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vieilli

vieilli, ie [ vjeji ] adj.
XVIIe; de vieillir
1Demeuré longtemps (dans un état, un métier où on a acquis de l'expérience). « vieilli dans le sérail » (Courteline). « Des preux vieillis dans les alarmes » (Hugo).
2Marqué par l'âge. « vieilli plutôt que vieux » (A. Daudet). Je l'ai trouvé vieilli. Visage prématurément vieilli. défraîchi, flétri.
3Qui a perdu de sa force, de son intérêt, avec le temps. dépassé, suranné, usé. Formules vieillies. Mots, termes vieillis, qui tombent en désuétude, sans être absolument écartés de l'usage normal; plutôt compris qu'employés (vocabulaire passif).

vieilli, ie
adj.
d1./d Marqué par l'âge. Visage vieilli.
d2./d (Choses) Qui, avec le temps, a perdu de sa force; suranné, désuet. Idées vieillies.
Mot vieilli, qui est sorti de l'usage courant, mais qui est encore compris.

⇒VIEILLI, -IE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de vieillir.
II. — Adjectif
A. — [En parlant d'une pers.]
1. Qui est devenu vieux, qui a pris de l'âge. Comme les grands acteurs vieillis ont parfois la fantaisie de reparaître sur les planches, ainsi notre confrère Saint-Genest, qui avait pris sa retraite, vient de faire une apparition soudaine dans les colonnes du Figaro, théâtre de ses anciens exploits (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 84). La critique musicale (...) attribue à la surdité de Beethoven vieilli un prétendu manque d'égards pour la beauté d'effet harmonique (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 292).
2. Qui présente les marques physiques ou psychiques de l'âge. Un homme, vieilli plutôt que vieux, dégradé plutôt que courbé, d'aspect misérable et d'allure orgueilleuse, traversait la cour (HUGO, Rhin, 1842, p. 94). On le revit alors comme autrefois à travers la campagne, seul, poussant devant lui ses chiens, vieilli à peine et cependant méconnaissable (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1358).
— [En parlant d'une partie du corps] Qui a perdu de sa fraîcheur, de sa jeunesse. Synon. fané, flétri. Bouche, figure, physionomie vieillie; avoir un air vieilli. Ce diplomate représentait magnifiquement son pays, moins par sa laide figure et son corps vieilli que par ses belles manières (HAMP, Champagne, 1909, p. 194).
3. Qui est marqué prématurément par l'âge ou qui semble avoir vieilli en peu de temps de plusieurs années. Homme de quarante-cinq ans, petit, vieilli avant l'âge, le crâne tristement déplumé (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1277).
— [En parlant d'une partie du corps] De lourdes larmes coulaient maintenant sur ses joues, bien que son visage, soudain vieilli, n'exprimât plus le chagrin (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 795).
Vieilli de + nombres d'années. Sans doute que si l'affreuse situation où se trouvait Léon Rolland se fût prolongée de quelques heures encore, il fût revenu à lui les cheveux blancs et vieilli de dix années (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 184).
Empl. subst. Il faut (...) se garder de croire qu'il soit sans danger de confier aux vieillis et aux fatigués (...) les grands commandements civiques (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1277).
4. [Gén. sous la forme vieilli dans] Qui a passé de nombreuses années de sa vie dans un emploi, une situation, a acquis une longue expérience dans un domaine précis. Vieilli dans le métier, dans le sérail. Un beau matin, à l'auberge de la rue Dauphine, se présenta une sorte d'intendant ou majordome, d'aspect vénérable comme l'ont ces serviteurs vieillis dans la domesticité des grandes maisons (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 356).
Loc., vieilli. Vieilli sous le harnois (var. blanchi sous le harnais). C'était la chanteuse célèbre et vieillie sous le harnois (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 407).
5. Empl. attributifs
a) Être, paraître, sembler vieilli. Avoir (ou sembler) avoir subi physiquement et physiologiquement les effets du vieillissement. Il est fort vieilli depuis trois ou quatre ans. La partie inférieure de son visage se boursoufle comme cela est arrivé à Louis XVI et à Louis XVIII. Il a quelque chose de bienveillant dans la physionomie (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 107). J'ai passé l'âge où on peut recommencer sa vie. Je suis vieillie, vous savez (SARTRE, Nausée, 1938, p. 143).
