1. point [ pwɛ̃ ] n. m.
• 1175 « endroit, moment »; lat. punctum « piqûre », de pungere → poindre
I ♦
A ♦ Portion de l'espace déterminée avec précision.
1 ♦ Endroit, lieu. En divers, en plusieurs points. « il relevait la tête et fixait son regard sur un point quelconque de la muraille » (Hugo). Viser un point précis. — POINT DE MIRE. POINT DE REPÈRE. — De tous les points de l'horizon : de tous côtés. Aller d'un point à un autre. Point de départ, d'arrivée. Point de chute. Point de rencontre. Point d'impact. Point de non-retour. — Point d'attache d'un muscle. — Points de vente d'une chaîne commerciale. Point stratégique. POINT D'APPUI : emplacement organisé pour la défense. — Point d'amure. — POINT D'EAU : endroit où l'on trouve de l'eau (source, puits). — POINT CULMINANT : crête, sommet. — Chercher le point faible, sensible, vulnérable (cf. Le défaut de la cuirasse, le talon d'Achille). C'est son point faible, sa faiblesse. Point névralgique. — POINT DE CÔTÉ : douleur vive dans une partie du thorax. ⇒ pleurodynie. — POINT NOIR : endroit où la circulation routière est dangereuse ou difficile. On signale plusieurs points noirs à l'entrée des grandes villes (cf. infra V, 2o).
♢ (de l'angl.) POINT CHAUD : (milit.) zone dangereuse où ont lieu des combats. Les points chauds du globe. Par ext. Lieu propice à l'éclatement ou à l'aggravation d'un conflit (social, politique). « des points chauds, des zones particulièrement menacées » (Sauvy). — Lieu où il se passe qqch., centre d'intérêt. Points chauds de l'actualité.
2 ♦ Didact. Portion de l'espace dont toutes les dimensions linéaires sont nulles.
♢ Astron. Point gamma. Point équinoxial. Point culminant d'un astre. Points caractéristiques d'une orbite : apogée, apside, nœud, périgée; aphélie, périhélie.
♢ Géod. Point astronomique fondamental, où sont déterminés la latitude, la longitude et un azimut de départ.
♢ Cour. LES POINTS CARDINAUX.
♢ POINT GÉOMÉTRIQUE : concept théorique fondamental de la géométrie, désignant la plus petite portion concevable d'espace. Les points sont généralement représentés par des lettres (le point A, le point M'). Point qui décrit une ligne. Points limites (extrémités) d'un segment. Point d'intersection. Point de contact, de tangence entre deux courbes.
♢ Mécan. Point matériel : point possédant une masse finie; corps matériel considéré comme un point.
♢ Math. (théorie des ensembles) Point d'un espace : chaque élément de cet ensemble.
♢ Phys. Localisation d'un corpuscule en un point. Point-source, point-image, en optique.
3 ♦ Mar. Le point : la position d'un navire en mer. « On a fait le point : il y a tant de lieues gagnées en bonne route » (Chateaubriand). Porter le point sur la carte. — Aviat. Donner, recevoir le point par radio. — Fig. et cour. FAIRE LE POINT : préciser la situation où l'on se trouve, l'état d'une question, en analysant ses éléments. — Spécialt (Journal.) Le point sur la crise de l'énergie : l'analyse de la situation. Point de presse : brève conférence de presse.
4 ♦ (1862) POINT MORT :position des éléments d'une machine où les forces se font équilibre. — Position du levier de changement de vitesse, de l'embrayage, où l'effort du moteur n'est plus transmis aux organes de propulsion. Être au point mort (opposé à en prise). Fig. L'affaire est au point mort, n'évolue plus. — Comm. Seuil de rentabilité (d'une opération, d'une activité), où les charges propres sont couvertes par les recettes. Abaisser le point mort.
♢ Aéronaut. Point fixe : opération qui consiste à faire tourner au régime maximum les moteurs d'un avion avant son décollage.
5 ♦ (de point, employé en optique) AU POINT : de façon que l'image se forme à l'endroit convenable. Mettre une lunette, un appareil de photo au point (⇒ autofocus) . Mise au point : réglage précis. Faire sa mise au point sur qqn, qqch.
♢ METTRE AU POINT : régler (un mécanisme). Mettre un moteur au point. Metteur au point. — Fig. Ce projet demande une mise au point, des remaniements, des retouches. « Je m'occupe à revoir et mettre au point le brouillon de mes Mémoires » (A. Gide). — Mettre qqch. au point pour qqn, avec qqn, lui donner tous les éclaircissements nécessaires. Nous avons eu une mise au point, une explication.
♢ Être au point, en état de fonctionner. Ce prototype n'est pas encore au point.
B ♦ (1190) Partie précise et définie d'une durée. ⇒ 2. instant, moment.
♢ Loc. À POINT; À POINT NOMMÉ : au moment opportun (cf. À propos). Venir, arriver à point. — PROV. Tout vient à point (à) qui sait attendre. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point » (La Fontaine).
♢ SUR LE POINT DE (et l'inf.) :au moment de, prêt à. Être sur le point de, prêt à. ⇒ faillir, manquer, 1. penser. Le gouvernement est sur le point de prendre des mesures (cf. À la veille). Nous sommes sur le point de partir.
II ♦ (XIIe) Degré, état d'une chose qui change.
1 ♦ À POINT; AU POINT : dans tel état, telle situation. Se trouver au même point que la veille. Au point où nous en sommes. — Loc. adv. À POINT : dans l'état convenable. « tirez de la broche cet oison, il est à point ! » (Gautier). — Ellipt Un steak à point, cuit moyennement (entre saignant et bien cuit).
♢ Loc. adv. EN POINT. Vx Bien en point; en bon point (⇒ embonpoint) . Mod. Mal en point : en mauvais état, malade. « Voilà mon loup par terre Mal en point, sanglant et gâté » (La Fontaine).
2 ♦ Degré particulier d'une échelle (qualitativement). Le plus haut point, le point culminant. ⇒ apogée, 1. comble, sommet, summum . — (Après à, au) Au plus haut point. ⇒ éminemment, extrêmement. Ils se détestent au plus haut point. Au dernier point. « Si l'homme savait pousser l'obstination à son point extrême » (Giraudoux). « à ce point de haine, quelle paix sera possible ici ? » (Malraux). — À ce point (et adj.) :aussi, tellement. « se sentir à ce point dépourvu de tout moyen d'action » (Martin du Gard). — À quel point : combien. « Vous voyez à quel point sa haine m'est cruelle » (P. Corneille). — À tel point : tellement, autant. Je ne me suis jamais senti seul à tel point, à un point tel. — À un certain point, jusqu'à un certain point : dans une certaine mesure. ⇒ relativement. — À un point : à un degré qu'on a du mal à imaginer. Elle est pingre, mais à un point ! — C'est sérieux à ce point-là ? Je ne pensais pas qu'il était malade à ce point.
♢ Au point de (et l'inf.)(cf. Jusqu'à). L'absence « relâche certains liens très solides, [...] les éprouve au point de les briser » (Fromentin).
♢ À ce point, au point, à tel point que : si bien que, tellement que. « les larmes le gagnaient à un tel point, qu'il ne pouvait plus prononcer d'une manière intelligible » (Stendhal). « Ils sont à ce point installés dans la guerre qu'ils ne sauraient plus comment en sortir » (Romains).
3 ♦ (XIXe) Phys., chim. Degré d'intensité d'une variable définissant les conditions auxquelles un phénomène se produit. Point critique, point de rosée, de saturation. Point de congélation, d'ébullition, de fusion, d'eutexie. Point triple : condition où les trois états (solide, liquide, gazeux) d'un corps pur coexistent en équilibre.
III ♦ Action de poindre; état de ce qui point, pique.
1 ♦ (1185) LE POINT DU JOUR : le moment où le jour point. ⇒ 1. aube. « Elle est morte au point du jour » (Hugo ).
2 ♦ (1352 « manière de broder ») Chaque longueur de fil entre deux piqûres de l'aiguille. Bâtir à grands points. Points d'une tapisserie. « Elle avait pris son ouvrage et comptait sur de grosses aiguilles les points de son tricot » ( Chardonne). ⇒ 1. maille. — Collect. Faire un point à un vêtement, le réparer sommairement.
♢ Par ext. Manière d'exécuter une suite de points. Point de couture : point de devant, point arrière, point de feston, d'ourlet. Point de tricot : point mousse, point de jersey. Point à l'envers, à l'endroit. Collerette en point d'Alençon (⇒ dentelle) . « une lourde portière, en tapisserie au petit point » (Balzac). — Chir. Point de suture.
IV ♦ Marque, signe, objet visible extrêmement petit.
1 ♦ Objet visible aux contours imperceptibles. Un point à l'horizon, dans le lointain. Point brillant, lumineux. — Spécialt Point noir (sur la peau) :comédon. Dent qui a un point de carie.
2 ♦ (XIIIe) L'un des signes d'un dé à jouer. Amener deux, cinq points.
♢ Chaque unité attribuée à un joueur (aux jeux, en sport). Une partie de ping-pong en 21 points. — Compter les points (aux cartes, au billard, au tennis).— Annoncer les points. « Deux parties de billard étaient en train. Les garçons criaient les points » (Stendhal). — Marquer les points, les noter. Loc. fig. Marquer un point, des points : prendre un avantage. — Rendre des points à son adversaire, lui concéder un avantage avant la partie. Fig. « je leur rendrai des points là-dessus » (A. Gide) :je me considère comme plus fort. — Battre son adversaire aux points, vainqueur aux points, victoire aux points, accordée à un boxeur après décompte des points (opposé à par K.-O., par abandon).
♢ Permis à points.
3 ♦ Chaque unité d'une note attribuée à un élève. Échouer à un examen à un point. Enlever un point par faute, dans une dictée. — Bon point, mauvais point : marque (favorable ou défavorable) donnée à un écolier. Fig. C'est un bon point pour lui, une qualité, un avantage qui le fait juger favorablement.
4 ♦ Chaque unité d'une échelle de grandeurs ou d'un indice. Indice qui gagne deux points. Homme politique qui perd dix points, selon un sondage.
♢ (1737) Typogr. Unité de dimension des caractères d'imprimerie.
5 ♦ (1540) Signe ponctuel ou comportant un point. — Signe (.) servant à marquer la séparation des phrases. ⇒ ponctuation. Les points et les virgules. Point final d'une dictée. Par métaph. Mettre le point final à qqch. Point à la ligne; fig. en voilà assez sur ce sujet, parlons d'autre chose. Un point c'est tout : voilà tout. « ce sera tout à fait bien. Un point, c'est tout » (Duhamel). — Points de suspension (...). Les deux-points ([deux p.]). Point-virgule ([point v.]). Des points-virgules. Point d'une abréviation (ex., géogr.).
♢ Les trois points, symbole de la franc-maçonnerie (∴ ). Les frères trois-points : les francs-maçons.
♢ Par ext. Signe comportant un point. Point d'exclamation (!).— Point d'interrogation (?). Fig. et par métaph. Interrogation. Qui sera élu ? c'est le point d'interrogation. — Point en haut [ pwɛ̃tɑ̃o ] :signe correspondant en grec au point-virgule.
♢ Petit signe qui surmonte les lettres i et j minuscules. Loc. Mettre les points sur les i. — Points-voyelles : signes diacritiques représentant les voyelles, dans certaines écritures sémitiques.
♢ Mus. Signe placé après une note ou un silence, pour en augmenter la valeur temporelle de la moitié (⇒ pointé). Points de reprise : deux-points ([deux p.]) signalant un da capo. — Point d'orgue.
♢ Points et traits du morse.
♢ Signe par lequel on sépare la partie décimale de la partie entière d'un nombre dans les pays anglo-saxons et dans les traitements informatiques.
6 ♦ Blas. Chacun des petits carrés, des petites divisions de l'écu échiqueté, componé. — Position dans l'écu.
V ♦ (XIVe) Fig. Un des éléments d'un ensemble, mis en valeur.
1 ♦ Chaque partie (d'un discours, d'un texte). Les différents points d'une dissertation, d'un exposé (⇒ chef) , d'une loi (⇒ article, disposition) .
2 ♦ Par ext. Question. « bien des points de science et d'application seraient demeurés obscurs » (Pasteur). Point capital, essentiel, litigieux. Point de désaccord. Soulever un point intéressant. Traiter un point. C'est un point acquis. Un point de détail : une chose sans importance. — POINT NOIR : question obscure, source de difficultés. Il y a un point noir dans cette affaire (cf. Il y a une ombre au tableau). Les points noirs de la rentrée scolaire (cf. supra I, A, 1o). — Quel a été le point de départ de votre discussion ? — C'est un point commun entre eux, un caractère commun. — Point d'honneur.
♢ Dr. Point de droit : partie des motifs d'un jugement où sont énoncés les moyens invoqués par chacune des parties. Point de fait : « où sont énoncés les noms et domiciles des parties et les faits de la cause » (Capitant). — Cour. Point de fait : question concrète. « Toutes les puissances du monde ne peuvent par autorité persuader un point de fait, non plus que le changer » (Pascal).
♢ Sur un point. « sur ce point, je ne partage pas votre opinion » (Aymé). — Sur tous les points (cf. Sur toute la ligne). En tous points : absolument. J'approuve sa conduite en tous points. — De point en point : à la lettre. Exécuter des ordres de point en point. ⇒ entièrement, exactement. — Point par point. Il a suivi les consignes point par point.
⊗ HOM. Poing.
point 2. point [ pwɛ̃ ] adv.
1 ♦ Vx ou littér. Deuxième élément de la négation, employé normalement avec ne.⇒ 2. pas. « Va, je ne te hais point » (P. Corneille). « ce qui est histoire et ce qui ne l'est point » (Valéry). « Ne forçons point notre talent » (La Fontaine). « Point n'est besoin de se donner beaucoup de mal » (Caillois).
2 ♦ (Employé seul) Littér. Point du tout. ⇒ nullement, 2. pas. « L'amour peut être aveugle; l'amitié point » (A. Gide). « L'hiver, point de chaleur, point de lumière, point de midi, le soir touche au matin » (Hugo). « Peu ou point de piano » (A. Gide). « Julien était silencieux et point trop troublé » (Stendhal). Des gestes « non point doux, mais assurés » (Colette).
● Point unité de mesure usitée pour désigner la force du corps des caractères. (Le point Didot correspond à 3/8 de mm. Dans les pays anglo-saxons, le point vaut 1/72 du pouce anglais, soit 0,3515 mm. L'AFNOR a publié une norme qui définit un système international (SI) pour les mesures typographiques, dont l'unité est le millimètre.)
point
adv. Vx, litt. ou rég.
d1./d (Avec ne.) Deuxième élément de la négation. On ne l'aime point.
d2./d (Sans ne.) Ici, point de luxe.
— Point du tout: nullement.
————————
point
n. m.
rI./r
d1./d Signe de ponctuation (.) marquant la fin d'une phrase. Point final. Points de suspension (...). Deux points (:). Point-virgule.
|| Par ext. Point d'interrogation (?), point d'exclamation (!).
d2./d Petite marque ronde placée au-dessus du i et du j minuscules.
|| Loc. fig., Fam. Mettre les points sur les i: préciser une chose.
d3./d MUS Signe qui, placé après une figure de note ou un silence, les prolonge de la moitié de leur durée initiale.
|| Point d'orgue: signe (symbole indisponible ici) indiquant un repos plus ou moins prolongé sur une note ou un silence.
d4./d Corps matériel, objet, dont on ne distingue pas les contours en raison de sa petitesse ou de l'éloignement. Le bateau n'était plus qu'un point à l'horizon.
|| Point noir: comédon.
d5./d Très petite quantité, parcelle (de certaines matières). Fixer une photo avec un point de colle.
d6./d IMPRIM Point Didot ou, absol., point: unité de mesure des caractères d'imprimerie, équivalant à 0,3759 mm.
rII./r
d1./d Endroit fixe, déterminé. Point de départ, d'arrivée.
|| Point d'appui: point sur lequel une chose est appuyée.
— MILIT Place, base sur laquelle s'appuie une armée, une flotte; élément de base d'un dispositif de défense.
— Point chaud, où ont lieu des combats, des événements particulièrement intenses.
— Point de non-retour.
— Point mort.
— Point de repère.
— Point de mire.
d2./d GEST, COMM Point de commande: niveau de stock indiquant la nécessité de le réapprovisionner.
d3./d GEOM Lieu sans étendue, défini conventionnellement comme la plus petite portion d'espace qu'il soit possible de concevoir.
d4./d Lieu sans étendue, considéré quant aux caractéristiques qui permettent de le situer.
|| ASTRO Points équinoxiaux.
— Point vernal ou point gamma: V. gamma.
— Points solsticiaux: points où le Soleil atteint sa plus grande déclinaison boréale et australe.
|| Cour. Points cardinaux: V. cardinal.
|| PHYS Point événement: tout phénomène physique ponctuel caractérisé par ses coordonnées d'espace et de temps.
d5./d Mettre au point un instrument d'optique, le régler de manière que l'image se forme au point voulu et soit ainsi parfaitement nette.
|| Par ext. Mettre au point une machine, une mécanique, etc., la régler.
— Fig. Mettre au point un plan d'action.
— Loc. adj. Au point. Projet bien au point, prêt à être mis en application.
d6./d MAR Position d'un navire en mer. Faire le point: déterminer la position du navire; fig. examiner la situation dans laquelle on se trouve.
rIII/r (En loc.) Moment précis, instant.
|| Sur le point de: au moment de.
— être sur le point de partir: s'apprêter à partir immédiatement.
|| à point, à point nommé: au bon moment, à propos.
— (Belgique) Venir à point: se révéler utile à un moment donné. Garde ce pot, il peut toujours venir à point.
rIV./r
d1./d Question, difficulté particulière. éclaircir un point d'histoire. Le point sensible.
d2./d Division d'un discours, d'un ouvrage. Ce sera le dernier point de mon exposé.
d3./d Degré, période dans le cours d'une évolution. Nous en sommes toujours au même point.
|| Loc. adv. à point: au degré ou dans l'état qui convient. Viande cuite à point.
d4./d Degré dans une hiérarchie, une progression. être au plus haut point de la célébrité.
d5./d PHYS Point critique: point correspondant à la température et à la pression critiques d'un fluide.
— Point fixe: température de changement d'état d'un corps pur pour une pression donnée.
— Point triple.
rV./r
d1./d Unité de notation d'un travail scolaire, d'une épreuve d'examen ou de concours.
d2./d Unité qui permet de comptabiliser les avantages de chacun des adversaires ou des concurrents, dans un jeu, une compétition sportive. Marquer un point.
— SPORT Vainqueur aux points: à la boxe, vainqueur d'après le décompte des points effectué par les juges (par oppos. à par K.-O., par abandon, etc.).
|| Rendre des points à qqn, lui accorder un avantage qui compense son infériorité.
d3./d Unité de calcul, dans un barème. Points de retraite.
rVI./r Ce qui point (V. poindre), pique.
d1./d Chacune des piqûres faites dans une étoffe, dans du cuir, etc., avec une aiguille enfilée. Coudre à points serrés.
— Points de suture.
|| Façon donnée à ces piqûres, manière de coudre. Point d'ourlet, de surjet, de croix.
— Par ext. Façon donnée aux mailles d'un tricot, manière de tricoter. Point à l'endroit, à l'envers.
d2./d Douleur poignante, aiguë et bien localisée. Point de côté.
d3./d Point du jour: moment où le jour point, se lève.
I.
⇒POINT1, subst. masc.
I. A.— Élément discontinu, de très petite dimension, appartenant à une surface.
1. Élément de très petite dimension perçu visuellement sur une surface, sur un fond. Malheureusement, le capitaine ne s'intéresse pas qu'aux cheveux. Il remarque tout : le bouton qui manque, le point de rouille au fusil, le brodequin mal graissé (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 66). Soit une tache blanche sur fond homogène. Tous les points de la tache ont en commun une certaine « fonction » qui fait d'eux une « figure » (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 9).
— En partic. Lumière réfléchie sur une surface polie. Synon. éclat. Seulement par moment un oblique rayon (...) Semait de points de feu le sable éblouissant (LAMART., Chute, 1838, p. 1066). Des milliers de fragments lumineux et de points vifs se projetaient en directions contraires (VERNE, Île myst., 1874, p. 589).
♦ Point blanc, point brillant. La surface du globe de l'œil est polie; elle est de plus enduite d'une légère couche d'humidité qui en rend le poli plus parfait : aussi lorsqu'on observe un œil ouvert, on voit sur sa surface un point brillant d'un grand éclat, d'une très petite étendue, et dont la position dépend de celles de l'objet éclairant et de l'observateur (MONGE, Géom. descr., 1799, p. 43).
PEINT., vx. Tache claire servant à donner vie à un regard, dans un portrait. Des enseignements, qui étaient ridicules, quand par hasard il en donnait; et c'était, par exemple, le moyen de rendre le point blanc du regard dans l'œil (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 65).
2. TÉLÉCOMM. Point (d'image). ,,Dans une image, surface la plus petite correspondant à la limite de résolution d'un système de télécopie ou de télévision`` (GDEL) :
• 1. L'image coloriée observée par le téléspectateur est constituée par la juxtaposition de points élémentaires de lumière émise par trois luminophores [petit grain de matière émettant de la lumière] excités séparément par trois faisceaux d'électrons.
Encyclop. Sc. Techn. t. 10 1973, p. 339, s.v. télévision.
— [En traitement autom. des images] Chacune de ces images [en traitement automatique] est constituée d'un grand nombre de points (par exemple 10 000). Chaque point est affecté d'un nombre indiquant sa couleur, et l'image est ainsi entièrement numérisée (Le Monde, 30 avr. 1986, p. 20, col. 2).
3. Point noir. Synon. de comédon. Une de mes remarques fut que madame l'Abbesse avait une quantité de points noirs au bout du nez, je trouvais cela horrible (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 212).
