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camper

camper [ kɑ̃pe ] v. <conjug. : 1>
• 1465; « s'installer en un lieu » 1426; « placer » fin XIIe; de camp
I V. intr.
1S'établir, être établi dans un camp. bivouaquer, cantonner. Coucher sous la tente, faire du camping. « je campais en montagne, je faisais mes quarante kilomètres dans la journée, sac au dos » (Montherlant).
2Fig. S'installer provisoirement quelque part. séjourner. Nous avons campé à l'hôtel.
3Camper sur ses positions, les maintenir fermement, refuser toute concession. Le suspect est solidement campé sur son alibi.
II V. tr.
1Établir dans un camp.
2Placer, poser (qqch.) avec décision, avec une certaine audace. installer, planter. Camper son chapeau sur sa tête. Fig. Camper un récit, le dire ou l'écrire avec sûreté, vivacité. Camper un personnage, le représenter avec vigueur ( campé) .
IIISE CAMPERv. pron. Se tenir en un lieu dans une attitude fière, hardie ou provocante. se dresser, se planter. Il « sauta sur ses pieds, se campa devant moi » (Colette).

camper verbe intransitif Établir un camp militaire. S'installer quelque part d'une manière provisoire avec des moyens rudimentaires : On a campé dans l'appartement pendant les travaux. Faire du camping. ● camper (expressions) verbe intransitif Camper sur ses positions, rester attaché à un avis pris précédemment. ● camper (homonymes) verbe intransitif campé adjectifcamper (synonymes) verbe intransitif Établir un camp militaire.
Synonymes :
- bivouaquer
- cantonner
camper verbe transitif Installer des troupes dans un camp militaire. Placer, poser hardiment quelque chose quelque part : Camper son chapeau sur l'oreille. Esquisser à grands traits significatifs : En trois coups de crayon il campa sa silhouette. Mettre un cheval en position campée. ● camper (expressions) verbe transitif Camper un personnage, l'interpréter, lui donner par son jeu une réalité. ● camper (homonymes) verbe transitif campé adjectifcamper (synonymes) verbe transitif Esquisser à grands traits significatifs
Synonymes :
- croquer
- esquisser
- saisir

camper
v.
rI./r v. intr.
d1./d établir un camp; vivre dans un camp. La troupe campait aux abords de la ville.
d2./d Faire du camping.
d3./d Fig. S'installer sommairement et provisoirement. Camper chez un ami.
rII./r v. tr.
d1./d établir dans un camp. Camper son régiment sur la rive d'un fleuve.
d2./d établir, poser solidement, hardiment. Camper sa casquette sur l'oreille.
|| Fig. Représenter avec exactitude, avec relief. Auteur qui campe rapidement un personnage.
Pp. Un récit bien campé.
rIII/r v. Pron. Se placer, s'installer avec audace, avec autorité. Il se campa hardiment en face de lui.

