ACADÉMIE
Académie désigne le domaine situé dans le Céramique (faubourg des potiers, appelé joliment «Tuileries» par l’abbé Barthélemy), que Cimon avait orné des plus beaux platanes d’Athènes et où Platon fixa, vers 387 avant J.-C., l’école qui porta ensuite ce nom. Les orateurs Lycurgue, Hypéride et peut-être Démosthène; des hommes politiques aux tendances les plus diverses, épris de liberté comme Dion, Léon de Byzance et Hermias (beau-père d’Aristote), ou adeptes de la tyrannie comme Cléarque (assassiné par Chion et Léonidas, autres disciples de Platon) et Chéron de Pellène furent académiciens.
On distingue trois Académies: la première (vetus, l’ancienne) reproduit l’état dernier de la méditation platonicienne; la deuxième (media, la moyenne) soutient avec Arcésilas que l’on ne peut rien connaître; la troisième (nova, la nouvelle), avec Carnéade, réduit au probable la norme de la connaissance et de l’action. On fait quelquefois de l’école de Philon et de celle d’Antiochus une quatrième et une cinquième Académie. Mieux que leur succession dans le temps, la différence entre les options philosophiques qu’elles soutiennent peut mettre en lumière quelques-unes des dimensions propres au platonisme.
1. L’ancienne Académie
Les scolarques
La tradition des écoles grecques voulait que le premier scolarque (sorte de recteur) fût désigné par le fondateur de l’école – ce fut Speusippe, neveu de Platon – et que les suivants fussent élus par le collège des élèves et des maîtres: ce furent successivement Xénocrate, Polémon et Cratès. L’illustrèrent encore: Philippe d’Opunte, rédacteur probable de l’Epinomis, attribué à Platon, Héraclide Pontique, qui soutint que la Terre tourne autour de son axe, Eudoxe de Cnide, astronome célèbre qui fixa à 365 jours 1/4 la durée de l’année et fit du plaisir le bien autour duquel tous les êtres gravitent, et Crantor, qui, surtout célèbre par un traité Sur le deuil où il oppose à l’absence de passions (apathie ) leur modération et leur équilibre (métriopathie ), rédigea également le premier commentaire du Timée de Platon où il soutint, comme Speusippe et Xénocrate, que le récit de la création du monde par un ouvrier divin (démiurge) n’était qu’une fiction descriptive, reflet d’un ordre logique et non chronologique.
La doctrine
On trouve un reflet sans doute fidèle de cet enseignement platonicien dans les fragments du traité Sur le bien d’Aristote. Tous les êtres ont une existence mixte, résultat du mélange, dont le Philèbe assurait qu’il peut être bon ou mauvais, de deux principes: la limite et l’illimité. Sans doute les désigne-t-on désormais selon l’appellation pythagoricienne d’Un ou Égal et de Dyade indéfinie du Grand et du Petit. Aristote, dans la Métaphysique , rapporte la même tradition selon laquelle l’Idée platonicienne semble réduite à une existence numérique. Alors que Platon attribuait aux êtres mathématiques un rôle intermédiaire entre les objets sensibles et les Idées, ici les nombres idéaux disparaissent et les Idées deviennent nombres.
2. L’Académie moyenne
Chef de la moyenne Académie, Arcésilas devint scolarque en 268 avant J.-C., lorsque, après la mort de Cratès, Socratidès, plus ancien et normalement élu, s’effaça devant lui. Cet esprit brillant avait été d’abord au Lycée l’élève de Théophraste, puis à l’Académie le disciple de Polémon et de Cratès qu’il tenait pour des dieux ou des survivants de l’âge d’or. Il mourut à soixante-quinze ans, vers 240 avant J.-C.
Lecteur et admirateur de Platon, Arcésilas renoue avec la tradition socratique des premiers dialogues. Ce philosophe, qui n’a laissé aucun écrit, s’efforçait, en combattant l’opinion qui lui était proposée, de lui opposer des arguments d’égale valeur. Le mieux était que l’on suspendît de part et d’autre son jugement. De même que Socrate avait confessé son ignorance, il déclare qu’on ne peut rien connaître, rien percevoir, rien savoir, que les sens sont étroits et les esprits faibles. Savoir qu’on ne sait rien n’est même plus pour lui un savoir, à la différence de Socrate. Livrait-il à ses disciples les plus doués, comme le laisse supposer Sextus Empiricus, un enseignement platonicien devenu ésotérique? C’est une question aujourd’hui controversée. Toujours est-il que sa pensée passe pour être le modèle d’un nihilisme radical en matière de connaissance.
C’est au temps d’Arcésilas que se noue la querelle qui devait opposer les Académiciens aux Stoïciens. Arcésilas s’opposa à la thèse selon laquelle la représentation compréhensive permettrait de passer d’une simple représentation imaginative de l’objet extérieur à une compréhension ou saisie de la nature de cet objet. L’étroitesse des sens et la faiblesse du jugement ne permettent pas de passer de l’appréhension du sensible à la perception claire de sa nature. Le raisonnable appartient à un système cohérent de représentations qui ne peut servir de critère qu’à la conduite, mais dont on ne sait s’il s’accorde avec les sensibles destinés à demeurer inconnaissables.
