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hisser

hisser [ 'ise ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1552 inse impér.; bas all. hissen
1Mar. Élever, faire monter au moyen d'une drisse. Hisser un mât. guinder. Cour. Hisser les couleurs. envoyer. Hisser un pavillon. arborer.
2Tirer en haut et avec effort. élever. Hisser un fardeau à l'aide d'un treuil. hélitreuiller, treuiller. « le chauffeur avait hissé leur malle et quelques ballots sur le toit » (Camus). Hisser qqn sur le pavois.
(1773) OH ! HISSE ! interjection accompagnant un effort collectif.
3 ♦ SE HISSER v. pron. S'élever avec effort. grimper, monter. Se hisser sur un mur avec agilité. Se hisser sur la pointe des pieds.
Fig. s'élever, se hausser. Se hisser au plus haut niveau. Se hisser à la force du poignet.
⊗ CONTR. 2. Amener, baisser (les couleurs); descendre; abattre.

hisser
v.
rI./r v. tr.
d1./d élever au moyen d'un cordage, d'un filin. Hisser une voile.
d2./d Faire monter, en tirant ou en poussant. Hisser un enfant sur ses épaules.
d3./d (oc. Indien) Tirer (qqch).
Hisser la chaîne: tirer la chasse d'eau.
d4./d (oc. Indien) Prendre (qqch). Hisse un pain et viens manger avec nous.
|| Inciter, convaincre (qqn). Hisse ton frère pour qu'il vienne.
d5./d (oc. Indien) Donner un coup violent, lancer qqch contre qqn. Il a hissé une pierre au chien.
rII./r v. Pron. S'élever avec effort, grimper. Se hisser au sommet du mur.
|| Fig. Il se hissa au faîte du pouvoir.

