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faiblesse

faiblesse [ fɛblɛs ] n. f.
• 1265 foiblece; de faible
1Manque de force, de vigueur physique. anémie, asthénie, débilité, épuisement, fatigue. Faiblesse extrême, grande faiblesse. Faiblesse momentanée. abattement, affaiblissement, défaillance. « Une grande faiblesse; vous avez, comme on dit, des mains de beurre, une lourdeur de tête » (Baudelaire). Faiblesse d'un organisme. délicatesse, fragilité. La faiblesse de sa vue.
Loc. (mil. XVIe) Vieilli Tomber en faiblesse : s'évanouir. — Mod. Une faiblesse : perte momentanée des forces physiques. ⇒ défaillance, étourdissement, évanouissement, pâmoison, syncope. « brusquement, une faiblesse la saisit et ses jambes fléchirent » (Green).
2Manque de résistance, de solidité, incapacité à se défendre, à résister. fragilité. « Ce sont les peuples au contraire qui font la force et la faiblesse des régimes » (Péguy).
3État d'une personne qui est sans défense, désarmée. La faiblesse humaine, la faiblesse de l'homme en face de la nature. impuissance, petitesse.
4Manque de capacité, de valeur intellectuelle, de mérite. « la faiblesse de notre raison » (Pascal). Spécialt La faiblesse d'un élève. insuffisance, médiocrité. La faiblesse d'un écrivain.
5Défaut de qualité (d'une œuvre d'art, d'un ouvrage, d'une production de l'esprit). Roman, tableau d'une grande faiblesse. indigence, pauvreté; insignifiance. Faiblesse d'un argument, d'un raisonnement. insuffisance.
Une faiblesse. défaut, 2. faille, lacune. Les faiblesses d'une démonstration. « Comme toute doctrine humaine, celle-ci a ses lacunes et ses faiblesses » (Maurois).
6Défaut localisé de résistance (d'un objet). Faiblesse dans une construction, dans un équipement.
7Manque de force morale, d'énergie. aboulie, apathie, aveulissement, indécision, irrésolution, lâcheté, mollesse, pusillanimité, veulerie. Faiblesse de caractère. Se laisser conduire, entraîner, mener par faiblesse. « la faiblesse vous conduit au pire plus certainement que la méchanceté ou la violence » (Boudard). Être d'une grande faiblesse, d'une faiblesse coupable envers qqn. complaisance, indulgence. « Lui laisser par dépit l'héritage de vos enfants ? Ce n'est pas vertu, c'est faiblesse » (Beaumarchais). Avoir un moment de faiblesse : céder par surprise. — Avoir la faiblesse de (et inf.). Si vous avez la faiblesse de lui céder, il recommencera.
♢ UNE, DES FAIBLESSES : côté faible, défaut ou passion qui dénote un manque de force morale, de fermeté ( défaut) ; actions qui en sont la suite ( erreur, faute) . Chacun a ses faiblesses. « Songe que la colère, l'envie, l'indignation, la pitié sont des faiblesses indignes d'un philosophe » (Diderot). « L'amour est indifférent à des défauts ou à des faiblesses qu'il voit fort bien » (Maurois).
Vieilli Le fait de céder à un homme, à sa passion (se dit d'une femme). « Quelle folie que celle d'un jeune homme qui croit à la fidélité d'une femme déjà célèbre par ses faiblesses » (Marmontel).
8Manque d'intensité, d'importance. petitesse; indigence, insignifiance. Faiblesse du nombre. La faiblesse d'une monnaie, sa faible valeur par rapport à une monnaie de référence. La faiblesse de ses revenus. La faiblesse d'une voix, d'un bruit.
⊗ CONTR. Force, vigueur. Puissance, supériorité. Talent, valeur. Énergie, fermeté, volonté. Qualité, vertu.

