1. pas [ pa ] n. m.
• 1080; en pas que « aussitôt que » 980; lat. passus
I ♦ UN, DES PAS.
1 ♦ (1080) Action de faire passer l'appui du corps d'un pied à l'autre, dans la marche. Faire un pas en avant, en arrière (⇒ recul) , sur le côté. Avancer, reculer d'un pas. « cette chose merveilleuse : les premiers pas d'un petit enfant » (A. Gide). À pas comptés, mesurés, réguliers, cadencés. Marcher à grands pas, à pas de géant (⇒ enjambée; arpenter) , à petits pas (⇒ trottiner) . Loc. À pas de loup : de manière souple et silencieuse. Approcher à pas de loup. À chaque pas, à tous les pas : à chaque instant, très souvent. — Ne pas faire un pas sans ... : ne rien faire sans. L'incommode jaloux qui « ne fait pas un pas sans la traîner à ses côtés » (Molière).— Loc. Pas à pas [ pazapa ] :lentement, avec précaution. — Faire les cent pas : attendre en marchant de long en large, aller et venir. Littér. « Vous savez quel sujet conduit ici leurs pas » (Racine),les amène. — Salle des pas perdus (dans un édifice public),où vont et viennent des personnes qui attendent. « [la gare] Saint-Lazare et sa tragique salle des pas perdus » (Fallet).
♢ FAUX PAS : pas où l'appui du pied manque; fait de trébucher. « Marie heurta tout à coup une pierre et fit un faux pas » (Balzac). « Un faux pas, une syllabe achoppée révèlent la pensée d'un homme » (Aragon). Fig. Écart de conduite (⇒ faiblesse, faute). Faire un pas de clerc.
♢ Par méton. Bruit de pas. J'entends des pas.
2 ♦ Fig. Chaque élément, chaque temps d'une progression, d'une marche. ⇒ étape. « Chaque instant de la vie est un pas vers la mort » (P. Corneille). « Enfin, ma belle amie, j'ai fait un pas en avant, mais un grand pas » (Laclos). ⇒ progrès. Loc. Politique des petits pas, qui procède par petites étapes. Faire les premiers pas : prendre l'initiative. ⇒ avances. « La princesse trouvait normal que les femmes fissent le premier pas » (Cocteau).— PROV. Il n'y a que le premier pas qui coûte.
♢ Sc. (dans quelques expr.) Variation minimale d'une grandeur prenant des valeurs discrètes. Inform. Pas de progression. ⇒ incrément. Automat. Moteur pas à pas : moteur électrique dont la rotation s'effectue par incrément angulaire permettant un positionnement très précis de l'arbre moteur.
3 ♦ Trace laissée par un pied humain. « Dehors des petits pas s'effaçaient dans la neige » (Hugo).
♢ Endroit où l'on est passé. Arriver sur les pas de qqn, tout de suite après lui. Retourner, revenir sur ses pas, en arrière (cf. Rebrousser chemin). — Marcher sur les pas de qqn, emboîter le pas à qqn, le suivre; fig. l'imiter, suivre son exemple (cf. Suivre les traces de qqn).
4 ♦ Distance parcourue au cours d'un pas. ⇒ enjambée. « À quatre pas d'ici je te le fais savoir » (P. Corneille).— C'est à deux pas d'ici, tout près, à côté. Fig. Ne pas quitter qqn d'un pas, rester constamment près de lui (cf. Ne pas quitter d'une semelle). Il n'y a qu'un pas entre la médisance et la calomnie.
II ♦ (XIIe)
1 ♦ LE PAS. Façon de marcher. ⇒ allure, démarche. Marcher d'un bon pas, d'un pas léger. « Vous marchez d'un tel pas qu'on a peine à vous suivre » (Molière). Allonger, presser, ralentir le pas. « je m'exerçais à reconnaître les pas : les pas pressés des gens qui rentraient tard du travail, les pas furtifs des vieilles, les pas traînants des clochards et des ivrognes » (Le Clézio). — Loc. J'y vais de ce pas, sans plus attendre.
♢ AU PAS. Aller, avancer au pas (opposé à en courant), à l'allure du pas normal. — Au pas (de) gymnastique, au pas de course : rapidement.
♢ Façon réglementaire de marcher dans l'armée. Marcher au pas, au pas cadencé. Pas de charge. Le pas des légionnaires. Pas de l'oie : pas de parade où les jambes sont levées en extension. Pas redoublé. Marquer le pas. « On entendit l'aide de camp changer de pas pour prendre celui de son général » (Maurois). Se mettre au pas. — Loc. Mettre qqn au pas, le rappeler à l'ordre, le forcer à obéir. « Je suis là pour le remettre au pas, s'il bronchait » (Romains).
2 ♦ Danse Mouvement exécuté par le danseur avec ses pieds dans l'exécution d'une danse. Pas de basque. Pas des patineurs. Esquisser un pas de tango. Pas de deux : partie dansée par deux danseurs. « les pas de trois, les pas de deux, les pas seuls et les évolutions du corps de ballet » (Gautier).
3 ♦ Allure, marche (d'un animal). — Spécialt La plus lente des allures naturelles du cheval (opposé à amble, trot, galop). Cheval qui va au pas. « Le pas, qui est la plus lente de toutes les allures, doit cependant être prompt » (Buffon). Par ext. Voiture qui roule au pas, qui avance lentement.
III ♦ Passage.
1 ♦ En loc. Action de passer devant. Prendre le pas sur qqn, le précéder; fig. le dominer. Céder le pas à qqn, le laisser passer devant; fig. reconnaître sa supériorité.
2 ♦ (1080) Vx sauf dans quelques expr. Lieu où l'on passe, que l'on doit passer. ⇒ passage. Franchir le pas.
♢ Détroit. Le pas de Calais.
♢ Fig. Difficulté, obstacle. Loc. Franchir, sauter le pas : se décider à faire qqch. après des hésitations (cf. Faire le saut). « Elles furent assez longues à convaincre les filles [...] Pourtant, le troisième soir, deux des plus audacieuses franchirent le pas » (Vialar). Se tirer, sortir d'un mauvais pas, d'une situation périlleuse, fâcheuse.
3 ♦ Vx Marche d'escalier. Mod. LE PAS DE LA PORTE : seuil, ou espace qui se trouve devant une porte. Prendre le frais sur le pas de la porte. Pas de porte, ou pas-de-porte : somme payée au bailleur ou au détenteur d'un bail pour avoir accès à un fonds de commerce ou à la location d'un appartement. Des pas de porte.
♢ PAS DE TIR : lieu à partir duquel est effectué le lancement d'un engin spatial.
4 ♦ Tours d'une rainure en spirale. Pas de fusée (horlog.). Pas de vis. Le pas est usé. Techn. Distance entre deux points de même projection horizontale. Le pas d'une hélice. Hélice à pas variable.
pas 2. pas [ pa ] adv. de négation
• 1080; spécialis. du subst. (→ 1. pas) avec des v. du type aller, marcher
I ♦ Élément de la négation, en corrélation avec NE.⇒ ne, etaussi 2. point.
♢ (Apr. le v. quand celui-ci est à un mode personnel ou après l'auxil.) Je ne sais pas. Je ne vous ai pas parlé. Je ne veux pas lui parler. Ce n'est pas nouveau. Il n'y a pas que lui. Il n'a pas plus de quarante ans. Il n'a même pas le bac, pas même le bac. « L'homme ne vit pas que de miracles » (Valéry). Je n'en dis pas plus.
♢ (Avec l'inf.) « Il feignait même parfois de ne pas le voir » (A. Gide). « Écrire est ma raison d'être sur terre. Ne pas écrire me tuerait lentement » (Green).
♢ Loc. Ce n'est pas que, et le subj., pour introduire une restriction. « Ce n'est pas que la chirurgie lui fît peur » (Flaubert ).— REM. Le changement de place de la négation peut changer complètement le sens de la phrase : il ne sait pas parler (il est incapable d'user du langage)et il sait ne pas parler (il est capable de se taire); ce n'est pas absolument vrai (pas tout à fait vrai)et ce n'est absolument pas vrai (complètement faux).
II ♦ PAS, employé sans NE.
1 ♦ Ellipt (Réponse) Pourquoi pas ? Pas que je sache. Certainement pas. Pas encore. Pas tellement. Pas vraiment. — (Exclam.) Pas de chance ! « Pas si loin ! pas si haut ! redescendons » (Hugo).— (Alternative, oppos.) « Vous m'en voyez navré. — Pas moi, repartis-je » (Colette). « La famille respectait sa solitude; le démon pas » (A. Gide). ⇒ non. « Que m'importe qu'ils m'entendent ou pas ? » (Claudel).— (Injonction) Pas d'histoires !
2 ♦ Devant un pronom, un syntagme nominal Pas un (⇒ aucun, nul) . Pas un geste ou je tire ! Pas grand-chose. ⇒ grand-chose. « J'ai regardé partout : pas le moindre croûton de pain » (Sarraute). « Il connaissait comme pas un tous les bruits qui couraient » (R. Rolland). ⇒ 2. personne .
3 ♦ Devant un adj. ou un participe « C'était une femme pas sérieuse » ( Céline). Pas vrai ? Pas vu pas pris ! Pas folle la guêpe ! Pas possible !
4 ♦ Fam. (cour. dans la langue orale) Emploi analogue au sens I, sans NE « Moi, dit Gabriel, je fais pas de politique » (Queneau). Faut pas t'en faire ! Pas touche ! Y a pas à dire... Si c'est pas malheureux ! Voilà-t-il pas que...
5 ♦ Absolt, Fam. N'est-ce pas ? « Vous m'écrirez ? Pas ? » (Rimbaud).
