1. sur [ syr ] prép. I ♦ Marquant la position « en haut » ou « en dehors ».
1 ♦ (Devant un compl. désignant une surface ou une chose qui en porte ou en soutient une autre) Poser un objet sur une table. « J'enlevai le linge de sur les meubles » (A. Gide). S'asseoir sur une chaise. La casserole est sur le feu. Le terrain sur lequel on a construit. ⇒ où. Sur la place, sur place. Sur les lieux. Déjeuner sur l'herbe. Marcher, passer sur (un chemin, une route, etc.). Sur la terre, sur terre et sur mer. Monter sur un âne, une bicyclette. — Avoir un chapeau sur la tête. Fig. Avoir qqch. sur les bras, sur le cœur. Être sur pied. « Un énorme cheval brabançon... Sur ses pattes, comme une maison sur ses quatre murs » (Michaux). Se coucher sur le dos. Être sur les genoux, sur les dents. — L'un sur l'autre. Les uns sur les autres, serrés, à l'étroit.
♢ Contre (une surface verticale). Épingler une carte sur un mur. La clé est sur la porte. — Un doigt sur les lèvres. — Porter un pull sur un chemisier. ⇒ 1. dessus (par-dessus). — Spécialt Sur soi : avec soi, sur le corps, dans sa poche... Un carnet qu'il avait sur lui. Je n'ai pas d'argent sur moi.
2 ♦ Par anal. S'étendre sur... : couvrir (telle distance). Sur huit mètres de longueur. Sur telle longueur d'onde. Pièce de trois mètres sur cinq (3 × 5).
3 ♦ (1440 frapper sur) Avec l'idée de mouvement (devant un compl. désignant une surface ou une chose atteinte, modifiée) Frapper, peser, presser sur. Appuyer sur un bouton. Par anal. Tirer sur qqn. — Recevoir un coup sur la tête. Tomber, retomber sur qqch. — Fig. Rejeter une faute sur qqn. Agir, influer sur (qqn, qqch.).— Spécialt Écrire, graver sur un registre, sur la pierre. Peinture sur soie. Doré sur tranche. — (En lisant) Vérifier sur la carte. Fam. C'est sur le journal (⇒ dans) .
♢ En enlevant, en ôtant à (ce qui subit l'action). Prélever sur. Impôt sur le revenu. Retenue sur le salaire. Empiéter, mordre sur. Les puces vivent sur les chiens (cf. Aux dépens de). — (Marquant une proportion) « sur onze compagnons qu'ils étaient [...] il ne reste que trois hommes » (Barbusse). Un jour sur deux. Une chance sur mille. Un cas sur cent. ⇒ parmi. Mériter dix sur dix (note).
4 ♦ (Devant un compl. désignant une chose qui est dominée par une autre sans être en contact avec elle) ⇒ 2. dessus (au-dessus de). Les nuages qui passent sur nos têtes. Les ponts sur la Moselle. Se pencher sur qqch.
♢ Par ext. (dans le voisinage immédiat) ⇒ près. Bar-sur-Aube. Boulogne-sur-Mer.
5 ♦ (Le compl. désignant une direction) Sur votre droite. ⇒ à. Sur le côté. Donner, s'ouvrir sur un jardin. Vue sur la mer. Avoir pignon sur rue. — (Avec un v. de mouvement) ⇒ 1. vers. Fondre, foncer, se jeter sur qqn. « au lieu de continuer sur Jumièges, mon ami tourna vers la gauche » (Maupassant) . Par métaph. Elle va sur ses vingt ans : elle va bientôt avoir vingt ans.
II ♦ (Abstrait)
1 ♦ (Avec un compl. désignant ce qui sert de base, de fondement) (cf. À cause de, en considération de, en raison de). Juger les gens sur la mine, sur les apparences (cf. D'après). « Que le monde juge sur les faits » (Stendhal). Sur ses conseils. — Sur un signe, sur une remarque du chef, il obéit.
♢ (Avec l'idée de garantie) (cf. S'appuyer, se reposer sur...) . Compter sur qqn, qqch. Jurer sur son honneur. « Sur votre tête ! sur ma tête ! sur mes yeux ! sur ceux de ma mère, de mon père » (Gobineau). Être cru sur parole. Sur sa bonne mine, on lui a prêté mille francs.
♢ (Avec l'idée de conformité, d'étalon, de modèle) (cf. D'après, conformément à) . Prendre exemple sur qqn, sur un modèle. Sur mesure.
♢ Relativement à (une matière, un sujet, un propos). ⇒ 1. de (cf. À propos de, quant à, au sujet de). Apprendre qqch. sur qqn. Être fixé sur les intentions de qqn. Gémir sur ses malheurs. Sur ce sujet, sur ce point (cf. Là-dessus). Essai, pensées, réflexions, propos sur... — Laisser qqn sur une mauvaise impression. — Spécialt, pour désigner le sujet d'une occupation Je suis sur ce travail depuis une semaine.
2 ♦ (Valeur temporelle) Immédiatement après, à la suite de... Sur le coup, sur le moment, sur l'heure. Sur le champ. Être pris sur le fait. « ravie à l'idée de boire de la bière sur de la bénédictine » (Queneau).
♢ (Indiquant le cumul successif) ⇒ après. Coup sur coup. « elle fumait cigarette sur cigarette » (Simenon). Il fait bêtise sur bêtise. — SUR CE : après quoi, là-dessus (ce représentant des paroles). « Sur ce, nous allons vous laisser coucher » (Huysmans).
♢ (Approximation temporelle) ⇒ environ, 1. vers. Sur les onze heures. Sur le soir. Sur le tard. Être sur le départ, sur le retour, près de partir, de revenir. — Être sur le point de faire qqch.
3 ♦ (Pour marquer une supériorité) Prendre l'avantage sur qqn. Victoire sur soi-même. Enchérir sur... Commander, régner sur. Veiller sur. Avoir des droits sur qqn.
4 ♦ (Dans des loc. marquant un état, une situation, une manière) Rester, se tenir sur la défensive. Être sur ses gardes, sur le qui-vive. — Sur ce ton. « Tout en chantant sur le mode mineur » (Verlaine).
⊗ CONTR. 2. Dessous (au-dessous de), sous.
⊗ HOM. Sûr.
sur 2. sur, sure [ syr ] adj.
• 1160; mot région., répandu XIXe; frq. °sur; cf. all. sauer
♦ Qui a un goût acide, légèrement aigre. ⇒ acide, aigrelet; suret. Pommes sures. Soupe qui devient sure. ⇒ surir.
