dentelle [ dɑ̃tɛl ] n. f.
1 ♦ Tissu très ajouré sans trame ni chaîne, orné de dessins opaques variés, et qui présente généralement un bord en forme de dents. ⇒ guipure. Dentelle de coton, de soie, de nylon. Réseau, fond ou champ d'une dentelle : la partie uniforme, par opposition aux motifs. Col, jabot, robe de, en dentelle.
♢ Porter des dentelles, des garnitures en dentelle. « une robe de soie noire, assez décolletée, avec [...] des dentelles, des guipures » (Romains ). La guerre en dentelles.
♢ Dentelle à la main, à l'aiguille. Variétés de dentelle à l'aiguille : point coupé, point de Venise, point Renaissance, point d'Alençon. La dentelle aux fuseaux se fait avec un petit métier portatif (⇒ carreau, tambour) , des fuseaux, un carton piqueté selon le dessin à obtenir et des épingles pour maintenir les fils. Variétés de dentelle au fuseau : blonde, chantilly, malines, valenciennes. Dentelle au crochet, à la machine. Dentelle mécanique. — Loc. fam. Ne pas faire dans la dentelle : travailler, agir sans aucun raffinement, sans délicatesse.
2 ♦ Ce qui rappelle la dentelle par l'aspect ajouré, la finesse. Dentelle de papier, pour l'emballage de la confiserie. « L'architecture élégante et raffinée fait de la pierre une dentelle » (Taine). « la dentelle rousse des fougères » (Loti). — En appos. Crêpes dentelle, très fines.
♢ Vignette utilisée en typographie.
● dentelle nom féminin (de dent) Tissu ajouré constitué par l'entrelacement de fils formant un fond de réseau sur lequel se détachent des motifs décoratifs. Littéraire. Ce qui rappelle la délicatesse, la finesse, les dentelures de la dentelle : Dentelle de papier. Bijouterie Ensemble des petites facettes triangulaires autour de la table d'une pierre taillée. Reliure Décor doré, au petit fer ou à la plaque, comportant un encadrement bordé de motifs ornementaux légers (XVIIIe s.). ● dentelle (expressions) nom féminin (de dent) Familier. Faire dans la dentelle, avoir le sens des nuances, faire des distinguos subtils. Guerre en dentelles, combat poli (par allusion à la guerre telle qu'on la faisait aux XVIIe et XVIIIe s.).
dentelle
n. f.
d1./d Tissu à jours et à mailles très fines dont le bord est généralement dentelé. La dentelle se fait à l'aide d'aiguilles, de fuseaux, de crochets, de navettes ou de métiers.
— Robe de dentelle.
d2./d Fig. Ce qui évoque la dentelle. Dentelle de pierre des clochers gothiques.
⇒DENTELLE, subst. fém.
A.— Tissu sans trame ni chaîne, généralement en fil de soie, nylon ou fibres plus riches selon les cas, exécuté à la main ou à la machine, à l'aide de points semblables ou non formant un dessin, à bords dentelés ou non. Petites dentelles ou broderies montées en entre-deux (Lar. mén. 1926, p. 1045). Un réseau de dentelles au point d'Angleterre (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 17).
1. Emploi abs. mis pour dentelle de fil.
SYNT. a) Dentelle à la main, à l'aiguille, au crochet, au fuseau, à la navette; carreau à dentelle, tambour à broder la dentelle; champ, fond, réseau d'une dentelle. b) Dentelle mécanique; dentelle au métier, d'imitation; dentelle lingerie, dentelle maille. c) Dentelle de Valenciennes. d) Un ouvrage de dentelle, une ouvrière en dentelle. e) Constr. partic. : à, de, en dentelle(s). Bonnet, châle, coiffe, corsage, jabot, manchettes, rideau, volants en dentelle « entièrement exécutés en dentelle ». Éventail, mouchoir de dentelle; jupon, tablier à dentelles « garni ou bordé de dentelle ».
2. Au plur. Parures en dentelle. Un marchand de dentelles; vendre, engager ses dentelles :
• 1. Je n'ai point oublié le petit coffre en laque du Japon, dans lequel étaient renfermés les dentelles et les diamans héréditaires dont il fut fait mention au contrat...
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 114.
— Avec une nuance iron. Des histoires de dentelles (cf. chiffon) :
• 2. J'oublie du coup une conférence et je suis tout aux dames, causant à Mme Zilcken et à sa mère, Bruxelles, Paris, dentelles surtout...
VERLAINE, Œuvres complètes, t. 5, Quinze jours en Hollande, 1893, p. 223.
— Loc. [P. réf. à la guerre telle qu'on la faisait au XVIIe et XVIIIe s. avec des officiers vêtus de dentelles et se faisant des politesses d'un côté à l'autre du front] La guerre en dentelles :
• 3. Cette campagne allègre de 1667, cette guerre en dentelles produisit sur les contemporains l'impression de jeunesse victorieuse et de joie que donna à Stendhal la campagne d'Italie.
BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, p. 414.
B.— [P. anal. de forme et d'aspect] Tout ce qui est découpé, ajouré.