3. L’Académie nouvelle
Carnéade (212-128 av. J.-C.) fonda la troisième Académie. Clitomaque, Carthaginois et non plus Cyrénéen comme son prédécesseur, lui succéda (140-128 av. J.-C.) du vivant de son maître. C’est Carnéade qui vint à Rome en ambassade, en 155 avant J.-C., accompagné du stoïcien Diogène de Babylone et du péripatéticien Critolaüs. Son éloquence séduisit les jeunes Romains et attira sur lui les foudres de Caton.
Carnéade s’oppose à Chrysippe, comme Arcésilas s’était opposé à Zénon. Selon le témoignage de Clitomaque, la suspension du jugement perd son caractère nihiliste, et le sage peut accorder une valeur pratique à telle ou telle représentation vraisemblable. Selon Métrodore et Philon, Carnéade aurait estimé possible d’affirmer des choses dépourvues de certitude. Plus modeste qu’Arcésilas ou que les stoïciens, il n’estime pas que la certitude doive être recherchée. Nous devons nous contenter du probable. Sans prétendre que la représentation soit conforme à son objet, on peut chercher, dans le lien qui unit les représentations, un enchaînement propre à procurer cette certitude subjective et pratique qu’il nomme probabilité. Nous pouvons adhérer à une représentation probable et soumise à un examen complet. Passer en revue les qualités sensibles d’un objet permet d’accéder à des représentations indubitables de cette sorte.
Les stoïciens ne sauraient prétendre que l’ordre et la beauté du monde permettent la prévision, et qu’un futur déjà déterminé se laisse deviner par des signes. Ils ont tort aussi d’avoir trop longtemps affirmé que, seul, le sage qui connaît l’ordre divin des choses peut vivre vertueusement. Le probabilisme doit ouvrir à l’honnêteté de l’homme prudent le champ d’une conduite raisonnable.
Si nous remontons l’ordre chronologique, nous rencontrons trois sujets d’interrogation:
1. Convient-il de considérer comme s’inscrivant dans la tradition académique le néodogmatisme de Philon de Larisse et l’éclectisme ou le syncrétisme d’Antiochus d’Ascalon ? La figure d’Antiochus ne manque pas de relief philosophique, puisqu’il a forgé l’idée d’une philosophia perennis et concilié académiciens, péripatéticiens et stoïciens. Avoir remis à l’honneur la division de la philosophie, proposée par Xénocrate, en éthique (jaune de l’œuf), physique (blanc de l’œuf) et logique (coquille), suffit-il à en faire un académicien? Son influence, sur Cicéron en tout cas, est déterminante.
2. Arcésilas et Carnéade sont-ils des sceptiques?
3. Aristote, demeuré pendant vingt ans l’élève de Platon, fut-il, ainsi que le prétend Cicéron, académicien?
académie [ akademi ] n. f.
• 1508; it. accademia, du lat., mot gr. akadêmia « jardin d'Akadêmos » où Platon enseignait
I ♦
1 ♦ Société de gens de lettres, savants, artistes. Académie de musique, de médecine. L'Académie des sciences de Berlin.
♢ Absolt L' A CADÉMIE : l'Académie française, fondée par Richelieu en 1635. Les membres de l'Académie (les quarante). ⇒ académicien, immortel. Siège de l'Académie. ⇒ fauteuil. Être reçu à l'Académie (cf. Sous la coupole). Être élu à l'Académie. Le secrétaire perpétuel de l'Académie. Dictionnaire de l'Académie. Avec les Académies des beaux-arts, des inscriptions et belles-lettres, des sciences, des sciences morales et politiques, l'Académie française forme l'Institut de France.
2 ♦ (XVIe) École supérieure. Les académies d'équitation.
♢ Mod. Académie de dessin, d'architecture.
3 ♦ Loc. Académie de billard : établissement privé, salle de jeu réservée exclusivement à la pratique du billard.
4 ♦ (1808) Circonscription de l'enseignement. Les facultés de l'académie de Paris, de Strasbourg. Le recteur de l'académie de Nancy. Inspecteur d'académie.
II ♦ (de I, 2o : académie de dessin, de peinture) Exercice de peinture, de dessin où l'on travaille d'après le modèle nu; ce modèle. ⇒ 1. nu. Les « meilleurs morceaux d'académie que Rubens a peints » (Fromentin). — Fam. et vieilli Aspect du corps nu. Elle a une superbe académie.
