant!... Le suivant!... — Tiens donc! Vous croyez peut-être comme ça q'la compagnie est à vot' disposition? Fallait pas arriver en retard; tant pis pour vous (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 194). Tiens, tiens, tiens... Est-ce qu'il finirait par s'assagir et comprendre que son bonheur est auprès de sa femme? (BOURDET, Sexe faible, 1931, III, p. 460).
3. Qqn tient qqn
a) [Avec ou sans compl. de temps] Immobiliser quelqu'un plus ou moins complètement, le faire rester près de soi plus ou moins longtemps. Synon. retenir. Le roi faisait souvent inviter à dîner M. Leuwen et après dîner le tenait une demi-heure ou trois quarts d'heure dans l'embrasure d'une fenêtre(STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 273). Avec son patronage, ses enfants de Marie et le reste, le curé les tient une heure chaque dimanche (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 69).
— Région. (Belgique). Garder. Il ne sait pas tenir un ouvrier (BAET. 1971, p. 422).
— Tenir la jambe à qqn.
b) Avoir quelqu'un en son pouvoir, se rendre maître de la liberté de quelqu'un, disposer des moyens propres à limiter son indépendance. Tenir sa classe. Depuis deux ans vous êtes possédée du diable. Il ne vous tient pas toujours; mais, quand il vous tient, il vous tient bien (CUREL, Nouv. idole, 1899, II, 1, p. 191). Demain, j'aurai une journée fatigante; les enfants sont durs à tenir le lundi (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 68).
— Empl. abs. Je voudrais tenir et punir, — et il faut rester sur sa chaise, attendre cinq heures puis attendre sept heures (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1898, p. 316).
— SPORTS. Restreindre la liberté de mouvements d'un adversaire par un contact personnel. [Un boxeur] qui tient son adversaire d'un bras n'a pas le droit de frapper avec l'autre (NILSSON, 1931 ds PETIOT 1982).
♦ Au fig. Faire jeu égal avec un adversaire, être capable de le battre. Depuis que je m'entraîne avec lui, je me suis rendu compte que je le tenais à l'entraînement (L'Équipe, 3 août 1970 ds PETIOT 1982).
4. Qqn tient qqc. (ou un animal)
a) Avoir en sa possession, à son usage. Synon. détenir, posséder. Tenir la grande forme:
• 1. [La Terreur] est prétentieuse et déçue (...). Elle a ces défauts-là, et bien d'autres. Mais elle tient une vertu, qui passe de loin ses défauts: dans un domaine, trop souvent livré à la manie comme à la complaisance, elle refuse profondément le hasard, l'ombre, la confusion.
PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 59.
— Proverbes. Mieux vaut tenir que courir. ,,La possession d'un avantage modique vaut mieux que la poursuite d'un bien plus considérable`` (Ac. 1935). Déjà la Terre Promise me fatiguait et je me sentais de ceux qui ont pour plus agréable de courir que de tenir (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 19). Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. ,,La possession d'un bien présent, quelque modique qu'il soit, vaut mieux que l'espérance d'un plus grand bien à venir, qui est incertain`` (Ac. 1835). Il prépare obstinément ses fils à l'imiter, en vue de la retraite, aussi certaine que misérable, au moyen de laquelle lui et eux termineront leur carrière. Un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 88).
— Absol. Comment posséderait-il [le Turc] légitimement une terre qu'il ne sait pas cultiver? La violence tient, elle ne possède jamais (J. DE MAISTRE, Corresp., 1807, p. 285).
— Région. (Belgique). Collectionner. Tenir les timbres (DOPP. Région. 1978).
— Faire tenir qqc. à qqn. Faire en sorte qu'une chose lui soit remise, communiquée. Le chanoine lut la dénonciation avec la comtesse, et il fut convenu que, dans la journée, il lui en ferait tenir une copie par une personne sûre (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 85):
• 2. Lettre du général de Gaulle à Sir Alexander Cadogan, Sous-secrétaire d'État permanent au Foreign Office. Londres, le 21 janvier 1941. Mon cher sous-secrétaire d'État, Vous avez bien voulu me faire tenir un mémorandum exprimant le point de vue du Gouvernement britannique au sujet de la situation en Indochine.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 338.
— Loc. Tenir le mot de l'énigme, le sens d'un passage, la solution d'un problème. En avoir saisi le sens, en détenir la solution (d'apr. LITTRÉ). Tenir la banque. V. banque1. Tenir (un bien) à bail/à loyer. En tenir une couche (de bêtise). Tenir le (bon) filon. Tenir une (bonne) muffée.
b) [Le compl. désigne une activité, un emploi, une fonction] En assumer la responsabilité d'une manière suivie, remplir les obligations qui s'y attachent. Synon. exercer, occuper, remplir, jouer (un rôle). Tenir une maison, un rôle, une session. Mais pour tenir cet office, encore faut-il qu'il existe [le groupe professionnel] et qu'il ait même pris assez de consistance et de maturité pour être à la hauteur du rôle nouveau et complexe qui lui incomberait (DURKHEIM, Divis. trav., 1902, p. XXXVI). Tenir compagnie (à qqn). Tenir le beau rôle.
♦ JEUX. Tenir jeu à une personne. ,,Jouer contre elle autant et aussi longtemps qu'elle le désire``(Lar. 19e-20e).
— Assurer la gestion de quelque chose; élever des animaux. Tenir une librairie, une pension. Rappelez-vous que le gâteur d'arbres contre lequel un garde me serait utile est mon fermier lui-même, qui laisse ses métayers tenir des chèvres, les mener dehors et permet d'ébrancher autrement qu'il n'est convenu (SAND, Corresp., t. 5, 1864, p. 43). Ma mère et mon frère cadet tenaient la boulangerie et s'y tuaient de fatigue pour assurer mon entretien au grand séminaire (BILLY, Introïbo, 1939, p. 91).
♦ Loc. Tenir boutique. Tenir école. Tenir galère. Tenir garnison. Tenir maison. Tenir manufacture.
— Proposer habituellement à la vente. La maison A. Popinot tient également des huiles de la droguerie, comme néroli (...), huile de café, de ricin et autres (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 182).
♦ P. métaph. M. Ohnet est au premier rang de ceux qui tiennent cet article-là [des « histoires » qui donnent l'impression que « c'est de la littérature »]; il est incomparable dans sa partie; il sait ce qui plaît au client, il le lui sert, il le lui garantit (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 355).
— Jouer de certains instruments de musique (harmonium, orgue), d'un ensemble précis d'instruments (batterie), en assumer la responsabilité en tant que titulaire dans un orchestre, une église. Son père (...) répétait:— Oui ou non, peux-tu tenir l'harmonium? — Je ne sais pas, je n'ai jamais essayé, répondit Lucienne (...). Mme Haudouin vint au secours de sa fille. — Ce n'est pas du jour au lendemain qu'elle peut se mettre à l'harmonium. Il faut une certaine habitude (AYMÉ, Jument, 1933, p. 124).
♦ Loc. Tenir sa partie.
— [Équivaut, dans les loc. ci-après, à un enregistrement d'informations par écrit] Tenir un carnet, une comptabilité, un compte, le(s) compte(s) de qqc.; tenir un journal. Tenir compte d'une somme à qqn. ,,Lui passer cette somme en compte`` (Ac. 1798, 1835). Le débiteur doit tenir compte au créancier des dépenses utiles et nécessaires que celui-ci a faites pour la conservation du gage (Code civil, 1804, art. 2080, p. 373). Tenir registre.
♦ Au passif. Il sera tenu un état exact, en forme de procès-verbal, de tout ce qui se fera et se remarquera dans les expériences (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 204).
♦ Loc. fig. Je vous tiendrai compte de cela. ,,Je chercherai les occasions de reconnaître les obligations que je vous ai`` (Ac. 1798-1935). (Ne) tenir (aucun) compte de qqn, de qqc.; ne tenir ni compte ni mesure; sans tenir compte de; compte (non) tenu de. Tenir une assemblée (ou un terme équivalent). La réunir en séance pour la présider, y participer en tant que membre. Une tente fut dressée pour tenir les conférences (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 213).
♦ Loc. Tenir conseil. Tenir cour plénière (v. cour2). Tenir les plaids. V. plaid1 A 1 b et B 2. Tenir sa/ses séance(s).
— [Sur le plan de l'information et de la communication] Tenir un/des discours, un langage. Je me tins avec lui le raisonnement que les diacres avaient pu se tenir avec moi: « Il faut être accueillant... » (BILLY, Introïbo, 1939, p. 74).
♦ Empl. pronom. à sens passif. Il entendait en lui-même les propos qui se tenaient sur la place du village: « Elle a volé dans un couvent » (JOUVE, Paulina, 1925, p. 257).
— En tenir. ,,Se dit d'un homme à qui il arrive quelque chose de fâcheux, de désagréable, d'embarrassant, de honteux`` (Ac. 1835). Il a perdu son procès, il en tient (Ac. 1835). Fam. Il a bu plus que de raison, il en tient (Ac. 1835). ,,Il est ivre`` (Ac. 1835).
♦ Fam., pop. En tenir une couche.
♦ Arg. Tenir des cornes. ,,Être trompé par sa femme`` (RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p. 323).
♦ En tenir pour. Être épris de, avoir de l'inclination pour. Les gens d'ici sont trop bêtes, les jeunes ferment le bec, les vieux font semblant de ne rien voir. Ils en tiennent pour les boniments de l'instituteur (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1412).
c) [Sur un plan moral] Exécuter ce à quoi on s'est engagé, accepter de mettre en jeu une certaine somme, relever un défi. Synon. observer, remplir, respecter. Tenir les délais; tenir (sa) parole. — Je mets trois mille francs, dit Romero. Les tenez-vous? — Parbleu! dit Villalba. — Huit, dit Romero. — J'ai perdu, dit Villalba; doublons la mise (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 294). Lui aussi avait vécu comme un enfant, il avait tenu la gageure avec elle, soutenu ce défi jusqu'à ce (...) [qu'] il se fût enfoncé dans la mort (BERNANOS, Joie, 1929, p. 680). V. gageure A ex. de France.
— Empl. abs. Promettez pour demain: ne tenez que dans la quinzaine (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 178):
• 3. Fernand tira un louis de sa poche. — Je tiens, dit-il, pour que chacun de ces messieurs fasse usage de ses pistolets. — Et moi pour l'inverse, dit le baron. Fernand jeta le louis en l'air. — Face, dit le baron. Le louis retomba et montra son revers écussonné. Fernand avait gagné.
PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 402.
— Empl. pronom.
♦ Empl. pronom. réciproque indir. Je pense aux années qui passent... À ce qu'on s'était promis, et à ce qu'on s'est tenu (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 284).
♦ Empl. pronom. à sens passif. Sous l'influence d'une idéalisation de la femme, il [le choix sexuel] en fait « la promesse qui ne se peut tenir » (Claudel) et dont l'épuisement désaxera l'existence (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 153).
— Loc. Tenir des engagements. V. engagement B 2 b ex. de Gide. Tenir le/son pari. Tenir sa/ses promesse(s).
d) Tenir (une indisposition). (En) être victime. Synon. avoir1. Qu'est-ce que je tiens comme mal au crâne (SARTRE, Mains sales, 1948, 5e tabl., 1, p. 180).
— P. ext. Supporter, résister à (une difficulté, une épreuve). Tenir le choc, le coup. Frédie, par de minuscules coups d'ongle sur la table, vient de m'annoncer que j'ai battu le record, que j'ai tenu plus de huit minutes la pistolétade. Huit minutes, Folcoche! Et je continue (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 81).
♦ Loc. Tenir sa langue. Tenir tête.
♦ Tenir une boisson alcoolisée. (Pouvoir) en boire abondamment sans sombrer dans l'ivresse. Habitués dans leur pays à boire le vin de palme et l'eau-de-vie de mil, ils [les Sérères] tenaient merveilleusement l'alcool (THARAUD, Randonnée Samba Diouf, 1922, p. 168).
5. Qqn tient qqc. de qqn/de qqc. Avoir reçu de quelqu'un/de quelque chose un bien, une qualité, un caractère par le biais de l'hérédité ou non; en avoir reçu une information. D'après ces principes d'inégalité naturelle, et d'après leur culte qui leur montrait le soleil dominant sur toute la nature, supérieur aux autres astres qui tiennent tout de lui, ces sauvages nommaient leur chef général grand soleil (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 32). Ma mère tenait de l'abbé Moinier, son confesseur, que c'est un gros péché que de désespérer (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 201).
— Loc. Tenir une chose de race, de naissance. L'avoir reçue de ses ancêtres en naissant. Ils sont tous braves dans cette maison-là. Ils tiennent (cela) de race (Ac. 1798-1935).
— Empl. pronom. réfl., rare. J'ai toujours mieux aimé m'accuser que l'univers; non par bonhomie: pour ne me tenir que de moi (SARTRE, Mots, 1964, p. 195).
— HIST. Tenir une terre à foi et hommage de quelqu'un. ,,Posséder une terre qui relève de quelqu'un`` (Ac. 1835). Les rois d'Angleterre ont tenu autrefois la Normandie et la Guienne à foi et hommage de la France (Ac. 1835). Absol. Tenir de quelqu'un à cause de quelque terre. (Ds Ac. 1835). Tel prince tenait de l'Empire (Ds Ac. 1835).
6. Qqc. tient qqc./qqn (ou un animal)
— [Le compl. désigne un objet, une réalité phys.] Mettre dans l'impossibilité de se déplacer, de tomber. Synon. fixer. Je leur relève la jupe, je couds en dedans... Je leur plante une épingle dans la tête pour tenir le bonnet... Et c'est fait, on les vend treize sous. Elle expliquait ses poupées à Mes-Bottes (ZOLA, Assommoir,1877, p. 454).
— Empl. pronom. réciproque. Adhérer l'un à l'autre.La princesse aurait les doigts de pied qui se tiennent (AUDIBERTI, Mal court, 1947, II, p. 162).
— [Le compl. désigne un liquide] Ne pas laisser s'échapper. Synon. garder. Ce vase tient bien l'eau (DG).
— Dans le domaine abstr. Dans ses mille alvéoles, l'espace tient du temps comprimé (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 27).
♦ Empl. pronom. réciproque. Être en étroit rapport. La substitution de la terrasse ou de la coupole surbaissée au toit et l'emploi exclusif de la terre sont deux faits caractéristiques qui se tiennent (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 151).
B. — Avoir et faire en sorte de ne pas perdre ou que ne se perde pas, que reste dans une position, dans un état donné(s) une personne, une chose.
1. Qqn (ou un animal) tient qqn (ou un animal)/qqc. + adj./part./adv./ syntagme prép. Immobiliser quelqu'un/quelque chose dans l'espace, le maintenir plus ou moins longtemps dans une certaine situation, une certaine position, dans un certain état physique ou moral. Synon. conserver, garder. La grande affaire était de resserrer les Vendéens sur la place, et de les tenir là jusqu'à l'arrivée de Kléber (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 254). V. légumier II B ex. de Escoffier et lexicographe ex. de Valéry.
SYNT. Tenir qqn au courant, à l'écart (v. écart1), éloigné, enfermé, éveillé; tenir qqn en haleine, de près; être tenu informé; tenir un animal/une personne en laisse (v. laisse1) ; tenir qqc. prêt, serré; tenir les yeux baissés, fermés, fixés sur; tenir qqc. à jour, en équilibre, en réserve, en suspens; tenir qqn/qqc. embrassé, à distance, en échec (v. échec2); personne, animal, habitation bien/mal tenu(e).
— [Avec ell. du compl. d'obj.]
Tenir en réserve. Alors il crut voir (...) quels « écrits fabriqués » ses ennemis tenaient en réserve (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 322).
♦ Tenir en échec. Les XIXe et 1re armées allemandes (...) seraient en mesure de tenir longtemps en échec les Français et les Américains sur les contreforts des Alpes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 24).
— [Avec ell. du compl. d'obj.] — Comme elle est grosse déjà! reprit la Pierronne, en faisant des risettes à Estelle. — Ah! le mal que ça donne, ne m'en parle pas! dit la Maheude. Tu es heureuse de n'en pas avoir. Au moins, tu peux tenir propre (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1218).
— [Avec ell. de l'attribut] La mienne [ma femme] c'est pas qu'elle est jolie... Mais elle est propre. L'gosse il est tenu, vieux, on croirait un gosse d'exposition (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 14).
— MUS. Tenir un son, une note. Lui donner toute la durée qu'il/elle doit avoir dans une mesure. Tous ceux qui travaillent l'orgue savent (...) que cet instrument tenant le son, mais ne pouvant l'attaquer, l'observance des valeurs doit être rigoureuse (DUPRÉ, Improv. orgue, 1925, p. 6).
