saignant, ante [ sɛɲɑ̃, ɑ̃t ] adj.
• çagnant v. 1189; de saigner
1 ♦ Qui dégoutte de sang (de la chair vivante). ⇒ sanglant. Blessure, plaie saignante.
2 ♦ Fig. Se dit d'une blessure morale récente, douloureuse. « Frédéri garde au cœur son amour saignant » (Zola).
♢ Fam. Particulièrement dur, cruel. Il est très en colère, ça va être saignant (⇒ saigner, I, 3o) .
3 ♦ Se dit de la viande rôtie ou grillée, lorsqu'elle est peu cuite et qu'il y reste du sang. ⇒ rouge. Vous voulez votre bifteck saignant ou à point ? Très saignant. ⇒ bleu. « Vite, vite, enlevez le bœuf ! Il faut qu'il soit saignant » (Gautier).
● saignant, saignante adjectif Qui saigne, dégoutte de sang : Blessure saignante. Se dit d'une viande cuite rapidement et dont la chair au milieu est encore crue. Se dit d'une blessure morale, d'un chagrin dont on ressent encore tous les effets. Familier. Qui est particulièrement dur, cruel : Il était en colère, ça a été saignant. ● saignant, saignante (synonymes) adjectif Qui saigne , dégoutte de sang
Synonymes :
- ensanglanté
- sanglant
Se dit d'une viande cuite rapidement et dont la chair...
Synonymes :
- bleu
Contraires :
- à point
- cuit
Familier. Qui est particulièrement dur, cruel
Synonymes :
- blessant
saignant, ante
adj.
d1./d Qui saigne.
d2./d Viande saignante, très peu cuite.
⇒SAIGNANT, -ANTE, part. prés. et adj.
I. — Part. prés. de saigner.
II. — Adjectif
A. — 1. [En parlant de la chair, notamment d'une blessure] Qui saigne, qui dégoutte de sang. Avoir le nez saignant; bouche, gencives saignante(s); blessure, plaie saignante. V. houssoir, ex. de Balzac:
• De féroces oiseaux perchés sur leur pâture
Détruisaient avec rage un pendu déjà mûr,
Chacun plantant, comme un outil, son bec impur
Dans tous les coins saignants de cette pourriture
BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p. 208.
— [Dans un cont. métaph.] Qui est d'un rouge vif, de la couleur du sang ou qui semble saigner. Le rouge saignant (des dahlias), floraison saignante (de pivoines), un bouquet de fleurs saignantes, la pourpre saignante (des coquelicots, d'une étoffe), des roses saignantes, (des) coraux saignants, une lueur saignante de braise. Constantin Guys allonge les yeux peints des filles, rougit leurs bouches saignantes, alourdit leurs mamelles dures (FAURE, Hist. art, 1921, p. 173).
— Synon. de vibrant. L'instinct maternel ne progresse pas. Il naît d'un coup, complet, tout armé, tout saignant (COLETTE, Entrave, 1913, p. 286).
♦ P. métaph. Le royaume de Westphalie, formé par le tranchant du fer de lambeaux pour ainsi dire encore saignants, s'agitait en des convulsions terribles (A. FRANCE, Vie littér., 1888, p. 273). Apprenons à sortir de la passivité et à mépriser le fatalisme. Ce ne sont pas là des mots. Ce sont des réalités vivantes et saignantes (L. DAUDET, Hérédo, 1916, p. 127).
— Saignant de + rouge ou subst. évoquant une couleur. Taches saignantes de rouge. Le cabriolet passa devant une grille seigneuriale, toute saignante de rouille (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1249). Ces sourcils triomphants, et, saignantes de fards Ces bouches du Vinci férocement royales (...) Ont fait de ma jeunesse une souffrance d'arts (LORRAIN, Griseries, 1887, p. 89).
2. P. exagér., rare. Qui est injecté de sang. Il était là, le sang aux yeux, (...) mis hors de lui, par les étalages du Bonheur des Dames. (...) Sa face bilieuse s'était éclairée, il n'avait plus les yeux saignants dont il regardait le Bonheur des Dames (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 395).