4. Vieilli. Élément ultime, insécable des corps matériels. Synon. atome, particule. Un atome sera pour nous un petit corps sphéroïde quelconque, ou point matériel essentiellement indivisible, tandis qu'une molécule sera un groupe isolé d'atomes, en nombre quelconque et de nature quelconque (GAUDIN, 1833 ds J. ROSMORDUC, Une hist. de la phys. et de la chim., 1985, p. 155). Qu'est-ce d'abord que la matière? Si je vous dis que c'est quelque chose de pesant, vous m'opposerez les fluides impondérables. Si je vous dis que c'est quelque chose d'étendu, vous me répondrez que plusieurs philosophes estiment qu'on peut la réduire à des atômes, c'est-à-dire à des points indivisibles et par conséquent inétendus (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p. 95).
5. Chose que l'éloignement réduit à la dimension d'un point pour l'observateur. Un flux continuel de mille points noirs qui s'entrecroisaient sur le pavé faisait tout remuer aux yeux. C'était le peuple, vu ainsi de haut et de loin (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 146). J'aperçois dans la clarté aveuglante, sur la grande plaine grise du Champ-de-Mars, un fourmillement de petits points rouges et bleus : des lignards (GONCOURT, Journal, 1870, p. 586) :
• 2. Un point, bientôt silhouette, grandit en face; au croisement, elle reconnaît le soldat motocycliste qui tout à l'heure a pris la route de Soufflenheim (...) et qui revient à faible allure.
A. PIEYRE DE MANDIARGUES, La Motocyclette, 1980 [1963], p. 83.
♦ Point noir. Nuage sombre, annonciateur d'orage qui apparaît au loin. Lorsque insensiblement un point noir et douteux De loin paraît, s'élève, et s'agrandit aux yeux (DELILLE ds LITTRÉ). Au fig. ou p. métaph. Signe annonçant un danger, la détérioration d'une situation. Il n'y a pas eu cette fois de nuage dans notre amitié pure, rien, pas une tache, pas un point noir au ciel; c'est le tonnerre qui est tombé sur moi par un temps serein (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 1, 1830, p. 195). Tu es [Flaubert] mon seul point noir dans ma vie du cœur, parce que tu es triste et ne veux plus regarder le soleil (SAND, Corresp., t. 6, 1872, p. 258) :
• 3. L'Empereur venait de prononcer un discours qui constatait, à l'horizon politique, la présence de certains « points noirs ». Ces points noirs, on ne savait pourquoi, avaient fait fortune. L'esprit de Paris s'était emparé de cette expression.
ZOLA, Curée, 1872, p. 564.
6. HÉRALD. ,,Nom de chaque division de l'échiqueté et de l'équipollé`` (THIÉBAUD Blason 1982). V. équipollé ex.
B.— Signe graphique.
1. Signe de ponctuation.
a) Point. Signe de ponctuation forte (.) marquant la fin de la phrase. V. exclamation ex. 1.
♦ Point final. V. final A 1.
♦ Point à la ligne. Point marquant la fin de la phrase et le changement d'alinéa. Un grand artiste aurait été si content d'avoir trouvé cette magnifique phrase qu'il aurait mis un point à la ligne et un grand blanc (DU BOS, Journal, 1922, p. 105). Au fig. [Expr. marquant la volonté de passer à autre chose] Elle : Vous irez? Lui : J'irai pas. Point à la ligne (Le Monde, 2 sept. 1986, p. 40, col. 6).
♦ Un point c'est tout! [Expr. marquant l'impossibilité ou le refus de laisser discuter une affirmation, une décision] V. aussi c'est comme cela, c'est ainsi. Si tu désires des renseignements là-dessus, mon cher, je te conseille de t'adresser ailleurs. Moi, je suis un soldat, un point c'est tout (PROUST, Temps retr., 1922, p. 705).
♦ Faire qqc. avec points et virgules. Faire sans omettre aucun détail. [La commission] sera faite avec points et virgules (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1870, p. 151).
b) Point d'admiration ou point admiratif. Synon. vx de point d'exclamation. Dans les journaux de province de ce temps, les points d'admiration ressemblaient aux hurra par lesquels on accueille les speech des meeting en Angleterre (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 655). V. aussi admiratif ex. 9 et 10.
c) Point d'exclamation ou, plus rare, point exclamatif. Signe de ponctuation (!) qui suit une interjection, une phrase exclamative. Dans les locutions interjectives eh bien! eh quoi! hé bien! hé quoi! le point exclamatif se met après la locution complète, non après le premier élément (GREV. 1980, § 2759). V. exclamation A.
— Ce même signe utilisé comme symbole de l'étonnement (p. ex. dans les bulles de bandes dessinées, en marge d'un texte, ou entre parenthèses dans le fil d'un texte).
d) Point d'interrogation. V. interrogation C 1 c.
— Ce même signe comme symbole de la perplexité devant un énoncé ou une situation (en marge d'un texte, dans une bulle de bande dessinée). Tout aussitôt je lui renvoyai la traduction, bonne ou mauvaise, mais copiée sur ma propre version, moins les termes, avec un point d'interrogation qui voulait dire : « Je ne réponds de rien, examinez » (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 65).
e) Points de suspension ou, plus rare points suspensifs. Séquence constituée de trois points (...), indiquant que le locuteur refuse de prononcer un mot, de formuler la suite de sa pensée. Les mots « un pareil » suivis de points suspensifs, n'en constituent pas moins une injure grave (MEILHAC, HALÉVY, Boule, 1875, III, 6, p. 95) :
• 4. Nous les appelons les « grands », mais c'est là un adjectif qui, pour l'instant, ne qualifie rien. Il est suivi de points de suspension que l'histoire remplacera un jour par le nom encore inconnu qu'ils auront mérité. Sera-ce : Les trois grands réorganisateurs de l'Europe, les trois grands réformateurs, les trois grands sauveurs?
MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 492.
f) Point-virgule et, vieilli, point et virgule. Signe de ponctuation (;) qui ,,sépare deux aspects d'une même idée [et] marque une pause un peu plus longue que la virgule`` (J. DUBOIS, R. LAGANE, La Nouv. gramm. du fr., Paris, Larousse, 1973, p. 233). C'est pour « disséquer les phrases » que le point-virgule devient le roi de la ponctuation moyenne. On en use et on en abuse au XIXe siècle — particulièrement dans les textes officiels (A. LORENCEAU, Hist. du point-virgule et des deux points ds Trames 1984, p. 104).
g) Deux points (au plur.). Signe de ponctuation constitué de deux points disposés verticalement (:), et dont la fonction est d'insérer en fin de phrase un énoncé indépendant, juxtaposé à ce qui précède (discours direct avec ou sans guillemets, explication propre au locuteur). V. guillemet ex. de Sarraute et de Prévert.
h) Point en haut. Signe de ponctuation grecque (.) correspondant au point virgule et aux deux points du français. En grec, nos deux points et notre point et virgule sont remplacés par le point en haut (E. RAGON, Gramm. gr., Paris, 1938, p. 7).
2. Signe diacritique.
a) Signe diacritique placé sur certaines lettres comme par exemple i et j. On doit bien se garder de mettre un point sur l'i [iota grec] (E. RAGON, Gramm. gr., Paris, 1938 p. 2).
— Au fig. Mettre les points sur les i.
b) Points-voyelles. ,,Signes diacritiques ajoutés aux signes alphabétiques pour représenter les voyelles dans certaines écritures sémitiques`` (MAR. Lex. 1951).
c) Point abréviatif ou simpl. point. Point mis après une lettre initiale, après chacune des lettres d'un signe ou après une séquence de lettres pour montrer qu'il s'agit d'une abréviation (M. pour Monsieur, C.G.T. pour Confédération Générale du Travail, p. ex. pour par exemple). V. abréviation ex. 8.
d) MUS. Signe placé après une note et qui en augmente la valeur de moitié. Une blanche suivie d'un point vaut trois noires (Ac.).
♦ Point d'arrêt.
3. Signe graphique remplissant des fonctions diverses.
a) Marque de très petite dimension portée sur une carte, un croquis, etc., p. méton., l'emplacement correspondant. À table, placé au point H, je ne mangeais pas un morceau (STENDHAL, H. Brulard, t. 2, 1836, p. 423).
b) TYPOGR. Points, ligne de points. Séquence de points, parfois mis entre parenthèses, dans une ligne; ligne de points marquant une coupure, dans un texte. Ôtez de mon speech tout ce qui vous semblera dangereux. On ne peut pas faire de procès à des lignes de points (HUGO, Corresp., 1870, p. 248).
♦ Points conducteurs ou points de conduite. ,,Points qui servent à prolonger une ligne, et dont on se sert surtout dans les tables et les tableaux, pour mettre en rapport les objets qui se correspondent`` (LITTRÉ).
c) DESSIN INDUSTR. Points courants. ,,Lignes formées de points plus ou moins allongés qu'on trace sur des plans`` (LITTRÉ).
d) Frère trois-points. [P. réf. au symb. de la franc-maçonnerie constitué de trois points disposés en triangle] Franc-maçon. Il ressemblait à Vincent Auriol et mon grand-père prétendait qu'il était Frère-Trois-Points (SARTRE, Mots, 1964, p. 62).
e) MATH. Point décimal. ,,Dans les pays anglo-saxons et souvent dans les machines électroniques (...), signe séparant la partie entière d'un nombre de sa partie décimale`` (GDEL). Normalement les indications d'heure ne comportent ni zéro, ni point décimal, tout au plus le point abréviatif; 6.45 est une forme anglicisée de 6h45 (J. DARBELNET, Le Fr. en contact avec l'angl. en Amérique du Nord, Laval, 1976, p. 82).
f) TÉLÉCOMM. Signe de l'alphabet morse, représentant le son bref, par opposition au trait, représentant le son long. V. alphabet ex. 7.
II.— Lieu de l'espace dont l'étendue n'est pas prise en compte et défini par un système de références.
A.— 1. Endroit de l'environnement ou de la surface terrestre, lieu où l'on perçoit quelque chose, où se situe quelque chose. Point de rassemblement, de réunion; en divers, en plusieurs points; le point le plus bas, le plus haut. [Le gouvernement doit] s'attacher, sur tous les points du globe, des hommes qui par leur mérite et leurs travaux appartiennent à tous les pays (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. XXV). [La librairie] était évidemment l'une des premières de la ville. Située en un des points les plus fréquentés du centre, elle ne désemplissait pas de tout le jour (MARTIN DU G., Confid. afric., 1931, p. 1111).
♦ Point d'eau. Endroit d'une région désertique où existe une source. [Les] grandes savanes de l'Ouest américain (...) lui ont appris qu'un point d'eau est un trésor (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 105). Poste, borne où on peut se ravitailler en eau. Le « point d'eau » dans chaque salle [d'une école maternelle] est aussi très apprécié. Dans les anciens locaux, les institutrices devaient sortir de leur classe et aller chercher de l'eau dans des seaux! (Le Monde, 5 sept. 1986, p. 17, col. 2).
♦ FOOTB. Point de réparation. Endroit d'où est tiré le penalty. Point de réparation, marqué à 11 m en face du centre des buts (PETIOT 1982, s.v. penalty).
♦ COMM. Point de vente. ,,Lieu où sont vendus les pro duits d'une entreprise ou d'un secteur économique`` (PHÉL. 1975). Certains petits commerçants (...) ne cèdent-ils pas à la tentation d'ouvrir un second, puis un troisième point de vente? (Le Monde, 12 janv. 1982, p. 20, col. 4).
Rem. Noter l'usage récent de substituer au compl. en de, un subst. juxtaposé, p. ex. : point-rencontre, point-service pour point de rencontre, point de service. Au pied de la statue de Danton, un petit stand qui ressemble à une échoppe de marchand de glaces :« Point-rencontre avec les communistes », avertit une pancarte (Le Point, 27 févr. 1978, p. 46, col. 1). La Longue Durée Ford garantit le dépannage au point-service Ford le plus proche (Le Nouvel Observateur, 25 mai 1981, p. 33).
— [L'espace est la surface d'un objet] Point d'ancrage, point de fixation. Du sommet de la tour partait un câble métallique, invisible à son point d'attache, mais qui scintillait à mesure qu'il descendait dans la lumière des phares (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1655). V. aussi attache ex. 2.
♦ MAR. Point d'une voile. ,,Lieu de réunion de deux ralingues contiguës de cette voile`` (GRUSS 1952).
— [L'espace est le champ perceptif d'un individu] C'est à notre propre corps que nous rapportons naturellement les objets extérieurs; (...) nous transportons pour ainsi dire partout avec nous un système d'axes auxquels nous rapportons tous les points de l'espace, et (...) ce système d'axes est comme invariablement lié à notre corps (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 81).
♦ Point d'écoute. Le réglage du volume et la sélection des stations se font enfin au point d'écoute et vous pouvez en contrôler aisément la bonne marche sur le cadran de l'ampli-tuner à affichage lumineux (Le Point, 21 mars 1977, p. 12, col. 1).
♦ Point de vue. V. ce mot.
2. Endroit d'un champ de bataille, d'un front. Point stratégique, vulnérable; point d'appui. Au lieu de se battre sur un seul point, les Républicains se défendirent sur trois endroits différents du plateau de la Pèlerine (BALZAC, Chouans, 1829, p. 42). P. métaph. Vers 1750, Locke était le philosophe de l'Europe éclairée. L'idéalisme résistait sans doute, mais il était battu sur tous les points (COUSIN, Hist. philos. XVIIIe s., t. 1, 1829, p. 21).
♦ Point chaud. Endroit où se déroulent des combats sévères, où ont lieu des violences. La presse quotidienne ou hebdomadaire informe avec une apparente régularité ses lecteurs sur ce qu'on appelle, d'une expression abominable, les points chauds de la planète (y a-t-il beaucoup de points froids?) (Le Nouvel Observateur, 3 mai 1976, p. 28, col. 2). P. ext. Lieu où existe un état de crise, une agitation sociale. Dernier point chaud : Saint-Nazaire, où la grève a abouti à un lock-out (L'Express, 27 mars 1967 ds GILB. 1971). Lieu où se passe un événement important. San Francisco est le point chaud de la pop-music à travers le monde (L'Express, 15 août 1966 ds GILB. 1971).
♦ Point faible.
♦ Point fort. Point particulièrement fortifié. [Une maxime applicable à] tout autre chose aussi qu'au jeu d'échecs : « Ne jamais renforcer les points faibles — toujours renforcer les points forts » (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 62). P. anal. La concentration des moyens disponibles sur les points forts de l'économie nationale (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 562). Au fig. Activité dans laquelle on est particulièrement compétent. La rapière, c'était son point fort (...). La saccagne [couteau] en main, y avait pas plus dangereux (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 16).
♦ Point sensible. Élément jouant un rôle-clé. L'intervention prendra, alors, comme objectif la prise de possession et la protection des points sensibles et essentiels : ponts, centrales, services publics, ministères (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 690). P. anal. C'est que les réfugiés, encore une fois, ont pesé sur le point sensible, qui est la Bourse (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 117). Au fig. Côté sensible, vulnérable (d'une personne). Il y eut un silence. C'était la seconde fois en douze heures qu'on frappait M. Thibault au point sensible (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 731).
♦ Point d'attaque. Endroit d'un système défensif où l'on attaque. Au fig. Dans son rôle d'adversaire, il n'avait pas si tort, ce nous semble : ses points d'attaque étaient bien choisis (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 548).
♦ Point de ralliement. Endroit où les hommes d'une troupe, où plusieurs troupes doivent se réunir. Au fig. Idées, principes autour desquels on se rassemble. Lorsque le retour des Bourbons fut décidé par les puissances européennes, M. de Talleyrand mit en avant le principe de la légitimité, pour servir de point de ralliement au nouvel esprit de parti qui devait régner en France (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 185).
3. Endroit déterminé d'un itinéraire, d'un parcours. Point d'arrêt, de départ, de non-retour, de repère; point névralgique; point d'arrivée (v. arrivée ex. 3); aller d'un point à un autre.
♦ Point d'attache. Synon. de port d'attache. Au fig. Dans un mois, deux au plus, je compte me mettre à voyager pas mal, mais j'ai besoin du chalet comme point d'attache (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 313).
— Point de retour. [Dans un cont. métaph.] :
• 5. ...ainsi nous nous traînions, le long de notre langue de sable, de rocher en rocher, guettant un fanal, rêvant une issue, sans vouloir reconnaître que nous tournions le dos à la terre et que la marée montante du siècle, qui nous avait dès longtemps coupé l'unique point de retour, gagnait à chaque moment sous nos pas.
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 72.
♦ Point noir. Endroit d'une route particulièrement dangereux. Un « point noir », c'est un lieu où, en cinq ans, on compte en moyenne dix accidents de la route, mortels ou non. Ces pièges, on en recense huit cent cinquante très sérieux sur le réseau routier français (L'Est Républicain, 8 mars 1986, p. 2, col. 1-3).
♦ Point terminus. Arrivés au « grand marigot », point terminus de la route carrossable. Là nous attend le gros des porteurs (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 739).
♦ TÉLÉCOMM. Liaison point à point (p. oppos. à liaison multipoint). ,,Liaison (téléphonique ou télégraphique) qui relie en permanence deux points`` (GING.-LAURET 1982).
♦ TRAV. PUBL., VOIRIE. Point à temps. Réparation d'une route ou d'une voie ferrée consistant à réparer seulement les parties défectueuses. De ce principe [qu'on ne doit toucher à une voie que le plus rarement possible] on a déduit deux méthodes absolument opposées; celle du point à temps (...) et celle de l'entretien par aménagement ou par révisions générales (BRICKA, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 518).
4. BALIST. Lieu d'une trajectoire. Point culminant, point d'impact.
♦ Point de chute. Synon. de point d'impact. Voici une carte de Madrid. Vous voyez les points de chute : les circonférences rouges (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 688). P. anal., fam. Endroit où l'on s'arrête, fait halte (en parlant de quelqu'un qui est souvent en déplacement, en voyage); poste où l'on est muté. (Dict. XXe s.).
♦ Point mort. Point protégé qu'une trajectoire ne peut atteindre. Là où nous sommes, au pied de la butte, c'est un point mort pour l'artillerie. Vague et brève accalmie. On cesse un peu d'être sourds (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 271).
♦ Point zéro. ,,Point de la surface du globe (terre ou mer) situé à la verticale du centre de l'explosion d'un engin nucléaire. Abrév. : PZ`` (Méd. Biol., t. 3, 1972).
♦ Point de mire, point de visée.
5. ANAT., PHYSIOL. Endroit du corps, zone tactile ou sensible. Point douloureux, névralgique, sensible; point d'attache. La peau est une membrane appliquée sur tous les points par lesquels se termine le corps (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 539).
♦ Point mort. Zone de la rétine dépourvue de cellules visuelles. Synon. point aveugle. Quelque chose de comparable au point mort de la rétine, et sans écho, et qui pourtant voit et entend (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 69).
— ACUP. ,,Lieu situé sur le méridien au niveau duquel il est possible d'agir (...) sur l'écoulement de l'énergie dans ce méridien`` (Méd. Flamm. 1975). L'existence des points d'acupuncture est reconnue depuis la plus haute antiquité chinoise (CRÉPON Acup. 1980).
— PHONÉT. Point d'articulation. Endroit où se produit le resserrement ou la fermeture du chenal phonatoire, par le rapprochement ou le contact des organes phonatoires (d'apr. Ling. 1972).
B.— GÉOMÉTRIE
1. Élément d'une surface ou d'une ligne, conçu comme la limite vers laquelle tend à l'infini une aire de plus en plus petite. [Dans la conception ordinaire] l'on suppose entre les éléments du continu une sorte de lien intime qui en fait un tout, où le point ne préexiste pas à la ligne, mais la ligne au point (POINCARÉ, La Sc. et l'hypothèse, 1968 [1902], p. 48). V. aussi ligne ex. 13.
♦ Point de concours. Point d'intersection. V. concours I B et infra II B 3 point à l'infini ex. de A. Dahan-Dalmedico.
♦ Point d'intersection, de tangence.
— Au fig. Point commun. Caractère commun à deux ou plusieurs personnes ou choses. Avoir, présenter des points communs. Déjà, dans les années qui précédèrent la première guerre mondiale, l'épicier n'avait plus qu'un seul point commun avec son ancêtre du milieu du XIXe siècle : le nom (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 210).
2. Élément défini d'une courbe. Point d'inflexion, point de rebroussement. Une courbe plane est une ligne qui peut être considérée comme un ensemble de points situés dans un même plan et possédant une même propriété caractéristique (J. TAILLÉ, Courbes et surfaces, 1953, p. 5). V. aussi abscisse ex. 1.
♦ Point courant. Une courbe définie par une relation P = () entre le rayon vecteur P et l'angle polaire, pourra voir son point courant M s'éloigner indéfiniment si P croît au-delà de toute limite (J. TAILLÉ, Courbes et surfaces, 1953 p. 57).
♦ Points multiples. ,,Points où passent plusieurs branches de la courbe, et où, par conséquent, on peut mener plusieurs tangentes. Exemple : le lemniscate de Bernouilli y2 = x2 — x4`` (PRIVAT-FOC. 1870). P. métaph. La physiologie et la psychologie sont comme deux cercles qui se touchent du moins par un point et peut-être par des points multiples, suivant l'expression géométrique où les courbes se pénètrent (MAINE DE BIRAN, Journal, 1823, p. 408).
— CINÉMATIQUE :
• 6. On dit qu'un point M est mobile, ou est en mouvement, s'il n'occupe pas toujours la même position par rapport à un système de référence (R) considéré comme fixe (par exemple, dans l'espace à trois dimensions, un trièdre de coordonnées Oxyz). Relativement à un tel système, les coordonnées x, y, z de M dépendront d'un paramètre t qu'on appelle temps, c'est-à-dire que (...) = (t) avec la notation vectorielle. Quand t prendra toutes les valeurs réelles d'un intervalle, le point M variera et décrira une courbe (C) appelée trajectoire...