● pas nom masculin (latin passus) Mouvement par lequel on porte un pied à une certaine distance de l'autre pour marcher ou courir : Faire un pas en avant, en arrière, de côté. Démarche, allure : Presser, ralentir le pas. Espace approximatif parcouru en une enjambée : Se tenir à trois pas derrière quelqu'un. Enchaînement de mouvements répétés spécifiques d'une danse : Apprendre le pas du tango. Progrès, cheminement : L'enquête a fait un pas important. Trace laissée par un pied humain sur le sol : Il y avait des pas d'enfant sur le sable. Bruit que fait quelqu'un en marchant : On entend des pas dans le couloir. Marche, degré : Attention au pas. Chorégraphie Tout mouvement que le danseur exécute avec ses pieds (à terre, avec ou sans parcours ; en sautant ou en tournant). [Unité chorégraphique, le pas, associé à une combinaison d'autres pas, constitue l'élément d'un enchaînement. Il existe un nombre pratiquement illimité de possibilités de pas.] Fragment d'une œuvre chorégraphique exécuté par un seul danseur (variation ou pas seul) ou par plusieurs danseurs (pas de deux, pas de quatre). Équitation La plus lente des allures naturelles du cheval, dans laquelle chaque membre se lève et se pose successivement dans l'ordre : postérieur droit, antérieur gauche, postérieur gauche, antérieur droit. Géographie Défilé, col entre deux hauteurs (le pas de Suse) ; détroit (le pas de Calais). [Seulement dans quelques noms propres.] Histoire Petite surface de terrain sur laquelle un chevalier établissait une sorte de souveraineté provisoire. Mathématiques Distance constante séparant deux points d'intersection consécutifs d'une hélice circulaire avec une quelconque de ses génératrices. Mécanique Dans un engrenage, distance entre les profils semblables de deux dents voisines, mesurée sur le cercle primitif (le pas est égal au module multiplié par π). Métallurgie Dans un travail de découpage combiné, quantité dont progresse, à chaque coup de presse, la bande de métal pour obtenir les pièces désirées. Musique Morceau arrangé pour la danse. Vénerie Panse du lièvre. ● pas adverbe (latin passus, pas qu'on fait en marchant, d'où renforcement de l'idée négative par celle d'une petite quantité) Constitue avec ne la négation du groupe verbal : Il ne viendra pas. Il a décidé de ne pas accepter ; sans ne dans des phrases sans verbe : Pourquoi pas ? ; sans ne avec un adverbe, un complément, un adjectif, un participe : Pas même un instant. Pas du tout. Sans ne dans la langue familière, constitue à lui seul la négation : Je sais pas. Familier et vieux. En fin de phrase, renforce l'interrogation ; n'est-ce pas : Vous viendrez me voir, pas ? ● pas (difficultés) adverbe (latin passus, pas qu'on fait en marchant, d'où renforcement de l'idée négative par celle d'une petite quantité) Emploi 1. Ne... pas / ne... point : même s'il est toujours compris, ne... point est désormais complètement sorti de l'usage oral spontané chez les Français les plus jeunes. Il reste vivant dans quelques régions de France et des pays francophones, mais s'efface de plus en plus devant ne... pas. À l'écrit, il relève aujourd'hui d'un style littéraire, voire recherché. Recommandation N'employer ne... point que dans des situations de communication dont on a la parfaite maîtrise, pour obtenir un effet de style. 2. Lui pas, moi pas / lui non, moi non. On emploie parfois pas au lieu de non pour remplacer toute une proposition : nous étions fatigués, lui pas. Recommandation Dans l'expression soignée, employer plutôt non : nous étions fatigués, lui non. 3. Omission de ne dans les phrases négatives (j'irai pas). → ne. 4. Ne employé sans pas (ne dire mot, il ne le craint ni ne le désire, qui ne le connaît, etc.). → ne. 5. Place de ne (il ne peut pas partir / il peut ne pas partir). → ne. 6. Pour ne les trouver pas / pour ne pas les trouver. → ne. 7. Pour qu'il ne parte pas / pour ne pas qu'il parte, pour pas qu'il parte. → ne. 8. Pas mal. → mal. 9. Pas rien. → rien. 10. Pas un. → un ● pas (expressions) adverbe (latin passus, pas qu'on fait en marchant, d'où renforcement de l'idée négative par celle d'une petite quantité) Comme pas un, plus qu'aucun autre. Pas un(e), aucun(e). Familier. Pas vrai ?, cela n'est-il pas vrai ? Ne… pas que, ne… pas seulement : Je n'ai pas que ce livre, j'en ai d'autres. ● pas (homonymes) adverbe (latin passus, pas qu'on fait en marchant, d'où renforcement de l'idée négative par celle d'une petite quantité) pas nom masculin pât nom masculin ● pas (citations) nom masculin (latin passus) Jean Le Rond d'Alembert Paris 1717-Paris 1783 Que ne coûtent point les premiers pas en tout genre ? Le mérite de les faire dispense de celui d'en faire de grands. Discours préliminaire à l'« Encyclopédie » Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 À quatre pas d'ici je te le fais savoir. Le Cid, II, 2, Rodrigue Marcel Jouhandeau Guéret 1888-Rueil-Malmaison 1979 C'est parce qu'on imagine simultanément tous les pas qu'on devra faire qu'on se décourage, alors qu'il s'agit de les aligner un à un. De la grandeur Grasset Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Grands Dieux ! Je perds en vous mes pas déconcertés ! La Jeune Parque Gallimard ● pas (difficultés) nom masculin (latin passus) Orthographe 1. Un faux pas, aller à pas de loup, la salle des pas perdus, un pas redoublé : sans trait d'union. 2. Aller à grands pas, à petits pas, à pas comptés : adjectifs accordés au pluriel. 3. Le pas de Suse (défilé), le pas de Calais (détroit), sans trait d'union, avec la majuscule au nom propre qui suit, mais le Pas-de-Calais (département), avec traits d'union et majuscules. 4. Pas-de-porte = somme payée pour obtenir la jouissance d'un local commercial, avec traits d'union, mais prendre le frais sur le pas de la porte, sans trait d'union. ● pas (expressions) nom masculin (latin passus) À chaque pas, partout ; à chaque instant. À deux (trois, quatre) pas d'ici, très près. À grands pas, à pas de géant, en progressant très vite. Au pas, en marchant selon la même cadence et sur le même pied, en parlant de militaires ; en avançant selon l'allure naturelle la plus lente, en parlant du cheval ; en progressant à vitesse très réduite, en parlant d'un véhicule. Avoir, prendre le pas sur, avoir, prendre la prééminence sur quelqu'un, la priorité sur quelque chose. Changer de pas, changer le rythme de sa marche. De ce pas, à l'instant même, sur-le-champ. Faire le(s) premier(s) pas, prendre l'initiative d'une négociation, d'un rapprochement. Faire les cent pas, aller et venir pour tromper son attente. Faux pas, fait de mal poser le pied et de trébucher ; faute, écart, erreur de conduite, imprudence, maladresse. Il n'y a qu'un pas (de ceci à cela), il n'y a qu'une courte distance ; il n'y a qu'une faible différence. Marcher sur les pas de quelqu'un, suivre de près ses traces ; l'imiter, suivre son exemple. Mauvais pas, pas difficile, situation délicate, difficile ou dangereuse. Mettre quelqu'un au pas, le plier à une discipline. Ne pas quitter quelqu'un d'un pas, s'attacher aux pas de quelqu'un, le suivre partout. Pas à pas, sans se hâter, doucement ; en suivant de près chaque étape d'une progression. Politique des petits pas, évolution graduelle visant à ne rien brusquer. Littéraire. Porter, tourner, diriger, conduire ses pas quelque part, y aller, s'y rendre. Précipiter ses pas, se hâter. Premiers pas, débuts dans un domaine, une affaire, une activité. Retourner, revenir sur ses pas, refaire en sens inverse le chemin parcouru ; changer sa ligne de conduite. Salle des pas perdus, grande salle qui précède l'ensemble des chambres d'un tribunal, l'accès aux quais d'une gare. Sauter, franchir le pas, se décider à faire une chose pénible ou nouvelle qu'on appréhende un peu. Sur le pas de la porte, devant la porte d'entrée. Sur les pas de quelqu'un, tout près de lui, immédiatement derrière lui. Un pas en avant, en arrière, un progrès ou un recul. Commande cyclique de pas, sur les hélicoptères, dispositif qui fait varier le pas des pales du rotor pendant la durée d'une rotation. Pas de tir, site de lancement de missiles. Grand pas de deux, fragment traditionnel d'un ballet classique, interprété en général par le danseur et la danseuse étoiles et comprenant quatre parties (adage, variation du danseur, variation de la danseuse, coda). Pas tombé, synonyme de tombé. Pas de deux, figure d'acrobatie équestre mêlant poses gracieuses, danse et force, exécutée par deux écuyers s'équilibrant sur un ou deux chevaux. Pas de bobinage, nombre de pas dentaires séparant les encoches d'une machine qui contiennent les deux côtés d'une section. Pas au collecteur, nombre de lames de collecteur séparant le début et la fin d'une section. Pas dentaire, distance périphérique entre les points occupant la même position sur deux dents consécutives. Pas allongé, pas où le cheval étend ses foulées sans en précipiter la cadence. Pas rassemblé, pas ralenti, mais très actif, caractérisé par un engagement accentué des membres postérieurs sous la masse. Pas d'arme, tournoi consistant en la défense d'un pas. Pas d'un écrou, d'une vis, longueur mesurée sur une génératrice entre deux de ses intersections successives avec un même filet. Changer de pas, partir deux fois de suite du même pied. Pas accéléré, pas plus rapide que le pas cadencé ordinaire. Pas redoublé, pas de vitesse double du pas cadencé normal ; marche militaire qui rythme ce pas. Pas de route, pas non cadencé utilisé pour les marches pendant lesquelles la troupe peut chanter et fumer. Pas sans cadence, pas non cadencé utilisé pour les marches pendant lesquelles la troupe doit garder le silence et ne pas fumer. Pas d'une denture, distance comprise entre deux dents consécutives d'une lame de scie. Pas de tir, dans un stand de tir, endroit réservé à chaque tireur (ou à l'ensemble des tireurs) pour tirer à la cible. ● pas (homonymes) nom masculin (latin passus) pas adverbe pât nom masculin ● pas (synonymes) nom masculin (latin passus) Démarche, allure
Synonymes :
- marche
Progrès, cheminement
Synonymes :
- bond
- saut
Trace laissée par un pied humain sur le sol
Synonymes :
- foulée
- pied
Histoire. Petite surface de terrain sur laquelle un chevalier établissait une...
Synonymes :
- passage
Chorégraphie. Pas tombé
Synonymes :
- tombé
pas
adv. de nég.
rI./r (En corrélation avec ne.)
d1./d (Après le verbe ou après l'auxiliaire.) Je ne parle pas.
d2./d (Avant le verbe à l'infinitif et, le cas échéant, avant les pronoms atones.) Ne pas fumer.
rII./r (Employé seul.)
d1./d Ellipt. (Dans une réponse, une exclamation.) êtes-vous inquiet? - Pas tant que vous le pensez. Pas si vite!
d2./d (Devant un adj. ou un participe, emploi critiqué.) Un garçon pas sérieux.
————————
pas
n. m.
d1./d Mouvement consistant à mettre un pied devant l'autre pour marcher. Marcher à grands pas.
— Marcher à pas comptés, lentement, solennellement.
— à pas de loup: silencieusement.
|| Faire un faux pas: trébucher; fig. commettre une faute, une erreur.
|| Fig. Faire les premiers pas, des avances.
d2./d Façon de se déplacer en marchant. Presser le pas.
— Cheval qui va au pas, de son allure la plus lente (par oppos. à trot, à galop).
|| MILIT Manière de marcher réglée pour les troupes. Marcher au pas.
— Fig. Mettre qqn au pas, le contraindre à obéir.
|| CHOREGR Série de mouvements de pieds d'un danseur. Pas de valse.
d3./d Trace de pied. Des pas sur le sable.
|| Retourner sur ses pas, d'où l'on vient, par le même chemin.
d4./d Distance que l'on franchit d'un pas.
— Il habite à deux pas, à quelques pas, tout près.
d5./d Le pas d'une porte, le seuil.
d6./d (Plur.) (oc. Indien) Pas géométriques: bande littorale autrefois préservée de toute construction pour faciliter la défense du territoire. Actuellement, l'état loue les pas géométriques par parcelles à des particuliers.
d7./d Loc. Sauter le pas: trouver le courage de franchir un obstacle.
— Se tirer d'un mauvais pas, d'une situation difficile.
d8./d Loc. Céder le pas à qqn, le laisser passer; fig. lui laisser l'avantage.
