jeune [ ʒɶn ] adj. et n. I ♦ Adj. Peu avancé en âge.
1 ♦ (Personnes) Qui est dans la jeunesse. Être jeune, tout jeune, encore jeune. Il est bien jeune. ⇒ jeunet, jeunot. « Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées, La valeur n'attend pas le nombre des années » (P. Corneille). Le plus jeune des deux; le plus jeune et l'aîné. ⇒ benjamin, cadet. Être encore jeune. N'être plus jeune, plus très jeune, plus tout jeune. Ils se sont mariés jeunes. Mourir jeune. — Jeune enfant. Jeune femme, jeune fille, jeune homme, jeunes gens, jeune personne. Ce n'est plus un jeune homme, c'est un homme jeune. Jeune premier. Un jeune cadre dynamique. Un jeune patron. Être jeune et beau. Jeune et jolie. « Tu entreras jeune, rose, frais, avec tes yeux brillants et toutes tes dents blanches, et ta belle chevelure d'adolescent, tu sortiras cassé, courbé, ridé, édenté, horrible, en cheveux blancs » (Hugo). — Loc. Faire jeune, plus jeune que son âge. Ils font jeunes, ou advt jeune.
♢ Par ext. Formé de personnes jeunes. Jeune génération. Jeunes Turcs. Clientèle jeune. S'adresser à un public très jeune. Démogr. Population jeune.
2 ♦ (Animaux) Jeune chat, jeune chien. Gaieté de jeune animal. — Faire le jeune chien. Jeune loup. — (Plantes) Chaussée plantée de jeunes trembles. Une jeune pousse.
3 ♦ (Choses) Nouveau, récent. Un pays jeune. Une industrie jeune. Cette eau-de-vie est trop jeune.
4 ♦ Qui a les caractères physiques, moraux d'une personne peu avancée en âge (en parlant de gens de tous âges). Soyez jeune ! Restez jeune ! ⇒ vert. Il est toujours jeune. — Être jeune de corps, de visage, de cœur, de caractère, d'esprit.
5 ♦ ( XVe) Qui a la crédulité, l'ingénuité de la jeunesse. ⇒ naïf. « nous étions donc si jeunes, tellement faciles à tromper ! » (Michelet).
6 ♦ (Avec un nom désignant une période) Qui appartient aux personnes peu avancées en âge. Jeune âge. Dans mon jeune temps. ⇒ jeunesse. Poét. Nos jeunes années.
7 ♦ (Apr. le nom) Qui présente les caractères de la jeunesse. Allure jeune. Corps, visage jeune. Avoir le cœur jeune, toujours jeune. ⇒ juvénile.
♢ Qui convient, sied à la jeunesse. Le bleu, le blanc, couleurs jeunes. Une coiffure jeune. Une mode jeune. Adv. S'habiller jeune : s'habiller comme les personnes jeunes. Fam. Ça fait trop jeune pour lui.
8 ♦ Qui est relativement moins âgé que la plupart des personnes de même état. Un jeune ministre, un jeune général. Ses parents sont très jeunes.
9 ♦ (1690) Qui est né après. — (Opposé à aîné) ⇒ cadet, junior. « Fromont jeune et Risler aîné », d'Alphonse Daudet. — (Opposé à père, ancêtre) ⇒ fils. Dupont jeune. Subst. Pline le Jeune et Pline l'Ancien.
10 ♦ Qui est nouveau (dans un état, une occupation). Jeunes mariés : personnes récemment mariées. — Fam. Être jeune dans le métier, l'exercer depuis peu de temps. ⇒ inexpérimenté, novice.
11 ♦ (1690) Fam. Qui est juste, insuffisant. ⇒ 1. court. Cent francs ! c'est un peu jeune. ⇒ 1. maigre. C'est un peu jeune comme raisonnement. ⇒ léger.
II ♦ N.
1 ♦ Personne jeune. Les jeunes. ⇒ adolescent, jeunesse (cf. Jeunes gens). Tous, les jeunes, comme les vieux. Place aux jeunes ! Les jeunes d'aujourd'hui. L'idéalisme des jeunes. Une bande de jeunes. Maison des jeunes et de la culture (M. J. C.). Le vote des jeunes. Film, émission pour les jeunes. « les jeunes ont des façons brusques, mais souvent le cœur modeste » (Montherlant).
3 ♦ (Neutre) Fam. Un coup de jeune : rajeunissement subit.
⊗ CONTR. Âgé, doyen, vieux. Caduc. Aîné; père; ancien. — Vieillard, vieux (subst.).
● jeune adjectif (latin populaire jovenis, du latin classique juvenis) Qui est peu avancé en âge : Avoir de jeunes enfants. Rechercher les jeunes talents. S'emploie pour comparer les âges respectifs de deux personnes ou pour distinguer deux homonymes (notamment des personnages historiques) d'âge ou de génération différents (par opposition à aîné, père, ancien) : Elle est plus jeune que lui. Qui présente certains caractères de la jeunesse (vigueur, fraîcheur, spontanéité, etc.), ou qui les manifeste : Être jeune de caractère. Faire de l'exercice, pour rester jeune. Qui est moins âgé que la moyenne des membres de la même profession, du même état : Un jeune chercheur. Qui est débutant dans une carrière, un métier. Qui est composé de personnes peu âgées : Une population jeune. La jeune génération. Qui convient surtout à la jeunesse ou qui en donne l'aspect : Une coiffure jeune. Couleurs jeunes. Qui n'a pas achevé sa croissance : Jeune chat. Allée plantée de jeunes platanes. Qui existe depuis peu de temps : L'informatique est une discipline encore jeune. Aimer les vins jeunes. Familier. Qui est à peine suffisant en quantité : Une semaine pour faire ce travail, c'est un peu jeune. ● jeune (citations) adjectif (latin populaire jovenis, du latin classique juvenis) Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 Mon Dieu, comme le monde est encore jeune et beau ! Préface à la traduction française de « Michael Kolhaas » Éditeurs français réunis Alexandre Arnoux Digne 1884-Paris 1973 Ne vieillis que dans la plus faible mesure. Il s'agit de mourir jeune. Études et Caprices Albin Michel Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Les vieillards sont assez enclins à doter de leurs chagrins l'avenir des jeunes gens. La Femme de trente ans Théodore de Banville Moulins 1823-Paris 1891 Vous en qui je salue une nouvelle aurore, […] Jeunes hommes des temps qui ne sont pas encore… Les Cariatides Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 La jeune fille, ce qu'elle est en réalité. Une petite sotte et une petite salope ; la plus grande imbécillité unie à la plus grande dépravation. Mon cœur mis à nu Georges Moinaux, dit Georges Courteline Tours 1858-Paris 1929 J'étais né pour rester jeune, et j'ai eu l'avantage de m'en apercevoir, le jour où j'ai cessé de l'être. La Philosophie de G. Courteline Flammarion Fernand Crommelynck Paris 1886-Saint-Germain-en-Laye 1970 Fragments épars d'un jeu de patience pour longues soirées, la jeune fille n'est pas rassemblée. Une femme qui a le cœur trop petit Le Seuil Henri Duvernois 1875-1937 L'âge où l'on se décide à être jeune importe peu. La Brebis galeuse Flammarion Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais, dans l'œil du vieillard, on voit de la lumière. La Légende des siècles, Booz endormi Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme, Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand. La Légende des siècles, Booz endormi Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Hélas ! que j'en ai vu mourir, de jeunes filles. Les Orientales, Fantômes Joseph Joubert Montignac, Corrèze, 1754-Villeneuve-sur-Yonne 1824 Un jeune homme méfiant est en danger d'être un jour fourbe. Carnets Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 C'est un malheur qu'il y a trop peu d'intervalle entre le temps où l'on est trop jeune, et le temps où l'on est trop vieux. Mes pensées Henry Millon de Montherlant Paris 1895-Paris 1972 Académie française, 1960 Les jeunes gens n'ont pas besoin de maîtres à penser, mais de maîtres à se conduire. Carnets Gallimard Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 C'était une jeune fille d'aujourd'hui, c'est-à-dire, à peu près, un jeune homme d'hier. L'Europe galante Grasset Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 C'était une jeune fille d'aujourd'hui, c'est-à-dire, à peu près, un jeune homme d'hier. L'Europe galante Grasset Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d'un jeune homme. Réflexions et Maximes Nicole Vedrès 1911-1965 Ce mot de « jeune », c'est un mot de vieux. Paris, 6e Le Seuil Properce, en latin Sextus Aurelius Propertius Ombrie vers 47-vers 16 avant J.