1. dépendre [ depɑ̃dr ] v. tr. ind. <conjug. : 41>
• 1160; lat. dependere « pendre de », d'où « se rattacher à »
1 ♦ DÉPENDRE DE : ne pouvoir se réaliser sans l'action ou l'intervention (d'une personne, d'une chose). ⇒ procéder, provenir, résulter. L'effet, la conséquence dépend de la cause. ⇒ découler. Termes corrélatifs, interdépendants, qui dépendent les uns des autres. L'issue de la bataille dépend de cette manœuvre. ⇒ 1. reposer (sur). Sa venue dépend de vous.
♢ Impers. Comment vas-tu ? — Cela dépend des jours. Si cela ne dépendait que de moi ! je le ferais volontiers si c'était en mon pouvoir. ⇒ tenir (à). Cela dépend des circonstances, des conditions (⇒ conditionnel) . Ellipt Est-ce que tu viendras ? — Ça dépend : peut-être. — Fam. Ça dépend où, comment. Ça dépend lequel. — Il dépend de qqn de (et l'inf.)ou que (et le subj.). Son observation inexacte « il dépend de nous de la recommencer » (Paulhan). ⇒ appartenir. « Il dépend d'une note écrite que ce secret soit ou non dérobé au néant » (Martin du Gard).
2 ♦ Par ext. (1459) Faire partie (de qqch.). ⇒ appartenir. Ce parc dépend de la propriété. Féod. Terre qui dépend d'un fief. Territoires qui dépendent de la France. Dépendre de telle juridiction, de telle administration. ⇒ relever, 2. ressortir.
3 ♦ (XVIe) Être sous l'autorité, la domination, l'emprise. Ne dépendre de personne, ne dépendre que de soi (cf. Être son maître). « Les femmes n'ont pas de morale, elles dépendent pour leurs mœurs de ceux qu'elles aiment » (Maurois). Pays qui dépend économiquement d'un autre.
⊗ CONTR. Affranchir (s'), libérer (se).
dépendre 2. dépendre [ depɑ̃dr ] v. tr. <conjug. : 41>
♦ Retirer (ce qui est pendu). ⇒ décrocher, 1. détacher. Dépendre un tableau. — Dépendre une personne (qui s'est pendue).
⊗ CONTR. Accrocher , pendre, suspendre.
● dépendre verbe transitif (de pendre) Détacher ce qui était suspendu : Dépendre un tableau. ● dépendre (homonymes) verbe transitif (de pendre) ● dépendre (synonymes) verbe transitif (de pendre) Détacher ce qui était suspendu
Synonymes :
- décrocher
Contraires :
● dépendre
verbe transitif indirect
(latin dependere)
Être placé sous l'autorité, le contrôle de quelqu'un, relever de son administration, de sa gestion, de ses décisions : Il dépend directement du directeur.
Être dans une relation de dépendance matérielle ou psychologique à l'égard de quelqu'un ; n'avoir pas son autonomie, sa liberté d'action : Elle dépend financièrement de son mari.
Être lié à quelque chose, en faire partie : Une situation honorable avec les avantages qui en dépendent.
Être lié à quelque chose ou à quelqu'un (à sa présence, à ses décisions, etc.) comme à une cause nécessaire, en être fonction, en parlant de quelque chose : La réussite ne dépend pas uniquement du travail.
● dépendre (citations)
verbe transitif indirect
(latin dependere)
Épictète
Hiérapolis, Phrygie, vers 50-Nicopolis, Épire, vers 130 après J.-C.
Les choses extérieures ne dépendent pas de moi ; ma volonté dépend de moi. Où chercher le bien et le mal ? En moi-même, dans ce qui est mien.
Entretiens, II, 5, 4-5 (traduction E. Bréhier)
● dépendre (difficultés)
verbe transitif indirect
(latin dependere)
Conjugaison
Construction
1. Il dépend que (+ subjonctif). À la forme négative ou interrogative, le ne explétif est facultatif. Il est d'ailleurs préférable de l'éviter : il ne dépend pas d'eux que l'autorisation soit donnée ; dépend-il de toi qu'elle vienne ? (plus clair que : il ne dépend pas d'eux que l'autorisation ne soit donnée ; dépend-il de toi qu'elle ne vienne ?). À la forme affirmative, on n'emploie pas ne : il dépend de vous que l'affaire aille à son terme.
2. Il dépend de (+ infinitif) : « Il dépend de la société de se sauver elle-même »(V. Hugo). Il dépend de toi de faire ce choix.