R. CAMPBELL, La Cinématique, 1970 [1966], p. 9.
3. Élément (sans étendue) dont la position dans l'espace est définie par des projections sur un plan.
— GÉOM. DESCRIPTIVE. L'espace est sans limites; toutes ses parties sont parfaitement semblables, elles n'ont rien qui les caractérise, et aucune d'elles ne peut servir de terme de comparaison pour indiquer la position d'un point. Ainsi, pour définir la position d'un point dans l'espace, il faut nécessairement rapporter cette position à quelques autres objets, distincts des parties de l'espace qui les renferme, et qui soient eux-mêmes connus de position, tant de celui qui définit, que de celui qui veut entendre la définition (MONGE, Géom. descr., 1799, p. 5). V. aussi coordonnée ex. 3.
— GÉOM. PROJECTIVE. Homothétique d'un point; polaire d'un point; projection d'un point sur plan :
• 7. Si deux courbes quelconques, situées sur le plan d'une section conique donnée, sont telles que les points de l'une soient respectivement les pôles des tangentes de l'autre, réciproquement les points de celle-ci seront les pôles des tangentes de la première; de sorte que chacune d'elles pourra être considérée, à la fois, comme l'enveloppe des polaires des points de l'autre, ou comme le lieu des pôles des tangentes de cette autre.
J.-V. PONCELET, 1822 ds A. DAHAN-DALMEDICO, J. PEIFFER, Une hist. des math., 1986 [1981], p. 143.
♦ Point à l'infini. Alberti avait constaté dans son Della P. Hura que la perspective transforme un système de droites parallèles en un système de droites concourantes et, afin de compléter la correspondance entre les deux systèmes, Desargues introduit un point nouveau sur chaque droite, le « point à l'infini » (...). Par convention Desargues dira que c'est le point de concours du système de droites parallèles. Droites concourantes et droites parallèles sont aussi de même nature, sauf que le point d'intersection des droites parallèles est rejeté à l'infini (A. DAHAN-DALMEDICO, Une hist. des math., 1986 [1981], p. 130).
4. GÉOM. NON EUCLIDIENNES. [Hilbert ds Fondements de la géométrie] part d'objets non définis dont la nature n'importe pas et spécifie les relations entre eux par des axiomes. La possibilité est ainsi reconnue de définir axiomatiquement des espaces abstraits dont les éléments sont appelés « points » sans qu'on sache si ce sont des nombres, des courbes, des surfaces, des fonctions, etc. Depuis la fin du XIXe siècle, l'usage s'est instauré de décrire les propriétés de ces espaces abstraits dans le langage de la géométrie classique (A. DAHAN-DALMEDICO, Une hist. des math., 1986 [1981], p. 166).
C.— SC. PHYS. et SC. APPL.
1. OPT. Lieu où un rayon rencontre un plan, d'autres rayons. Point nodal, point de réfraction.
— PERSPECTIVE. Point de fuite, point de vue (v. ce mot).
2. a) ASTRON., COSMOGRAPHIE, MÉCAN. CÉLESTE. Position sur une trajectoire. Point cardinal (v. cardinal1), point équinoxial, point gamma, point vernal.
♦ Point matériel. Corps matériel considéré comme ponctuel. L'Univers astronomique est formé de masses, très grandes sans doute, mais séparées par des distances tellement immenses qu'elles ne nous apparaissent que comme des points matériels; ces points s'attirent en raison inverse du carré des distances et cette attraction est la seule force qui influe sur leurs mouvements (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 172).
♦ Point-événement. [En micro-phys., pour désigner des phénomènes non observables physiquement] Il y a une seule chose à en dire — mais cela revient simplement à poser la forme, l'espace, comme réels — c'est que l'élément des formes, c'est l'ensemble des « ici », ou, comme disent les relativistes, des points-événements dans l'espace-temps. Voilà la seule définition possible du véritable atome, le seul « atome » auquel on ne risque pas un jour d'avoir à découvrir des composants (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 32).
b) GÉOD., TOPOGR. Point astronomique fondamental. [Dans la méthode astro-géodésique, on adopte] un point astronomique dit fondamental où sont déterminés, avec grand soin par observations sur le système de référence stellaire, la latitude, la longitude et un azimut (angle entre une direction horizontale et la direction du méridien) de départ, à partir desquels seront calculés sur l'ellipsoïde choisi, en fonction des observations géodésiques faites sur le terrain, les latitudes, longitudes et azimuts en chacun des points du réseau (Terre, 1959, p. 80 [Encyclop. de la Pléiade]).
♦ Point géodésique. ,,Point dont la latitude et la longitude ont été déterminés avec précision`` (GEORGE 1970).
c) NAV. MAR. ou AÉRIENNE. Le point. Position (d'un navire, d'un avion) déterminée à partir de l'observation des astres :
• 8. Les principaux intéressés [par le Temps Universel] sont les navigateurs qui mesurent au sextant des hauteurs d'astres afin de situer leur zénith sur la sphère étoilée. La connaissance de T.U. fixe les positions de la sphère étoilée par rapport à des repères terrestres : ils obtiennent donc leur position par rapport à ces repères, c'est-à-dire leur point.
B. DECAUX, B. GUINOT, La Mesure du temps, 1969, p. 96.
Rem. Avant d'être déterminé par l'observation des astres, le point était établi « à l'estime », d'après la route suivie et la vitesse du navire (d'apr. GRUSS 1952).
♦ Faire le point. Établir cette position. Parler de faire le point ou de prendre hauteur eût été de l'hébreu pour nos marins (CHATEAUBR., Itinér. Paris Jérus., t. 2, 1811, pp. 81-82). Au fig. Déterminer le degré d'avancement d'une question, le degré d'évolution d'une situation. Le principal intérêt des deux rapports de la journée était en quelque sorte de nous permettre de faire « le point ». Au rapport du matin, on établissait la situation générale (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 239) :
• 9. Par moments — rarement — on fait le point, on s'aperçoit qu'on s'est collé avec une femme, engagé dans une sale histoire. Le temps d'un éclair. Après ça, le défilé recommence, on se remet à faire l'addition des heures et des jours.
SARTRE, Nausée, 1938, p. 59.
3. TECHNOL., MÉCAN. Endroit de la course d'un dispositif mobile.
a) Point d'appui.
b) Point fixe. Point où le système mobile est relié à une masse immobile. Le point fixe d'un balancier. En 1784 Watt fit breveter le dispositif de leviers articulés connus sous le nom de parallélogramme de Watt. O est le centre d'oscillation du balancier; A est un point fixe sur le bâti de la machine. B et C où viennent s'articuler les tiges du piston décrivent des trajectoires en forme d'ellipse, sensiblement rectilignes quand D, tête du balancier, décrit un arc de cercle (Hist. gén. des techn., Paris, P.U.F., 1968, pp. 48-49).
♦ Au fig. Synon. de invariant. Il ne restait plus, en effet, après l'introduction de ces hypothèses dans l'étude des sciences morales, aucune base solide, aucun point fixe auquel on pût rattacher les résultats de l'observation et de l'expérience (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. VIII). Il se sentait encore trop déséquilibré pour vivre sans appui. Il savait que sa mère et lui s'entremeurtriraient sans doute, mais un point fixe d'amour, de respect, lui signalerait la moindre dérive (COCTEAU, Gd écart, 1923, p. 90).
— NAV. AÉRIENNE. ,,Manœuvre qui consiste, avant le décollage, à faire tourner en bout de piste, pendant quelques instants, les moteurs au régime maximal`` (GDEL). Immobilisation d'un hélicoptère pendant le vol. Pendant ce temps, l'hélicoptère se dirigeait vers le bâtiment D 3 et réalisait un deuxième point fixe d'environ deux minutes à 1,5 mètre du toit (Le Monde, 28 mai 1986, p. 33, col. 1).
c) Point mort. Position de la course (d'un pendule, d'un piston, d'une bielle) dans laquelle la poussée est nulle. Pauvres gens! leur vie ne reste pas plus longtemps dans le normal que le balancier en mouvement au point mort (BERNANOS, Crime, 1935, p. 785). Le système bielle-manivelle, mécanisme qui transmet le mouvement mais le modifie, le faisant passer du mouvement circulaire en un mouvement rectiligne alternatif et vice versa [comportait l'inconvénient du] passage de deux points morts situés sur deux extrémités du diamètre situé dans le prolongement de la bielle (Hist. des techn., 1978, p. 604 [Encyclop. de la Pléiade]).
— Au fig. Moment d'arrêt, interruption. Cher monsieur, toute existence a sa phase critique, son point mort. On retrouve ce trait de la nature jusque dans la sainteté; la sainteté elle-même a ses passages déserts, arides (BERNANOS, Joie, 1929, p. 628). [A. Daudet] ôtait et remettait son lorgnon, prenait son interlocuteur à témoin et n'avait pas de point mort : « Il savait enchaîner » disait Porel, directeur de l'Odéon (L. DAUDET, Qd vivait mon père, 1940, p. 40).
♦ Être au point mort. Être arrêté, immobilisé. Une affaire au point mort. Dans compte-rendu d'un livre, on voit le mot computare au point mort où il ne signifie plus compte et ne veut pas encore dire conte (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 210).
— AUTOMOB. ,,Position du levier de vitesse d'une automobile, qui désaccouple le moteur de la transmission`` (DEW. Technol. 1973). (Mettre, être) au point mort. (Mettre, avoir mis) cette position du levier de vitesse. Et nos rires descendirent la côte, à la file, portés par de discrètes voitures au point mort (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 59).
— ÉCON. ,,Seuil de rentabilité de l'entreprise, en dessous duquel elle n'est pas rentable parce que le chiffre d'affaires ne couvre pas les charges fixes et les charges variables`` (CIDA 1973).
4. Être, mettre au point; mise au point
a) OPT. Mettre au point une lunette, un microscope. Mettre au point une loupe, c'est amener l'image dans le champ de vision de l'œil. Cette mise au point s'effectue généralement en déplaçant la loupe par rapport à l'objet (LAMIRAND, JOYAL, Phys., Classe de 1re C et mod., 1949, p. 122). Mettre au point sur. P. métaph. Nous tournons notre tête et nos yeux devant l'étendue qui fait tableau devant eux; nous avons l'impression de manœuvrer pour mettre au point sur eux (RUYER, Conscience, 1937, p. 53).
♦ Mise au point. Action de mettre au point; résultat de cette action. Je braquais la lunette sur le visage monstrueux de ce vieil homme qui me faisait peur, réglant la mise au point pour l'avoir le plus près, le plus gros possible, tout contre moi, bouchant mon univers, à en avoir le vertige (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 159).
♦ PHOT. Amener l'image formée par l'objectif dans le plan de la surface sensible (cas de la prise de vue ou de l'agrandissement) ou de l'écran (cas de la projection), afin d'obtenir la netteté maximale (d'apr. GDEL).
— Au fig. Mettre, remettre les choses au point. Apporter des précisions qui donnent son éclairage vrai à une affaire, qui rétablissent la vérité. Voilà de bien grands mots : mettons les choses au point. Vous n'avez jamais eu de condamnations, c'est vrai, mais les renseignements recueillis sur votre compte ne sont guère en votre faveur (COURTELINE, Article 330, 1900, p. 260) :
• 10. À plusieurs reprises j'ai remarqué chez Marceau un singulier malaise lorsqu'il sentait que la recomposition de son crime n'était pas parfaitement exacte — mais qu'il ne pouvait ni remettre les choses au point, ni profiter de l'inexactitude.
GIDE, Souv. Cour d'ass., 1913, p. 632.
♦ Mise au point. Action de mettre au point; déclaration, communique faits dans ce but. Publier une mise au point. Question : Je ne sais pas si cette volonté de vous faire comprendre vous fera mieux comprendre, ou si cela vous fera plus mal comprendre, mais je crois que la mise au point dans action vous fait encore plus mal comprendre (SARTRE, Existent., 1946, p. 99).
b) MÉCAN. Mettre au point. Faire les réglages et les adaptations permettant le bon fonctionnement d'un moteur, d'une machine, d'un dispositif complexe. Être au point. Être en état de fonctionner :
• 11. ... et le vieux patron, passionné, modifiant seul une goupille sur une minuscule machine dans un atelier illuminé, mettait au point la pièce décisive qui devait faire de ces mitrailleuses « des mitrailleuses je ne vous dis que ça ».
MALRAUX, Espoir, 1937, p. 779.
♦ Metteur au point.
— P. anal. Les pièces ne se donnent à New-York que lorsqu'elles sont tout à fait au point et qu'elles ont déjà été essayées en province et en banlieue (MORAND, New-York, 1930, p. 174). J'ai travaillé la question. J'ai mis au point une méthode [de traitement]. Ce que je fais est aussi scientifique et souvent même plus sérieux que ce que font les autres professeurs (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 37). Marat et Rodrigue prirent rendez-vous dans les parages dès dix heures, pour avoir le temps de mettre minutieusement au point leur dispositif de sécurité et d'attaque (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 232).
♦ Mise au point. Une soirée consacrée à la mise au point du bal (RADIGUET, Bal, 1923, p. 179).
5. MAR. Point vélique.
III.— Moment (d'une durée, d'un devenir).
A.— Rare, vieilli. Instant, moment. Dans cette ligne de vie qui nous fut transmise par nos ancêtres et que nous devons prolonger au delà de nous, on ne saisit que le point présent (CHATEAUBR., Génie, III, Lyon, Ballanche, 1809, p. 90). J'ai eu tort, répondit-il lentement et en faisant dans sa phrase de longs points d'arrêt (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 41).
B.— [Dans des loc.]
1. À point. Au bon moment, à propos. Ce jeune homme qu'elle a rencontré est venu à point pour ouvrir son cœur et donner un but à ses rêves (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 11). Et il allait très bien être pincé derrière une barricade, si le forgeron ne s'était rencontré là, juste à point pour le protéger de son grand corps et l'aider à filer (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 475).
♦ Mal à point (rare). Au mauvais moment. Quand bien même on pourrait... vous auriez encore d'autres maîtres : l'été qui commence trop tard et qui finit trop tôt, l'hiver qui mange sept mois de l'année sans profit, la sécheresse et la pluie qui viennent toujours mal à point (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 173).
♦ Proverbe. Tout vient à point à qui sait attendre. Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
— À point nommé
♦ Au moment convenu, fixé d'avance. Quand Dugommier vit la chose en effet accomplie, quand il récapitula que le jeune commandant d'artillerie lui avait toujours dit d'avance, à point nommé, ce qui arriverait, ce fut alors tout à fait de sa part de l'admiration et de l'enthousiasme (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 97). Nous nous disons malgré nous : « Comme il est beau, et surprenant, que toutes ces aventures, que toutes ces existences viennent à point nommé croiser la destinée du héros! (...) » (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. XI).
♦ Opportunément. Constatation qui intervient à point nommé pour me faire souvenir, si j'étais jamais tenté de l'oublier, que les questions formelles ne doivent pas me faire perdre de vue que c'est par le contenu avant tout ce que je peux écrire vaut (DU BOS, Journal, 1927, p. 203).
2. Être sur le point de + inf., loc. verb. [Exprime l'imminence de l'action que désigne l'inf.] Synon. aller. Quand la douceur de Mathilde (...) et l'excès de son dévouement étaient sur le point de lui ôter tout empire sur lui-même, il avait le courage de la quitter brusquement (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 429). Le désir du combat possédait toutes les âmes. À tout instant, la guerre était sur le point d'éclater (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1559).
IV.— État à un moment donné, d'une chose qui change; degré dans une évolution.
A.— 1. Degré, limite. Et ses traits peignaient le point extrême de l'abattement physique (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830 p. 420). V. aussi hisser ex. 5.
♦ Point-limite. L'écriture de Ravel marque le point-limite des curiosités coupables. Au delà de ce domaine, l'orchestre grince et grimace (VUILLERMOZ in R. musicale, avr. 1923, p. 25 ds QUEM. DDL t. 15).
2. [Dans des loc. adv. introd. par à, assimilables à un adv. de quantité, d'intensité]
♦ Au dernier point (littér.). Au plus haut degré. Je vous prie, s'il en est encore temps, de me renvoyer les épreuves, autrement je ne prendrai pas cette portion sur ma responsabilité. Je ne le veux d'aucune manière, et le procédé m'étonne au dernier point (BALZAC, Corresp., 1839, p. 543).
♦ Au plus haut point. Au plus haut degré. Ce qui nous intéresse, et au plus haut point, c'est la manie qu'a Noël Chérouvier de mêler des éléments sentimentaux, des éléments parasites au problème de la civilisation qui est une affaire d'intelligence pure (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 51).
♦ À un point que. Non, je ne suis que fatiguée, — mais ça, à un point que tu ne peux imaginer... — Je voudrais dormir, ne plus sentir (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, II, 1, p. 186).
À un point! À un degré qu'on ne peut imaginer. Toutes ces figures nouvelles, ces yeux écarquillés qui vous dévisagent, cela m'étourdit à un point! (MUSSET, Quenouille, 1840, I, 3, p. 291). Gabrielle : As-tu beaucoup d'indiscrétions ou de maladresses à me reprocher? Henriette : Pas une seule, ma Ielle [Gabrielle]! Je te demande pardon... Je suis émue à un point! (BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 7, p. 11).
♦ À un tel point, à ce point-là (fam.). Tant que cela. C'est inconcevable qu'on se laisse mener à ce point-là (SCRIBE, Camaraderie, 1837, I, 3, p. 240) :
• 12. — J'ai vaguement compris, continua-t-il, qu'il y avait eu des coups durs dans l'organisation dont elle fait partie... Mais elle ne m'a presque rien dit... Oh! pas bavarde du tout... Toujours enfermée dans sa chambre... Une belle fille pourtant, comme j'en ai rarement vue... — À ce pointlà?
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 130.
♦ À quel point. À quel degré, combien. Je sentis alors à quel point elle était vile : j'en fus pénétré; mes larmes coulèrent (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 151). Je m'applaudis en quelque sorte d'être sorti de mon néant, puisque cela vous a fait connaître à quel point vous êtes aimée (BALZAC, Corresp., 1822, p. 193).
♦ Jusqu'à un certain point. Jusqu'à une certaine limite. L'intérêt scientifique que pouvait avoir M. Chasles à maintenir, jusqu'à un certain point, Newton dans le camp des géomètres (Gds cour. pensée math., 1948, p. 246).
♦ (En) être au même point. Ne pas progresser. Nous sommes toujours au même point, comment prouver à quelqu'un que la transfiguration est admirable? (STENDHAL, Racine et Shakspeare, t. 2, 1825, p. 92). Tout cela est crâne et finit par atteindre de bonnes proportions, mais si personne de sa famille ne bouge, tout restera toujours au même point (FLAUB., Corresp., 1850, p. 90).
3. [Dans des loc. introd. par à, marquant qu'une limite est atteinte, au delà de laquelle se produit une conséquence nécessaire] Synon. tellement.
♦ Être + adj. au point de + inf. Tellement que. Mais tel je suis et tel je serai toujours, timide à l'excès, amoureux jusqu'au délire, et chaste au point de n'oser dire : j'aime (BALZAC, Corresp., 1822, p. 140).
♦ Au point que..., à ce point que..., à tel point que..., à un point tel que... Il y avait des chants qui m'ont ému à ce point que je me suis mis à genoux avec tout le monde (GREEN, Journal, 1935, p. 9). Elle en était jalouse au point qu'elle le détacha de ses grands-parents (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 49). Ce corps virtuel déplace le corps réel à tel point que le sujet ne se sent plus dans le monde où il est effectivement (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 289).
♦ En arriver, en venir, en être au point que, où..., au point de + inf. [Le suj. désigne une pers.] Être dans une situation telle que. Au point où nous en étions, la politesse personnelle de l'amiral était une injure de plus (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 273). Il fallait ne pas vous ruiner; ne pas vous mettre au point de craindre le séjour de Clichy (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 176). Au point où nous en sommes, d'ailleurs, je crois inutile, dangereux même, d'échauffer les imaginations. Cela crée du désordre dans les esprits, les langues iront leur train, nous nous perdrons en bavardages (BERNANOS, Crime, 1935, p. 802).
♦ [Le suj. désigne un procès] Les choses en sont, en sont venues à un point où... Bref, les choses en vinrent au point que je me vis souvent contraint, au plus fort des angoisses de l'amour et de la jalousie, à m'aventurer dans des calculs (...) tracés d'une main tremblante de passion (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 178).
♦ Mettre qqn au point de + inf. Mettre dans un état tel que... Plus tard, lorsque de successives petites fatigues cérébrales le mirent au point de ne pouvoir plus même corriger seul ses copies, Mathilde (...) y suppléa (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 333).
4. À point, loc. adj. ou adv. Exactement comme il faut, au degré qui convient. Un steack cuit à point. [Choisir un melon] ni trop vert ni trop mûr, juste à point (Le Monde, 10 déc. 1986, p. 18, col. 3) :
• 13. Il savait une manière de préparer des kébabs, qui était absolument inimitable. Chaque morceau de viande était grillé si à point et si bien saturé des sucs de la feuille de laurier et du thym, que l'on croyait avoir dans la bouche tout le bonheur céleste.
GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 197.
♦ Au fig. C'est [certains passages des Confessions de J.-J. Rousseau] avec quelques Lettres provinciales et les chapitres sur L'homme de Pascal, ce que nous avons de mieux écrit en notre langue, c'est fait à point (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1822, p. 116).
♦ [En parlant d'une pers.] Qui est dans l'état que l'on souhaite, pour lui faire accepter quelque chose. Il était à moitié ivre, de vin, d'incertitude, de fatigue. Daniel pensa : il est à point (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 141).