-C. Pour plaire à un seul homme, une jeune fille est toujours assez parée. Uni si qua placet, culta puella sat est. Élégies, I, 2, 26 Aleksandr Sergueïevitch Griboïedov Moscou 1795-Téhéran 1829 Ô mon Dieu, comme il est difficile d'être le père d'une jeune fille. Le Malheur d'avoir trop d'esprit, I, 10 Giovanni Papini Florence 1881-Florence 1956 Chaque génération a un message divin à apporter à la cité des hommes, et chaque jeune homme est, dans ce sens, un ange, même s'il est rebelle ou déchu. Mais ce message reste presque toujours énigme et musique, sans pouvoir féconder la réalité de la terre. Ogni generazione ha un messaggio divino da portare alla città degli uomini e ogni giovane è, in questo senso, un angelo, sia pur ribelle o caduto. Ma questo messaggio rimane quasi sempre enigma e musica, senza poter fecondare la concretezza della terra. Le Sac de l'ogre Aleksandr Sergueïevitch Pouchkine Moscou 1799-Saint-Pétersbourg 1837 Heureux celui qui fut jeune en son jeune âge, heureux celui qui sut mûrir à temps. Eugène Onéguine, VIII, 10 Jonathan Swift Dublin 1667-Dublin 1745 Nul homme sage ne souhaita jamais être plus jeune. No wise man ever wished to be younger. Thoughts on Various Subjects ● jeune (difficultés) adjectif (latin populaire jovenis, du latin classique juvenis) Registre Le pluriel jeunes est aujourd’hui admis pour désigner des jeunes gens ou des jeunes filles et, collectivement, la jeunesse : une bande de jeunes ; tarifs préférentiels pour les jeunes ; ce que veulent les jeunes... Le singulier un jeune, une jeune pour désigner un jeune homme ou une jeune fille est courant dans l’expression orale relâchée : ils ont engagé un jeune ; elle a été remplacée par une jeune. Recommandation Dans l’expression soignée, en particulier à l’écrit, préférer un jeune homme, une jeune fille ou une personne jeune. L’emploi substantif de jeune est admis dans tous les registres pour désigner de jeunes animaux : après l’éclosion, le mâle et la femelle se relaient pour nourrir les jeunes. Une biche et un jeune. Emploi 1. Jeune homme / homme jeune. Un jeune homme est un adolescent ou un très jeune adulte (jusqu’à vingt-cinq ans environ). Jeune homme implique souvent, mais non nécessairement, que la personne ainsi désignée n’est ni mariée ni engagée dans la vie active. Passé l’âge de vingt-cinq à trente ans, un homme n’est plus guère appelé un jeune homme : on dit plutôt qu’il s’agit d’un homme jeune. Jeune fille / jeune femme. Les mêmes nuances s’appliquent, en gros, à jeune fille et jeune femme. Néanmoins, les usages de courtoisie commandant, pour un homme, de ne pas paraître remarquer l’âge d’une femme, il n’est pas rare d’entendre appeler jeune fille une femme célibataire jusqu’à trente ans et même un peu au-delà. En revanche, une femme mariée, même beaucoup plus jeune, n’est pas appelée une jeune fille. 2. Jeune homme employé comme appellatif. Jeune homme peut être employé comme appellatif lorsque l’on s’adresse à un homme jeune : vous désirez, jeune homme ? Par ici, jeune homme. (Bien que correct, cet appellatif est moins courtois que monsieur.) En revanche, un tel emploi n’est pas possible pour jeune fille, sauf par plaisanterie. ● jeune (expressions) adjectif (latin populaire jovenis, du latin classique juvenis) Familier. Dans mon jeune temps, quand j'étais jeune. Être jeune dans le métier, manquer d'expérience. Jeune femme, femme encore jeune. Jeune fille, adolescente ou fille non mariée. Jeune homme, adolescent ou homme jeune et non marié. Jeunes gens, sert de pluriel à jeune homme, ou désigne un groupe de garçons et de filles dans l'adolescence ou de jeunes adultes. Jeunes mariés, jeune ménage, couple qui s'est marié depuis peu. Les jeunes années, le temps de la jeunesse. ● jeune (synonymes) adjectif (latin populaire jovenis, du latin classique juvenis) Qui est peu avancé en âge
Synonymes :
- jeunet (familier)
Contraires :
- chevronné
- décrépit
- gâteux
- ramolli
- sénile
Qui présente certains caractères de la jeunesse (vigueur, fraîcheur, spontanéité...
Synonymes :
- juvénile
Qui est débutant dans une carrière, un métier.
Synonymes :
- candide
- crédule
- inexpérimenté
- naïf
- novice
- profane
Contraires :
- éprouvé
- expérimenté
Qui est composé de personnes peu âgées
Contraires :
- âgé
- vieux
Qui n'a pas achevé sa croissance
Contraires :
- vieux
Qui existe depuis peu de temps
Synonymes :
- frais
- nouveau
- vert
Familier. Qui est à peine suffisant en quantité
Synonymes :
- juste
- maigre
- mesquin
- pauvre
Contraires :
- correct
● jeune
nom
Personne qui est dans la jeunesse, qui appartient à la jeune génération (surtout au pluriel, pour désigner collectivement la jeunesse) : L'intransigeance des jeunes.
Animal qui n'est pas encore adulte : Race de chiens dont les jeunes sont fragiles.
● jeune
adverbe
S'habiller, se coiffer jeune, à la manière des personnes jeunes ou de manière à paraître jeune, plus jeune.
● jeune (citations)
nom
Jacques Bainville
Vincennes 1879-Paris 1936
Académie française, 1935
Les vieux se répètent et les jeunes n'ont rien à dire. L'ennui est réciproque.
Lectures
Fayard
Boris Vian
Ville-d'Avray 1920-Paris 1959
C'est les jeunes qui se souviennent. Les vieux, ils oublient tout.
Les Bâtisseurs d'empire
L'Arche
● jeune (difficultés)
nom
Registre
Le pluriel jeunes est aujourd’hui admis pour désigner des jeunes gens ou des jeunes filles et, collectivement, la jeunesse : une bande de jeunes ; tarifs préférentiels pour les jeunes ; ce que veulent les jeunes...
Le singulier un jeune, une jeune pour désigner un jeune homme ou une jeune fille est courant dans l’expression orale relâchée : ils ont engagé un jeune ; elle a été remplacée par une jeune.
Recommandation Dans l’expression soignée, en particulier à l’écrit, préférer un jeune homme, une jeune fille ou une personne jeune.
L’emploi substantif de jeune est admis dans tous les registres pour désigner de jeunes animaux : après l’éclosion, le mâle et la femelle se relaient pour nourrir les jeunes. Une biche et un jeune.
Emploi
1. Jeune homme / homme jeune. Un jeune homme est un adolescent ou un très jeune adulte (jusqu’à vingt-cinq ans environ). Jeune homme implique souvent, mais non nécessairement, que la personne ainsi désignée n’est ni mariée ni engagée dans la vie active. Passé l’âge de vingt-cinq à trente ans, un homme n’est plus guère appelé un jeune homme : on dit plutôt qu’il s’agit d’un homme jeune.
Jeune fille / jeune femme. Les mêmes nuances s’appliquent, en gros, à jeune fille et jeune femme. Néanmoins, les usages de courtoisie commandant, pour un homme, de ne pas paraître remarquer l’âge d’une femme, il n’est pas rare d’entendre appeler jeune fille une femme célibataire jusqu’à trente ans et même un peu au-delà. En revanche, une femme mariée, même beaucoup plus jeune, n’est pas appelée une jeune fille.