● dépendre (expressions)
verbe transitif indirect
(latin dependere)
Ça dépend, se dit lorsqu'on ne peut fournir une réponse précise, celle-ci étant fonction de diverses conditions ; peut-être.
● dépendre (homonymes)
verbe transitif indirect
(latin dependere)
● dépendre (synonymes)
verbe transitif indirect
(latin dependere)
Être lié à quelque chose, en faire partie
Synonymes :
- résulter
Être lié à quelque chose ou à quelqu'un (à sa présence...
Synonymes :
- relever de
- reposer sur
- ressortir à
- tenir à
- venir de
dépendre
v. tr. Détacher (ce qui était pendu).
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dépendre
v. tr. indir. Dépendre de.
d1./d être assujetti à, sous la domination de.
|| Relever de l'autorité de. Sa nomination dépend du ministre.
d2./d Appartenir à, être rattaché à. Ce dispensaire dépend de la mission catholique.
d3./d être fonction de. Son succès dépendra de son travail.
|| v. impers. Il ne dépend que de vous que vous réussissiez.
|| Fam. ça dépend: c'est variable, c'est selon les circonstances. Irez-vous vous promener?
— ça dépend!
I.
⇒DÉPENDRE1, verbe trans.
A.— Dépendre qqc. Détacher, enlever quelque chose qui était pendu ou suspendu. Dépendre un tableau; dépendre une enseigne (Ac. 1835-1932). Déjà les croque-morts, dressant leurs échelles, commençaient à dépendre les tentures (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 106).
— Au fig., fam., rare. Dépendre sa langue, se dépendre la langue. Parler beaucoup (au point de s'en décrocher la langue). La discrète matrone répondit (...) qu'elle avait toujours en plus de propension à se coudre la bouche qu'à se dépendre la langue (FEUILLET, Bellah, 1850, p. 172). Mais, souvent, il [papa] va chez Ruaux, qui dort peu et perd rarement une occasion de dépendre sa langue (H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p. 208).
Rem. On rencontre ds la docum. la loc. dépendre les oreilles. Elle parlait à tort et à travers, patati patata : c'était un chapelet de commérages à dépendre les oreilles (FEUILLET, Scènes et com., 1854, p. 11).
— Emploi pronom., au fig. Se détacher. Mon oncle ne me parlait ni de Xavière, ni de Benoîte (...) dont mon esprit obsédé n'arrivait pas à se dépendre (FABRE, Xavière, 1890, p. 76).
B.— Dépendre qqn. Détacher quelqu'un qui était pendu. Quand on le dépendit il était déjà raide (Ac. 1835-1932) :
• ... des étudiants de Vienne qui voulaient connaître les sensations de l'agonie sans passer de vie à trépas (...) se sont pendus, et on les a dépendus au moment où la colonne vertébrale allait se briser.
GREEN, Journal, 1932, p. 95.
Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé substantivé dépendu. Les voilà couchés là [ses enfants]; ils dorment, malgré le bruit, comme trois dépendus (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 154).
Prononc. et Orth. :[], (je) dépends []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1180 (MARIE DE FRANCE, Fables, 25, 7 ds T.-L.). Dér. de pendre; préf. dé(s)-, (lat. dis-); cf. lat. médiév. dependere « dépendre (de la potence) », ca 1200 ds NIERM.
DÉR. Dépendeur, euse, subst. Celui, celle qui dépend ce qui est pendu. Attesté ds la plupart des dict. du XIXe s. ainsi que ds Lar. 20e et ROB. Au fig., pop. et péj. (Grand) dépendeur d'andouilles. [P. réf. au fait qu'il fallait être très grand pour décrocher les andouilles suspendues dans les boutiques des charcutiers] Homme de grande taille, mais sot, incapable ou paresseux. Il [Judet] exécrait Rochefort, lequel de son côté, le tenait pour « un grand abruti (...) un dépendeur d'andouilles et pas autre chose » (L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 86). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1re moitié XIVe s. (J. DE CONDÉ, Dits et Contes, II, 241, 14 ds T.-L.); attest. isolée repris au XIXe s. 1840 dépendeur d'andouilles (Catéchisme poissard ds LARCH. 1872, p. 117); du rad. de dépendre1, suff. -eur2. — Fréq. abs. littér. : 5.
II.
⇒DÉPENDRE2, verbe trans. indir.
Être lié (à quelqu'un ou à quelque chose) par une relation de subordination, de solidarité ou de causalité.