faiblesse nom féminin (de faible) Manque de vigueur physique : Faiblesse de constitution. Littéraire. Perte subite des forces ; évanouissement, défaillance : Être pris de faiblesse. Manque de solidité, de résistance : La faiblesse d'une voûte. Manque de puissance, de ressources : La faiblesse d'une économie. Manque d'énergie, d'intensité, de mordant : Faiblesse de la voix. Manque d'étendue, de grandeur : Faiblesse d'une différence. Manque d'efficacité ; défaut dû à cette insuffisance : La faiblesse d'un système. Manque de vigueur, d'énergie ; incapacité à résister, à se défendre : Être d'une faiblesse coupable avec quelqu'un. Littéraire. Impuissance à résister aux tentations, aux passions, et en particulier à l'amour ; manque d'emprise sur soi-même : La faiblesse humaine. Sa faiblesse pour elle le poussait à des imprudences. Point faible : C'est là la grande faiblesse du film. Manque de capacité intellectuelle, de talent, déficience dans les connaissances : Faiblesse d'esprit.faiblesse (citations) nom féminin (de faible) Jacques Audiberti Antibes 1899-Paris 1965 La plus grande couardise consiste à éprouver sa puissance sur la faiblesse d'autrui. Le Mal court Gallimard Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Tous les vrais grands hommes aiment à se laisser tyranniser par un être faible. L'Illustre Gaudissart Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Le sentiment que l'homme supporte le plus difficilement est la pitié, surtout quand il la mérite. La haine est un tonique, elle fait vivre, elle inspire la vengeance ; mais la pitié tue, elle affaiblit encore notre faiblesse. La Peau de chagrin Jean Commerson Paris 1802-Paris 1879 Mirabeau aimait avec force : c'est une de ses faiblesses. Pensées d'un emballeur Charles Ferré Paris 1845-Satory 1871 Les trahisons se châtient, tandis que les faiblesses s'excusent. Mieux vaudrait des criminels et point des hésitants. Correspondance, à Vallès, 19 mars 1871 Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Il y a bien autant de paresse que de faiblesse à se laisser gouverner. Les Caractères, Du cœur Pierre Choderlos de Laclos Amiens 1741-Tarente 1803 Le scélérat a ses vertus, comme l'honnête homme a ses faiblesses. Les Liaisons dangereuses Pierre Choderlos de Laclos Amiens 1741-Tarente 1803 Voilà bien les hommes, tous également scélérats dans leurs projets ; ce qu'ils mettent de faiblesse dans l'exécution, ils l'appellent probité. Les Liaisons dangereuses Valery Larbaud Vichy 1881-Vichy 1957 On croit pardonner, et ce n'est que faiblesse. Amants, heureux amants Gallimard François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 La faiblesse est le seul défaut que l'on ne saurait corriger. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 La faiblesse est plus opposée à la vertu que le vice. Maximes Louis XIV, roi de France Saint-Germain-en-Laye 1638-Versailles 1715 Le travail n'épouvante que les âmes faibles. Mémoires Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 Rien de plus impérieux que la faiblesse qui se sent étayée de la force ; voyez les femmes. Cité par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 Les effets de la faiblesse sont inconcevables, et je maintiens qu'ils sont plus prodigieux que ceux des passions les plus violentes. Mémoires Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 Les gens faibles ne plient jamais quand ils le doivent. Mémoires Pierre Reverdy Narbonne 1889-Solesmes 1960 C'est l'orgueil qui fait dire non, et la faiblesse oui. La modestie peut également dire les deux sans passion. En vrac Éditions du Rocher Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Toute méchanceté vient de faiblesse. Émile ou De l'éducation Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse. Les Destinées, la Mort du loup Isocrate Athènes 436-Athènes 338 avant J.-C. Un esprit solide dans un corps humain, c'est la plus grande force dans la plus grande faiblesse. À Démonicos, 40 (traduction Mathieu et Brémond) Bible Mais ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre la force. Saint Paul, Épître aux Corinthiens, Ire, I, 27 Bible S'il faut se vanter, c'est de ma faiblesse que je me vanterai. Saint Paul, Épître aux Corinthiens, IIe, XI, 30 Bible C'est un devoir pour nous, les forts, de porter les faiblesses de ceux qui n'ont pas cette force et de ne point rechercher ce qui nous plaît. Saint Paul, Épître aux Romains, XV, 1 Victor Emanuel Van Vriesland Haarlem 1892-Amsterdam 1974 La faiblesse a besoin d'extrêmes pour se sentir forte. De Vrije Bladen, 1929faiblesse (expressions) nom féminin (de faible) Avoir une faiblesse pour, avoir un penchant pour quelque chose, une préférence pour quelqu'un. Avoir un moment de faiblesse, céder par surprise. ● faiblesse (synonymes) nom féminin (de faible) Manque de vigueur physique
Synonymes :
- adynamie
- affaiblissement
- asthénie
- débilité
- déficience
- épuisement
- fatigue
Contraires :
- robustesse
- santé
- vigueur
- vitalité
Littéraire. Perte subite des forces ; évanouissement, défaillance
Synonymes :
- défaillance
- étourdissement
- évanouissement
- malaise
- pâmoison
- syncope
Manque de solidité, de résistance
Synonymes :
- fragilité
- minceur
Contraires :
- résistance
- solidité
Manque d'énergie, d'intensité, de mordant
Synonymes :
- abattement
- découragement
Contraires :
- détermination
- énergie
- fermeté
Manque d'étendue, de grandeur
Synonymes :
- insignifiance
- médiocrité
- modestie
- modicité
Contraires :
- importance
- supériorité
Manque de vigueur, d'énergie ; incapacité à résister, à se défendre
Synonymes :
- lâcheté
- veulerie
Contraires :
- autoritarisme
- despotisme
- tyrannie
Littéraire. Impuissance à résister aux tentations, aux passions, et en particulier...
Synonymes :
- défaillance
- laisser-aller
Contraires :
- domination
- maîtrise
- volonté
Point faible
Synonymes :
- fadeur
- pauvreté
- platitude
Contraires :
- force
Manque de capacité intellectuelle, de talent, déficience dans les connaissances
Synonymes :
- insuffisance
- médiocrité
- nullité
Contraires :
- acuité
- génie
- pénétration
- puissance
- rapidité
- talent
- valeur
- vivacité

faiblesse
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est faible, insuffisant.
d2./d Défaut qui dénote cette insuffisance. Votre raisonnement présente des faiblesses.
|| Avoir une faiblesse pour, un goût particulier pour.
d3./d Défaillance, syncope.

⇒FAIBLESSE, subst. fém.