— À son point. Qui est dans l'état que l'on souhaite. Il y a encore un moyen de juger si la friture est à son point : mouillez votre doigt et le secouez sur la friture : si elle pétille et rejette l'eau, elle est au degré de chaleur convenable (AUDOT, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 638). Car, lorsqu'il l'avait connue davantage, elle lui avait révélé un sentiment qui à son point parfait excluait le désir, que le désir eût dénaturé et déprécié (MONTHERL., Songe, 1922, p. 18).
5. Bien en point (vx), mal en point, loc. adj. [Gén. en parlant d'une pers.] En bon, en mauvais état. [Il faut lire] la rencontre du marquis de Bruyères, jeune gentilhomme aussi bien en point et aussi florissant que Sigognac est pauvre (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 336). S'en revenant estropiés ou bien en point Sous le drapeau troué, parbleu! de mille balles (VERLAINE, Chair, Paris, éd. de Cluny, 1943 [1896], p. 128). Lorsque ce gamin sortit si mal en point du cabinet de toilette, Ninon eut un éclat de rire qu'on entendit de fort loin (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 107).
— Rare. En bon point. Des mignonnes en bon point, bien à point, belles gaillardes au corps gracieux et rebondi et des fillettes à l'âge ingrat (ROLLAND, C. Breugnon, 1919, p. 41).
B.— PHYSICO-CHIM. Degré d'intensité d'une variable définissant un changement d'état, l'apparition d'un phénomène. Point de congélation, d'ébullition, de fusion, de saturation. P. métaph. Une remarque, — un commentaire parmi d'autres, — deviendra le point de cristallisation de tout ce que secrètera son esprit, pour guérir des douleurs intolérables (DURRY, Nerval, 1956, p. 32).
♦ Point critique. Limite entre deux états, seuil au delà duquel se produit un changement d'état. Au fig. ou p. métaph. Points critiques, changements d'états, paliers sur la pente, — sautes de toutes espèces en cours de développement : la seule manière désormais, mais une vraie manière encore, pour la science, de concevoir et de surprendre « un premier instant » (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 78).
♦ Point d'éclair ou point éclair. ,,Température à laquelle un produit (huile, fuel oil, gasoil) émet des vapeurs en quantités suffisantes pour former un mélange inflammable`` (BARBIER Pétrole 1980).
♦ Point d'inflammation. Synon. de point d'éclair (ibid.).
♦ Point de rosée. ,,Température à laquelle une vapeur commence à prendre l'état liquide`` (Pétrol. 1964).
— P. métaph. :
• 14. La puissance séculaire des basses soutenait, sans cesse, et portait au rouge (au point du cri, de l'incandescence qui aveugle) les hautes flammes des voix d'enfant...
G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 119.
V.— Partie d'une démonstration intellectuelle, élément d'un ensemble de propositions.
A.— 1. Partie d'une démonstration intellectuelle. Un point acquis, essentiel, fondamental, litigieux, secondaire; un point d'accord, de désaccord; premier, second, dernier point; passer au point suivant, à un autre point; insister sur un point. De vos deux observations sur Juana, l'une est indiscutable pour moi, c'est un point arrêté; l'autre, nous disons la même chose : à latitude égale, l'insulaire l'emporte sur le continental (BALZAC, Corresp., 1833, p. 263).
♦ (Discours) en trois points. Présenté selon le schéma de la rhétorique scolastique. La bonne femme se donna le plaisir d'adresser un sermon en trois points aux laveuses (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 51).
2. Partie nettement délimitée (d'un jugement, d'un contrat, d'un programme, etc.). Les points d'accord, de désaccord; les points en suspens, en litige; les points d'un ordre du jour. Je trouve excellent que vous soyez d'accord avec M. Pagnerre. Vous pouvez considérer les bases du traité Pagnerre comme admises. Il y aura des points de détail à régler (HUGO, Corresp., 1863, p. 456).
♦ Point de doctrine. C'est dans ce temps que fut faite la sanglante loi des six articles, qui établissaient les points de doctrine auxquels il fallait se conformer : la présence réelle, la communion sous une espèce, l'inviolabilité des vœux monastiques (malgré l'abolition des couvents), l'utilité des messes particulières, le célibat du clergé, et la nécessité de la confession auriculaire (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 287).
— DR. Point de droit. ,,Partie du jugement où sont énoncées les raisons invoquées par chacune des parties à l'appui de ses prétentions ainsi que le résumé des questions soumises au tribunal`` (CAP. 1936). Point de fait. ,,Partie du jugement où sont énoncés les noms et domiciles des parties et les faits de la cause`` (CAP. 1936). P. anal. M. de Voltaire commence par dire qu'on n'a jamais vu de pays où l'état de pure nature subsistât. Nous avons déjà observé que ce point de fait ne suffisait pas pour décider la question (LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p. 453).
B.— Synon. de matière, question1, sujet. Un point brûlant, un point très controversé. Comment oser réveiller des points aussi délicats? Laissons à Dieu à prononcer sur ce qu'il n'est plus permis aux hommes de juger (LAS CASES, Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 729). Ce n'est pas une raison parce qu'il y a des points encore obscurs dans la médecine, où la physiologie ne peut pas pénétrer, pour crier que ces sciences n'ont pas de rapport et que la physiologie n'est pas la base de la pathologie (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 140).
♦ Point de détail. Élément secondaire. De nouveau les francs-juges s'appliquèrent à établir la vérité sur chaque point de détail (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 142).
♦ Point d'histoire. J'attends pour changer d'avis que quelqu'un veuille bien m'assurer qu'un seul point d'histoire ait été éclairci par le secours ou par l'étude des médailles, depuis plus de deux siècles qu'une classe de savans s'occupe exclusivement de cette branche de l'archéologie (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 149).
— Le point (souvent suivi d'un adj. d'évaluation). Ce qui dans une question est important, ce qui fait problème. Vous avez touché le point important. Tous les hommes, après avoir parcouru tous les degrés que vous venez d'indiquer, sont arrivés à l'idée d'une justice divine (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 420). Nous touchons au point délicat. Cherchez et vous trouverez l'Église. Il n'y a plus qu'un pouvoir debout en France, comme en Espagne : celui-là (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 155). Un soir on l'interroge sur sa manière de gouverner. Il a ménagé toutes choses pour en venir là. Voilà le point : sa responsabilité politique (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 127).
♦ Point d'honneur.
C.— [Dans des loc.]
1. De point en point, loc. adv. Avec une exactitude scrupuleuse, sans rien omettre. Il m'a tout raconté de point en point. Il a exécuté de point en point tout ce qu'on lui avait ordonné (Ac.).
2. Point par point, loc. adv. Méthodiquement. Victor avait prévu, point par point, les conséquences de son mensonge (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 271). Ce fut cette certitude que les Allemands, avec leur esprit méthodique, appliquaient point par point leur programme, qui me donna la conviction de la guerre inévitable (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 217).
3. En tout point, en tous points, loc. adv. Complètement, totalement. Une personne en tout point digne de foi, me dit que vous ne vous appeliez ni Roger ni de Beauvoir (BALZAC, Corresp., 1840, p. 189). Je tâcherai de me conformer en tous points aux désirs de votre excellence, dit-il (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 678). Comme Arthur ne m'a pas écrit, J'ignore en tout point son adresse (BANVILLE, Odes funamb., 1859, p. 190).
— De tout point (vieilli), de tous points. Complètement, totalement. Mon compagnon était Élie de Kertanguy, bas-breton, grand et beau jeune homme accompli de tout point (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1833, p. 89). Le fait est qu'elle était ravissante de tout point (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 90). Nous fournissons les renseignements nécessaires à une personne, même éloignée de Paris, pour suivre de tous points la mode (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 708).
VI.— Unité de quantification.
A.— Unité de mesure.
1. ARTS GRAPH. Point typographique ou simpl. point. Unité de mesure servant à déterminer la force du corps des caractères et à les désigner. François Ambroise Didot entreprit, en 1775, de mettre d'accord le point typographique avec la mesure de l'époque pour remplacer les points conventionnels de Fournier par un étalon plus juste. Pour cela, il divisa le pied de roi (0,32484 m), mesure légale de son temps, en pouces (0,02707 m) et en lignes (0,002256 m). La ligne fut divisée en 6 points égaux. Le point correspond à 3/8 de millimètres (GDEL).
♦ Lettre de deux points. ,,Grande lettre en forme de capitale qu'on place au commencement d'un ouvrage ou de chacune de ses principales divisions, et qui a une force de corps double de celle du caractère qu'elle accompagne`` (LITTRÉ).
2. CHAUSS., GANTERIE, CHAPELL. Unité de mesure non métrique servant à déterminer la taille d'une chaussure, d'un gant ou d'un chapeau. La pointure des chaussures est mesurée, en France et dans l'ensemble des pays européens, selon deux unités, le point français ou point de Paris, qui vaut 6,666... mm, et le point anglais, appelé aussi parfois à tort point américain, qui vaut 1/3 de pouce ou 8,466 mm; ces points servent de base à deux gammes de pointures différentes (GDEL).
3. STAT. Point pour cent ou simpl. point. Unité évaluant une proportion sur une base 100. L'inflation a baissé d'un point. En même temps, il mettait en branle les journalistes financiers et s'estimait très habile d'avoir fait monter les Sonchelles de plusieurs points en bourse (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 42).
4. JOAILL. Centième partie d'un carat. (Dict. XIXe et XXe s.).
5. PEINT. ,,Unité conventionnelle de surface des toiles, variable selon le type de format`` (GDEL).
B.— Chaque unité d'une échelle de valeurs.
1. a) JEUX ET SPORTS. Unité(s) de valeur attribuée(s) à un coup gagnant ou à un avantage obtenu et dont le total détermine le gain (d'un jeu, d'une partie, d'une manche, d'un match). Compter les points, marquer un point, mener aux points :
• 15. Les deux joueurs tiennent chacun une baguette, de la grosseur d'une canne ordinaire, et de cinq pieds de long; ils cherchent à faire passer cette baguette dans le cercle pendant qu'il est en mouvement : s'ils y réussissent, ils gagnent deux points; et si le cercle, en cessant de rouler, repose simplement sur leur bâton, ils en gagnent un; la partie est en trois points.
Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 273.
♦ BOXE. Gagner aux points. Gagner sans pouvoir obtenir le K.O. ou l'abandon de l'adversaire avant la fin du match. P. métaph. Et, si j'entraîne mes frères avec moi, dans ce match où ni l'un ni l'autre n'avons pu gagner par knock-out, j'aurai tout de même gagné aux points (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 262).
♦ TENNIS. Faire le/un point. Obtenir le/un coup gagnant. Et quand Lendl montait à la volée il a fait huit fois sur dix le point, alors que Becker a gâché la moitié de ses occasions (Le Monde, 10 déc. 1986, p. 38, col. 5).
— En partic. Unité ou nombre d'unités attribués selon les résultats de matchs, d'épreuves permettant l'établissement de classements (Dict. XIXe et XXe s.).
b) JEUX DE CARTES. Unités de valeur attribuées, à chaque carte ou à certaines combinaisons de cartes. Compter ses points.
♦ Points d'annonce. Points acquis avant le début de la partie.
♦ Points de jeu. Points que l'on réalise pendant la partie.
— P. méton. Cartes comprises entre l'as et le dix de chaque couleur, par opposition aux figures (d'apr. CHAUTARD 1937).
c) JEU DE DÉS. Unités de valeur attribuées à chacune des faces d'un dé et matérialisées par de petites marques; chacun des six ensembles. Je jette deux dés; quelle est la probabilité pour que l'un des deux dés au moins amène un six? Chaque dé peut amener six points différents : le nombre des cas possibles est 6 x 6 = 36; le nombre des cas favorables est 11; la probabilité est 11/36 (H. POINCARÉ, La Sc. et l'hypothèse, Paris, Flammarion, 1968 [1902], p. 192).
d) Au fig.
♦ Compter les points. Assister, sans intervenir, à une lutte, une discussion. Il faut que nous ayons un témoin de notre force : quelqu'un qui marque les coups, qui compte les points, qui nous couronne au jour de la récompense (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 92).
♦ Marquer un point, des points. Prendre l'avantage. Peut-être Isa vit-elle mon trouble? Elle chercha trop vite à marquer un point. — Tu ne pars pas ce soir? (MAURIAC, Nœud vip., 1932 p. 199). À chaque réfractaire qui mettait les pouces, la Kommandantur marquait un point (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 265).
♦ Rendre des points. Se montrer supérieur, plus fort. En fait de cant, Mademoiselle Gillenormand l'aînée eût rendu des points à une miss (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 723). Augustin Héricourt... Il rendrait des points à M. Fouché, duc d'Otrante, pour les délicatesses de la fourberie! (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 466).
2. PÉDAGOGIE
a) Unité d'une échelle de notation. Enlever un point par faute; il lui manque deux points pour avoir la moyenne.
b) Bon, mauvais point. Unité de valeur positive ou négative permettant de noter la conduite d'un élève. Charles-Marie recevra cinquante bons points pour sa tenue pendant vos violences, et tous ceux qui se sont laissé entraîner par M. Bineau recevront chacun cent mauvais points (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 137). Pourquoi ne travaillez-vous pas? C'est la seconde observation que je suis contrainte de vous faire en dix minutes. Je vous marque, à regret, deux mauvais points de conduite (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 72).
♦ P. méton. Bon point. Petite image matérialisant une bonne appréciation du travail scolaire de jeunes élèves. Son plus cher trésor, c'étaient les bons points du catéchisme, bleus et roses, imprimés d'or (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 53).
— Au fig. Bon point, mauvais point. Satisfecit ou blâme. Morny le soir disait à Louis Bonaparte :Un bon point au 15e léger. Il a nettoyé la rue aux Ours (HUGO, Hist. crime, 1877, p. 78). Un bon point pour toi, dit Daniel étonné. C'est la première fois qu'elle se laisse faire (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 126).
3. LÉGISL. SOC., DR. DU TRAV.
— Unité de calcul servant à fixer le montant du salaire de base. Gagner 50 points d'indice.
— Point de retraite. La rémunération d'activité donne droit, chaque année, à un certain nombre de points dont le total, en fin de carrière, sert à déterminer le montant de la pension (Admin. 1972).
— Point-congé. Le système consiste à distribuer aux travailleurs des points-congés, calculés en fonction de l'assiduité au travail et de la pénibilité des tâches ou des horaires. À la fin de l'année, chaque salarié comptabilise les points acquis (Le Point, 28 août 1978, p. 30, col. 1).
C.— Arg. Franc (unité de monnaie) :
• 16. ... elle extirpe... Du trou elle sort des fafiots... et puis même de la monnaie... J'en savais rien moi de cette planque-là... Ni Courtial non plus certainement... Y en avait pour cent cinquante points et puis quelques thunes...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 662.
VII.— Action de poindre, de piquer; résultat de cette action.
A.— Point du jour. Apparition, naissance du jour. Synon. aube1, pointe (du jour). Hier était le monstre et demain sera l'ange; Le point du jour blanchit nos fronts (HUGO, Légende, t. 5, 1877, p. 906).
♦ Au point du jour. À demi réveillé, au point du jour, il entendait sa porte s'ouvrir, poussée bien doucement (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 206).
B.— Douleur très localisée et vive comme celle que procure une pointe aiguë. Avoir un point dans le dos.
— Point de côté. Douleur localisée au niveau du thorax, provoquée par un effort intense, une course. L'ascension des deux étages, pour peu qu'il ne prît pas les précautions nécessaires, lui donnait parfois un point de côté, pas très douloureux, mais qui mettait plusieurs heures à se dissiper (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 766).
♦ Vieilli. Douleur violente au niveau du thorax, constituant l'un des symptômes de la pneumonie, de la pleurésie, du pneumothorax, et p. méton., l'une de ces maladies. Accordez-la [votre indulgence] maintenant à une indisposition assez grave, un point de côté qui m'a tenue dans un repos absolu sous les rideaux de mon lit (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1841, p. 434). « Il a une pountoura, » me dirent mes camarades tristement. Ce qu'ils appellent pountoura, c'est un point de côté, une pleurésie (A. DAUDET, Lettres moulin, 1869, p. 99). On appelle ça : « le mal », mais c'est une vapeur; ça prend les gens d'âge. Ils ont les « trois sueurs », le « point de côté », puis, ça s'arrache tout, là-dedans et ils meurent. C'est le sang qui se caille comme du lait (GIONO, Regain, 1930, p. 25).
♦ Arg. Importun (créancier qui relance, policier qui surveille). (Ds HAUTEL 1808, ESN. 1966). Avoir « un point de côté ». Savoir qu'on est poursuivi par la police (RIV.-CAR. 1974 [1969]).
C.— 1. COUT. Chaque longueur de fil entre deux piqûres faites avec une aiguille enfilée (dans un tissu, du cuir, etc.), et dont la répétition crée une couture. Coudre à grands points. V. aussi piqûre ex. 3.
♦ Faire un point (à un vêtement). Faire quelques points pour ajuster, réparer sommairement. Mais, elle, tranquille (...) recousait les boutons de ses bottines ou faisait un point à sa robe, les jambes nues (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 710). Combien de fois je lui ai dit : Renée, va te laver... mets un point à ta robe (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 19).
— Figure résultant de la manière de piquer, combiner et d'assujettir le fil.
♦ Point arrière. Point qui revient en partie sur le point précédent. Le point arrière (...) sert à l'exécution de coutures d'assemblage. Il remplace le point devant dans le cas où ce dernier ne serait pas assez solide (J. SÉVERIN, Précis méthodique de cout., 1952, p. 8).
♦ Point devant. Point qui s'exécute par une succession de points petits et réguliers passant alternativement par-dessus et par-dessous deux ou trois fils du tissu. Le point devant sert à l'exécution de coutures d'assemblage en lingerie (...). Il est semblable sur l'endroit et l'envers (J. SÉVERIN, Précis méthodique de cout., 1952 p. 7). V. pointillé B 1 ex. de Colette.
♦ Point de boutonnière. Point utilisé pour exécuter des boutonnières ou parfois une garniture. Le point de boutonnière est toujours exécuté sur un bord coupé (fente de boutonnière) ou sur un bord plié ou ourlé (emploi en garniture) (J. SÉVERIN, Précis méthodique de cout., 1952p. 12). V. pointillé B 1 ex. de Colette.
♦ Point de chausson. Point qui s'exécute de gauche à droite et présente des rangées de points obliques dans les deux sens, qui se croisent à la partie supérieure et inférieure du travail. Le point de chausson (...) est employé pour maintenir cousus les ourlets et rabats de coutures exécutés dans des tissus épais ou duveteux (J. SÉVERIN, Précis méthodique de cout., 1952 p. 9).
♦ Point de navette. La machine utilise deux fils continus; celui qui est placé au-dessus de l'étoffe passe dans l'œil percé vers la pointe de l'aiguille. Une navette à va-et-vient placé en dessous de l'étoffe enfile un deuxième fil dans la boucle du premier lorsque la pointe de l'aiguille a percé l'étoffe. La machine à point de navette connut immédiatement un grand succès en Amérique [après 1834] (Hist. gén. des techn., Paris, P.U.F., 1968, p. 176).
♦ Point de reprise. V. reprise2.
♦ Point de surjet.
2. BROD., TAPISS. Chaque longueur de fil entre deux piqûres. Cette candide et adorable Esther essuyant ses yeux et tirant avec la décence d'une jeune vierge les points de sa broderie (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 201). V. aussi broderie ex. 2, canevas ex. 1.
— Figure résultant de la manière de piquer ou assujettir le fil, de la manière de combiner les points.
♦ Point noué. Point formé par l'entrelacement de deux ou de plusieurs groupes de fils, dans lequel les boucles d'un groupe sont passées au travers du matériau et sont fixées par le ou les fils du second groupe (d'apr. R. BLANC-TAILLEUR, Dessins HFI, 1981, p. 40).
♦ Point de bourdon. V. bourdon1.
♦ Point de chaînette. V. chaînette ex. 2.
♦ Point de croix. ,,Ce point se fait sur quatre fils, deux en largeur et deux en hauteur. Faites un point oblique vers la gauche; puis un autre vers la droite, passant par-dessus le premier. Faites toujours ressortir l'aiguille à l'endroit où elle est passée précédemment`` (Lar. mén. 1926). P. métaph. Puis voici des hanches ceinturées d'amandiers, de saules et de peupliers d'où coule le satin vert brodé en noir au point de croix de lourds vignobles assemblés plis à plis ou à contre-fil (GIONO, Chron., Noé, 1947, p. 300).
♦ Point d'épine. Point exécuté de haut en bas, ,,composé de crochets orientés alternativement vers la droite et vers la gauche`` (J. SÉVERIN, op. cit., p. 12).
♦ Point de feston.
♦ Point de tige.
— Technique particulière permettant de réaliser un ouvrage; p. méton., dentelle, passementerie, tapisserie ainsi réalisée.
♦ Point-coupé. ,,Garniture en découpure et broderie de fil en usage au début du règne de Louis XIII et obtenue en ajourant une toile et en y faisant des ornements à l'aiguille`` (LELOIR 1961). [Le jeune homme] était vêtu de drap d'Espagne gris de perle, avec un collet de point coupé et un chapeau gris orné de plumes gris de perle et jaunes (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 529).
♦ Gros point, p. oppos. à petit point. Il est clair que le gros point confectionné sur des canevas épais, et en tirant plusieurs brins à la fois, exigeait beaucoup moins de temps et aussi moins d'habileté, que le petit point, dans lequel l'aiguille ne prenait qu'un fil, pour broder un canevas très fin (HAVARD 1890).
♦ Point d'Angleterre, de Venise, de Valenciennes.