A.— [Avec l'idée dominante de subordination, de soumission] Être sous l'autorité, sous l'influence de; être à la merci de.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Dépendre de qqn. Ne dépendre de personne. Les enfants dépendent de leur père (Ac. 1835-1932). Dépendre d'une volonté étrangère, c'est être esclave (WEIL, Pesanteur, 1943, p. 156) :
• 1. LE DOCTEUR. — (...) Je veux dire que vous n'êtes pas à la merci de quelques clients, susceptibles de guérir d'un jour à l'autre, et dont la perte fait chavirer votre budget. Dépendant de tous, vous ne dépendez de personne.
ROMAINS, Knock, 1923, I, p. 4.
b) Dépendre de qqc. Ce que c'est d'être gueux, on dépend du coche. Si j'avais un carrosse... (COURIER., Lettres Fr. et It., 1813, p. 860). La faiblesse, les besoins, le font dépendre [l'homme] des éléments et de ses semblables (DELACROIX, Journal, 1847, p. 239). Nous ne dépendons point des constitutions ni des chartes, mais des instincts et des mœurs (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 163).
2. [Le suj. désigne une chose]
a) Dépendre de qqn. Rien n'est perdu, la décision dépend du tsar (CAMUS, Justes, 1950, V, p. 380) :
• 2. — Une thèse, continuait l'abbé, avec mention très honorable (qui dépend du jury naturellement mais qu'il n'est pas excessif d'espérer, me dit M. G...) m'ouvrirait une chaire provisoire aux Hautes Études...
MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 442.
b) Dépendre de qqc. ,,Ce prieuré, cette cure dépend de telle abbaye`` (Ac. 1835, 1878). ,,La nomination en appartient au titulaire de telle abbaye`` (Ac. 1835, 1878). Le duc d'Orléans (...) avait la nomination d'un certain nombre de dames au chapitre de Salles, qui dépendait de son duché (LAMART., Confid., 1849, p. 28).
— Spéc., MAR. [Le suj. désigne le vent] Souffler, venir de. Les vents ont presque toujours dépendu du nord pendant tout ce temps (DUMONT D'URVILLE, Voy. Pôle Sud, t. 1, 1841, p. 52).
B.— [Avec l'idée dominante de solidarité phys. et/ou morale] Dépendre de qqc. Faire partie de quelque chose, être lié à un ensemble en tant qu'élément constitutif.
1. [Le suj. désigne une chose concr.] Il acheta l'établissement avec tout ce qui en dépendait (Ac. 1835-1932). Du musée [de Trèves] dépendent encore les bas-reliefs qui se voient dans l'intérieur de la Porta Mora (MICHELET, Journal, 1842, p. 463) :
• 3. Mes parents habitaient une de ces demeures de campagne appelées châteaux, et qui sont simplement d'antiques maisons à toit aigu, dont dépendent quatre ou cinq fermes groupées autour.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Clochette, 1886, p. 661.
2. [Le suj. désigne une chose abstr.] Un organisme qui dépend du ministère de l'Éducation nationale (DUB.) :
• 4. Le poème symphonique, dans la forme que Liszt lui a donnée est d'ordinaire un ensemble de mouvements différents dépendant les uns des autres et découlant d'une idée première, qui s'enchaînent et forment un seul morceau.
SAINT-SAËNS, Harmonie et mélodie, 1885, p. 163.
C.— [Avec l'idée dominante de causalité] Être conditionné, déterminé par quelque chose. L'effet dépend de la cause. Répondez, votre vie en dépend (LA MARTELIÈRE, Robert, 1793, III, 5, p. 33). Certaines maladies mentales dépendent de lésions du cerveau (CARREL, L'Homme, 1935, p. 63). Le marxisme a popularisé l'idée que les régimes politiques dépendent étroitement des structures économiques (Traité sociol., 1968, p. 10).
— Cela/ça dépend de + subst., absol. cela/ça dépend. Cela est variable ou incertain; cela est subordonné à l'accomplissement de certaines conditions. Ça dépend des jours. Cela dépend de l'endroit où vous allez (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 245). Ça dépend des circonstances. Nous sommes à un moment critique (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 41).
— Emploi impers. Il dépend de + subst. + de + inf.; il dépend de + subst. + que + subj. Il dépend de vous de le faire nommer à cette place (Ac. 1835-1878). Il ne dépend de personne de me faire sortir de mon caractère (RENAN, Drames philos., Eau jouvence, 1881, p. 456) :
• 5. La vieillesse s'installe dans sa victoire, qui est sérénité et rayonnement, ou dans sa défaite qui est durcissement et avarice; il dépend en grande partie de nous qu'elle mérite l'un ou l'autre.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 162.