— [Plus partic. sur le plan du comportement] Faire sienne une attitude que l'on décide de ne pas abandonner. Tenir une conduite. Tenir une contenance. V. contenance2 ex. de BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 113. Loc. Tenir la pose (v. pose1). Tenir rancune. Tenir rigueur. Tenir son sérieux.
— Empl. pronom. réciproque. Le filleul et le parrain se tenaient étroitement embrassés (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 199).
— Empl. pronom. La danseuse est en station d'équilibre sur une seule jambe, alors que l'autre est élevée et pliée en arrière à la hauteur des reins, le buste reste bien droit, les bras aux contours arrondis se tiennent élevés (BOURGAT, Techn. danse, 1959, p. 87).
♦ MAR. Se tenir au vent d'un navire ou d'un point quelconque. ,,Gouverner et manœuvrer de manière à se maintenir dans la position du vent, relativement à ce navire ou à ce point`` (BONN.-PARIS 1859).
— Loc. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Tenir qqn en chambre. Tenir qqn en garde. V. garde1. Tenir qqn en joue. Tenir qqn à l'œil. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animal] Tenir un animal à l'attache. Tenir un cheval en bride. Tenir le gibier en arrêt. [Le compl. d'obj. dir. désigne indifféremment une pers. ou un inanimé] Tenir qqn/qqc. en (grande, etc.) estime. Tenir qqn/qqc. en éveil. Tenir qqn/qqc. en mépris. Tenir qqn/qqc. en respect. Tenir qqn/qqc. sur le tapis. [Le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé] Tenir la balance égale. Tenir la bride haute/les guides hautes à qqn (v. haut1 I A 6); tenir en bride qqc. Tenir chaud/tenir les pieds chauds à qqn. Tenir qqc. au chaud. Tenir qqc. en état. Tenir la dragée haute. V. dragée A 2. Des livres bien tenus. V. livre1. Tenir la main haute à (un cheval, une pers.). Tenir maison ouverte. Tenir un navire à/en vue. Tenir pied (à qqn). Tenir pied à boule. Tenir qqc. debout. Tenir qqc. (très) secret. V. secret1 B 2. Tenir table ouverte. V. ouvert II A 2 a .
2. Qqc. tient qqn/qqc. + adj./part./adv./syntagme prép. Faire demeurer quelqu'un/quelque chose dans un certain état. Synon. garder, maintenir. Vêtement qui tient chaud. En attendant que ma dissertation résolve enfin le problème géographique qui tient tout l'Europe savante en suspens, je veux vous raconter une petite histoire (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p. 3). Il l'avait vu de loin tomber, taché de rouge, dans une de ces poses qui tiennent les badauds à distance (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 23).
— Loc. verb. Qqc. tient qqn debout.
3. MAR. Qqn/qqc. tient la cape. V. cape3. Qqn/qqc. se tient (comme) en panne. V. panne3. Qqn/qqc. (se) tient en travers. Quelqu'un/quelque chose navigue en présentant le côté à la lame et au vent (d'apr. JAL1). Le navire tient la panne courante. V. panne3 I A.
4. Qqc. tient qqn. [Le suj. désigne une activité manuelle ou intellectuelle, un état pathol., affectif ou intellectuel] Occuper quelqu'un totalement et de manière continue pendant un certain temps; l'affecter; occuper totalement ses facultés, sa pensée. Synon. absorber, accaparer, prendre. Quand ça tient un homme si longtemps, après des années, il est fichu. Lorsque Silvine entra, elle ne fut pas surprise de trouver Goliath (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 525). Foulques (...) était peu enclin au soupçon, nullement porté à s'échauffer le sang; mais, lorsqu'une démangeaison le tenait, il avait la stabilité d'un roc de Bretagne (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 219).
— Vieilli. [Suivi de de + inf.] Empêcher, retenir. Je ne sais ce qui me tient de vous faire harceler par les deux maîtres dogues qui couchent dans ce pailler (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 187).
II. — Empl. trans. Qqn/qqc. tient qqn/qqc. (pour) + adj./subst. attribut du compl. d'obj. Établir une relation entre une personne et une personne, une qualité, une chose, entre une chose et une qualité, une personne, une chose. Synon. considérer, regarder comme. J'écoute peu les déclamations contre la jeunesse d'à présent, et tiens fort suspectes les plaintes qu'en font certaines gens (COURIER, Pamphlets pol., Pétition pour vill., 1822, p. 143). V. immérité A ex. de Clemenceau et prêt2 A 1 a ex. de Barrès.
— Vieilli. Tenir qqc. à + subst. Je tiens ce mariage à singulier bonheur (AUGIER, Diane, 1852, p. 103).
— Se le tenir pour dit. V. le2 rem. 2.
— Empl. pronom. réfl. Synon. de s'estimer. Se tenir pour battu. Les gens du commerce qui se tiennent tous pour des petits et grands astucieux de profession s'avèrent le plus souvent dans la pratique comme d'insurpassables gaffeurs (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 217).
— Empl. pronom. réciproque. Le Papon et Chandelier ne se parlaient que dans les circonstances officielles, se tenant mutuellement pour un « paysan » et pour un « larbin » (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 910).
— Loc. Tenir à gloire/à honneur, etc. de + inf. Tenir qqn quitte. Se tenir quitte. V. quitte B ex. de France.
III. — Être attaché à.
A. — [Au plan phys. ou au plan moral]
1. Empl. intrans.
a) Qqc./qqn tient (à/dans/sur qqc.)
— Être fixé à. La môme, je croyais qu'elle allait se détacher en morceaux. Les membres lui tenaient plus au corps (...). Elle devait barboter depuis huit jours entre les écluses, comme un sous-marin (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 93).
— [Sans syntagme prép.] On tâche d'apitoyer Francis Y. sur les souffrances du Christ en croix et d'exciter son indignation contre les vilains hommes qui l'y ont cloué. Il regarde le crucifix accroché au mur, et: « Fallait bien qu'on le cloue, pour qu'il tienne » (GIDE, Journal, 1904, p. 141).
— Proverbe. Cela tient comme la/une teigne.
— Fam. [Le suj. désigne un aliment] Tenir à l'estomac, au corps. Être consistant. Les frites, c'est bon, me dit mon compagnon. Mais les petits poissons, ça tient mieux au corps (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 143).
— Loc. Ne tenir ni à clou ni à fer. Son épée ne tient pas au fourreau. L'argent ne lui tient pas dans les mains. V. main 1re Section I D 1 b .
— Au fig. Tenir au cœur (de qqn). Ne tenir qu'à un cheveu/qu'à un fil/qu'à un souffle. (Ne) tenir (qu')à la lame d'un couteau.
b) Qqc. tient (+ syntagme prép. de lieu). Résister à une cause de destruction. Synon. se maintenir. Tenir bon. Point d'arbres, cependant (...). Aucune racine d'arbre n'eût tenu contre le vent, l'île n'était fleurie que par ses goémons, fermement collés à la pierre (QUÉFFELEC, Recteur, 1944, p. 160).
c) Qqc. tient
) [Choses concr.] Demeurer dans son état initial, présenter une aptitude à la cohésion. Synon. durer, se maintenir. Elle faisait tenir ses frisons noirs avec de l'eau sucrée (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 139). Ne pas s'effacer. Les peintures sur plâtre tiennent beaucoup mieux à l'intérieur qu'à l'extérieur (COFFIGNIER, Coul. et peint., 1924, p. 599). Ne pas varier. Il faut tout finir aujourd'hui [des semailles], crièrent-ils [les contremaîtres]. Le temps est trop dur. Il ne tiendra pas (GIONO, Que ma joie demeure, 1935, p. 287).
) [Choses abstr.]
— Être maintenu sans changement, être toujours en usage, en vigueur; avoir lieu. Synon. durer, subsister. Ça tient toujours notre visite à Le Merquier (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 139). Oui, oui, de la belle ouvrage, murmura Lorilleux (...). Ça se bâcle en cinq minutes [un mariage] et ça tient toute la vie (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 437).
— Supporter la comparaison, la critique, l'examen. [Chauffeur:] À l'arrivée, coupure. Em' dit qu'elle a plus d'oseille (...) Ça tenait pas, sapée comme elle était, crèchant boulevard Murat (SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! 1935, p. 142). Excuse, raisonnement qui (ne) tient (pas) debout.
) [Choses concr. ou abstr.] Il n'y a pas de... qui tienne. Il n'y a point de ridicule qui tienne contre un devoir d'amitié (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 266).
d) Qqn (ou un animal) tient (+ syntagme prép.)
) Se maintenir, le plus souvent en faisant effort, dans une position donnée. Ce revolver t'a fait tellement peur que tu ne tiens plus sur tes jambes! (PAGNOL, Fanny, 1932, II, 7, p. 152).
— Tenir amont.
— Ne pas/ne plus tenir debout. Ne plus (pouvoir se) tenir sur ses jambes. V. jambe A 1 b. P. métaph. Cette fois, le budget tient sur ses jambes, et je crois que nous n'avons rien oublié (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p. 187).
— Au fig., dans le domaine relig. Il ne tient plus à la terre. C'est un homme ,,détaché des choses du monde``(Ac. 1835).
) Ne pas céder à une action armée, à une exigence, opposer une vive résistance. Il a fallu tenir dix jours sur ce morne chantier, se faire hacher par bataillons pour ajouter un bout de champ à notre victoire (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 214).
— MAR. Tenir bon. ,,Expression employée pour ordonner d'arrêter ce qui se fait. Par exemple quand on vire sur une chaîne d'ancre, on dira: Tiens bon! pour faire cesser de virer`` (GRUSS 1952). Tiens bon hisser. ,,Ne hisse plus`` (MERRIEN 1958).
) CHASSE. [Le suj. désigne un gibier] Demeurer sur place et, éventuellement, faire front contre les chiens. Les arrêts commandés par le chef des traqueurs, doivent être également fréquents; les lapins tiennent longtemps au gîte et il faut donner aux batteurs le temps de les déloger (VIDRON, Chasse, 1945, p. 48).
) Supporter une situation difficile, ne pas céder à un mouvement d'irritation, etc. En sachant répartir nos fonds, nous pouvons tenir quelques jours encore (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 252). V. bon1 ex. 60.
— Fam. C'est à n'y pas/plus tenir. C'est difficilement supportable. Il recommença dans l'eau sa pantomime désordonnée. C'était véritablement à n'y plus tenir. Jamais, je crois, Mlle Marguerite n'avait été à pareille fête (FEUILLET, Rom. j. homme pauvre, 1858, p. 203).
) Tenir pour qqn/qqc. Être du parti de quelqu'un, être partisan de quelque chose. Un ébéniste, qui tenait encore pour le capitaine en fonctions, ne résista pas à un cancan agréablement dessiné (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 164). Jaurès tient pour la méthode douce et conciliante, pourvu qu'on trouve moyen de l'accorder, tant bien que mal, avec les principes et qu'elle ait pour elle quelques autorités respectables (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 106).
2. Empl. trans. indir. Qqc. tient à qqn/à qqc.
a) Être attenant à. Chaque façade cachait un « jardin-de-derrière » profond, tenant aux autres jardins-de-derrière par des murs mitoyens (COLETTE, Sido, 1929, p. 20).
b) Présenter quelque rapport avec. J'ai vu un jeune homme de vingt et un ans (...) qui est au courant de tous nos écrits français (...) de tout ce qui tient au droit, aux philosophies (TAINE, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 73).
B. — [Au plan moral] Empl. trans. indir. Qqn tient à qqn/qqc.
1. Posséder des liens de parenté, d'intérêt, des liens affectifs avec une personne, un groupe de personnes, une chose. Malgré tous ces titres, Bois-Doré n'est pas de la haute noblesse du pays, et nous ne lui tenons que par alliance (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 11):
• 4. On peut imaginer combien cette « sortie » de Mlle de Guermantes sur Tolstoï, si elle indignait les Courvoisier, émerveillait les Germantes, et, par delà, tout ce qui leur tenait non seulement de près, mais de loin.
PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 447.
2. Témoigner de l'intérêt à quelqu'un, attacher du prix à quelque chose. Synon. affectionner, aimer, chérir. Tenir beaucoup à une chose; tenir à l'argent. Kolb alla voir David et s'amouracha de la grosse Marion en découvrant chez elle toutes les qualités qu'un homme de sa classe demande à une femme: cette santé vigoureuse (...), cette probité religieuse à laquelle tiennent les Alsaciens (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 555). Si la nuit je m'agitais, tu te levais et m'aidais à boire. « Elle tient à moi, me disais-je, qui l'aurait cru...? À cause de ce que je gagne peut-être? » (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 145).
— Loc. Tenir à une chose comme à la prunelle des/de ses yeux. V. œil III A et prunelle B 1 a ex. de De Gaulle.
3. Qqn tient à ce que + subj./à + inf. Regarder comme très important de faire une chose, comme très souhaitable qu'une chose se produise. Synon. désirer, souhaiter, vouloir. Tenir à dire une chose. Quant à moi, je ne tiens pas le moins du monde à garder une place dans leurs rangs, n'ayant pas la moindre considération pour le génie ordinaire politique (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 216). Loin de ramener au type moyen de la race, le mariage d'amour tient à exagérer les divergences (MAUROIS, Sil. Bramble, 1918, p. 130).
— Rare. Tenir de + inf./que + subj. Chez nous, on se marie pour faire l'amour, vous savez? Alors, si vous ne tenez pas beaucoup de le faire avec moi, c'est mieux de ne pas m'épouser, Jimmy! (BOURDET, Sexe faible, 1931, III, p. 426). Je me suis servie de toi. Je t'ai fait jouer un rôle. Mais j'ai tenu que la réalité vienne, au plus vite, alimenter la comédie, l'alimenter, la démentir (AUDIBERTI, Mal court, 1947, III, p. 181).
IV. — Empl. trans. et intrans. Trouver place dans un contenant, recevoir un contenu.
A. — Empl. trans.
1. Qqn tient qqc. Occuper un certain espace, suivre une direction en s'y maintenant. Tenir sa droite. Le boulevard s'emplit: c'étaient les ouvriers de banlieue, la masse des quartiers denses de l'est et du nord de la ville; ils tenaient la chaussée d'un bord à l'autre bord, le fleuve finalement s'était mis à couler (NIZAN, Conspir., 1938, p. 42).
— Tenir la chambre, le lit. Ne pas les quitter. Il tient la chambre parce qu'il est un peu incommodé (Ac. 1835).
— Dans le domaine milit. Occuper un lieu en faisant usage de ses armes, si besoin est, pour le défendre. Ce même jour, la 75e division qui tenait les Hauts-de-Meuse dans la région d'Hattonchatel, fut violemment canonnée (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 432). V. compte II C 4 b ex. de Foch.
♦ Tenir la campagne.
♦ P. métaph. Plus d'une fois je l'ai entendu citer comme un excellent ministre. Il faut croire alors que la position n'est pas difficile à tenir et qu'on y suffit avec peu d'étoffe (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 374).
— AÉRON., MAR. Tenir un/son cap. C. cap2 ex. 3.
— MAR. Tenir le vent, tenir le plus près. ,,Gouverner et manœuvrer de manière à se maintenir aussi près que possible du lit du vent`` (GRUSS 1978).
— Loc. Tenir le haut/le bas bout. Tenir chapelle. Tenir un/le chemin (de). Tenir son coin (v. coin2). Bien tenir sa place à table.
2. Qqc. tient qqc./qqn. Occuper un certain espace, avoir une certaine capacité. Synon. contenir. Tenir une grande, une large place, la première place, le premier rang (dans le domaine abstr.). Ces embarcations tiennent six hommes, reprit-il. Ils s'y jetèrent et emportèrent Laure avec eux (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 55).Le trafic embarrassé se résumait dans un encombrement qui tenait le centre de la place et s'en allait cornant vers la rue Royale (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 260).
— [Dans l'ordre temporel] Remplir une certaine durée, occuper telle partie de la chronologie. Pour l'architecte [des temples grecs], il s'agissait d'un problème vital: ne pas couler à pic, tenir les siècles comme la mer, arriver coûte que coûte, démâté, dévoilé, environné d'épaves (...) mais avec, intacte, la cargaison (COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 250).
— Au fig. La science tient fermement son territoire. Mais elle ne tient que cela. Dans la zone inoccupée, ou provisoirement inoccupée, la liberté subsiste de chercher « autre chose » (DAVID, Cybern., 1965, p. 21).
— [Dans des loc. où le verbe est trans. et où le suj. est indifféremment un animé ou un inanimé] Tenir l'affiche. [Des personnes] qu'on déclare agréables, amusantes, et qui dans le monde ne tiendraient pas l'affiche deux soirs (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 771). Tenir le haut du pavé. Tenir lieu de (v. lieu1). Tenir le (juste) milieu. Tenir sa place. Tenir la tête. Tenir la vedette.