⊗ CONTR. Doux.
● sur préposition (latin super) Marque : la position supérieure, avec ou sans contact ; la situation à la surface de quelque chose : Monter sur le toit. Montrer une ville sur la carte. le point d'application ou de destination ; la localisation : La foudre est tombée sur le clocher. Instituer un impôt sur le capital. la direction ; vers : Les troupes marchaient sur la capitale. l'ensemble d'où on prélève quelque chose, par rapport auquel on évalue : Cette somme est retenue sur le salaire. Cette copie a obtenu un 15 sur 20. la deuxième dimension : Une pièce de 6 mètres sur 4. la supériorité : L'emporter sur tous les concurrents. l'élément de référence ; d'après : Ne le jugez pas sur les apparences. le point considéré, la question examinée ; au sujet de : Se prononcer sur un projet. l'instrument, le moyen utilisé : Jouer sur un clavecin. Compter sur ses doigts. la manière d'être ou d'agir : Être sur la défensive. la proximité dans le temps : Sur le soir, un orage éclata. la répétition, l'accumulation : Il commet gaffe sur gaffe. ● sur (difficultés) préposition (latin super) Emploi 1. On dit : aller sur soixante-treize ans, sur ses soixante-treize ans → aller. S'asseoir sur une chaise mais dans un fauteuil → dans, → fauteuil. La clé est sur la porte (et non après la porte) → après. Crier contre ses enfants (et non sur ses enfants) → après. Être sur le pas de sa porte, sur le seuil de sa porte (et non sur sa porte) → porte. Un appartement qui donne sur la rue, mais les voitures qui passent dans la rue → rue. Lire dans le journal (et non sur le journal) → dans. Les véhicules se dirigeant vers Lille (et non sur Lille). 2. De sur, considéré naguère comme populaire, est passé dans l'usage courant : « J'enlevai le linge de sur les meubles »(A. Gide). « Il ne levait jamais les yeux de sur son journal »(P. Hamp). Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, préférer de : enlever le linge des meubles ; lever les yeux de son journal. 3. Sur / en. → en ● sur (homonymes) préposition (latin super) sur adjectif sûr adjectif surent forme conjuguée du verbe savoir ● sur (synonymes) préposition (latin super) la position supérieure, avec ou sans contact ; la situation à...
Synonymes :
la direction ; vers
Synonymes :
- du côté de
- en direction de
- vers
l'élément de référence ; d'après
Synonymes :
- conformément à
- d'après
- selon
le point considéré, la question examinée ; au sujet de
Synonymes :
- à propos de
- quant à
la proximité dans le temps
Synonymes :
- aux environs de
- vers
● sur, sure
adjectif
(francique sûr)
Qui a une saveur légèrement aigre ou acide.
● sur, sure (difficultés)
adjectif
(francique sûr)
Orthographe et sens
L'adjectif sur (= un peu acide, aigrelet) s'écrit sans accent circonflexe : un vin sur, des pommes sures. Ne pas le confondre avec la préposition sur, ni avec l'adjectif sÛr (voir ce mot). Les dérivés surir (= s'aigrir) et suret (= un peu aigre) ne prennent pas non plus d'accent circonflexe.
● sur, sure (homonymes)
adjectif
(francique sûr)
sur
préposition
sûr
adjectif
surent
forme conjuguée du verbe savoir
● sur, sure (synonymes)
adjectif
(francique sûr)
Qui a une saveur légèrement aigre ou acide.
Synonymes :
- aigre
sur, sure
adj. Qui a un goût légèrement acide, aigre. Pommes sures.
————————
Prép.
rI./r Marque la situation de ce qui est plus haut par rapport à ce qui est en dessous, avec ou sans contact.
d1./d (Avec contact, sans mouvement.) La cuillère est sur l'assiette.
— (Suisse) Sur France, sur Suisse: sur le territoire français, suisse.
|| Contre (une surface verticale). Coller du papier sur les murs. La clé est sur la porte.
|| Sur soi: sur le corps; avec soi. Il avait sur lui un boubou de bazin. Je n'ai pas mes papiers sur moi.
|| (Avec une idée d'accumulation, de répétition.) Entasser pierre sur pierre. Coup sur coup.
|| (Dans certaines loc. indiquant l'état, la manière.) Se tenir sur ses gardes. Si tu le prends sur ce ton.
d2./d (Avec contact, avec mouvement.) Passer la main sur une étoffe. Tomber sur le trottoir.
|| (Belgique, Luxembourg, Maghreb) Sur le (la, les): dans le (la, les). Habiter sur la rue des Palmiers. Monter sur le train.
|| (Le complément désignant une surface modifiée par l'action.) Graver sur la pierre. Tirage sur papier mat.
|| Fig. (Marquant un rapport de supériorité.) L'emporter sur qqn.
d3./d (Sans contact, sans mouvement.) Au-dessus de. Les nuages s'amoncellent sur la plaine. Le pont sur le fleuve.
d4./d (Sans contact, avec mouvement.) Une voiture déboucha sur notre gauche. Cap sur Dakar.
rII./r Marque différents rapports abstraits.
d1./d D'après, en fonction de, en prenant pour fondement. Juger sur les apparences. Attestation sur l'honneur.
|| (Le complément désignant l'objet d'un travail, le sujet d'une étude, etc.) Voilà deux heures que je m'échine sur ce moteur. Un essai sur Césaire.
d2./d (Indiquant un rapport de proportionnalité.) Sur dix, il n'en revint pas un seul. Il a quinze sur vingt à sa dissertation.
d3./d (Avec une valeur temporelle.) Au moment même de; immédiatement après. Sur le coup, il est resté interloqué! Il s'éveilla; sur ce, la porte s'ouvrit.
|| (Marquant l'approximation.) Vers. Il est arrivé sur les dix heures.
|| (Belgique) Il fait du sport deux fois sur la semaine, deux fois par semaine.
— Faire qqch sur deux heures, en deux heures.
I.
⇒SUR, prép.
I. — Domaine spatial. [Le compl. désigne le lieu d'un contact, par pesanteur, par pression, par recouvrement] Anton. sous.