2. Jeune homme employé comme appellatif. Jeune homme peut être employé comme appellatif lorsque l’on s’adresse à un homme jeune : vous désirez, jeune homme ? Par ici, jeune homme. (Bien que correct, cet appellatif est moins courtois que monsieur.) En revanche, un tel emploi n’est pas possible pour jeune fille, sauf par plaisanterie.
● jeune (homonymes)
nom
jeûne
nom masculin
● jeune (synonymes)
nom
Personne qui est dans la jeunesse, qui appartient à la...
Synonymes :
- jeunesse
Contraires :
- adulte
- aîné
- ancien
- vieux
● jeune (expressions)
adverbe
S'habiller, se coiffer jeune, à la manière des personnes jeunes ou de manière à paraître jeune, plus jeune.
jeune
adj. et n.
rI./r adj.
d1./d Qui n'est pas avancé en âge. Un jeune homme. Le jeune âge.
d2./d Par opposition à aîné et à ancien. "Fromont jeune et Risler aîné", d'A. Daudet (1874). Pline le Jeune.
d3./d Propre à la jeunesse. De jeunes ardeurs. Garder le coeur jeune.
d4./d Qui est composé de jeunes gens, de jeunes filles. Un public jeune.
d5./d Qui n'a pas beaucoup d'ancienneté. Il est bien jeune dans le métier.
d6./d (En parlant des animaux, des plantes, des choses.) Peu âgé, récent, nouveau. Un jeune chien. Un jeune chêne. Vin jeune.
d7./d THEAT Jeune premier, jeune première: comédien, comédienne jouant des rôles importants (premiers rôles) de jeunes gens.
rII./r n. Personne jeune. être entouré de jeunes. (L'emploi du Sing. un jeune, une jeune, très courant de nos jours, a été critiqué par certains puristes.)
⇒JEUNE, adj., adv. et subst.
I. — Adjectif
Rem. Jeune, dans l'emploi épithète, lorsqu'il n'est pas modifié par un adverbe, qu'il ne fait pas partie d'une énumération et qu'il n'a pas de valeur contrastive, est gén. antéposé dans l'acception A et postposé dans l'acception B.
A. — [Prédicat relatif à l'âge de qqn ou de qqc.]
1. [En parlant d'une pers.]
a) [Qualifiant un subst. désignant l'individu]
) Qui est peu avancé en âge. Anton. âgé, vieux.
— [S'emploie pour indiquer l'âge d'une pers. relativement à la durée de la vie humaine ou à la période de la vie indiquée par le subst. qualifié] Jeune adolescent, adulte, enfant, gars; foyer de jeunes travailleurs. Trouvé M. Mac Nemara (...). Grand gros jeune médecin, la figure rouge, très affectueux (MICHELET, Journal, 1834, p. 135). Les dames sont rentrées; les jeunes ladies ont valsé au piano devant le roi (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 111). Messieurs (...). Vous êtes mes patrons. Je vous ai connus tout jeunes. J'ai été au service de votre père (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, I, 8, p. 5) :
• 1. Le comte n'était plus jeune; il avait quarante ans au moins, et cependant on comprenait à merveille qu'il était fait pour l'emporter sur les jeunes gens avec lesquels il se trouverait.
DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 526.
♦ En partic. [Jeune antéposé forme avec un certain nombre de subst. des loc. subst. désignant une pers. à un moment de sa vie] Jeune femme, fille, garçon, homme, personne; jeunes gens.
[Jeune postposé qualifie les subst. entrant dans les loc. supra] C'est encore un homme jeune, mais ce n'est plus un jeune homme (AUGIER, Effrontés, 1861, IV, p. 395). En vérité, c'était bien cela seul dont j'avais besoin. Que d'elle, et que de chaque femme jeune de cette ville j'obtienne un oui (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 616).
♦ [Qualifiant un nom propre; antéposé ou postposé] (Telle personne) quand elle était jeune. Il ressemblait aux rois d'Espagne des portraits célèbres, qui ressemblent tous à Charles-Quint jeune (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 534). La guerre contre Arezzo, où combattit sans éclat le jeune Dante (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 215).
♦ Fam. Ne pas faire (qqn) jeune; se faire moins jeune. Ne pas rajeunir, vieillir. Ces temps sont loin de nous! C'est pourtant vrai, nous vieillissons... Quels souvenirs tu nous rappelles, Hâan, quels souvenirs! Tout cela ne nous fait pas jeunes (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 92). Nous nous accordions (...) selon l'usage éternel des personnes qui se font moins jeunes, dans le regret des jours consumés (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 11).
♦ (Il faut) (en) profiter quand on est jeune. Jamais elle n'avait senti si profondément la force de son sexe. (...) elle dit d'un air de grave philosophie : — Ah bien! on a tout de même joliment raison de profiter quand on est jeune! (ZOLA, Nana, 1880, p. 1375).
— [S'emploie pour indiquer l'âge d'une pers. relativement à l'âge gén. attaché à l'activité, l'état, l'événement désigné par le subst. qualifié ou évoqué dans la phrase] Jeune chercheur, écrivain, médecin; mourir jeune; être trop jeune, un peu jeune pour faire qqc. Ses deux enfants éblouissants de santé témoignaient qu'elle était une jeune matrone accomplie (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 449) :
• 2. ... cela lui permet, à lui, jeune ministre de trente-cinq ans, d'être assis sans ridicule, sans que nous nous révoltions, à la droite d'un de nos maîtres qui a plus de soixante-dix ans et qui seulement à cet âge est mis à sa place, au premier rang.
RENARD, Journal, 1895, p. 267.
) [S'emploie pour indiquer l'âge relatif d'une pers. par rapport à l'âge d'une ou plusieurs autres pers.] Moins âgé. Anton. âgé, vieux. J'écrivis à peu près le même discours à un ami plus jeune que moi de quelques années (ALAIN, Propos, 1921, p. 294). Elle a trois sœurs plus jeunes et un grand frère (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 10).
— En partic. [S'emploie antéposé ou postposé avec un patronyme pour distinguer des pers. d'âge différent; correspond à infra III A 2] Monsieur Poiret jeune, pour le distinguer de son frère Poiret l'aîné (...) avait trente ans de service (BALZAC, Employés, 1837, p. 111).
Synon. de fils, fille (de). Mme Charpentier, parlant d'un mariage entre le jeune Daudet et la jeune Hugo (GONCOURT, Journal, 1888, p. 785).
) [Qualifiant un subst. désignant une pers. par son activité, son état] Qui est (quelque chose) depuis peu de temps. Jeunes mariés. Ils se croyaient là dans leur maison particulière, et devant y vivre jusqu'à la mort, comme deux éternels jeunes époux (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 114).
— [Constr. avec un compl. prép. de, dans (fam.), spécifiant l'état, l'activité] Il est trop jeune dans le métier. M. de Viel-Castel et la direction commerciale ont demandé la croix pour moi. Le président a refusé disant que j'étais trop jeune de service (GOBINEAU, Corresp. [à Tocqueville], 1850, p. 156).
b) [Qualifiant un subst. désignant un trait physique ou psychol.]
) Qui est celui, celle d'une personne peu avancée en âge. Jeune beauté, sourire; jeune idéalisme, imagination, flamme, foi, vigueur. Il n'y a de bon, dans l'homme, que ses jeunes sentiments et ses vieilles pensées (JOUBERT, Pensées, 1824, p. 216). Il en fut bientôt rejeté [d'une maison] par un incident où son jeune orgueil se trouva froissé de la manière la plus comique (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 396) :
• 3. Mlle Sergent se lève et tire le rideau d'un geste brusque, du côté de la cour des garçons. On entend, dans l'école en face, des braiements de jeunes voix rudes et mal posées : c'est M. Rabastens qui enseigne à ses élèves un chœur républicain.
COLETTE, Cl. école, 1900, p. 264.