⇒CAMPER, verbe.
I.— Emploi intrans.
A.— [En parlant d'une armée, d'un corps de troupe] Établir un camp pour s'y loger (généralement sous la tente) et s'y retrancher. Camper aux portes de la ville, dans la plaine, en présence de l'ennemi. L'armée alla camper à la vue des ennemis; il entend admirablement bien l'art de camper (Ac. 1798-1878). Nous campâmes en tel endroit (Ac. 1798-1932) :
1. ... il [Scipion] retrempa le caractère du soldat, en exigeant de lui d'immenses travaux. Il campait et décampait, élevait des murs pour les détruire, et peu à peu se rapprochait de Numance.
MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 108.
2. On posa donc les avant-postes et on bivaqua. Notre bataillon campait à cinq ou six cents pas d'un grand moulin, dont les gens sortirent tout étonnés de nous voir.
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 60.
P. métaph., vx, rare et littér. Se trouver. L'amour du bien public ne campe jamais où l'intérêt commande (Lar. 19e-20e).
B.— S'installer de façon provisoire et parfois désordonnée :
3. Ce ne fut pas une petite affaire pour les Le Pesnel que ce voyage. On fit des calculs et l'on vit que les économies allaient filer. On décida de n'aller point à l'hôtel et de camper, en dépit de l'horrible difficulté, chez les Gaston Le Pesnel.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 78.
Proverbial et fam. Il campe. ,,se dit d'un homme qui n'a point de logis assuré, qui en change tous les jours`` (Ac. 1798-1932).
P. ext. Ne faire qu'une courte station quelque part. Nous n'avons fait que camper en cet endroit (Ac. 1835-1932).
P. métaph. D'autres vont camper dans ta vie : moi j'y demeure (BERNANOS, Madame Dargent, 1922, p. 9).
C.— [En parlant de pers. qui pratiquent l'activité sportive ou touristique appelée camping] Camper sous une tente.
Absol. Camper. S'installer. Redescendus dans la vallée, nous nous mettons en quête d'un endroit pour camper (T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, p. 319).
II.— Emploi trans.
A.— Établir (une armée) dans un camp. Camper une armée au bord d'un fleuve. Ce général a campé son armée entre la montagne et la rivière (Ac. 1798-1932) :
4. ... croyez-vous que ce soit un médiocre avantage pour la cour et pour le parti dont je parle, de cantonner les soldats, de les camper, de les diviser en corps d'armée...
ROBESPIERRE, Discours, Sur la guerre, t. 8, 1792, p. 87.
B.— P. ext.
1. Établir, placer quelque chose avec décision et vigueur. Camper son chapeau sur sa tête; être bien campé sur ses jambes. Camper une balle [à un ours] au défaut de l'épaule (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 455) :
5. En furetant de tous côtés, j'avisai une paire de lunettes bleues que je campai sur mon nez afin de déguiser mon visage...
DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 72.
Au fig., fam., vieilli.
a) Camper un soufflet à qqn (Lar. 19e, 20e); camper une gifle. Camper une pénitence à un écolier (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). Camper un enfant à une femme (STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 3, 1836, p. 206).
b) Camper là qqn. ,,Le laisser, l'abandonner lorsqu'on l'a mis ou qu'il s'est mis lui-même dans une situation embarrassante`` (Ac. 1835-1932).
c) Camper (qqc.) sur le dos de (qqn). Le lui imputer. Il m'a fallu livrer bataille, sans quoi on me campait sur le dos la perte des douze canons (COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1806, p. 714).
2. [En parlant d'une pers., à la tournure passive] Être bien campé. ,,Être bien installé, bien placé en tel endroit`` (Ac. 1835-78). Ironiquement au XXe s. Être dans une fâcheuse situation (Ac. 1932). Me voilà bien campé (POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 12).
3. Domaine des B.-A., de la litt. Représenter avec vigueur et décision (un être, une scène, etc.). Camper un personnage sur un tableau, un héros de roman :
6. Quelle puissance vous avez pour prendre la réalité, pour la modeler et camper vingt pages expressives où tout est saisissant et ramassé!
BARRÈS, Mes cahiers, t. 10, 1914, p. 301.
III.— Emploi pronom.
A.— Rare. Établir le camp de ses troupes ou son campement. L'ennemi se campa en face de nous. Synon. de camper I A. Le général essaya de se camper sur la lisière du bois (Lar. 19e).
B.— P. ext.
1. Se placer avec assurance. Il se campa le dos à la cheminée (BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 164).
MÉD. VÉTÉR. [En parlant du cheval] Se poster sur ses jambes (pour uriner). Quand un cheval commence à se camper, aprés une maladie, c'est signe que les forces lui reviennent (cf. BESCH. 1845 et Lar. 19e).
Au fig., vx. S'abriter. Se camper sous la règle de François d'Assise (MONTALEMBERT, Hist. de ste Elisabeth de Hongrie, 1836, p. LIV).
2. Souvent fam., vieilli. S'établir, s'installer dans une posture impliquant la hardiesse, parfois la bravade ou le sans-gêne. Il se campe bien (Ac. 1798-1878). Se camper en face de qqn; se camper fièrement, de profil, devant qqn; se camper dans un fauteuil (cf. Ac. 1835-1932).
Absol. Se camper. Poser pour la galerie :
7. ... le nombre de ceux qui sont appelés à faire figure dans le monde et qui consentent, qui parviennent à demeurer naturels (...) reste extrêmement limité : l'on se campe, l'on se redresse, l'on force le ton de sa voix. Même devant le seul Vendredi, Robinson a tendance à poser; l'ouvrier devant le patron; le patron devant l'ouvrier. Oui, le parfait naturel reste chose si rare qu'il peut prendre air d'affectation.
GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1243.
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi adj. de campant, ante, part. prés. de camper intrans. Les cent mille feux de ton armée campante (CLAUDEL, Protée, 1re version, 1914, II, 2, p. 340).
Prononc. et Orth. :[], (je) campe []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1465 « établir dans un camp [surtout en parlant de troupes] » (Doc. hist. inéd., III, 486 ds Delb. d'apr. QUEM. Fichier : Les François estoient campez en la montaigne et les Bourgignons en la vallée); d'où a) 1680 spéc. escr. se camper « se mettre bien en garde » (RICH.); d'où 1690 être bien campé sur ses jambes « avoir une posture ferme et assurée » (FUR.); b) 1690 « s'installer de manière provisoire » (FUR.); c) 1789 camper là qqn « le laisser là brusquement » (LOUVET DE COUVRAY, Les amours, Paris, 1821, II, 395 d'apr. B. Henschel ds Fr. mod., t. 37, p. 116); 2. 1936 camper « pratiquer le camping » (MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, p. 1174 : Et il y a un an encore, je campais en montagne, je faisais mes quarante kilomètres dans la journée, sac au dos, comme un jeune homme). 1 est dér. de camp, dés. -er [l'attest. du Rouman d'Alixandre (1288) éd. Michelant, p. 214, var., donnée par QUEM. Fichier,camper a le sens de « placer », est une forme pic. dér. de camp (champ; cf. dial. de l'est champer « jeter, placer, mettre » ds FEW t. 2, p. 158; v. aussi champer, terme de salines)]; 2 est une spécialisation de 1 sous l'infl. de camping.
STAT. — Camper. Fréq. abs. littér. :463. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 503, b) 897; XXe s. : a) 735, b) 616. Campant. Fréq. abs. littér. :21.
BBG. — DUCH. 1967, § 40. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 63. — HENSCHEL (B.). Qq. dat. nouv. du XVIIIe s. Fr. mod. 1969, t. 37, p. 116. — QUEM. 2e s. t. 1 1970, p. 10. — RUPP. 1915, pp. 47-48.