A. — [Le compl. désigne le sol ou bien un support quelconque où s'exerce la pesanteur]
1. [Après un verbe exprimant la position du corps relativement au sol]
a) [Le compl. désigne le lieu] S'allonger, se coucher, se dresser, s'effondrer, se mettre debout, se rouler, tomber sur le sol, sur le tapis; s'asseoir, s'agiter, s'assoupir, se laisser tomber sur une chaise, sur un banc; s'allonger, dormir, se retourner, se vautrer sur un lit. D'autres [gamins], à califourchon sur le mur, agitaient leurs jambes, en fauchant avec leurs sabots les grandes orties (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 127).
♦ P. anal. [En parlant de choses] L'ermite (...) nous fait visiter l'église, une grande salle rectangulaire, avec un plafond de charpente supporté par de larges ogives qui s'appuient directement sur le sol (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 59).
— Dans des expr. fig. Mettre qqn/être sur la braise, sur des charbons ardents, sur le gril, sur la sellette; monter, passer sur le billard; coucher qqn, laisser qqn/rester sur le carreau; se reposer sur ses lauriers; mettre qqn/coucher, être, mourir sur la paille; être couché sur un lit de roses, sur des roses. Pendant ce long entretien, Mme Debée-Leeman était sur les épines: sa conscience lui faisait deviner la matière de notre conversation (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 136).
b) [Le compl. désigne la partie du corps en contact avec le sol et qui, par conséquent, supporte le poids du corps]
— [En parlant de l'être qui exécute l'action] Coucher, se coucher, dormir, être, se mettre, se retourner, tomber sur le côté, sur le dos, sur le flanc, sur le ventre; se soulever sur un coude, sur les coudes; descendre l'escalier sur les fesses; se mettre sur ses pieds; sauter sur un pied; se traîner sur les genoux; trembler sur ses jambes; se hausser, marcher sur la pointe des pieds; pivoter sur ses talons. Il tomba sur les genoux, d'abord, puis s'abattit, la face en avant (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 195).
Tourner, pivoter sur soi-même. D'une main, élevant celle de la jeune fille, Emmanuel la faisait tourner sur elle-même dans un mouvement qui soulevait sa jupe (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 161). La grosse Destine tournoyait sur elle-même, frappant une main contre l'autre et criant comme si elle avait perdu la raison (J. ROUMAIN, Gouverneurs de la rosée, Paris, Éditeurs fr. réunis, 1946, p. 190).
♦ [En parlant d'un patient] Coucher, mettre, retourner qqn sur le dos; mettre, remettre qqn sur pied, sur ses pieds; faire tomber qqn sur le dos.
— Dans des expr. fig. Tomber, en rester sur le cul, sur son cul. V. cul I A 1 c. Être sur les dents. Être exténué. V. dent C 5. Être en alerte. Toutes les brigades de gendarmerie furent sur les dents durant huit jours (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 198). Se dresser, monter sur ses ergots. V. ergot A 1 a. Mettre qqn, être sur le flanc. V. flanc I A 1 a. Retomber sur ses pieds, mettre sur pied. V. pied 1re Section I B 1 a. Être tombé sur la tête. Dormir sur ses deux oreilles. Dormir en toute quiétude. — Vous n'allez pas faire de bêtises? Les soldats se mirent à rire:— Ah! dit l'un d'eux avec conviction, avec nous, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 145).
— P. anal. [En parlant de choses] La voiture s'est couchée sur le côté; la porte tourne sur ses gonds. Elles tremblent sur leurs tiges comme pour s'envoler (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Cas de div., 1886, p. 1072). Elle fixa le petit ventilateur dont l'hélice pivotait sur un axe (GREEN, Moïra, 1950, p. 36).
2. a) [Après un verbe exprimant l'action de déplacer un objet] Apporter, jeter, placer, poser qqc. sur le sol, sur un meuble; éparpiller, étaler des papiers sur le bureau; ranger des livres sur une étagère; mettre un vêtement sur un cintre; suspendre du linge sur un fil. Les femmes étendaient du linge sur la dune et posaient des cailloux dessus pour le tenir (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 128).
♦ [Le verbe exprime le résultat de l'action] Les papiers s'accumulent sur le bureau; le linge pend sur un fil.
— Dans des expr. fig. Mettre, remettre qqc. sur le métier; jouer sur plusieurs tableaux; jouer cartes sur table; mettre, remettre qqc. sur le tapis; trier sur le volet.
b) En partic. [Après un verbe exprimant l'action d'empiler] Mettre des livres les uns sur les autres; ne pas laisser pierre sur pierre. Oui, ah! il en avait dû mettre, des jours, des semaines, des mois, à confectionner ce monument [un fichier] !... Que de fiches culbutées les unes sur les autres (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, p. 216). Les araucarias qui bordent le rond-point central lancent sur plusieurs étages de courts rameaux strictement horizontaux, nets et secs (Cl. OLLIER, Le Maintien de l'ordre, 1988 [1961], p. 30).
— Au fig. Vivre, être les uns sur les autres. Vivre, être dans la promiscuité. Bien que l'on vive tous les uns sur les autres, personne ne put savoir si les femmes avaient été battues par leurs maris (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 90).
3. [Après un verbe exprimant l'action de transporter, de supporter]
a) [Le compl. désigne la partie du corps qui supporte la charge] Emporter, porter qqc./qqn sur son dos, sur ses épaules; charger, placer qqc./qqn sur le dos de qqn. Je vois toutes ces femmes, de tenue correcte, s'en aller pieds nus, portant le linge à laver sur leur tête (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 119). Le régiment, au pas cadencé, l'arme sur l'épaule, inonde jusqu'aux bords la rue de Gauchin-l'Abbé (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 72).
♦ Garder, porter qqc. sur soi. Garder en permanence avec soi. Il n'avait presque rien sur lui et refusa les quelques billets que proposa de lui avancer le vicomte (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 961).
— Dans des expr. fig. Mettre (une affaire) sur le dos de qqn. Lui en attribuer la responsabilité. V. dos I B 3 d. Avoir, se mettre qqc./qqn sur les bras. Avoir, prendre à charge. V. bras I B 2 a. Avoir, se mettre, prendre qqc. sur le dos. Supporter la charge ou les désagréments de. Regarde-moi un peu, je ne serais plus Nana, si je me collais un homme sur le dos... Et, d'ailleurs, c'est trop sale (ZOLA, Nana, 1880, p. 1457). Avoir un poids sur le cœur, sur la conscience. V. cœur II D 1, conscience II B. En avoir gros sur le cœur, sur la patate. V. gros3 B 2, patate B 2 b. Avoir le cœur sur la main. Être charitable, généreux. Des êtres ruisselants de vertu et qui ont le cœur sur la main (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 169).
b) [Le compl. désigne une monture ou un véhicule, un support] Monter sur son âne, sur son vélo; transporter un blessé sur un brancard, une civière.