♦ En partic., littér. [Le subst. qualifié désigne p. méton. une pers.] Jeune âme, cœur, front, sang. Une vieille bouche ne saurait charmer de jeunes oreilles (LENORMAND, Simoun, 1921, 5e tabl., p. 52). Mesdames, messieurs, la jeune mémoire devant laquelle je viens... que je salue respectueusement, est celle d'un humble enfant du peuple (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1493).
— Rare [Postposé]. Il faut faire voir à l'âme jeune les grandes et belles scènes de la nature (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 83). Elle tira de sa poitrine une bouteille de « bistouille » tiédie par sa chair jeune (HAMP, Marée, 1908, p. 32).
) Que l'on vient d'acquérir. Synon. frais, récent. Au théâtre, trop remué la tête de droite et de gauche, comme un bouvreuil, pour faire déjà des agaceries à ma jeune gloire (RENARD, Journal, 1895, p. 256). J'étendrai ma main sur elle [ma mère], je mettrai ma jeune importance à son service (SARTRE, Mots, 1964, p. 13) :
• 4. Oserai-je vous parler de la chronologie, jadis reine cruelle des examens? Oserai-je troubler votre jeune notion de la causalité, vous rappeler le vieux sophisme : post hoc, ergo propter hoc, qui joue un beau rôle en histoire?
VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 133.
c) [P. ext.]
) Qui est composé de jeunes gens. Jeune élite, peuple, population. Les jeunes générations [de médecins] ont une tendance progressive et expérimentale évidente (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 191). Son jeune public lui a manifesté des sentiments qui n'ont rien de flatteur (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 39).
) Qui est créé, animé par des artistes généralement jeunes, recherchant des formes modernes d'expression. La jeune littérature, musique, peinture, pensée, poésie; jeune école de peinture. Il paraît que nous collaborons à de jeunes revues subversives en compagnie de fils de banquiers?... (...) Je répondis agressivement que oui (NIZAN, Conspir., 1938, p. 235) :
• 5. La saine simplicité du jeune roman américain, sa vigueur un peu dure redonneraient, par l'effet d'une contagion bienfaisante, un peu de vitalité et de sève à notre roman, débilité par l'abus de l'analyse et menacé de desséchement sénile.
SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 13.
) Jeune + subst. (désignant une période de la vie humaine). Dans son début. Nous nous occuperons d'abord de la première partie de l'œuvre d'Arthur Rimbaud, œuvre de sa toute jeune adolescence (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Poètes maud., 1884, p. 17).
♦ Jeunes ans, années, jeune âge; jeune temps (fam.). Période de la vie correspondant à l'enfance, l'adolescence, la jeunesse. Quelquefois il semblait qu'il cherchait à se rappeler ces scènes de son jeune âge (KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 262). Dès ses plus jeunes ans, le chevalier s'était fait remarquer par un caractère aventureux (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 336). Il faut vous dire que le père Léon a été garçon pharmacien dans son jeune temps (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 693).
2. P. anal.
a) [En parlant d'un animal] Qui n'a pas atteint son complet développement. Anton. adulte. Voix de jeune coq, regard de jeune veau, courir comme un jeune chien. Les animaux jeunes sont frappés beaucoup plus souvent que les adultes (NOCARD, LECLAINCHE, Mal. microb. animaux, 1896, p. 462). On voit passer une file de canetons tout jeunes — presque encore des œufs à pattes (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 96). V. créature ex. 2 :
• 6. On allait procéder à la tienta, épreuve à laquelle sont soumis les jeunes taureaux et les jeunes vaches pour être classés ensuite selon leur degré de férocité.
MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 406.
b) [En parlant d'un végétal] Qui n'a pas atteint son complet développement ou un développement permettant son exploitation. Jeune arbre, futaie. Un parc de jeunes carottes en retard étendait son tapis frisé (HAMP, Champagne, 1909, p. 92). Le jeune foin, le blé en herbe étaient d'un vert infiniment tendre (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 89). Les arbres sont encore jeunes, mais ce jardin pourra devenir très beau dans quelques années (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 711).
c) [En parlant d'une chose]
) Qui existe depuis peu de temps. Synon. nouveau, récent. Jeune littérature, jeune poésie. Le château, la vieille ville et ses anciens remparts sont étagés sur la colline. La jeune ville s'étale en bas (BALZAC, Pierrette, 1840, p. 25). De jeunes sciences, l'ethnographie, l'archéologie, la philologie (FRANCE, Vie littér., t. 1, 1888, p. 325) :
• 7. ... recevant une délégation anglaise qui venait complimenter la jeune république, Grégoire saluait d'avance celle qui, bientôt, naîtrait aux bords de la Tamise.
LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 294.
) [S'emploie pour indiquer l'âge relatif d'une chose par rapport à d'autres]. Synon. récent. Tout sédiment est plus jeune que ceux qu'il recouvre et qui formaient le fond sur lequel il s'est déposé (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 132).
♦ En partic. [En parlant de certaines denrées] Qui a été produit depuis peu de temps (et qui n'a pas les qualités conférées par le vieillissement). Il y avait de l'eau-de-cerises toute jeune dans une gourde, c'est-à-dire de la très forte (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 152). Il nous restera plus qu'à faire boucherie et à saler le jeune lard, à la première grosse gelée après la Notre-Dame (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 41). Nous ferons, avec du raisin savoureux, plusieurs pièces de ce vin qu'on boit jeune (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 70).
— [Postposé] Pays jeune; vin jeune. Fischer et Parker ont cultivé des fibroblastes provenant de pièces squelettiques d'embryons jeunes (J. VERNE, Vie cellul., 1937, p. 123).
♦ GÉOGR. Montagne jeune.
B. — [Le jugement concernant l'âge est secondaire; jeune peut caractériser une pers. âgée ou une réalité ancienne]
1. [Jeune renvoie aux traits socialement ou traditionnellement attribués aux jeunes gens]
a) [Jeune renvoie à une image sociale valorisée de la jeunesse : vitalité et fraîcheur physique, dynamisme, enthousiasme et spontanéité dans l'action, vivacité intellectuelle] Synon. (partiel) dynamique, juvénile, vert, vif.
— [En parlant d'une pers.] Il nous dit quelquefois qu'il ne peut être aussi jeune dans le monde qu'il l'est avec nous, et que l'exaltation irait mal avec une ambassade (KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 9). Ce vieux burgrave est plus jeune et plus charmant que jamais (FLAUB., Corresp., 1877, p. 16). Bouteloup, jeune encore pour ses trente-cinq ans (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1220) :
• 8. Oui, je sais comment ils l'aiment la jeunesse : lardée. Moi non. Je l'aime naturelle, comme elle est : libre et jeune. Jeune, c'est-à-dire avec la continuelle représentation de la tempête qu'elle se donne dans son cœur...
GIONO, Poids du ciel, 1938, p. 151.
♦ Loc. subst.
Jeune(-)France. Jeune garde. Jeune loup. Jeune(-)premier, jeune(-)première. Jeune(-)turc.
♦ Jeune de + subst. (spécifiant un aspect de la personnalité). Jeune d'âme, de cœur, de corps, d'esprit. Grand, très jeune d'aspect, le verbe haut, l'abord franc, on retrouve (...) en lui cette race d'entraîneurs d'hommes (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 51). Un vieux polémiste célèbre qui, ayant combattu soixante ans (...) jeune encore d'éloquence et de passion, dénonçait aux générations nouvelles les crimes des Jacobins (FRANCE, Vie en fleur, 1922, p. 373).
♦ Faire jeune, faire plus jeune que son âge, porter jeune (vieilli). La quêteuse (...) était une femme fort mince, fragile et très flétrie, qui faisait jeune sous une horrible robe à fleurs (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 310). L'oncle Rodier, chauve, rond, rose, et luisant comme un poupon, reprenait du poil de la bête, portait jeune et lutinait allègrement les dactylos (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 120).
♦ P. anal. [En parlant d'une collectivité] Un peuple jeune [l'Allemagne], conscient de sa force et frémissant au souvenir d'une injuste défaite (GIDE, Journal, 1943, p. 207).