I.— A. Manque de force, de vigueur physique. Ta grand-mère continue à gémir sur la faiblesse de ses jambes et sur sa surdité (FLAUB., Corresp., 1870, p. 145). Il éprouvait cette faiblesse écœurante des gens qui ont perdu beaucoup de sang (MARTIN DU G., Thib., Été 1914, 1936, p. 456) :
1. Nous allons vous mettre à une diète bien serrée. Et ce soir, après none, je viendrai vous saigner moi-même. Dans l'état de faiblesse où vous êtes, quatre saignées, il n'en faut pas moins.
MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 994.
En partic. Fragilité, chétiveté. Comme la loi m'a autorisé, vu(...) la faiblesse de la santé du prince Édouard, à me nommer (...) un successeur... (DUMAS père, C. Howard, 1834, II, 2, p. 260). Sa faiblesse native a eu une part importante dans la terminaison funeste (CADET DE GASSICOURT, Mal. enf., t. 1, 1880-84, p. 112) :
2. Dans les vitres de la porte-fenêtre... elle [Aurore] se voyait comme dans un miroir et se regardait attentivement, grande et hantée de faiblesse.
VILMORIN, Fin Villavide, 1937, p. 172.
Défaillance, évanouissement. Avoir une faiblesse, être pris d'une faiblesse. Le lendemain... le vieillard fut pris d'une faiblesse qui le contraignit à garder le lit (BALZAC, Ursule Mirouët, 1841, p. 177). Elle eut une courte faiblesse qui lui coupa la voix (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 271) :
3. ... après le déjeuner, ce jour-là, il avait été pris d'une faiblesse, étourdi, culbuté près de la table. Et, en revenant à lui, si assommé encore qu'il ne rouvrait pas les yeux, il s'était retrouvé par terre, à la même place.
ZOLA, Terre, 1887, p. 398.
Loc. verb. Tomber en faiblesse. S'évanouir. Elle [Madeleine] se sentit comme si elle allait tomber en faiblesse (SAND, F. le Champi, 1850, p. 40) :
4. Quand je me sentais tomber en faiblesse, ce qui m'arrivait souvent, je disais à Mme de Chateaubriand : « Soyez tranquille; je vais revenir. » Je perdais connaissance, mais avec une grande impatience intérieure, car je tenais, Dieu sait à quoi.
CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 249.
B.— P. anal.
1. [En parlant d'une chose concr.] Manque de solidité, de résistance. Faiblesse d'une poutre. Comme s'il y avait eu dans l'écorce terrestre (...) quelque cause de faiblesse (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 7). P. méton. Présence d'un défaut, d'une tare. Sentez-vous sous vos mains un pli du ventre (...) une faiblesse de ce support musculaire parfait (ARNOUX, Roi, 1956, p. 197) :
5. Le nœud à plein poing est une boucle double faite dans un cordage rapidement pour servir de marque ou pour isoler une faiblesse du filin.
GALOPIN, Lang. mar., 1925, p. 31.
2. Au fig.
a) Carence, insuffisance.
[En parlant d'une chose abstr.] La faiblesse d'un raisonnement, d'une argumentation, d'une démonstration. Le correspondant Viennois de l'Allgemeine Zeitung (...) s'empresse de noter (...) la faiblesse générale de l'exécution (PROD'HOMME, Symph. Beethoven, 1921, p. 206). La faiblesse de la force est de ne croire qu'à la force (VALÉRY, Mauv. pens., 1942, p. 208) :
6. C'est aussi une surprenante faiblesse de pensée que d'opposer individualisme à socialisme, capitalisme à communisme, comme s'il s'agissait de concepts clairs aux frontières bien dessinées, alors que la réalité est mouvante, complexe...
MAUROIS, Mes songes, 1933, p. 59.
[En parlant d'une pers.] :
7. Gérard n'entend rien aux mathématiques, faiblesse des poètes, tandis qu'Évariste respire, mathématicien, au centre d'une certaine sublimation abstraite de la poésie.
ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 202.
b) [En parlant d'une pers.] Imperfection morale, défaut. Elle avait une faiblesse particulière aux femmes vraies. Tout en se sachant appelée à régner en souveraine sur la scène, elle avait besoin du succès (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 507). Il était buté et injuste en ce moment, et elle (...) l'estimait trop pour ne pas le haïr de cette faiblesse (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p. 285) :
8. Mais, après m'être interrogé, je puis témoigner que, parmi mes nombreuses faiblesses, n'a jamais figuré le défaut le plus répandu parmi nous, je veux dire l'envie, véritable cancer des sociétés et des doctrines.
CAMUS, Env. et end., 1937, p. 15.
Par antiphrase. J'ai la faiblesse de regarder comme de mauvais ton et très facile à imiter cette prétendue délicatesse, qui ne peut se résoudre à prendre la vie comme chose sérieuse et sainte (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 8).
c) Manque de volonté ou de fermeté; incapacité de soutenir l'adversité ou de résister à ses passions. La faiblesse de la chair; un moment de faiblesse. Rien n'est meurtrier comme la faiblesse et la lâcheté (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1240). Vous avez pu remarquer sans doute que ce n'est pas toujours par faiblesse de caractère qu'un homme se laisse mener par sa femme (GIDE, Faux monn., 1925, p. 1114) :
9. ... il faut avant tout faire son métier, suivre la vocation, remplir son devoir en un mot. Je n'ai jusqu'à ce moment aucune faiblesse à me reprocher et je ne me passe rien.