— Loc. fig. Prendre le pas sur: prendre le dessus, l'emporter sur.
d9./d GEOM Distance entre deux spires consécutives d'une hélice, mesurée le long d'une génératrice.
|| Distance entre deux filets d'une vis, d'un écrou. Pas de vis.
I.
⇒PAS1, adv. de nég.
I. —[Marque la nég. de tout ou partie du prédicat]
1. [Précédé de ne] Je ne sais si ce déluge d'écrits futiles, dont le public est inondé depuis quelque temps, n'a pas nui plus qu'il n'a servi à une si belle cause (MARAT, Pamphlets, Suppl. Offrande à la Patrie, 1789, p.37). Je ne savais pas s'il fallait t'aller chercher chez toi où tu n'étais peut-être pas revenu (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1901, p.380). Quand il parlait avec ses enfants, ce n'était pas de la vie quotidienne, mais de ses travaux, de ses recherches (MAUROIS, Disraëli, 1927, p.16).
— Pop. ou très fam. [Avec suppression de ne] J'étais pas encore rendu à te demander ce que tu fais à soir, reprit-il. J'étais vraiment pas si pressé que ça (ROY, Bonheur occas., 1945, p.12). C'est pas croyable. La luxure progresse à pas de géants (AYMÉ, Mouche, 1957, p.199).
— Ce n'est pas que + subj. V. ce1.
— N'est-ce pas? V. être1 3ème section I A 1 d. Pop. [P. ell. du syntagme verbal et donc de ne] Pas, s'pas. Son avis est le tien, pas, chéri? C'est le seul! (VERLAINE, Élégies, 1893, p.80). Il faut savoir ce qu'on veut, il faut savoir ce qu'on fait, et pourquoi on le fait... pas? (S. GUITRY, Mon père avait raison, Paris, 1961 [1919], p.13).
— Ne... pas du tout, ne... absolument pas. D'aucune façon. En fait, je ne crois pas du tout qu'il y ait, entre l'ouvrier et l'ingénieur, des cloisons si étanches (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.155). On ne voit absolument pas notre lumière du dehors (MALRAUX, Espoir, 1937, p.701).
a) [Place de pas; pas suit directement le verbe fléchi; il est placé entre l'auxil. et le part. aux formes comp. (v. supra); pas est gén. préposé au verbe inf.] Elle se levait dès l'aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu'au soir sans interruption (FLAUB., Coeur simple, 1877, p.5). [Cependant on trouve qqf. la constr. ne + verbe à l'inf. + pas, cour. en fr. class.] Il vaut mieux n'être pas que d'être misérable (CHÉNIER, Élégies, 1794, p.6). Les gens de son bord lui en voulaient de n'être pas pareil à eux (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.387). [Pas peut précéder un adv. qui modifie tout ou partie du syntagme verbal (Ils n'ont pas complètement terminé).] Je n'ai pas bien distingué, il faisait nuit (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1587). [Mais il suit directement l'adv. de phrase (Ils n'ont probablement pas mangé). ]Elle vit sur la cheminée de longues épingles à cheveux qui ne venaient certainement pas du maigre chignon de Mme Sidonie (ZOLA, Curée, 1872, p.504). Oh! Je ne suis pourtant pas sanguin, protesta l'abbé Chevance (BERNANOS, Imposture, 1927, p.483). [Certains adv. comme même (v. même III) peuvent se placer sans différence de sens derrière ou devant pas.] Il ne répondit pas même par un murmure (HUGO, Rayons et ombres, 1840, p.1107). Sa fille n'était même pas fiancée (BERNANOS, Joie, 1929, p.630).
b) [Portée de la nég.; [pas porte sur l'entier ou seulement sur une partie (un des compl.) du syntagme verbal]
Rem. 1. Il n'aime pas Marie peut nier sans plus il aime Marie ou bien suggérer que ce n'est pas Marie qu'il aime, mais qqn d'autre: dans le 1er cas, la portée de ne pas est l'entier du syntagme verbal; dans le second, elle se limite au compl. De même il ne viendra pas ce soir peut être sans plus la nég. de il viendra ce soir ou bien peut laisser entendre qu'il viendra à quelque autre moment, mais pas ce soir. 2. Dans les séquences du type prop. princ. + inf. ou sub., où le verbe de la princ. est du type croire, paraître, sembler, devoir, vouloir, falloir, la nég. porte toujours sur l'expansion de la princ. La séquence ne... pas peut donc accompagner indifféremment, sans changement notable de sens, le verbe inf. ou sub. ou celui de la princ. Il ne semble pas que ces dames se doutent que je préférerais d'être sur les bords de la mer Égée (BLANCHE, Modèles, 1928, p.8). M. de Clergerie semble ne les avoir pas entendus (BERNANOS, Joie, 1929, p.628). On trouve aussi dans un usage fam. ou relâché des séquences du type pour ne pas + sub. (au subj.), où la nég. précède la sub. Et moi, j'ai tiré mon couteau, mon poignard de tranchée, le couteau des nettoyeurs, j'ai bondi sur le type et je l'ai tué. Je l'ai tué, Sermet, pour ne pas qu'il te tue (P. GAMARRA, Le Maître d'école, 1955, p.36). En partic. [Avec ell. de ne] Je le voyais dehors pour pas qu'elle m'attrape (SARTRE, Âge de raison, 1945, p.138). [Avec redoublement de pas] Faut qu'on s'apprend comment qui faut faire pour pas qu'on se casse pas la gargoulette avec (MUSETTE, Cagayous aviat., 1909, p.8).
— En partic.
) [Modifie un adv. ou un syntagme adv. qui lui est postposé] Je ne demeurai pas longtemps sous l'empire du démon (DUPANLOUP, Journal, 1876, p.1):
• 1. Quoique le sens des périodes allemandes ne s'explique souvent qu'à la fin, la construction ne permet pas toujours de terminer une phrase par l'expression la plus piquante...
STAËL, Allemagne, t.1, 1810, p.186.
Pas autrement. Pas encore. Pas loin.
♦[Modifie un syntagme prép. ayant une fonction adv.] Ce n'est pas à tort que... (STAËL, Allemagne, t.3, 1810, p.213).
♦[Modifie un adv. de quantité] Je n'ai pas assez de rentes pour prendre une femme à moi (FLAUB., Corresp., 1872, p.449). Il ne m'en faut pas tant pour savoir que cette dame Quériot est caissière dans un grand café (COLETTE, Sido, 1929, p.8). La société, immanente à chacun de ses membres, a des exigences qui, grandes ou petites, n'en expriment pas moins chacune le tout de sa vitalité (BERGSON, Deux sources, 1932, p.3).
) [Inverse la tournure restr. ne... que] Il ne boit pas que de l'eau. Il boit de l'eau, mais aussi autre chose. Voici l'aurore des batailles, la Liberté n'est pas qu'un nom (PRIVAS, Chans. enf. peuple, 1905, p.143). Mais la société n'est pas faite que de personnes. Elle est aussi institution (CAMUS, Homme rév., 1951, p.124).
) [Modifie un syntagme nom. précédé du prédéterm. de pour exprimer la quantité nulle] Synon. aucun. Il n'a pas de chemise sur le corps, pas de souliers aux pieds, pas de toit sur la tête (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.685). Je m'étais figuré un homme imposant, dit-il, ayant de la tenue et des manières. Mais ce petit curé n'a pas de dignité (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.234).
2. Pas un
a) [Dans le groupe suj., précédant ne] Synon. aucun. Pas une grande figure de l'histoire d'Allemagne dont le profil ne se soit dessiné sur leurs vénérables pierres (HUGO, Rhin, 1842, p.280). Pas un bruit n'arrive jusqu'à moi, sinon l'appel un peu mélancolique d'une grive (GREEN, Journal, 1940, p.5):
• 2. Personne n'a paru connaître ce que je viens de rapporter et que j'avais trouvé dans Baillet, puisque pas une âme ne s'est plainte, ni ne s'est opposée au renversement de ces pierres.
VALÉRY, Variété II, 1929, p.12.
b) Comme pas un (fam.). Autant ou plus que n'importe qui. Cette femme, je la connais! Elle est courtoise comme pas une (Fr. BILLETDOUX, Il faut passer par les nuages ds L'Avant-Scène, 15 avr. 1965, n° 332, p.19, col. 2).
B. —[Sans ne, dans des cont. ell.]
1. [En phrase dite nom.] Pas de zèle, pas d'histoires, pas un mot. Allons, papa Gobseck, se dit-il, pas de faiblesse, sois toi-même (BALZAC, Gobseck, 1830, p.439). Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide. Les feuilles mortes de toutes essences macèrent dans la pluie. Pas de fermentation, de création d'alcool (PONGE, Parti pris, 1942, p.9). Florentine est de mauvaise humeur aujourd'hui; pas moyen de la faire sourire! (ROY, Bonheur occas., 1945, p.11).
♦Pas de blague. V. blague2.
— [En corrél. avec un autre mot nég.] J'étais, depuis un moment sans doute, engourdi et tranquille sous l'influence de l'obscurité envahissante. Pas encore de lampe allumée nulle part (LOTI, Rom. enf., 1890, p.4).
— Non pas que, pas que (rare). Théodore se prit à haïr son habit rouge. Pas qu'il eût l'envie d'approuver le général Lallemand d'avoir voulu tourner ses troupes contre le Roi. Mais fallait-il partir pour Melun? (ARAGON, La Semaine Sainte, Paris, Gallimard, 1958, p.46).
— Syntagme en empl. subst., fam., région. (Canada). Un pas-de-chance. Ouais, j'y vas, mais en même temps je dirai à Angélina ce qu'il est au juste, son Survenant: un ivrogne... un batailleur... un fend-le-vent... un pas-de-parole... (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.150).
2. [Dans une réponse]
a) [Accompagné d'un adv. ou syntagme adv. de renforcement] —Que vous accrochez-vous au nez? —Rien. —Ni au menton? —Pas davantage (MUSSET ds Le Temps, 1831, p.92). Geneviève: Vous vous fâchez? Maurice: Moi? Pas le moins du monde (A. DUMAS père, Chev. Maison-Rouge, 1847, I, 5, p.16).
— [Précédé d'un adv. ou d'une loc. adv.] —Qu'est-ce que c'est? —Un livre. —Pour moi? —Non. —Trop savant?... —Ennuyeux. —Pourquoi l'écrire alors? —Sinon qui l'écrirait? —Encore des confessions? —Presque pas (GIDE, Paludes, 1895, p.91). Constant: Onze? Gabrielle: Même pas! (BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 1, p.4).
♦Non pas.
— [Précédé de l'adv. interr. pourquoi] Recommencerai-je un journal? —Pourquoi pas, puisque Guérin le désire? (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p.231).
b) [Portant sur un compl.] Je voudrais cependant bien vous voir. —Pas en ce moment, mon cher, répondit-elle (BALZAC, Gobseck, 1830, p.394).
c) Pas que je sache. Pas à ma connaissance. Sténographe? Agnès: Pas que je sache (GIRAUDOUX, Apollon, 1942, 2, p.18).
3. a) [Dans une corrél. de termes juxtaposés ou coordonnés] Hiérarchie rationnelle que Platon avait toujours eue en vue, quoique pas toujours assez nettement (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p.566). Paul Margueritte tout ce mois Conduit un cob pas une carne Sur les trottoirs du Haut Samois Département de Seine-et-Marne (MALLARMÉ, Vers circonst., 1898, p.85).
b) En partic.