B. — [Le compl. désigne un lieu où s'opère un déplacement, où s'exerce une activité, où se déploie un phénomène, où se constate une présence]
1. [Le compl. désigne le lieu d'un déplacement]
a) [Le compl. désigne le lieu d'un déplacement ou bien l'endroit auquel il aboutit] Marcher sur le trottoir; courir sur la route; monter sur la colline; descendre sur la plage; se pavaner sur la place; se rendre sur les lieux, sur place; s'arrêter sur le pas de la porte; la barque glisse sur l'eau; des feuilles flottent sur la rivière; le patin sur glace. Je débouche sur une place dont les efforts qu'elle fait pour être un parc ont quelque chose d'attendrissant, d'inutile et de solennel (MORAND, New-York, 1930, p. 132). L'attelage de bœufs tourne paisiblement sur l'aire en écrasant les gerbes (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, préf., p. 8).
— En partic. [Le compl. désigne ce qui fait obstacle au déplacement] Buter, trébucher sur les cailloux, sur un corps. Tout se met à la traverse; elle trébuche sur les pierres et sa jupe s'enroule dans ses jambes (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 169). Au fig. Broncher sur les imparfaits du subjonctif, en effet, prouve deux fois votre culture puisque vous les reconnaissez d'abord et qu'ils vous agacent ensuite (CAMUS, Chute, 1956, p. 1478).
b) P. méton. [Le compl. désigne le parcours] Ne rencontrer personne sur le parcours; revenir sur ses pas; le cyclone a tout détruit sur son passage. Comme c'était sur mon chemin, j'ai ramené son attelage par ici (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 35).
♦ ASTRON., ASTRONAUT. Les astres roulent sur leurs orbites; mettre un satellite sur orbite. V. orbite II A 1 ex. du Nouvel Observateur.
♦ MAR. Le navire continue sur son erre. P. anal. Continuer sur sa lancée.
— Dans des expr. fig. Mettre qqn/être sur la piste, sur les traces de qqn. V. trace I A 6 c. Être sur la bonne voie. Mettre qqn/être sur la voie de la vérité, d'une découverte. Marcher sur les brisées de qqn. V. brisée.
2. [Le compl. désigne le lieu d'une activité] Discuter sur le palier; bronzer, manger sur la terrasse; piqueniquer sur les bords de la Moselle; attendre qqn sur le trottoir; aller en vacances sur la Côte d'Azur; travailler sur le secteur de, sur Lunéville. À n'en pas douter, le spectacle le plus intéressant n'était pas sur la scène, mais bien dans la salle (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 14).
— Dans des expr. fig. Être sur la brèche; faire grève sur le tas; danser, vivre sur un volcan. Quand j'appris qu'il avait été mauvais sujet sur le pavé de Londres, travaillant pour les journaux (...), je m'étonnai bien qu'il ne fût pas chevalier d'industrie (STENDHAL, Souv. égotisme, 1832, p. 68).
3. [Le compl. désigne le lieu où se produit une chute, un écoulement]
a) [Le compl. désigne le point d'impact d'une chute] Les pétales tombent sur les plates-bandes; la pluie crépite sur le toit. Les fleurs qui s'effeuillent et dont les étamines pleuvent sur les tombes (LAMART., Raphaël, 1849, p. 158).
b) [Le compl. désigne le lieu où s'écoule un fluide] L'eau se répand, ruisselle sur le sol. Il savait ce qu'elle pensait: en cette minute des villages belges brûlaient, la mer déferlait sur les campagnes hollandaises. Pourtant ici c'était un soir de fête (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 16).
c) [Le compl. désigne l'espace où se déploie un phénomène atmosphérique] Il pleut sur Brest, sur tout l'est du pays. C'est une des vapeurs infernales qui, par bouffées, du sommet de Sion, s'épandent sur la plaine (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 208). Les jardins des faubourgs défilèrent sans agrément; un air glacial stagnait sur les campagnes humides, je me pelotonnai au fond de la voiture (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 12).
— Dans des expr. métaph. (suggérant une atmosphère accablante ou oppressante). Une atmosphère d'orage pesait sur la maison et les cœurs (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 106):
• 1. Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits...
BAUDEL., Fl. du Mal, 1861, p. 118.
♦ Au fig. Une incompréhensible torpeur pesait sur lui, qui n'était peut-être que de la fatigue: il renonçait (GIDE, Caves, 1914, p. 866). Une ombre menaçante s'appesantissait sur elle, prête à l'étouffer (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 115).
4. [Le compl. désigne le lieu où se constate une présence] Il y a foule sur le port, sur la place; sur la colline se dresse une tour; le village est construit sur le versant; on aperçoit des maisons sur l'autre rive. Un ou deux villages blanchâtres, avec leurs églises à plates-formes (...), étaient posés sur un des renflements de la plaine (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 8).
— En partic. [Dans des dénom. de villes] Boulogne-sur-Mer, Conflans-sur-Anille, Francfort-sur-le-Main. Une autre source connue est celle de Sainte-Quiterie, à Aire-sur-l'Adour. Elle guérit les maux de tête, et même la folie (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 128).
C. — [Le compl. désigne le lieu d'une pression, le point d'impact d'un coup]
1. [Le compl. désigne l'endroit où prend appui une pers.] S'appuyer, prendre appui sur une canne, sur le coin d'un meuble; s'appuyer sur qqn, sur le bras de qqn. Lorenzo chancelle; il s'appuie sur la balustrade et glisse à terre tout d'un coup (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, I, 4, p. 108).
♦ De sur. Sans bouger les mains de sur les accoudoirs elle leva juste le doigt (Cl. SIMON, Histoire, 1973 [1967], p. 333).
2. [Le compl. désigne l'endroit où l'on exerce une pression, où a lieu un contact, où l'on frappe]
a) [Le compl. désigne la partie d'une masse] Appuyer, presser, exercer une pression sur le bouton, sur la sonnette, sur la gâchette.
♦ [P. invers. du sens de la poussée] Tirer sur une corde, sur une poignée.