SYNT. a) Jeune et beau, charmant, élancé, frais, joli, mince, robuste, séduisant, vif, vigoureux, svelte; jeune et brave, farouche, fier, fougueux, fringant, gai, généreux, romanesque, sympathique. b) Rester se conserver jeune; paraître plus jeune que son âge, avoir l'air jeune; se sentir, redevenir jeune.
— [En parlant d'un trait physique ou d'un comportement] Air, corps, physionomie, silhouette, trait, visage, voix jeune; démarche, sourire jeune. Un homme aux cheveux blancs en tignasse à l'escalade, à la figure plus jeune que ses cheveux (GONCOURT, Journal, 1860, p. 777). Ces beaux cheveux qui grisonnaient seulement (...) étaient seuls à imposer la couronne de la vieillesse sur le visage redevenu jeune d'où avaient disparu les rides (PROUST, Guermantes, 1921, p. 345) :
• 9. ... il regardait, il voyait d'un regard aussi jeune, aussi frais, aussi non usé, aussi neuf, aussi non émoussé, aussi inhébété, aussi non âgé temporellement, aussi non âgé dans le monde, temporel, (malgré ses grosses paupières)...
PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 746.
— [En parlant de trait psychol., intellectuel] Âme, cœur, esprit, sang jeune; imagination jeune. Une chose à voir, combien le voltairianisme est jeune, ardent et militant en ces vieillards! (GONCOURT, Journal, 1856, p. 250). L'âge est venu. Il ne s'en soucie point; son cœur est toujours jeune; il n'a rien abdiqué de sa force et de sa foi (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1433) :
• 10. Il est des jours où l'homme s'éveille avec un génie jeune et vigoureux. Ses paupières à peine déchargées du sommeil qui les scellait, le monde extérieur s'offre à lui avec un relief puissant, une netteté de concours, une richesse de couleurs admirables.
BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 347.
— [P. méton., ][en parlant d'une œuvre littér. ou artistique] Charmante réponse de Musset aux vers que Nodier lui avait adressés (...) C'est frais, jeune, et de sa meilleure veine (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 5, 1843, p. 244). Voyons donc ce que, d'abord, dans la jeune maturité de son art, dans la période qui va environ de 1802-1803 jusqu'aux environs de 1813, Beethoven demande au mot et aux poètes! (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 158) :
• 11. Le meilleur poème de Baudelaire s'est démodé dans la mesure où Baudelaire travaillait avec l'avant-garde, approuvé par elle. Le meilleur poème de Rimbaud reste jeune parce qu'il travaillait contre l'avant-garde.
COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 38.
b) [Jeune renvoie à une image morale défavorable de la jeunesse : inexpérience et manque de maturité dans l'action, légèreté morale et intellectuelle]
— [En parlant d'une pers.] Mon Dieu, que vous êtes jeune en affaires (LABICHE, Ptes mains, 1859, III, 1, p. 77). Vous avez été jeune, mon père, et vous auriez agi tout comme moi. — Jamais! riposta l'austère chevalier abasourdi (THEURIET, Mar. Gérard, 1875, p. 181). Il y a une justice, n'en doutez pas. Vous êtes jeune, mais vous verrez! (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 252) :
• 12. Quoiqu'à peu près de mon âge et inférieur à moi sur beaucoup de points sans doute, il me trouvait un peu jeune, comme il disait, sur les questions de conduite qui s'agitaient dans son esprit.
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 94.
C'est jeune et ça ne sait pas (pop.). Un jour, une automobile vint cahoter sur sa voie ferrée. Le chauffeur dit à l'oreille de sa monture : « Ne dresserons-nous pas procès-verbal? — C'est jeune, dit la locomotive, et ça ne sait pas ». Elle se borna à cracher un peu de vapeur dédaigneuse sur le sportsman essoufflé (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 132).
SYNT. Jeune écervelé, étourdi, fat, fou, insensé, imprudent; jeune et inexpérimenté, insolent, insouciant, irréfléchi, naïf, téméraire, timide, sans expérience.
— [En parlant d'un trait de comportement, d'un trait psychol., intellectuel] Je croyais son âme trop jeune, trop peu formée pour deviner les passions ou pour les sentir (KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 17). Vous me demandez pourquoi T... est libéral! il a cru au succès. Pour un homme d'esprit et un homme d'état, c'est bien jeune (CHATEAUBR., Corresp., t. 2, 1821, p. 239) :
• 13. ... quelle idée jeune, d'avoir voulu quand même devenir l'amant de la patronne! Ne pouvait-il donc faire son affaire d'argent dans la maison, sans exiger d'y trouver, tout à la fois, le pain et le lit?
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 174.
— [P. méton., ] [en parlant d'une œuvre intellectuelle ou artistique] De ces remarques d'André Chénier sur Malherbe, bon nombre sont exquises (...) mais quelques-unes, je l'ai dit, semblent bien jeunes et ne sont pas encore d'un maître (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 13, 1859, p. 376).
c) [Jeune renvoie à l'image sociale des jeunes gens particulière à une époque] Raymon sacrifia aux idées jeunes de son temps en s'attachant religieusement à la Charte (SAND, Indiana, 1832, p. 104).
— En partic., ds le vocab. de la mode. Qui donne l'apparence de la jeunesse, le style qui est censé être celui des jeunes gens. Couleur, robe jeune. Le comte Salomon entra. Il avait un costume trop jeune, avec, à la boutonnière, un bouquet trop gros (GYP, Leurs âmes, 1895, p. 126). Le blouson roi cet hiver... une façon jeune d'être élégant (Catal. des 3 Suisses, automne-hiver 1979-80, p. 385) :
• 14. La toute-puissance de ces noirs, (...) la bizarre silhouette du chapeau qui fut « à la dernière mode » et « jeune »; (...) tout ceci se concerte et impose une sensation singulière (...) de Poésie [à propos d'un portrait de femme].
VALÉRY, Pièces sur art, 1931, p. 212.
♦ Faire jeune. Gaïa fut à la mode. L'endroit faisait jeune. La gaîté y fusait de toutes parts (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 60).
♦ Rare [Antéposé]. Mince dans de jeunes robes noires, habillée lourdement, Claire Cellerier ne marquait guère ses soixante huit ans que par l'usage du mot « saperlipopette! » (COLETTE, Seconde, 1929, p. 61).
2. Littér. [En parlant d'un inanimé; jeune connote l'image valorisée de la jeunesse : avec une idée de nouveauté, de fraîcheur, de plaisir]
— [Antéposé en emploi épithète] Jeune jour, soleil. Tout ce monde respirait (...) le léger parfum d'amour qui flotte autour des Parisiennes, sous les arbres élyséens, aux jeunes soirs de mai (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 300). Mirage coloré, fragrance De jeunes jardins, et de carrefour rance (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p. 83) :
• 15. Le beau corps de vingt ans qui devrait aller nu,
Et qu'eût, le front cerclé de cuivre, sous la lune
Adoré, dans la Perse, un génie inconnu,
Impétueux avec des douceurs virginales
Et noires, fier de ses premiers entêtements,
Pareil aux jeunes mers, pleurs de nuits estivales,
Qui se retournent sur des lits de diamants...
RIMBAUD, Poés., 1871, p. 108.
♦ La jeune saison (poét.). Le printemps. Malgré neige, brouillard et pluie, Il [l'oiseau] croit à la jeune saison (GAUTIER, Emaux, 1852, p. 121). La jeunesse. La blanche fiancée (...) soudain oppressée Des premières langueurs de sa jeune saison, Rêve au temps qui viendra de quitter la maison (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 55).
— Emploi attribut. Que la vie était jeune! L'heure qui venait était vraiment une inconnue. Ô surprise! Tant de choses surannées, usées, caduques, devenues tout à coup nouvelles! (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 59) :
• 16. Le communisme, pour eux, c'est la jeunesse du monde. Après cette pré-histoire, où l'homme fut un ennemi pour l'homme, viendra l'histoire indéfinie où l'homme sera un ami pour l'homme. Et cette histoire sera toujours jeune tandis que cette pré-histoire est éternellement vieille.
LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 26.
C. — Pop. et fam. Insuffisant en quantité. Synon. court, léger, maigre. Je te ferai remarquer que (...) ton magot est encore un peu jeune; mais il devrait grossir assez vite (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 113). Une brique seulement? C'est un peu jeune (CAR. Argot 1977).
II. — Adv. [Correspond à supra I B 1 c] À la manière des jeunes gens, avec les qualités, le style caractéristique des jeunes gens. Ses cheveux sont moins longs. Il est habillé plus jeune et il a l'air épanoui (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, II, 1, p. 11). La jeune troupe de l'Œuvre joue jeune, avec le feu, les saillies anguleuses (...) qui sont l'honneur et l'attrait de la jeunesse (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 184).
III. — Substantif
A. — 1. Personne peu avancée en âge. Une bande de jeunes. L'ambitieux le met [le bonheur] dans un titre à la cour, Le vieux dans le confort, le jeune dans l'amour (GAUTIER, Prem. poés., 1830-45, p. 149). Il avait bien trop peur d'être jugé par un jeune! Car c'était ça, son idée fixe : l'opinion des jeunes! (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1235).
— Au plur., collectiv. Les jeunes gens en tant qu'ils constituent un groupe social, une génération. Les jeunes d'aujourd'hui, de maintenant (fam.), d'il y a vingt ans (fam.); foyer des jeunes; maison de jeunes; place aux jeunes! Il avait été nommé par les jeunes, alors le parti des jeunes le soutenait (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 5). Le maximum de délinquance chez les jeunes est à treize ans chez les filles, à quinze ans chez les garçons (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 471) :
• 17. ... fallait tout, tout brûler, et là-dedans la populace! Le pire, c'est les femmes. Des chipies, des enragées. On n'en a pas tué assez, des femmes. Faudra recommencer. Paris... c'est à votre tour, maintenant, à vous les jeunes. Vous tuerez, vous tuerez, nous autres, on a été trop bons...
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 253.
♦ Maison des jeunes et de la culture. La maison des jeunes et de la culture « Maison pour tous » propose un autre stage de danses traditionnelles champenoises (L'Est Républicain, 29 janv. 1981, p. 10).
2. [Désigne une pers. moins âgée qu'une ou plusieurs pers.] Le plus jeune de la bande, Bellman, qui a de l'aplomb, lui a répondu... (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 105).
— En partic. [S'emploie avec un patronyme pour distinguer des pers. d'âge différent; correspond à I A 1 a ] Vous connaissez Mme Bellamy? récitait Maigret. — La vieille ou la jeune? — La jeune (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 150).
♦ Synon. de cadet. Vu l'aîné et le plus jeune des MM. Galos (MICHELET, Journal, 1835, p. 182).
♦ [Employé avec un nom propre] Madame, votre compte s'élève à seize cent mille francs au crédit comme au débit, disait Mongenod le jeune (BALZAC, Mme de La Chanterie, 1850, p. 236).
[Avec un patronyme pour distinguer des pers. d'époque différente; p. oppos. à l'ancien] Pline le jeune. La défaite de Cyrus le jeune (MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p. 350).
B. — Animal qui n'est pas encore adulte. Synon. petit. Les jeunes de nombreux crustacés se rencontrent le jour dans les eaux proches de la surface alors que les adultes sont à un niveau plus bas (J.-M. PÉRÈS, Vie océan, 1966, p. 51). Dans nos sources, bécasseau, (...) au sens de ,,petit de bécasse``, est beaucoup plus rare que faisandeau, pouillard ou cailleteau, qui désignent les jeunes d'autres oiseaux-gibier (M. LENOBLE-PINSON, Le Lang. de la chasse, Bruxelles, 1977, p. 260).
REM. Jeunir, verbe intrans., rare. Synon. de rajeunir. J'étais d'une alacrité, d'une gaieté extraordinaire (...). Cette jeunesse me jeunissait pour ainsi parler (MICHELET, Journal, 1844, p. 580).
Prononc. et Orth. : []. Cf. jeûne. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. En parlant d'une pers. A. adj. 1. début XIIe s. « peu avancé en âge » (Alexis, éd. Chr. Storey, Prol. : la sue spuse juvene); 1160-74 geunes hons (WACE, Rou, éd. A.J. Holden, II, 1729); id. joefne pucele (id., III, 1848); XVe s. jone fille (Evangile des Quenouilles, éd. P. Jannet, p. 20); 2. ca 1140 au compar. pour indiquer l'âge relatif d'une pers. (GEFFREI GAIMAR, Estoire des Engleis, 4261 ds T.-L. : Quinze ans aveit li jovenur); cf. ca 1220 (Fragments Vie St Thomas, éd. P. Meyer, III, 31 : ... cist tuit trois Furent a coruner le roi Henri le jofne [fils de Henri II d'Angleterre, † 1183]); 3. ca 1213 péj. « inexpérimenté, insensé » (Faits des Romains, éd. L.F. Flutre, 323, 34); 4. 1er quart XIIIe s. « qui a conservé l'aspect, les qualités de la jeunesse » (RENCLUS DE MOLLIENS, Miserere, 219, 5 ds T.-L.); ca 1256 (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Régime du corps, 6, 20, ibid.); 5. fin XVe s. « qui appartient, qui est propre aux personnes jeunes » en fort jeune aage (COMMYNES, Mém., IV, XIII, éd. J. Calmette, t. 2, p. 94, 15); 1536 « peu avancé en âge, par rapport à l'âge moyen d'une fonction » (R. DE COLLERYE, Œuvres, p. 188 ds LA CURNE). B. Subst. début XIIe s. li vieil ot les juignurs [compar.] (Ps. Oxford, 148, 12 ds T.-L.); 1155 les juenvles (WACE, Brut, 6752; ibid.). II .1. En parlant d'un animal 1354-76 joenne cerf (Roi Modus, 5, 8 et 9, ibid.); 2. d'un végétal id.joanes chesnes (id. 13613, ibid.). III. En parlant d'une chose 1. 1552 « fort, robuste » jeunes guanteletz de jouste (RABELAIS, Quart Livre, XII, éd. R. Marichal, p. 79), rare en ce sens; 2. 1690 jeune saison (FUR.); 1704 Corbeil le jeune « le nouveau Corbeil » (Trév.). Du lat. vulg. (forme s'expliquant par l'évolution de -uv- en ov- avec ouvert devant labiale, v. FEW t. 5, p. 95a, ou FOUCHÉ, p. 368), class. adj. « jeune » (juvenes anni « les jeunes années »), subst. « jeune homme, jeune fille », plur. « les jeunes gens ». Pour les formes a. fr. juenne, juevre, juenvre, gienvle, giemble, v. FOUCHÉ, p. 383. Fréq. abs. littér. : 51 866. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 76 888, b) 87 593; XXe s. : a) 76 044, b) 62 300. Bbg. GECKELER (H.). Zur Wortfelddiskussion... München, 1971, pp. 302-330. - GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 239. - LEW. 1968, p. 103. - MARTIN-BERTHET (F.). À propos de jeune fille. Fr. mod. 1981, t. 49, pp. 321-336. - QUEM. DDL t. 15.
jeune [ʒœn] adj. et n.
ÉTYM. XIIIe, au sens I; juvene, déb. XIIe; juefne, joene, XIIe (sens I); du lat. class. juvenis, devenu jovenis, avec o bref en latin populaire.
❖
———
I Adj. Peu avancé en âge, par rapport à la durée de vie moyenne de son espèce (êtres vivants) ou à la durée normale, attendue.
