BELGIQUE
AVEC une surface de 30 513 kilomètres carrés et une population de 9 979 000 habitants, la Belgique est l’un des pays les plus petits d’Europe; c’est aussi l’un des pays dont la population est le plus dense. Sa dimension plutôt réduite explique le fait que la Belgique se tourne vers une coopération économique internationale, notamment avec la fondation de l’Union économique belgo-luxembourgeoise (1921), du Benelux (1944), et l’adhésion à la C.E.C.A. (1952) et à la C.E.E. (1957).
Bien qu’elle ne dispose elle-même que de peu de richesses naturelles, la Belgique est un pays hautement industrialisé, surtout grâce à sa situation favorable au cœur du marché européen; elle est facilement accessible à partir de la mer, possède une infrastructure intérieure bien développée et une productivité élevée.
La Belgique est un État jeune dans un pays vieux. Le royaume des Belges ne fut fondé qu’en 1830, mais il y a deux mille ans déjà le général romain Jules César disait des «Belgae» qu’ils étaient les plus braves des Gaulois.
Sans suivre les traces d’historiens modernes tels que Henri Pirenne, pour qui l’État belge constitue la phase finale d’un processus commencé avec les Celtes, on ne peut nier une certaine continuité. Ce sont surtout les deux siècles précédant l’obtention de l’indépendance qui ont fortement contribué à la formation de l’identité et de la tradition belges. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Pays-Bas méridionaux se confondaient à 80 p. 100 avec le territoire actuel de la Belgique, les 20 p. 100 restants étant constitués par l’évêché de Liège. Ils firent ensuite partie de l’État français (1795-1814), puis, depuis 1814, du royaume uni des Pays-Bas, dont ils se séparèrent en 1830.
La nouveauté en 1830 n’était donc pas tellement la naissance d’une communauté politique, mais plutôt la conception d’un État unitaire: les principautés qui pendant des siècles avaient eu leurs propres gouvernement, langue et lois, furent gouvernés alors par un seul Parlement et un seul gouvernement, avec une seule langue officielle (le français) et les mêmes lois.
Un siècle et demi plus tard, cet État unitaire a été «dépassé par les événements», selon les paroles du Premier ministre d’alors, Gaston Eyskens, en 1970. La vie politique commune des Flamands et des Wallons s’est révélée extrêmement difficile, sinon impossible.
À partir de 1970, le monde politique a investi beaucoup de temps et d’énergie dans une réforme profonde des structures de l’État. Par le biais de trois révisions de la Constitution (1970, 1980 et 1988), la Belgique, État unitaire, est devenue un État fédéral, dans lequel deux grandes communautés (la flamande et la française) et trois régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles) acquièrent une large autonomie, avec des compétences, des institutions politiques et des moyens financiers propres, et dont on espère qu’il formera un nouveau modèle de coexistence pacifique.
Bien que les deux communautés qui composent la Belgique aient vécu pendant des siècles à l’intérieur d’un même État, elles sont restées distinctes. La frontière linguistique qui traverse le territoire actuel de la Belgique prit forme au Ve siècle et s’est maintenue depuis. Du point de vue culturel, aucun lien de dépendance mutuelle ne s’est jamais créé, pas plus qu’une fusion entre les deux communautés nationales. Il n’est pas possible de parler d’une culture belge, mais de trois sphères culturelles différentes: une culture flamande, avec une riche tradition qui remonte au Moyen Âge; une culture wallonne, qui se limite principalement à une littérature dialectale; une culture franco-belge qui est nourrie et favorisée par des Wallons, des Bruxellois francophones et par des Flamands francisés – fortement tournée vers la France.
Cependant, l’absence d’une culture belge n’empêche pas que, dans des domaines tels que les loisirs, les sports et les coutumes, la frontière linguistique puisse s’estomper et que les frontières nationales belges prennent une véritable signification.
Belgique
(Gaule). V. Gaule Belgique.
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Belgique
(royaume de) état fédéral de l'Europe occid., sur la mer du Nord, entre les Pays-Bas, l'Allemagne, le Luxembourg et la France. V. carte et dossier Belgique, p. 1380.
⇒BELGIQUE, adj.
Vx. Belge.
A.— GÉOGR., HIST. Nos provinces belgiques (Édit de l'empereur Joseph II, 12 mars 1787 dans Ordonnances des Pays-Bas, 3e série, t. 13, p. 20); l'insurrection belgique (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 369); la noblesse belgique (Ch. DE COSTER, La Légende (...) d'Ulenspiegel, 1867, liv. II, 20, Bruxelles, éd. J. Hanse, 1966, p. 218). Lion belgique. Lion des armes de la Belgique. Voici des forts ... avec des lions belgiques de pierre à l'entrée (VERLAINE, Quinze jours en Hollande, 1893, p. 211).
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. belgiquois, adj. masc. Synon. péj. de belge. ... 500 francs sur lesquels tu paieras cet impôt belgiquois, qui me paraît excessif... (HUGO, Correspondance [à son fils Victor], mai 1868, p. 121).
B.— LING. Langages belgiques (M. Piron ds Vie Lang., nov. 1953, n° 20, p. 485).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1583 adj. belgic, latinisme d'aut. (Le Chevalier d'Agneaux, trad. de Virgile, 36b d'apr. Vaganay dans Z. rom. Philol., t. 28, p. 586 : D'un col franc il se pourra soumettre Au chariot Belgic [belgica esseda]); 1671 id. belgique (POMEY : Belgique, qui est de Flandres); 1693 hérald. au fig. pour désigner la Belgique lion belgique (BOILEAU, Ode sur la prise de Namur, v. 58); 1752 « qui appartient aux Belges, qui concerne les Belges » (Trév. : les plaines belgiques); 1838 « id. » (Ac. Compl. 1842 : En ce sens, il vieillit; on dit plus ordinairement Belge), absent des dict. apr. Lar. 20e.
Empr. sav. au lat. de la Renaissance belgicus (maintenu dans l'expr. hérald. leo belgicus), appliqué aux Pays-Bas du Sud, continuation du lat. class. belgicus (v. supra et PLINE, Nat., 15, 103 dans TLL s.v., 1803, 37). Emploi officiel évincé apr. l'indépendance de la Belgique (1830) par l'adj. belge.
belgique [bɛlʒik] adj.
ÉTYM. 1583, belgic; belgique, 1671; lat. belgicus, de belga « belge ».
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♦ Vx (évincé par belge) ou hist. De la région historique (Pays-Bas du Sud) devenue la Belgique. || Les provinces belgiques.
REM. L'adj. a peu à peu disparu après l'indépendance de la Belgique (1830), sauf dans des emplois évoquant la Belgique antique (romane) ou l'histoire de la région avant l'indépendance.
Encyclopédie Universelle. 2012.