— MAR. Tenir le large. ,,Naviguer sans se rapprocher de la côte`` (BONN.-PARIS 1859). Tenir la mer.
Rem. L'examen de plusieurs types de cont., et notamment de plusieurs loc., fait ressortir nettement que tenir, d'une part, s'oppose en tant que résultatif à prendre (qui exprime une action momentanée et sert qqf. aussi d'inchoatif à avoir: prendre/tenir le large, prendre/tenir la plume, la fièvre les prend/les tient, etc.), d'autre part fonctionne souvent comme équivalent de avoir et de garder: avoir/tenir le (bon) filon, le (beau) rôle, avoir/garder/tenir la forme.
B. — Empl. intrans.
1. Qqc./qqn tient (+ syntagme prép. locatif ou temp.). Trouver place, être contenu dans. Colmar tient tout entière en Martin Schongauer (FAURE, Hist. art, 1914, p. 506). Noël ne rendait pas les coups; accroupi, il essayait de tenir tout entier dans sa chemise, comme si cette toile mince eût été une protection efficace (AYMÉ, Jument, 1933, p. 298). V. corps ex. 16.
— [Avec effacement du compl.] La baronne de Bonmont offrit aux Gromance de les reconduire chez eux dans sa voiture (...) — Montez! nous tiendrons bien tous les trois (A. FRANCE, Bergeret, 1901, p. 144).
— Empl. impers. Laissez-moi seul, allez; j'y veux sentir aussi [au jardin des Olives] Ce qu'il tient de douleur dans une heure infinie: Homme de désespoir, mon culte est l'agonie (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 137).
— Proverbe, pop., vx. Je n'en ai non plus qu'il en pourrait tenir dans l'œil/dans mon œil. ,,Je n'en ai point du tout`` (LITTRÉ).
2. Qqc. (d'abstr.) tient + syntagme prép. locatif ou temporel. Être compris dans certaines limites. Synon. consister (dans), se résumer, être constitué par. Il est très vrai, et il est très faux de dire que l'information tient tout entière dans la production de faits exacts (SALLERON, Comment informer, 1965, p. 13).
V. — Empl. trans. indir. Se trouver dans un état de dépendance par rapport à une personne, à un animal, à une chose.
A. — Être dans un état de dépendance par causation; être le résultat de quelque chose.
1. Qqc. (d'abstr.) tient à qqc. (d'abstr.) /à qqn. Synon. découler, émaner, provenir. Une chose tient à une/des cause(s), au fait que, à la nature d'une personne ou d'une chose; une différence tient à une chose. Notre théâtre purement verbal et qui ignore tout ce qui fait le théâtre, c'est-à-dire ce (...) qui se mesure et se cerne d'air (...), pourrait, eu égard à ce qui ne se mesure pas et qui tient au pouvoir de suggestion de l'esprit, demander au théâtre balinais une leçon de spiritualité (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p. 68).
— [Le compl. est une sub.] Nous cherchons à comprendre, à capter le plaisir: il nous échappe. La difficulté (...) tient principalement à ce qu'en voulant saisir, il ne nous reste en main que l'objet nu, sans l'impression qui l'accompagnait (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 215). V. immérité A ex. de Proust.
2. Empl. impers.
a) Il tient à... (que + subj.). Il dépend de... (que). À quoi a-t-il tenu que je n'aie pas sombré, comme lui? Sans doute, à ma volonté. Mais aussi aux hasards de la vie (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1482). Si tu as faim, pour autant qu'il tient à moi, tu continueras à avoir faim, cela te dressera (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 371).
b) Il ne tient qu'à... que + subj./de + inf. Télégramme du général de Gaulle à Roger Garreau (...) à Moscou. Londres, 10 avril 1942. Nous avons pris toutes mesures utiles pour l'envoi du groupe d'aviation. Il ne tient plus qu'au Haut-Commandement soviétique de donner maintenant son accord (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 666). Moyennant un appui sans défaut, il ne tenait qu'à eux que leurs usines parfaitement équipées et leurs chercheurs (...) leur fissent cadeau d'un monopole mondial pour toutes ces fabrications (P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p. 322).
c) S'il ne tenait qu'à moi/à toi/à lui, etc. Comme j'exprimais mes regrets de voir Olivier avec Passavant, j'ai compris que, s'il n'eût tenu qu'à elle, le voyage en Corse n'aurait pas eu lieu (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1154).
d) Qu'à cela ne tienne. Que telle chose ne constitue pas un empêchement. Domaine de la rue, collectif par destination, dira-t-on. Qu'à cela ne tienne! Franchissons le mur de la vie privée, de la vie la plus privée, celui du cabinet de toilette (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 42).
B. — Être dans un état de dépendance par analogie de nature.
1. Qqn tient de qqn (ou d'un animal)/de qqc. Avoir quelque chose en commun avec. Synon. rappeler, ressembler à. Si William devait tenir de ce pieux Henry James senior, Henry junior aurait sans doute étonné le brave homme par son attachement à la (...) superficielle humanité des salons (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 144). V. léonin1 ex. 1.
— Avoir de qui tenir. V. avoir1 ex. 52.
— Vx, dans le domaine jur. Être dans un état de dépendance par suite d'un engagement. Lorsque le cheptel est donné au fermier d'autrui, il doit être notifié au propriétaire de qui ce fermier tient; sans quoi il peut le saisir et le faire vendre pour ce que son fermier lui doit (Code civil, 1804, art. 1813, p. 328).
2. Qqc. (ou un animal) tient de qqc. (ou d'un animal) (et de qqc. (ou d'un animal)). Participer de la nature de. Synon. procéder, relever de, ressortir à. Le lutteur (...) croisait les bras dans une attitude qui tenait ensemble d'une pose napoléonienne et de la bravoure du jeune taureau prêt à foncer sur le premier obstacle (GUEVREMONT, Survenant, 1945, p. 222). V. libelle B ex. de Bremond, conserver ex. 17.
— Loc. Cela tient du miracle. Cela tient du prodige.
2e Section. Empl. pronom. (n'ayant pas d'empl. trans. corresp.).
I. — Rester sans changement.
A. — Qqn (ou un animal) se tient à qqc. Prendre appui sur quelque chose pour garder sa position. Synon. s'accrocher, s'agripper, se cramponner. Cette fois, annonça Conan, rien à faire. Faut descendre dans le fossé! Il se laissa glisser le premier, en se tenant aux racines (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 203). V. ferme1 ex. de Châteaubriant.
— [Avec effacement du compl.] Il se précipita vers l'aval au grand trot, poussa son cheval en travers du courant, repêcha l'homme à bout de bras, lui donna un de ses étriers pour se tenir (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 174).
— P. métaph. Mais elle (...), qui se tenait à mille petites choses par mille petits liens matériels et vivaces, comment, sans la briser, sans la tuer, rompre d'un seul coup toutes ces attaches?... Cela n'était pas possible! (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 129).
B. — Qqn/qqc. (d'abstr.) se/s'en tient à qqc. (d'abstr.). Persévérer dans, ne pas aller au delà d'une certaine limite. Synon. se contenter de. Il faut s'en tenir à causer avec les personnes à côté de qui le hasard ou votre adresse vous a placé (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 319). Ces brèves indications [à la fin de chaque chapitre] s'en tiennent autant que possible aux meilleurs ouvrages français (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. V).
— S'en tenir là. S'en tenir à une situation donnée. V. là ex. de Duhamel.
— Dans le domaine des jeux (cartes, pions). S'y tenir. ,,Ne rien envisager d'autre que le coup qu'on a joué; se trouver satisfait des cartes qu'on a dans la main, ne pas vouloir les échanger`` (Lar. 19e). Madame d'Ermel: (Elle est assise en face de Jacobus; la table les sépare; ils rangent les pions sur le damier et commencent à jouer...) C'est joué? (...) Vous vous y tenez? Jacobus: Attendez donc... (Il médite). Oui, je m'y tiens (FEUILLET, Scènes et prov., 1851, p. 257).
— Savoir à quoi s'en tenir. V. savoir1 I A.
C. — Qqn se tient. Dominer ses impulsions, rester maître de soi. Synon. se contrôler, se dominer. Ce qui excite le plus F., c'est qu'elle [sa « femme du monde »] a de très beaux dessous. Quand hier, en arrivant au pantalon, il a senti qu'il y avait des dentelles, alors, il n'a plus pu se tenir; il est devenu lyrique tout à fait (GIDE, Journal, 1902, p. 122). Se (re)tenir à quatre. V. quatre 1re Section I A 1.
— Ne pouvoir se tenir de + inf.; ne pas se tenir de + subst. Ne pas pouvoir s'empêcher de, être incapable de retenir la manifestation d'un sentiment. Si les femmes ne peuvent pas se tenir de pleurer, est-ce que les hommes sont maîtres de cet instinct qui les pousse vers la chasse (...)? (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 26). V. croisement ex. 3.
II. — Être localisé.
A. — Qqn (ou un animal) se tient + syntagme prép. locatif ou adv. locatif. Se trouver dans tel lieu, en tel endroit, dans telle partie de l'espace par rapport à un repère fixe ou mobile. Synon. être1. Mme Guillaume se tenait le plus souvent près de la fenêtre, un livre en mains (ARLAND, Ordre, 1929, p. 180). Quant à savoir où se tenaient les Américains, nous nous avisions un peu tard peut-être que rien ne permettait de le déterminer très exactement (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 368).
— P. métaph. ou au fig. Ferdinand Haudouin s'arrangeait toujours pour militer d'accord avec sa conscience; il trouvait que le rôle d'un homme sage et éclairé, tel que lui, était de se tenir dans l'actualité (AYMÉ, Jument, 1933, p. 30).
— Proverbes. Quand on est bien, il faut s'y tenir. ,,Il ne faut pas changer légèrement, pour peu qu'on se trouve bien dans son état`` (Ac. 1835). Quand on est bien, on ne s'y peut tenir. ,,Le seul désir du changement fait qu'on s'ennuie de tout`` (Ac. 1835).
B. — Qqc. se tient + syntagme prép. locatif ou temporel. Se trouver, avoir lieu, être réuni. Synon. siéger. Dans le palais à colonnades (...) se tient le Comité de Concentration: il est composé des ministres (...), des représentants des banquiers et des hauts fonctionnaires et de tout ce qui est établi sur terre (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 67).
III. — Être, rester d'une certaine manière.
A. — Qqn (ou un animal) se tient + adj./part./adv./syntagme prép. Maintenir son corps, son esprit dans une position, un état, des dispositions donnés. Célestin s'était levé, il se tenait un peu courbé, la main au niveau du cœur (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 63).
— [Avec effacement de l'adj., du part., de l'adv. ou du syntagme prép.] Lasies pendant le discours de Buisson: « Je reste là parce qu'il dit souvent des bêtises. Je suis, dit Lasies, comme le gars d'écurie qui se tient pour ramasser le crottin. » Lasies est debout au pied de la tribune (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 182).
SYNT. Se tenir assis, caché, coi, debout, droit, immobile, peinard, penché, prêt, tranquille; se tenir à carreau, au courant de qqc., sur la défensive, en équilibre, en forme, en garde contre qqn/qqc., sur ses gardes (v. garde1 I A 1 b); se tenir sur ses jambes; se tenir là; se tenir à sa place; se tenir très près de qqc.; se tenir sur la réserve.
B. — Qqn se tient + adv. appréciatif bien/mal. Adopter une attitude corporelle correcte ou non; adopter un comportement conforme ou non à ce qui est prescrit par les convenances dans un lieu, dans des circonstances données. Synon. se conduire. Mon Dieu, pitié, cachez-moi, je me tiens trop mal! (RIMBAUD, Saison enfer, 1873, p. 222). V. droitement ex. 1.
— Bien se tenir à table.
— [Avec effacement de l'adv.] Anton. se laisser aller (v. laisser I B 1). Je me le rappelle [un officier] au Concours Hippique l'année où il a eu la coupe... Il se tenait alors... à cause de sa carrière... C'est depuis son malheur qu'il s'est laissé aller (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, I, 3, p. 170).
— Familier
♦ [Pour exprimer une menace ou une invitation à prendre garde] N'avoir (plus) qu'à/tâcher de bien se tenir. Les tués [à la guerre] pour elle c'était rien que des accidents, comme aux courses, y n'ont qu'à bien se tenir, on ne tombait pas (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 120).
♦ [Pour préparer qqn à recevoir une nouvelle étonnante] Tenez-vous bien, tiens-toi bien. (Ds Lar. Lang. fr., GDEL, ROB. 1985).
C. — Qqc. se tient
1. [Le suj. désigne un obj. concr., au plan phys., p. anal. avec A et B ci-dessus] Un titre doit se bien tenir; toutefois, cette condition nécessaire de stabilité n'exclut ni la légèreté ni l'élégance (É. LECLERC, Nouv. manuel typogr., 1897, p. 261). Le blanc d'antimoine broyé livré à la consommation contient (...) de l'oxyde de zinc (...). Cette adjonction est faite ici dans le but d'obtenir une pâte se tenant mieux (COFFIGNIER, Coul. et peint., 1924, p. 557).
2. [Le suj. désigne un produit de l'esprit, une production ou un ensemble de productions artistique(s)] Présenter dans sa totalité une cohérence, une similitude, une harmonie existant aussi entre chacun de ses éléments et entre chaque élément et la totalité. Du jeune homme qui vient de faire son « chef-d'œuvre » de maîtrise, au maître en pleine possession de son expérience, aucune divergence de vues ni de sentiments. La belle unité d'une pensée qui se tient (L. FEBVRE, J. Sion, A. Demangeon, [1941] ds Combats, 1953, p. 378).
— Fam. Ça se tient. C'est plausible, logique.
— PEINT. Une toile qui se tient = bien équilibrée quant aux volumes, aux lignes et à la coloration (HUGUES, Expr. atelier, s.d.).
— Empl. pronom. réciproque. Si elles [les trois espèces de cuisine] diffèrent par le but, elles se tiennent par l'application du feu, par l'usage des fourneaux et par l'emploi des mêmes vases (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 256).
REM. 1. Tenant-fief, subst. masc., hapax. [Corresp. à supra 1re Section I A 4] Celui qui possède la jouissance d'un fief. L'arrière-ban fut convoqué; bien peu de chevaliers, d'écuyers et de tenant-fief comparurent pour obéir au mandement du roi (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 202). 2. Tenuto, adv. [Corresp. à supra 1re Section I B 1] En tenant le son pendant la valeur prescrite. Synon. sostenuto. Les deux mesures sont répétées tenuto (PROD'HOMME, Symph. Beethoven, 1921, p. 302). 3. Tiens-toi bien, subst. masc., hapax., pop. [Corresp. à supra 2e Section III B] Boisson alcoolisée permettant de se tenir bien droit. Un gros caporal essaye vainement de fléchir Mlle Lucie (...). — Deux petits verres seulement, mamzelle, on boira vite. N'importe quoi pourvu que ça soit du solide, du tiens-toi bien. — Fichez-moi la paix, on ne vend que du vin ici (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 111).