● académie nom féminin (italien accademia, du latin Academia, du grec Akadêmia, jardin d'Akadêmos, où Platon enseignait) Société savante dont les membres se consacrent à une spécialité des lettres, des arts, des sciences, etc. (en général avec majuscule) : Académie française. Académie de musique, d'agriculture, des beaux-arts. Division administrative de la France dans le domaine de l'éducation. Figure entière dessinée, peinte ou sculptée d'après un modèle nu : Académie d'homme, de femme. Familier. Corps d'une personne, considéré au point de vue de ses qualités esthétiques ; anatomie, morphologie. ● académie (citations) nom féminin (italien accademia, du latin Academia, du grec Akadêmia, jardin d'Akadêmos, où Platon enseignait) Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 L'Académie en corps a beau le censurer, Le public révolté s'obstine à l'admirer. Satires Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Il me semble qu'une Académie est tout ce qu'il y a de plus antipathique au monde à la constitution même de l'Esprit, qui n'a ni règle, ni loi, ni uniforme. Correspondance, à Louise Colet, 1852 Paul Léautaud Paris 1872-Robinson 1956 Il est curieux comme le même mot peut avoir des sens complètement opposés. En art, académie, c'est la nudité. En littérature, Académie, cela veut dire : jamais trop habillé. Propos d'un jour Mercure de France Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 Les salons et les académies tuent plus de révolutionnaires que les prisons ou les canons. Le Lion écarlate Gallimard ● académie (difficultés) nom féminin (italien accademia, du latin Academia, du grec Akadêmia, jardin d'Akadêmos, où Platon enseignait) Orthographe Avec ou sans majuscule, selon le sens. 1. L'Académie. Toujours avec une majuscule quand le mot désigne une institution unique : l'Académie française (ou l'Académie), l'Académie des sciences, l'Académie des beaux-arts, l'Académie des sciences morales et politiques, l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Remarque Mais on écrit toujours les académiciens. 2. Une académie. Jamais de majuscule quand le mot désigne un organisme ou une administration qui existe sous la même forme en plusieurs endroits différents : l'académie de Rennes, un inspecteur d'académie. ● académie (expressions) nom féminin (italien accademia, du latin Academia, du grec Akadêmia, jardin d'Akadêmos, où Platon enseignait) L'Académie (avec majuscule et sans adjectif ni complément), l'Académie française : Discours de réception à l'Académie. Académie de dessin, de peinture, de danse, école où est pratiquée une de ces disciplines ou activités, généralement sous la direction d'un maître. Académie de billard, lieu où des joueurs émérites viennent pratiquer le billard. Officier d'académie ou des académies, nom donné de 1808 à 1955 à certains titulaires des palmes académiques.
académie
école philosophique créée au IVe s. à Athènes par Platon, qui enseignait dans l' Académia (jardin d'Akadêmos, héros mythique).
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académie
n. f.
d1./d Société réunissant des savants, des artistes, des hommes de lettres.
|| L'Académie: l'Académie française.
d2./d école où l'on s'exerce à la pratique d'un art. Académie de peinture, de musique.
d3./d En France, circonscription universitaire. L'académie de Paris.
d4./d Dessin, peinture, exécuté d'après le modèle nu et qui n'entre pas dans une composition.
⇒ACADÉMIE, subst. fém.
I.— Jardin d'Académos, près d'Athènes, où le philosophe Platon donnait son enseignement :
• 1. C'est sous les portiques et dans les jardins de l'Académie que Platon expliquoit à ses disciples le système du monde intellectuel.
G. DE STAËL, De l'Allemagne, t. 3, 1810, p. 316.
— P. ext. École des disciples de Platon ou de leurs successeurs :
• 2. ... de toutes les sectes de philosophie, les plus considérées à Rome furent celle des stoïciens, qui parloient de la vertu, et celle de l'Académie, qui cherchoit de tous côtés, ne se fixoit que dans son incertitude, et n'affirmoit pas de vérité, de peur de soutenir une erreur.
L.-G. DE BONALD, Législation primitive, t. 1, 1802, p. 14.
• 3. Cicéron, en vrai représentant de l'école directement sortie de Platon, après vous avoir répété avec conviction les enseignements supérieurs de l'Académie primitive, finira par se fondre insensiblement dans l'Académie sceptique de Carnéade et d'Arcésilaüs.
P. LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 463.
II.— Compagnie d'écrivains, d'artistes, de savants; lieu où elle se réunit.
A.— Spéc. L'Académie française et les quatre autres académies forment l'Institut de France (Ac. des Inscriptions et Belles-Lettres, Ac. des Sciences, Ac. des Beaux-Arts, Ac. des Sciences morales et politiques) :
• 4. Quant à Voltaire, tout le monde a lu, dans son discours de réception à l'Académie françoise, ces mots remarquables : « Qui oseroit parmi nous entreprendre une traduction des Géorgiques de Virgile? »
J. DELILLE, L'Homme des champs, Préf., 1800, p. XXI.
• 5. L'Académie a un grand malheur, c'est d'être la seule corporation un peu durable qui n'ait jamais cessé d'être ridicule.
A. DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 18 déc. 1836, p. 1051.
• 6. L'Académie, après tout, a été une grande chose, et peut et doit le redevenir, grâce à tous les hommes de pensée et d'avenir dont je ne suis que le maréchal des logis, grâce aux vrais poëtes, grâce aux vrais écrivains, grâce à vous. Mon cher Alphonse Karr, vous serez de l'Académie un jour. Il y a là, même à cette heure, de grands talents et d'excellents esprits qui vous aiment et qui vous tendront la main; les académies, comme tout le reste, appartiennent à la nouvelle génération.
V. HUGO, Correspondance, 1841, p. 587.
• 7. Ceux-ci [les membres de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres] (...) jouent à l'Institut le rôle que le dicton populaire attribue à la cinquième roue d'un carrosse. Ils forment une académie; ils devraient être à peine une section d'académie :ils sont quarante, dix suffiraient. À proprement parler, cette académie n'a pas de physionomie propre. Littéraire, elle se confond avec l'Académie française; archéologique, elle confine à l'Académie des Beaux-Arts; scientifique, elle touche par quelques points, tels que la géographie et l'histoire, à l'Académie des Sciences et à celle des Sciences morales et politiques; ...
L. REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 283.
• 8. Ce n'est pas la religion que je défends, c'est l'Académie; c'est la raison, la philosophie, la distinction du bien et du mal, la loi morale, la liberté.
F.-A.-P. DUPANLOUP, Journal intime, 1863, p. 235.
• 9. ... elle s'était épanouie sous les regards admiratifs des membres de l'Académie française, des savants, des économistes des cinq classes de l'Institut.
J.-E. BLANCHE, Mes modèles, 1928, p. 103.
• 10. Seule une histoire à la Port-Royal pourrait réussir le portrait de l'Académie Richelieu, mêlée à la durée historique de la littérature française. Mais une « histoire » de l'Académie Goncourt, cela paraîtrait évidemment fort mince, ou bien fort lourd.
A. THIBAUDET, Réflexions sur la littérature, 1938, p. 241.
Rem. Le mot académie, empl. sans adj. ni compl., désigne l'Académie française (ex. 5; elle est parfois appelée Académie Richelieu, cf. ex. 10).
B.— P. anal. Toute société dont les membres s'occupent de lettres, d'arts, de sciences ou de quelque autre spécialité :
• 11. Je croyais de bonne foi être le premier qui eût conçu, de nos jours, l'idée de l'académie des gastronomes; mais je crains bien d'avoir été devancé, comme cela arrive quelquefois.
J.-A. BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût, 1825, p. 388.
• 12. Comprenant quelle relation intime unit la poésie mesurée et la musique vocale, il avait établi dans sa maison de plaisance au faubourg Saint-Marceau une académie de beaux-esprits et de musiciens, dont l'objet principal était de mesurer les sons élémentaires de la langue.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Tableau hist. et crit. de la poésie française et du théâtre français au XVIe siècle, 1828, p. 82.
• 13. Quant aux souvenirs poétiques, Toulouse fut le foyer de la poésie du Moyen Âge; ce fut dans cette ville que fut établie la première cour d'amour, institution dont l'Académie des jeux floraux a tiré son origine.
M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1830, p. 33.
• 14. Alors les emplois ne seront plus donnés à l'intrigue et à la faveur, mais selon les diverses bosses de la tête. Ce sera le temps enfin où tout sera bien réglé dans la machine politique et sociale, lorsque chacun occupera la place et exercera la profession que lui assigneront ses bosses. En attendant cette heureuse époque, je me demande pourquoi l'Académie phrénologique ne se charge pas dès à présent, plutôt que l'Académie française, de décerner les prix de vertu. Ce serait épargner beaucoup de peine et d'enquêtes à MM. de l'Institut; car chaque individu vertueux a la bosse de sa vertu, et la vertu de sa bosse.
A. DE MUSSET, Revue des Deux Mondes, 30 août 1832, p. 637.
• 15. Pleins de goût et de feu, ces jeunes doctrinaires formaient une société d'une espèce rare, une académie à la fois savante, policée et enthousiaste.
M. BARRÈS, Les Diverses familles spirituelles de la France, 1917, p. 162.
Rem. 1. Les dict. encyclop. renseignent sur les nombreuses ac. existant en France et à l'étranger : Académie de médecine, de marine, d'apiculture, etc.; Académie Goncourt; Académie royale de Belgique, etc. 2. On observe dans plusieurs ex. un emploi iron. du mot académie (cf. ex. 5, 14). Cf. encore :
• 16. Si j'avais à écrire une histoire de France d'après-guerre, je ferais une place à part au « Bœuf sur le toit », sorte d'académie du snobisme qui donne en outre la clef d'une foule de liaisons, de contrats et de mouvements, tant littéraires que politiques ou sexuels.
L.-P. FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 49.
III.— ENSEIGNEMENT
A.— École supérieure.