— [Modifie un terme coordonné par et] Une guerre qui doit finir avec le monde, et pas avant (MICHELET, Introd. Hist. univ., 1831, p.403). Les vers seront égaux et pas assonancés (JAMMES, Géorgiques, Chant 1, 1911, p.29).
♦Et non pas.
— [Modifie un terme coordonné par ou]:
• 3. Les yeux pour qui fut fait, dans un autre univers,
Ce soleil inconnu qui vient ou qui recule,
Sont-ils déjà fermés ou pas encore ouverts?
HUGO, Chants crépusc., 1835, p.10.
♦[P. ell. du second terme, identique au premier] Je veux dire, j'ignore si vous aimez l'argent ou pas, et ce n'est pas important (Fr. SAGAN, Les Violons parfois, Paris, 1966 [1962], I, p.39). Difficile ou pas, il faut qu'il obéisse (M. DURAS, Moderato Cantabile, Paris, 1985 [1958], p.8).
— [Modifie un terme coordonné par mais]:
• 4. Le pied, qui touchait presque le pantalon de Tchen, tourna soudain comme une clef, revint à sa position dans la nuit tranquille. Peut-être le dormeur sentait-il une présence, mais pas assez pour s'éveiller...
MALRAUX, Cond. hum., 1933, p.182.
— [Précédé d'une pause et rectifiant une assertion précédente]
♦[du même locuteur] J'ai mal dormi, pas dormi pour mieux dire (BARBUSSE, Feu, 1916, p.13).
♦[de qqn d'autre] Je disais que je voulais chasser le démon de toi —pas te tuer (Chr. ROCHEFORT, Le Repos du guerrier, Paris, Le Livre de poche, 1962 [1958], p.136).
4. [À la faveur d'un changement de suj., représente le prédicat nié] Moi, il me semble que je l'ai déjà vu ici, l'intrus! —Moi, pas... (SUE, Myst. Paris, t.8, 1843, p.286). La famille respectait sa solitude; le démon pas (GIDE, Faux-monn., 1925, p.933).
— [Précédant le suj., nie que celui-ci, p.oppos. à qqn. d'autre, convienne au prédicat] La Môle: Nous pourrions souper auparavant? Coconnas: Pas moi... (A. DUMAS père, Reine Margot, 1847, I, 2, p.7):
• 5. S'il me plaît d'engager toute ma vie pour elle, trouverais-tu plus beau que je lie mon amour par des promesses? Pas moi. Des voeux me sembleraient une injure à l'amour...
GIDE, Porte étr., 1907, p.518.
5. [Modifie un adj., un adv., un compl. déterm. et non un syntagme verbal]
a) [Modifie un adj., un syntagme adj.] J'ai quelques sujets pas trop bêtes et j'espère en tirer bon parti (FLAUB., Corresp., 1834, p.15). Lettre de Caroline avec un dessin de Maurice mort, pas ressemblant du tout (E. DE GUÉRIN, Journal, 1839, p.313). On savait le cousin Jules pas très commode, obscurément riche et d'une âpreté silencieuse (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.193).
— Syntagme en empl. subst., fam. Un pas correct; un pas poli. Une bande de pas-drôles (Le Nouvel Observateur, 17 mai 1976, p.32, col. 1).
b) [Modifie un adv. ou un syntagme adv.] Je pensais (...) qu'elle partirait aussi la tante pour le suivre et dans pas bien longtemps (CÉLINE, Voyage, 1932, p.430).
— Pas plus que. Sur son préceptorat, d'ailleurs, pas plus que sur son prochain sganarellat [rôle de Sganarelle], Fourguisse n'avait un mot de la Morganges (RICHEPIN, Aimé, 1893, p.113). C'est une erreur d'écrire colbasse pas plus que colback (Ch. VIRMAITRE, Dict. arg. fin-de-s., 1894, p.69).
c) [Modifie un compl. déterm.] Vos électeurs se trompaient-ils sur vos sentiments quand vous leur accordiez une poignée de main molle, quelques mots condescendants et, je le crains, pas du tout dans le ton «bistro»? (BLANCHE, Modèles, 1928, p.7).
d) [Modifie la loc. subst. grand-chose] Un, une pas grand-chose (v. grand III A 2 b). C'était une pas grand'chose que cette mère, ajouta la Thénardier (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.489):
• 6. Depuis qu'il avait eu le malheur de tuer une nuit, d'un coup de poing, un pas grand'chose qui lui avait demandé l'heure avec une insistance déplacée, Boubouroche se méfiait de sa force.
COURTELINE, Boubouroche, conte, 1893, p.28.
II. —[Avec valeur explétive ou rhét.]
A. —Vieilli, pop. ou région. (Sud de la France et fr. du Canada). [En tournure compar. d'inégalité, ne modifie pas le signe de l'énoncé]:
• 7. Je n'ignore pas et je reconnais que le langage d'un malfaiteur [en 1927] est composé de davantage de termes de bas langage, voire même de mots français, qu'il ne l'était pas il y a 25 ans.
DUSSORT, Preuves exist., 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p.33.
♦[P. ell. de ne] Faut entendre tous les insultes qui me dit pas (MUSETTE, Divorce Cagayous, 1906, p.183).
— [En tournure superl.] Je veux être la plus grande coquine qu'il n'y ait pas sous la calotte des cieux (VIDOCQ, Mém., t.3, 1828-29, p.188).
♦[P. ell. de ne] C'est ben ça la plus chétive nuit que j'asse pas veillée (SAND, Jeanne, Paris, Calmann-Lévy, 1892 [1844], p.16).
B. —Vieilli. [En prop. interr. rhét., orientant vers une réponse positive] Serait-ce pas ce bout d'homme à gigues torses qu'un soir nous avons applaudi de si grand coeur tous les deux, en l'une des baraques sises auprès du Château-More, sous les arbres des quinconces? (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.313). Vieilles carnes! Dirait-on pas que j'en veux à leurs charmes? (SARTRE, Mouches, 1943, I, 1, p.11).
Prononc. et Orth.:[], [pa]. MARTINET-WALTER 1973 [], [a] (16/7). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. Empl. avec une nég. qu'il renforce a) ca 1100 avec ne (Roland, éd. J. Bédier, 250); b) 1188 avec non, v. ce mot. B. Avec ell. de la nég. 1. dans des phrases interr. 1269-78 (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 5699 et 5768); 1779-80 pas vrai? (Mme DE GENLIS, Théâtre d'Éducation ds FÉR., s.v. vrai); 2. dans des réponses, exclam. notamment 1478-80 pas + n. de nombre (COQUILLART, Plaidoyé d'entre la simple et la rusée, éd. M. J. Freeman, 55: «Demourés, ribault, pas ung pet!»); 1559 (AMYOT, Pericles, éd. L. Clément, p.11: il n'alla jamais soupper chez pas un de ses amis, si non qu'...); 1830 fam., loc. un pas grand chose (CARMOUCHE, DE COURCY, DUPEUTY, N, i, ni, 13 ds QUEM. DDL t.19); 1656 pas + adv. (MOLIÈRE, Dépit amoureux, I, 3: Vous êtes donc facile à contenter? Pas tant. Que vous pourriez penser); pas mal, v. mal; 1770 pas + adj. (DID., à S. Volland, 28 nov., III, 239 ds BRUNOT t.6, p.1856, note 1: je suis là [...] écrivant, pas heureux); l'ell. de la nég. est très fréq. dans la lang. fam. Même mot que pas2, empl. comme auxil. de nég.; d'abord empl. avec des verbes de mouvement, cf. T.-L.; a éliminé dep.le XVIes. son princ. concurrent mie2; v. aussi goutte et point. Fréq. abs. littér.:508088. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 587862, b) 685182; XXes.: a) 765982, b) 831462. Bbg. CHIGAREVSKAIA (N. A.). Sur certains aspects de la négation en fr. contemp. Fr. mod. 1967, t.35, pp.286-297. — CRISTEA (T.). La Struct. de la phrase négative en fr. contemp. Bucarest, 1971, 264 p.— ENGVER (K.). Place de l'adv. déterminant un inf. dans la prose du fr. contemp. Uppsala, 1972, p.18, 29, 42. — GAATONE (D.). Ét. du syst. de la négation en fr. contemp. Genève, 1971, 238 p.— GIR. 1834, p.71. — GREIVE (A.). Zur Linguistik des gesprochenen Französisch. Arch. n. Spr. 1978, t.215, n° 1, pp.39-41. — KEMP (W.). Les Superlatives les plus expressives que tu peux avoir: pas explétif dans la sub. superlative. In: LEFEBVRE (Cl.). La Synt. comp. du fr. standard et populaire... S. l., 1982, t.2, pp.247-294. — MARTIN (R.). R. Ling. rom. 1973, t.37, pp.504-508; La «Négation de virtualité» du moy. fr. Romania. 1972, t.93, pp.20-49; Le Mot rien et ses concurrents en fr. [du XIVes. à l'époque contemp.]. Paris, 1966, p.20, 22, 30, 143-147, 175-177, 199, 243-245. — NØJGAARD (M.). Les Aux. négatifs... R. rom. 1980, t.15, p.295. — PRICE (G.). The negative particles pas, mie and point in French. Arch. ling. 1962, t.14, pp.14-34; «Point nie bien plus fortement que pas» —Vaugelas que veut-il dire? In: [Mél. Baldinger (K.)]. Tübingen, 1979, t.1, pp.245-254. — ROGGERO (J.). Le Quantificateur minimal. Sigma. 1980, n° 5, pp.115-137. — VIKNER (C.). Les Auxil. négatifs: fonction et position. R. rom. 1978, t.13, pp.88-109. — YVON (H.). Pas et point dans les prop. négatives. Fr. mod. 1948, t.16, pp.19-35.
II.
⇒PAS2, subst. masc.
I. —Action de faire passer l'appui de son corps d'une jambe à l'autre en marchant.
A. —Un, des pas
1. Au sing.
a) Avancer d'un pas; faire un pas en arrière. Enfin le forçat leva les yeux au ciel, et fit un pas en avant (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.450). Ils n'attendirent pas pour s'embrasser de faire un pas de côté (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.185):
• 1. Alors la vieille se redressa, fit un soupir, prit un pas de recul, regarda son oeuvre, dans la pénombre, en plissant ses paupières flétries et disparut soudain vers un angle de ténèbres.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.7.
♦(Aller, avancer) pas à pas. (Aller, avancer) en décomposant chaque pas; lentement. Pas à pas, et les mains jointes, elles allaient vers l'autel (FLAUB., Coeur simple, 1877, p.28). Le juge s'avance pas à pas: —Êtes-vous sûr qu'Arton n'ait pas employé ce million à subventionner des hommes politiques? (BARRÈS, Leurs fig., 1901, p.60).
Au fig. Il exécuta pas à pas, avec une patience tenace, un plan dont il avait longtemps mûri chaque détail (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p.49). Il serait curieux de montrer pas à pas combien les idées nettes se font rares, combien peu on raisonne les choses les plus simples (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1897, p.288).