⇒HISSER, verbe trans.
A. — MAR. Élever, faire monter (une embarcation, un canot, une voile, un fardeau) à une hauteur déterminée, par traction sur un cordage travaillant sur une poulie ou un palan et actionné soit à la main, soit à l'aide d'un appareil de levage. Synon. embarquer, guinder; anton. abaisser, abattre, descendre. Harbert et le marin se rembarquèrent donc sur le Bonadventure, dont l'ancre fut levée, la voile hissée (VERNE, Île myst., 1874, p. 362). Sous voiles, sa livarde et son hunier hissés, son grand foc, son petit foc, sa trinquette établis et sa brigantine d'artimon déployée, la barque à Papadakis avait grande allure (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 170). V. aussi bonnette ex. 1 :
1. Le radeau fut hissé un peu plus haut, le mât de charge pivota, et l'engin et son homme disparurent le long de la coque. En pesant sur le palan, Gérard s'aperçut que les ordres de Simon avaient été exécutés.
PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 247.
Cour. Hisser le drapeau, les couleurs. Synon. arborer; anton. amener, abattre. [Faire] amener le pavillon tricolore et hisser l'Union Jack (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 172) :
2. La plus belle des aventures (...) est la rencontre de deux vaisseaux (...). Les deux bâtiments s'approchent, hissent leur pavillon, carguent à demi leurs voiles, se mettent en travers.
CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 258.
[À l'impér., en emploi interjectif pour rythmer un effort collectif sur un cordage; p. ext. effort individuel bref, intense et répété] Oh hisse! Ohé hisse! « Oh! hisse » des matelots, jurons, chants, sifflets de bateaux à vapeur (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 51). On tira, tous attelés à la corde, Buteau d'abord, puis la Frimat, la Bécu, Françoise, Lise elle-même (...) — Ohé hisse! criait Buteau, tous ensemble!... (ZOLA, Terre, 1887, p. 259).
B. — P. ext. Hisser sur, à, jusqu'à. Élever, faire monter (quelque chose ou quelqu'un) en faisant un effort. Des gosses, hissés sur l'épaule des pères, ouvraient des yeux fascinés (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 451). Au terminus de la voie ferrée, le chauffeur avait hissé leur malle, et quelques ballots, sur le toit (CAMUS, Exil et roy., 1957, p. 1561). V. bassin ex. 27 :
3. — C'est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt : La poulie, le seau et la corde... (...). Je ne voulais pas qu'il fît un effort : — Laisse-moi faire, lui dis-je, c'est trop lourd pour toi. Lentement je hissai le seau jusqu'à la margelle.
SAINT-EXUP., Pt Prince, 1943, p. 482.
P. métaph. Ils avaient (...) hissé à grand-peine leur courage au niveau de cette épreuve, tendu leurs dernières forces pour demeurer sans faiblir à la hauteur de cette souffrance (CAMUS, Peste, 1947, p. 1275).
Hisser sur un piédestal, sur le pavois (au fig.). Élever au plus haut degré, estimer au plus haut point. Fie-toi à moi toujours, comme si j'étais resté encore sur ce piédestal où ton amour m'avait hissé (FLAUB., Corresp., 1846, p. 399).
Emploi pronom. S'élever avec effort. Se hisser sur un mur, à une fenêtre; se hisser sur la pointe des pieds, à la force du poignet; se hisser sur un cheval. Bernard (...) s'était hissé sur son bureau et balançait les jambes (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 54). Je l'imitai et me hissai sur des échasses aussi hautes que les siennes, malgré une horrible peur de tomber (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 402) :
4. Assister aux exécutions constitue un devoir [pour le gamin de Paris] (...). Pour ne rien perdre de la chose, on escalade les murs, on se hisse aux balcons, on monte aux arbres, on se suspend aux grilles, on s'accroche aux cheminées.
HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 696.
Au fig. Synon. de se hausser. Se hisser au premier rang, à l'échelon supérieur, à une fonction, au pouvoir. Elle avait une façon prévenante d'écouter qui prêtait de la valeur à ses interlocuteurs et les encourageait à se hisser pour elle au-dessus de leur niveau habituel (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 796) :
5. ... offrir même une aide pour franchir les mauvais jours à venir, (...) croyez-moi cher monsieur, c'est atteindre plus haut que l'ambitieux vulgaire et se hisser à ce point culminant où la vertu ne se nourrit plus que d'elle-même.
CAMUS, Chute, 1956, p. 1485.
REM. 1. Hissage, subst. masc., mar. Action de hisser. Palan de hissage. Une poulie de retour sera employée pour diriger sur un treuil ou un cabestan le garant d'une caliorne de hissage (GALOPIN, Lang. mar., 1925, p. 49). 2. Hissement, subst. masc. Même sens. Hissement des couleurs ([PESCH], Hist. École nav., 1889, p. 312). [Son] aigre comme un hissement de poulie (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 184).
Prononc. et Orth. : [ise] init. asp., (il) hisse [is]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. a) 1552 inse! « commandement pour faire tirer quelque chose en haut » (RABELAIS, Quart Livre, éd. R. Marichal, XX, 34); b) 1573 ysser « tirer en haut, surtout à l'aide d'une corde » (DU PUYS); c) av. 1794 se hisser « s'élever avec effort » (FLORIAN, L'Enfant et le dattier ds Fables, éd. H. Bonhomme, p. 202). Empr. du b. all. hissen « hisser » (cf. m. néerl. hischen, hijschen, de même sens), de formation onomatopéique. La forme nasalisée hinser est sans doute due à la volonté de rendre le bruit sourd que fait la corde sur laquelle on tire, cf. FEW t. 16, p. 209 b. Fréq. abs. littér. : 570. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 252, b) 832; XXe s. : a) 974, b) 1 173. Bbg. GOROG (R.P. de). Notes on the etymology of several Fr. words of Germanic origin. Rom. Notes. 1959, t. 1, p. 75.