FLAUB., Corresp., 1858, p. 251.
Penchant, goût particulier, préférence (pour quelqu'un ou pour quelque chose). Avoir une faiblesse pour. J'avais une faiblesse pour la soupe au lait (FABRE, Xavière, 1890, p. 15) :
10. Quand je vivais en France, je ne pouvais rencontrer un homme d'esprit sans qu'aussitôt j'en fisse ma société. Ah! je vois que vous bronchez sur cet imparfait du subjonctif. J'avoue ma faiblesse pour ce mode, et pour le beau langage en général.
CAMUS, Chute, 1956, p. 1476.
Absol. Plus âgé, mieux fait au public dont il connaissait bien les faiblesses, les préférences, il [le chanteur] jouait du parterre et des loges avec sa voix (A. DAUDET, Femmes d'artistes, 1874, p. 84).
Spécialement
) Aventure galante, intrigue amoureuse. Catherine eut comme lui [Louis XIV] des faiblesses, elle les eut en public avec montre et ostentation, et de plus sans interruption ni cesse jusqu'au dernier jour (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 2, 1863-69, p. 220) :
11. COURTIN [à son gendre]. —
Voyons, Vatinelle!... pourquoi ne chercheriez-vous pas une place? Et alors, foi de Courtin! je passerai l'éponge sur le passé... je pardonnerai tout... tout! même vos faiblesses... parce que quand on travaille, on peut s'amuser...
LABICHE, Ptes mains, 1859, I, 4, p. 51.
) [En parlant d'une femme] Fait de s'abandonner à un homme, de lui accorder les dernières faveurs :
12. ... une nuit d'été merveilleusement douce, qui me fit concevoir tout de suite la vérité des fables antiques qui se rapportent aux faiblesses de Diane...
FRANCE, Contes Tournebroche, 1908, p. 154.
d) Manque d'autorité, de pouvoir ou de puissance. Ces détails (...) expliquent (...) l'état de faiblesse où se trouva le Directoire (BALZAC, Chouans, 1829, p. 8). La faiblesse organique d'un gouvernement d'opinion (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 228) :
13. À M. le Chevalier de Rossi.
Saint-Pétersbourg (...). — L'Empereur n'a qu'une chose à craindre, c'est la faiblesse qui naît de la puissance même. Il amènera à l'armée une Cour, c'est-à-dire l'intrigue, les passions et la multiplicité des pouvoirs.
J. DE MAISTRE, Corresp., 1812, p. 129.
Spéc. Indulgence excessive. Ce père est d'une faiblesse inexcusable (Ac.). Très bien! Punissez-le! vous êtes commandant! pas de faiblesse! (AYMÉ, Vogue, 1944, p. 65) :
14. Ta patience de parole
Et d'action à mon égard
Mériterait une auréole. (...)
Et ton cœur dans nos zizanies
Éteintes enfin sur le tard,
Plein des faiblesses infinies
D'une maman pour son moutard.
VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Livre posthume, 1896, p. 137.
e) Manque de pénétration, de profondeur; manque de talent. Cet orateur a été d'une grande faiblesse dans la dernière discussion (Ac.). Quand nous soutenons que Dieu est incompréhensible, nous n'exprimons pas autre chose qu'un aveu de notre faiblesse (SIMON, Relig. natur., 1856, p. 209). Vous avez soif de certitude. Puisque la faiblesse de notre intelligence vous a refusé la vérité stable, pourquoi ne la demandez-vous pas à Dieu? (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 543) :
15. Il [Pierret] me parle de sa soirée chez Champmartin, où Dumas a démontré la faiblesse de Racine, la nullité de Boileau, le manque absolu de mélancolie chez les écrivains du prétendu grand siècle.
DELACROIX, Journal, 1847, p. 217.
Spécialement
) [En parlant d'une production de l'esprit] Manque ou insuffisance de qualité, de valeur. Faiblesse de style.
[Dans les toiles académiques] la faiblesse de l'invention [pour l'allégorie] le dispute à celle de la couleur (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 80). J'admire aussi cette faculté d'écrire huit pages, douze pages, impeccablement, sans une faiblesse d'expression ni de rédaction (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 19) :
16. Une des causes de la faiblesse des œuvres du XVIIIe siècle, c'est que leurs auteurs allaient trop dans le monde : ils y prenaient leur niveau au lieu de le prendre en eux-mêmes. C'est la faiblesse du journalisme moderne.
GONCOURT, Journal, 1861, p. 985.
) [En parlant des facultés mentales d'une pers.] Déficience psychique. L'état malheureux dans lequel se trouve mon père fait qu'on lui parle rarement d'affaires sérieuses que la faiblesse de son esprit ne lui permettrait pas de suivre (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 218). Quand le jeune homme sentit sa mère en sa possession, (...) il commença à exploiter dans son intérêt les faiblesses de son cerveau (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 50) :
17. L'idiotie et la folie ont sûrement une origine ancestrale. Quant à la faiblesse mentale observée dans les écoles et les universités, et dans la population en général, elle vient de désordres du développement, et non pas de défauts héréditaires.