B. — ART CULIN.
1. Rare. [En parlant du jus de cuisson d'une viande] Qui renferme du sang. Jus saignant. On gage que la cuisson est suffisante lorsque (...) il ne s'écoule plus de jus saignant sur une coupe (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 440).
2. [P. oppos. à bleu, à point, bien cuit, en parlant de la viande elle-même rôtie ou grillée et dont le sang perle quand on la tranche ou qu'on la coupe] Bifteck, bœuf saignant. Il aimait le gros cidre, les gigots saignants (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 25).
— [P. méton.] Elle s'en consolait [d'une chute] fumant du plus dur, buvant sec (...) repue d'une nourriture saignante et carnée, de chesters de grand arome (ARNOUX, Écoute, 1923, p. 125).
— Empl. subst. masc. sing. Ce qui est saignant, viande saignante, en partic., morceau de viande cuite superficiellement. Servez-moi du saignant, préférer le saignant au bien cuit (Lar. Lang. fr.).
C. — Au fig.
1. Littér. [P. réf. à l'idée de blessure; en parlant d'un chagrin, d'une injure, d'une blessure morale dont on ressent encore les effets] Chagrin, orgueil saignant; âme, pitié saignante; saignantes rancunes. Je suis fatigué de plus, sans être malade, mais la tête est tout à ce travail inaccoutumé [ses leçons de Lausanne], et il faut faire taire le cœur, qui, d'ailleurs, est assez misérablement saignant (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 2, 1838, p. 349). Sur un fonds de sensibilité blessée et saignante. On relève jusqu'à des réminiscences littéraires (BOURGET, Crit. et doctr., t. 1, 1912, p. 11).
— Au plus saignant de. Au plus vif de. Il était atteint au plus saignant de son amour-propre, cet homme (BOURGET, Physiol. amour mod., 1890, p. 308).
— Cœur saignant. Cœur meurtri, ulcéré. Charles effectivement attendait en lisant dans une feuille hebdomadaire la chronique des cœurs saignants (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 15).
— Empl. subst. masc. plur. Ceux qui souffrent. Jaloux, je regardais sous les cieux constellés, (...) Tous ces fiers saignants, traînés dans nos discordes Les yeux pleins de rayons, les bras liés de cordes (HUGO, Quatre vents esprit, 1881, p. 42). Le catholicisme de ceux qui n'ont pas de joie en ce monde et dont la souffrance crie vers les plafonds du paradis; le catholicisme des vaincus, des saignants (BLOY, Journal, 1904, p. 233).
2. [P. réf. à l'idée de peine, de difficulté; en parlant d'un effort, d'une épreuve] Qui exige beaucoup de volonté, de ténacité, d'énergie. Une épreuve saignante. J'essayais de chanter, dans un saignant effort, Quelques notes des chants consacrés à la mort (LAMART., Jocelyn, 1836, p. 769).
3. Vieilli, fam. Dur, féroce, impitoyable. Synon. sanglant. Reproche saignant; critique, parole saignante; (éviter) des formules saignantes. Ce qui l'a atteint [l'artiste], froissé, blessé dans l'humanité, dans son temps, dans la vie, il ne peut plus le garder: il le vomit dans quelque page émue, saignante, horrible (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 347). C'est qu'il [Musset] a jeté le cri de désespérance du siècle; c'est qu'il a été le plus jeune et le plus saignant de nous (ZOLA, Nouv. Contes Ninon, 1874, p. 166).
— Empl. subst. mas. sing. à valeur de neutre. [Les Goncourt] veulent du présent, du vif, du saignant dans les œuvres (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 10, 1866, p. 397).