1 (Personnes). En général avant le nom, en épithète. Qui est dans la jeunesse. || Être jeune, tout jeune (→ Et, cit. 14; frimas, cit. 8; ineffaçable, cit. 5). || Il est encore bien jeune. ⇒ Jeunet, jeunot (→ Si on lui pressait, tordait le nez, il en sortirait encore du lait). || Elle le trouvait trop jeune (→ Avance, cit. 35). || Le plus jeune des deux; le plus jeune et l'aîné. ⇒ Benjamin, cadet (→ Inintelligible, cit. 3). || Être encore jeune (→ 1. Flétrir, cit. 22; 1. frayer, cit. 4; gaupe, cit. 3). || « Jeune encore, ardent (cit. 20), impétueux » (Voltaire). ☑ N'être plus jeune, plus très jeune, plus tout jeune : avoir atteint un âge moyen. || Quand j'étais jeune (→ Enrager, cit. 5). || Se marier jeune. || Mourir jeune (→ Flamber, cit. 6). — ☑ Loc. prov. Celui qui meurt jeune est aimé des dieux (→ Aimer, cit. 75; inconséquence, cit. 6). — Jeune être (→ Appartenir, cit. 12). — Un jeune enfant (→ Briser, cit. 25). || Il a deux jeunes enfants, deux enfants encore jeunes. — ☑ Loc. Jeune femme, jeune fille, jeune homme, jeunes gens, jeune personne. || Un jeune homme imberbe (cit. 2). || Une jeune fille ingénue. || Mon jeune ami (→ Affadir, cit. 7). || Jeunes époux (→ Auspice, cit. 4; filer, cit. 3). — ☑ Loc. Jeune premier (→ Guère, cit. 10). ☑ Jeune patron. ☑ Un jeune cadre dynamique. — Un jeune audacieux (cit. 12), un jeune écervelé, un jeune étourdi (→ Article, cit. 9). || Un jeune fat (→ Incroyable, cit. 14); un jeune freluquet (cit. 3). || Jeune blanc-bec. || Une jeune beauté. || La jeune Tarentine (→ 1. Flûte, cit. 1, A. Chénier). — Jeune et jolie (→ Barbon, cit. 1). || Être jeune et beau (→ Agréable, cit. 12). || « Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après (cit. 35) soi » (Racine). || « Il ne sert de rien d'être belle (cit. 8) sans être jeune » (La Rochefoucauld). — Nous avons été jeunes avant vous; nous savons ce que c'est d'être jeune. || N'avez-vous pas été jeune et fait des fredaines (cit. 1) comme les autres ? — Paraître jeune, plus jeune que son âge. — ☑ Loc. Faire jeune : donner l'impression d'être jeune, plus jeune que l'on n'est. || Ils font jeunes, ou, adv., ils font jeune.
1 Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées,
La valeur n'attend pas le nombre des années.
Corneille, le Cid, II, 2.
2 Et tu entreras là à vingt ans, et tu en sortiras à cinquante. Tu entreras jeune, rose, frais, avec tes yeux brillants et toutes tes dents blanches, et ta belle chevelure d'adolescent, tu sortiras cassé, courbé, ridé, édenté, horrible, en cheveux blancs.
Hugo, les Misérables, IV, IV, II.
3 Quand on est jeune, on a des matins triomphants,
Le jour sort de la nuit comme d'une victoire (…)
Hugo, la Légende des siècles, II, Booz endormi.
4 J'ai grand effort à faire pour me persuader que j'ai l'âge à présent de ceux qui me paraissaient si vieux quand j'étais jeune.
Gide, Journal, 9 juin 1930.
5 Il n'était plus jeune cet homme-là. Il devait même être tout près de la retraite.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 30.
6 Il faut avouer que pour un vieux de la vieille je faisais un peu jeune, malgré ma barbe et ma crasse.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XVIII, p. 206.
7 Pierre Gilieth était âgé de trente-huit ans. Le soir, aux lumières, il paraissait un peu plus jeune.
P. Mac Orlan, la Bandera, I.
REM. Jeune peut être employé en épithète placée après le nom, pour marquer une différence de sens avec les syntagmes où l'adj. est normalement antéposé (un homme, une femme jeune…). || Ce n'est plus tout à fait un jeune homme, disons plutôt un homme jeune.
♦ (1913). Par ext. Formé de personnes jeunes. || Un jeune public, la jeune génération (→ Faillite, cit. 6). || La jeune France. || Clientèle jeune. — Démogr. || Population jeune.
♦ ☑ Loc. Jeune Turc. ⇒ 1. Turc. ☑ Jeune loup. ⇒ Loup.
2 (XIVe). Animaux. Avant le nom, en épithète. || Jeune chat, jeune chien. || Gaieté (cit. 4) de jeune animal. || Jouer, s'ébrouer comme un jeune animal. || Le cerf et ses jeunes faons (→ Bois, cit. 46). || Jeunes porcs dans leur auge (cit. 1). ☑ Faire le jeune chien. — Par métaphore. || Jeune chien. || Jeune loup.
8 Un souriceau tout jeune, et qui n'avait rien vu.
La Fontaine, Fables, VI, 5.
REM. Ne semble guère s'employer en parlant des animaux inférieurs.
♦ Plantes. || Jeune plant. || Jeunes arbres (→ Gazon, cit. 4). || Chaussée plantée de jeunes trembles (→ Après, cit. 30). — Les jeunes verdures des bois (→ Hanneton, cit. 2); la jeune frondaison (cit. 2) des marronniers et des platanes. — Par métaphore. || « Jeunes et tendres fleurs par le sort agitées » (→ Fille, cit. 15, Racine). — REM. Dans cet emploi comme en 3, une métaphorisation anthropomorphique est sensible.
3 (1873, P. Larousse). En épithète, après le nom. (En parlant des choses qui, relativement, existent depuis peu de temps). ⇒ Nouveau, récent. || Tissus jeunes de l'organisme (→ 2. Greffe, cit. 5). || Montagnes vieilles et montagnes jeunes. || Un pays jeune. || L'industrie (cit. 14) française est plus jeune que l'industrie anglaise. || Une doctrine jeune (→ Intolérant, cit. 3).
4 (Déb. XIIIe). En attribut, ou en épithète postposée. Qui a les caractères physiques, moraux d'une personne peu avancée en âge (en parlant de gens de tous âges). || Soyez jeune ! || Restez jeune ! || Vous êtes toujours jeune, vous n'avez pas changé. || Demeurer jeune et désirable. || À plus de cinquante ans, il était encore tout jeune. ⇒ Vert (→ Avachir, cit. 1; cul-de-sac, cit. 27). || Vouloir rester jeune (→ Fatuité, cit. 3). || Femme éternellement jeune (→ Fuyant, cit. 8). — Jeune de… || Être jeune de corps, de visage, de cœur, de caractère, d'esprit.
9 Pour vouloir la république (…) il fallait (…) être jeune, avoir cette jeunesse d'âme, cette chaleur de sang, cet aveuglement fécond, qui voit déjà dans le monde ce qui n'est encore qu'en âme, et qui, le voyant, le crée (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, V.
10 Oui, Marat même est jeune en ce moment. Avec ses quarante-cinq ans, sa longue et triste carrière, brûlé de travail, de passions, de veilles, il est jeune de vengeance et d'espoir.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, VI.
11 « Peu de gens savent vieillir », a dit M. de La Rochefoucauld. M. de Chateaubriand le savait moins que personne mais il sut rester jeune bien longtemps (…) Sauf les toutes dernières années, il était par l'imagination la jeunesse même.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. I, p. 75, note.
12 Il (Chateaubriand) est le Prince, a dit quelqu'un, de cette jeunesse qui n'a pas su être jeune, et qui, les années venues, ne saura pas vieillir.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. I, p. 126.
♦ Par anal. || Sentiments jeunes et ardents. ⇒ Vif.
13 (…) elle (ta lettre) a remué en moi des vieux sentiments toujours jeunes.
Flaubert, Correspondances, t. III, (éd. Charpentier, p. 273).
5 (V. 1213). En attribut. Qui a la crédulité, l'ingénuité de la jeunesse. ⇒ Naïf. || Vous croyez cela ? vous êtes encore jeune ! || Mon Dieu qu'il est jeune ! (Académie).
