1. s [ ɛs ] n. m. inv.
1 ♦ Dix-neuvième lettre et quinzième consonne de l'alphabet : s majuscule (S), s minuscule (s). — Prononc. Lettre qui, prononcée, note la fricative dentale sourde [ s ] à l'initiale, à la finale et devant consonne (sac, jasmin, bus, as) et la fricative dentale sonore [ z ] entre deux voyelles (rose, poison) ou à la liaison (les amis [ lezami ] ) sauf après le préfixe re- (resalir) et dans certains composés (antisocial, parasol). — Digrammes, trigrammes comportant s : ss, qui note [ s ] (rosse, poisson, caresse, ressusciter [ resysite ], ressembler [ rəsɑ̃ble ]); sh, qui note [ ʃ ] dans des emprunts (short, sherpa, rush); sc, sch (→ 1. c). — Le s, marque du pluriel.
2 ♦ Forme sinueuse du s. Virage en s. Ivrogne qui fait des s. ⇒ zigzag. « Il tombe jusqu'à la nuit, tourne, file en S » (Malraux). — Anat. S iliaque : portion terminale du côlon, au trajet sinueux.
⊗ HOM. Ès. Esse.
s 2. s abrév. et symboles
1 ♦ S [ syd ] n. m. inv. Sud.
2 ♦ s [ s(ə)gɔ̃d ] n. f. inv. Seconde (2.).
3 ♦ S [ simɛns ] n. m. inv. Siemens.
● S Chimie Symbole du soufre. Géographie Désigne le sud. Métrologie Symbole du siemens.
s
n. m.
d1./d Dix-neuvième lettre (s, S) et quinzième consonne de l'alphabet, appelée sifflante, notant la fricative alvéolaire sourde (ex. sel, resaler, dessaler) ou sonore entre voyelles (ex. muse); marquant la liaison devant une voyelle (ex. des idées); restant muette comme marque du Plur., en finale de certains mots (ex. ras et des formes verbales. Un s euphonique.
d2./d Par anal. Route en S, en lacet.
⇒S, s, lettre
La dix-neuvième lettre de l'alphabet; un exemplaire de cette lettre.
A. — [La lettre en tant que telle]
1. [Le caractère et la valeur phonique du caractère]
a) [Le caractère et la valeur du caractère sont considérés solidairement] Un s a dû tomber dans les formes grecques géne(s)os, etc., chaque fois qu'il se trouvait placé entre deux voyelles. (...) dans les mêmes conditions, s aboutit à r en latin (SAUSS. 1916, p. 15).
♦ P. ext. [L'init. en tant que désignation d'une tranche alph. d'une nomencl.] Elle ne le cherchait pas plus à la lettre c qu'à la lettre s (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 334).
— [L'attention porte plus partic. sur la valeur du caractère] Dans les débuts de son mariage, il a fait un effort pour prononcer son nom Pâquier à la façon des Pasquiers historiques, à la façon des Normands aussi. Comme tout le monde, autour de nous, s'obstinait à marquer l's, mon père a dû renoncer à sa réforme (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 17):
• 1. ... elle avait répété avec ravissement: « ma tante d'Uzai [pour Uzès] » avec cette suppression de l's finale (...) qui l'avait stupéfaite la veille, mais qu'il lui semblait maintenant si vulgaire de ne pas connaître...
PROUST, Sodome, 1922, p. 819.
— En partic. [S'agissant d'un défaut de prononc.] Il prononçait les s comme des f, à la façon d'un écolier perdu dans un de ces livres anciens où les deux lettres se ressemblent. Il disait: « L'Inftitut nafional (...) » (DUHAMEL, Combats ombres, 1939, p. 16). — Mais, disait-il, étonné soudain, je prononce très bien les s. Suzanne éclata de rire. — Quelle assurance admirable! Si vous voulez jouer Euryale, vous devez cesser d'abord de parler comme un petit garçon (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 238).
Rem. Les formes de zézaiement évoquées résultent l'une et l'autre d'un relèvement relatif de la pointe de la langue. Le zézaiement, ou zozotement, fait partie, à un stade donné, du processus d'acquisition du lang. Il consiste dans un défaut intrinsèque du ], ou de [z] à []. Le défaut symétrique ou complémentaire est le chuintement, ou substitution de [] à [s]; ex. de chuintement, s.v. chuinter.
b) [Le caractère et la valeur du caractère sont considérés séparément] Dans l'alphabet grec primitif, on ne trouve pas de (...) représentations doubles d'un son unique comme « c » et « s » pour s (SAUSS. 1916, p. 64).
c) [L'attention porte sur le caractère] Il était tout naturel que l'employé du télégraphe eût lu les boucles d's ou d'y de la ligne supérieure comme un « ine » finissant le mot de Gilberte (PROUST, Fugit., 1922, p. 656). J'ai tendance à écraser la voyelle e, et quand elle est finale, à lui mettre une sorte de petit crochet, signe d'une fausse fermeté, je pense; et cette manie de mettre des s du pluriel où il n'en faut pas (LARBAUD, Journal, 1935, p. 352).