♦ Point d'Alençon. Dentelle à l'aiguille, en fil de lin, à motifs très ornés et en relief sur un fond de mailles ou de réseaux hexagonaux. Il violait bruyamment des tiroirs ventrus pleins des toilettes de toutes ses femmes, de toutes ses maîtresses, et de toutes ses aïeules. Pékins, damas, lampas, moires peintes, robes de gros de Tours flambé, mouchoirs des Indes brodés d'un or qui peut se laver, dauphines sans envers en pièces, points de Gênes et d'Alençon (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 613).
♦ Point de Bruxelles. Dentelle en fil de lin faites à l'aiguille, sans reliefs, avec des ornements raccordés en zigzags. — On dit que ta toilette coûte dix mille francs? — Oui, ma robe est en point de Bruxelles (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 334).
♦ Point de Gênes. V. supra ex. de Hugo.
♦ Point de Hongrie. Point qui consiste à exécuter sur le canevas une suite de chevrons. Autrefois on n'avait chez les classes de la société qui font maintenant usage de papiers peints, que des murs blanchis ou des tapisseries en point de Hongrie fort laides, et d'un prix supérieur à la plupart de nos tentures actuelles (SAY, Écon. pol., 1832, p. 119). P. anal., MENUIS. ,,Variété de parquet composé de lames coupées en onglet et disposées en rangs obliques`` (GDEL). Dans la salle à manger, le parquet est en bois de noyer et façonné en point de Hongrie (BALZAC, Pierrette, 1840, p. 38).
3. TRICOT. ,,Disposition, sur un ou plusieurs rangs, de groupes de mailles travaillées de façon à former un dessin qui se répète périodiquement et toujours le même au cours du travail`` (Le Gd livre du tricot, Paris, Bordas, 1982, p. 8).
♦ Point mousse. Point tricoté entièrement en mailles à l'endroit qui donne un tricot dont l'endroit est semblable à l'envers, en rang de mailles en creux succédant à un rang en relief. On peut aussi obtenir du point mousse en tricotant tous les rangs à l'envers plutôt que tous les rangs à l'endroit (Le Gd livre du tricot, Paris, Bordas, 1982, p. 21).
♦ Point de côtes. Point obtenu par l'alternance d'un nombre choisi de mailles à l'endroit et de mailles à l'envers sur un même rang. Le point de côte à maille glissée donne une belle côte gonflante, élastique mais pas trop molle (Le Gd livre du tricot, Paris, Bordas, 1982, p. 157).
♦ Point de riz.
4. CHIR. Point de suture.
D.— 1. ANAT. Point ciliaire. ,,Orifice des glandes`` (GDEL). Point lacrymal. Ouverture du conduit lacrymal, qui se trouve au sommet des tubercules lacrymaux. Les ruminans ont les points lacrymaux et les conduits comme l'homme (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 439).
2. Perforation d'une ceinture, d'une courroie. V. boucle ex. 1.
REM. 1. Ponctiforme, adj. Qui a la dimension d'un point. Par cette individualisation de lui-même au fond de lui-même, l'élément vivant, jusque-là répandu et divisé sur un cercle diffus de perceptions et d'activités, se trouve constitué, pour la première fois, en centre ponctiforme, où toutes les représentations et expériences se nouent et se consolident en un ensemble conscient de son organisation (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 181). 2. Pointiligne, adj., hapax. V. canevas rem. ex. de Céline.
Prononc. et Orth. :[]. Homon. poing, formes de poindre. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin XIe s. « piqûre » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, 828a); fin XIIe s. « action de piquer » (DENIS PIRAMUS, St Edmund, éd. H. Kjellman, 2465); 1573 « douleur vive » (DUPUYS); 1680 point de côté (RICH.); 2. ca 1225 « piqûre en couture » (Durmart le Gallois, éd. Gildea, 1783); ca 1240 « pour recoudre une plaie » (Chirurgia of Roger of Salerno, éd. D. J. A. Ross, 274 v. ds Z. fr. Spr. Lit. t. 86, p. 251); 3. a) 1352 « manière de broder » (DOUET D'ARCQ, Comptes de l'argenterie, 132 ds GAY t. 2); 1591 petit point (Inv. de Guill. de Montmorency, ibid.); b) 1583 « tapisserie sur canevas » (Arch. nat., K. 529, p. 5, ibid.); c) 1754 ébén. point de Hongrie (HAVARD t. 4); 1840 « disposition d'un parquet » (BALZAC, loc. cit.). B. 1. a) 1176-81 « endroit fixe et déterminé » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 4583); b) 1805 (CUVIER, loc. cit.); c) 1965 point chaud « lieu important pour telle ou telle raison » (L'Express, 20 déc. ds GILB. 1980); 1966 « lieu où se produisent de nombreux accidents » (La Vie du rail, 20 mars, ibid.); 1967 « lieu de conflit social » (L'Express, 27 mars, ibid.); 1968 « lieu de conflit armé » (Le Monde, 10 janv., ibid.); 2. a) 1486 « minimum d'espace qui peut être perçu » (JEAN MICHEL, Mystère de la passion, éd. O. Jodogne, 27161); b) 1836 point noir « comédon » (STENDHAL, loc. cit.); 1806 « nuage sombre qui annonce un orage » (DELILLE, Én., III ds LITTRÉ); 1830 fig. (SAINTE-BEUVE, loc. cit.); 1966 « endroit où la circulation des véhicules est difficile » (Le Figaro, 5 sept. ds GILB. 1971); 3. a) ca 1265 « lieu sans étendue, défini par ses seules coordonnées » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, 104, 8); b) 1529 « position sur une carte d'un navire » (Journal du voyage de Parmentier ds JAL); 1811 faire le point (CHATEAUBRIAND, loc. cit.); c) av. 1799 faire point « faire le bilan » (CASANOVA, Un Vénitien à Paris, p. 283 ds QUEM. DDL t. 13); 1931 faire le point (JOFFRE, supra); d) 1691 mécan. point d'appui (OZANAM); 1812 armée (MOZIN-BIBER); 1767 fig. « ce qui aide, soutient » (MARMONTEL, Belis., XV ds LITTRÉ); e) 1765 point de dispersion (Encyclop.); f) 1862 mécan. point mort (BEAU DE ROCHAS, cité ds RICHARD 1892, 25 ds Fr. mod. t. 43, p. 53); 1928 automob. (COLETTE, loc. cit.); 1899 fig. au point mort (GOURMONT, loc. cit.); g) 1869 point de congélation, de fusion (LITTRÉ). C. 1. Fin XIIe s. « moment précis où quelque chose a lieu » (DENIS PIRAMUS, op. cit., 703); 2. ca 1165 point du jour (CHRÉTIEN DE TROYES, Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 3227 [var. ms. C]; 3. a) ca 1275 a point « d'une façon convenable » (ADENET LE ROI, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 1367); b) 1547 à point nommé « bien à propos » (N. DU FAIL, Propos rustiques, éd. J. Assézat, 45); c) ca 1260 sur le point de (Ménestrel Reims, 169 ds T.-L.); ca 1480 sur ce point « juste à ce moment » (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 37089). D. 1. 1174 « élément que l'on isole pour le traiter séparément » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2369); 1310-40 « partie qui forme la division d'un ouvrage, d'un discours » (JEAN DE CONDÉ, De l'amant hardi et de l'amant cremeteus, 81, 94 ds BARTSCH., p. 256); ca 1480 sur ce point (Mistere Viel Testament, 37839); 1585 point de droit (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 254); 1656-57 point de fait (PASCAL, Provinciales, éd. Brunschvicg, XVIII, VII, p. 26); 2. 1540 point d'honneur (Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, 97); 3. 1188 em boen poent « en bon état » (AIMON DE VARENNES, Florimont, éd. A. Hilka, 9265); ca 1480 mal en point (Mistere Viel Testament, 37231); 4. a) ca 1245 a point « dans l'état souhaité » (PHILIPPE MOUSKET, Chron. éd. Reiffenberg, 30382); 1668 « d'une viande cuite dans le degré de cuisson souhaité » (LA FONTAINE, Le Renard et la cigogne, Fables, L, I, 18); b) ca 1480 à ce point (Mistere Viel Testament, V, 88); 1634 a son point « à son plus haut degré, à sa perfection » (CORNEILLE, Place royale, III, 4); c) 1718 au point « bien réglé » (Ac.); 1869 opt. mettre au point (LITTRÉ); 1937 mécan. (MALRAUX, loc. cit.); 1900 fig. mettre les choses au point (COURTELINE, loc. cit.); d) 1635 au point de qqn « selon son gré, sa fantaisie » (CORNEILLE, Médée, I, 5); 1665 venir au point de qqn (LA FONTAINE, Rich. ds LITTRÉ); 1684 mettre qqn à son point (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, VII, 318); e) 1174 puint a puint (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, op. cit., 2375); 1611 poinct a poinct (COTGR.); 1306 de tous points (GUILLAUME GUIART, Royaux lignages, I, 1903 ds T.-L.); ca 1330 de point en point (Girart de Roussillon, 50, ibid.). E. 1. a) 1160-74 « chacune des marques sur un jeu de dés » (WACE, Rou, éd. H. Andresen, III, 2346); 1585 « unité des valeurs attribuées à chaque carte » (N. DU FAIL, op. cit., II, 20); 1909 aux points (terme de boxe) (L'Auto ds PETIOT 1982); b) 1661 donner des points (à qqn) (MOLIÈRE, Les Fâcheux, II, 2); 1845 rendre des points (BESCH.); 1862 id. fig. (HUGO, loc. cit.); 2. 1690 « unité de note à l'école » (FUR.); 3. 1691 « ancienne mesure de longueur » (OZANAM); 4. 1764 typogr. (FOURNIER, Manuel typogr., p. 129); 5. 1835 « unité de prix, un franc » (ds ESN.); 1925 « en termes de Bourse, unité de hausse ou de baisse des valeurs » (ibid.). F. 1. 1550 « signe de ponctuation » (MEIGRET, Tretté de grammere, 141); id. point final (ID., ibid.); 1922 un point, c'est tout (PROUST, loc. cit.); 2. 1550 point d'interrogation, point d'admiration (MEIGRET, op. cit., 139); 1747 point d'exclamatif (RITTER, Les 4 dict., p. 418); 1765 point d'exclamation (Encyclop.); 1835 points suspensifs (Ac.); 1906 points de suspension (Pt Lar.); 1688 point et virgule (MIEGE); 1869 point-virgule (LITTRÉ); 3. 1636 « petit signe qui surmonte les lettres i et j » (MONET); 1740-55 mettre les points sur les i « corriger les fautes dans un écrit » (ST SIMON, Mémoires, éd. A. de Boislisle, XIV, 297); 1808 fig. (HAUTEL); 4. a) ca 1225 mus. « accord » (Durmart le Gallois, éd. Gildea, 10035); b) 1690 point d'orgue « signe qui placé après une note ou un silence en augmente la durée de moitié » (FUR.); c) 1834 point d'arrêt (LAND.); d) 1903 point de reprise (Nouv. Lar. ill.). Du lat. punctum « piqûre, point », « espace infime », « point, coup de dés ». Fréq. abs. littér. :31 980. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 54 223, b) 38 382; XXe s. : a) 44 238, b) 42 568. Bbg. GIER (A.). Afr. point als musikalischer Fachterminus. Z. rom. Philol. 1979, t. 95, pp. 57-61. — HUMBLEY t. 2 1974, pp. 653-654.
II.
⇒POINT2, adv. de nég.
Var. vieillie, littér. ou pop. de pas1.
I. —[Marque la nég. de tout ou partie du prédicat]
A. —1. [En corrél. avec ne]
a) [Ne et point encadrent en règle gén. le verbe ou l'auxil. fléchis et les pron. conjoints] Il ne la voit point, il ne l'a point vue. Je le disais bien que ce n'était point gai cette histoire (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.212). Je n'attendis même point qu'on ait rallumé dans la salle (CÉLINE, Voyage, 1932, p.253). Je vous félicite si vous n'êtes pas de Thèbes et si vous n'avez point de frère (COCTEAU, Machine infern., 1934, II, p.68).
— [Modifie un adv. qui lui est postposé] Je ne viens point souvent, il ne le croit point vraiment. Tout au plus me fit-on remarquer: —Eh! eh! c'est un peu délabré... Mais cela d'un ton si léger que je soupçonnais mes amis de ne point trop s'en attrister (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p.182).
b) [Lorsque la nég. porte sur un inf., ne point est, en règle gén., placé devant l'inf. et les pron. conjoints] Il est sûr de ne point la voir, de ne point l'avoir vue.
♦[Les pron. peuvent s'intercaler entre ne et point] Les traits de son visage rond (...) avaient été grossis par une petite vérole assez clémente pour n'y point laisser de traces (BALZAC, E. Grandet, 1834, p.82). Pour moi j'ai résolu de ne me point masquer et d'être moi-même jusqu'à la fin (VIGNY, Chatterton, 1835, I, 5, p.262). Le voici [Barrès] qui distrait, en feuillette, s'éprend —déclare à Perrin ce livre «stupéfiant» —et se plaint de ne me point connaître (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1891, p.53).
♦[Point peut être intercalé entre l'auxil. et le part. passé] Je me reprochai de n'avoir point commencé par là mes recherches (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p.328).
♦[Dans le groupe falloir, vouloir + inf., un pron. dépendant de l'inf. est parfois placé en avant du semi-auxil.] Le maréchal de Loigny devait joindre l'armée dans la journée même: on ne les voulut point attendre (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.72). Du beurre, il n'y faut point songer, si ce n'est dans les grandes villes du Nord (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.208).
2. Rare, pop. [Sans ne] Vô savez que j'sommes point riches. J'peux seulement point m'payer eune servante (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Diable, 1886, p.236). On les verra p't'être seulement point, les Alboches (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p.29). —Tu gagnes point tes Pâques. —Mais je donne de l'argent au bon Dieu (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.225). «Comment le sais-tu, moutard? Tu y étais?» «J'y étais point mais mon vieux y était et il me l'a dit» (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.211).
B. —[Dans des cont. ell., sans ne]
1. Point de + subst. [Dans des phrases dites nom. (avec effacement du verbe et donc du corrél. ne)] Joséphine, point de lettre de toi depuis le 28! (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1796, p.33). Ah! L'Amérique!... Là point de préfets comme M. de Séranville! (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1835, p.369). Il est cependant bien pâle, bien maigre, bien changé: grosse toux profonde, point de voix du tout (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1839, p.275). Je disais à Prévot: —Point de mal? Il me répondait: —Point de mal! (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p.217).
— [Avec disjonction de point et son rejet en fin de syntagme] Ne voyons dans Waterloo que ce qui est dans Waterloo. De liberté intentionnelle, point. La contre-révolution était involontairement libérale (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.423). Mais de nourriture, point, de formules épistolaires, point, de l'eau insuffisamment, et de médicaments pas du tout (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p.305).
2. [Comme réponse nég. à une question, une assertion positive]
a) Il n'en est pas ainsi. —(...) Le gouvernement peut faire saisir les armes au lieu de payer, non? —Point! (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p.202).
— [Modulant par un adv. d'intensité] —Cinq lieues!... sacré père Pantois, va!... Toujours fort... toujours jeune... —Point tant qu'ça, monsieur Lanlaire... point tant qu'ça... (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.78).
— [Associé à mais adversatif] La délicatesse de cette curiosité pourrait intéresser un moment; mais point: c'est une petite chose mal faite (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.271):
• 1. C'est ça!... La première opposition que l'on fait au pouvoir n'est jamais qu'une coquetterie!... C'est une façon de lui dire: «J'existe!... Tu me plais!... Remarque-moi!...» —Mais point! Le pouvoir fait la sourde oreille...
SARDOU, Rabagas, 1872, III, 7, p.134.
b) Il n'y en a pas. Sous ces débris qui sanglotent, sous ces regrets gémissants, quelque chose brille là. Oui. —Non. —Un Dieu peut-être. —Point. C'est une larme qui tombe de ma voûte (QUINET, Ahasvérus, 1833, 4e journée, p.327):
• 2. Tu me dis de te dire quels sont mes rêves. Aucuns. Mes projets d'avenir? Point. Ce que je veux être? Rien, suivant en cela la maxime du philosophe qui disait: «Cache ta vie et meurs».
FLAUB., Corresp., 1841, p.77.
3. [Porte sur un terme coordonné ou juxtaposé à un autre terme (commutation ou combinaison souvent possible avec non)]
— [Porte sur un subst.] [Les bandits] avaient la cartouchière à la ceinture, mais point le pistolet qui en fait le complément obligé (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p.114).
— [Porte sur un compl. prép.] À mesure que ces familles arriveraient, il faudrait leur donner des concessions raisonnées, c'est-à-dire, du terrain suffisamment, mais point avec profusion (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p.257):
• 3. Je trouve qu'on aurait dû condamner aux galères toute la Commune et forcer ces sanglants imbéciles à déblayer les ruines de Paris, la chaîne au cou, en simples forçats. Mais cela aurait blessé l'humanité. On est tendre pour les chiens enragés et point pour ceux qu'ils ont mordus.
FLAUB., Corresp., 1871, p.297.
— [Porte sur un adj.] Madame Grandet le regardait elle-même d'une façon assez singulière, point tendre il est vrai, mais assez étonnée (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1835, p.10). Il était tout en pleurs, pâle, point mal vêtu (HUGO, Légende, t.5, 1877, p.1118). Les filles étaient nombreuses, point toutes laides, et nous avions dix-neuf ans (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.77).
— [Porte sur un adv.] Elle se doute bien que je dois l'attendre (...) et marche doucement, comme une qui n'est pas pressée et qui cherche à se faire désirer un peu, point trop (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.251).
II. —[En prop. rhét., orientant vers une réponse positive]
— [Avec ne] Apprenez donc que nul ne se dit du petit peuple, ne se plaît à être du petit peuple, ni à y rencontrer ses amis. Et ne serais-je point un peu votre ami? (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.183). Aujourd'hui encore, qu'est-ce qui crée autour de moi cette solitude où je me sens mourir? N'est-ce point l'orgueil? N'est-ce point trop d'exigence à l'égard de ceux qui m'entourent? (BILLY, Introïbo, 1939, p.117).
— [Sans ne] Et ce petit bijou, serait-ce point le vôtre? (BRIZEUX, Marie, 1840, p.58). Un des cousins demanda bientôt: «C'est-il point l'heure?» (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Père Amable, 1886, p.221). Ai-je point troublé ce coeur pour toujours, se disait-il en cherchant parfois le regard qui l'évitait ou le feu qui le consume est-il pur? (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.141).
Prononc. et Orth. V. point1. Étymol. et Hist.1. 1re moit. XIIes. no... pont (Sponsus, 64 ds T.-L.); ca 1160 ne... point de (Eneas, 300, ibid.); 2. déb. XIIes. constitue la nég. de ce qui est exprimé par le verbe (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 983); 3. 1642 suivi d'un compl. introd. par que (CORNEILLE, Polyeucte, IV, 3); 4. ca 1200 empl. seul, dans des réponses exclam. (Aiol, 6992 ds T.-L.); 5. 1547 avec ell. du verbe (N. DU FAIL, Propos rustiques, éd. J. Assézat, 97); 6. 1585 avec ell. du verbe et suivi d'un subst. amené par de (ID., Contes d'Eutrapel, II, 228); 7. 1651 avec ell. du verbe et suivi d'un adj. ou d'un adv. (SCARRON, Roman comique, I, 13 ds LITTRÉ). Empl. spécialisé de point1 au sens de «petite parcelle d'étendue ou de temps». Fréq. abs. littér.:44590. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 77695, b) 52680; XXes.: a) 62778, b) 57352. Bbg. BASTIN (J.). Glanures gramm. Namur, 1893, pp.140-145. —CAMPROUX (Ch.). À propos de pas et de point ds une phrase de G. Sand. Fr. mod. 1948, t.16, pp.257-260. —ENGVER (K.). Place de l'adv. déterminant un inf. ds la prose du fr. contemp. Uppsala, 1972, p.21, 37. —GAATONE Nég. 1971, pp.61-63; p.102. —KLINKENBERG (J.-M.). La Raréfaction de l'adv. de négation point ... Cah. de littér. et de ling. appl. 1970, n° 2, pp.219-222. —MARTIN (R.). Le Mot rien et ses concurrents en fr. Paris, 1966, pp.179-180; La négation de virtualité du m. fr. Romania. 1972, t.93, pp.34-49. —PRICE (G.). Point nie bien plus fortement que pas. In: [Mél. Baldinger (K.)]. Tübingen, 1979, t.1, pp.245-254; The negative particles pas, mie and point in Fr. Archivum linguisticum. 1962, t.14, pp.14-34. —YVON (H.). Pas et point ds les prop. négatives. Fr. mod. 1948, t.16, pp.19-35.
1. point [pwɛ̃] n. m.
ÉTYM. XIIe, aux sens de « endroit, moment, état, situation », et aussi de « point du jour »; du lat. punctum « piqûre », et au fig. « espace, moment… », de pungere. → Poindre.
❖
———
A (XIIe, Chrétien de Troyes). Portion de l'espace ou du temps déterminée avec précision et considérée abstraitement pour localiser un phénomène.