♦(Y aller) de ce pas. Sans plus attendre, immédiatement. Si je n'y suis plus, on ne vous fera rien. Je m'en vais de ce pas à Venise (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, III, 7, p.211). Je parie que vous allez, de ce pas, voir des filles (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.221).
Tout de ce pas, tout d'un pas. Sans M. de Géry il serait allé tout d'un pas casser la tête au Moëssard (DAUDET, Nabab, 1877, p.28). Au fig. Je m'invite, n'en doutez pas. Et j'en veux manger, de ce pas, À pleine louche, à pleine écuelle... (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p.156).
♦(Arriver) du même pas que qqn. (vieilli). Au même moment que quelqu'un. Si les choses doivent s'arranger, il sied que le médecin ne les trouble point, et qu'il arrive un très petit moment avant la guérison, du même pas que les dieux (VALÉRY, Eupalinos, 1923, p.45).
♦Ne pas pouvoir faire un pas sans... À Nauplie nous ne pouvions faire un pas sans l'avoir dans nos jambes, et, à présent, le voilà ici (SARTRE, Mouches, 1943, I, 1, p.13). Au fig. Oh! le pouvoir, le pouvoir, Paturot, c'est la servitude! (...) On a les mains liées sur tout: on ne peut faire un pas sans rencontrer une embûche (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.381).
♦De pas en pas (rare). À chaque pas. [Le vagabond] se retournait de pas en pas pour envoyer ainsi quelque suprême recommandation (RICHEPIN, Cadet, 1890, p.318).
♦Faux pas. Pas qui entraîne un déséquilibre, qui fait trébucher. Nous n'avons assez de lumière que pour distinguer à nos pieds les précipices sans fond où le moindre faux pas de nos chevaux nous ferait rouler (LAMART., Voy. Orient, t.2, 1835, p.6). On pose les pieds au petit bonheur: on fait des faux pas, on se retient aux parois, et on a les mains enduites de boue (BARBUSSE, Feu, 1916, p.182).
♦Y aller de ce pas, tout de ce pas, arriver du même pas. Sans s'arrêter à autre chose; sans délai ni retard.
b) Spécialement
— CHORÉGRAPHIE
) Chacun des mouvements des pieds que l'on accomplit dans une danse. Pas balancé, battu, chassé, coupé, glissé, tombé. Sautillement latéral effectué sur un seul pied après un grand pas fléchi et une vigoureuse tension de la même jambe (BOURGAT, Techn. danse, 1959, p.115):
• 2. Le pas initial peut s'effectuer en tournant à droite ou à gauche; on tourne d'un quart de tour par pas au maximum sur la deuxième partie du pas, soit: sur les deux pas lents en reculant.
J. BENSE, Les Danses en vogue, Paris, éd. Bornemann, t.2, 1967, p.27.
) Mouvements propres à une partie ou à l'ensemble d'une danse. Pas de bourrée, de samba, de tango, de valse. Le comique Lapalme mimait un pas extravagant autour de la caissière (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p.85). Il est mignon [le petit garçon], il regarde travailler toutes ces dames [les danseuses], il sait déjà des pas... (COLETTE, Music-hall, 1913, p.14).
♦Pas de deux, de trois, etc. Danse exécutée par deux, trois (etc.) danseurs. Plondi, Laval et la Camargo dansent un Pas de trois «extrêmement applaudi...» (LA LAURENCIE, Éc. fr. violon, 1922, p.186). L'intermède des Mains du destin, [est] un pas de deux dansé sur un thème noble et désolé (LEVINSON, Visages danse, 1933, p.76).
♦Pas(-)seul. Danse exécutée par une seule personne. Le Comte dansa un pas-seul, jeta une fleur aux pieds de son Maître, puis tomba tout de son long sur le sol. Il était mort (MAUROIS, Édouard VII, 1933, p.337).
— CIRQUE. Pas de deux. Ensemble de figures acrobatiques exécutées par deux écuyers sur deux chevaux tournant côte à côte. Écuyères (...) exécutant «le pas de deux» ou faisant danser à leur cheval la capriole (VIALAR, Zingari, 1959, p.126).
— SKI. Ensemble de mouvements particuliers que l'on accomplit pour se déplacer ou changer de direction dans la pratique du ski de fond. La joie simple d'une marche à pas glissés sur une piste tracée, les dangers classiques du ski écartés (M. ISMAËL, Le Ski de fond, Paris, P.U.F., 1978, p.5).
♦Pas alternatif. Ensemble des mouvements des jambes et des bras que le skieur accomplit pour se déplacer en terrain plat. Le pas alternatif est le mode de déplacement le plus utilisé. Il est ainsi nommé parce que le bras et la jambe opposés travaillent ensemble (M. ISMAËL, Le Ski de fond, Paris, P.U.F., 1978 p.35).
♦Pas tournant. Changement de direction qu'effectue un skieur par déplacements angulaires partiels et successifs. La réussite d'un pas tournant dépend: de la bonne détente de la jambe d'impulsion et du bon équilibre du transfert du poids du corps (M. ISMAËL, Le Ski de fond, Paris, P.U.F., 1978 p.48).
♦Pas des patineurs. Succession de déplacements angulaires qui permettent au skieur d'augmenter sa vitesse dans une descente. La nouvelle technique (demi-pas ou pas des patineurs) est en passe de révolutionner à la fois le ski et sa technique (J. BELIN, Le Ski, Paris, éd. l'instant, 1986, p.87).
c) Au fig.
) Locutions
♦Faire un pas en avant, en arrière. S'engager, se dérober. Il ne balançait pas à reculer dès que, pour obtenir la victoire, il eût fallu faire un pas en avant (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.18). La France, prise pour médiatrice avec la Russie, put intervenir utilement dans la paix dite de Teschen, et couvrir le plus honorablement possible le pas en arrière de l'Autriche (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.9, 1865, p.381).
♦Faux pas. Faute, écart de conduite, erreur parfois involontaire. Elle parla de sa solitude, de la nécessité d'être conseillée, dirigée, sur cet effrayant terrain de la Bourse, où chaque faux pas coûte si cher (ZOLA, Argent, 1891, p.288):
• 3. Pas d'excuses, jamais pour personne, voilà mon principe, au départ. Je nie la bonne intention, l'erreur estimable, le faux pas, la circonstance atténuante.
CAMUS, Chute, 1956, p.1541.
♦Pas de clerc. Démarche, initiative maladroite et déplacée. Moncrif comprit que son maître allait se fourvoyer (...). Il recourut à la mère du prince, Madame la Duchesse, pour l'empêcher de faire ce pas de clerc [demander le commandement de l'armée d'Allemagne] (SAINTE-BEUVE, op.cit., t.11, 1867, p.122). Persuadé que les Verdurin allaient faire un pas de clerc en laissant s'introduire dans leur salon si «select» un individu taré, le sculpteur crut devoir prendre à part la patronne (PROUST, Sodome, 1922, p.904).
) Démarche, mesure destinée à mettre fin à une brouille, un désaccord ou une situation irrégulière. On laisse entendre clairement dans les milieux financiers que cette mesure constitue un premier pas vers la dévaluation du franc (L'Humanité, 19 janv. 1952, p.1, col. 5). Cette concession, ce premier pas me contentent, en attendant mieux (ARNOUX, Seigneur, 1955, p.106):
• 4. Hélas! Pour espérer si peu que ce fût, il faudrait admettre que la droite française, cette mule butée, pût accepter tout à coup de faire un pas, et puis un autre, elle qui n'a jamais au fond envisagé d'autre issue que le F.L.N. contraint par la force à demander l'aman...
MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1961, p.35.
♦Faire le premier pas. Il a toujours été trop cochon avec moi. Jamais je ne ferai le premier pas (ZOLA, op.cit., p.104).
♦Il n'y a que le premier pas qui coûte. Dans la voie du «péché», il n'y a que le premier pas qui coûte (GIDE, Journal, 1909, p.277).
) Évolution vers une nouvelle formule, un certain résultat; progrès. En monarchie, l'insurrection est un pas en avant, en république, c'est un pas en arrière (HUGO, Actes et par., 3, 1876, p.10). Les sonnets du doute marquent un pas de plus vers la poésie philosophique (LEMAITRE, Contemp., 1885, p.46):
• 5. [Le problème de la quatrième dimension] a remplacé le problème (...) du mouvement perpétuel qui semble un peu délaissé. Depuis quelques années, il a fait un grand pas, mais se trouve encore loin du but.
MAETERL., Vie espace, 1928, p.11.
Faire un pas de géant. On veut faire de moi un aide de camp au capitaine général de la flotte. Service réglementaire à tous les bals, et préposé à la réputation galante des forces armées. Que dirais-tu de cela, Fabrizio? Un pas de géant dans la carrière (GRACQ, Syrtes, 1951, p.41).
♦Ne pas être avancé d'un pas. Leuwen, au bout de ces deux mois, n'était pas plus avancé d'un pas que le premier jour (STENDHAL, L. Leuwen, t.2, 1836, p.93).
♦Ne pas faire un pas. Un mois se passa ainsi sans que la négociation fît un pas (STENDHAL, , Rouge et Noir, 1830, p.439). Il est vrai que, depuis le premier jour, je n'avais pas fait un pas de plus dans son intimité (SAND, Mauprat, 1837, p.188).
♦Ne pas reculer d'un pas. Ils se font tuer par vingtaines de mille, et meurent en tas, sous les lances, sans reculer d'un pas (TAINE, Philos. art, t.2, 1865, p.3).
♦Ne pas quitter qqn d'un pas. J'ai, écrivait-il, des preuves de jour en jour plus certaines que l'oeil vigilant de la malveillance ne me quitte pas d'un pas, et m'attend principalement sur la frontière (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p.252).
2. Au plur.
a) Faire des pas. De nouveau, après le petit déjeuner, en faisant des pas dans la bande d'ombre, au Pianello (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p.242).
♦Dès les premiers pas. Et les arrivants pénétrèrent dans une seconde pièce, où une surprise les arrêta dès les premiers pas (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p.11).
♦Entendre des pas. La conversation était fort animée et fort gaie, on parlait de tout et très-bien, vous auriez dit une partie de plaisir; quand soudain, dans l'escalier, nous entendîmes des pas sourds. Un grand bruit à la porte, et les deux battants du salon qui s'ouvrirent (JANIN, Âne mort, 1829, p.56).
♦Compter ses pas. Marcher en décomposant chaque pas. Il s'était arrêté de compter ses pas dans l'herbe (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.240). En partic. (Marcher) à pas comptés. À neuf heures précises, le grand maître du palais et la grande maîtresse, les aides de camp, les officiers d'ordonnance et les dames d'honneur entrent à pas comptés (ABOUT, Grèce, 1854, p.371). Elle parcourt à pas comptés tout le salon comme pour le mesurer (CLAUDEL, Jet de pierre, 1949, p.1296).
♦Compter tous les pas de qqn.
♦Faire les cent pas. Marcher de long en large, attendre. Le jour même, ce midi-là, pendant qu'on bouffait, il faisait les cent pas devant notre grille. On voulait pas le laisser rentrer (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.558). Je ferai juste les cent pas devant ta brasserie, dit Zazie conciliante (QUENEAU, Zazie, 1959, p.162).
