enfuir (s') [ ɑ̃fɥir ] v. pron. <conjug. : 17>
1 ♦ S'éloigner en fuyant, ou en hâte. ⇒ décamper, déguerpir, déloger, détaler, s'échapper, filer, fuir, se sauver; fam. se barrer, se carapater, se casser, se débiner, décaniller, s'esbigner, se tailler, se tirer, se trisser (cf. Fiche, foutre le camp; prendre la poudre d'escampette, ses jambes à son cou; jouer des jambes, des flûtes; mettre les bouts, les voiles; se faire la belle, la paire). S'enfuir à toutes jambes. Le prisonnier s'est enfui par le toit. ⇒ s'évader. L'enfant s'est enfui du domicile paternel. ⇒ fuguer. « Quitter mon père et m'enfuir dans quelque couvent » (Stendhal). ⇒ se réfugier.
2 ♦ Fig. Poét. S'écouler, disparaître. ⇒ passer. « Tout peut s'oublier Qui s'enfuit déjà » (Brel). « Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve » (Musset). — P. p. adj. Les rêves enfuis.
⊗ CONTR. Rester.
enfuir (s')
v. Pron. Prendre la fuite. S'enfuir de prison. Syn. fuir, s'échapper, se sauver.
|| Fig. Les années qui se sont enfuies.
enfuir (s') [ɑ̃fɥiʀ] v. pron. [CONJUG. fuir.]
ÉTYM. 1080, pour s'en fuir; de 1. en, et fuir.
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1 S'en aller, s'éloigner en fuyant, ou en hâte. ⇒ Aller (s'en); décamper, déguerpir, déloger, dérober (se), détaler, disparaître, échapper (s'), éclipser (s'), envoler (s'), esquiver (s'), évader (s'), filer, fuir, partir, sauver (se); → (vx) Se carrer, escamper, tirer ses chausses, ses grègues, tirer chemin; (fam.) se barrer, caleter, se carapater, se cavaler, mettre la clef sous la porte, se débiner, décaniller, se défiler, s'esbigner, se déguiser en cerf, en courant d'air, prendre la poudre d'escampette, fausser compagnie, foutre le camp, gagner le large, prendre ses jambes à son cou, jouer des jambes, jouer la fille de l'air, mettre les adjas, les mettre, mettre les bouts, les voiles, lever le pied, montrer, tourner les talons, se tirer, tricoter des pincettes, se trisser; et les loc. fig. (vieilli) faire un trou à la lune, enfiler la venelle; courir, cit. 22; danser, cit. 4; démordre, cit. 5; desserrer, cit. 2. || S'enfuir à toutes jambes, à toute vitesse, rapidement, au galop. || Gibier qui s'enfuit (→ Chasse, cit. 5; défaut, cit. 15). || Il parvint à s'enfuir. || S'enfuir à l'étranger. ⇒ Réfugier (se). || S'enfuir devant le danger, s'enfuir de peur (→ Chameau, cit. 1). || S'enfuir sur le champ de bataille. ⇒ Déserter (→ Capitaine, cit. 1; désemparer, cit. 1). — S'enfuir de… || S'enfuir d'un lieu où l'on était retenu. ⇒ Évader (s'). || S'enfuir de la maison paternelle. ⇒ Abandonner, quitter. — S'enfuir vers…, dans…
1 La vraie épreuve de courage
N'est que dans le danger que l'on touche du doigt.
Tel le cherchait, dit-il, qui, changeant de langage,
S'enfuit aussitôt qu'il le voit.
La Fontaine, Fables, VI, 2.
2 Elle n'eut plus qu'une pensée, s'enfuir; s'enfuir à toutes jambes, à travers bois, à travers champs, jusqu'aux maisons, jusqu'aux fenêtres, jusqu'aux chandelles allumées.
Hugo, les Misérables, II, III, V.
3 (…) le voleur, qui s'enfuit au galop de son cheval après avoir commis un crime (…)
Lautréamont, les Chants de Maldoror, I, p. 21.
2 Par anal. S'échapper, s'écouler (le sujet désigne un fluide). ⇒ Fuir, sauver (se). || La fumée s'enfuit. || Le vin s'enfuit du tonneau. || Le ruisseau s'enfuit au travers de la prairie (→ Bouillon, cit. 2).
♦ Figuré :
4 (…) Adraste, d'un coup de lance, le rendit immobile, et son âme s'enfuit d'abord avec son sang.
Fénelon, Télémaque, XV.
5 Beaux yeux de mon enfant, par où filtre et s'enfuit
Je ne sais quoi de bon, de doux comme la Nuit !
Baudelaire, les Épaves, IX.
3 (Sujet n. de chose). Passer rapidement en s'éloignant. || Les nuages s'enfuient.
4 Fig. (Poét.). S'écouler rapidement. ⇒ Disparaître, évanouir (s'), passer (dans le temps). — Le temps s'enfuit et coule.
6 (…) la vie s'enfuit, ne te montre donc point si difficile envers le bonheur qui se présente, hâte-toi de jouir.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, t. II, p. 42.
7 (…) Qu'est-ce donc que des jours pour valoir qu'on les pleure ?
Un soleil, un soleil, une heure, et puis une heure;
Celle qui vient ressemble à celle qui s'enfuit (…)
Lamartine, Méditations, II, 5.
8 Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve (…)
A. de Musset, Nouvelles poésies, « La nuit d'octobre ».
9 Je t'aime surtout quand la joie
S'enfuit de ton front terrassé (…)
Baudelaire, Nouvelles fleurs du mal, Madrigal triste.
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enfui, ie p. p. adj.
♦ || Les jours enfuis, passés. || Rêves enfuis.
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Encyclopédie Universelle. 2012.