— [Lorsque la surface est verticale, sur est en concurrence avec contre (plus usuel)] Tout à coup, il frappe avec son couteau sur son verre. Chacun se tait (BARRÈS, , Colline insp., 1913 p. 140).
b) [Le compl. désigne le corps ou une partie du corps] Cogner, frapper, taper sur qqn, sur le dos, sur la nuque d'un animal, d'une personne; abattre sa main, sa pogne sur l'épaule de qqn; lever la main sur qqn; poser ses lèvres sur les lèvres de qqn; mettre sa main sur son cœur; se taper sur les cuisses. Je vas lui coller ma main sur la figure (ZOLA, Nana, 1880, p. 1201). Il te leur abattait ça sur le coin de la gueule: « Tiens, ma vache! » (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 244).
D. — [Le compl. désigne le lieu d'un recouvrement ou d'une adhérence]
1. [Après un verbe exprimant l'action de recouvrir ou de découvrir] Étendre du beurre sur une tartine; mettre des housses sur les meubles; plier, replier un tissu sur lui-même. Il endossa sur sa blouse d'écolier un des grands manteaux dont il releva le collet plissé (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 83). [Il porte] un pantalon en lambeaux qu'il a roulé pour le retrousser sur son mollet (PAGNOL, Marius, 1931, I, 1, p. 10).
♦ Mordre sur, empiéter sur. Les guerriers se retrouvaient la proie d'une vie réelle qui empiétait sur le songe (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 114).
— [Le compl. désigne ce qui est caché ou dévoilé] Les eaux se referment sur l'épave. Je ferme rudement la porte sur lui (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 266). L'action a pour cadre une institution de jeunes filles: le rideau se lève sur le cabinet de la directrice (BRETON, Nadja, 1928, p. 36).
♦ Au fig. Jeter un voile pudique sur un scandale. C'était comme une chaste image interdite sur laquelle ma vue répandait un nuage en entrant, et, au départ, je tirais le rideau sur les souvenirs (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 53).
2. [Le compl. désigne une surface verticale ou bien une surface autre, mais envisagée indépendamment de la pesanteur]
a) [Après un verbe exprimant l'écoulement d'un fluide; sur est en concurrence avec le long de] L'eau coule, ruisselle sur les parois, sur les carreaux; des larmes roulent sur les joues de l'enfant. Barthélemy a senti la sueur lui couler sur le front et le long du cou (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 189).
— [En parlant d'une masse fluide] Le lierre retombe sur le mur; ses cheveux se répandent sur ses épaules; une mèche lui tombe sur les yeux. Sa barbe blanche tombait sur sa poitrine (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Marquis de F., 1886, p. 69). Sa robe bleu noir glissa sur son maigre corps avec un léger bruit qui ressemblait à un soupir (GREEN, Moïra, 1950, p. 37).
b) P. anal. [Le compl. désigne le corps ou une partie du corps, siège de sensations] Avoir des frissons sur tout le corps. Un air subtil, comme l'haleine de la vie, sur elle allait et venait (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 99). Elle sentit sur son front, sur ses joues, sur tout son corps presque nu sous la robe légère, l'air glacé (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1326).
— Dans des expr. fig. Et voilà que soudain une peur me frôla, une peur sinistre qui me glissa sur la peau comme le contact d'un monstre invisible (MAUPASS., Contes et nouv., Mis. hum., 1886, p. 651). Mais tout glissait sur cette femme trop lisse (NIZAN, Conspir., 1938, p. 166).
3. [Le compl. désigne le support d'un reflet, d'une projection] Des ombres, des reflets bougent sur les rideaux, sur le plafond. Sur le petit lac immobile, noir de son immense profondeur, passait quelquefois l'ombre d'un nuage (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 76).
♦ Sur l'écran. Je suis allé au cinéma deux fois avec Emmanuel qui ne comprend pas toujours ce qui se passe sur l'écran. Il faut alors lui donner des explications (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1148).
4. a) [Le compl. désigne le support matériel de l'écriture ou de signes graphiques] Écrire, noter qqc. sur un cahier; s'inscrire sur les listes électorales; graver son nom sur les arbres; imprimer des motifs sur une toile; cocher un nom sur une carte; se reconnaître sur une photo.
— Dans des expr. fig. Mettre qqc. noir sur blanc; coucher qqn sur son testament; jeter des idées sur le papier; mettre qqn/être sur une liste noire. Tu ne risques rien, va, c'est une sœur [une religieuse], ça a fait la croix sur tout ce qui est bon (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 227).
b) [Le compl. désigne le visage] La tristesse se peint sur son visage; lire sur les lèvres de qqn. Je crus voir plus d'une fois se peindre sur ses traits des signes de sympathie et d'approbation (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 314).
5. [Le compl. désigne un arrière-plan avec lequel paraissent coïncider, pour l'observateur, des objets interposés] Des nuages courent sur le ciel; des arbres, des silhouettes se découpent sur le ciel. L'église Sainte-Cécile dresse sa monstrueuse masse blanche: un blanc de craie sur un ciel sombre (SARTRE, Nausée, 1938, p. 66). Le profil (...) se détachait sur la coulée de fleurs (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 55).
— P. anal. [En parlant de bruits] Tout cela faisait que nous reposions mal, en plusieurs sommeils interrompus, et sur un arrière-fond de vacarme qui ne cessait guère de minuit à l'aube (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 72).
II. — Domaine spatial. [Le compl. désigne l'objet en direction duquel s'exerce une action, la cible, l'objet atteint, ou p. méton., la direction elle-même]
A. — [Après un verbe exprimant un déplacement]
1. [Le compl. désigne un point de l'espace, un lieu]
a) [Le compl. désigne un objectif] Marcher sur Rome; lancer une attaque, un raid sur une position ennemie. Les derniers tanks, peu à peu cachés par une bosse du terrain, foncent sur les lignes républicaines (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 633).
— MAR. Mettre le cap sur. V. cap2 A 1 ex. de Loti.
b) [Le compl. désigne un point de l'environnement, envisagé en fonction de l'axe latéral du corps] Obliquer, tourner, prendre sur la/sa gauche; se retourner sur qqn, sur le passage de qqn. Il se retournait sur toutes les filles qui passaient (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 59).
2. [Le compl. désigne un être animé]
a) [Après un verbe exprimant un déplacement] S'avancer, courir, foncer, se précipiter sur qqn. — Judith! Ah garce! Ah femelle! Il alla sur elle. Elle s'abritait, levait devant son visage ses mains (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 33). J'arrivais sur lui avec une telle force qu'il roula par terre (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 77).