4. Arg. des sportifs
a) En forme; bouillant. Je serais heureux de remettre ça, mais cette fois après avoir subi une préparation ad hoc qui me permettra, je l'espère, d'être un peu plus « saignant » qu'à Schaerbeek (La Pédale, 30 nov. 1927, p. 12, col. 2). Je me sens saignant (ESNAULT, Dict. des Argots, 1965 ds PETIOT 1982).
b) Agressif. Le pack adverse, très saignant (L'Équipe, 6 déc. 1965 ds PETIOT 1982).
c) ) Très agressif, très rapide, en force. Les Olympiens font un départ « saignant » et cela a pour effet immédiat de faire s'étendre le chapelet des coureurs (La Pédale, 7 sept. 1927, p. 18, col. 3).
) Arg. des journalistes. Sensationnel. Je n'ai que quelques heures pour écrire le « papier » qui, à Paris, fera la manchette, à la fois saignante et vraisemblable, rendant l'atmosphère (L. BODARD, Les Plaisirs de l'Hexagone, 1971 ds GILB. 1980).
REM. Saignotant, -ante, part. prés. adj. Qui saigne faiblement mais fréquemment. Ulcération indurée et saignotante. Le cancer qui nous monte déjà peut-être méticuleux et saignotant du rectum (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 470).
Prononc. et Orth.: [], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér.: 544. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 458, b) 1 333; XXe s.: a) 1 215, b) 476.
saignant, ante [sɛɲɑ̃, ɑ̃t] adj. et n. m.
ÉTYM. 1690; çagnant, v. 1189, aussi signant, XIIe; de saigner.
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A Adj.
1 Qui dégoutte de sang (se dit de la chair vivante; → cependant Pommeau, cit. 5). ⇒ Sanglant. || Blessure, plaie saignante. || Pieds saignants (→ Respiration, cit. 2).
1 (…) il avait lâché les autres, à la poursuite d'un vol d'alouettes, des cailloux plein les mains. Lorsqu'une d'elles, contrariée par le vent, restait deux secondes en l'air, immobile, les ailes frémissantes, il l'abattait avec une adresse de sauvage. Trois tombèrent, il les mit saignantes dans sa poche.
Zola, la Terre, I, III.
1.1 Je suis né avec tous les instincts et les sens de l'homme primitif tempérés par des raisonnements et des émotions de civilisé. J'aime la chasse avec passion; et la bête saignante, le sang sur les plumes, le sang sur mes mains, me crispent le cœur à le faire défaillir.
Maupassant, Amour, Pl., t. II, p. 845.
1.2 C'est temps allé qui se dérobe,
Et la tête de Jean coupée
Qu'emporte saignante en sa robe
Une fois de plus Salomé (…)
Max Elskamp, la Vie.
2 Fig. a Se dit d'une blessure morale récente, douloureuse (→ Cicatriser, cit. 5; déchirer, cit. 25). || Cœur saignant, meurtri, ulcéré.
2 Mais Frédéri garde au cœur son amour saignant, il se cache dans la campagne comme une bête blessée.
Zola, les Romanciers naturalistes, A. Daudet.
3 (…) nous croyons aimer la paix, lorsque nous sommes encore tout saignants de passion, à bout de force.
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, p. 151.
3.1 Je n'ai que quelques heures pour écrire le « papier » qui, à Paris, fera la manchette, à la fois saignante et vraisemblable, rendant l'atmosphère.
♦ N. m. || Journalistes qui aiment le saignant.
3 (1694). || Viande saignante : viande rôtie ou grillée, peu cuite et dans laquelle il reste du sang. ⇒ Rouge. || Bœuf saignant (→ Cresson, cit.). || Bifteck (cit. 2) saignant. || Très saignant. ⇒ Bleu. || Vous voulez votre viande bleue, saignante ou à point ?
4 Vite, vite, enlevez le bœuf ! Il faut qu'il soit saignant.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XI.
5 (…) il nous faut faire pour notre roman de Sœur Philomène, des études à l'hôpital, sur le vrai, sur le vif, sur le saignant.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 18 déc. 1860, t. I, p. 272.
REM. À rapprocher dans cet emploi de A., 2., b., n. m.
Encyclopédie Universelle. 2012.