♦Salle des pas(-)perdus
Hall où les voyageurs attendent le départ des trains. La plupart [des baigneurs] s'enferment dans le grand hall du casino, qui ressemble à la salle des pas-perdus de quelque gare modern-style (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p.123).
Vieilli. Antichambre d'un local administratif, d'un tribunal. Ainsi parla M. Jean Lermite, en parcourant (...) la salle des Pas-Perdus. Maître Joseph Aubarrée, qui connaissait le Palais, lui répondit en se grattant le bout du nez:... (A. FRANCE, Crainquebille, 1904, p.36).
b) Au fig.
♦Faire des pas de géants, marcher à pas de géants; à grand pas. Se développer rapidement. Quand je quittai la France, au commencement de 1791, la révolution marchoit à grands pas (CHATEAUBR., Voy. Amér. et Ital., t.1, 1827, p.6). «Je suis folle», se dit-elle. À cet instant commença son malheur: il fit des pas de géant; en peu d'instants elle en fut à avoir des remords (STENDHAL, Nouv. inéd., 1842, p.146). Le banquier répétait: «C'est un miracle, un vrai miracle! Sa guérison marche à pas de géant» (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p.126).
♦(Aller, avancer) à pas de tortue. (Aller, avancer) avec une lenteur et une difficulté extrême. Si Port-Royal était fini, je me considérerais, après tout, comme dans une demi-liberté; mais la disposition où je suis est peu propre à me le faire hâter. Je vais à pas de tortue (SAINTE-BEUVE, Corresp., t.4, 1841, p.100).
♦Politique des petits pas. Politique qui procède par étapes intermédiaires, peu spectaculaires mais efficaces. Les violentes critiques qu'il [Jimmy Carter] a adressées à la politique des «petits pas» de Kissinger (Le Point, 7 mai 1976, p.33, col. 2). Il demeure vrai que la politique des petits pas est l'une des constantes de la stratégie du PC. Fort d'une masse considérable et très stable d'électeurs, il veut conquérir maintenant des voix, dans toute l'Italie, auprès de chacune des catégories qui ne lui sont pas d'emblée acquises (Le Point, 14 juin 1976, p.70, col. 3).
B. —P. méton.
1. Manière de marcher, de se déplacer.
a) Au sing.
— Le pas. Démarche, allure reconnaissable par le bruit, les traces. Je devine les yeux fermés: «C'est le gros pas de Morin qui revient d'arroser les tomates...» (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p.73).
♦[En parlant d'un cheval] Le pas d'un cheval se fit entendre, et Rocambole, levant la tête, aperçut un cavalier qui suivait à l'amble tranquille de sa monture le petit chemin qui longeait le parc (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.495).
— D'un pas + adj. D'un pas léger, pesant, régulier, rapide. Ils se mirent en marche d'un pas lourd de fatigue (ZOLA, Germinal, 1885, p.1179). Antoine, exaspéré, s'apprêtait à pénétrer plus avant dans la maison, lorsqu'un pas léger glissa dans le couloir (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p.682). Elle gagna la porte, d'un pas discret, presque humble (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.103). Enfin son pas de feutre et les graillonnements de sa gorge annoncèrent le retour de l'Auvergnate (ARNOUX, Roi, 1956, p.221).
♦Marcher d'un bon pas. Je marche encore d'un bon pas, mais me fatigue vite (GIDE, Journal, 1944, p.259).
— D'un pas de..., d'un, de son pas + adj. D'un pas de cérémonie; d'un pas nonchalant. Et Pierre s'en retourna, de son pas lent, la canne sous le bras (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p.314). Delescluze avait pris sa canne, et il était venu, d'un pas de promenade, tranquillement, jusqu'à la barricade qui fermait le boulevard Voltaire, pour y tomber foudroyé, en héros (ZOLA, Débâcle, 1892, p.626):
• 6. Luigi détacha son manteau et le déposa à terre, jeta sur son épaule sa carabine, et, dégagé ainsi du lourd vêtement, marcha devant le voyageur de ce pas rapide du montagnard, que le pas d'un cheval a peine à suivre.
DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.454.
♦Pas d'ambassadeur.
b) Au plur.
— À pas + adj. À pas étouffés, silencieux; à grands pas; à pas légers, lents, mesurés, rapides. Il marchait à pas courts et précipités, remuant fréquemment la tête (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p.33). M. Feuillet s'amène à pas feutrés (GYP, Souv. pte fille, 1928, p.227). Viens, nous allons partir et nous marcherons à pas lourds, courbés sous notre précieux fardeau (SARTRE, Mouches, 1943, III, 3, p.104).
— À pas de. Elle ne répondit que par un signe au bonjour de son mari, lequel, à pas de velours, alla s'asseoir contre la croisée (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p.56).
♦À pas de loup. Sans faire le moindre bruit. [Mes parents] étaient tous deux derrière la porte, venus à pas de loup pour épier ma joie (LOTI, Prime jeun., 1919, p.8). Var. À pas de renard, de chat, etc. Elle s'habilla tôt et sortit dans le couloir. Elle y avançait à pas de chat, sans faire le moindre bruit (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.211).
2. Vitesse de déplacement dans la marche. Je le reconnus [un homme] au pas qu'il prit: ce pas de promenade qui, partant du hêtre, m'avait tiré à travers le Jocond et l'Archat (GIONO, Roi sans divertiss., 1947, p.79):
• 7. La tristesse, l'inquiétude, l'anxiété, l'accablement, ce nouveau malheur d'être obligé de s'enfuir la nuit et de chercher un asile au hasard dans Paris pour Cosette et pour lui, la nécessité de régler son pas sur le pas d'un enfant, tout cela, à son insu même, avait changé la démarche de Jean Valjean et imprimé à son habitude de corps une telle sénilité que la police elle-même, incarnée dans Javert, pouvait s'y tromper, et s'y trompa.
HUGO, Misér., t.1, 1862, p.567.
Pas montagnard. Manière de marcher de l'alpiniste. L'ascension de l'Eggerhorn se fait sans fatigue (...) grâce au pas montagnard de Guillaume Schmid. (Annuaire du club alpin fr. Année 1894, 1895, p.137 ds QUEM. DDL t.27).
— Au fig.
♦Emboîter le pas.
♦Marcher du même pas. Chaque élève est obligé de marcher du même pas que ses contemporains dans chacune des disciplines enseignées (Hist. instit. et doctr. pédag., 1949, p.267).
a) [Dans div. loc.]
) Au pas + adj. Il s'agit d'aller au pas accéléré si nous voulons être à table en même temps que les autres (BALZAC, Adieu, 1830, p.3). Au petit pas. Lentement. Le maréchal et l'escorte s'étaient mis à suivre [le chemin] au petit pas, pataugeant dans la boue (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.44)
— Au pas de + subst. Au pas de course, de gymnastique. Ils étaient escortés d'une quarantaine d'enfants qui les suivaient au pas de marche, en criant et en battant des mains (SAND, Consuelo, t.3, 1842-43, p.21).
) Verbe + pas
♦Allonger le pas. Presser, accélérer la marche. Et Peter Van der Keer d'allonger le pas tellement il était pressé d'aller vider son sac à surprises (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.250).
♦Doubler le pas.
♦Emboîter le pas (au sens propre).
♦Hâter, précipiter, ralentir le pas. M. Venot, ralentissant ou pressant le pas, allait d'un groupe à un autre, avec un sourire, comme pour tout entendre (ZOLA, Nana, 1880, p.1250).
♦Marquer le pas.
♦Aller au pas de course, prendre le pas de course. Courir. Et tous les trois prirent le pas de course, la tête perdue (ZOLA, Débâcle, 1892, p.583).
) En partic., dans l'armée. Allure particulière à laquelle s'effectue une marche. On voit dans Végèce (I, 9), qu'on apprenait aux soldats romains à faire 20 milles en cinq heures, au pas militaire, et 24 au pas accéléré (MÉRIMÉE, Essai guerre soc., 1841, p.187). De temps immémorial [sous le Second Empire], on distinguait dans la marche du soldat, le pas ordinaire, le pas oblique et le pas accéléré (TITEUX, St-Cyr, 1898, p.402).
♦Pas de/du chasseur. Comme la consigne était que nous ne devions circuler qu'au pas, Benoit eut l'idée de nous faire marcher au «pas du chasseur» (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.111).
♦Pas de charge. Mode d'attaque particulier consistant à se jeter rapidement sur l'ennemi pour le combattre à l'arme blanche; allure particulière à laquelle s'effectue cette attaque. Surtout, employons les baïonnettes républicaines, le pas de charge (CARNOT, Corresp., 29 nov. 1793, IV, p.213 ds QUEM. DDL t.11).
P. anal. (Arriver, partir) au pas de charge. (Arriver, partir) de façon rapide et déterminée. Et, partant au pas de charge (...) il marcha droit vers le digne et lent capitaine dont on amenait à ce moment le cheval (PROUST, Guermantes 1, 1920, p.74).
P. ext. Au pas de charge. Très rapidement. On servit le dîner au pas de charge (GIONO, Bonheur fou, 1957, p.452).
♦Pas de l'oie. Façon de marcher particulière adoptée par l'armée allemande et dans laquelle on projette la jambe tendue vers l'avant. Vous ne savez pas quel soldat est le soldat allemand, vous qui ne l'avez pas vu comme moi défiler au pas de parade, au pas de l'oie (PROUST, Temps retr., 1922, p.808).
♦Pas de parade. Allure adoptée lors d'une parade. Au lieu de pratiquer le pas de parade dans un régiment du Kaiser, Hanz Becker avait préféré se priver de cette distraction en venant gagner sa vie à Londres (HAMP, Champagne, 1909, p.233).
♦Pas de route. Allure adoptée sur la route. Il remonta le sac, mit l'arme à la bretelle, assura ses cartouchières et, au pas de route (...), marcha vers l'Est en grognant (ARNOUX, Paris, 1939, p.154).
b) Rythme de la marche:
• 8. Le vendredi, en caravane, chargés de leurs outres [de vin], ils partaient pour la montagne, précédés d'un sonneur de galoubet qui les accompagnait quelques lieues pour leur donner le pas.
GIONO, Eau vive, 1943, p.49.
♦Pas cadencé. V. cadencé B.
♦Marcher au pas. Ils se mirent en route d'un rythme égal, puis la chose les amusant ils marchèrent au pas (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.37).
— MUS. Air destiné à régler le rythme d'une marche, d'une danse. Chacun se levait. Dans les couloirs s'organisaient des rondes et des farandoles. Une musique, quelque part jouait un pas de menuet (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p.93). Une basse-danse se présente généralement accompagnée du pas de Brabant, danse vive et sautillée (GASTOUÉ, Primit. mus. fr., 1922, p.71).
♦Pas(-)redoublé. Air dont le rythme est très rapide. Écoutez ces rythmes de pas redoublé par lesquels Donizetti se plaît à exprimer les sentiments les plus tragiques (P. LALO, Mus., 1899, p.212).
c) Vitesse de déplacement réglée dans la marche.
) [En parlant d'un véhicule] (Rouler) au pas. Avancer très lentement. Puis la fraîcheur du Bois enveloppa la calèche ralentie. Les voitures (...) allaient à la file, au pas (A. FRANCE, Jocaste, 1879, p.80).