1. Académie de dessin, de peinture, de danse, d'architecture. Nom donné à des écoles où un maître enseigne, selon ses méthodes propres, la pratique du dessin, de la peint., etc. :
• 17. Dans une toile énorme, où se voyaient trop clairement les habitudes récentes de l'académie de peinture, M. Papety avait néanmoins trouvé des poses heureuses et quelques motifs de composition; et malgré sa couleur d'éventail, il y avait tout lieu d'espérer pour l'auteur un avenir sérieux.
Ch. BAUDELAIRE, Salon de 1845, 1845, p. 55.
— P. méton. :
a) Représentation peinte ou dessinée d'un modèle nu, servant d'exercice dans les académies de dessin ou formant des études préparatoires à l'exécution de tableaux achevés :
• 18. ... si d'autres figures nues de la planche XLII [dans l'album Villard de Honnecourt] ne sont pas des académies d'après nature, je serais tenté d'y voir encore la copie arrangée de quelque bas-relief antique.
P. MÉRIMÉE, Études sur les arts au Moyen-Âge, 1870, p. 366.
b) Ce modèle :
• 19. — Un bon garçon, cet Alexandre, dit Claude (...) il est superbe, le gredin; je l'ai vu nu, et s'il voulait me poser des académies, en plein air...
É. ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, p. 621.
c) Fam. Corps, anatomie :
• 20. On peut ici satisfaire son goût pour l'académie humaine. Quantité de messieurs marchent complètement nus, ce qui fait détourner les yeux des Anglaises; ...
G. FLAUBERT, Correspondance, 1849, p. 135.
Rem. Arg. des écoles. Académie s'abrège parfois en aca pour désigner le dessin d'académie :
• 21. Le dessin d'académie est encore désigné par l'abréviation aca.
LÉVY-PINET 1894, p. 283.
2. a) Anc. Académie (d'équitation). Lieu où les jeunes gens apprenaient l'équitation et autres exercices du corps :
• 22. Vallombreuse n'était pas d'une force égale à celle de Sigognac; mais il avait, comme il convenait à un homme de sa qualité, fréquenté longtemps les académies, mouillé plus d'une chemise aux salles d'armes, et travaillé sous les meilleurs maîtres.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 419.
Rem. Cet emploi, vieilli au XIXe s., est utilisé ici par souci de « couleur locale ».
b) Académie nationale de musique. Opéra de Paris (siège d'une école de danse).
3. À l'étranger
a) Synon. de université (établissement d'enseign. supérieur) :
• 23. ... parmi celles qui sont instruites, vous en verrez qui sont professeurs dans les académies, et donnent des leçons publiquement en écharpe noire; ...
G. DE STAËL, Corinne, t. 1, 1807, p. 294.
b) Établissement privé d'éducation ou d'instruction :
• 24. ... les deux petites avaient été mises en pension à l'académie de jeune filles de Mrs Fenning à Clapham, et les élèves de Mrs Fenning connurent bientôt les beaux yeux, les chemises ouvertes et les boucles folles du frère d'Hellen Shelley.
A. MAUROIS, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, p. 56.
— P. méton. Grand concert :
• 25. Il est même question, en novembre 1819, d'organiser pour Noël une « académie », c'est-à-dire un grand concert, où l'on donnerait le Gloria de la Messe et « la nouvelle sonate », que Beethoven jouerait.
R. ROLLAND, Beethoven, Les Grandes époques créatrices, t. 1, 1903, p. 216.
Rem. Il s'agit d'un calque sém. de l'arg. scol. all. Akademie.
B.— En France, division territoriale et administrative de l'Université (au sens d'ensemble des établissements et des maîtres d'enseignement public de tous degrés), placée sous l'autorité d'un recteur :
• 26. Tout ce monde de républicains et de libéraux a l'air de professeurs : on se croirait à une soirée chez un recteur d'académie de province.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, fév. 1864, p. 17.
— Fam. Bureaux de l'Inspection académique (aller à l'-, etc.).
— Officier d'académie. Personne décorée des palmes académiques :
• 27. M. Armand Lebrun est à cause de cette publication, nommé par le ministre de l'Instruction publique : officier d'académie. Il y a lieu, devant cette consécration accordée par l'Université, de recommander encore une œuvre excellente, livre autant qu'album, à laquelle le public international avait déjà donné cette première des sanctions, le succès.
S. MALLARMÉ, La Dernière mode, 1874, p. 794.
Rem. Synon. mod. : chevalier des palmes académiques, 1er degré de cette distinction, précédant celui de l'officier d'Instruction publique.
IV.— Maison de jeu ou de plaisir :
• 28. Marchés, cabarets, académies de jeux fermés.
C. DESMOULINS, Le Vieux Cordelier, 1793, p. 260.
— Académie de billard :
• 29. Le restaurant (...), immense hall, plein de monde, de lumières et de bruit, était à la fois une taverne, un dancing, une académie de billard :on pouvait y passer la soirée dans la fumée des cigares, le cliquetis des billes et la langueur des valses.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, p. 1044.