1 Cour. Endroit, lieu (→ Localisation, cit. 1). || Point précis (→ Lointain, cit. 13). || En divers, en plusieurs points (⇒ Côté). || Marquer (cit. 15), désigner, montrer un point… (→ Index, cit. 4). || Viser un point (→ 1. Geste, cit. 6). || Point de repère. ⇒ Repère. || De tous les points de l'horizon : de tous côtés. || Le point le plus haut, le plus bas. || Au plus haut point du ciel (→ Lune, cit. 4). || Point où des ondes (cit. 1) s'entrecroisent. || Objets qui se dirigent vers un point commun (⇒ Concourir, converger), viennent d'un même point (⇒ Diverger). || Point d'origine (⇒ Source), d'aboutissement. || Se placer, se mettre en un point. || Aller d'un point à un autre (⇒ Chemin). || Point de départ (cour.) et point d'arrivée. || Revenir au point d'où l'on est parti (→ Indifférence, cit. 28). || Point d'attache. || Point d'attache d'un bateau. — ☑ Fig. C'est son point d'attache, l'endroit où il demeure, où il revient. — Point d'ancrage (et fig.). — Point de ralliement, de réunion. — L'insurrection éclata en divers points du territoire. || Point stratégique. — Point d'appui (P. A.), se dit d'un emplacement organisé pour la défense. — Les points les plus menacés d'un front. — Point terminus d'une ligne de chemin de fer. || Points d'arrêt d'un autobus. ⇒ Arrêt; station. — Point d'émergence (cit. 1) d'une source. — Point d'eau (cit. 15) : endroit où l'on trouve de l'eau, source, puits… (dans une région sèche). — Point de partage : point de la ligne de partage des eaux. — Point culminant (cit. 4) : crête, sommet (→ Écoulement, cit. 2; effréné, cit. 1; ouverture, cit. 10). || Point le plus haut atteint par la marée, niveau, hauteur (→ Battre son plein). || Le point le plus bas : le fond.
1 (…) il relevait la tête et fixait son regard sur un point quelconque de la muraille, comme s'il y avait précisément là quelque chose qu'il voulait éclaircir ou interroger.
Hugo, les Misérables, I, VII, III.
2 En dehors des rues à arcades et des appartements, il semblait qu'il n'était pas un point de la ville qui ne fût placé dans la réverbération la plus aveuglante.
Camus, la Peste, p. 127.
♦ Anat. || Point d'attache (cit. 8), d'insertion. || Point de jonction. ⇒ Commissure. || Point costal, jugulaire. || Points singuliers du crâne, servant de repères en craniométrie. || Point aveugle : endroit de la rétine où le nerf optique pénètre dans l'œil. — Physiol. || Points de froid (2. Froid, cit. 14). || Point névralgique (cit.). — Mar. || Point vélique : centre de voilure (⇒ Voile). || Point d'une voile (où se réunissent deux ralingues contiguës à cette voile). || Point d'amure, d'écoute. || Points supérieurs. ⇒ Empointure. — Phonét. || Points d'articulation.
3 Une terreur folle la saisit et l'empêcha de faire un geste; il lui sembla que de tous les points de son corps le sang refluait vers son cœur.
J. Green, Léviathan, II, VIII.
♦ Techn. (télév.). || Point d'analyse, point explorateur, et, absolt, point : surface élémentaire dans l'analyse de l'image. || « On désigne souvent ces carrés fictifs (divisant l'écran) sous le nom de points d'image » (P. Grivet et P. Herreng, la Télévision, p. 22).
♦ ☑ Point chaud (milit., trad. de l'angl.) : endroit stratégique où ont lieu des combats sévères. ⇒ Chaud (infra cit. 8). Par ext. Lieu propice à l'éclatement ou à l'aggravation d'un conflit (social, politique). — Lieu où il se passe qqch., centre d'intérêt. || Les points chauds de l'actualité.
3.1 (…) les prévisions pessimistes sur l'avenir des pays pauvres, à croissance démographique rapide et, par contrecoup sur celui de l'humanité, n'ont jamais été formulées de façon bien précise. Le plus souvent, des mots à sensation comme catastrophe ou apocalypse sont lancés pour servir, en quelque sorte, de soulagement (…) Il y a, nous l'avons déjà signalé, des points chauds, des zones particulièrement menacées.
A. Sauvy, Croissance zéro ?, p. 151.
♦ Par métaphore, fig. dans des locutions où il garde son sens spatial, et où l'expression entière a souvent la valeur temporelle (I., C.) ou abstraite (sens II). ☑ Point de départ (cit. 6, 7 et supra). → aussi 1. Partir, cit. 21; 1. pas, cit. 22. ☑ Point d'arrêt (cit. 2; → aussi Arrêter, cit. 63). ☑ Point de repère (→ Jalonner, cit. 5). || Point de rencontre. — ☑ Point sensible. ⇒ Corde, endroit. ☑ Point faible, vulnérable. ⇒ Faiblesse (→ Défaut de la cuirasse, talon d'Achille…). Chercher le point faible de qqn.
4 L'inquiétude est logée dans le corps; elle s'empare du cerveau comme une migraine, elle pèse sur le cœur, serre la poitrine, tâte nos organes, cherchant le point faible, la maladie où elle pourra s'incarner.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 146.
♦ ☑ Loc. Point de non-retour (⇒ Non-retour).
2 Didact. Portion de l'espace dont toutes les dimensions linéaires sont nulles.
♦ Astron., cosmographie. || Points déterminés de la sphère céleste. || Déclinaison et ascension droite d'un point. || Point gamma; point vernal. || Point équinoxial. || Point culminant d'un astre. ⇒ Culminer. || Points solsticiaux. || Points verticaux. ⇒ Nadir, zénith. — Points de l'écliptique, de l'équateur céleste, du méridien céleste. — Points de l'horizon (cit. 9). Cour. || Points cardinaux (→ Évidement, cit. 2; hangar, cit. 2). || Points collatéraux. — Astron. || Points caractéristiques d'une orbite. ⇒ Apogée, apside, nœud, périgée; aphélie, périhélie. || Point radiant des étoiles filantes. ⇒ Radiant.
♦ Astrol. || Le point de la nativité, où se trouve l'astre ascendant au moment de la naissance.
♦ Géogr. || Points du globe, de la surface terrestre, déterminés par leurs coordonnées. ⇒ Latitude, longitude (cit. 2). || Points d'un parallèle, d'un méridien…, de l'équateur (⇒ aussi Pôle). || Horizon, verticale, méridienne… d'un point. || Relèvement de la position d'un point.
♦ Géod. || Point astronomique fondamental, « où sont déterminés (…) par observations sur le système de référence stellaire, la latitude, la longitude et un azimut (…) de départ » (in la Terre, Encycl. Pléiade, p. 80). || Le point astronomique fondamental sert à l'établissement d'un réseau géodésique. || Points géodésiques formant un canevas. || Points topographiques.
♦ Opt. || Point principal. || Point nodal.
♦ Absolt, mar. || Le point : la position d'un navire en mer (⇒ Navigation). || Calculer, faire le point. ⇒ aussi Hauteur (prendre hauteur). || Point estimé (d'après la route, la vitesse, la dérive). || Point observé (obtenu par l'observation des astres. ⇒ Sextant). || Porter le point sur la carte. || Point en vue de terre, en haute mer. || Point par T. S. F. — Aviat. || Donner, recevoir le point par radio.
5 Les nouvelles du bord sont des plus intéressantes (…) Le ciel est clair à midi; on a pris hauteur : on est à telle latitude. On a fait le point : il y a tant de lieues gagnées en bonne route. La déclinaison de l'aiguille est de tant de degrés : on s'est élevé au nord.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 258.
♦ ☑ (Fin XVIIIe, Casanova). Par métaphore ou fig. Faire le point : préciser la situation où l'on se trouve, l'état d'une question, en analysant ses éléments.
6 Édouard fit le point et prit ses repères. Enfin, incliné comme une barque à pleines voiles, il s'élança dans l'espace vide.
G. Duhamel, Salavin, III, I.
7 Pour la première fois, je fais le point. Il est bon (…) de se replier quelquefois sur soi-même et, capitaine armé du sextant, de préciser sa position, parmi les courants, les vents, les idées et les voix de ce monde.
Hervé Bazin, Vipère au poing, XX.
♦ Spécialt. (Journal.). || Le point sur (la crise de l'énergie, le chômage), l'analyse de la situation. — Faire le point, un point rapide sur la question. ⇒ aussi État, tour (d'une question).
♦ Spécialt. || Point géométrique, point mathématique, point : concept théorique fondamental de la géométrie, qu'on peut définir par référence à d'autres concepts, tels que l'intersection de deux lignes; la limite d'un volume dont toutes les dimensions linéaires diminuent indéfiniment. → 2. Instant, cit. 5; multiplicité, cit. 6. — REM. Le point géométrique, mathématique désignant la plus petite portion concevable d'espace (point indivisible) se rattache sémantiquement au sens IV (→ ci-dessous, cit. 8, Pascal, et 10, Poincaré). || Les points sont généralement représentés par des lettres (le point A, le point M′). || Quantités qui déterminent la position d'un point (en géométrie analytique). ⇒ Coordonnée; abscisse, ordonnée, cote. — REM. Ces coordonnées sont trois, dans l'espace cartésien, quatre (coordonnées homogènes) pour inclure les points à l'infini, dans l'espace projectif. — Point qui décrit une ligne. || Réunir des points par un trait, une courbe… (⇒ Ligne; interpoler. → Géométrique, cit. 2). || Points limites (extrémités) d'un segment. ⇒ aussi Sommet. || Point d'intersection. || Point de contact, de tangence entre deux courbes. || Tangente en un point, menée par un point à un cercle… || Courbe décrite autour d'un point; rotation, circumduction autour d'un point. ⇒ Centre. || Points extérieurs, intérieurs à une figure. || Distance d'un point à une droite, à un plan. || Points d'une ligne, d'une surface (→ Équidistant, cit. 1). || Lieu géométrique d'un point. || Points d'une droite formant une division harmonique. ⇒ Division. || Points homothétiques, homologues. ⇒ Homothétie. — Points conjugués harmoniques par rapport à une courbe (ou une surface) du 2e degré (couple de droites, cercle, conique — ou couple de plans, quadrique) : tout couple de points formant une division harmonique avec les deux points d'intersection, réels ou imaginaires, de la droite qui les joint et de la courbe (ou de la surface). ⇒ Polaire. || Rapport anharmonique de quatre points. ⇒ Birapport. || Points symétriques par rapport à une droite, à un plan. ⇒ Symétrie. || Point double (centre de similitude) d'une transformation : point qui est son propre transformé. || Polaire d'un point par rapport à deux droites. || Puissance d'un point par rapport à un cercle. — Points singuliers d'une courbe plane. || Points multiples (la sécante en ce point coupe une courbe algébrique en plusieurs points confondus); point d'arrêt (où s'arrête une branche de la courbe); point de rebroussement (où s'arrêtent deux branches de courbe ayant la même tangente). || Point d'inflexion (où la concavité de la courbe change de sens)… — Projection d'un point sur un plan. || Cote d'un point. — Point de fuite d'une perspective (cit. 2). Archit. || Point d'aspect, d'où un édifice doit être considéré (→ ci-dessous point de vue).
8 Ainsi les tableaux vus de trop loin — et de trop près; et il n'y a qu'un point indivisible qui soit le véritable lieu; les autres sont trop près, trop loin, trop haut ou trop bas.
Pascal, Pensées, VI, 381.
9 (…) un point géométrique est une supposition, une abstraction de l'esprit, une chimère.
Voltaire, Philosophie, Lettre de Memmius à Cicéron, III, 1771.
10 Qu'est-ce qu'un point ? Comment saurons-nous si deux points de l'espace sont identiques ou différents Ou (…) quand je dis : l'objet A occupait à l'instant α le point qu'occupe l'objet B à l'instant β, qu'est-ce que cela veut dire (…) Il ne s'agit pas de comparer les positions des objets A et B dans l'espace absolu (…) il s'agit de comparer les positions de ces deux objets par rapport à des axes invariablement liés à mon corps, en supposant toujours ce corps ramené à la même attitude.
Henri Poincaré, la Valeur de la science, I, IV, §2.
11 Considérons (…) le mouvement dans l'espace. Je puis, tout le long de ce mouvement, me représenter des arrêts possibles (… mais) jamais le mobile n'est réellement en aucun des points; tout au plus peut-on dire qu'il y passe (…) Les points ne sont pas dans le mouvement, comme des parties, ni même sous le mouvement, comme des lieux du mobile. Ils sont simplement projetés par nous au-dessous du mouvement, comme autant de lieux où serait, s'il s'arrêtait, un mobile qui par hypothèse ne s'arrête pas. Ce ne sont donc pas, à proprement parler, des positions, mais des suppositions, des vues ou des points de vue de l'esprit.
H. Bergson, la Pensée et le Mouvant, p. 203.
12 Nous avons donné le nom de point dans cette géométrie (projective) à un ensemble de quatre nombres (…) non simultanément nuls, définis à un coefficient de proportionnalité près. Cette considération permet une généralisation immédiate : appelons point un ensemble de (n+1) nombres non simultanément nuls (…) L'ensemble de ces points constitue l'espace projectif à n dimensions.
A. Delachet, la Géométrie contemporaine, p. 54.
♦ Math. (théorie des ensembles). || Point d'un espace (ou ensemble) : chaque élément de cet ensemble.
♦ Balist. || Points d'une trajectoire. || Point d'impact (cit. 1). || Point d'éclatement d'un projectile. || Point d'arrivée, de chute (→ Évaluer, cit. 4; fusée, cit. 11). ☑ Fig., fam. Point de chute : endroit où l'on arrive, où l'on aboutit (généralement à l'improviste). || Est-ce que vous avez un point de chute à New York ? — Point de visée, de mire… ☑ Fig. Point de mire. ⇒ 1. Mire (cit. 1 à 4); but, cible.
♦ Mécan. || Point d'application de forces. ⇒ Centre. || Point d'appui d'un levier (cit. 3), d'un système en équilibre (→ Écroulement, cit. 1). ⇒ Appui, supra cit. 8. — ☑ Fig. Point d'appui (cit. 8 à 12). ⇒ Aide, soutien, support. — Archit. || Points d'appui, dans une charpente, une construction : les endroits où porte un élément (⇒ Portée) et où les poussées se transmettent. — Point fixe (→ Fléchir, cit. 1; gravité, cit. 13). || Solide « gêné », ayant un point fixe.
13 Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place (…) ne demandait rien qu'un point qui fût fixe et assuré.
Descartes, Méditations, II.
♦ Mécan. || Point matériel : point géométrique possédant une masse finie; corps matériel considéré comme ponctuel (→ Pendule, cit. 2). || Équilibre d'un point matériel, d'un point mobile (⇒ Mobile, n. m., mouvement). || Équilibre d'un point mobile sur une surface sans frottement. || Statique du point. || Point gêné : point assujetti à rester sur une ligne, une surface…
♦ (1862, Beau de Rochas, in D. D. L.). || Point mort a Position des éléments d'une machine où les forces de liaison font équilibre aux forces appliquées et où la machine s'arrêterait sans l'intervention de son énergie cinétique. || Points morts haut et bas d'un piston.
b Techn., cour. Position du levier de changement de vitesse, de l'embrayage, où l'effort du moteur n'est plus transmis aux organes de propulsion. || Les diverses vitesses et le point mort. ☑ Loc. fig. L'affaire est au point mort, elle n'évolue plus.
14 (…) le jeu des pieds sur les pédales se fait sauvage, pour freiner, pour débrayer, pour relancer le moteur à plein régime au passage du point mort, pour repartir.
G. Arnaud, le Salaire de la peur, in Classe de franç., 1954, p. 119.
c Comm., fin. Seuil de rentabilité (d'une opération, d'une activité), où les charges propres sont couvertes par les recettes. || Abaisser le point mort.
♦ Phys. || Localisation d'un corpuscule en un point (→ Impression, cit. 9). ⇒ Position. || Points caractéristiques d'une onde. ⇒ Nœud; nodal (point), ventre. — Opt. || Point d'émergence d'un rayon lumineux. || Point d'origine d'une radiation. ⇒ Source. || Point-source, point-image. || Point d'incidence; de réfraction, de réflexion. — Absolt, vx. ⇒ Foyer.
♦ Spécialt (dans des expr. avec : mettre, mise… au point). Disposition relative des éléments d'un système optique, telle que l'image se forme à l'endroit convenable. || Mettre, remettre au point. || Mettre au point, mise au point (d'un instrument d'optique). || Mettre une lunette, un microscope, un appareil de photo au point. || Metteur au point. — Vx. || Mettre une lunette à son point.
15 Un instrument d'optique est un dispositif formé par la juxtaposition de divers corps réfringents qui a pour but de donner de la source ponctuelle une image que l'on désire également ponctuelle. En d'autres termes, on désire que les rayons lumineux recueillis par l'appareil viennent, après l'avoir traversé, converger aussi exactement que possible vers un point image.
L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 100.
16 Il s'attaquait rarement aux idées. Non qu'il y fût insensible, mais parce que son œil était mis au point pour d'autres objets.
G. Duhamel, Biographie de mes fantômes, IX.
♦ ☑ Mettre au point : régler un mécanisme (→ ci-dessous le sens II, 1, « état »). || Mettre un moteur au point. || Mise au point délicate. — ☑ Fig. Ce projet demande une mise au point, des remaniements, des retouches. — Spécialt. ☑ Mettre qqch. au point pour qqn, avec qqn : lui donner tous éclaircissements, toutes explications afin que ne subsiste aucune équivoque, aucun malentendu. || Mise au point (→ Oscillation, cit. 4). — Spécialt. Note, souvent officielle, destinée à corriger une mauvaise interprétation, à démentir un bruit, etc.
17 Marguerite me répond, avec une calme assurance : — Je n'ai pas dit boulebard, j'ai dit boulevard. Faut-il en rester là de cette vaine discussion ? Non certes ! Le souci de la vérité m'oblige à mettre les choses au point.
G. Duhamel, Salavin, Journal, 1er juin.
18 Je m'occupe à revoir et mettre au point le brouillon de mes Mémoires, de manière à garder un texte complet (…)
Gide, Et nunc manet in te, p. 89.
♦ ☑ Être au point, en état de fonctionner.
1 Endroit où l'on doit se placer pour voir un objet, une scène, le mieux possible (place de l'observateur). || Dessinateur qui choisit un point de vue pour mettre en perspective une scène. || Point de vue particulier (cit. 12). — (1778). Endroit d'où l'on jouit d'une vue étendue, pittoresque. || Un beau point de vue (→ Horizon, cit. 13; lointain, cit. 11; montueux, cit. 1).
2 (1670; abstrait). Manière particulière dont une question, une affaire peut être considérée. ⇒ Aspect, côté, face, optique, perspective (→ Exclusif, cit. 5; intransigeance, cit. 3). || Adopter (→ 1. Métaphysique, cit. 2), choisir, chercher un point de vue. || Multiplier les points de vue (→ Perception, cit. 8). || Se placer à un point de vue (→ Palinodie, cit. 2). || Envisager qqch. d'un certain point de vue (→ Maladie, cit. 1). || La sagesse (cit. 8) est un point de vue sur les choses. — ☑ Le point de vue de Sirius (→ 1. Manche, cit. 15), de Dieu.
19 (…) pour être juste, c'est-à-dire pour avoir sa raison d'être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, c'est-à-dire faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d'horizons.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, III, I.
20 (…) toutes les bizarreries de sa technique s'expliquent parce qu'il (Mauriac) prend le point de vue de Dieu sur ses personnages (…)
Sartre, Situations I, p. 45.
3 Opinion particulière résultant de la façon dont on envisage les choses. || C'est un point de vue (→ Considérer, cit. 18). || Je partage votre point de vue : je suis d'accord avec vous. ⇒ aussi Sens (abonder dans le sens de…).
21 J'admets (…) qu'on prenne point de vue (…) au figuré (…) Mais ce qui donne à rire, c'est qu'on l'accole à toute sorte de verbes d'action; il y a alors deux images qui se chevauchent et se contrarient. Que signifient des expressions comme : soutenir des points de vue, changer le point de vue de quelqu'un, aligner des points de vue (…) émettre un point de vue (…) rapprocher, confronter des points de vue, partager un point de vue, échanger des points de vue (…) défendre son point de vue (…) faire prévaloir, triompher son point de vue (…) toutes expressions relevées dans la presse et la langue du Parlement (…)
René Georgin, Pour un meilleur français, p. 67.
22 (…) les milieux militaires continuèrent à maintenir leur point de vue.
Camus, la Peste, p. 188.
♦ Du (d'un) point de vue, de ce point de vue… || Du point de vue de… (→ Conception, cit. 4). || Du point de vue…, suivi d'un adj. (→ Fréquenter, cit. 19; inexistant, cit. 2).
23 De ce point de vue, la conception ornementale est aux arts particuliers ce que la mathématique est aux autres sciences.
Valéry, Variété, Pl., t. I, p. 1185.
24 Je ne pensais jamais à ces sortes de problèmes et lorsque je les abordai enfin, ce fut du point de vue de la politique.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, II.
♦ Au point de vue…, suivi d'un adj. (→ Écolier, cit. 10; grâce, cit. 26; souveraineté, cit. 3). — Chacun envisage la question à son point de vue personnel (Académie, Vue).
REM. 1. Le tour au point de vue de est condamné par certains puristes, mais employé par de nombreux auteurs (cf. Hugo, Fromentin, France, Duhamel, Valéry, in Grevisse, §916, no 13); il n'y a aucune raison de le proscrire.
2. Les tours au point de vue, du point de vue, suivis d'un substantif sans de (au point de vue science; au point de vue confort, santé…), fréquents dans la langue parlée et journalistique, sont condamnés par les puristes (→ Épatant, cit. 2). On en rencontre parfois dans la langue littéraire (cf. les ex. cités par Grevisse et par Georgin).
25 Le fort, le grand, le lumineux, sont, à un certain point de vue, des choses blessantes. Être dépassé n'est jamais agréable; se sentir inférieur, c'est être offensé.
Hugo, Shakespeare, II, III, VI.
26 À deux points de vue cependant, la Sicile devrait attirer les voyageurs, car ses beautés naturelles et ses beautés artistiques sont aussi particulières que remarquables.
Maupassant, la Vie errante, « La Sicile ».
27 Malgré les oppositions, presque tout le monde dit et écrit aujourd'hui au point de vue de : Au point de vue de la théorie (Lamennais, Esq. d'une philos., IV, 31); — Sans doute ils avaient raison, au point de vue de l'autorité sacerdotale (Proudhon, Rév. soc., 47).