Prononc. et Orth.:[], (il) tient []. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug.: ind. prés. je tiens, tu tiens, il tient, nous tenons, vous tenez, ils tiennent; imp. je tenais, nous tenions; passé simple je tins, nous tînmes; fut. je tiendrai, nous tiendrons; passé comp. j'ai tenu, nous avons tenu; p.-q.-parf. j'avais tenu, nous avions tenu; passé ant. j'eus tenu, nous eûmes tenu; fut ant. j'aurai tenu, nous aurons tenu; cond. prés. je tiendrais, nous tiendrions; cond. passé 1re forme j'aurais tenu, nous aurions tenu; cond. passé 2e forme j'eusse tenu, nous eussions tenu; subj. prés. que je tienne, que nous tenions; subj. imp. que je tinsse, que nous tinssions; subj. passé que j'aie tenu, que nous ayons tenu; subj. p.-q.-parf. que j'eusse tenu, que nous eussions tenu; part. prés. tenant; part. passé tenu, -ue. Étymol. et Hist. A. « Avoir (à sa disposition, proche de soi...) » 1. a) 2e moit. Xe s. en parlant de personnes « garder chez soi » (St Léger, éd. J. Linskill, 28: cio fud lonx tiemps ob se lo.s ting); b) ca 1050 à propos d'un objet (Alexis, éd. Chr. Storey, 348: En sum puing tint le cartre le Deu serf); c) ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 2557: en dous chaienes si teneit un brohun); 2. a) ca 1100 impér., accompagnant le geste de donner (ibid., 654); b) ca 1170 domaine moral (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1048: Tenez ma foi, jel vos fianz que...); c) 1200 tenés « prenez la main que je vous tends » (JEAN BODEL, Jeu St Nicolas, éd. A. Henry, 639); d) 1200 tien interj. (ID., ibid., 831); 3. ca 1125-50 en parlant de biens « posséder » (Grand mal fit Adam, I, 54 ds T.-L.: Li avoir dunt li vint? Uns altre le tint Ainz que il fust nez), en a. et m. fr. surtout avec la mention du mode juridique de possession, v. F 1; 4. ca 1185 expr. proverbiale (HUE DE ROTELANDE, Ipomedon, éd. A. J. Holden, 1092: Meuz vaut un tien qe deus avraz); 5. 1624 faire tenir qqc. à qqn « envoyer » (L. GUEZ DE BALZAC, Lettres, éd. H. Bibas et K. T. Butler, t. 1, p. 14). B. « Occuper une charge, une fonction; dominer, régner sur... » 1. a) 2e moit. Xe s. (St Léger, 93: Meu' evesquet m lez tener); b) 1160-74 (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 1980: maistre Bernard [...] en maint lieu ont tenu escole); c) 1174-76 (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 4803: se nul ad tenu seculars poestez); d) ca 1190 tenir la marreglerie « occuper l'emploi de sacristain » (Renart, éd. M. Roques, XI, 12619); e) 1260 (ÉTIENNE BOILEAU, Métiers, éd. G. B. Depping, p. 76: Quiconques voudra tenir ledit mestier comme mestre...); f) ca 1340 (Livre des métiers de Bruges, éd. J. Gessler, p. 38: Natalie, la belle dame, tient boine estuve); g) 1372 tenir l'office de (D. FOULECHAT, Policraticus, éd. Ch. Brucker, p. 81); h) 1573 tenir un rang (R. GARNIER, Hippolyte, Epître dédicatoire, éd. W. Foerster, t. 2, p. 1); 2. ca 1100 « être à la tête de, régner sur » (Roland, 470: Carles, ki France tient). C. « Avoir et faire en sorte de ne pas perdre, de conserver (dans un certain état), empêcher (quelque chose ou quelqu'un de faire quelque chose); continuer; retenir » 1. a) ca 1050 « garder (tel quel) » (Alexis, 596: Desur[e] terre nel pourent mais tenir [le corps de Saint Alexis]); b) 1155 tenir en servage (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 156); c) ca 1185 tenir en pes (un pays) (HUE DE ROTELANDE, op. cit., 52); 2. a) ca 1100 « poursuivre, continuer (quelque chose) » (Roland, 2446: tenet l'enchalz; 2857: Segnurs, le pas tenez); b) ca 1150 tenir son chemin a « se diriger vers... » (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 123); c) ca 1220 (GAUTIER DE COINCI, Mir., éd. V.-F. Koenig, I Mir 21, 1: Tenez sillence, bele gens!); d) XIIIe s. vénerie tenir la trace (Isopet de Lyon, 48, 18, éd. J. Bastin, t. 2, p. 166); e) fin XIIIe s. tenir sa tençon « ne pas cesser sa querelle » (JAKEMES, Chastelain de Couci, éd. M. Delbouille, 4811); 3. a) ca 1100 « retenir (quelqu'un, pour l'empêcher de tomber) » (Roland, 2893: Par les mains le [Charles] tienent .IIII. de ses barons); b) ca 1165 « retenir (une partie de vêtement, pour l'empêcher de glisser) » (Guillaume d'Angleterre, éd. A.-J. Holden, 2520); 4. a) ca 1140 suj. inanimé (GEFFREI GAIMAR, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 4210: un mal le prist et tant le tint Qu'il finit et sin fud mort); b) fin XIIe s. (BÉROUL, Tristan, 70b ds T.-L.: la flor [farine] la forme des pas tient); c) fin XIIe s. (Brut de Munich, 2476, ibid.: Trois ans et sis mois est tenüe Pluie qui n'est de ciel chaüe); d) ca 1200 (Continuation de Perceval, I, 1996, éd. Roach et Ivy, t. 2, p. 61: le soëf tans [...] Qui si nez et si cler se tint); e) ca 1200 (Moralités sur Job, 336, 26 ds T.-L.: paürs moi tinuet [pavor tenuit me]); f) 1563 (en parlant de vêtements) tenir la chaleur (B. PALISSY, Recepte, éd. K. Cameron, p. 179); g) 1580 (ID., Discours admirable, éd. A. France, p. 256: la peinture n'eust pas tenu sur le verre); 5. a) ca 1170 (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, 1440: de plorer ne se sont tenu); b) 1176-81 (ID., Chevalier Lion, 2704: À grant poinne tenoit ses lermes); 6. 1re moit. XIVe s. (Recettes méd., 7 ds T.-L.: tenir sa vïende; 28: ne pueent tenir leur orine); 7. a) ca 1393 (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 192: tenir au salouer; p. 224: mettez en un mot au feu pour tenir chault); b) ca 1393 (ibid., p. 100: aucune autre femme qui [...] pense [...] de leur tenir nectement [les enfants]; p. 148: en leur tresgrant jennesse l'en les doit tenir tresnectement [les éperviers]); c) 1746 jardin bien tenu (LA MORLIÈRE, Angola, p. 164); 8. fin XIVe s. mus. tenir « chanter (la partie du dessus) » (E. DESCHAMPS, Art de dictier, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 270); 9. 1667 se tenir bien à propos de l'attitude, du maintien (MOLIÈRE, Le Sicilien, XII); 10. 1867 tenir l'affiche (HUGO, Corresp., p. 22). D. « Avoir en esprit, penser, considérer, croire; considérer comme, reconnaître pour; estimer que » 1. a) ca 1050 avec prép. + adj. attribut (Alexis, 266: tenir pur briçun); b) ca 1050 + subst. « reconnaître pour » (ibid., 66: tenir ad espus); 2. a) ca 1135 tenir chier (qqn) « aimer et respecter » (Couronnement Louis, 1944 ds T.-L.); b) ca 1170 soi tenir chier (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Laustic, 15); 3. a) 1155 loc. tenir en enur (qqn) « respecter » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 645); b) 1155 tenir (qqn) a petit « faire peu de cas » (ID., ibid., 8617); 4. a) 1349 (GUILLAUME DE MACHAUT, Roy Navarre, éd. E. Hoepffner, 664: tenez ce point pour seür que...); b) 1349 (ID., Remede Fortune, 2450: lequel tu tiens Estre milleur de ces deus biens); c) 1349 (ID., Dit Alerion, 1647: aucun tiennent le contraire); d) 1361 tenir si grand compte de (ID., Fontaine amoureuse, 2101); 5. a) 1421-30 suj. inanimé tenir lieu « être considéré comme » (CLEMENT DE FAUQUEMBERGUE, Journal, éd. Tuetey, t. 2, p. 195: ladicte somme du dit remboursement tenra lieu audit maistre Laurens en deduction d'icelle amende); b) 1583 (R. GARNIER, Les Juives, Epître dédicatoire, éd. R. Lebègue, p. 10: asseuré que l'affection de l'Autheur tiendra lieu de recommandation de son oeuvre); 6. a) 1489-91 tenir (qqc.) de qqn « savoir quelque chose par quelqu'un, avoir appris quelque chose par quelqu'un » (PHILIPPE DE COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t. 1, p. 251); b) 1872 tenir le mot de l'énigme (LITTRÉ). E. « Rester fermement attaché à (domaine moral: idée, sentiment, décision...), respecter, observer » 1. a) ca 1100 (Roland, 222: la lei que nus tenum); b) ca 1100 (ibid., 229: Laissun les fols. As sages nus tenuns; 569: Lessez la folie, tenez vos al saveir); c) 1130-40 (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 169: Bien li tenrai ceste promesse); 2. 1130-40 sei tenir (à qqn) « être du parti de quelqu'un » (ID., ibid., 168); 3. a) ca 1165 « se contenter de, se limiter à » (Guillaume d'Angleterre, 2195); b) 1290 se tenir a pol « se contenter de peu » (JEAN PRIORAT, Ordre de chevalerie, éd. U. Robert, 9060); 4. 1174-77 savoir a coi soi tenir (Renart, IIIa, 4471); 5. a) 1216 (GUILLAUME LE CLERC, Fergus, éd. W. Frescoln, 748: Dans Kes, qui ne se pot tenir, li dist...); b) 1435 « persister à faire quelque chose + notion de durée » (Mir. ds Mir. N. D., éd. U. Robert et G. Paris, t. 1, p. 331); 6. 1re moit. XVIe s. (MELLIN DE SAINCT GELLAIS, Œuvres, éd. P. Blanchemain, t. 1, p. 65: je tiens et parie que...); 7. 1580 (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 90: je ne tiens plus si fort aux commoditez de la vie); 8. 1670 tenir à + inf. (RACINE, Britannicus, I, 2). F. « Avoir un lien, être en relation (dépendance, obligation, proximité, ressemblance, analogie) » 1. cont. de la féodalité, rapport de vassal à seigneur a) ca 1100 (Roland, 190: de mei tendrat ses marches; 697: De vos tendrat Espaigne le regnet); b) ca 1130 (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 375: Jeo tenc de vus quite mun fiev); c) ca 1200 (1ère Continuation de Perceval, 3662, éd. Roach, t. 1, p. 99: Li rois avoit a Carlion sa cort et semonse et banie [...] Si qu'a Pentecoste venissent Tot cil et celes qui tenissent De lui et li doivent homage); 2. a) ca 1140 en un tenant « à la suite » (GEFFREI GAIMAR, op. cit., 74); b) ca 1160 d'un tenant « id. » (Eneas, 6579); 3. a) ca 1160 impers. « il importe à quelqu'un, il est important pour quelqu'un de... » (ibid., 8913: Onkes ne li tint de mangier); b) ca 1280 (ADENET LE ROI, Cleomades, éd. A. Henry, 11978: ne tient fors k'a vous de l'aler); 4. a) ca 1170 d'une pers. « dépendre (de quelqu'un) » (MARIE DE FRANCE, Lais, Fresne, 362); b) ca 1280 être tenu a « être obligé (de faire quelque chose) » (ADENET LE ROI, op. cit., 14448); c) 1392 (JEAN D'ARRAS, Melusine, éd. L. Stouff, p. 348: je suis tenus de faire à mon cousin honneur; p. 136: se la besoigne ne tenoit que a eux); 5. a) fin XIIe s. impers. « avoir en commun » (Sermons St Bernard, éd. K. Vollmöller, 111, 15: femme dist-il ke tient il a ti de mi?); b) ca 1280 tenu de char (à qqn) « apparenté à » (GÉRARD D'AMIENS, Escanor, 10685 ds T.-L.); c) 1306 (JOINVILLE, St Louis, éd. N. L. Corbett, 326: il me demanda si je tenroie riens de lignage a l'empereur Ferri d'Alemaingne); d) 1489-91 tenir (qqc.) de qqn « ressembler à quelqu'un (par un trait de caractère) » (PHILIPPE DE COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t. 1, p. 5); 6. a) 1379 suj. inanimé (J. LABARTE, Invent. du mobilier de Charles V, p. 79: un gros ruby [...] qui tient de couleur violette); b) 1400-03 (CHRISTINE DE PISAN, Mutacion de Fortune, éd. A. Solente, 7246: choses[...] lesquelles sont appartenans A Philosophie et tenans); c) 1511 d'une pers. tenir de la lune « être bizarre (lunatique) » (GRINGORE, Jeu du Prince des Sotz, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 212); d) 1561 tenir (qqc.) de race (J. GRÉVIN, Esbahis ds Théâtre, éd. L. Pinvert, p. 132); e) 1623 d'un ouvrage d'esprit tenant du grave et du relevé (J. CHAPELAIN, Lettre ou Discours (...) portant sur le poëme d'Adonis, p. IV, 2); 7. a) 1508 tenants et aboutissants « confins, limites (de propriétés) », v. aboutissant; b) 1625 p. ext. sçavoir touts les tenants et aboutissants (PEIRESC, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 6, p. 149); 8. 1684 (F. BERNIER, Abr. de la philos. de Gassendi, p. 73: Car l'on peut concevoir un composé être immobile [...] en ce que ces principes [dont il est formé] se tenant joints, accrochez et embarassez entre eux, le tout se trouve dans une consistance...). G. « Être, se comporter (d'une certaine manière), avoir telle attitude, tel comportement » 1. a) ca 1100 (Roland, 2391: Desur sun braz teneit le chef enclin); b) ca 1100 (ibid., 647: Marsilies tint Guenelun par l'espalle); c) ca 1140 se tenir « rester dans une position stable » (Pélérinage de Charlemagne, éd. G. Favati, 388); d) 1160-74 sei tenir « se placer » (WACE, Rou, III, 4280: Lez un tertre se sunt tenu); e) 1176-81 tenir compagnie (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, 5728); 2. a) ca 1160 (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 8468: Plaint et sospir [...] pres del cuer tienent); b) 1268 (Claris et Laris, 19230 ds T.-L.: El chief li est un max tenuz, si n'a cure de compaignie); c) ca 1276 (ADAM DE LA HALLE, Jeu d'Adam, 375, ibid.: malade dou mal qui li tient au chervel); d) 1377 (GUILLAUME DE MACHAUT, Loange des dames, éd. Chichmaref, XXXIV, 7: li souvenirs qui en mon cuer se tient); 3. ca 1170 mal tenir « nuire (à quelqu'un) » bien tenir « être secourable (à quelqu'un) » (MARIE DE FRANCE, Lais, Fresne, 367, Lanval, 20); 4. ca 1170 (ID., ibid., Fresne, 373: Les noces tindrent richement); 5. a) 1160-74 avec adj. (WACE, Rou, III, 5437: Mult se tint orgueillos e fier); b) 1176-81 tenir bien son leu « tenir bien sa place (dans un combat) » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, 3718); c) ca 1220 (GAUTIER DE COINCI, Mir., éd. V. F. Koenig, I Mir 36, 298: Tenons nous net, tenons nous sobre); d) ca 1250 (Joufroi de Poitiers, éd. P. B. Fay et J. L. Grisby, 477: se tindrent quoi et mu); 6. ca 1165 (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 10382: Solonc l'usage qu'il teneit); 7. 