CARREL, L'Homme, 1935, p. 324.
II.— P. ext. et au fig.
A.— Caractère de ce qui est peu considérable, peu important; manque de force, d'intensité.
[En parlant d'une chose par rapport à son degré d'intensité.] Faiblesse de la vue, du pouls. Ce souffle se prolongeait (...) sous l'aisselle (...) montrant par sa faiblesse (...) son origine congestive (CADET DE GASSICOURT, Mal. enf., t. 1, 1880-84, p. 61). L'étendue médiocre, la faible épaisseur (...) de l'hyperémie ou de l'hépatisation expliquent la faiblesse de cette submatité (CADET DE GASSICOURT, Mal. enf., t. 1, 1880-84 p. 207) :
18. Il [Laplace] supposait l'attraction, l'invariabilité des lois de la mécanique, et s'assignait pour seule tâche d'expliquer le sens de rotation des planètes et de leurs satellites, le peu d'excentricité des orbes, et la faiblesse des inclinaisons.
VALÉRY, Variété [I], 1924, p. 123.
En partic. Cette distinction jure avec la faiblesse de leur grade (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 174).
B.— Caractère de ce qui est peu abondant; petitesse, modicité. La faiblesse des entrées était sensible [aux Halles] surtout en taureaux (10) et en moutons (L'Œuvre, 28 févr. 1941) :
19. [Le Comte de Fontaine :] — (...) à peine pourrai-je te donner cent mille francs de dot (...). Tu vois, mon enfant, que la faiblesse de ta dot ne saurait être en harmonie avec tes idées de grandeur.
BALZAC, Bal Sceaux, 1830, p. 98.
20. En raison, disait-il, de l'étendue de son secteur et de la faiblesse de ses moyens, la 1re armée française n'est pas en mesure de défendre directement Strasbourg.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 146.
Rem. Faiblesser, verbe trans., région. Rendre faible, affaiblir. Je ne me suis point fait de mal, et si on ne m'avait pas faiblessée en me tirant du sang, je serais comme à l'ordinaire (SAND, Jeanne, 1844, p. 449).
Prononc. et Orth. :[]. Demi-longueur de la voyelle de la 1re syll. ds PASSY 1914. Ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. En parlant de personnes 1265 « manque de force morale » la foiblece des homes (BRUNET LATIN, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, II, 54, p. 229); 1666 « complaisance, défaut de fermeté » (MOLIÈRE, Misanthrope, IV, 3) en partic. 1674 « inclination » (RACINE, Iphigénie, II, 1); fin XIIIe s. « manque de force physique » (Vie de St Alexi, 727 ds Romania t. 8, p. 177 : Force et aide en ma flebece, Et sostenance en ma viellece); en partic. ca 1485 « perte momentanée des forces physiques » (Myst. Vieux Testament, éd. J. de Rothschild, 26578 : Luy est il prins quelque foiblesse?); en parlant de choses 1314 « manque de robustesse » (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, éd. A. Bos, n° 253 : s'il [ces liemens] estoient poi, il ne pourroient le chief sonstenir pour leur feblesce); 1748 « manque d'importance, quantité insuffisante » la faiblesse des préparatifs (VOLT., Louis XV, 27 ds LITTRÉ). Dér. de faible; suff. -esse (l'a. fr. use normalement de foibleté). Fréq. abs. littér. :5 061. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 10 041, b) 5 493; XXe s. : a) 5 930, b) 6 445. Bbg. VRBKOVÁ (V.). La Méthode ds l'ét. du ch. conceptuel de l'amour. Sborník Prací Filos. Fak. brn. Univ. 1971, t. 20, p. 27.

faiblesse [fɛblɛs] n. f.
ÉTYM. V. 1050, flebece; foiblesse, XIIe; faiblesse, XVIIe; de faible, et suff. -esse.
1 Manque de force, de vigueur (personnes). Adynamie, anémie, asthénie, débilité, déficience, épuisement, fatigue. || La faiblesse d'un malade, d'une personne fatiguée, épuisée, d'un vieillard. || Faiblesse extrême, grande faiblesse. || Faiblesse croissante, faiblesse momentanée. Abattement, affaiblissement, anéantissement, collapsus, défaillance, dépression. || Faiblesse et insensibilité. Apathie. || Faiblesse causée par le manque de nourriture ( Inanition), par un effort prolongé, par une longue maladie, une opération.Instant, moment de faiblesse (→ Assaut, cit. 12). || État de faiblesse, de grande faiblesse.Défaillir, tomber de faiblesse (→ Agonie, cit. 3).
1 J'étais dans cet état de faiblesse et d'insensibilité, entre la mort et la vie (…)
Voltaire, Candide, XI.
2 (Il) avait dans tous ses membres et dans toute sa personne une sorte de faiblesse maladive et dans le regard une force immense.
Hugo, les Misérables, I, VII, X.