) ÉQUIT. Allure la plus lente des allures naturelles du cheval dans la marche. La voiture ne manquait jamais de l'endormir, et son cheval, devinant l'assoupissement habituel du maître, ralentit et finit par prendre le pas (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.21):
• 9. Le pas complet se décompose en quatre temps, les membres se posant successivement au rythme d'un bipède diagonal à l'appui, l'autre étant au soutien. Il est à noter qu'à l'allure marchée qu'est le pas, le cheval ne quitte jamais complètement le sol...
R. MAIRE, J. RIBON, Initiation à l'équit., Paris, 1972, p.81.
♦Pas espagnol. Allure lente dans laquelle le cheval étend ses membres antérieurs jusqu'à l'horizontale. [Un cheval] suivait ses amis (...). Quelquefois, de ce temps, il les amusait d'un petit roucoulis de colombe, d'un petit pas espagnol, d'un mouvement de tête calculé pour faire mousser cette crinière soyeuse qu'il avait toujours peignée recta et propre comme un sou (GIONO, Roi sans divertiss., 1947, p.88).
♦Pas de côté. Nous appellerons pas de côté tous les modes de déplacement latéral: l'épaule en dedans, l'appuyer, la hanche en dedans (DECARPENTRY, Équitation Académique, 1949 ds PETIOT 1982).
♦Mettre, remettre au pas. Faire (re)prendre l'allure de la marche. Il fallait une main d'homme désormais pour conduire ce cheval rétif. Qu'on le lui confiât seulement, il se chargeait bien de le mettre au pas (A. DAUDET, Jack, t.2, 1876, p.86).
) Au fig.
♦Mettre, remettre au pas. Obliger à obéir, à suivre l'ordre donné. Se mettre au pas. Se soumettre à une discipline, à un ordre. Il n'a plus son air qu'il avait, ton apprenti (...). Il commence à se mettre au pas, tonnerre de Dieu! (A. DAUDET, Jack, t.1, 1876, p.362). Nos concitoyens s'étaient mis au pas, ils s'étaient adaptés, comme on dit, parce qu'il n'y avait pas moyen de faire autrement (CAMUS, Peste, 1947, p.1364).
♦Prendre, reprendre le pas. Se soumettre. S'ils débarquent à pied de Charleville (car le rimbaldisme les travaille encore) ils ont vite fait de prendre le pas (COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p.188).
♦Vx. Marcher le pas. Obéir. Mais la Sévère (...) se mit à faire la dame et à dire qu'elle avait peur, qu'il fallait marcher le pas (SAND, Fr. le Champi, 1848, p.69).
♦Au pas! Sans histoires, sans protester! Tout le monde en uniforme, et au pas! (GREEN, Journal, 1940, p.32).
3. Vx, littér., au plur. Les pas de qqn. Accompagner, conduire les pas de qqn. Ils ne s'expliquaient pas l'attention extrême que je prenais pour guider ses pas (GIDE, Symph. pastor., 1919, p.881). Sous les pas du Seigneur les benoîtes étendent Au pavé de l'église une pièce de lin (JAMMES, Prem. livre quatrains, 1923, p.45):
• 10. ... l'obstacle sur son chemin prenait à ses yeux, à ce moment, la forme d'une jeune fille du peuple, accourue non pour lui barrer la route, mais pour s'attacher à ses pas, timidement, tenace et sans fierté.
ROY, Bonheur occas., 1945, p.258.
— En partic. [Joue une fonction proche de celle d'un pron. réfl.] Le coeur ému par ces conversations pieuses, je portois souvent mes pas vers un monastère voisin de mon nouveau séjour (CHATEAUBR., René, Genève, Droz, 1970 [1805], p.35). C'est dans cet espoir qu'il dirigeait ses pas vers Dijon (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.61).
4. P. méton. Empreinte, trace laissée par un pied. Dans le monde hors de la maison, la neige efface les pas, brouille les chemins, étouffe les bruits, masque les couleurs (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p.53).
♦Cela ne se trouve pas dans le pas d'un cheval (proverbe). Cela est difficile à obtenir. Giboyer: (...) et cela ne se trouve pas (...) dans le pas d'un cheval. Maréchal: À qui le dites-vous! (AUGIER, Fils Giboyer, 1862, p.161).
♦Arriver, être, marcher, se précipiter sur les pas de qqn. Suivre quelqu'un de près. Je n'en descendis pas moins les escaliers sur les pas de cet homme (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.72). Il se précipita sur les pas de son frère (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.397).
♦Marcher dans les pas de qqn. Suivre le même chemin que quelqu'un. Barois s'apprête à les suivre; mais la femme de chambre marche résolument dans les pas de sa maîtresse et frôle Barois, sans s'effacer (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p.474).
♦Avoir qqn sur ses pas. Être suivi par quelqu'un. Je vous dis que je suis las de vous avoir toujours sur mes pas, comme mon ombre (DUMAS père, Darlington, 1832, III, 9, p.118).
♦Mettre ses pas dans les pas de qqn. Suivre le même chemin que quelqu'un. Ainsi parle Jeanne, et nous cependant nous mettons nos pas dans ses pas et nous refaisons ses promenades (BARRÈS, Mystère, 1923, p.189).
Au fig. Nous ne suivons pas cet homme [De Gaulle] parce qu'il est un grand homme, mais parce qu'entre deux périls mortels pour la liberté, il avance sur une étroite crête. Nous mettons nos pas dans ses pas (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1961, p.352).
♦Retourner, revenir sur ses pas. Diriger sa marche dans un sens opposé au sens précédent, en utilisant le même trajet qu'à l'aller; rebrousser chemin. S'il ne me voit pas devant sa voiture, il reviendra sur ses pas (DUMAS père, Halifax, 1842, II, 11, p.70). Retournant sur ses pas, il revint prendre la rue principale qui le conduisait vers le port (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p.310).
5. Vieilli. Unité de mesure correspondant à l'espace qui définit approximativement une enjambée. La salle de la piscine a cent vingt pas de long; celle où l'on se déshabillait a quatre-vingts pieds de haut (TAINE, Voy. Ital., t.1, 1866, p.165):
• 11. ... un vaste bâtiment dont la façade s'étendait sur une longueur de dix toises de France, ou deux cent cinquante pas environ.
A. FRANCE, Vie littér., 1892, p.334.
— À x pas. Cet étrange alpiniste, la carabine au poing, proposant au vieux garde royal de lui casser sa pipe entre les dents, à cinquante pas (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p.123).
♦En partic., fam. et mod. À deux pas, à qq. pas. Très proche, tout près. «... C'est rue Rancienne!... C'est à deux pas!...» Je ne suis pas forcé d'y aller (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.14). À qq. pas de... Tout près de. De tous les côtés on voit des ébauches de constructions abandonnées par pur caprice, et recommencées à quelques pas de là (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.6).
— Au fig. Il n'y a qu'un pas. C'est tout près, c'est très proche. Or, vous savez, madame, que, de la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas (DUMAS père, Cachemire vert, 1850, 7, p.284).
II. —Passage.
A. —1. Lieu par lequel on peut passer pour aller d'un endroit à un autre:
• 12. Un brick de guerre anglais qui était appareillé ce matin, après avoir couru longtemps d'inutiles bordées, prit enfin le parti de se faire remorquer par le bâtiment à vapeur de Cadix, et par ce moyen il franchit assez promptement le pas difficile [le détroit de Gibraltar] qui nous séparait de l'Océan.
DUMONT D'URVILLE, Voy. autour du monde, t.1, 1832-34, p.19.
— Pas de + nom propre (pour désigner un passage déterminé). Le cheval marchait gaiement. Angélo arriva au pas de Redortiers vers les neuf heures (GIONO, Hussard, 1951, p.39).
— Pas d'armes. Jeu guerrier du Moyen Âge qui consistait à défendre un lieu de passage ou une surface de terrain. Il faut ranger dans cette espèce les jeux gymnastiques, les courses de char, la naumachie chez les anciens, les joûtes, les castilles, les pas d'armes, les tournois dans le moyen âge, la paume, l'escrime, les courses de chevaux, et les jeux d'adresse chez les modernes (CHATEAUBR., Voy. Amér. et Ital., t.1, 1827, p.182).
— Pas de tir. Lieu à partir duquel on procède à des tirs et plus particulièrement au lancement de missiles ou de vaisseaux spatiaux. L'armée américaine a déjà annoncé la construction, qui doit être achevée vers 1985, d'un pas de tir pour ses propres navettes sur sa base de Vandenberg qui permet les lancements sur orbite polaire (Le Point, 18 avr. 1981, p.95, col. 2).
— [Dans un métier à tisser] Passage par lequel passent les fils. Au métier mécanique [le tissu lisse] peut être produit avec deux lames; mais à cause du grand nombre de fils supportés par chaque lame, on le monte toujours sur quatre lames ou quatre pas (ARAUD, Ch. THOMAS, Fabric. drap, 1921, p.76).
2. En partic. Pas de la porte. Partie du sol, souvent recouverte d'une dalle, qui entoure ou marque l'entrée d'une maison. Il vit la baronne monter les degrés du perron et franchir le pas de sa porte (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.50). On prend le frais sur le pas des portes (LAFORGUE, Poés., 1887, p.100).
— P. anal. Moment qui précède immédiatement un événement donné.
♦Sur le pas de + subst. Juste avant. Ils arrivèrent à Montjay sur le pas de la nuit. Quelques grosses gouttes de pluie commençaient à claquer (GIONO, Hussard, 1951, p.265).
♦Au pas de + subst. César n'avait nulle envie d'en venir ce jour-là au grand pas de l'enlèvement (STENDHAL, Lamiel, 1842, p.152). Je vous supplie humblement que vous alliez en l'église prochaine et que vous m'apportiez la croix, pour la tenir élevée tout droit devant mes yeux jusques au pas de la mort (BRASILLACH, Corneille, 1938, p.276).
B. —1. Droit de précéder quelqu'un, droit d'agir le premier (en vertu d'une hiérarchie protocolaire). Morbleu! criait d'une voix de tonnerre le général de Rouvray (...). Que nous font ces deux assemblées, qui se disputent le pas (HUGO, Bug-Jargal, 1826, p.74).
♦Avoir le pas sur. Pour les pairs de France, avoir le pas sur les princes étrangers, précéder les grands d'Espagne, primer les patrices de Venise (...) c'était la grosse affaire (HUGO, Homme qui rit, t.3, 1869, p.126). Nous avions le pas sur tous les princes étrangers; je pourrais vous en donner cent exemples (PROUST, Sodome, 1922, p.951):
• 13. Quand je m'abandonnerai, comme on dit, à la grâce de Dieu, je commencerai par m'abandonner à la grâce de votre Hautesse, en bon mougik. Vous avez le pas sur Dieu, car je vous confesse, à mon grand détriment, que je vous aime beaucoup plus que lui.
BALZAC, Lettres Étr., t.1, 1840, p.545.