Prononc. et Orth. :[], (je) dépends []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1154-73 « pendre, être pendu » ici fig. depend à l'ueil « être imminent » (B. DE STE-MAURE, Troie, 14061 ds T.-L.); 1177 au propre (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 829); 2. a) 1269-78 « pouvoir se réaliser sous l'action ou l'intervention d'une personne ou d'une chose » (G. DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 17262); b) 1459 « relever de (en parlant d'un fief) » (Coutumes du Comté de Bourgogne, chap. 1, art. 1 ds Nouv. Coutumier gén., éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t. 2, p. 1196); c) 1490 « procéder, découler d'une autre chose » (PH. DE COMMYNES, Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, p. 131 : Et de ceste division procède la famine et mortalité et les autres maulx qui deppendent de la guerre); 3. av. 1544 « être à la merci de quelqu'un ou de quelque chose [d'une chose] » (DES PER., Contes, VI ds LITTRÉ); 1580 « être sous l'autorité ou la dépendance de quelqu'un » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, livre 1, chap. 31, p. 253). Empr. au lat. impérial dependere « être suspendu à » d'où fig. « dépendre de, se rattacher à ».
III.
⇒DÉPENDRE3, verbe trans.
Vx (seulement dans des loc. proverbiales). Dépenser.
— Absol. Qui bien gagne et bien dépend n'a que faire de bourse pour serrer son argent (Ac. 1835, 1878).
♦ Au fig., loc. (Un ami qui est) à vendre et à dépendre ou, plais., à pendre et à dépendre. (Un ami) tout dévoué, qui donnerait tout ce qu'il possède. — La marquise? — Oui, c'est un de mes plus zélés partisans. Elle est à moi à pendre et à dépendre (AUGIER, Effrontés, 1861, IV, p. 370).
Rem. La loc. à pendre et à dépendre et les jongleries verbales auxquelles elle se prête montrent que le sens du mot n'est plus compris.
Prononc. et Orth. :[], (je) dépends []. Ds Ac. 1740-1932 avec, pour les éd. de 1740-1798, la rem. : ,,S'est dit, autrefois, pour dépenser.`` Étymol. et Hist. 1re moitié XIIe s. « répandre, dispenser » (Psautier Cambridge, CXI, 5, éd. Fr. Michel [dispensabit verba sua in judicio]); ca 1150 « dépenser » (WACE, St Nicolas, 92 ds KELLER, p. 201b). Du lat. class. dispendere, v. dépens; supplanté par dépenser.
STAT. — Dépendre1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. :4 250. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 7 375, b) 3 961; XXe s. : a) 4 177, b) 7 147.
BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 259. — LINDSTRÖM (A.). Dispensare-distornare. In :[Mél. Wahlund (K.)]. Mâcon, 1896, pp. 285-286.
1. dépendre [depɑ̃dʀ] v. tr. ind.
ÉTYM. V. 1160; lat. dependere, proprt « pendre de », d'où sens fig. « se rattacher à », et, par ext., « être sous la puissance de qqn », de de-, et pendere. → Pendre.
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1 (V. 1273). Sujet n. de chose. || Dépendre de (qqch., qqn) : ne pouvoir se réaliser sans l'action ou l'intervention (d'une personne, d'une chose). ⇒ Dépendance; procéder (de), provenir, rattacher (se), résulter; (être) attaché, lié… || L'effet, la conséquence dépend de la cause. ⇒ Découler (→ Comment, cit. 11). || Termes qui dépendent les uns des autres (⇒ Corrélatif). || L'issue de la bataille dépend de cette manœuvre. || Toute l'affaire en dépend. || Répondez, votre vie en dépend. ⇒ Reposer (sur), rouler (sur), tenir (à). || Dépendre du hasard (→ Casuel, cit. 1). || Résultat qui dépend d'un rien (→ Tenir à un cheveu, à un fil). || Sa venue dépend de vous.
1 Le bonheur et le malheur des hommes ne dépend pas moins de leur humeur que de la fortune.
La Rochefoucauld, Maximes, 61.
2 De vous dépend ma peine ou ma béatitude.
Molière, Tartuffe, III, 3.
3 Chez les Grecs, tout dépendait du peuple, et le peuple dépendait de la parole.
Fénelon, Lettre à M. Dacier… sur les occupations de l'Académie, IV.
4 Sa vie (de l'homme des premiers temps) était dans les mains de la nature; il attendait le nuage bienfaisant d'où dépendait sa récolte; il redoutait l'orage qui pouvait détruire le travail et l'espoir de toute une année.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, III, II, p. 136.