3 Ce jour-là, il s'était senti plus faible encore et plus malade que de coutume (…) tout d'un coup, il s'échappa de ses bras et tomba à la renverse sur les degrés de la porte. Sans un stimulant vigoureux, c'en était fait de lui, ou du moins il serait tombé pour jamais dans un état de faiblesse irrémédiable.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Mangeur d'opium », II.
4 (…) une grande faiblesse; vous avez, comme on dit, des mains de beurre, une lourdeur de tête et une stupéfaction générale dans tout votre être.
Baudelaire, Du vin et du haschisch, IV.
5 (…) ils portaient tous les signes d'une vieillesse chenue. Leurs genoux tremblaient de faiblesse; leurs épaules étaient arquées par la décrépitude (…) leur voix était basse, chevrotante et cassée (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, Le manuscrit trouvé dans une bouteille.
Faiblesse de constitution; faiblesse d'un organisme. Délicatesse, fragilité. || La faiblesse du corps.Faiblesse des membres, des jambes.État (d'un organe) correspondant à un fonctionnement insuffisant. || Faiblesse d'un organe. Déficience. || Faiblesse de la tête (→ Étonner, cit. 34). || Faiblesse des yeux, de la vue; de l'ouïe.(Au psychique). || Faiblesse mentale. Psychasthénie.
6 La faiblesse de sa vue qui était si courte qu'il ne voyait pas à dix pas (…)
Fontenelle, l'Hôpital.
7 Homme, songe que c'est à la faiblesse de tes organes que tu dois la qualité qui te distingue des animaux.
Diderot, les Règnes de Claude et Néron, II, 61.
Loc. (Mil. XVIe). Vieilli. Tomber en faiblesse : perdre conscience, perdre connaissance.
8 Je vous vois prêt, Monsieur, à tomber en faiblesse.
Molière, Sganarelle, 11.
8.1 Blanche, lorsque je suis entré tout à l'heure, peu s'en est fallu que vous tombiez en faiblesse (…)
Bernanos, Dialogues des carmélites, III, 8, in Œ. roman., Pl., p. 1631.
Mod. || Une faiblesse : perte momentanée des forces physiques. Défaillance, étourdissement, évanouissement, pâmoison, syncope. || Avoir une faiblesse. || Une faiblesse le prit.
9 (…) il lui prit une faiblesse qui fut longue, mais qui céda pourtant aux secours ordinaires.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre CLXV.
10 Elle était à jeun et se sentait la tête un peu légère. Brusquement, une faiblesse la saisit et ses jambes fléchirent.
J. Green, Adrienne Mesurat, III, I.
2 Manque de résistance, de solidité. Fragilité. || La faiblesse d'une poutre, d'une branche.Fig. Incapacité à se défendre, à résister. || La faiblesse d'un État, d'un pays, d'un gouvernement, d'un parti. || La faiblesse de la monarchie. || La faiblesse d'une armée, d'un ennemi, d'un adversaire. Infériorité.
11 Quant à la faiblesse et à la désorganisation de l'armée ennemie, personne n'y croyait.
Ph.-P. Ségur, Hist. de Napoléon, VI, 5.
12 Ce sont les peuples au contraire qui font la force et la faiblesse des régimes; et beaucoup moins les régimes, des peuples.
Ch. Péguy, la République…, p. 228.
La faiblesse de : le côté faible, le point vulnérable de (une chose). || La faiblesse de cette armée réside dans son artillerie; c'est son unique, son seul point faible. → Talon d'Achille. || La faiblesse de l'économie de ce pays réside dans le manque de matières premières, de main-d'œuvre.
13 C'était là, comme je l'ai dit, la faiblesse de cette armée. Elle était toujours dans la fièvre des espérances exagérées que donnait Bonaparte.
Michelet, Extraits historiques, p. 367.
Une faiblesse (même sens). || Ce régime porte en lui une faiblesse (→ Barricade, cit. 6).
3 (Personnes). État (d'un être, d'une catégorie) sans défense, désarmé. || La faiblesse humaine, la faiblesse de l'homme en face de la nature. Impuissance, petitesse. || La faiblesse de l'enfant, du vieillard (→ Enfance, cit. 8), de la femme (→ Apparence, cit. 24; arme, cit. 26). || La faiblesse des opprimés, des pauvres gens. || La faiblesse des individus face aux collectivités (→ Émiettement, cit.).
14 C'est la force et la liberté qui font les excellents hommes : la faiblesse et l'esclavage n'ont fait que des méchants.
Rousseau, Rêveries…, 6e promenade.
Mystique. État d'infériorité (de la nature humaine, de l'homme après la chute). Bassesse (II.), infirmité, misère, néant. || La faiblesse des hommes (→ Apercevoir, cit. 14).
15 Sans ces divines connaissances, qu'ont pu faire les hommes, sinon, ou s'élever dans le sentiment intérieur qui leur reste de leur grandeur passée, ou s'abattre dans la vue de leur faiblesse présente ?
Pascal, Pensées, VII, 435.
4 (Mil. XVIIe). Manque de capacité, de valeur intellectuelle, de mérite. || Faiblesse de l'intelligence, de l'esprit, de la mémoire, du jugement. Spécialt. || Faiblesse d'esprit. Arriération (mentale), débilité; faible (II., 1.).
16 (…) nous savons que nous ne rêvons point, quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison; cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison (…)
Pascal, Pensées, IV, 282.