♦Céder le pas à qqn. Laisser quelqu'un passer devant soi. J'y vais. À quelques pas, pourtant, je m'arrête, —je m'efface pour céder le pas à des vieilles gens (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.338). Au fig. [En parlant d'une pers.] Céder le pas à qqn. Passer au second plan, se reconnaître ou être inférieur. Il serait tout de même singulier que dans un domaine plus près de la vie que l'autre, celui qui est maître dans ce domaine, c'est-à-dire le metteur en scène, doive en toute occasion céder le pas à l'auteur qui par essence travaille dans l'abstrait, c'est-à-dire sur le papier (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p.144). Au fig. [En parlant de choses] Céder le pas à qqn. Diminuer d'importance. Entre États qui cessent d'être véritablement étrangers, l'action politique cède le pas à l'administration (CHAZELLE, Diplom., 1962, p.93).
♦Donner à qqn le pas sur. Donner à quelqu'un la préséance sur; au fig., accorder à quelqu'un ou à quelque chose plus d'importance qu'à. As-tu songé (...) que le titre de pair qu'on y joindrait te donnerait le pas sur tous les pairs de France excepté les primes du sang royal (DUMAS père, Henri III, 1829, I, 3, p.128). Une fois de plus il donnait le pas à l'ami sur la soeur, et à quelle occasion! (BOURGET, Cosmopolis, 1893, p.286). Donner au sentiment le pas sur la raison (MAURIAC, Trois gds hommes dev. Dieu, 1947, p.79).
♦Laisser le pas (à qqn). Céder, concéder le passage à quelqu'un; laisser passer quelqu'un devant soi. Haris avait ralenti son cheval pour laisser le pas au voyageur, plus âgé que lui (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t.2, 1857, p.261).
♦Prendre le pas sur. S'arroger le droit de précéder quelqu'un; au fig., dominer, avoir plus d'importance que... Vous ne connaissez pas les livres, et le moindre petit avocat peut prendre le pas sur vous (STENDHAL, Nouv. inéd., 1842, p.351). Dans ce préambule l'orgue prend le pas sur le reste de l'orchestre (PIRRO, J.-S. Bach, 1919, p.142).
2. Situation difficile qui risque d'empêcher la réalisation de quelque chose. Pas difficile. J'ai déjà eu l'occasion de remarquer que j'ai un peu plus de ressort aux mauvais pas qu'aux bons (RENARD, Corresp., 1886, p.65). Une société résolue (...) à se moquer de lui [Napoléon] s'il manque le pas (ARNOUX, Roi, 1956, p.169):
• 14. L'idée de s'abaisser lâchement (...) lui était insupportable. Il lui semblait que, dans ce pas glissant où il était engagé malgré lui, tout le monde le poussait au précipice, et qu'on ne voulait que sa chute. Il se roidissait.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.4, 1859, p.63.
♦Franchir le pas.
♦Sauter le pas. Surmonter une situation délicate; prendre une décision difficile. Synon. faire le saut, aller jusqu'au bout. Je crois que je vais sauter le pas et accepter une place de bibliothécaire qui probablement va être vacante (SAINTE-BEUVE, Corresp., t.3, 1840, p.321). Ce n'est pas tout (...) Blas hésita, puis sauta le pas: Nous avons besoin de quelqu'un auprès des Français; il faudrait que tu rejoignes Luis (MORAND, Flagell. Séville, 1951, p.250).
Mourir. Savez-vous, fis-je, que Sanchez le pilote a sauté le pas. Ma science n'a pu le sauver (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p.198).
♦Sauver, sortir, tirer qqn d'un mauvais pas, d'un pas difficile. Aider quelqu'un à surmonter une situation fâcheuse. Irons-nous à l'extrême du péril? Qui nous tirera de ce pas? Qui nous va ranimer ces régiments qu'on voit comme empoisonnés d'une brusque décomposition de leur volonté de combattre et de vaincre? (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.82):
• 15. ... le chevalier [dans Dalila d'Octave Feuillet] fait tout au monde pour sauver le cher innocent de ce pas dangereux du mariage, de ce marais dormant où sa nef va s'embourber et s'envaser à sa première sortie.
SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.5, 1863, p.22.
♦Sortir, se tirer d'un mauvais pas, d'un pas dangereux. Surmonter une situation fâcheuse. Voilà une belle occasion pour l'Angleterre de se tirer du mauvais pas où elle s'est mise (CHATEAUBR., Congrès Vérone, t.2, 1838, p.83). Ayez à votre service ou dans votre famille une jolie femme complaisante, vous sortirez des plus mauvais pas blanc comme neige (TAINE, Voy. Ital., t.1, 1866, p.320). En somme, il se tira fort adroitement des pas les plus difficiles et sut rester étranger à la querelle des deux rois qui prétendaient l'un et l'autre l'y engager (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.443).
C. —Spécialement
1. TECHNOL. Distance entre deux éléments.
♦Pas de rivets. ,,Dans les ouvrages assemblés par rivetage, le pas est l'intervalle entre deux rivets consécutifs dans une même file`` (FOREST. Métall. 1977).
♦Pas d'engrenage:
• 16. Si l'on coupe un engrenage par un cylindre concentrique au rayon primitif, ce cylindre rencontre les profils analogues de deux dents consécutives en deux points (...): on appelle pas la longueur de l'arc (...) qui comprend les épaisseurs d'une dent et d'un creux, mesurées sur la circonférence primitive.
GORGEU, Machines-outils, 1928, p.24.
♦Pas (de vis). Distance qui sépare deux filets consécutifs d'une vis. Les filetages aux pas anglais et américains sont taxés sur le nombre de filets contenus dans la longueur d'un pouce anglais (CHAMPLY, Nouv. encyclop. prat., t.12, 1927, p.29). Seringue du Dr Mahu, pour cérumen, 120 c.c., avec deux embouts à pas de vis (Catal. instrum. chir. (Collin), 1935, p.139).
♦Pas (d'une hélice). La quantité dont [la génératrice de l'hélice] se déplace sur l'axe dans un tour se nomme le pas (MARCHIS, Nav. aér., 1904, p.609).
2. ARTILL. Distance entre deux rainures consécutives creusées à l'intérieur de l'âme d'un canon ou d'une bouche à feu. [On] a (...) employé, dans le canon de 75, la rayure à pas constant qui, au point de vue de la fabrication, est d'une exécution plus facile (ALVIN, Artill., Matér., 1908, p.42).
3. HORLOG. Pas de fusée. ,,Chacun des tours de la rainure en spirale de la fusée d'une montre`` (Lar. encyclop.).
Rem. V. aussi les articles pas-d'âne, pas-de-géant, et pas-de-porte.
Prononc. et Orth:[], [pa]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. «Mouvement que fait un être pour avancer» a) en fonction de la vitesse fin Xes. loc. conj. en pas que «aussitôt que» (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 397), attest. en a. fr., cf. T.-L.; ca 1100 empl. adv. sun petit pas «lentement» littér. «[par] son petit pas» (Roland, éd. J. Bédier, 2227); fin XIIes. del pas «aussitôt, sans tarder» (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 1367); 1548 de ce pas (DU FAIL, Baliverneries, éd. J. Assézat, t.1, p.196); b) en gén. ca 1180 pas pur pas «un pas après l'autre» (MARIE DE FRANCE, Fables, éd. K. Warnke, 68, 27); mil. XVes. pas à pas (CHARLES D'ORLÉANS, Rondeaux, éd. P. Champion, CXX, 9, 359); ca 1200 conter ses pas «avancer d'une manière hésitante» (Escoufle, 3367 ds T.-L.); 1507-08 (ELOY D'AMERVAL, Livre de la Deablerie, éd. Ch.-Fr. Ward, 214b: Je suis trop clerc en ce pas-la); 1585 pas de clerc «fausse démarche» (DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel, t.2, p.173); 1530 faulx pas «pas dans lequel on glisse» (JEAN DE L'ESPINE, Prénostication de Maistre Albert de Songecreux, éd. P. Lacroix, 53, V); 1606 fig. (NICOT: On dit aussi par metaphore faire un faulx pas, pour faire une faute); 1540 marcher le premier pas «avancer d'un pas» (NICOLAS HERBERAY DES ESSARS, Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, 1er livre, 5); 1630 faire le pas devant «précéder» (MALHERBE, Trad. du Traité des bienfaits de Sénèque ds OEuvres, éd. L. Lalanne, t.2, p.91); 1651 céder le pas «donner la préséance» (Th. CORN., Amour à la mode, IV, 5 ds LIVET Molière); 2. 1160-74 «trace, empreinte» (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 10539); 3. 1380 «longueur approximative d'un pas» (20 juin, Escript Fastret de Tiels, chir., St-Brice, A. Tournai ds GDF. Compl.). B. Ca 1100 «façon de se déplacer» (Roland, 2857); 1. ca 1196 «allure du cheval la plus lente» (JEAN BODEL, Saxons, éd. F. Menzel et E. Stengel, XVII, 388, p.44); 2. 1480 danse (COQUILLART, Droits nouveaux, éd. M. J. Freeman, 1498); 3. 1755 milit. (Ordonnance du 6 mai d'apr. Encyclop. t.12). C. 1. a) 1160-74 «sentier, passage difficile» (WACE, op. cit., 2718); 1176-81 mal pas «id.» (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 4116); XIIIes. [date ms.] fig. maveis pas (Renart, éd. E. Martin, VI, 1436); fin XIIIes. passer el pas de la mort «trépasser» (Hist. anc., éd. P. Meyer ds Romania t.14, p.54, 64); mil. XVes. passer le pas «id.» (JEAN RÉGNIER, Fortunes et adversitez, éd. E. Droz, p.217, 90); b) ca 1250 «passage qu'un chevalier s'engage à défendre» (Melion, éd. P. M. O'Hara Tobin, vers 129); ca 1330 pas d'armes (Girart de Roussillon, 4 ds T.-L.); c) ca 1330 «passage, entrée» (GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, éd. J. J. Sturzinger, 760: au roy l'entree et le pas de sa maison deffendi fort); 1579 (LARIVEY, Les Esprits, IV, 3 ds Anc. Théâtre fr., t.5, p.269: sur le pas de l'huys de sa maison); d) fin XIVes. (FROISSART, Chron., éd. S. Luce, I, § 52: leur estoient clos li pas de terre et de mer); 1530 «détroit» (PALSGR., p.653b); 1559 «défilé» (AMYOT, Thém., 16 ds LITTRÉ: Le pas des Thermopyles); 2. [ca 1180 «marche de départ d'un escalier?» (Proverbe au vilain, éd. A. Tobler, 224c)]; 1340 «marche d'escalier» (Actes normands de la chambre des comptes, éd. L. Delisle, p.255). 3. technol. 1369 «ouverture de la chaîne dans un métier à tisser, pour donner passage au fil» (ds Ordonnances des rois de France, t.5, p.193); 1676 pas de vis (FÉLIBIEN). Du lat. passus «pas», «empreinte» et «mesure de longueur», propr. «écartement des jambes», subst. de passus part. passé de pandere «étendre, déployer» d'où «ouvrir en écartant». Fréq. abs. littér.:37071. Fréq. rel. littér.:XIXes.) 42891, b) 49988; XXes.: a) 55886, b) 60666. Bbg. BASSEGODA (M.). Ét. du vocab. du patinage. Thèse, Nancy, 1980, pp.164-165.
P. A. S. [peɑɛs] n. m.
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♦ Méd. Antibiotique actif contre le bacille tuberculeux.
Encyclopédie Universelle. 2012.