5 Tout changement matériel produit un changement moral, puisque les mœurs dépendent du milieu.
France, Hist. comique, IX, p. 136.
6 L'évolution d'une nation dépend des conditions matérielles dans lesquelles elle a vécu.
Ch. Seignobos, Hist. sincère de la nation franç., I, p. 1.
7 Elles (les étoiles) se tiennent l'une à l'autre toutes attachées, par des liens qui sont des vertus et des forces, de sorte que l'une dépend de l'autre et que l'autre dépend de toutes.
Gide, les Nourritures terrestres, p. 187.
8 Sa conduite dépendrait des circonstances (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 265.
♦ Impers. et cour. || Cela dépend; ça dépend… || Cela dépend des circonstances, des conditions (→ Conditionnel). || Si cela ne dépendait que de moi, ce serait facile. Ellipt. || Si cela ne dépendait que de moi ! : je le ferais volontiers, si c'était en mon pouvoir. — Langue orale (sans de). || Cela, ça dépend qui, quoi. || Ça dépend comment. || Ça dépend si tu m'accompagnes ou non. || Ça dépend où. || Tu veux un bonbon ? Ça dépend lequel. Ellipt. || Est-ce que tu viendras ? Ça dépend : selon les circonstances; peut-être.
♦ Impers. || Il dépend de (qqn), suivi de l'inf. ou de que + subj. || Il dépend de moi que vous soyez envoyé à Paris. || Il dépend de vous de faire ceci. ⇒ Appartenir (il vous appartient de…). || Il ne dépend que de moi de… (→ Arracher, cit. 15).
9 (…) il ne dépendra pas de vous de me laisser ici : plutôt mourir que de vous voir partir sans moi.
Fénelon, Télémaque, IV.
10 Son expérience fût-elle légère, c'est une expérience — il dépend de nous de l'assurer; son observation inexacte, c'est une observation — il dépend de nous de la recommencer.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 60.
10.1 (…) puisqu'il dépend de moi, puisqu'il dépend d'une note écrite (…) que ce secret soit ou non dérobé au néant.
Martin du Gard. (→ Barre, cit. 13).
2 (1459). Sujet n. de chose concrète. Faire partie de quelque chose. ⇒ Appartenir. || Ce parc dépend de la propriété. — (1459). Féod. || Terre qui dépend d'un fief. ⇒ Mouvoir (vx). || Territoires qui dépendent de la France. || Dépendre de telle juridiction, de telle administration. ⇒ Compétence; relever, ressortir (à).
3 (1580). Sujet n. de personne ou de groupe. || Dépendre de (qqn, qqch.) : être sous l'autorité, la domination, l'emprise de (qqn, qqch.). ⇒ Dépendance (3.); → Coopération, cit. 1. || Ne dépendre de personne; ne dépendre que de soi (→ Être son maître). || Pays qui dépend économiquement d'un autre.
11 (…) je dépends d'un père, et (…) le nom de fils me soumet à ses volontés.
Molière, l'Avare, I, 2.
12 (…) dépendre, c'est, selon la plus claire notion et la plus évidente, être tenu d'obéir (…)
Bourdaloue, Exhortation sur l'obéissance relig., t. VIII, p. 242.
13 Un peuple de pêcheurs, de matelots et de petits fermiers, qui dépendent de quelques gros marchands.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », I, p. 72.
14 Les femmes n'ont pas de morale, elles dépendent pour leurs mœurs de ceux qu'elles aiment.
A. Maurois, Climats, II, XXI, p. 269.
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DÉR. Dépendance, dépendant.
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2. dépendre [depɑ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. pendre.]
ÉTYM. V. 1180, Marie de France; de 1. dé-, et pendre.
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♦ Détacher (ce qui est pendu, suspendu); faire cesser d'être pendu. ⇒ Décrocher, détacher. || Dépendre un tableau. — Dépendre une personne (qui s'est pendue).
0 Le dépendre n'était pas une besogne aussi facile que vous pouvez le croire. Il était déjà fort raide, et j'avais une répugnance inexplicable à le faire brusquement tomber sur le sol. Il fallait le soutenir tout entier avec un bras, et, avec la main de l'autre bras, couper la corde.
Baudelaire, le Spleen de Paris, « La corde ».
♦ ☑ Loc. fig. Fam. et vx. Dépendre sa langue : parler beaucoup (à se décrocher la langue).
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CONTR. Accrocher, pendre, reprendre, suspendre.
DÉR. Dépendage, dépendeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.