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 224.
28 (…) au point de vue a l'inconvénient de la lourdeur et d'un rien de pédantisme. Sans le proscrire comme faisaient jadis mes professeurs, je conseillerai de n'en pas abuser comme nous avons tendance à le faire aujourd'hui.
29 Au point de vue social, la situation est également peu claire.
Ch. Bruneau, Petite histoire de la langue franç., t. I, p. 122.
♦ Vieilli. || Dans un point de vue, sous un point de vue… — REM. On trouve encore cet emploi chez Baudelaire, Barrès (in Grevisse).
30 Il est difficile de se mettre dans un point de vue d'où l'on puisse juger ses semblables avec équité.
Rousseau, Émile, IV.
31 La hardiesse de l'entreprise était inouïe. Sous le point de vue politique, on pourrait regarder cette entreprise comme le crime irrémissible et la faute capitale de Napoléon.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 340.
32 (…) nous tombions de mal en pis; car, examinée sous ce point de vue, la question se rétrécissait singulièrement.
A. de Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet, I, 8 sept. 1836.
4 Vx. Endroit où une chose, un objet doit être placé pour être bien vu; ensemble d'objets, spectacle sur lequel la vue s'arrête.
33 Dieu est un grand paysagiste, dit Canalis en contemplant ce point de vue unique parmi ceux qui rendent les bords de la Seine si justement célèbres.
Balzac, Modeste Mignon, Pl., t. I, p. 562.
34 Le voyageur ne manque jamais en passant de jeter un regard complaisant sur ces points de vue fugitifs, empreints d'une apparence de calme et de paix qui lui fait regretter de ne pouvoir planter sa tente sur ce rivage tranquille.
Nerval, Notes de voyage, Lettres des Flandres, II.
♦ Figuré :
35 Elle (l'âme) n'a qu'un point de vue, qui est le ciel : hors de là rien ne l'inquiète.
Bourdaloue, Pensées, Du salut, Désir du salut.
36 Je me plais à rapporter, à offrir simplement toutes ces pages, en les rassemblant au vrai point de vue (…)
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. I, p. 226.
♦ Dans un point de vue.
37 Ce n'est pas à moi (…) à savoir précisément dans quel point de vue on doit présenter les objets au public (…)
Voltaire, Correspondance, 2435, 14 mars 1764.
C (1190).
1 Partie précise et définie (d'une durée). ⇒ 2. Instant, moment.
♦ Par métaphore du sens spatial. || Point du temps (→ Ombilic, cit.), de la durée… || Point de départ. ⇒ Commencement, début (→ Œuf, cit. 18).
38 Petites joies, petits sourires et grandes larmes, tout cela occupe le même point dans l'espace et le temps.
Maeterlinck, le Trésor des humbles, XII.
39 Ainsi l'Annonciation est une heure unique dans l'histoire mystique et dans l'histoire spirituelle. C'est une heure culminante. C'est un moment unique et comme un point de moment, un moment ponctuel. C'est toute la fin d'un monde et tout le commencement de l'autre (…) Et dans un de ces longs beaux jours de juin où il n'y a plus de nuit, où il n'y a plus de ténèbres, où le jour donne la main au jour, c'est le dernier point du soir et c'est ensemble le premier point de l'aube.
Ch. Péguy, Note conjointe, Sur Descartes, p. 225.
2 ☑ Loc. fig. À point, à point nommé (cit. 20) : au moment voulu, opportun, convenable. ⇒ Opportunément, propos (à). || Venir, arriver à point (⇒ Ponctuel). — ☑ Prov. Tout vient à point (à) qui sait attendre. ☑ « Rien ne sert de courir (infra, cit. 23), il faut partir à point ».
40 Il se trouva fort à point que la tante de madame de Lescure (…) avait envoyé de Rome une dispense nécessaire.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, XI.
41 Il l'avait détruit (le maléfice) à l'aide de quelques qualités très mêlées de défauts, mais venant à point et frappant à propos.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 6 oct. 1851.
♦ ☑ Sur le point de… : au moment de, un instant avant de…, et le futur proche (→ Demande, cit. 2; dissuasion, cit. 1; pâle, cit. 5). || Être sur le point de… ⇒ Faillir, manquer, 1. penser (cit. 52); prêt (à); bord (être au bord de). → Falloir, cit. 1; lourd, cit. 28. || Le gouvernement est sur le point de prendre telle décision. ⇒ Veille (à la veille).
———
II (XIIe). Par métaphore, fig. Degré d'une qualité; état, à un moment donné, d'une chose qui change.
1 ☑ À point, au point : dans tel état, telle situation. || Se trouver au même point que… « Au point où je me vois » (→ Autre, cit. 59). ☑ Au point où nous en sommes…
42 (…) de successives petites fatigues cérébrales le mirent au point de ne pouvoir plus même corriger seul ses copies (…)
F. Mauriac, Génitrix, III.
♦ À point (loc. adv.) : dans l'état convenable, requis. || Viande cuite (cit. 15) à point (→ Fumet, cit. 1; œil, cit. 54; pâté, cit. 3). Par métaphore. → Maladroit, cit. 7. — Ellipt. || Un steack saignant, à point, cuit à point, juste assez (entre saignant et [bien] cuit). — Par ext. || Une machine (cit. 33) chauffée à point. || Une femme vraiment à point (→ Chair, cit. 16).
43 (…) tirez de la broche cet oison, il est à point !
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XI.
44 (…) une sérieuse soupe à l'oignon, gratinée à point.
Colette, Belles saisons, p. 72.
♦ ☑ En point. Vx. || Bien en point; en bon point (⇒ Embonpoint). — Mod. || Mal en point : en mauvais état, malade…
45 Voilà mon loup par terre
Mal en point, sanglant et gâté.
La Fontaine, Fables, XII, 17.
46 (…) Dubourg put être relevé assez vite, et transporté vivant à l'hôpital (…) Il était, certes, mal en point : le tigre lui avait brisé un bras, une épaule, plusieurs côtes (…)
Claude Farrère, Une jeune fille voyagea…, IV, VIII.
REM. Au XVIe s., le comp. apoint, n. m., signifiait « situation favorable ». → Appoint.
♦ ☑ Spécialt, vx. Au point de qqn : de la façon qui lui est agréable, à son gré, à sa fantaisie. || Mettre qqn à son point (Mme de Sévigné), le faire venir à son point : l'engager à faire ce qu'on veut. || Venir au point de qqn.
47 Montaigne dirait : « Je veux avoir mes coudées franches, et être courtois et affable à mon point (…) »
La Bruyère, les Caractères, V, 30.
2 Degré particulier (d'une échelle, dans le domaine qualitatif). ⇒ Degré, intensité. || Le plus haut point, le point culminant (cit. 5). ⇒ Apogée, comble, faîte, période, sommet, summum (→ Écrasement, cit. 4). || Être à son point culminant. ⇒ Culminer (cf. Battre son plein). || Le point de perfection (→ Nouveauté, cit. 6). || Au plus haut point. ⇒ Éminemment, extrêmement (→ Exaltation, cit. 5). || Au dernier point (→ Abrégé, cit. 2; oser, cit. 16), au suprême point (→ Intellectuel, cit. 8); à son point extrême (→ Buter, cit. 5). || Le dernier, l'extrême point du malheur, de la misère. ⇒ Fond. || « Le désordre a dépassé (cit. 12) le point de contrôle possible » (→ aussi Libre, cit. 9). || Atteindre un point limite. ⇒ Limite.
48 (…) une méthode, par laquelle il me semble que j'ai moyen d'augmenter par degrés ma connaissance, et de l'élever peu à peu au plus haut point auquel la médiocrité de mon esprit et la courte durée de ma vie lui pourront permettre d'atteindre.
Descartes, Discours de la méthode, I.
49 (…) car le propre de la divinité, c'est l'entêtement. Si l'homme savait pousser l'obstination à son point extrême, lui aussi serait déjà dieu. Voyez les savants, et les secrets divins qu'ils arrachent de l'air ou du métal, simplement parce qu'ils se butent.
Giraudoux, Amphitryon 38, III, 1.
50 Il y a dans ce ton indéfinissable de vert d'eau de mer, quelque chose de si juste, un point de perfection au bord de l'excès tel que la nature seule (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 438.
♦ ☑ Loc. avec à. À ce point de… (suivi d'un subst.). || À ce point de haine (→ Paix, cit. 18). — (Avec un adj.). Aussi, tellement. || Se sentir à ce point dépourvu de tout moyen d'action que… (→ Achopper, cit. 4). — ☑ À tel point. ⇒ Combien, comme; → Aigrir, cit. 6; hésiter, cit. 7; insuccès, cit. 2. || Jusqu'à quel point (→ Dépérissement, cit. 4; faiseur, cit. 19; incompréhensible, cit. 4; intervertir, cit. 1). — ☑ À quel point : tellement, autant (→ Affliger, cit. 1). || À quelque point qu'on aime… (→ 1. Feu, cit. 78). — ☑ À un certain (cit. 11) point, jusqu' (cit. 4) à un certain point : jusqu'à un certain degré, dans une certaine mesure. ⇒ Aucunement, relativement (→ Croissance, cit. 4; intraitable, cit. 1; passion cit. 12).
♦ ☑ Au point de…, introduisant une subordonnée inf. de conséquence (→ Absence, cit. 10; 1. loi, cit. 38; motif, cit. 3). ⇒ Jusque. || Jusqu'au point de… (→ Aristocratique, cit. 4).
♦ ☑ À ce point, au point que…, introduisant une subordonnée de conséquence (à l'ind.) : si bien que, tellement que…, à telle enseigne que… (→ Attiser, cit. 4; gagner, cit. 55; notion, cit. 4). || C'est au point qu'il a fallu… (→ Malade, cit. 16). || À un tel point que… (→ Lunette, cit. 1; parvenir, cit. 12). || À tel point que… (→ Idéaliser, cit. 6; incroyable, cit. 2). || À ce point que… (→ Fin, cit. 11; insatiable, cit. 7). || Jusqu'au point que… (→ Jusque, cit. 60).
51 (…) les larmes le gagnaient à un tel point, qu'il ne pouvait plus prononcer d'une manière intelligible.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, XXVIII.
52 Ils sont à ce point installés dans la guerre qu'ils ne sauraient plus comment en sortir.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XV, VIII, p. 95.
REM. On rencontre parfois le subjonctif, après au point que…, pour marquer l'intention, la finalité, « Il faut illusionner (cit. 2) le lecteur à tel point qu'il puisse croire que… » (Balzac), ou encore en phrase interrogative, négative.
53 L'escalier était sombre, mais non à ce point qu'il me fût impossible d'apercevoir les traits de mon ami.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, II.
3 (XIXe). Phys., chim. (Qualifié par un adj. ou un compl. en de). Degré d'intensité d'une variable définissant les conditions auxquelles un phénomène se produit. || Point de condensation, de congélation, de fusion, de liquéfaction… || Point critique (1. Critique, cit. 4). || Point lambda. || Point d'inflammation spontanée, point éclair. || Point triple : condition où les trois états (solide, liquide, gazeux) d'un corps coexistent en équilibre. || Point quadruple. || Point eutectique. || Point de saturation. || Point de concentration d'une solution. || Point de rosée. — Point isoélectrique, où l'équilibre des charges électriques, positive et négative, est atteint.
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
♦ Fin. || Point d'or. ⇒ Gold-point.
———
1 ☑ (1185). Le point du jour : le moment où le jour point. ⇒ 1. Aube (cit. 1), naissance (du jour); pointe (III., 2.). → Blanchir, cit. 2; douteux, cit. 5; épanouir, cit. 6; net, cit. 23. || Au point du jour (→ Au chant du coq).
54 Elle est morte au point du jour. C'est ordinairement au point du jour qu'on meurt.
Hugo, les Misérables, II, VIII, I.
2 Vx. (XIIIe). Piqûre. — Mod. Douleur vive, aiguë, poignante. ☑ Point de côté. ⇒ Pleurodynie. — REM. De nos jours, point est compris plutôt comme « douleur localisée en un point » (I.) que comme « douleur poignante ». || Point douloureux dans le dos (→ Fatiguer, cit. 3), au poumon (→ Lésion, cit. 5).
55 Depuis ce matin, points de côté, mobiles, successifs, très pénibles.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 234.
55.1 Je courais entre les autobus, je bondissais aux carrefours, je bousculais le monde. Un point de côté m'a fait ralentir. Je me suis arrêté quelques instants devant une vitrine pour reprendre mon souffle (…)
Geneviève Dormann, le Chemin des dames, p. 43.
♦ Anat. Petit orifice. || Points lacrymaux (→ Larme, cit. 1). || Point appendiculaire, auriculaire.
♦ Acupuncture. Endroit de la peau où doit se faire la piqûre. || Les points sont disposés en lignes dites « méridiens ».
3 (1352 « manière de broder »). Chaque longueur de fil disposée et assujettie d'une certaine manière (entre deux piqûres d'aiguille, entre deux mailles de tricot…), disposition répétée de façon à former un ouvrage (de couture, broderie, tapisserie, etc.). — REM. Les principaux points (de devant, arrière…) sont mentionnés à broderie, à couture. ⇒ aussi Point-arrière. || Point d'arrêt. ⇒ Arrêt. || Bâtir à grands points, retenir par quelques points. ⇒ 2. Empointer, faufiler. || Piqûre à petits, à grands points. || Points à l'aiguille, au crochet… || Points d'une couture, d'un tricot (⇒ 1. Maille), d'une tapisserie…
56 En parlant, ainsi, madame de La Chanterie tirait toujours ses points avec une régularité désespérante (…)
Balzac, Mme de La Chanterie, Pl., t. VII, p. 258.
57 Elle avait pris son ouvrage et comptait sur de grosses aiguilles les points de son tricot.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p.330.
57.1 (…) modestement penchée, comptant tout bas un nouveau point, deux mailles à l'endroit, maintenant trois à l'envers et puis maintenant un rang tout à l'endroit (…)
N. Sarraute, Tropismes, p. 87.
♦ Faire un point à un vêtement, une suite de points pour le réparer.
♦ Point rentré, utilisé en tapisserie.
57.2 De façon générale, les tissus du règne de Louis XIV exploitent surtout le motif floral plus grand que nature. Pour la première fois joue le relief, obtenu à l'aide de jeux d'ombres et de lumières : fleurs et fruits isolés ou réunis en bouquets se modèlent d'abord par taches juxtaposées, puis on use du point rentré, qui adoucit la sécheresse du contour de ces taches, en faisant s'interpénétrer sur les bords des fils diversement colorés.
Michèle Beaulieu, les Tissus d'art, p. 84.
♦ Manière d'exécuter une suite de points pour faire un ouvrage particulier. ⇒ Broderie, couture, dentelle, tapisserie, tricot… || Point de chaînette, d'épine, de feston, d'ourlet… || Dentelle au point, à l'aiguille. || Tapisserie au petit point (→ Fumeur, cit.), au gros point. || Point noué (des tapis). — Par métonymie (en parlant de l'ouvrage lui-même : dentelle, broderie, passementerie, tapisserie…). || Point de Hongrie : « broderie de soie sur étamine, à bâtons rompus » (Réau); → Appliquer, cit. 31. || Point de Venise : dentelle à l'aiguille (→ Linge, cit. 2). || Point d'Espagne : passementerie d'or et d'argent. || Point de Gênes, d'Angleterre. || Point d'Alençon (dentelles).
58 Madame, montrez-nous quelques collets d'ouvrage.
Voilà du point d'esprit, de Gênes, et d'Espagne.
Corneille, la Galerie du Palais, I, 6.
59 Mon Dieu ! que de ce point l'ouvrage est merveilleux !
Molière, Tartuffe, III, 3.
60 À la porte, une lourde portière, en tapisserie au petit point à fond jaune et à feuillages extravagants, étouffait tout bruit du dehors.
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 378.
61 Des guirlandes vertes pendaient sur l'autel, orné d'un falbala en point d'Angleterre.
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple ».
61.1 Oh ! je voudrais bien voir les guipures dont vous me parlez, c'est si joli le point de Venise, s'écriait-elle; d'ailleurs j'aimerais tant aller à Venise !
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Folio, p. 566.
♦ Par anal. || Parquet en point de Hongrie, à points de Hongrie, à bâtons rompus.
♦ Chir. || Point de suture.
———
IV Marque ou signe (souvent cercle plein) de très petite dimension; objet visible extrêmement petit. || Faire un point; marquer d'un point (⇒ Pointer), de points (⇒ Picoter, piqueter, pointiller). || Le point visible et le point géométrique (→ ci-dessus, I., 2.).
62 (…) nous faisons des derniers (principes) qui paraissent à la raison comme on fait dans les choses matérielles, où nous appelons un point indivisible celui au delà duquel nos sens n'aperçoivent plus rien, quoique divisible infiniment et par sa nature.
Pascal, Pensées, II, 72.
63 (…) nous devons nous demander s'il est possible de se représenter un point de l'espace. Ceux qui répondent oui ne réfléchissent pas qu'ils se représentent en réalité un point blanc fait avec la craie sur un tableau noir ou un point noir fait avec une plume sur un papier blanc, et qu'ils ne peuvent se représenter qu'un objet ou mieux les impressions que cet objet ferait sur leurs sens.
Henri Poincaré, la Valeur de la science, p. 77.
1 Objet visible isolé dont les contours sont trop petits pour être perceptibles; petite tache ou trace (généralement ronde). || Un point minuscule, imperceptible (→ 1. Frais, cit. 36). || N'apparaître que comme un point à l'horizon, dans le lointain (→ aussi Infini, cit. 31). || Surface mouchetée, semée de points. ⇒ Piquer, ponctuer. || Point brillant (→ Incendie, cit. 6), lumineux (cit. 3). || L'avion, la fusée n'était plus qu'un point dans le ciel. || Point en ignition (→ Oxygène, cit. 2). || Avoir des points d'or devant les yeux (→ Mouche, cit. 14). — « Nous combinons des points colorés. L'aveugle ne combine que des points palpables » (cit. 1). — Spécialt. || Point noir. || Point noir sur la peau (acné ponctuée, comédon, grain de beauté…). — Votre dent a un point de carie.
64 Une de mes remarques fut que madame l'abbesse avait une quantité de points noirs au bout du nez, je trouvais cela horrible.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 18.
65 La robe d'or, perdue un instant dans les ténèbres de ce trou noir, après avoir dépassé l'unique réverbère qui les tatouait d'un point lumineux, reluisit au loin (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Vengeance d'une femme ».
66 Et sur elle courbé, l'ardent Imperator
Vit dans ses larges yeux étoilés de points d'or
Toute une mer immense où fuyaient des galères.
J. M. de Heredia, les Trophées, « Antoine et Cléopâtre ».
67 (…) cette joue jaune (et le point de beauté parmi un duvet noir) (…)
F. Mauriac, le Sagouin, p. 9.
68 (…) on eût dit qu'ils voulaient transpercer ces prunelles noires où la lumière jetait deux points jaunes (…)
J. Green, Léviathan, I, III.
♦ ☑ Point noir : nuage noir qui paraît comme un point à l'horizon. — Fig. ⇒ Menace (→ aussi le sens V, 2).
♦ Techn. || Point brillant : zone où l'intensité des ondes réfléchies permet de déceler un objet. — Point identifié (position d'un avion).
2 (XIIIe). L'un des signes d'un dé à jouer, répartis (de un à six) par faces. || Amener deux, cinq points.
♦ Unité des valeurs attribuées à chaque carte, dans un jeu. || Le valet, le roi vaut tant de points. || Points d'honneur, au bridge.
♦ Aux jeux, en sport. Chaque unité attribuée à un joueur, au cours d'une partie, et dont le décompte (⇒ Marque) permet de désigner le vainqueur. || Obtenir plus, moins de points que son adversaire. || Prendre des points (→ Défalquer, cit.). || Gagner, mener aux points, à la marque. || Partie en tant de points. — ☑ Loc. Compter les points, aux cartes, au billard, au tennis. Fig. Assister à une lutte, à un combat et décider, juger qui est vainqueur (→ Marquer, cit. 19). — Annoncer les points (en parlant de l'arbitre… → Pelote, cit. 3). — Marquer les points, les noter après chaque coup. — ☑ Marquer un point, des points, se dit du joueur qui prend l'avantage. Fig. Marquer un point. ⇒ Marquer. — Point gagnant, qui décide de la partie.
69 Deux parties de billard étaient en train. Les garçons criaient les points; les joueurs couraient autour des billards encombrés de spectateurs.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXIV.
70 (…) le bridge aux enchères, alors une nouveauté, et qu'on jouait au franc le point, ce qui grimpe.
Aragon, les Cloches de Bâle, I, VI.
70.1 (…) l'ailier gauche de Pommard, Nollis, avait débordé la défense de Médoc et s'approchait à toutes jambes du but adverse. À moins d'un miracle, le point était acquis.
René Fallet, le Triporteur, p. 369.
♦ ☑ Rendre des points à son adversaire : lui concéder un avantage avant la partie, supporter un handicap. — Fig. || Je lui rendrais des points sur cette question : je me considère comme plus fort que lui (→ Madré, cit. 3).
71 M. le préfet W… était d'une jolie force au billard; mais M. le président P… lui rendait des points.
France, l'Orme du mail, Œ., t. XI, p. 208.
72 (…) je leur rendrai des points là-dessus; et, pour peu que vous m'y poussiez, je saurai me montrer plus intransigeant qu'eux.
Gide, Corydon, 1er dialogue, III.
♦ ☑ (Boxe). Aux points. || Battre son adversaire aux points, victoire aux points, vainqueur aux points, après arbitrage et décompte des points attribués à chaque adversaire (quand il n'y a ni K. O. ni abandon).
♦ ☑ Prov. Pour un point, Martin perdit son âne.