b) Trouver qqn vieilli, se trouver, se sentir vieilli. Le, se trouver, se sentir marqué par les atteintes de l'âge et du temps. Je trouve tout le monde attristé et vieilli autour de moi (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 291). Je me sentais vieilli, diminué, déchu, taraudé d'une tristesse qui ressemblait à la peur (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 147).
6. DÉMOGR. [Corresp. à vieillissement 3 a] Population vieillie. Une population démographiquement « vieillie » consomme largement et montre une propension comparativement faible à la création et à l'effort (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 534).
B. — [En parlant d'un inanimé]
1. a) Qui a subi les atteintes du temps. Synon. défraîchi, délabré, flétri, ravagé, usé. Les yeux du baron, accoutumés au spectacle des choses vieillies, poussiéreuses, passées de ton et délabrées, n'étaient pas capables de discerner de pareilles vétilles (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 38). Des rideaux vieillis, mangés d'anciens soleils, pendaient du plafond (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 279).
b) Passé de mode. Synon. démodé, désuet, suranné. S'il portait par économie un habit de forme vieillie, il lui était désagréable qu'on s'avisât de le remarquer (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 138).
c) Qui n'a plus cours, qui est technologiquement dépassé. Synon. désuet, obsolète. Lorsque Grandidier (...) l'avait prise [l'usine], elle périclitait (...), s'attardant à la fabrication des petits moteurs, à l'aide d'un outillage vieilli (ZOLA, Paris, t. 1, 1897, p. 181).
Empl. subst. Les progrès économiques impliquent nécessairement les changements, les destructions du « vieilli » par le « nouveau » (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 434).
2. [En parlant d'un végét.] Qui est entré dans sa phase ultime de vieillissement avant la mort. Sur les fortes racines des chênes étaient couchés des chênes vieillis et tombés morts sur les fougères (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 36). Un bois vieilli est donc un bois dans lequel, par l'action du temps, les cellules vivantes ou les tissus de réserve ont été peu à peu vidés de leurs contenus protoplasmiques (CAMPREDON, Bois, 1948, p. 65).
3. Spéc. Qui a naturellement ou artificiellement vieilli avant d'être propre à l'emploi ou à la consommation.
a) SYLVIC. Bois, taillis vieilli. On l'installe [le sapin pectiné] généralement dans les taillis vieillis et éclaircis par une coupe préalable, c'est ce que l'on appelle la coupe d'abri (COCHET, Bois, 1963, p. 38).
b) ŒNOL. Vin vieilli, eau(-de-vie) vieillie. Dans les opérations de Cognac nature, on se garde bien d'employer des aromates étrangers, rien ne peut remplacer les petites eaux vieillies (REN. Vin 1962).
4. LITT., LING., BEAUX-ARTS
a) Qui est passé de mode, ne correspond plus aux goûts et aux aspirations d'un public (ou d'un lecteur) moderne. Brillant et suranné à la fois, vieilli et non pas antique, ce style ne ressemble pas mal à ces étoffes que portaient les petits-maîtres du temps passé (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 91). Marguerite était poète; elle rimait des mystères et des farces, dans le goût, un peu vieilli (...) d'Alain Chartier (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p. 21).
b) Qui est tombé en désuétude, est sorti de l'usage. Synon. archaïque, vieux. Locution vieillie. Je n'ai pas traduit les mots vieillis ou désuets (...) [dans le Microcosme de Scève] (LARBAUD, Vice impuni, 1941, p. 104).
Absol. [Dans un ouvrage lexicogr.] Indicateur stylistique signifiant qu'un mot, une locution ne s'emploie plus guère dans la langue usuelle. Au niveau de la microstructure, si la mention vieilli fait défaut, la description est alors peu nuancée, et gênante pour le thème (ex. (...), faire la bamboula (...) est vieilli) (J. REY-DEBOVE, Ét. ling. et sémiot. des dict. fr. contemp., 1971, p. 100).
5. [En parlant d'un usage, d'un courant d'idées, etc.] Qui a perdu avec le temps son caractère d'actualité, son intérêt, sa crédibilité. Synon. décadent, désuet, suranné. Coutume vieillie. Ces principes vieillis; elles considèrent la propriété comme appartenant, non plus à la gens, mais à l'individu (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 403). Robespierre était un homme d'exécution, et quelquefois, dans les crises finales des sociétés vieillies, exécution signifie extermination (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 179).
Prononc. et Orth.:[vjeji], [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér.:1 023. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 141, b) 1 428; XXe s.: a) 1 809, b) 1 523.

Encyclopédie Universelle. 2012.