1361 se tenir (à un endroit) « vivre » (FROISSART, Paradis d'Amour, éd. F. Dembowski, p. 59: se tient, demeure, sejourne); 8. a) 1456 se tenir sur sa garde (A. DE LA SALE, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et C. A. Knudson, p. 184); b) mil. XVIe s. se tenir sur ses gardes (MARGUERITE DE NAVARRE, Lett., CIX ds LITTRÉ). H. « Faire que quelque chose ait lieu (à un endroit déterminé, à une date précise...) » 1. a) ca 1100 (Roland, 3761: Ore en tendrum conseil); b) ca 1100 (ibid., 53: Carles [...] À Saint Michel tendra mult halte feste); c) 1216 tenir cel siege (GUILLAUME LE CLERC, Fergus, éd. W. Frescoln, 4912); d) ca 1400 (FROISSART, Chron., éd. G. T. Diller, p. 746: place ordonnee pour tenir marquiet le merquedi et le samedi); d'où p. ext. pronom. passif ca 1400 (ID., ibid., p. 464: li jours asignés que la feste se tenroit); 2. a) ca 1100 « avoir un entretien avec quelqu'un » (Roland, 2836: Ne pois a vos tenir long parlement); b) 1er quart XIIe s. tenir nule parole de « ne pas faire mention de » (Lancelot, éd. A. Micha, t. 8, p. 114); 3. fin XIVe s. (FROISSART, Chron., p. 666: le siège tenant [en incise]), cf. séance tenante. I. « Résister (à quelqu'un), défendre (quelque chose contre quelqu'un), soutenir (un assaut contre quelqu'un), soutenir la comparaison avec (quelqu'un, quelque chose) » 1. a) ca 1100 tenir contre (qqn) « résister à » (Roland, 3183); b) ca 1100 (ibid., 3355: N'escut ne bronie ne pout sun colp tenir); c) ca 1100 (ibid., 1238: ceste bataille ben la puum tenir); 2. a) ca 1155 tenir place « résister » (WACE, Brut, 11918); b) 1160-74 sei tenir « id. » (ID., Rou, III, 858: Tenir ne s'osent ne defendre); c) 1174-76 « interdire (un accès à quelqu'un) » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, 5752: Ne li furent les portes ne nuls des uis tenuz); d) ca 1460 tenir bon (Myst. du siege d'Orléans, p. 721 ds LITTRÉ); e) 1548 tenir coup « résister » (NOËL DU FAIL, Propos rustiques, éd. Assézat, t. 1, p. 93); 3. a) ca 1165 sei tenir a au subj. « pouvoir soutenir la comparaison avec » (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 2468: Un sors baucenz ert de Castele, Ne s'i tenist pas arondele); b) XIIe s. (Fragment d'un petit poème dévot ds Jahrbuch für romanische und Englische Literatur, t. 6, p. 366: Vers lui ne pued tenir nulle clartez, Tant par est belsz), seulement en a. et m. fr., v. soutenir; 4. a) 1174-76 « être du parti de quelqu'un » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, 848: tienge sei fermement, Od lui tendront par tut, si l'en funt serement); b) ca 1208 (VILLEHARDOUIN, Constantinople, p. 172: et Henris ses freres, et li cuens [...] et cil qui a els se tenoient alerent a l'asaut); c) 1369 tenir l'opinion (de qqn) « soutenir le point de vue de » (GUILLAUME DE MACHAUT, Prise d'Alexandrie, 2701); 5. a) 1200 tenir court « serrer de près, limiter la liberté de quelqu'un » (J. BODEL, Jeu St Nicolas, 1117); b) 1176-81 (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, 2606: prison ne tient [...] nuz amanz verais et leax): 6. a) 1610 tenant subst. « celui qui, dans un tournoi, entreprenait de tenir contre tout assaillant » (DEIMIER, Acad. de l'art poetique, p. 584: les tenans de ce combat); b) 1615 tenant ici empl. p. métaph. pour désigner l'amoureux dans le vocab. précieux (V. D'AUDIGUIER, Hist. tragi-com. de nostre temps, Lysandre et Caliste, p. 16). J. « Occuper un certain espace, nécessiter un certain espace » 1. ca 1160 « contenir + mesure de capacité » (Enéas, 6741: un sestier tint [le vase]); 2. a) ca 1215 « trouver place (dans) » (Eles, 305 ds T.-L.: La tierce fenne qui tenir Doit en l'ele, c'est que...); b) 1306 tenir grant espace (JOINVILLE, Vie de Saint Louis, 95); c) ca 1395 (Le Saint voyage de Jherusalem du Seigneur d'Anglure, éd. Bonnardot et Longnon, p. 22: une petite tournelette ou il ne peut tenir que deux personnes a une fois); 3. 1369 (GUILLAUME DE MACHAUT, Prise d'Alexandrie, 2006: Alexandrie est une ville qui tient de tour plus de...). K. « Être (d'inanimés), se trouver, fixé, placé, à un endroit, pour soutenir...» 1. a) ca 1200 (Dialogue Gregoire, 73, 19 ds T.-L.: alsi com ele par racines tenist en terre); b) ca 1210 (ROBERT DE CLARY, Constantinople, 82, ibid.: chinq cens mansïons, qui toutes tenoient l'une a l'autre); 2. a) 1306 (JOINVILLE, Vie St Louis, 304: Le roy commanda (...) que il copassent les cordes qui tenoient les ponts entre nous et les Sarrazins); b) 1460-83 (JEAN DE ROYE, Chron. scandaleuse, éd. B. de Mandrot, p. 357: elle [le cordon de l'Ordre du Roi] tenoit par derriere [sur un col] a une espingle); c) 1636 tenant subst. hérald. (MONET). Du lat. pop. tenire (att. en 514, v. HOLLYMAN, p. 56), class. tenere « avoir (avec soi), tenir dans une certaine position, se trouver (dans telle attitude); contenir, inclure; occuper (un espace, une position); avoir le contrôle sur; posséder; occuper (une charge, une fonction); continuer à, persister, observer (des règles, le silence...); retenir, empêcher; garder en mémoire, avoir dans l'esprit d'où comprendre, estimer que..., savoir » et au passif « être lié à, obligé de, dépendant de ». En a. fr. tenir a été empl. dans de nombreuses loc., avec une valeur de quasi-auxiliaire (v. J. BÉDIER, Lexique de Roland, KELLER, T.-L.); le développement sém. de tenir est lié à celui des comp. abstenir, contenir, détenir, entretenir, maintenir, retenir, soutenir. Sur le sens de tenere et de tenir à l'époque féodale, impliquant une concession moyennant services, v. HOLLYMAN, pp. 55-60. Fréq. abs. littér.:46 708. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 54 348, b) 71 946; XXe s.: a) 71 090, b) 70 966. Bbg. ARNOULD (G.). Tenir compte... In: Autour d'un dictionnaire: le Trésor de la langue française. [S., l.], Inalf, 1990, pp. 53-67. — BOGACKI (K.). Les Prédicats locatifs stat. en français... Warszawa, 1977, pp. 21-22, 70. — CLÉDAT (L.). Le Verbe tenir... R. Lang. rom. 1916-17, t. 59, pp. 5-15. - D.C.F.G. 1976, t. 2, p. 1221. — DEJAY (D.). Les Rel. actancielles appréhendées à travers un corpus de verbes fr. Thèse Univ. Nancy II. 1986, p. 25, 51, 57, passim. — FRANÇOIS (J.). Le Lex. verbal fr. et les dégroupements homon. Z. fr. Spr. Lit. 1980, t. 90, n° 1, pp. 20-23. — HÉRIQUE (E.). Ét. de l'interj. tiens... Thèse Univ. Nancy II. 1986, pp. 43-71. — LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 316-318. — MULLER (Ch.). Les Verbes les plus fréquents du fr. Fr. Monde. 1974, n° 103, pp. 14-17. — QUEM. DDL t. 6, 10, 18, 19, 27, 32. — Sur le verbe, sous la dir. de S. Rémi-Giraud, M. Le Guern. Lyon, 1986, pp. 133-136, passim.
tenir [t(ə)niʀ] v. tr. et intr.
CONJUG. je tiens, tu tiens, il tient, nous tenons, vous tenez, ils tiennent; je tenais, nous tenions; je tins, nous tînmes; je tiendrai, nous tiendrons; je tiendrais, nous tiendrions; tiens, tenons, tenez; que je tienne, que nous tenions; que je tinsse, que nous tinssions; tenant; tenu, ue.
ÉTYM. Xe; du lat. pop. tenire, class. tenere.
❖
———
I V. tr.
1 (1080). Avoir un objet (à la main, dans les mains ou entre les mains, etc.), de sorte qu'il ne tombe pas, ne s'échappe pas. ⇒ Avoir. || Tenir qqch. à la main, dans les mains. || Tenir à la main un journal (→ Interview, cit. 2), un sac (cit. 10), son chapeau (→ Loutre, cit. 2; reflet, cit. 4), son sceptre (→ Guillocher, cit. 3). || « Il tenait un luth d'une main, De l'autre un bouquet d'églantine » (cit. 1). || Tenir dans la main une feuille de papier (→ 1. Frais, cit. 14), un épi dans sa main gauche (→ Grain, cit. 1). || Tenir en main la faucille (cit. 1), un glaive (cit. 5), les ficelles (cit. 4)… || Il tenait un fouet dans son poing (→ Lover, cit. 4). || Tenir une épée à deux mains (→ Haut, cit. 14). || Tenir dans ses mains les deux extrémités d'une corde (→ Force, cit. 63). || Tenir un verre entre ses mains (→ Liquide, cit. 8), une lettre entre ses doigts (→ Pickpocket, cit. 2).
1 (…) elle tenait d'une main son miroir dont le manche était un priape, et de l'autre adornait sa beauté d'un collier de perles à sept rangs.
Pierre Louÿs, Aphrodite, I, III.
♦ (Sans préciser comment on tient : à la main, en main, entre ses mains, ses doigts, avec la main, etc.). || Tenir les mains de quelqu'un, à quelqu'un. || Tenir son chapeau (→ Juste, cit. 20); un éventail (cit. 3) sur son visage. || Tenir ses cartes en éventail (cit. 9); un parasol (cit. 3) au-dessus de sa tête. ☑ Loc. Tenir la chandelle. — Saisir un objet et le tenir. || Tenir une tasse par l'anse, un couteau par le manche, une épée par la poignée. || Il n'avait plus la force (cit. 4) de tenir son verre. || Elle tenait cette boîte et allait l'ouvrir (→ Arracher, cit. 27). || Tenir un enfant sur les fonts baptismaux (→ Commère, cit. 1). ⇒ Porter. || Geôlier (cit. 2) qui tient les clefs de la prison. — Tenir l'aiguille (cit. 8), l'épée (→ Ferrailleur, cit. 1; instruire, cit. 10), la plume (→ Monde, cit. 49), le volant…; la bride (cit. 1), les guides (→ Ronfler, cit. 1), les rênes de son cheval. ⇒ Manier. || Tenir l'étrier à quelqu'un. — Par métaphore. || C'est le Diable (cit. 3) qui tient les fils qui nous remuent.
2 J'ai fait serment de ne plus tenir un cornet, répondit-il et de ne plus toucher à une carte (…)
A. de Musset, Nouvelles, « Fils du Titien », VII.
♦ Maintenir ou retenir (une personne ou une chose) d'une certaine manière. ⇒ Maintenir, retenir, soutenir. || Le patient tenait sa jambe malade avec les deux mains (→ Incision, cit. 2). || Tenir son parapluie sous le bras (→ Ficeler, cit. 1), un chat sur ses genoux. || Tenir qqn à la gorge pour l'étrangler. || Tenir qqn au collet pour l'arrêter. || Tenir un oison au cou pour l'égorger (→ Cuisinier, cit. 1). || Tenir le loup (cit. 4) par les oreilles. || Tenir un enfant par la main; une femme par le cou (→ Libérer, cit. 1), par la taille; un homme par le milieu de sa jaquette (→ Discuteur, cit. 2). — ☑ Loc. Vx. Tenir qqn au cul et aux chausses. — Tenir une chose à bout de bras, à bras tendus, une personne à pleins (cit. 9) bras. || Tenir qqn, une femme dans ses bras (→ Glacial, cit. 5; jupe, cit. 6). ⇒ Embrasser, étreindre. ☑ Tenir qqn à quatre, être quatre personnes à le tenir, à le surveiller, tel un fou qu'il faut maîtriser (→ ci-dessous, se tenir). — ☑ Tenir la jambe (infra cit. 24) à qqn. — Allus. littér. || « Maître corbeau (cit. 1) tenait en son bec un fromage ».
3 (Le grand maître de la garde-robe) dispose des rois; il mène Metternich par le bout du nez; il tient Nesselrode au collet; il règne en Italie (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 79.
3.1 (…) c'était moi, qui ne savais pas me faire respecter, tenir la main à (Cécile).
Claude Roy, Nous, p. 211.
♦ (Le sujet désigne la main qui maintient, retient). || Elle baissa le visage sur cette main qui tenait la sienne (→ Immobile, cit. 4). || « Le sort est une main qui nous tient, puis nous lâche » (cit. 8). || Main qui tient l'archet (cit. 4), un filet (→ Conspirateur, cit.). — Par anal. || Un poing de bronze tenait un flambeau (cit. 18).
♦ (1080). Absolt. (À l'impératif). || Tiens ! Tenez ! : Prends ! Prenez ! ⇒ Prendre. || Tiens, mon ami, voilà un autre louis d'or ! (→ Nicher, cit. 4). — ☑ Allus. littér. « Un Tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux Tu l'auras » (→ Autre, cit. 89, La Fontaine; et aussi le prov. Mieux vaut tenir que courir). — (1667). Iron. Se dit à qqn que l'on frappe.
4 Tiens, tiens, voilà le coup que je t'ai réservé.
Racine, Andromaque, V, 5.
5 D'un revers de main, il gifla le gosse. « Tiens, ça t'apprendra ! »
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXXIV.
♦ Fig. (Avec une valeur de simple interjection pour appeler l'attention de qqn [v. 1190], ou encore pour manifester de la surprise, de l'ironie, de l'indignation, etc.). || Tiens, passe (cit. 127) -moi une cigarette. || Tenez, un exemple,… (→ Métier, cit. 10). || Tenez ! voyez : le voilà qui arrive ! || « Tiens, dit-elle en ouvrant (cit. 3) les rideaux, les voilà ! ». || « Tiens, je commence à en avoir assez ! » (→ On, cit. 14). || Ah ! tenez, vous êtes de la m… dans un bas de soie (→ Merde, cit. 1; et aussi accommoder, cit. 12; jeu, cit. 63; jeune, cit. 18; marcher, cit. 45). || Tiens ! je ne l'aurais pas pensé. Fam. || Tiens, tiens ! (Hugo, les Misérables, IV, III, III). || Tiens donc ! ⇒ régional 2. Té !
6 Tenez, regardez-le, son mari (A. Cap., Ange, I., 4.), trahit une pitié dédaigneuse. Dans : (…) Tiens, ne perdons pas de temps (Curel, Nouv. Id., I., 1.), tiens marque la résolution.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 541 (note 3).
7 Tenez ! pas plus tard qu'hier soir, j'ai assisté à la rentrée des troupeaux dans un mas (une ferme) qui est au bas de la côte (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Installation ».
7.1 — (Bas, à Georges). Ah ! mon ami ! si tu savais (…) Je vais me marier (…)
— Tiens ! moi aussi (…)
E. Labiche, Moi, I, 12.
7.2 Parce que, tenez : ceux qui viennent vous parler maintenant d'arrachage obligatoire, ça me fait bien rire : qu'ils viennent donc planter et faire pousser ici autre chose que (…)
Claude Simon, le Vent, p. 108.
➪ tableau Principales interjections.
REM. Tiens ! est suffisamment lexicalisé pour pouvoir s'employer avec le vouvoiement. Tiens ! vous êtes là ?
♦ Par ext. || Faire tenir une chose à qqn, la lui remettre entre les mains, la lui faire parvenir. ⇒ Transmettre. || Faire tenir un message, une lettre, un reçu à qqn (→ Nier, cit. 11; et aussi imbiber, cit. 1).
8 (…) J'ai écrit à un de mes amis qui me fera tenir quelques secours au Havre-de-Grâce.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, I, p. 10.
9 (…) une petite fille, nommée Carmen, à qui je fis tenir, par un gamin plus jeune que moi, une lettre dans laquelle je lui exprimais mon amour.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 8.
2 a Maintenir, garder (une personne ou une chose) dans une position, une posture, une attitude, un état, pour un temps plus ou moins long. || Il tenait la main de son frère enfermée entre les siennes (→ Doux, cit. 3). || Tenir un animal à terre pour le marquer (cit. 6). || Je la tins quelques secondes contre ma poitrine, à demi morte et pâmée (cit. 8). || Il me tient le poignard (cit. 4) sur la gorge. || Tenir des ingrédients dans une bassine (→ Malaxer, cit. 1). — Tenir un forçat à la chaîne (cit. 9), des chevaux en bride (→ Fringant, cit. 3), un chien en laisse (→ Collier, cit. 11). ☑ Tenir un enfant par les lisières; loc., tenir en lisières. — ☑ Loc. Tenir qqn le bec dans l'eau.
10 Sammécaud la tenait doucement serrée contre lui. Il respirait l'odeur de ses cheveux.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XX, p. 164.
11 Il me semble que les victimes de votre éloquence auraient eu plaisir à vous tenir, comme je le fais, au bout d'un revolver.
M. Aymé, la Tête des autres, I, 8.
b Tenir qqn, le retenir, le faire rester près de soi plus ou moins longtemps. || Le médecin m'a tenu une heure, pendant une heure. ⇒ Garder.
c Par ext. et vx. ⇒ Arrêter, contenir, empêcher, retenir. || « Je ne sais qui me tient, infâme, Que je ne t'arrache (cit. 3) les yeux ».
♦ ☑ Loc. fig. Tenir sa langue : se retenir de parler. → Jaser, cit. 3. || Sachez tenir votre langue (cit. 17). — ☑ Tenir son sérieux (supra, cit. 7), son quant-à-soi (→ Décent, cit. 2). — Tenir la main à qqch. (⇒ Main, cit. 49).
d Se tenir (suivi du nom d'une partie du corps). || Blessé qui se tient le ventre (→ Indifférent, cit. 15). || Se tenir les côtés (cit. 2), les côtes de rire (1. Rire, cit. 4). || On se tenait les côtes (→ Rouler, cit. 30).
e (En parlant de choses qui en appuient une autre, en maintiennent une autre). || Vaisseau tenu par deux ancres (cit. 4). || Amarres qui tiennent le chalut (cit. 1). || Sandales (cit. 2) tenues par des courroies.
f (Choses). Ne pas laisser échapper. || Bassin qui a toujours tenu l'eau (→ Mastic, cit. 2). ⇒ Retenir. — Conserver, garder. || Ses cheveux tenaient la frisure (cit. 3).
g Résister à (dans quelques expr.). ⇒ Supporter. (1680). || Navire (cit. 5) qui tient bien la mer (⇒ Naviguer), le vent. — Mar. || Tenir le vent : « gouverner et manœuvrer un navire, de manière à le maintenir aussi près que possible du lit du vent » (Gruss). — Argot (autom.). || Tenir la mer : être très stable dans les virages, sur une mauvaise route (d'après tenir la route; → ci-dessous 7.).