camper [kɑ̃pe] v.
ÉTYM. 1465; « s'installer en un lieu », 1426; « placer », fin XIIe; de camp.
———
I V. intr.
1 S'établir, être établi dans un camp. Bivouaquer, cantonner. || L'armée campe devant les lignes ennemies.
1 Au chapitre général que Saint François tint près d'Assise en 1219, où il se trouva plus de cinq mille frères mineurs qui campèrent en rase campagne (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Quête.
(1889, alpin.). Coucher sous la tente. || Camper en haute montagne. (1936; sous l'infl. de camping). Pratiquer le camping.
1.1 Et il y a un an encore, je campais en montagne, je faisais mes quarante kilomètres dans la journée, sac au dos (…)
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 189.
2 (1677). Fig. S'installer provisoirement (quelque part). || Nous campons à l'hôtel. || Nous ne sommes pas dans nos meubles : nous campons.
2 Mes gens sont occupés à déménager; j'ai campé dans ma chambre (…)
Mme de Sévigné, 368.
———
II V. tr.
1 Vx. Établir dans un camp (militaire). || Camper les troupes devant les lignes ennemies. || Camper une armée pour l'hiver. Cantonner.
3 Le Maréchal de Villeroi avait campé son armée.
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 20.
2 Vieilli. Installer (qqch.) avec décision, avec une certaine audace. Mettre, placer, poser. || Camper son chapeau sur sa tête.
4 À tout instant, il tirait, d'un étui en peau de serpent, une volumineuse paire de lunettes et il se la campait sur le nez (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, p. 292.
Vx. Donner avec vigueur (un coup). || Il lui campa un soufflet, une gifle. Flanquer. — ☑ Loc. Camper qqn à la porte. Ficher, foutre (mod.).
4.1 Ah ! mais il m'agace, celui-là; je ne crois pas qu'il use beaucoup d'escarpins à mon service !… Je vais prier ma femme de le camper à la porte…
E. Labiche, le Clou aux maris, 6.
(1789). Vx. || Camper là qqn, le quitter brusquement. Laisser, planter.
Fig., littér. || Camper un récit, le dire ou l'écrire avec sûreté et vivacité.Cour. || Camper un personnage, le représenter avec vigueur, dans l'expression écrite ou le dessin, ou bien dans le jeu théâtral.
——————
se camper v. pron.
ÉTYM. (1690).
Se tenir en un lieu dans une attitude fière, hardie, provocante. Dresser (se), planter (se). || Il se campait avantageusement devant la glace. Poser (se).
5 Ce monstre, à voix humaine, aigle, femme et lion,
Se campait fièrement sur le mont Cythéron.
Corneille, Œdipe, I, 3.
6 Campe-toi sur un pied.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 5.
7 Matamore se campait dans une pose extravagamment anguleuse, dont sa maigreur excessive faisait encore ressortir le ridicule.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, p. 159.
8 Mais, arrivée devant la maison Detcharry, elle vit Dolorès qui, près de rentrer chez elle, se retournait et se campait sur sa porte pour la regarder passer.
Loti, Ramuntcho, I, XXVII, p. 197.
9 Vial sauta sur ses pieds, se campa devant moi, pareil à un mitron des noirs royaumes.
Colette, la Naissance du jour, p. 99.
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campé, ée p. p. adj.
1 (Personnes). Assis, établi, fixé, placé, planté, posé, posté. || Être solidement campé sur ses jambes.Par ext. (vx). || Bien campé : bien bâti. || C'est un enfant bien campé.
Fig. et vx. || C'est un homme bien campé, dont la situation est solide, stable. Installé.
2 Un récit bien campé, mis en valeur par sa clarté, sa précision. || Un personnage bien campé. Décrit, dessiné, représenté.
10 Parfois pourtant une scène habilement campée, un mot montre qu'il ne tenait qu'à eux de faire meilleur, de satisfaire aussi les délicats.
Gide, Journal, 1907.
DÉR. Campée, campement, campeur.
COMP. Décamper.

Encyclopédie Universelle. 2012.