17 (…) l'homme est bien capable des plus extravagantes opinions puisqu'il est capable de croire qu'il n'est pas dans cette faiblesse naturelle et inévitable, et de croire qu'il est, au contraire, dans la sagesse naturelle.
Pascal, Pensées, VI, 374.
18 En écrivant ma pensée elle m'échappe quelquefois; mais cela me fait souvenir de ma faiblesse, que j'oublie à toute heure (…)
Pascal, Pensées, VI, 372.
19 Il y a une faiblesse de corps qui procède de la force de l'esprit, et une faiblesse d'esprit qui vient de la force du corps.
Joseph Joubert, Pensées, IV, XII.
20 Quand la faiblesse d'esprit et de volonté prend aussi des airs méditatifs et des allures analytiques, elle est d'un comique lamentable.
J. Jaurès, Hist. socialiste…, t. VII, p. 424.
Spécialt. || Faiblesse d'un élève. Insuffisance, médiocrité, nullité.Manque de talent. || Faiblesse d'un auteur, d'un écrivain… || « Cet orateur a été d'une faiblesse extrême dans la discussion » (Littré).
5 Défaut de qualité (d'une œuvre d'art, d'un ouvrage, d'une production de l'esprit). || Roman, tableau d'une grande faiblesse. || Faiblesse de conception, d'exécution. Pauvreté; insignifiance. || Faiblesse du style.
21 Molière sentit d'ailleurs la faiblesse de cette petite comédie, et ne la fit point imprimer.
Voltaire, Vie de Molière, Sur l'Impromptu de Versailles.
Faiblesse des termes, des mots, leur insuffisance à exprimer une idée. || La faiblesse d'un argument, d'un raisonnement. Insuffisance.
22 Il ne saurait dire tant de mal de ma façon de m'exprimer que je n'en pense davantage, ni maudire plus que je ne fais la faiblesse, l'insuffisance des termes que j'emploie.
P.-L. Courier, Pamphlets politiques, Pl., p. 67.
Une, des faiblesses. Défaut, lacune; faute. || Les faiblesses d'une démonstration, d'un raisonnement. || Les faiblesses d'une œuvre. || Une doctrine, un exposé rempli de faiblesses. || Un ouvrage sans faiblesse. || Faiblesses de style, de prosodie.
23 Comme toute doctrine humaine, celle-ci a ses lacunes et ses faiblesses (…)
A. Maurois, Études littéraires, Bergson, V, t. I, p. 181.
6 Manque de force morale, d'énergie (d'une personne). Aboulie, apathie, aveulissement, indécision, irrésolution, lâcheté, laisser-aller, mollesse, pusillanimité, veulerie. || Montrer, cacher sa faiblesse. || Signe de faiblesse (→ Éviter, cit. 27).S'abandonner, se laisser aller par faiblesse. || Céder (cit. 19), transiger, pardonner par faiblesse (→ Croire, cit. 43). || On est souvent ferme par faiblesse (→ Contraire, cit. 1). || Se laisser conduire, entraîner, mener par faiblesse. Débonnaireté, facilité.Être d'une grande faiblesse, d'une faiblesse coupable envers qqn. Complaisance, indulgence, partialité. || Il est avec lui d'une grande faiblesse. || Élever un enfant avec trop de faiblesse. → Dans du coton. || C'est pure faiblesse de sa part. || Pitié, compassion sans faiblesse (→ Blesser, cit. 7; durcir, cit. 2). || S'avouer (cit. 29), confesser sa faiblesse. || Excuser; condamner (cit. 20) sa faiblesse. Vx. || C'est faiblesse de faire cela. || Il y a de la faiblesse à le faire (→ Affecter, cit. 6).Avoir un moment de faiblesse : céder par surprise.Avoir la faiblesse de… (et inf.; → cit. 33). || Si vous avez la faiblesse de lui céder, il recommencera. || Faiblesse de caractère; faiblesse d'âme (vx).
24 (Est-ce) que j'aurais cette faiblesse d'âme,
De me laisser mener par le nez à ma femme ?
Molière, les Femmes savantes, V, 2.
25 La faiblesse est le seul défaut que l'on ne saurait corriger.
La Rochefoucauld, Maximes, 130.
26 Parlons un peu de votre frère, ma fille, il est d'une faiblesse à faire mal au cœur; il est tout ce qu'il plaît aux autres.
Mme de Sévigné, 44.
27 C'est faiblesse que d'aimer; c'est souvent une autre faiblesse que de guérir.
La Bruyère, les Caractères, IV, 34.
28 Ah ! parle, est-il bien vrai que cet audacieux
D'un père trop facile ait surpris la faiblesse (…)
Voltaire, Tancrède, III, 1.
29 Lui laisser par dépit l'héritage de vos enfants ? ce n'est pas vertu, c'est faiblesse.
Beaumarchais, la Mère coupable, V, 4.
30 (…) je crains également de mettre dans cette occasion-ci la sévérité d'un juge ou la faiblesse d'une mère.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre CLXX.
31 Son amour pour Flore était le seul sentiment qui le faisait vivre, il n'existait que par elle; sa faiblesse avec elle n'avait point alors de bornes, il obéissait à un regard, il guettait les mouvements de cette créature comme un chien guette les moindres gestes de son maître.