♦ ☑ Loc. fam. (1857, H. Monnier; tenir coup, XVIe). Tenir le coup : résister à un choc, supporter une épreuve.
11.1 — « Mais lui s'est battu », coupe le brigadier.
Puis, comme il n'obtient pas de réponse : « Il paraît qu'il y en a qui n'ont pas tenu le coup. »
Il se tourne vers le caporal, qui fait un vague geste d'ignorance, ou d'apaisement.
« Personne n'a tenu le coup », dit le soldat.
Mais le brigadier proteste : « Si, il y en a ! Demandez donc au petit qui était ici à votre place ».
— Bon, si vous voulez, admet le soldat. Ça dépend de ce que vous entendez par « tenir le coup ».
— J'entends ce que ça veut dire : « il y en a qui se sont battus, d'autres pas. »
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 174-175.
11.2 Les agresseurs n'eussent peut-être pas tenu le coup longtemps, je vous l'accorde.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 131.
12 (…) depuis des années, de une à trois, après le déjeuner, je fais la sieste. Je crois que c'est elle qui me permet de « tenir le coup » en dépit de la blancheur de mes nuits.
Gide, Ainsi soit-il, p. 130.
♦ ☑ Loc. Tenir le vin : résister aux effets du vin, ne pas s'enivrer. — ☑ Pop. Il tient bien la chopine (même sens).
♦ ☑ Loc. Tenir tête (à qqn). ⇒ Tête (I., A., 3., c.).
3 (XIIIe). Avec un attribut ou un complément de manière. a Faire rester. ⇒ Garder. || Tenir une porte fermée, entrebâillée (cit. 6). || L'appui (cit. 13) se met pour tenir la chose droite. || Tenir les portes ouvertes à l'audience (cit. 14). || Tenir quelqu'un occupé (cit. 14), propre, proprement (→ Homme, cit. 131); son enfant (cit. 3) en repos; son fils loin (cit. 33) du métier de la guerre. || Tenir ses affaires en ordre. — Tenir qqn à distance (cit. 3 et 4), à vue. || Tenir l'auditeur en balance (cit. 27).
13 Madame Cibot tenait d'ailleurs l'appartement, les habits, le palier, tout dans un état de propreté flamande.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 565.
♦ (En parlant d'une partie de son propre corps). || Tenir la main (cit. 113) presque fermée, la main crispée sous son menton (→ Irrespirable, cit. 2), les yeux ouverts (→ Las, cit. 5), les yeux baissés (→ Soit, cit. 3). || Tenir les mains en l'air (→ Balancer, cit. 5).
♦ Tenir un liquide à l'abri des poussières (→ Génération, cit. 5), un jambon en réserve (→ Munitionnaire, cit. 2), des papiers en lieu sûr. ⇒ Conserver. || Tenir un plat au chaud. ⇒ Mettre.
b Fig. (Sujet n. de chose). ⇒ Maintenir, retenir. — Habit qui tient chaud (→ Mouler, cit. 9). || Ma détestable santé me tient sur le grabat (cit. 3). ⇒ Immobiliser. || La loi qui vous tient assemblés (cit. 33). || Ce tourment me tint éveillé (cit. 29) jusqu'au matin. || Les fusils nous tenaient en joue (→ Éloigner, cit. 11; haut, cit. 84). || Ces monuments tiennent l'imagination en éveil (cit. 3). — L'espérance (cit. 19) tient les hommes en haleine (cit. 26, 27 et 28). — Allus. littér. || « Qu'(…) un seul fait accompli Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli » (→ 1. En, cit. 20).
14 C'est l'honneur qui les doit tenir dans le devoir (…)
Molière, l'École des maris, I, 2.
15 (…) il m'a donné contentement qui passe richesse et une bonne humeur naturelle qui m'a tenu en joie jusqu'à ce jour.
Renan, Souvenirs d'enfance…, I, I, Œ. compl., t. II, p. 729.
c Fig. (Sujet n. de personne). || Tenir son mariage secret (→ Hésitant, cit. 3), ses amours secrètes (→ Celer, cit. 5). — ☑ Tenir la bride (cit. 3), tenir la dragée (1. Dragée, cit. 3) haute à qqn. — ☑ Tenir qqn à l'œil : surveiller, avoir à l'œil (plus cour.). → Endosser, cit. 7. ☑ Tenir qqn en garde contre… (→ 1. Scolie, cit. 3), en respect (→ Dévorer, cit. 26). ☑ Tenir qqn dans l'erreur (cit. 11), au courant (2. Courant, cit. 16) de qqch. || Tenir les esprits en suspens, des forces en équilibre (cit. 9), la balance égale entre deux personnes, les prix au niveau actuel.
♦ ☑ Tenir rigueur (cit. 3) à qqn.
♦ ☑ Tenir compagnie (cit. 1) à qqn (→ aussi Incommoder, cit. 6).
d Mus. || Tenir la note, en prolonger le son.
4 Spécialt. (Compl. n. de personne). a (Avec un attribut ou un compl. de manière). || Tenir (qqn) asservi (cit. 19), captif (cit. 3 et 6), enchaîné (cit. 3), prisonnier (→ Bonnet, cit. 2, par métaphore). ⇒ Assujettir. — Tenir (qqn) en bride (⇒ Brider), dans la contrainte (cit. 8), dans la dépendance (→ Insurrection, cit. 1), en esclavage (cit. 10), en lisières (cit. 5), à sa merci (→ Gaucherie, cit. 2), en tutelle, sous sa férule (cit. 2), sous son charme, sous sa puissance. ☑ Tenir qqn en échec. ⇒ Échec (cit. 3 et 4). — « Henriette me tient sous son aimable empire » (cit. 4).
16 L'intérêt d'une seule passion, souvent malheureuse, tient quelquefois toutes les autres en captivité; et la raison porte ses chaînes sans pouvoir les rompre.
Vauvenargues, Réflexions et Maximes, CCCCXVII.
b (XIIe). || Tenir quelqu'un, être maître de sa personne, de sa liberté, de son indépendance… ⇒ Maîtriser. || On le tient cette fois, on va lui casser (cit. 7) les reins. — (Fin XIIe). || Tenir quelqu'un par la peur (→ Manœuvrer, cit. 3), par quelque engagement (⇒ Engagement). || Les femmes (cit. 78) disparaissent quand nous croyons les tenir. || Pour tenir le roi, elle le grisait de luxure (cit. 5). ⇒ Gouverner.
16.1 Il comprend que tout ce qu'il pourra dire sera inutile. Il a perdu, l'autre le tient ! Il essaie pourtant de se reprendre. Il lui faut se battre, tenter l'impossible.
René Floriot, La vérité tient à un fil, p. 28.
17 (…) Si je le tenais maintenant, ce tailleur détestable (…) je (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
18 Le meilleur moyen, le seul peut-être de gouverner les hommes, c'est de les tenir par leurs passions.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes… ».
19 (…) Ah (…) en voilà une fine, et une forte (…) maman (…) elle savait vous tenir un homme, celle-là ! Elle l'avait pris corps et âme, et elle l'a gardé jusqu'à la fin.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Champ d'oliviers », III.
♦ (Le sujet désigne un sentiment, une force). || « Amour (cit. 25), amour quand tu nous tiens… » (→ aussi Croissance, cit. 4). || L'ennemi le tient (→ Matériel, cit. 8). || Quelle mauvaise humeur te tient ? (→ 2. Chagrin, cit. 17).
20 (…) C'est une maladie qui la tient, et je sais le remède qu'il y faut apporter.
Molière, le Médecin malgré lui, III, 6.
21 (Amour) Tu nous tiens par la joie, et surtout par les larmes;
Jeune homme on te maudit, on t'adore vieillard.
Hugo, les Rayons et les Ombres, XXXIV.
22 (…) Plus encor que la Vie,
La Mort nous tient souvent par des liens subtils.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », XL.
23 (…) je n'ai pas cessé de penser à elle. Elle me tient (…) Mais ce qui le tient surtout c'est la jalousie.
Gide, Journal, 23 févr. 1931.
5 (XVIe). a Avoir en sa possession (surtout abstrait). ⇒ Avoir, détenir, posséder. || Comme s'il tenait la clef de sa prison (→ Garder, cit. 32). — Fig. || Tenir la clef, le mot de l'énigme (→ Je, cit. 3), le fil d'une intrigue. ☑ Tenir le bon bout (supra cit. 41). ☑ Tenir la corde. — Tenir la preuve que… (→ 2. Mèche, cit. 1). || La certitude qu'ils tiennent la vérité (→ Cruel, cit. 4). || Le bonheur, lorsqu'on le tient, ce n'est plus rien (→ Loin, cit. 18). — Par métaphore (du sens 1). || Tenir entre ses mains la destinée de qqn. || Les Parques (cit. 3) tiennent entre leurs mains le sort des mortels. || Ces banques tiennent en main la clef du crédit (→ Dispensateur, cit. 4). — ☑ Tenir la queue de la poêle (3. Poêle, supra cit. 3).
24 Il entendait, en effet, tenir ses ministres dans sa main (…)
Louis Madelin, Talleyrand, III, XIX.
25 (…) À mon avis, vous tenez un filon. Vous savez que la surveillance politique est très considérée. C'est du travail délicat.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIX, p. 209.
b ☑ Fam. En tenir une (une bonne cuite). || Il en tient une sévère ! — Fam. || Je tiens un de ces rhumes. — ☑ En tenir une couche (de bêtise). ⇒ Couche (cit. 5.2).
c (Fin Xe). Spécialt. || Tenir un territoire, la mer, y régner en maître. || L'Empire qui tient la mer (→ Lutte, cit. 10). || L'ennemi tient cette ville, il l'occupe militairement. || Tenir une position pied à pied. ⇒ Défendre. || Ville que l'on peut tenir. ⇒ Tenable.
6 Avoir une certaine étendue, une certaine capacité; occuper un certain espace. || La fosse (cit. 1) tenait un tiers de la cour. — L'enseigne tenait toute la largeur de la boutique (→ Pharmacie, cit. 1). ⇒ Occuper, remplir. — Bouteille qui tient le litre (2. Litre, cit. 2). ⇒ Contenir, jauger. || Rouf assez large pour tenir une table et deux couchettes (→ Abriter, cit. 3). ⇒ Loger, renfermer. — Il est si gros qu'il tient la place de deux personnes.
♦ (Sujet n. de chose abstraite). || Les questions d'intérêt (cit. 13) qui tiennent une si grande place dans la vie (→ aussi Aborder, cit. 12; génération, cit. 8; gonfler, cit. 40).
7 Occuper (une place), rester; ne pas s'écarter de… ☑ Tenir le haut bout de la table. ☑ Tenir le haut du pavé (→ Élégant, cit. 9). — (1906). || Voiture qui tient bien la route (⇒ Tenue); conducteur qui tient la droite de la route, sa droite. || Automobiles tenant la gauche (cit. 9). — Tenir le large (en parlant d'un navire) : rester loin de terre. — L'armée d'observation (cit. 16) devait tenir la campagne. — Par ext. Ne pas quitter. || Malade condamné à tenir la chambre, le lit (⇒ Garder).
♦ Fig. || Pays qui tient une place sur l'échiquier (cit. 5). || Tenir une place éminente dans la société (→ Guide, cit. 6). || Tenir le milieu entre l'habile homme et l'homme de bien (→ Extrême, cit. 22).
8 (1549). a Avoir habituellement (une activité). ⇒ Exercer, remplir. || Tenir une charge (cit. 15), un emploi (→ Conviction, cit. 6), une fonction, une place (supra cit. 41), un poste. || Tenir garnison dans une ville. || Tenir un rôle, sa partie, une conduite (→ Prouver, cit. 5; proverbe, cit. 2). — ☑ Loc. Tenir son rôle (supra cit. 7). || Tenir la tribune.
b Avoir sous sa direction, sous son autorité… ⇒ Administrer, diriger, gérer, mener. || Tenir un hôtel (cit. 6), une auberge (→ Nœud, cit. 30), un café (→ Borgne, cit. 4), un salon (cit. 6) de thé, une école, un magasin. || Logis (cit. 3) tenu par deux femmes. || Tenir boutique (cit. 1).
26 (…) ajoutez donc au ballot deux ou trois romans de Paul de Kock (…) Le libraire répondit d'un ton digne qu'il ne « tenait » pas de romans (…)
France, le Chat maigre, Œ., t. II, III, p. 166.
d S'occuper habituellement de… || Tenir le piano, l'orgue (→ Savoir, cit. 65). ⇒ Jouer. || Le greffier (cit. 1) tient les notes d'audience. — Tenir un registre (cit. 4), un journal (cit. 4), les livres (⇒ Teneur). || Tenir la caisse, la comptabilité, les comptes. — ☑ Loc. métaphorique. Tenir les cordons de la bourse.
e (1170). Présider une réunion, y prendre part. || Tenir une assemblée, des assises (cit. 6, 7 et 9), un chapitre (→ Camper, cit. 1), un concile (→ Apôtre, cit. 3), une conférence… || Tenir table, table (infra cit. 5) ouverte. || Le roi tenait sa cour (cit. 18), un lit (cit. 25 et 26) de justice. || Tenir conseil (cit. 25), séance. ⇒ Délibérer, discuter. — Tenir des conciliabules (cit. 2).
27 Je suis en pourparlers avec Le Matin; je vais probablement y tenir la rubrique immobilière (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XVIII, p. 140.
f Par ext. || Tenir un langage (supra cit. 25), un discours, des discours (→ Apparence, cit. 38; dicter, cit. 7), des propos (supra cit. 11; → aussi Agile, cit. 2; complimenteur, cit. 1), le crachoir… ⇒ Parler. || Tenir un raisonnement (→ Objurgation, cit. 1). || Tenir un sujet sur le tapis. — Tenir à soi-même. || Le discours (cit. 8) qu'elle se tenait à elle-même (→ aussi Déprimant, cit.).
9 ☑ Loc. Tenir compte de… ⇒ Compte (cit. 22 à 24); compter, connaître.
10 Considérer, regarder comme. a Vx. || « Je tiens leur culte impie » (Corneille, Polyeucte, II, 6). || « Je tiens cette comédie une des plus plaisantes que l'auteur ait produites » (Molière, la Critique de l'École des femmes, 3). || Je vous tiens innocente (→ Accuser, cit. 2). — ☑ Loc. mod. (littér.). Tenir qqn quitte (supra cit. 3).
28 Je vous tiens de ce jour, sujet rebelle et traître.
Hugo, Hernani, II, 3.
♦ Tenir (qqn ou qqch.) comme…
29 Je le loge, et le tiens comme mon propre frère (…)
Molière, Tartuffe, V, 3.
b (1050). Mod. || Tenir… pour… : considérer, croire. || Tenir pour agréable. ⇒ Avoir (avoir pour). || Tenir un fait pour avéré (→ Assigner, cit. 19), pour assuré, certain (→ Athée, cit. 12), pour néfaste (→ Amputer, cit. 4). || Il tenait l'existence d'un principe créateur (cit. 4) pour assez probable. || Obligations qu'il tient pour absolues (→ Démocratie, cit. 8). || On le tient pour un esprit fumeux (cit. 4). — Il est tenu pour tel. ⇒ Réputer.
30 (…) il la tient pour sensée et de bon jugement.
Racine, les Plaideurs, II, 4.
31 Oui, j'ai souvent remarqué qu'on tient pour aliénés ceux qui hasardent par exception des vérités éclatantes. Les paradoxes trouvent tout le monde d'accord.
Pierre Louÿs, Aphrodite, III, II.
32 (…) les hommes tiennent pour le premier devoir social d'apprendre à tuer régulièrement leurs semblables.
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, XI, p. 364.
33 Souvent les nobles sentiments (ou ceux que la société tient pour tels) descendent en directe filiation des sentiments dits mauvais.
A. Maurois, Études littéraires, Jacques de Lacretelle, II.
♦ ☑ Je me le tiens pour dit. ⇒ Dire (1. Dire, cit. 29; et aussi me, cit. 22). — Tenez-vous-le pour dit. ⇒ Le (2., I., 4., D.).
c Tenir que… ⇒ Considérer, estimer, professer (que). || Je tiens, pour moi, que c'est folie (→ Attendre, cit. 87; et aussi agréable, cit. 15; apprêt, cit. 3; art, cit. 63; assez, cit. 49; mot, cit. 8).
34 Nous tenons que ses continuelles hésitations, ses balancements et ses retours constituent la meilleure preuve de cette sincérité qu'on a tendance à lui contester en lui prêtant des vues constamment intéressées.