hisser ['ise] v. tr.
ÉTYM. 1552, inse, impér.; ysser, 1573; bas all. hissen.
1 Mar. Élever, faire monter au moyen d'une manœuvre, d'un cordage (palan, drisse, etc.). || Hisser les embarcations. || Hisser un mât. Guinder. || Frégate (cit. 2) qui hisse ses voiles. || Élinguer un baril pour le hisser. || Hisser une voile à bloc. Étarquer.
1 (…) nous hissâmes le foc et la grande voile (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe, les Aventures d'A. Gordon Pym, I.
2 Cour. || Hisser les couleurs. Envoyer. || Hisser un pavillon. Arborer (→ Emblème, cit. 2; embosser, cit. 3).
2 (…) le premier, le seul ordre qu'il devait donner encore (…) allait être de hisser le drapeau blanc sur la citadelle, afin de demander un armistice.
Zola, la Débâcle, VI, t. II, p. 7.
2.1 (…) elle rentrait maintenant dans ce ménage comme un capitaine sur son bateau, hissait son pavillon au mât et ne tolérait plus d'autre maître à bord.
A. Maurois, Ariel ou la vie de Shelley, p. 87.
Par ext. || Hisser un fardeau au moyen d'une grue, d'une poulie. Guinder.
3 (…) mais quel jour le poids d'une pierre de taille lentement hissée dans l'air par les travailleurs revenus fera-t-il grincer sa poulie rouillée depuis des siècles ?
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 254.
Cour. Tirer en haut et avec effort. Élever. || Hisser un homme à la hauteur d'un parapet (→ Culotte, cit. 3). || Hisser un blessé (→ Hart, cit. 1).
4 Le fermier fut hissé par le facteur et par le messager au cri de : — Haoup ! là ! ahé ! hisse ! (…) poussé par Georges.
Balzac, Un début dans la vie, Pl., p. 637.
5 Puis, au commandement d'Antoine, ils reprirent les quatre coins du drap, hissèrent péniblement le malade hors de la baignoire et le déposèrent tout dégouttant sur le matelas.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 165.
Fig. || Hisser qqn sur le pavois.
6 Chaque jour, elle me semblait moins jolie. Seul le désir qu'elle excitait chez les autres, quand, l'apprenant, je recommençais à souffrir et voulais la leur disputer, la hissait à mes yeux sur un haut pavois.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 33.
3 Hisse ! oh ! hisse ! (interj. tirée de l'impér. du verbe; 1773; hisse !, 1701). Interjection qui accompagne un effort collectif pour tirer un cordage, soulever un fardeau (→ ci-dessus, cit. 4).
7 Ils empoignèrent le câble, et comme le bateau se couchait sur bâbord, le second se laissa glisser le long de la coque (…) — Hisse ! Quand ils l'élevèrent, il donna un grand coup de reins (…) vingt bras se tendirent pour l'aider à franchir la lisse.
Roger Vercel, Remorques, V, p. 113.
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se hisser v. pron.
ÉTYM. (Av. 1794).
S'élever avec effort. Grimper, monter. || Se hisser sur un mur avec agilité (cit. 2). || Matelot qui se hisse sur le plat-bord à la force des poignets (→ Crocher, cit. 1). || Se hisser sur la pointe des pieds. Hausser (se).
8 Là il creusa un nouveau trou et planta une nouvelle cheville. Alors il se hissa lui-même, de manière à poser ses pieds dans le trou qu'il venait de creuser, empoignant avec ses mains la cheville dans le trou au-dessus.
Baudelaire, Trad. E. Poe, les Aventures d'A. Gordon Pym, XXIV.
9 Les mains encombrées de sa montre, de son altimètre, de son porte-carte, les doigts gourds sous les gants épais, il (le pilote) se hisse lourd et maladroit jusqu'au poste de pilotage.
Saint-Exupéry, Courrier Sud, II.
10 (…) il allait une fois de plus perdre l'équilibre, lorsqu'il saisit une touffe d'herbe, parvint à se retenir, donna un dernier coup de reins, et se hissa sur la plate-forme.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 86.
11 Voulez-vous cette rose ? Carlotta l'avait cueillie en se hissant sur la pointe des pieds à ce rosier grimpant qui enserrait un charme à la peau de lézard vert.
Aragon, les Beaux Quartiers, III, VII.
(Déb. XXe). Fig. Élever (s'), hausser (se). || Se hisser au plus haut degré d'une carrière (→ Épiscopat, cit. 2).Se hisser à la force du poignet.
12 Parce que je me suis moi-même, dans ma vie individuelle, dégagé de l'ombre et tout doucement hissé vers des régions plus claires, je regarde avec passion, avec sollicitude, avec angoisse parfois, ce cheminement opiniâtre et toujours recommencé vers une existence moins douloureuse, mieux ordonnée, mieux éclairée, plus équitable.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, II.
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hissé, ée p. p. adj.
|| Voile hissée. || Pavillon hissé.
CONTR. Amener, baisser (les couleurs), descendre. — Abattre, précipiter, renverser.
DÉR. Hissage.

Encyclopédie Universelle. 2012.