2. [Figures de la lettre, absol., ou en tant que constituant de mot. S, stéréotype de la sinuosité, au propre et au fig., et évoquant le serpent par la graphie et le son]
a) [D'après la forme du caractère] La rue étroite s'étranglait dans l'S qu'elle décrit de l'échoppe d'Andreas à l'hôtel du « Mont-Rose » (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 59). Le signe supplée le verbe (...): un S dressé comme un serpent? Le tournant est proche! [dans le langage des panneaux de signalisation] (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 42).
— Ligne en S. Ch.-A. Dufresnoy (...) avait demandé dans son Art de peindre: Que les contours tracés avec grâce et souplesse, Coulent comme la flamme en ondes s'élevant, Ou le serpent qui rampe et glisse en circulant. Hogarth crut avoir découvert, dans la ligne en S, le secret de l'harmonie et il lui consacra un traité: The Analysis of Beauty (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 168).
— [Sous les formes S ou esse, pour désigner des objets divers: crochet attachant la gourmette, contre-platine ou porte-vis d'un fusil ou d'un pistolet, dentelure dans le panneton d'une clef (ds RAYMOND 1832), abscisse curviligne, etc.] L'S iliaque. Portion du gros intestin précédant le rectum. (Dict. XIXe et XXe s.).
— Au fig. Pour me fuir, il ne lui vient même pas à l'idée de marcher à travers la pelouse, il suit les méandres de l'allée. Trois S et un huit complet, voilà sa ligne droite, voilà sa ligne de déflagration dans le courroux ou le désespoir (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, II, 6, p. 126).
— En partic. [Évoquant l'image du serpent, du dragon] Par terre, un congre à la vie dure achevait de mourir, dessinant des spasmes en S. Un matelot racontait la fable du serpent de mer décrocheur d'étoiles (HAMP, Marée, 1908, p. 24). Le thème du double dragon, ondulant en forme d'S (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 187). Sous la table, sous la table, il y en a un! Il y a sous la table un serpent épais comme le pouce et qui dort plié en S. — C'est la longe du fouet. — C'est un serpent (GIONO, Colline, 1929, p. 35).
b) [En tant que constituant de mot] Solitaire... C'est un mot à belle figure, son S en tête dressé comme un serpent protecteur (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 34).
B. — [La lettre désigne un référent autre qu'elle-même, directement ou par abréviation, par le biais d'un signe lex. corresp.]
1. [Avec une motivation lex.]
a) [Abrév. d'une lettre; oralement, le signe lexical est restitué en entier]
♦ S. ou St, abrév. de saint. J'ai toujours été frappé par l'ardeur des S. à se recruter des adeptes (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 51).
♦ s, symb. de la seconde. Dans le cas de la lune, l'appareil télécommandé ne recevra les ordres que 1,3 s environ après leur envoi (DECAUX, Mesure temps, 1959, p. 38).
♦ S, symb. du soufre, élément chimique, et du siemens, unité de mesure.
♦ S, abrév. de sud. Route au S 76 W [ouest] (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 58).
b) [S en tête d'abrév. de plus d'une lettre, et de sigles]
) [Abrév. de titres; oralement les titres sont restitués en entier]
♦ S. A. R., abrév. de Son Altesse Royale. On y rencontrait (...) S. M. George V et S. A. R. le Prince de Galles (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 223):
• 2. C'est depuis qu'il a sa famille que S. A. R. se sent en exil. Par délicatesse elle ne veut pas le quitter et lui ne veut pas se déguiser pour les frontières et la fuite. Pantoufles. Deux beaux-frères aux windows toute la journée, regardant les crinolines du jardin et les cerceaux d'enfants. Prisonnier sur parole et sous la main émue des hêtres à quelle destinée songe-t-il?
JACOB, Cornet dés, 1923, p. 236.
♦ S. E., abrév. de Son Eminence. S. E. le cardinal Merry del Val (BILLY, Introïbo, 1939, p. 219).
♦ S. M., abrév. de Sa Majesté. Voir S.A.R. supra ex. de Fargue.
♦ S. S., abrév. de Sa Sainteté.
) [Oralement les lettres sont le plus souvent épelées, en partic. dans les sigles]
♦ S. A., abrév. de société anonyme.
♦ S. A. R. L., abrév. de société à responsabilité limitée.
♦ S. C. J., Sacré-Cœur de Jésus, une institution religieuse. C. de Chalais, Supérieure S. C. J. (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 150).
♦ S. D. N., abrév. de Société des nations. Nous sommes revenus de la guerre et nous sommes revenus des choses. Nous attendons pourtant de nouvelles fortunes. Ou bien nous réfugierons-nous dans les systèmes d'une métaphysique modeste: le radicalisme, ou la S. D. N., ou le nationalisme? (NIZAN, Conspir., 1938, p. 99).
♦ S. F. I. O., abrév. de Section française de l'Internationale ouvrière. Depuis le mois de septembre 1921, je suis inscrit au parti socialiste S. F. I. O. (SARTRE, Nausée, 1938, p. 149). Depuis que la S. F. I. O. est morte ils sont obligés de jouer tous les rôles à la fois (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 172).