A. Billy, Sainte-Beuve, sa vie et son temps, p. 201.
11 (Dans quelques expressions). Observer fidèlement, être fidèle à… ⇒ Observer, remplir. || Tenir parole (supra cit. 11), sa parole (→ Bon, cit. 62). || Tenir ses engagements (cit. 2 et 5), ses promesses (cit. 2), une gageure (cit. 3), un pari, un serment (cit. 1). — Absolt. || Promettre (cit. 3) et tenir sont deux. ⇒ Exécuter.
35 Et son cœur ne vous tiendra pas
Tout ce que ses yeux vous promettent.
Molière, Psyché, I, 2.
36 Ma faute en cela ressemblait à la coquetterie des honnêtes femmes qui, quelquefois, pour parvenir à leurs fins, savent, sans rien permettre ni rien promettre, faire espérer plus qu'elles ne veulent tenir.
Rousseau, les Confessions, II.
♦ (1798). Au jeu. Accepter un pari, mettre un enjeu équivalent. || Je tiens ! Tenu.
12 (1580). || Tenir qqch. de qqn, l'avoir par lui, l'avoir reçu, obtenu, appris… de lui (→ ci-dessous, II., 4.). || Tu tiens ces nouvelles de mon oncle (→ Mander, cit. 7). — Tenir de bonne source que… (→ Envisager, cit. 13). — « L'un tient de moi la vie, à l'autre (cit. 92) je la dois ». || « Je tiens de ma patrie un cœur qui la déborde… » (→ Humain, cit. 18). || Je tiens tout de vous : je vous suis redevable de tout. || L'imagination qu'elle tenait de son père (→ Difficulté, cit. 8). || « … chaque État (cit. 140) a ses lois Qu'il tient de la nature… ». || Je tenais de ma grand-mère d'être dénué d'amour-propre (cit. 9).
37 De Dieu, de vous, vie je tiens.
Villon, le Dit de la naissance de Marie d'Orléans.
38 Et ce m'est une double joie
De la tenir de toi (cette nouvelle).
La Fontaine, Fables, II, 15.
39 Qu'on m'attaque sur le sens des faits, c'est bien. Mais on devra d'abord reconnaître qu'on tient de moi les faits dont on veut user contre moi.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Préface, 1868.
40 Beyle tenait heureusement du siècle où il naquit l'inestimable don de la vivacité.
Valéry, Variété, Études littéraires, in Œ., t. I, Pl., p. 556.
———
II V. intr. et tr. ind.
1 V. tr. ind. (V. 1180). || Tenir à… : être attaché à…, maintenu par, fixé sur… || Mules (2. Mule, cit. 2) qui ne tiennent au pied que par l'ongle de l'orteil. || L'épée de Damoclès tenait à un fil. — ☑ Fig. Ne tenir qu'à un fil (⇒ Fil, infra cit. 18), qu'à un bouton (cit. 12), qu'à un cheveu : être dans une position très instable.
♦ Par métaphore, fig. ⇒ Appartenir, attacher (être attaché). || Le paysan tenait à sa terre, un peu comme l'arbre tient au sol (→ Désaxer, cit. 2). ⇒ Racine. || Je tiens à vous par mille chaînes (cit. 22). || Je tiens encore par mille liens au monde dans lequel j'ai vécu (→ Détachement, cit. 4). || Nous tenons à tout, nous nous accrochons (cit. 14) à tout. — Tenir à cœur, au cœur (en parlant d'une chose). ⇒ Cœur (cit. 63 à 66; → aussi Gaz, cit. 2).
♦ (V. 1175). Par anal. Être contigu. || Le jardin tient à la maison. || Mes terres tiennent aux vôtres.
2 V. tr. ind. (1580). || Tenir à qqn, à qqch., y être attaché par un sentiment durable d'affection, d'intérêt, d'amour-propre… || Tenir à une femme (→ Fouetter, cit. 14). || Je ne tiens plus à rien, ni à personne (→ Gâter, cit. 39) : je suis détaché de tout. || Tenir à la vie (→ Démenti, cit. 3), à sa réputation, à son autonomie (cit. 1). || Je tiens à mon lit plus qu'à tout (→ Drap, cit. 4). ☑ Tenir à… comme à la prunelle (supra cit. 4) de ses yeux. || Sa carcasse (cit. 8), il y tient ! || Peuh ! (cit. 2) je n'y tiens guère.
40.1 Quelquefois elles (les religieuses) s'attachent à quelque petit objet, à un livre d'heures, à une relique, à une médaille bénie. Dès qu'elles s'aperçoivent qu'elles commencent à tenir à cet objet, elles doivent le donner. Elles se rappellent le mot de sainte-Thérèse à laquelle une grande dame, au moment d'entrer dans son ordre, disait : Permettez, ma mère, que j'envoie chercher une sainte bible à laquelle je tiens beaucoup : Ah ! vous tenez à quelque chose ! En ce cas, n'entrez pas chez nous.
Hugo, les Misérables, II, VI, II.
41 À partir d'un certain âge, par amour-propre et par sagacité, ce sont les choses qu'on désire le plus auxquelles on a l'air de ne pas tenir.
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 345.
42 Et puis, en dernière analyse, je tiens passionnément à lui et ne voudrais à aucun prix le perdre.
A. Maurois, la Terre promise, XLVI.
♦ (XVIIe). Avec une proposition pour complément. Vouloir (une chose à laquelle on attache beaucoup de prix). ⇒ Désirer, vouloir. || Son père tient à lui faire voir le monde (→ Fils, cit. 7). || Il tient à mettre notre responsabilité à couvert (cit. 12), à ne rien brusquer (→ Dilatoire, cit. 3). || Ils tiennent à ne pas se mettre mal (2. Mal, cit. 10) avec la police… — Tenir à ce que… (avec le subj.). || Tenir à ce que le travail soit activement poussé (→ Cadastre, cit. 1). — Vous y tenez absolument ? Oui, j'y tiens !
43 (…) Mais dites-moi le sujet de votre roman. — Vous y tenez ? — Je ne tiens à rien.
France, le Lys rouge, III.
44 Comme elle ne tenait pas que je lui parlasse de Laure, elle m'empêcha toujours d'en venir à prononcer ce nom.
René Boylesve, Je vous ai désirée…, II.
45 Mme Liauran tenait beaucoup à ce que le jeune homme allât dans le monde.
Paul Bourget, Cruelle énigme, I.
46 (…) le 15, Haverkamp avait tenu mordicus à convoquer les maçons pour le 20.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, p 290.
REM. Avec tenir que… on trouve (littér. et rare) la construction directe (→ ci-dessus, cit. 44).
3 V. intr. (1155). a Être solide, ne pas céder, ne pas rompre (II.). || Cela tient comme de la poix. ⇒ Accrocher, adhérer, attacher (s'), coller; et aussi tenace. || Chaînes (cit. 24) qu'on croit rompues et qui tiennent toujours. || L'écrou ne tenait plus (→ Roue, cit. 2). ☑ Ne tenir ni à fer ni à clou. ☑ Tenir bon. || La branche (cit. 4) tint bon. || L'arbre tient bon (cit. 123; et supra), le roseau plie. — ☑ Tenir debout. ⇒ Debout (supra cit. 2; et, au fig., cit. 15 et 16). Je ne tiens plus debout (→ Fatigue, cit. 7). — Ne pas se défaire. || Sa coiffure tient bien, ne tient pas.
47 Pour nous, nous ne plierons pas; nous tiendrons ferme comme Ajax contre les dieux; s'ils prétendent nous faire fléchir en nous frappant, ils se trompent. Honte aux timides qui ont peur !
Renan, Questions contemporaines, Réflexions sur l'état des esprits, Œ. compl., t. I, I, p. 216.
48 Là, il s'est établi inébranlablement au-dessus de tous les préjugés; et ceux de la raison n'ont pas tenu devant lui plus que ceux de la morale et de la politique.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V.
♦ Mar. || Tiens bon !, « expression employée pour ordonner d'arrêter ce qui se fait. Par exemple quand on vire sur une chaîne d'ancre, on dira : Tiens bon ! pour faire cesser de virer » (Gruss). — Par ext. Pop. Maintenir solidement à l'arrêt.
48.1 Une chose me fait penser que j'approche de la Terre : la disposition du vent qui se lève de 8 heures à 11 h 30, tombe à 11 h 30 et repart à 15 heures. Cela me rappelle le régime des vents côtiers. Enfin, « tiens bon » : c'est tout ce que je dois me mettre dans la tête.
Alain Bombard, Naufragé volontaire, p. 214.
♦ ☑ Loc. fig. Il n'est obstacle qui tienne. || Il n'y a pas de raison qui tienne, rien qui puisse s'opposer à… Fam. Il n'y a pas de bal qui tienne : tu n'iras pas au bal.
49 Il est fort peu commode, presque dangereux, de faire relever un cheval tombé à terre. Il n'y a cravache qui tienne. La gesticulation des jambes de la bête, qui fait ce qu'elle peut, est extrêmement désagréable, surtout lorsque l'on a soi-même une jambe aussi prise sous la selle.
A. de Musset, Contes, « La mouche », IV.
b Résister. || « Ni grilles ni verrous ne tiennent contre moi » (→ Captiver, cit. 1). || Cela ne tient pas contre (1. Contre, cit. 26) la volonté. || La sévérité ne tient pas devant un joli visage (→ Désarmer, cit. 5). || Tenir bon, tenir ferme contre l'ennemi, ou, absolt, tenir ferme (1. Ferme, cit. 15; et supra). ⇒ Front (faire front). || Tenir ou flancher (cit. 1). || Tenir sous le feu (→ Gentleman, cit. 2). || Quelques carrés de la garde, immobiles (cit. 20), tinrent jusqu'à la nuit. || Il a fallu tenir dix jours, se faire hacher (cit. 7) par bataillons. — « Pourvu qu'ils tiennent ! », mot de Forain sur les civils de 1914-1918.
50 (…) quand notre front craquait de toutes parts. Je me répétais obstinément : Nous tiendrons ici (…) Nous tiendrons là (…) Et quand cédait la nouvelle ligne, que les fleuves mêmes étaient franchis, je reportais en arrière ma confiance éperdue.
R. Dorgelès, la Drôle de guerre, XXII.
51 L'Angleterre tiendra jusqu'au dernier Français ! affirmait la radio de Stuttgart.
A. Maurois, Mémoires de guerre, II, XXII.
c (Fin XIIe). Résister à l'épreuve du temps; rester valable, durer. || Le marché ne tint pas (→ Résoudre, cit. 3). || Le contrat tient encore (⇒ Valable). || Cette pièce n'a pas tenu, un four ! (cit. 10). || Leur union tient toujours. ⇒ Continuer, durer, persister, subsister. — (XXe). Fam. (en parlant d'une invitation, d'un projet…). || Cela tient toujours pour jeudi ?
52 (…) je vous annonce qu'il est toujours beau; il a tenu bon contre le temps.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 111.
53 — Je tiendrai bien jusqu'à demain soir.
— Tu es trop tendue, tu ne tiendras pas. Ton courage t'abandonnera tout d'un coup.
Sartre, Morts sans sépulture, III, 2.
54 (…) peut-être pourriez-vous me dire si le projet pour lequel il était venu dans la région tient toujours (…) Le remplacement des tramways par des autocars (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXIV.
d ☑ Vx (→ ci-dessous, se tenir A., 5.). Ne pouvoir, ne savoir plus tenir de (faire qqch.) : ne pouvoir s'empêcher, se retenir plus longtemps de (faire qqch.).
♦ (1666). || Ne plus pouvoir tenir, ne pouvoir y tenir : être au comble de l'impatience, à bout, hors de soi. || Je n'y puis plus tenir, j'enrage (→ Genre, cit. 2). ⇒ Pouvoir (II., 3.). — (1872). || C'est à n'y pas tenir.
55 (…) il n'y a patience de saint qui puisse y tenir (…)
Voltaire, Facéties, « Pot pourri », §VI.
56 Je suis pressé depuis si longtemps de vous faire une question, peut-être indiscrète, que je n'y saurais plus tenir.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 609.
57 Et, à force de la garder ainsi dans son œil, et dans son esprit, il fut pris d'une telle envie de l'épouser que, n'y pouvant plus tenir, il la demanda en mariage.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Le noyé », I.
58 (…) le quatrième matin n'y tenant plus, toute vergogne bue, je demandai à Adoum le moyen de m'y prendre (…)
Gide, Ainsi soit-il…, p. 149.
e Par ext. || Tenir pour qqn (vieilli), ne point abandonner son parti. ⇒ Défendre, soutenir. || Ceux qui tenaient pour les anciens intentèrent (cit. 1) un procès. — Mod. || Tenir pour une opinion, l'appuyer fermement, la soutenir. — Trans. Fam. || En tenir (de l'amour) pour qqn, en être épris.
59 Tu montreras cette glorieuse phalange résistant à l'invasion des romantiques, tenant pour l'idée et le style contre l'image et le bavardage (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 775.
60 C'est toujours le combat de Dieu. C'est même le combat de Dieu entre celui qui tient pour Dieu et celui qui ne tient pas pour Dieu. Et la pensée de Polyeucte c'est que celui qui tient pour Dieu se tienne au moins aussi bien que celui qui ne tient pas pour Dieu.
Ch. Péguy, Note conjointe, « Sur Descartes », p. 184.
f ☑ Ne pas tenir en place : ne pouvoir rester sans bouger, sans réagir. || Il ne tenait plus en place (→ Ambiant, cit. 3). — Absolt. || Je n'y tiendrai pas longtemps (→ Cabale, cit. 7) : je ne resterai pas longtemps en cet endroit. ⇒ Rester.
61 (…) je ne pourrais jamais tenir à Paris plus de deux mois.
Voltaire, Correspondance, 1879, 15 janv. 1761.
61.1 Je ne tiens pas en place, j'ai envie d'aller au-devant de ces dames.
E. Labiche, le Voyage de M. Perrichon, II, 1.
4 V. tr. ind. (1638). || Tenir de… : avoir des rapports de filiation, de parenté, d'analogie (→ ci-dessus, tenir qqch. de qqn). ☑ Avoir de qui tenir : avoir des ascendants dignes de soi, leur ressembler par quelque côté. || Il tenait de sa mère et de sa grand-mère (→ Complexion, cit. 2). ⇒ Ressembler (infra cit. 1). || « On tient toujours du lieu dont (cit. 3) on vient ». ⇒ Origine.
62 Orphée avait de qui tenir, étant le fils de Calliope et d'Apollon.
Émile Henriot, Mythologie légère, p. 131.
63 (…) moralement, c'est moi qui tenais de papa, et c'est mon frère qui avait des ressemblances avec ma mère (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 24.
♦ Participer de la nature de… || Une espèce (cit. 16) d'uniforme qui tenait du livreur et de l'employé de banque. || La comédie tient toujours plus ou moins de la charge (cit. 27) et de la bouffonnerie. || Quelque chose qui tient du divin (→ Démon, cit. 6), du fantastique (→ Énormité, cit. 4), du miracle (cit. 7), du prodige (infra, cit. 2). ⇒ Approcher (de).
64 Du Bruel, l'auteur de la pièce, un jeune homme en redingote, petit, délié, tenant à la fois du bureaucrate, du propriétaire et de l'agent de change, entra soudain.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 710.
65 Si ressemblant que soit un portrait, il tient toujours du peintre, et presque autant que du modèle.
Gide, Dostoïevsky, p. 199.
5 V. tr. ind. (Fin XIIIe). Choses. || Tenir à qqch. : avoir un rapport d'appartenance, de dépendance, d'effet à cause. ⇒ Provenir, résulter, venir (de). || L'universalité de la langue française (cit. 3) tient à plusieurs causes. || L'illusion tient à la réalité comme l'effet tient à la cause (→ Intégrant, cit. 1). || La force des peuples barbares tient à leur jeunesse et disparaît (cit. 19) avec elle. || La hausse des denrées (cit. 1) tenait à la baisse de l'assignat. || La gastronomie tient à la cuisine par l'art d'apprêter (cit. 11) les mets… ⇒ Appartenir. || Responsabilités qui tiennent à la constitution du corps social. ⇒ Inhérent.
65.1 Il est bien, n'est-ce pas ? C'est un Breton (…) un garçon honnête (…) dévoué (…) ça tient à la race.
E. Labiche, Moi, I, 4 (1925).
♦ Cela tient à (→ Métallique, cit. 1). || Cela tient à ce que… (→ Je ne sais quoi, cit. 2; mépriser, cit. 19; métamorphisme, cit.).
66 (…) Cela tient à ce que nous n'avons pas la même nature.
France, le Lys rouge, XXXI.