— Argotique
a) Académie d'amour. Maison de prostitution (d'apr. A. BRUANT, L'Argot au XXe siècle, dict. français-argot, Suppl. 1905, p. 460).
b) ,,Cabaret où se réunissent les voleurs.`` (A. BRUANT, L'Argot au XXe siècle, dict. français-argot, Suppl. 1905, p. 460).
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[akademi] Enq. :/akademi/. 2. Dér. et composés : académicien, académifier, académique, académiquement, académisable, académisation académiser, académisme, académiste. 3. Hist. — Le mot apparaît sous sa forme actuelle avec un accent aigu au XVIe s. (cf. étymol.), il est attesté sous cette forme ds Ac. 1694, ds Trév. 1704, puis régulièrement à partir d'Ac. 1718. Au XVIe s., on rencontre également la forme academie, sans accent (cf. étymol. et ex. de F. de Sales ds GDF. Compl.), encore empl. comme vedette ds FUR. 1690, 1701 et ds RICH. 1710. Le mot entre dans la lang. au début du XVIe s. (cf. étymol.) sous la forme achademie (prob. hypercorrection pour un mot d'origine grecque.).
Étymol. ET HIST. — Corresp. rom. : esp. academia; port. académia; cat. acadèmia; ital. accademia; roum. academie.
I.— a) 1508-1517 « lieu où se tenait l'école de Platon » (FOSSETIER, Chron. Marg., ms. Brux. VIII, II, f° 25a ds GDF. Compl. : l'autel de Venus situé en achademie), 1532 p. anal. (mais non encore spécialisé au sens II) (RABELAIS, Pantagruel, ch. VI, éd. Verdun L. Saulnier, p. 32 : « Mon amy, dont viens-tu à ceste heure? » L'escholier luy respondit : « De l'alme, inclyte et célèbre académie que l'on vocite Lutèce. — Qu'est-ce à dire? dist Pantagruel à ung de ses gens. — C'est [respondit-il] de Paris ... »), attest. isolée; b) 1694 « les disciples de Platon » (Ac. s.v. :Il se prend aussi pour la secte même de ces Philosophes. L'Académie était d'opinion...).
II.— 1. [Idée d'« enseignement »; sup. sém. III et IV] ca 1535 synon. de Collège de France, fondé en 1530 (MAROT, Epitre au Roy, du temps de son exil à Ferrare [publ. en 1544] ds Œuvres, éd. P. Jannet I, p. 214 : Autant comme eulx, sans cause qui soit bonne, Me veult de mal l'ignorante Sorbonne : Bien ignorante elle est d'estre ennemye De la trilingue et noble academie Qu'as erigée); 1566 « établissement où l'on enseignait certaines disciplines » (Discours fantastique de Iustin Tonnellier composez en italien par J.-B. Gelli Academic. florentin et nouvellement traduits en françois par C[laude] D[e] K[erquifinen], Lyon, éd. 1575, 119 : on m'a conté ces iours ici de quelques ieunes hommes qui ont encommencé de dresser une escole en langue vulgaire qu'ils appellent Académie); p. ext. : a) 1630 académie des jeux « livre où l'on donne les règles de certains jeux (billard, cartes, etc.) » (CHAPELAIN, Les gueux ou la vie de Guzman d'Alfarache, III, 247 ds BRUNOT t. 6, p. 588); 1666 « maison de jeux, tripot » (Ordonnance ds Trév.) 1752 s.v. Académie :Voulons que les Ordonnances de Police pour chasser ceux chez lesquels se prend et consomme le tabac, qui tiennent Académie, brélans, jeux de hasard et autres lieux défendus, soient exécutées; b) 1671 « lieu où la noblesse apprenait l'équitation » (SÉV., 12 août ds DUB.-LAG. 1960 : [M. de Locmaria] a soixante mille livres de rente, et sort de l'académie) vieilli dans lexicogr. XIXe s.; 1694 « écoliers qui fréquentent une académie d'équitation » (Ac. s.v. : ... Ce jour-là un tel Escuyer fit monter toute son Académie à cheval); c) p. méton., à partir de « école de dessin », 1653 « exercice d'école dessiné d'apr. un modèle » terme de B.-A. (HILAIRE PADER, La Peinture parlante, p. 17 : Prens garde toutes-fois... que par l'anatomie Tels corps ne soient trop secs en ton académie. Note : Un académie. C'est une figure desseignée conformément au modèle qui est un homme que les peintres payent pour les servir en le despouillant tout nud et qu'ils mettent en acte c'est-à-dire en posture, d'où ledit Modelle ne doit bouger sans en advertir les escoliers qui desseignent dans l'Académie d'où leurs figures tirent leur nom) d'où p. ext. 1865 « le modèle lui-même » (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 22 mai 1865); 1849 « corps » « anatomie » terme fam. (G. FLAUBERT); d) 1808 terme dr. admin. « chaque circonscription des universités de France » (Décret du 17 mars 1808 ds DG); 2. [« Société savante »; sup. sém. II] 1570 « société constituée, formée de gens de lettres, de savants, d'artistes » date de fondation, à Paris, de l'Académie de poésie et de musique par Antoine Baïf et Thibaud de Courville (cf. Dict. des Lettres françaises du XVIe s., Paris, 1951, s.v.), 1573 « id. » (A. DE BAÏF, Euvres en rime, éd. Marty-Laveaux, II, 229, Poème dédié à Charles IX : Je di premier comment En vostre académie on euvre incessamment Pour, des Grecs & Latins imitant l'excellence, De vers & chants reglez decorer vostre France Avecque vostre nom); 1635 Académie française, fondée par Richelieu; 1835 Académie, emploi abs. : Ac. s.v. : (...) Il se dit quelquefois absolument de l'Académie française, Un discours de réception à l'Académie.
