dissuasion [ disɥazjɔ̃ ] n. f.
• XIVe; lat. dissuasio
♦ Action de dissuader; son résultat.
♢ (1962)FORCE DE DISSUASION, destinée non à attaquer, mais à dissuader l'adversaire d'attaquer. Armement de dissuasion : armement nucléaire propre à l'intimidation.
● dissuasion nom féminin (américain dissuasion, du latin dissuasio, -onis) Stratégie de défense qui s'appuie essentiellement sur l'arme nucléaire. (L'adversaire potentiel renonce à une agression parce qu'il pense que le gain escomptable est inférieur au risque de destruction qu'il encourt. Après la Seconde Guerre mondiale, la dissuasion a permis d'éviter l'affrontement entre les deux blocs, notamment lors de la crise des missiles à Cuba, en 1962. La dissuasion demeure la composante majeure de la défense française.) Moyen quelconque utilisé pour dissuader quelqu'un, un groupe : Opération de dissuasion. ● dissuasion (expressions) nom féminin (américain dissuasion, du latin dissuasio, -onis) Parking de dissuasion, parking à faible tarif placé à l'entrée d'une grande ville pour inciter les particuliers à y laisser leurs voitures. ● dissuasion (synonymes) nom féminin (américain dissuasion, du latin dissuasio, -onis) Moyen quelconque utilisé pour dissuader quelqu'un, un groupe
Contraires :
dissuasion
n. f. Action de dissuader; son résultat.
— MILIT Force de dissuasion: ensemble des moyens nucléaires destinés à dissuader un éventuel ennemi d'engager les hostilités.
⇒DISSUASION, subst. fém.
A.— Rare. Action de dissuader; son résultat. Anton. persuasion. L'orateur, dans le genre délibératif, a deux principaux objets, la persuasion et la dissuasion (Ac. 1835-1878).
B.— [En parlant d'une chose] De dissuasion. De nature à dissuader. Un argument qui a une grande puissance de dissuasion (DUB. 1967).
— Spéc., ds le lang. milit. et pol. [À propos du potentiel militaire et partic. nucléaire] Dont l'existence doit suffire, par la seule crainte de représailles ou de guerre totale, à dissuader l'ennemi de toute agression, intimidation, occupation de territoire à des fins militaires. Force de frappe ou de dissuasion atomique, nucléaire; armement de dissuasion ou de représailles; stratégie de dissuasion (p. oppos. à stratégie de guerre classique, froide ou nucléaire). La possession de l'arme dite de « dissuasion » joue entre les grandes puissances le rôle d'une épée de Damoclés (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 182) :
• Ainsi la guerre froide tire bénéfice de l'existence de tout le spectre des moyens de force, mais maintenant l'emploi de la force dans les limites de la guerre froide, c'est-à-dire dans l'abstention de l'emploi des armes classiques et nucléaires, grâce à la mise en œuvre constante de la stratégie de dissuasion.
BEAUFRE, Dissuasion et stratégie, 1964, p. 30.
Rem. 1. Cette loc. s'est répandue pour traduire l'adj. angl. deterrent, utilisé à propos d'armes, de puissance, de politique. 2. On emploie aussi le subst. seul : mécanisme de la dissuasion; lois propres à la dissuasion; dialectique d'action et de dissuasion. Dissuasion offensive par la possession d'une première frappe plausible, dissuasion défensive au niveau nucléaire (ID., ibid., p. 51).
♦ P. ext., à d'autres domaines. Qui doit servir à dissuader quelqu'un de faire quelque chose. Mesures de dissuasion. À Varsovie des bistrots de dissuasion ont été installés à la périphérie d'un parc pour filtrer les visiteurs et n'accueillir dans le sanctuaire que les amateurs authentiques (Le Monde, 5 oct. 1966 ds GILB., 1971).
Prononc. et Orth. :[]. Pour [ss] double, cf. dissuader. Le mot est transcrit avec [] post. ds Pt ROB. et, facultativement, ds WARN. 1968. Fait partie des mots dans lesquels [] ne fait que se survivre (cf. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 85, 86). Le mot est admis ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. 1352-56 (P. BERSUIRE, T. Liv., ms. Ste Genev., f° 157d ds GDF. Compl.). Empr. au lat. class. dissuasio « action de parler contre, de détourner ». Fréq. abs. littér. :4. Bbg. LUGIN (E.). Déterrent et dissuasion. Vie Lang. 1965, pp. 350-351. — PERROT (Général). Vocab. milit. Banque Mots. 1972, n° 4, p. 204.
dissuasion [disɥazjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1352; lat. dissuasio, supin de dissuadere. → Dissuader.
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1 Action de dissuader; son résultat.
1 N'est-ce pas là déjà ce qui, dans ce pèlerinage que je fis à la Grande-Chartreuse, à vingt ans, m'en écarta au dernier moment par une dissuasion secrète, de sorte que, sur le point d'atteindre mon but, je tournai bride et repartis (…)
Gide, Journal, 22 oct. 1928.
2 (V. 1960; trad. de l'angl. deterrence). Milit. et cour. || …de dissuasion. || Politique, stratégie de dissuasion, qui cherche à dissuader un éventuel ennemi de tenter une épreuve de force, par l'accumulation d'armes notamment atomiques. — Agent de dissuasion : « moyen destiné à empêcher un adversaire ou un ennemi potentiel d'accomplir une action hostile par crainte des conséquences » (Journ. off. arrêté du 12 août 1976). || Force(s) de dissuasion : force de frappe à caractère défensif, destinée à dissuader un éventuel adversaire d'attaquer ou d'utiliser le territoire d'autrui à des fins militaires (cantonnement de troupes et de matériel ou bases de combats). || Armement de dissuasion : armement nucléaire propre à prévenir l'agression ou l'intimidation.
2 dissuasion : c'est la force de frappe capable de protéger le « sanctuaire » national, c'est-à-dire non pas de gagner la guerre contre un plus grand, mais de faire chez ce plus grand des dégâts tels qu'il aurait intérêt à ne pas traverser notre territoire en cas de conflit avec un adversaire de sa taille.
3 Le président Carter a décidé d'ajourner la fabrication des bombes à neutrons et la consternation est générale en Europe comme en Amérique où l'on comptait sur cette arme dite de dissuasion.
J. Green, Journal, 10 avr. 1978, La Terre est si belle, p. 251.
♦ (1971, in Gilbert). Procédé destiné à dissuader qqn, à l'impressionner de manière à lui faire cesser une activité (dangereuse, délictueuse ou simplement jugée mauvaise). || « Jugement, verdict de dissuasion » (F. Pottecher à Europe no 1, 28 juin 1974). || Parking, parc de dissuasion, pour dissuader les automobilistes d'entrer dans une ville.
4 Les bateaux déchargeant dans la mer devraient être frappés de lourdes taxes ou amendes de dissuasion.
A. Sauvy, Croissance zéro ?, p. 239.
Encyclopédie Universelle. 2012.