Balzac, La Rabouilleuse, Pl., t. III, p. 984.
32 Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, La mort du loup, III.
33 (…) ayant eu la faiblesse de montrer à la Trouille les quatre pièces de cent sous, (il) ne s'était endormi qu'en les tenant dans son poing fermé (…)
Zola, la Terre, III, III.
34 (…) les forts, se souciant peu qu'on veuille ou non d'eux, ont seuls cette douceur que le vulgaire prend pour de la faiblesse.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 232.
35 On croit pardonner; on va jusqu'à se féliciter de sa propre grandeur d'âme; et ce n'est que faiblesse.
Valery Larbaud, Amants, heureux amants, p. 234.
36 C'était aussi un principe chez lui, que de remettre toujours à plus tard les décisions pénibles, non par faiblesse de caractère, mais parce qu'il voulait donner sa chance à l'hypothèse où, les circonstances changeant, il n'aurait plus à se décider (…)
Montherlant, le Démon du bien, p. 65.
Spécialt. || La faiblesse de la chair. || Femme qui cède, qui se laisse séduire, se rend par faiblesse (→ Adultère, cit. 8; entreprenant, cit. 4). || Une passion qui n'est que faiblesse (→ Appuyer, cit. 9).
7 Une faiblesse, des faiblesses : côté faible, défaut ou passion qui dénote un manque de force morale, de fermeté, d'empire sur soi-même ( Défaut); actions qui en sont la suite ( Erreur, faute; → Attirer, cit. 16). || La nature humaine et ses faiblesses. || Chacun a ses faiblesses. || Excuser (cit. 20) les faiblesses d'autrui. || Surmonter ses faiblesses. || Ce fut une grande faiblesse. Entraînement, glissade, pas (faux pas).
37 Voilà quels sont mes sentiments, et je bénis tous les jours de ma vie mon Rédempteur qui les a mis en moi et qui, d'un homme plein de faiblesses, de misères, de concupiscence, d'orgueil et d'ambition, a fait un homme exempt de tous ces maux par la force de sa grâce, à laquelle toute la gloire est due, n'ayant de moi que la misère et l'erreur.
Pascal, Pensées, VII, 550.
38 On peut aimer de tout cœur ceux en qui on reconnaît de grands défauts. Il y aurait de l'impertinence à croire que la perfection a seule le droit de nous plaire. Nos faiblesses nous attachent quelquefois les uns aux autres (…)
Vauvenargues, Maximes et Réflexions, 176.
39 Songe que la colère, l'envie, l'indignation, la pitié sont des faiblesses indignes d'un philosophe (…)
Diderot, Opinion des anciens philosophes.
40 Aucune constitution ne supprime jamais les faiblesses et les vices de la nature humaine.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, p. 394.
41 On a tort de dire que l'amour est aveugle; la vérité est que l'amour est indifférent à des défauts ou à des faiblesses qu'il voit fort bien, s'il croit trouver dans un être ce qui lui importe plus que tout et qui souvent est indéfinissable.
A. Maurois, Climats, II, IV.
(XVIIe). Vieilli. || Avoir une faiblesse pour qqn, pour qqch. Complaisance, inclination, goût, penchant, prédilection, préférence.
42 Je ne veux dire aucune douceur à M. de Grignan; je me sens une telle faiblesse pour lui que je me fais scrupule de tout.
Mme de Sévigné, 611.
43 Était-ce alors une de ces laideurs pittoresques pour lesquelles, dit-on, les femmes ont des faiblesses et même des prédilections ?
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, VII.
Spécialt (littér.). Le fait de céder à un homme, à sa passion, au désir (se dit d'une femme). || Les faiblesses des sens, de la chair. || Cette femme a eu de nombreuses faiblesses. || Une femme au-dessus de toute faiblesse (→ Espérance, cit. 16). Défaillance.
44 (…) on a beau couvrir du vain nom de faiblesses les fautes toujours volontaires, jamais femme ne succombe qu'elle n'ait voulu succomber (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, Lettre XIII.
45 Quelle folie que celle d'un jeune homme qui croit à la fidélité d'une femme déjà célèbre par ses faiblesses, et à qui l'attrait du plaisir a fait oublier la pudeur !
Marmontel, Mémoires, III.
46 Thérèse n'eut pas de faiblesse pour Laurent dans le sens moqueur et libertin que l'on attribue à ce mot en amour.
G. Sand, Elle et Lui, p. 97.
8 (1765). Manque d'intensité, d'importance. Petitesse; indigence, insignifiance. || Faiblesse du nombre. || Faiblesse d'un poids, d'une monnaie, son infériorité par rapport au poids, à la valeur définis par la loi. || La faiblesse de ses ressources, de ses revenus. || La faiblesse d'une voix, d'un bruit.
CONTR. Force, vigueur; santé. — Puissance, supériorité. — Acuité, puissance, rapidité…; génie, talent, valeur. — Autoritarisme, commandement, courage, despotisme, détermination, énergie, fermeté, mérite, volonté. — Qualité, vertu. — Dégoût, haine, répulsion.

Encyclopédie Universelle. 2012.