67 À quoi donc tient son illusion ?
J. Paulhan, Entretien sur des faits divers, p. 50.
♦ Impers. ⇒ Dépendre. (Avec que et le subjonctif). || À quoi tient-il que nous ne partions ? || Il tint à peu de chose que je ne lui fisse un affront (Académie). || Il a tenu à peu de chose qu'il ne fût maître de l'Angleterre (A. Duval, in Littré). || Il tient à moi qu'elle vienne ou ne vienne pas. — (Négativement). || Il ne tient pas à moi si cela n'a pas de succès. || Il ne tient pas à moi que cela ne se fasse : cela sera vraiment indépendant de ma volonté, cela ne sera pas faute de m'y employer. || Il ne tient pas à lui que… (→ Carrière, cit. 8). || Il ne tiendra qu'à vous que je vous arrache (cit. 42) de ce misérable lieu. || S'il ne tient qu'à cela pour être votre gendre (→ Affaire, cit. 49).
68 À quoi tient-il que dès aujourd'hui vous ne fassiez tout mon bonheur ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 15.
69 Il ne tiendra qu'à vous, beau Sire,
D'être aussi gras que moi, lui repartit le chien.
La Fontaine, Fables, I, 5.
70 Enfin, si dans ces vers je ne plais et n'instruis,
Il ne tient pas à moi, c'est toujours quelque chose.
La Fontaine, Fables, V, 1.
71 Il ne tient pas à M. de Bonac que vous ne passiez ici pour un fort habile homme (…)
Racine, Lettres, 172, 24 mars 1698.
72 Il ne tenait qu'à moi, qu'elle ne renonçât pas à la vie.
Gide, Et nunc manet in te, in Souvenirs, Pl., p. 1139.
73 (…) c'est la raison qui me fait dire aux jeunes et leur répéter de se dire sans cesse et de se persuader que le plus souvent il ne tient qu'à eux.
Gide, Ainsi soit-il…, p. 55.
74 Il n'a tenu qu'à vous que cette épreuve ne vous fût épargnée.
75 — (…) Il n'a tenu qu'à vous que ce débat ne sortît des limites correctes.
♦ ☑ Qu'à cela ne tienne ! (→ Ping-pong, cit.) : peu importe, que cela ne soit pas un obstacle.
6 V. intr. (1660). Être compris, contenu dans un certain espace. || Tous mes livres tiennent dans cette armoire. ⇒ Entrer, loger. || Banquette où pouvaient tenir trois voyageurs (→ Lapin, cit. 8). || Sept personnes pouvaient tenir ensemble dans son habit (→ Boutonner, cit. 1). || Cette cendre (cit. 14) tiendrait dans un médaillon. || Le projet tenait en trente lettres et dépêches (→ Dicter, cit. 4). || Mon sujet tient en trois parties (→ Foisonner, cit. 9).
76 Ce que j'ai à vous dire de moi est fort peu de chose, et cela pourrait tenir en quelques mots : un campagnard qui s'éloigne un moment de son village (…)
E. Fromentin, Dominique, III.
77 L'auto des Orgel était dépourvue de strapontin. On n'y pouvait en se serrant tenir que trois.
R. Radiguet, le Bal du comte d'Orgel, p. 33.
78 (Ma malle) est comme mes livres, comme la moindre de mes phrases, comme ma vie tout entière : j'y veux faire tenir trop de choses.
Gide, Journal, 4 juin 1905.
——————
se tenir v. pron.
ÉTYM. (V. 1050).
A Réfl.
1 (V. 1175). || Se tenir à qqch. : tenir qqch. pour rester dans une position, pour ne pas tomber. ⇒ Accrocher (s'), agripper (s'), cramponner (se), retenir (se). || Le chauffeur se tenait d'une main à la tringle de la locomotive (→ Graisseur, cit. 2; et aussi haler, cit. 1). || Le faucon (cit. 3) se tenait ferme sur le bras de son maître.
2 (V. 1175). Être, demeurer en telle position, telle posture, telle attitude. || Se tenir debout (supra cit. 2; → Abside, cit. 1). || Se tenir bien droit (→ Frémissement, cit. 14), très droit (1. Droit, cit. 6), sur ses pieds (→ Chancelant, cit. 1). ⇒ Station; camper (se), dresser (se). || Se tenir couché, penché (→ 2. Air, cit. 28), les reins à demi courbés (cit. 26), les bras croisés (→ Humble, cit. 41), à genoux, agenouillé (→ Lui, cit. 57), à croupetons (cit. 1), sur son séant. || Se tenir immobile (→ Armoirie, cit. 2), sans bouger (→ Assiette, cit. 1), pétrifié dans un impeccable (cit. 6) garde-à-vous, suspendu au-dessus du vide.
79 Il avait ce qu'on nomme en province de la dignité, c'est-à-dire qu'il se tenait roide et qu'il était ennuyeux.
Balzac, le Député d'Arcis, Pl., t. VII, p. 650.
80 Elle essaya de se lever; mais la secousse avait été trop forte; elle ne pouvait encore se tenir sur ses jambes.
Maupassant, Pierre et Jean, VII.
81 Je me tiens un peu de guingois, selon l'expression de ma mère.
G. Duhamel, Salavin, I, XVI.
82 L'aspect même de sa mère l'étonna : elle qui avait coutume de se tenir le buste droit, dans une attitude majestueuse, puissante, il la vit affaissée, les joues pendantes et grises.
F. Mauriac, Genitrix, VIII.
♦ Absolt. || Ne pouvoir se tenir : ne pouvoir rester dressé (assis, debout). — Façon de se tenir (→ Animal, cit. 5). || Art de se tenir (→ Dicter, cit. 15). ⇒ Contenance, maintien, tenue. || Savoir se tenir à cheval : avoir une bonne assiette, en parlant d'un cavalier.
83 Est-ce qu'on asseyait un homme qui ne pouvait se tenir ? Le mieux était de l'allonger sur le lit (…)
Zola, la Terre, II, II.
3 (V. 1050). Être dans un endroit, à une place, en un lieu. || Les colombes se tenaient sur des oliviers (→ Abri, cit. 2). || Le motteux (cit.) se tient habituellement sur les mottes. ⇒ Habiter. || Il se tenait au milieu de la chambre (→ Écarter, cit. 27). || La pièce dans laquelle nous nous tenons (→ Capital, cit. 4). || Se tenir devant quelqu'un (→ Méditation, cit. 6), en tête du convoi (→ Postillon, cit. 1). || Se tenir à demeure (cit. 14) sur le pont du bateau. || Se tenir près, auprès de qqn. ⇒ Assister (fig., supra cit. 6). || Se tenir un peu loin (→ Attraction, cit. 9), à l'écart (1. Écart, cit. 11 et 12). || Tenez-vous bien au chaud. — (1559). Choses. || Le monde qui se tient au delà des montagnes (cit. 2). ⇒ Trouver (se). — Lieux où se tiennent les foires (1. Foire, cit. 1). ⇒ Lieu (avoir lieu). || Ces fêtes se tiennent chaque année. ⇒ Célébrer (se). — Conversation qui se tient officiellement (→ Mitonner, cit. 2).
84 On se tenait, après les repas, de l'autre côté de la maison.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 201.
85 Il se tenait, à contre-jour, devant la fenêtre dont il venait d'entrouvrir les persiennes.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 34.
86 Elle se tenait sur cette place, comme une fille des champs, quand elle reprend haleine et, redressant son dos courbé, se donne un moment de repos, appuyée à la haie.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VI.
♦ Fig. || Se tenir dans un juste milieu (cit. 19). || Se tenir sur sa position (→ Attitude, cit. 23), sur la défensive, en dehors des opérations (→ Neutralité, cit. 6). — Se tenir selon son rang (→ Escapade, cit. 5). ⇒ Conduire (se); conduite, tenue.
87 — (…) Il est furieux si tu te tiens sur ta position.
A. Maurois, Bernard Quesnay, IX.
4 Être et rester (d'une certaine manière, dans un certain état). || Se tenir découvert à l'audience (cit. 15). || Se tenir caché (→ Aider, cit. 19), sur ses gardes (→ Alerte, cit.; détourner, cit. 13). ☑ Se tenir à carreau (cit. 8). || Se tenir à l'affût (cit. 5), sur la réserve (→ Gauchir, cit. 2). || Se tenir à la disposition de qqn (→ Lettre, cit. 11). || Se tenir prêt, prêt à venir au moindre appel (cit. 5). || Se tenir tranquille (→ Douleur, cit. 17), clos (cit. 10) et coi (cit. 2), en silence (→ Entretenir, cit. 35).
88 — Germain, dit la mère Maurice, vous allez me promettre de vous tenir tranquille pendant toute la semaine, de ne vous point tourmenter, de manger, de dormir et d'être gai comme autrefois.
G. Sand, la Mare au diable, XVI.
88.1 Comme si ce signal d'alerte me concernait, moi; comme s'il s'adressait particulièrement à ma personne (me rappelant qu'il faut sans cesse se tenir sur ses gardes et veiller) (…)
Claude Mauriac, le Dîner en ville, p. 229.
♦ Vous n'avez qu'à bien vous tenir : restez tranquille, prenez garde, faites attention, gare à vous. || Attention, tenez-vous bien, se dit parfois avant d'annoncer à quelqu'un une nouvelle surprenante. — ☑ Se tenir à quatre : se maîtriser soi-même, comme quatre personnes le feraient d'un fou.
89 (…) il se tenait à quatre pour n'être pas bête, mais il ne pouvait s'en empêcher.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 8.
♦ Se tenir bien, se tenir mal : se conduire en personne bien, mal élevée. — ☑ Fig. Se tenir bien à table : manger abondamment. || Il se tient mieux à table qu'à cheval. — Absolt. || Se tenir : se tenir bien. || Il sait se tenir en société.
90 Devant tout étranger il se tenait, mais dans sa famille il s'abandonnait et se donnait des airs terribles, bien qu'il eût peur de tout le monde.
Maupassant, Pierre et Jean, I.
91 — (…) Il ne m'inspire pas la moindre sympathie. Il est jeune, évidemment, mais il se tient si mal.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VIII, VIII, p. 80.
5 (V. 1175). || Ne pouvoir se tenir de… (vx ou littér.) : ne pouvoir s'empêcher, se retenir de (faire telle chose). — (1669). Absolt. (Vx). || Avoir peine à se tenir. ⇒ Contenir (se).
92 J'ai peine à me tenir, et la main me démange.
Molière, Tartuffe, V, 4.
93 Ses voisins de dortoir, tout malades qu'ils étaient, ne pouvaient se tenir de rire, et la sœur supérieure venait souvent à son lit pour passer un quart d'heure d'amusement.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Les 25 francs de la supérieure ».
6 (1080). || Se tenir à (qqch.). a Littér. Observer, pratiquer fidèlement et exclusivement. || Il se tient à vos conseils (→ ci-dessous, cit. 96).
b ☑ (V. 1660). Cour. S'en tenir à (qqch.) : ne pas aller au delà, ne faire, ne vouloir rien de plus. ⇒ Borner (se), contenter (se). || S'en tenir à la menace (cit. 2), aux boutades (cit. 4), aux demi-mesures (→ Malchance, cit. 2), à de modestes amendements (cit. 3). || Ils s'en tenaient aux lieux communs (cit. 25). || S'en tenir à l'avis de qqn (→ 1. Or, cit. 29), à sa règle personnelle (→ Écrasant, cit. 4). || Il ne faut pas s'en tenir à cette première vue (→ Face, cit. 42). — ☑ S'en tenir là. ⇒ Arrêter (s'); → Promenade, cit. 3. Tenez-vous-en là.
94 — (…) J'espère qu'en voilà assez, et que vous allez vous en tenir là de cette ridicule expédition ?
Alphonse Daudet, Tartarin sur les Alpes, XII.
95 En matière de gouvernement, il s'en tenait aux vues courtes et nettes.
France, le Lys rouge, III.
96 — Tu ne me feras jamais croire que tu ne te tiendras pas à un genre, une fois que tu y auras réussi.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX.
♦ ☑ Savoir à quoi s'en tenir : être fixé, informé, en avoir le cœur net, savoir sur quel pied danser (→ Fantaisie, cit. 21).
97 Avec ces spirituelles rieuses on ne sait jamais à quoi s'en tenir, et on serait bien dupe souvent de s'arrêter à quelques mots qui, chez d'autres, diraient beaucoup.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 22 oct. 1849.
98 — Vous comprenez, j'en suis malade, à la fin de ne pas savoir à quoi m'en tenir. Il me faut un oui ou un non (…)
Zola, la Terre, II, IV.
99 — Don Pierre, un mot de plus, et je me tiens pour insulté.
A. de Gobineau, les Pléiades, p. 217.
B Récipr. (1690). Se tenir (l'un l'autre). || Amoureux qui se tiennent par la taille (→ Mordre, cit. 12). || Se tenir par la main (⇒ Main; → Monde, cit. 40), par les mains (→ Long, cit. 37), par les épaules (→ Foulée, cit. 2; monôme, cit.). || Se tenir par la barbichette. — (L'un à l'autre). || Se tenir compagnie (→ Main, cit. 100). || Se tenir chaud (→ Presser, cit. 19). — Allus. littér. || « Tenez-vous lieu (2. Lieu, cit. 35) de tout » (La Fontaine).
100 (…) ils se mirent en route vers la gare Saint-Lazare en se tenant par le bras.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « L'épreuve », III.
♦ (1674). En parlant de choses. (Avec un attribut). || Les étoiles se tiennent l'une à l'autre toutes attachées (→ 1. Dépendre, cit. 7). — La cruauté (cit. 4) et la luxure se tiennent comme deux sœurs monstrueuses. ⇒ Solidaire. — Être dans une dépendance réciproque. || Tout se tient dans la vie (→ Dépendance, cit. 3). || Tout se tient, s'étaye, s'entrecroise (cit. 3). — (1878). Être bien lié, bien construit, vraisemblable, cohérent… || Tout cela s'explique (cit. 33) et se tient.
101 (…) toutes les productions de l'esprit humain se tiennent et sont solidaires l'une de l'autre (…)
Renan, Questions contemporaines, L'Institut de France, Œ. compl., t. I, p. 99.
102 Aurait-on la baguette des fées, il faudrait trembler avant de toucher à ces choses complexes où tout se tient, où les qualités sortent des défauts, et où l'on ne peut rien changer sans faire crouler l'ensemble.
Renan, Questions contemporaines, L'instruction supérieure en France, Œ. compl., t. I, p. 95.
——————
tenu, ue p. p. adj.
1 Bien tenu : en bon état de propreté, en bon ordre, bien arrangé, entretenu, soigné (→ ci-dessus, I., 8.). || Maison bien tenue, mal tenue. || Il n'y a pas d'équipages (cit. 12) mieux tenus que le vôtre. || Espaliers bien tenus (→ Arbre, cit. 16). || Troupes mal tenues (→ Autant, cit. 42).
2 Bourse. Dont le cours est ferme. || Valeurs bien tenues, ou, absolt, tenues.
3 ⇒ Occupé, pris. || Tenu, tenue par ses occupations.
4 ⇒ Obligé. || Tenu, tenue par quelque obligation. || Débiteurs tenus solidairement (→ 2. Aval, cit. 3). — Ils sont tenus à la garantie des objets constitués en dot (cit. 9). || Il était tenu à ne pas quitter le pays (→ Inéluctable, cit. 2). ☑ À l'impossible nul n'est tenu : on ne peut exiger de qqn ce qu'il lui est absolument impossible de faire. — Preneur tenu des dégradations. ⇒ Responsable. — Tenu de (suivi d'un inf.). || Dépendre (1. Dépendre, cit. 12), c'est être tenu d'obéir. || Attroupements (cit. 3) tenus de se disperser. || Le commerçant est tenu de faire un inventaire (cit. 3; → aussi Affirmer, cit. 5; aménagement, cit. 1; argent, cit. 16; association, cit. 10; caution, cit. 9).
103 On dirait qu'en France ce n'est pas seulement le médecin, mais aussi le malade qui est tenu au secret professionnel.
Giraudoux, De pleins pouvoirs à sans pouvoirs, II, p. 34.
❖
CONTR. Abandonner, capituler, céder, crouler, déroger, désister (se), écarter, échapper (s'), enfuir (s'), flancher, fléchir, fuir, lâcher, laisser, quitter. — Branler, chanceler. — Braver, manquer (à ses engagements), rompre.
DÉR. Tenable, tenant, tènement, tenette, 2. teneur, tenon, tenue, tenure (cf. aussi Tenace, tenancier, tenailles, ténor).
COMP. Contenir, contre-tenir, détenir, entretenir, maintenir, retenir, soutenir.
Encyclopédie Universelle. 2012.