14 Candeur et crédulité, c'est le caractère du premier âge révolutionnaire, qui a passé sans retour (…) Touchante histoire qu'on ne relira jamais sans larmes (…) Il s'y mêle un sourire amer : Quoi ! nous étions donc si jeunes, tellement faciles à tromper ! quoi ! dupes à ce point !
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, I.
15 C'est si simple, n'est-ce pas, l'amour ? Tu ne lui prêtais pas ce visage ambigu, tourmenté ? On s'aime, on se donne l'un à l'autre, nous voilà heureux pour la vie, n'est-ce pas ? Ah ! que tu es jeune, et pis que jeune, toi qui ne souffres que de m'attendre !
Colette, la Vagabonde, p. 224.
♦ Par ext. Un peu léger.
15.1 Fringué comme tu es, avec ta gueule déjà pas franche, je te trouve jeune d'aller croire que tu pourrais faire le grossium en viande.
M. Aymé, le Vin de Paris, Traversée de Paris, p. 49.
6 (Fin XVe, jeune âge). Placé devant un nom désignant une durée. Qui appartient aux personnes peu avancées en âge. || Jeune âge. ⇒ Jeunesse (→ Âge, cit. 31; aiguille, cit. 8; drame, cit. 9; instruire, cit. 8). || Dans mon jeune temps (→ Faillir, cit. 7). || Les histoires de mon jeune temps (→ Attacher, cit. 38). — Poét. || Nos jeunes ans (cit. 12). || Nos jeunes années (cit. 9). → Briser, cit. 4. || Les jeunes saisons : la jeunesse (→ Errance, cit. 4).
16 (…) le contact avec la misère dans son jeune âge avait comme tari son imagination (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 193.
♦ Qui appartient aux personnes peu avancées en âge ou présente les caractères de la jeunesse. || Corps, visage, sourire jeune. — REM. Placé devant le nom, jeune indique surtout l'appartenance à une personne peu âgée (jeune cœur); placé après le nom, il peut s'appliquer aux personnes âgées (cœur jeune). || Jeune visage. || Front jeune (→ Couronner, cit. 8). || Fraîcheur d'une peau jeune. ⇒ 1. Frais. || Corps jeune. (→ Cabotinage, cit. 2). || Jeune sang, jeune sève (→ Bouillonner, cit. 4). || Avoir le sang jeune (→ Carnation, cit. 2). || Un jeune cœur (→ Arriver, cit. 31). || Avoir le cœur (cit. 76) jeune, un cœur toujours jeune (→ Appétit, cit. 23). || Jeunes cerveaux (→ Bouillonner, cit. 4), jeunes esprits (→ Incroyance, cit. 1). || Une jeune ardeur (⇒ Juvénile). || Un jeune courage. || Jeunes amours (→ Aube, cit. 9).
17 (Ces écrits) qui gâtent tous les jours tant de jeunes esprits.
Molière, Sganarelle, 1.
18 Tenez, mon cœur s'émeut à toutes ces tendresses,
Cela ragaillardit tout à fait mes vieux jours,
Et je me ressouviens de mes jeunes amours.
Molière, les Femmes savantes, III, 6.
19 Elle restait assise auprès de Louise, qui souriait de ses yeux jeunes, les joues roses, ses cheveux gris frisés sous son chapeau de paille.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 373.
20 La blancheur de ses cheveux légers faisait plus jeune encore ce sourire et tout son visage.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 152.
7 (1779). Qui convient, qui sied à la jeunesse. || Le bleu, le blanc sont les couleurs jeunes. || Une mode jeune. || Une coiffure jeune. || Une tenue jeune et sportive. || Elle portait une toilette jeune, printanière. — Adv. (Déb. XXe). || S'habiller jeune : porter ce que portent les personnes jeunes. || Elles s'habillent trop jeune pour leur âge.
8 (1536). Qui est relativement moins âgé que la plupart des personnes de même métier, de même état. || Un jeune auteur (→ Aventurier, cit. 14). || Jeune écrivain (cit. 8). || Un jeune médecin (→ Capacité, cit. 9). || Jeune prélat, jeune ministre. || Il a été élu académicien bien jeune (Académie). || Un jeune président.
9 (1651, Corneille). Qui est né après (une personne de même nom).
♦ N. m. (1690, Furetière). || Pline le Jeune et Pline l'Ancien.
10 (1536). Qui est nouveau (dans un état, une occupation). ⇒ Nouveau. || Jeunes mariés : personnes récemment mariées. || Des époux jeunes ne sont pas toujours des jeunes mariés. || Jeune médecin.
21 (…) elle s'abandonna avec une gentillesse de jeune mariée amoureuse.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 260.
♦ ☑ Fam. Être jeune dans le métier, l'exercer depuis peu de temps. ⇒ Inexpérimenté, novice. || Il est encore jeune en affaire. — Figuré (choses) :
21.1 Sûrement, c'était un bateau qui était jeune dans le métier.
Montherlant, le Démon du bien, p. 202.
11 (1690, Furetière). Fam. Qui est un peu juste, un peu court, insuffisant en quantité. ☑ C'est un peu jeune. || « On dit, quand on a consommé la meilleure partie de quelque chose, que le reste en sera bien jeune » (Furetière, 1690). || C'est un peu jeune, comme raisonnement, comme arguments. ⇒ 1. Court.
———
II N.
1 (V. 1155; au compar., les juignurs, déb. XIIe). Personne jeune. || Un, une jeune. — Surtout au masc. plur. || Les jeunes. ⇒ Adolescent (fam. ado), gens (jeunes gens), J3 (anciennt), jeunesse (→ Annihiler, cit. 2; atavique, cit. 1; formidablement, cit. 2; fortune, cit. 1; glouton, cit. 3). || Tous, les jeunes comme les vieux (→ Convention, cit. 13). ☑ Place aux jeunes ! || Outrances, hardiesses (cit. 27) de jeune. || L'intolérance (cit. 7) des jeunes. || L'amour fait tout entreprendre (cit. 1) aux jeunes. || Les jeunes ne savent plus s'amuser (→ Fleur, cit. 14). || Bande, réunion de jeunes. || Nous serons entre jeunes. — Faire le jeune, la jeune : vouloir paraître jeune.
22 Pour le jeune ou pour le barbon
À tout âge l'amour est bon.
Molière, Poésies diverses, Intermède nouveau du Mariage forcé.
23 (…) vous m'avez comme reproché d'être un peu jeune. Je vous dirai ceci : que les jeunes ont des façons brusques, mais souvent le cœur modeste, tandis que les vieux, souvent, avec des apparences saintes, ont le cœur dur et orgueilleux.
Montherlant, le Maître de Santiago, III, 4.
24 Les « jeunes » veulent consommer maintenant. Et vite. Ce marché fut vite détecté et exploité. De sorte que les « jeunes » tendent à s'établir dans une vie quotidienne parallèle, la leur et la même, hostile à celle des parents et lui ressemblant le plus possible. Ils marquent de leur présence et de leurs « valeurs » les adultes, les biens des adultes, le marché des adultes. Cependant, comme « jeunes », ils restent marginaux. Ils ne parviennent pas à formuler leurs tables de valeurs, encore moins à les imposer.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 174.
♦ ☑ Loc. Maison des Jeunes et de la Culture.
2 (1607). Rare. Petit d'un animal. ⇒ Petit. || Une chienne et ses jeunes (ses chiots). || Chatte qui va avoir des jeunes, des chatons.
B (Sens neutre) ☑ Loc. fam. Un coup de jeune : un rajeunissement subit. || Prendre un coup de jeune. ⇒ Rajeunir. || Son récent mariage lui a donné un coup de jeune. — S'oppose à coup de vieux.
❖
CONTR. (Du sens I) Âgé, doyen, vieux. — (Du sens I, 7) Caduc, confit. — (Du sens I, 9) Aîné; père; ancien. — (Du sens II) Vieillard, vieux (subst.).
DÉR. Jeunement, jeunesse, jeunet, jeunisme, jeuniste, jeunot.
COMP. Anti-jeunes, jeune-France, jeune turc (V. 1. Turc). — Rajeunir.
Encyclopédie Universelle. 2012.