♦ Lancer les chiens sur. Nous fûmes repris (...) par six hommes de la Feldgendarmerie qui lancèrent sur nous leurs molosses (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 80).
b) [Après un verbe exprimant une attaque par bond] S'abattre, bondir, se jeter, sauter, tomber sur une proie, sur un antagoniste. Nous montons vers le soleil comme une flèche, nous fondons en bas sur notre proie comme un aigle, comme le carreau de la foudre! (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 192). [Le compl. désigne une partie du corps] Bondir, sauter, tomber sur le dos, sur les épaules, sur le râble de. Il n'a pas encore compris comment il a pu être fait comme un rat le jour où le Conan d'en face lui est tombé sur le poil! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 172).
— P. métaph. ou au fig. Le malheur s'abat sur une famille. Mais, tandis qu'ils [les Anglais dans Londres bombardé] déblayaient leurs ruines, d'autres angoisses fondaient sur eux et sur leurs pauvres alliés (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 121).
B. — [Le compl. en sur désigne un niveau par rapport auquel qqn ou qqc. est dans une position dominante]
1. [Après un verbe décrivant la posture d'une pers.] Se pencher, être penché, s'incliner, incliner le buste sur un malade, sur un établi. La romance qu'autrefois elle chantait sur mon berceau (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 477):
• 2. Yvonne fit de nouveau tourner les boutons de réglage. La voix ressurgit, plus nette, puis s'éteignit. La jeune fille se pencha sur le poste, lui donna de petites tapes amicales, le flatta comme d'un cheval la cuisse, le caressa comme d'un chat la nuque.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 142.
— Dans des expr. fig. Abaisser, avoir, garder le nez sur son assiette, sur la carte. P. hyperb. Se pencher au point de toucher. Se pencher sur un problème, sur une question. Les étudier attentivement.
2. [Après un verbe décrivant la position de la partie supérieure d'un arbre, d'une paroi, etc.] Les branches penchent, pendent, s'inclinent sur l'eau. Une roche qui plombe sur les eaux, une branche qui projette son ombre sur le sable désert, lui donnent un sentiment d'asile, de paix, de solitude (SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 59). C'est une chose étrange que ce cañon vertigineux en plein milieu d'une ville, cette espèce de Verdon dominé par des maisons blanches suspendues sur le vide (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 135).
C. — [Après un verbe exprimant ou impliquant l'action de regarder]
1. [Le compl. désigne une cible] Tirer, braquer une arme sur qqn/qqc. On braqua ces canons sur la porte du ksar, d'après les règles les plus modernes de la tactique (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 140).
2. [Le compl. désigne le but d'un regard (dans des loc. constr. avec œil, coup d'œil, yeux, regard)]
a) [Le suj. désigne la pers. qui regarde] Arrêter, laisser, fixer, jeter, lancer, lever, porter, poser son regard, un regard curieux, les yeux sur qqn/qqc.; jeter, lancer un coup d'œil sur qqn/qqc.; avoir, garder le regard, les yeux fixé(s) sur qqn/qqc. Respellière louchait sur le buffet (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 151).
♦ Lever les yeux de sur. Cesser de regarder. — « Oui, chez une princesse du demi-monde! » avait répondu ma tante en haussant les épaules sans lever les yeux de sur son tricot, avec une ironie sereine (PROUST, Swann, 1913, p. 18).
— Au fig. Avoir, garder l'œil, un œil sur. Surveiller. J'aurai l'œil sur les journaux du soir (ZOLA, Nana, 1880, p. 1127). Fermer les yeux sur. V. fermer II B 3 b. Avoir des vues sur. V. vue.
b) [Le suj. désigne le regard, les yeux en action] Le regard, les yeux (de qqn) s'abaisse(nt), s'arrête(nt), s'attarde(nt), se fixe(nt), se lève(nt), passe(nt), se porte(nt), se pose(nt), tombe(nt) sur qqn/qqc. Ils (...) s'arrêtèrent pour souffler, laissant errer distraitement leurs regards sur le triste paysage décoloré (BERNANOS, Crime, 1935, p. 821).
3. [Le compl. désigne la vue qui s'offre à partir des ouvertures d'une maison ou d'une pièce] La façade, les fenêtres du salon donne(nt), regarde(nt) sur la rue, sur une cour intérieure; avoir une chambre avec vue sur la mer; avoir pignon sur rue (fig.). La porte d'entrée béait sur la nuit (SARTRE, Nausée, 1938, p. 108).
D. — Au fig. Tirer sur. Tendre vers. Une maison à un seul étage, d'un marron sale avec des plaies tirant sur le rose (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 115).
E. — [Le compl. désigne une position dominante, sans idée de contact] Synon. usuel au-dessus de.
1. [Après un verbe exprimant l'action de voler] Des avions passent sur la ville. Nous songions à repartir, quand deux oiseaux, le col droit et les ailes tendues, glissèrent brusquement sur nos têtes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Amour, 1886, p. 740). Une chevêche passait sur la maison, étirant dans le noir son aigre plainte, son grincement triste de girouette (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 9).
2. Au fig. [Dans des énoncés exprimant une menace, l'imminence d'un danger] Une menace plane sur la ville. [Quand on voit] la mort se balançant au-dessus de vous et sur l'ennemi, hésitante, sans qu'on sache celui qu'elle choisira, tout paraît un jeu (GENET, Un Captif amoureux, 1986, p. 227).
III. — [Empl. temp. ou temp.-causal]
A. — [Sur introd. un compl. exprimant un repère temp.]
1. [Il marque la coïncidence, la concomitance (idée de recouvrement)]
a) [Avec idée d'approximation]
) [Le repère est l'heure] Vieilli ou rare. Sur les huit heures. Elle osa sortir de la maison par une fenêtre du derrière, sur les onze heures, quand elle vit sa tante et son oncle profondément endormis (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 134).
♦ Sur le coup de huit heures. Il s'agissait de faire une surprise à Maigret, qui téléphonait invariablement sur le coup d'onze heures (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 102).
) [Le repère est une division naturelle de la journée] Des gelées ont eu lieu sur le matin. Et comme c'est demain dimanche, tu viendras voir ta mère sur le jour (SAND, Pte Fadette, 1849, p. 41). Sur le soir, des soldats arrivèrent (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 103). Un dimanche d'octobre, sur le tantôt, une voiture attira soudain mon attention (R. DEPESTRE, Hadriana dans tous mes rêves, 1988, p. 17).
♦ Sur le/les midi. J'irai vous voir vendredi prochain sur les midi (BALZAC, Corresp., 1842, p. 506). J'aurais pourtant voulu que nous mangions de bonne heure de façon à partir sur le midi (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 28).