♦ S. G. D. G., abrév. de sans garantie du gouvernement.
♦ S. M. E., abrév. de système monétaire européen.
♦ S. M. I. C.
♦ S. N. C. F.
♦ S. O. S.
♦ S. P. Q. R., abrév. de Senatus Populus Que Romanus. L'inscription: S. P. Q. R., qui n'est pas seule ici à rappeler un « triomphe » romain (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 473).
♦ S. S., abrév. de steam-ship. M. Davis, capitaine au long cours Commandant le s-s « Étoile des Mers » (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 31).
♦ S. T. C. A. La S. T. C. A. - section topographique du corps d'armée (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 108).
2. [P. attrib. arbitraire de la lettre; oralement, épellation]
— [P. réf. à un plan, à une figure] La porte de cette pièce qui servait de loge aux Bernier était située en S (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 80).
— Arg. des écoles milit. [S désigne, dans le calendrier scolaire, le mois de décembre] Le 2 S. Cérémonie de présentation des corniches le 2 décembre (d'apr. ESN. 1966).
— [Par désignation prob. parodique, et par motivation secondaire: S comme style] Les aventures de l'autobus « S » [dans les Exercices de style de R. Queneau] sont bel et bien de la prose, mais qui jette sur la poésie le filet d'une syntaxe (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 162). [Dans les Exercices eux-mêmes, forme orth. du nom de la lettre, esse, var. de la forme littérale] L'était un peu plus dmidi quand j'ai pu monter dans l'esse (QUENEAU, Exerc. style, 1947, p. 77).
— MATH. S, S', S''. Je sais que cette série S' est inverse de la série S et correspond à des mouvements contraires (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 107).
Prononc. et Orth.:[]. Élision: l's, d's, ou liaison, trois s, un s, son s, plié en s. Dans les s, la non liaison est la plus probable. Dans les abrév. et sigles: la S.D.N., mais l'S.O.S ds PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 226. Fréq. abs. littér.:3 509. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 6 044, b) 5 477; XXe s.: a) 3 682, b) 4 615. Bbg. Les Graphèmes au collège. BREF. 1980, n ° 22, pp. 21-34.
ÉTYM. Du S latin.
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1 Dix-neuvième lettre et quinzième consonne de l'alphabet servant à noter une fricative dentale ou sifflante. || S majuscule, s minuscule. || Deux s (ss). || Le s est généralement sourd et se prononce comme c devant e, i, ou comme ç [s] mais il est sonore (avec le son de z) entre deux voyelles (ex. : rose [ʀoz], maison [mɛzɔ̃]), à la liaison devant voyelle (ex. : sans arrêt [sɑ̃zaʀɛ]) sauf dans les cas suivants : a) lorsqu'il est à l'initiale d'une racine (ex. : asepsie, décasyllabe, entresol, préséance, resaler, resucée…); b) lorsqu'il est dans un mot d'emprunt (ex. : havresac, parasol…); c) dans quelques prononciations par fausse étymologie, consacrées par l'usage (ex. : résipiscence, susurrer, dysenterie). || Le groupe ss entre voyelles est sourd (ex. : bosse [bɔs], massue [masy]). → aussi T dans nation, patience. — REM. La prononciation correcte du suffixe -isme est [ism] et non [izm] comme on l'entend parfois. || À la finale, le s est muet quand il est la marque du pluriel, et dans les terminaisons verbales; dans les autres cas il est prononcé ou muet selon les mots. || On ajoute un s euphonique à l'impératif devant en et y (ex. : penses-y, vas-y, demandes-en). — Le s, marque normale du pluriel. ⇒ Pluriel. || Mot qui prend un s au pluriel. — En abrév., s désigne le sud, la seconde. ⇒ aussi 2. S, 3. S. — S. A. : Son Altesse; S. E. : Son Éminence; S. V. P. : s'il vous plaît; S. N. C. F. : Société nationale des chemins de fer français; S. D. N. : Société des Nations; S. M. I. C. (→ Salaire); S. S. : Sa Sainteté; Sécurité sociale. ⇒ aussi S. S., S. O. S.
2 (XVIe). Forme sinueuse du s. || Virage en s. || Ivrogne qui fait des s. ⇒ Zig-zag.
1 (…) je pense que ce sont des SS que l'ivrognerie lui fait faire.
Cyrano de Bergerac, Lettres diverses, Contre l'automne.
2 Il tombe jusqu'à la nuit, tourne, file en S.
Malraux, l'Espoir, II, I, I, II.
♦ Anat. || S iliaque : portion terminale du côlon, au trajet sinueux.
♦ (1873). Crochet en forme de S (bijouterie). — Pièce en S d'une arquebuse. — Crampon en S (maçonnerie).
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HOM. Ès, 1. esse, 2. esse.
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2. s [ɛs] Chim.
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♦ Symbole du soufre.
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3. s Phys.
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♦ Symbole du siemens.
Encyclopédie Universelle. 2012.