1. Emplois spéc.
a) ARCHIT. Dentelle de pierre; flèche, minaret, tour en dentelle; dentelle d'un balcon, d'un clocher. Le genre « lombard », (...) un dévergondage de dentelles et de clochetons (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 241).
— P. ext. Une de ces dentelles que les confiseurs mettent sur leurs dragées (BALZAC, Ferragus, 1833, p. 101). Cette admirable grille du serrurier Jean Lamour : une dentelle en fer (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. 111).
b) RELIURE. Dessin poussé, sur or ou à froid, ajouré et d'une finesse analogue à celle de la dentelle, exécuté sur le plat ou le bord d'un livre. Reliure à dentelle. Un exemplaire [des « Contes de la Fontaine »] (...) aux plats de la reliure chargés d'une riche dentelle (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, 1881, p. 344). Une reliure en maroquin. Dentelle au petit fer. Superbe! (A. FRANCE, P. bonh., 1898, 5, p. 513).
Rem. Les dict. enregistrent à partir de Ac. Compl. 1842 a) l'emploi de dentelle en lapidaire désignant dans un diamant taillé, l'ensemble des facettes triangulaires entourant la ou les facette(s) plate(s) du milieu; b) l'emploi en typogr. désignant le dessin ajouré encadrant une page ou ornant une tête ou une fin de chapitre (cf. vignette); c) l'emploi en zool. : dentelle de mer, dentelle de Vénus « polypier dont la beauté et la finesse rappelle celle de la dentelle ».
2. P. ext.
a) En appos. Crêpe dentelle. Crêpe très fine. Bas dentelle. Bas dont le tissage a l'aspect de la dentelle.
b) Au fig., lang. culturelle et poét. Tout ce qui rappelle la dentelle par sa finesse, sa délicatesse. Dentelle des toits, de l'ombre, de l'écume, de la toile d'araignée; des gestes de dentelle. Les mélèzes agitaient leurs dentelles (BALZAC, Séraphita, 1835, p. 309). Ces dentelles du son que le fifre découpe (HUGO, Rayons et ombres, 1840, p. 1099) :
• 4. Ajouté à celui de Mme de Loynes, son tact subtil [de Jules Lemaître] créait une atmosphère elliptique, allusionniste, où les intentions étaient comprises, sans être exprimées, une dentelle verbale d'un point bien rare.
L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 21.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 « petite dent » (J. LEFÈVRE, La Vieille, 37 ds T.-L.), attest. isolée; 2. 1526-37 archit. (D. DE SAGREDO, Raison d'architecture antique ds Cah. Lexicol., t. 18, p. 105); 3. 1549 « tissu léger à jour » (Cpte de Marguerite de Navarre, f° 62 v° ds GAY). Dér. de dent; suff. -elle. Fréq. abs. littér. :1 454. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 285, b) 3 429; XXe s. : a) 3 116, b) 1 374.
DÉR. Dentellerie, subst. fém., vx et peu usité. Fabrication et commerce de la dentelle; ouvrages de dentelle. Vendre de la dentellerie; magasin de dentellerie. Les travaux de dentellerie, qui jadis récréaient ses doigts par leur grâce menue, qui la faisaient rêver de baptêmes et de mariages, lui paraissaient maintenant une tâche odieuse, qu'elle accomplissait avec dégoût (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 62). — []. Ds Ac. 1932. — 1re attest. av. 1870 (Kauffmann ds Lar. 19e); du rad. de dentelle, suff. -erie. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — CLAS (A.). Néol. publicitaires. Meta. 1972, t. 17, n° 1, p. 74.
dentelle [dɑ̃tɛl] n. f.
ÉTYM. V. 1380; au sens actuel, 1549; de dent, et -elle.
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1 Tissu très ajouré sans trame ni chaîne, orné de dessins opaques variés, et qui présente généralement un bord en forme de dents. || Dentelle de lin, de coton, de soie, de nylon. || Réseau, fond ou champ d'une dentelle, la partie uniforme, par opposition aux ornements. || Dentelle sans fond à larges mailles. ⇒ Guipure. || Dentelle au mètre. || Entre-deux de dentelle. || Dentelle étroite pour border. || Col, jabot, robe de dentelle. || Mantille en dentelle. || Éventail de dentelle. || Volant de dentelle. || Parements (cit. 2) de dentelle. || Empiècements, incrustations de dentelle dans la lingerie, le linge de maison. || Poser, coudre, monter une dentelle. ⇒ Striquer. || Dentelle froncée, plissée, tuyautée. || Rangs, rangées de dentelle qui chevauchent. || Ouvrages, tissus rappelant la dentelle. ⇒ Broderie, filet, macramé.
♦ Par ext. || Mouchoir de dentelle, bordé de dentelle. || Porter des dentelles, des garnitures en dentelle.
1 (…) des dentelles sur tout l'habit (…)
Molière, Tartuffe, 2e Placet.
1.1 En effet, Madame de Boves, n'ayant guère dans son porte-monnaie que l'argent de sa voiture, faisait sortir des cartons toutes sortes de dentelles, pour le plaisir de les voir et de les toucher (…) Le comptoir débordait, elle plongeait les mains dans ce flot montant de guipures, de malines, de valenciennes, de chantilly, les doigts tremblant de désir, le visage peu à peu chauffé d'une joie sensuelle.