REM. Ce proverbe viendrait selon P. Larousse d'un jeu de mots sur âne et l'abbaye d'Asello (ou, selon d'autres auteurs, celle de Sonane). Point serait alors non le point marqué au jeu, mais le signe de ponctuation (une faute de ponctuation ayant privé l'abbé de son abbaye).
3 Chaque unité d'une note attribuée à un élève. ⇒ Note. || Obtenir tant de points (→ Niveau, cit. 8), le maximum de points, la moitié (moyenne) des points. || Échouer à un examen à un point. || Il a perdu des points à l'oral. || Enlever un point par faute, dans une dictée.
♦ ☑ Bon point, mauvais point : marque (favorable ou défavorable) donnée à un écolier. — Par ext. Image ou petit carton correspondant à un « bon point ».
73 Son plus cher trésor, c'était les bons points du catéchisme, bleus et roses, imprimés d'or.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, IX.
4 Chaque unité, chaque division (d'une échelle de grandeurs ou d'un indice). || La règle dont le cordonnier, le chapelier se servaient pour prendre leurs mesures était divisée en points. Vx. || Se chausser à tant de points. ⇒ Pointure.
♦ (1737, Fournier). Typogr. Unité de dimension des caractères d'imprimerie. ⇒ Caractère (cit. 6), corps, imprimerie. || Le cicéro valait onze points, dans le système de Fournier; il en vaut douze, depuis Firmin-Didot, qui rattacha le point à la ligne (1/6e de ligne, soit 0,375 mm).
♦ La dimension des tableaux, des toiles est calculée en points.
♦ Fin. || Les fonds d'État tombèrent de trois points (→ Pessimisme, cit. 3). || Indice qui gagne deux points.
5 Techn. (joaill.). Centième du carat.
1 (XVIe). Signe ponctuel ou comportant un point, dans une écriture, une notation. — Signe (.) servant à marquer la séparation des phrases. ⇒ Ponctuation. || Les points et les virgules (→ Méticuleux, cit. 1). || Point, tiret. || Point, à la ligne. Par métaphore. ☑ Mettre le point final à qqch. || Un point, c'est tout. — ☑ Point à la ligne : en voilà assez sur ce sujet, parlons d'autre chose. ☑ Un point c'est tout : voilà tout.
74 Gagne de l'argent avec ça, je veux dire avec ton talent. Et ce sera tout à fait bien. Un point, c'est tout.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, XIII.
75 (…) le point s'emploie là où il y a dans la parole une grande pause terminant une phrase.
J. Damourette, Traité moderne de ponctuation, p. 44.
76 Je m'arrête : il y a un point à ma promenade comme à une phrase que l'on a finie.
Claudel, Connaissance de l'Est, « Le point ».
77 Shade dictait (…) « Ce matin, virgule, j'ai vu les bombes encadrant un hôpital où se trouvaient plus de mille blessés, point. »
Malraux, l'Espoir, II, II, X.
77.1 — Il (Ho Chi Minh) est le Viêt-nam, un point, c'est tout, je crois.
— Un point, et ce n'est pas tout. Il y aurait beaucoup à dire, du national-communisme, cher Méry.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 452.
77.2 Ils ne sont pas sortis de la cuisse de Jupiter, ces gens-là ! Au fond, c'est rien que de pauvres pédezouilles. Point, à la ligne !
Roger Ikor, les Fils d'Avrom, Les eaux mêlées, p. 525.
♦ Signe identique au signe de ponctuation, placé après une initiale, une abréviation. — REM. On met un point après les abréviations, mais non après les symboles physiques et chimiques (ex. : P. T. T., mais : Pb, 3 km).
♦ Loc. || Points suspensifs (vx), mod. || Points de suspension, indiquant que l'expression de la pensée reste incomplète, qu'une énumération n'est pas exhaustive, qu'une phrase n'est pas terminée, etc. (→ Couper, cit. 14). || Les points de suspension (en typogr., trois points […]) équivalent parfois à etc. || Mot grossier, dont on n'écrit que l'initiale suivie de trois points.
♦ Deux points. || Les deux points (:) s'emploient pour annoncer un discours, une citation, une explication… || Deux points, ouvrez les guillemets. ⇒ Deux-points, et aussi comma.
♦ || Point-virgule, point et virgule (;), marquant une pause intermédiaire entre la virgule et le point. || Des points-virgules.
♦ Points conducteurs, points de conduite : ligne de points destinée à faire correspondre des signes situés au bout de la ligne. — Suite de points. ⇒ Pointillé. — Les trois points, symbole de la franc-maçonnerie (). ☑ Les frères trois-points : les francs-maçons.
78 Dans ses correspondances, il s'exprime comme un sous-officier (…) et il écrit en toutes lettres les mots qu'il est séant de remplacer par des points.
A. Hermant, Souvenirs du vicomte de Courpière, I.
♦ Par ext. Signe comportant un point. — Vx. || Point d'admiration (→ Obélisque, cit. 3), admiratif. Vieilli. || Point exclamatif. || Point d'interjection (→ 1. Fausset, cit. 5). Mod. || Point d'exclamation (!). → 1. Original, cit. 1. — Vx. || Point interrogant, interrogatif. Mod. || Point d'interrogation (cit. 4 et 5), exprimant l'interrogation directe (?). — Fig., par métaphore. Interrogation, question. || Qui sera élu ? C'est le point d'interrogation.
♦ En grec. || Point en haut : signe correspondant au point-virgule.
♦ Petit signe qui surmonte les lettres i et j minuscules. ⇒ I (cit. 2), J. ☑ Loc. Mettre les points sur les i (cit. 3). — Points (ï) que l'on place sur certaines lettres. ⇒ Tréma.
♦ || Points-voyelles : signes diacritiques représentant les voyelles, dans certaines écritures sémitiques.
♦ Mus. Signe placé après une note ou un silence, pour en augmenter la valeur temporelle de la moitié (⇒ Pointé). — Points de reprise : deux points (:) signalant un da capo. — Point d'orgue. ⇒ Orgue. — Point d'arrêt : signe semblable au point d'orgue, placé au-dessus d'un silence, et marquant une interruption de durée indéterminée. — Les notes détachées, piquées sont surmontées d'un point.
♦ Hist. mus. Signe de l'ancienne notation musicale (correspondant à une note). || Superposer point contre point. ⇒ Contrepoint (cit. 1).
♦ Télécommunication. || Points et traits du morse.
♦ Math. || Points marquant les fluxions (cit. 5).
2 Blason. Chacun des petits carrés, des petites divisions de l'échiqueté, du componé. — Position dans l'écu. ⇒ Blason.
3 Techn. (inform.). || Point adresse : repère sur une fiche magnétique, signalant le début d'un enregistrement.
———
1 Chaque partie (d'un discours, d'un raisonnement). ⇒ Lieu. || Les différents points d'une dissertation, d'un exposé (⇒ Chef), d'un ouvrage théorique (⇒ Partie), d'une loi (⇒ Article, disposition). || Divisions en points. || Les points d'un accord (→ Exiger, cit. 10), d'un traité.
79 (…) il arrive enfin, le malheureux, à la plus grande séparation, sans détachement, premier point; à la plus grande affaire sans loisir, second point; à la plus grande misère sans assistance, troisième point.
Bossuet, Sermons, Sur l'impénitence finale (1662).
80 (…) mais comment puis-je parler sur les chemins à une femme qui ne m'a pas été présentée et qui allait commencer un sermon en trois points ?
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 979.
81 Les points d'un discours ont du bon; besoin de savoir où on en est.
Gide, Journal, 13 févr. 1908.
2 Question, matière particulière. ⇒ Sujet. || Un point d'histoire, de théologie (→ Magistral, cit. 1). || Point formel de foi. ⇒ Article. || Point important; capital, essentiel, primordial. ⇒ Clef, cœur (cœur du sujet), essentiel (n. m.), nœud. || Point fondamental (→ Mesure, cit. 1). || Les points les plus, les moins intéressants (→ Élucidation, cit.). || Ce sont des points secondaires, des à-côtés. || Point délicat, difficile (→ Neutralité, cit. 1), obscur (→ Exercer, cit. 45). — Traiter un point (→ Incidemment, cit. 1). || Engager (cit. 21) la discussion sur un point. || Point litigieux. || Concéder un point. ⇒ Concession. || Point de désaccord (→ Divergence, cit. 2). || C'est un point acquis (→ Liaison, cit. 2). — ☑ Il y a un point noir dans cette affaire, une question dangereuse, obscure, une source de difficultés. || Un point noir pour la circulation automobile. || Il n'y a qu'un point noir, qu'un ennui. — Les points de la foi (→ Détermination, cit. 1). — Par anal. (en parlant d'actions, d'événements). Chose particulière. ☑ Voilà un grand point de gagné : le plus important, le principal est fait, est résolu. || Le grand point est de tenir, de résister… || Il n'avait oublié qu'un point (→ Lanterne, cit. 11). — C'est un point commun entre eux, un caractère commun. || C'est le point qui le touche le plus (→ Sa corde sensible). — ☑ Loc. Point d'honneur. ⇒ Honneur (cit. 13 à 15).
82 Voilà le point principal de ma lettre;
Vous savez tout; il n'y faut plus rien mettre.
Clément Marot, Épîtres, XXVII.
83 « Rien de trop » est un point
Dont on parle sans cesse, et qu'on n'observe point.
La Fontaine, Fables, IX, 11.
84 Si j'avais eu plus de timidité ou d'esprit de doute en face des principes que j'avais établis, bien des points de science et d'application seraient demeurés obscurs et soumis à des discussions sans fin.
Pasteur, cité par Henri Mondor, Pasteur, IX.
84.1 Il n'y a pas ce moment d'effroi qui saisit toujours les gens du monde quand on les assoit sur des chaises en face d'une scène d'amateurs.
la comtesse
Un seul point noir. Ils parlent tous de Marivaux. La plupart ne l'ont jamais lu.
J. Anouilh, la Répétition, p. 15.
♦ Absolt. || Le point : la question principale, le nœud de l'affaire. || Le point est de… || C'est là le point. ☑ Se faire un point de… : attacher de l'importance à… ☑ Venir au point, à l'essentiel.
85 Votre santé, votre repos, vos affaires, ce sont les trois points de mon esprit (…)
Mme de Sévigné, 145, 15 mars 1671.
86 (…) les Jansénistes vous diront bien que tous les Justes ont toujours le pouvoir d'accomplir les commandements : ce n'est pas de quoi nous disputons; mais ils ne vous diront pas que ce pouvoir soit prochain; c'est là le point.
Pascal, les Provinciales, I.
87 Mais le point de la question et de la difficulté est de savoir sur quoi les nations polies se réunissent, et sur quoi elles diffèrent.
Voltaire, Essai sur la poésie épique, I.
♦ Dr. || Point de droit : « partie des qualités d'un jugement où sont énoncées les raisons invoquées par chacune des parties… ainsi que le résumé des questions soumises au jugement du tribunal » (Capitant). — Point de fait : « où sont énoncés les noms et domiciles des parties et les faits de la cause » (Capitant). — Point de fait : point concret (et non pas formel).
88 Les choses de fait ne se prouvent que par les sens (…) Toutes les puissances du monde ne peuvent par autorité persuader un point de fait, non plus que le changer; car il n'y a rien qui puisse faire que ce qui est ne soit pas.
Pascal, les Provinciales, XVIII.
♦ ☑ (Loc. avec sur, en, de). Sur un point (→ 1. Droit, cit. 30), sur ce point (→ Devise, cit. 2; jugement, cit. 17; père, cit. 15). || Sur ce point, je ne partage (cit. 10) pas votre opinion. || Sur ce point particulier, précis… ⇒ Particularité. || Sur cent points (→ Chicaner, cit. 1)… — En ce point (→ Nursery, cit. 1; œuf, cit. 3). || En un seul point (→ Glaneur, cit. 3). ☑ En tous points (→ Fondouk, cit. 2; offusquer, cit. 6). || En tout point. — De tous points (→ Lapin, cit. 4). || De tout point (→ Filer, cit. 10).
89 L'inimitié des deux peuples cesse en deux points, sur la question des mots et sur celle du vêtement.
Balzac, Albert Savarus, Pl., t. I, p. 755.
90 (…) un de ces jeunes Anglais irréprochables de tout point (…)
Th. Gautier, le Roman de la momie, Prologue.
♦ ☑ De point en point : à la lettre. || Conter (cit. 1), exécuter des ordres… de point en point. ⇒ Entièrement, exactement (→ Galant, cit. 3). || Il m'a répété de point en point… ⇒ Textuellement. — ☑ Point par point (→ Minutie, cit. 3).
91 Il faut que l'Historien, de point en point, du commencement jusqu'à la fin, déduise son œuvre (…)
Ronsard, les Quatre Premiers Livres de la Franciade, Au lecteur, in Œ en prose, Pl., t. II, p. 1012.
92 (…) ce que tu m'as dicté,
Je veux de point en point qu'il soit exécuté.
Racine, Esther, II, 5.
❖
DÉR. 1. Pointer, pointiller. — V. aussi Pointure.
COMP. 1. Appointer, bi-point, contrepoint, embonpoint, 2. empointer, mal-en-point (ci-dessus, II., 1.), rond-point, tiers-point, tire-point. — Arrière-point ou point-arrière.
HOM. Poing, 2. point. Formes du v. poindre.
————————
2. point [pwɛ̃] auxiliaire de la négation, traditionnellement considéré comme adverbe.
ÉTYM. Fin XIe; no… point, v. 1050; spécialisation du subst. (→ 1. point) au sens de « petite parcelle d'étendue ou de temps », dans le tour point de… suivi d'un subst. : « une parcelle de, très peu de… »; puis senti comme auxiliaire de ne…, et équivalant à pas.
❖
———
I Point : deuxième élément de la négation, employé normalement en corrélation avec ne. ⇒ Ne; 2. pas (→ Non, cit. 1).
1 « Je ne vous connais pas. Moi non plus, je ne vous connais point » (→ Loustic, cit. 4). || Ne lisant point les journaux… (→ Mésestimer, cit. 3). — Ce qui est histoire et ce qui ne l'est point (→ Cause, cit. 53). — Ce n'est point que j'approuve (cit. 19).
1 Va, je ne te hais point.
Corneille (→ Devoir, cit. 14).
2 Ne forçons point notre talent (…)
La Fontaine (→ Forcer, cit. 25).
3 Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.
Pascal (→ Cœur, cit. 143).
4 Ils montrèrent, du reste, que je ne les gênais guère; c'est-à-dire qu'ils ne se gênèrent point.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX, p. 243.
♦ REM. 1. point de nos jours est beaucoup moins usité que pas. Il y a entre ces deux mots une nuance sémantique (→ 2. pas) et surtout une différence d'usage. Point est plus courant dans la langue classique; de nos jours il est archaïque, littéraire, ou régional, rural.
5 Je ne vous réponds pas des volontés d'un père;
Mais je ne serai point à d'autre qu'à Valère.
Molière, Tartuffe, II, 5.
6 Pas énonce simplement la négative, point l'exprime avec beaucoup plus de force. Le premier souvent ne nie la chose qu'en partie ou avec modification; le second la nie toujours absolument, totalement et sans réserve.
Girault-Duvivier, Grammaire des grammaires, t. II, p. 876.
♦ 2. Place de point dans la négation. ⇒ 2. Pas. Spécialt (avec l'inf.). || Pour ne point défaillir (→ Livrer, cit. 25). || Se proposer de faire telle chose… puis ne point la faire (cit. 66). || Leur parler, ne leur parler point… (→ Auprès, cit. 11). — (Avec l'impér.). || Ne forçons (cit. 25) point notre talent. || Homicide (1. Homicide, cit. 3) point ne seras.
7 Il ne comprenait pas quelle fureur (…) poussait ces individus à ne vouloir point s'arrêter.
Flaubert, Mme Bovary, III, I.
8 Point n'est besoin de voir le lieu; elle connaît assez bien l'aspect redoutable des grands bois (…)
9 (…) faites-moi l'amitié de n'aller point l'explorer.
G. Duhamel, Salavin, I, IV.
♦ Ne… point, suivi d'un subst. || Il n'a point d'argent; il n'a point d'argent pour… ⇒ 2. Pas. || Si nous n'avions point de défauts (cit. 26). || « Amour n'a point de lois » (→ 1. Mille, cit. 1). — « Si ce n'est toi, c'est donc ton frère (cit. 15). Je n'en ai point ».
10 On croit que les rêveurs ne font point de mal, on se trompe : ils en font beaucoup.
France, le Lys rouge, III.
2 Ne… point, suivi ou précédé d'un adverbe. || Point encore (→ Aujourd'hui, cit. 6). || Je vous conjure de ne me point flatter (cit. 30) du tout (→ aussi Entrer, cit. 53; gorge, cit. 6; méprisant, cit. 1; milieu, cit. 23). || Ne… point aussi : non plus. || Presque point (→ Attente, cit. 32).
3 Point, employé avec un indéfini, tel que aucun, nul personne… ⇒ 2. Pas. → aussi Sans point de faute.
11 (…) on ne doit point songer à garder aucunes mesures (…)
Molière, Dom Juan, III, 4.
4 (XVIe). || Ne point… que : ne point… sinon, si ce n'est que… (avec ellipse de ne). Vx. || Point d'argent qu'à la pointe de l'épée (Mme de Sévigné), pas, non pas… si ce n'est… — REM. De nos jours, ne point que… a le même sens que ne pas que. → 2. Pas. Je n'ai point qu'un ami.
12 Vous n'avez point ici d'ennemi que vous-même (…)
Corneille, Polyeucte, IV, 3.
5 (En corrélation avec une autre négation). || Ne point… ni. ⇒ Ni (supra cit. 7). || Ne sois pas… ni (cit. 28) point…
♦ Et, mais non point. ⇒ Non (cit. 32, et supra). — Non point… mais, mais bien (→ Attribuer, cit. 4; désintéressé, cit. 8; incitation, cit. 4; négatif, cit. 7). || Des gestes (1. Geste, cit. 6) non point doux, mais… || Ce qui est matière à miracle et non point objet de raison (→ Lumière, cit. 1).
13 (…) tu tombes amoureux d'un fantôme. — Non, point d'un fantôme, Alissa. — D'une figure imaginaire.
Gide, la Porte étroite, VI.
———
II (Fin XIIe). || Point, employé seul (sans ne, et sans verbe exprimé, sauf dans les usages vx et régionaux).
1 (Dans des réponses, exclamations, phrases elliptiques…). || Point du tout. ⇒ Nullement (→ Humaniser, cit. 6). — Vx. || Du tout point. || Mais point. — REM. Dans ces emplois point, à la différence de pas peut s'employer tout seul. || « Mais de cervelle (cit. 4), point ». || Venez-vous ? Point. → Non.
14 Vous lui parlez d'un ton tout à fait obligeant ? — Moi ? point
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
15 Je réitère à mains jointes ma demande en rémission de ma gloire : point; toute cette jeunesse refuse de me lâcher.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 221.
16 À chaque pause que faisait ce digne homme, le joli couple respirait en se disant par un signe : — Enfin, il va donc s'en aller ! Mais point.
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 782.
17 (…) ils croyaient qu'il suffirait d'un mot pour tempérer son ardeur combative (…) — Point. Christophe n'écoutait rien (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, I, p. 442.
18 L'amour peut être aveugle; l'amitié point; elle se doit de ne point l'être (…)
Gide, Journal, 22 juil. 1928.
♦ (Déb. XVIIe). || Point de… || Point d'affaires (cit. 84). || Point d'ambages (cit. 1). || Point de raison (→ Falloir, cit. 42). || Point de cesse (cit. 2). || Point de jeux, point d'amis (→ Labeur, cit. 2). || Point de monarque, point de noblesse (→ Monarchie, cit. 1). || Point de doute (→ Orient, cit. 8). || Peu ou point de… (→ Halte, cit. 6). || Point de quoi manger sur ces roches (→ Approche, cit. 18). || Point d'écrivain qui… (→ Maître, cit. 40). — ☑ Prov. Point d'argent, point de suisse (Racine, les Plaideurs, I, 1).
19 Point de réponse, mot (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 17.
20 (…) l'hiver revint. Jours courts, moins de travail. L'hiver, point de chaleur, point de lumière, point de midi, le soir touche au matin (…)
Hugo, les Misérables, I, IV, X.
21 Point d'auberges, point de cabarets, point de routes.
Maupassant, Boule de suif, « Le bonheur ».
22 Peu ou point de piano; instrument désaccordé (…)
Gide, Journal, 2 janv. 1928.
2 (XVIIe). (Devant un adjectif, un participe…). || Belle fille et point sotte (→ Fagotage, cit. 2). || Point hypocrites (cit. 20). || Point jaloux (→ Pâte, cit. 14). || Faciles à vivre, point défiants (→ Mouton, cit. 13). || Il la connaissait pour point commode (1. Commode, cit. 9).
23 Julien était silencieux et point trop troublé (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XX.
24 (…) j'étais sorti, point faraud, point fat, point avec l'intention d'humilier les autres, mais avec la pointe d'orgueil qui est permise à un jeune homme bien élevé, qui étrenne une jolie toilette.
J. Vallès, le Bachelier, V.
25 Elle (la cuisine) était claire, elle ouvrait sur la cour par une fenêtre point trop petite.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, VI.
3 Vx. Dans une phrase interrogative, dubitative… || « Mignonne, allons voir si la rose… A point perdu, cette vêprée,… » (→ Déclore, cit.).
26 (…) Vous ennuyez-vous point
De coucher toujours seul ?
La Fontaine, Fables, VIII, 11.
4 Régional, rural. || C'est point un endroit pour toi… (→ Milicien, cit.). || Elle est point bête !
❖
HOM. Poing, 1. point. Formes du v. poindre.
Encyclopédie Universelle. 2012.