I empr. au lat. (< gr. ) « jardin consacré au héros aux alentours d'Athènes, où enseignait Platon » (dep. CICÉRON, De oratore, 11 ds TLL, 246, 1) [datation « 1508, BAÏF » (DAUZAT 1964) procède d'une confusion entre 1508, date des Chron. Marg., et la date de fondation de la première Académie par Antoine DE BAÏF 1570, voir sup.; 1508 ne peut être la date d'œuvres litt. de Lazare BAÏF (1496-1547) ni d'Antoine DE BAÏF (1532-1589)]. II empr. à l'ital. a(c)cademia (lui-même empr. au lat. , voir sup.); au sens de « lieu où enseignait Platon », dep. 1262-1347, Bartolomeo da S. Concordio ds BATT. t. 1 1961; au sens II 1 seulement à partir du XVIIe s. (Raim. Montecuccoli ds BATT. ibid.) mais localisation de l'attest. de 1540 (Ferrare) et modèle ital. (Giamb. Gelli) de celle de 1566 dénotent empr. à l'ital. Emploi comme terme de B.-A., malgré l'afflux de termes de peint. ital. au XVIIe s. (cf. BRUNOT t. 6, pp. 696-698) prob. non redevable à l'ital. où cet emploi n'est pas ant. à A.-M. SALVINI [entre 1662 et 1729], L'idea della perfezione della pittura di Rolando Freart tradotta ds TOMM.-BELL. 1929 [trad. de R. FRÉART DE CHANTELOU, L'Idée de la perfection de la peinture, 1662]; au sens II 2 dep. 1455 (Donato ACCIAIOLI ds MIGL.-DURO, 1965, 295), cf. XVIe s., MATTEO BANDELLO, Opere I, 155 ds BATT. ibid. :Ma se, come si spera, l'instituzione de l'academia succede, averà la lingua latina, la greca e la volgare il suo candore, e l'arti liberali si ridurrano a la loro antica maiestà. Noter floraison et influence des Académies ital. aux XVe-XVIe s. : 1427 Accad. Valdarnina; 1540 Accad. Fiorentina; 1459 Accad. Platonica; ca 1464 Accad. Romana o Pomponiana; 1582 Accad. della Crusca.
STAT. — Fréq. abs. litt. :2455. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 3 981, b) 4 691; XXe s. : a) 3 682; b) 2 314.
BBG. — BLANCHE 1857. — BOUILLET 1859. — CHABAT t. 1 1875. — DAINV. 1964, p. 224. — DUF. t. 1 1965. — Éd. 1913. — FRANCK 1875. — GOBLOT 1920. — Gramm. t. 1 1789. — GRUSS 1952. — LAL. 1968. — LAPLATTE (C.). Archaïsmes curieux. Académie, assigné, impéré. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 276. — LAVEDAN 1964. — LE CLÈRE 1960. — LEP. 1948. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — PISSOT 1803. — POL. 1868. — PRIVAT-FOC. 1870. — RÉAU-ROND. 1951. — WILL. 1831
académie [akademi] n. f.
ÉTYM. 1508, sens I., 1.; lat. Academia, emprunté au grec Akadêmia « jardin d'Akadêmos où Platon enseignait »; 1570, sens I., 2.; ital. accademia.
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1 Didact. Jardin du Grec Akadêmos, près d'Athènes, où enseignèrent Platon, Speusippe, Xénocrate. — Par ext. L'École platonicienne elle-même; sa doctrine. || Un philosophe de l'Académie. || Les enseignements de l'Académie.
2 Compagnie, société de gens de lettres, de savants, d'artistes. || Antoine de Baïf fonda la première académie de musique en 1570, sur le modèle des académies italiennes.
♦ L'Académie (pour l'Académie française). || Les membres de l'Académie (les Quarante). ⇒ Académicien, immortel. || Siège à l'Académie. ⇒ Fauteuil. || Être reçu à l'Académie. ⇒ Coupole (sous la). || Le secrétaire perpétuel de l'Académie. || Le dictionnaire de l'Académie.
REM. L'Académie des Beaux-Arts, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l'Académie des Sciences, l'Académie des Sciences morales et politiques, forment avec l'Académie française l'Institut de France.