Zola, Au Bonheur des Dames, t. I, p. 132-133.
2 Un excès de dentelles peut-être aux draps et aux oreillers, un excès de bagues étincelantes aux mains délicates, abandonnées sur la couverture de satin (…)
Loti, les Désenchantées, I, II, p. 13.
3 Elle est vêtue d'une robe de soie noire, assez décolletée, avec des manches mi-longues, des dentelles, des guipures, des diamants.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VIII, p. 65.
4 Mais soudain ce regard glissa jusqu'à la saillie de l'épaule, dont la chair nue, fraîche et grasse, palpitait sous les mailles de la dentelle comme un animal pris dans un filet (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 47.
♦ ☑ Loc. La guerre en dentelles, telle qu'on la faisait au XVIIe ou au XVIIIe siècle, avec des officiers vêtus de dentelles et se rendant force politesses.
4.1 Nous avons à gagner une partie considérable. Il serait idiot de la perdre pour avoir sacrifié à des élégances dignes de la guerre en dentelles.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXII, p. 93.
♦ Fabrication de la dentelle.
♦ Dentelle à la main. — Dentelle à l'aiguille ou point. || La dentelle à l'aiguille s'exécute comme une broderie, en laissant libre le tissu sous-jacent. || Fil de trace, lacets, brides, jours; gaze, rempli, satiné, brode, picot, engrelure d'une dentelle à l'aiguille. || Variétés de dentelle à l'aiguille : point coupé, point russe, point de Venise, point Renaissance, point de France, d'Angleterre, d'Argentan,… point d'Alençon. ⇒ Vélin. — Dentelle aux fuseaux. || La dentelle aux fuseaux se fait avec un petit métier portatif (⇒ Carreau, tambour), des fuseaux, un carton troué selon le dessin à obtenir. || Tricoter de la dentelle avec des fuseaux. || Points de dentelle au fuseau : point de grille, de toile; point filet, point réseau ou torchon; point d'esprit, point de mariage; point de Binche, de Dieppe, du Puy, de Tulle, de Malines, de Bruxelles, de Bruges, de Valenciennes, de Milan… || Variétés de dentelle au fuseau : blonde, bisette, Chantilly, gueuse, lacis, Malines, mignonnette, torchon belge, Valenciennes. || Dentelle au crochet, au tricot. — Dentelle à la machine. || Calais, centre industriel de la dentelle à la machine. — Dentelle à la mécanique. || Application d'ornements sur du tulle pour obtenir la dentelle. — Dentelle fabriquée en une seule opération par la mécanique Jacquard à l'aide de machines ou dentellières.
♦ Par ext. || Dentelle chimique (ou broderie chimique) : textile brodé mécaniquement soumis à l'action d'un corps caustique qui libère la broderie pour en faire de la dentelle.
➪ tableau Noms et types de tissus.
2 a Ce qui rappelle la dentelle par l'aspect ajouré, la finesse, la légèreté. || Dentelle de papier, pour l'emballage de la confiserie. || Une petite spirale (cit. 3) en dentelle de papier. || Dentelle de feuilles. — (V. 1530). || Dentelle de pierre : appareil de pierres taillées à jours. || La dentelle de pierre des flèches de clochers dans le gothique flamand, allemand.
5 L'architecture élégante et raffinée fait de la pierre une dentelle, et festonne ses églises de pinacles, de trèfles, de meneaux entrelacés et contournés, en sorte que l'édifice évidé, fleuronné, doré, est une prodigieuse et romanesque orfèvrerie, œuvre de la fantaisie plutôt que de la foi, moins propre à exciter la piété que l'éblouissement.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, III, II, I, p. 5.
6 (…) ils ont traversé les bois, les futaies de chênes sous lesquelles s'étend à l'infini la dentelle rousse des fougères.
Loti, Ramuntcho, I, VI, p. 78.
♦ En appos. || Crêpes dentelle, très fines; bas dentelle : bas dont le tissage rappelle la dentelle.
♦ Spécialt. Vignette utilisée en typographie. — Partie d'une pierre précieuse taillée en rose autour d'une facette large. — Dentelle de mer, de Vénus : variétés de polypier.
♦ Relig. Dessin poussé sur or ou à froid, qui ressemble à de la dentelle. || Reliure à dentelle.
♦ ☑ Loc. fam. Travailler, faire dans la dentelle : travailler avec raffinement, délicatesse (le plus souvent en tournure négative : ne pas faire dans la dentelle). || « Colin Higgins n'œuvre pas dans la dentelle. Transposé à l'écran, ce gros succès de Broadway n'a rien perdu de sa lourdeur » (Télérama, 11 janv. 1984, no 1774).
b Surface subdivisée ou découpée (de manière involontaire, accidentelle). || La corrosion avait complètement rongé le dessous de la carrosserie : ce n'était plus de la tôle, c'était de la dentelle.
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DÉR. Dentellerie, dentellier.
Encyclopédie Universelle. 2012.