) Sur la fin (de). Dans la phase terminale (de). L'action, dans Valentine, s'avance constamment rapide et entraînante vers le dénouement. Il semble seulement (...) que les forces lui aient quelque peu manqué sur la fin de sa course (MUSSET ds R. des Deux Mondes, 1832, p. 607). Souvent ivre après minuit, sur la fin des bals (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 212).
— [En parlant de la vie humaine] Un tel idéal l'avait conduit, sur le tard, à être juge d'instruction (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 13). Je vas gérer un bistrot à Montrouge. Faut se caser, bon diou, sur ses vieux jours! (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 238).
b) [Avec idée de succession immédiate]
) [Dans une loc. désignant l'espace de temps pendant lequel dure le procès] Sur le moment (v. moment I E 1 m), sur l'instant (v. instant C 1 h). Tout, de leur vie, nous était sensible. J'allais écrire intelligible et ce ne serait pas tout à fait exact, car, sur l'instant, j'étais fort loin de tout comprendre (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 81).
) [Dans une loc. signifiant que la réalisation du procès a lieu sans délai] Synon. aussitôt, immédiatement.
♦ Sur l'heure. Avale-le, te dis-je, avale-le sur l'heure! Va, ne crains rien, tu le digèreras! (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 71).
♦ Sur le coup. Alors lui, qu'avait les jetons, il a tout avoué sur le coup (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 235):
• 3. ... elle atteignit ma bouche avec une violence que je n'ai pas pu oublier. J'en augurai mal, par la suite, des puissances de vie et de séduction qui habitaient en elle; mais, sur le coup, je fus pris d'une sorte d'égarement...
BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 27.
2. Dans des loc. verb.
a) Être sur le point de + inf. [Exprime l'imminence de la réalisation du procès que désigne l'inf.] V. point1 III B 2.
b) Type aller sur ses quinze ans. Être dans l'année où l'on aura quinze ans. Mme Bontemps n'avait pu s'empêcher de regarder son mari, qui avait répondu:— Dame, elle [Albertine] va sur ses quatorze ans (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 355).
c) Être sur + subst. avec l'art. déf. ou le poss. Être sur le retour (d'âge). V. retour II A 1 c. Être sur le déclin. Il n'est aucune sorte de jeunesse vers laquelle un homme mûr, ou sur son déclin, puisse se retourner avec autant d'approbation heureuse, que celle qu'il passa dans les stades (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 229).
B. — [Sur signifie que le procès que désigne le verbe est lié à l'acte ou à la circonstance que désigne le compl.]
1. [Le compl. désigne une circonstance qui précède immédiatement le procès, qui en est comme le signal] Se séparer sur un baiser. Oui (...) sa conduite est injustifiable, comme elle est inqualifiable. Sur ce bon mot, le député de la Seine continua son chemin sans vouloir entendre une syllabe de plus (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 99). Des heures durant, se succédaient les scènes pathétiques et alarmantes. On se quittait sur des sommations, faute que nous ayons cédé (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 141).
♦ Sur ce. Après ce qui a été dit, après ce qui s'est passé. Je m'entends ... sur ce, Mlle Receveur s'arrêta, apparemment effrayée de la grosseur de la médisance (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 47).
♦ Sur quoi. Même sens. Nous avons tellement regretté d'avoir manqué votre visite, l'autre jour (...) à l'ambassade! Nous étions allés chasser en Asie. Sur quoi, silence. La politesse est satisfaite (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 63).
— À la suite de. Se quitter sur un malentendu. Jef: Sois heureuse avec ton petit jeune homme. Mais tu me regretteras vite, c'est moi qui te le dis ... Marceline: Tu vas me laisser partir sur cette histoire idiote? (ACHARD, J. de la lune, 1929, III, 4, p. 29).
— [Après s'achever, finir, se terminer, sur est en concurrence avec par] Le récit de Pluvinage s'achevait sur ces phrases confuses (NIZAN, Conspir., 1938, p. 243). Le déjeuner se terminait sur l'infusion rituelle (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 156).
— Attraper, prendre une personne sur le fait. Pendant qu'elle agit. Saisie sur le fait, elle nie, les paupières baissées, le visage pincé (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 83).
2. [Marque la répétition rapide, l'enchaînement; type faire bêtise sur bêtise] On va faire flambée sur flambée. Au matin, je veux qu'il y ait ici dedans un tas de cendres, de quoi remplir une brouette (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1282).
♦ Coup sur coup, loc. adv. À la suite. Sarah s'était amusée à lui faire boire coup sur coup six coupes de champagne (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1013).
3. Sur ces entrefaites, loc. adv.
C. — [Sur marque qu'il y a relation de cause à effet entre l'action que désigne le compl. et le procès que désigne le verbe]
1. [Le subst. désigne un fait] Toutes les plaques [d'un camion blindé] jouaient. Sur un coup de frein, le tintamarre cessa (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 251).
2. [Le subst. désigne une demande, une incitation, un ordre, une prise de position (dans cet empl., sur est parfois en concurrence avec à)] Faire qqc. sur les conseils, sur l'invite, sur les instances, sur l'ordre, sur la prière, sur la proposition, sur la requête de qqn. Sur le désir de Madeleine, il y eut une messe à Saint-Sulpice (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 302):
• 4. Songez-y! Sur un simple appel lancé par nos chefs, le même jour, à la même heure, partout à la fois, la vie du pays peut s'arrêter, bloquée net!...
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 497.
— [Dans la lang. juridico-admin., le subst. peut ne pas être actualisé] Agir sur ordre; catalogue sur demande; bal sur invitation; nomination sur proposition du Premier Ministre. On obtint, sur requête, un jugement pour pouvoir vendre dans les lieux mêmes (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 611). Le cœur ne fournit pas de la compassion sur commande (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1116).
3. [Le subst. désigne un geste manifestant une incitation] Sur un signe, elle s'approche. L'œil au guet, ils [les bookmakers] inscrivaient des paris, sur un geste, sur un clignement de paupières, si rapidement, que des curieux, béants, les regardaient sans comprendre (ZOLA, Nana, 1880, p. 1394).
IV. — Au fig., domaine notionnel. [Avec idée de subordination, de dépendance]
A. — [Le compl. désigne le support abstr., ce sur quoi on s'appuie, on se fonde]
1. [Le compl. désigne une réalité qui sert de réf.]
a) [Il désigne la mesure d'une grandeur]
— [Une longueur] Qqc. s'étend sur une distance, une largeur, une longueur, une profondeur de tant. L'équipe, conduite par son chef, avait entamé le champ de lin. Elle l'attaquait de front, sur toute la largeur (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 29).