1 J'ai ouï parler d'une espèce de tribunal qu'on appelle l'Académie française. Il n'y en a point de moins respecté dans le monde; car on dit qu'aussitôt qu'il a décidé, le peuple casse ses arrêts, et lui impose des lois qu'il est obligé de suivre.
Montesquieu, Lettres persanes, LXXIII.
2 Il serait honteux pour l'Académie que Voltaire en fût, et il lui sera quelque jour honteux qu'il n'en ait pas été.
Montesquieu, Des modernes, p. 623.
3 (…) la noblesse n'est pas de rigueur pour entrer à l'Académie; l'ignorance, bien prouvée, suffit.
P.-L. Courier, Pamphlets littéraires, Pl., p. 277.
4 En France, le dictionnaire de l'Académie fait toujours loi dans les discussions qui s'élèvent sur la propriété d'un mot, d'un terme ou d'une expression.
Stendhal, Racine et Shakespeare, éd. Martino, t. II, p. 59.
5 Les Académies n'aiment pas les camélias parfumés et exceptionnels. Elles aiment les camélias ordinaires, qui ne sentent rien, les vrais camélias.
Barbey d'Aurevilly, les Poètes, p. 369.
5.1 Académie : réunion de gens habiles et de gens influents. Ce n'est pas un brevet d'orgueil… ni de grandeur d'âme. On y trouve les plus naïfs des hommes de talent encadrés par les plus habiles des hommes sans talent.
Valéry, Cahiers, t. II, Pl., p. 1459.
♦ Par ext. Compagnie, société dont les membres s'occupent de lettres, d'arts, de sciences ou d'une autre spécialité. || L'Académie de médecine. || Académie nationale de musique (Opéra de Paris). || Une académie d'apiculture.
♦ Hist. || L'Académie des jeux floraux, à Toulouse.
6 L'Institut, livré aux médiocrités, laisse entière à l'Académie des Jeux Floraux la noble tâche d'encourager les jeunes talents.
Hugo, Lettre du 25 févr. 1822.
♦ Par ext. || Une académie de… : une société, une réunion de personnes qui favorise (une attitude, une activité).
7 Si j'avais à écrire une histoire de France d'après-guerre, je ferais une place à part au « Bœuf sur le Toit », sorte d'académie du snobisme qui donne en outre la clef d'une foule de liaisons, de contrats et de mouvements, tant littéraires que politiques ou sexuels.
Léon-Paul Fargue, le Piéton de Paris, p. 49.
3 (XVIe). École supérieure. || Académie de dessin, de peinture, d'architecture. || Les cours de l'académie de peinture.
♦ Vx. || Académie d'équitation, d'escrime : école où l'on apprenait l'équitation, l'escrime. — Absolt. || Les académies : les écoles où les jeunes gens de la noblesse s'exerçaient aux activités de leur état (arts de la guerre — escrime, équitation, etc. — et de la vie civile — danse). || Élève d'une académie. ⇒ Académiste.
7.1 Animé par l'éclat poli de l'acier, sentant la garde bien à la main, Sigognac se mit à tirer au mur, et vit qu'il n'avait rien oublié des leçons que Pierre, ancien prévôt de salle, lui donnait (…)
Ces exercices auxquels il s'était livré avec son vieux domestique, faute de pouvoir suivre les académies comme il eût été convenable pour un jeune gentilhomme, avaient développé sa force, corroboré ses muscles, augmenté sa souplesse naturelle.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, IX.
4 (1666). Vx. Maison de jeu, tripot. — ☑ Loc. mod. Académie de billard : établissement privé, salle de jeu réservée exclusivement à la pratique du billard.
5 (1808). Division territoriale de l'Université de France dirigée par un recteur, assisté des inspecteurs d'Académie (un par département) de son ressort.
♦ Aller à l'académie, aux bureaux de l'Inspection académique.
♦ Officier d'académie : naguère (jusqu'en 1956), Personne décorée des palmes académiques. || Mme X, inspectrice de l'enseignement primaire, officier d'académie. (On dit aujourd'hui : chevalier des palmes académiques).
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II (De I., 3. : académie de dessin, de peinture). Représentation dessinée ou peinte d'un modèle nu, qui n'entre pas dans la composition d'un tableau; étude de nu représentant le modèle entier. || Une académie à la sanguine, au fusain, à la mine d'argent. || Un lot d'académies mises aux enchères avec deux portraits à l'huile.
8 (…) Langibout s'arrêtait, étonné et souriant d'un détail exagéré ou forcé dans une académie bien dessinée (…)
Ed. et J. de Goncourt, Manette Salomon, p. 21.
♦ En compl. d'objet direct du v. poser (argot d'atelier). || Poser une académie : poser pour une académie.
9 Il est très amusant à la campagne; il fait des tours de force; puis, il est superbe, le gredin; je l'ai vu nu, et s'il voulait me poser des académies, en plein air (…)
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 32.
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DÉR. Académicien, académisable, académiser, académisme, académiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.