♦ [Le compl. peut exprimer directement la quantité] Le cycliste a été traîné sur dix mètres. D'immenses vergers se déroulent sur des centaines de kilomètres (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 23).
— [Il exprime la mesure d'une durée] La peinture de la société s'étale sur une durée plus ample (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. IX). Certaines ruptures s'étirèrent sur des années, provoquées insensiblement par l'usure du temps (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 95).
b) [Sur exprime le rapport entre la longueur et la largeur d'un quadrilatère] Cette pièce mesure, fait trois mètres sur cinq.
c) [Sur exprime le nombre qui sert de réf. pour l'établissement d'une proportion] Avoir une chance sur deux de s'en sortir; les devoirs sont notés sur vingt. Je tire fort bien, je casse neuf poupées sur douze (STENDHAL, Souv. égotisme, 1832, p. 114).
— Dans la lang. des transmissions. Recevoir un message cinq sur cinq. Le vocabulaire militaire, s'il s'installe, risque de nous conduire à ceci:— Tu m'aimes? — Affirmatif. — Comment? — Cinq sur cinq (Le Monde, 30 janv. 1991, p. 9, col. 4-5).
d) [Le compl. désigne la pers. ou le mobile par rapport auquel s'évalue la position d'une autre pers., d'un autre mobile] Gagner, perdre du terrain sur qqn; avoir vingt mètres d'avance, de retard sur qqn. Me voilà donc en train de courser le gamin qui avait bien cent mètres d'avance sur moi (AYMÉ, Jument, 1933, p. 57).
— [Le compl. désigne un événement ou sa prévision] Être en avance, en retard sur l'horaire, sur le planning. Il aurait fallu (...) redescendre rapidement, gagner à force sur la menace du gros temps (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 221).
e) [Le compl. désigne une caution] Prêter sur gages, sur hypothèque. V. prêter I A 1 ex. de Aymé.
— [Il désigne une caution mor.] Jurer sur la tête de sa mère, sur la Bible; faire une déclaration sur l'honneur. Elle avait juré sur le Saint-Sacrement; elle n'était pas assez philosophe pour se dédire, pas assez pieuse pour se résigner (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 141).
f) [Le compl. désigne l'événement aléatoire qui sert de base à un pari] Miser, parier sur tel cheval. P. ext. Spéculer sur une valeur, compter sur qqn. Au fig. Vous avez tiré une traite sur l'avenir, une traite à très longue échéance (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 273).
g) [Le compl. désigne un revenu ou des ressources dont une proportion est prélevée] Pratiquer une retenue sur un salaire; prélever une somme sur la recette, sur un compte bancaire. [Clou] se mit à boire, buvant à crédit sur la somme qu'il devait retirer à la fin de la saison (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 40). Il fallait vivre sur les réserves de l'été (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 100).
— [P. méton. du compl.] Vivre sur qqn. Son pâtissier s'était montré assez mufle pour la menacer de la vendre, lorsqu'elle l'avait quitté; oui, des hommes vivaient sur leurs maîtresses avec ce truc-là (ZOLA, Nana, 1880, p. 1315).
2. [Le compl. désigne un modèle]
a) [Le compl. désigne un princ. d'organ.] S'aligner sur le premier de la file, sur la politique américaine; émettre sur ondes courtes; se faire faire un costume sur mesure; faire paraître un journal sur huit pages; régler son pas sur celui de qqn, sa montre sur l'heure de la télé; se ranger sur plusieurs files; se mettre sur les rangs.
b) [Le compl. désigne une forme prédéterminée en fonction de laquelle s'exécute le procès] Brailler sur l'air des lampions; parler sur un mode ironique; vivre sur un rythme fou; répondre sur un ton amer, enjoué. La voix très enrouée chantait une psalmodie sur quatre notes (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 128). Nous commençons à répéter la tragédie de 89, d'accord, sur le mode comique (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 60).
c) [Le compl. désigne un type de conduite codifiée] Être/se mettre sur la défensive, sur ses gardes, sur le pied de guerre, sur le qui-vive. Malartic se releva; mais, avant qu'il se fût remis sur la défensive, Sigognac lui fit sauter la rapière de la main (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 409). Ton silence et cette condescendance provisoire où tu t'enfermes me mettent sur mes gardes (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 256).
3. a) [Le compl. désigne le fondement d'un raisonnement ou d'un comportement] Qqn s'appuie, se base, se fonde sur qqc. pour dire, affirmer, conclure que...; l'argumentation, la démonstration, le raisonnement de qqn s'appuie, se base, se fonde, repose sur...; croire qqn sur sa bonne mine; juger qqn sur les apparences. On aime sur un sourire, sur un regard, sur une épaule. Cela suffit; alors, dans les longues heures d'espérance ou de tristesse, on fabrique une personne, on compose un caractère (PROUST, Fugit., 1922, p. 531). Vous me direz que ce soupçon ne tient pas debout du point de vue du romancier, puisqu'enfin cela revient à juger l'homme sur sa mine et son cœur sur ses signes extérieurs de vertu, ce qui manque de sérieux (NIZAN, Conspir., 1938, p. 176).
b) [Le compl. désigne une opinion dont la vérité n'est pas garantie] Je l'ai fait sur la foi de ce qu'on m'a dit. Dimitri est arrêté avec son ami, sur un simple soupçon. Il ignorait tout du complot (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 79).
B. — [Le compl. désigne l'être ou l'obj. dominé, subordonné, dépendant (comme est dominé l'obj. sur lequel s'exerce la pesanteur, la pression, le recouvrement ou bien comme est dépendant l'obj. en direction duquel s'exerce l'action)]
1. [Le suj. désigne une pers.; le compl. désigne une pers. ou une collectivité, leur sensibilité mor. ou intellectuelle]
a) [Le compl. désigne la pers. ou la collectivité soumise à une activité ou une tutelle] Régner sur un pays, sur un peuple; veiller sur qqn; exercer son autorité, sa domination, son pouvoir sur; avoir la haute main sur. Le commissaire et ses agents avaient la haute main sur la ville (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 249).
b) [Le compl. désigne une pers. subissant un ascendant, une domination, une infl.] Prendre l'avantage, le dessus sur; obtenir la victoire sur; avoir de l'ascendant, une emprise sur; exercer une fascination sur qqn, sur l'esprit de qqn. Saint-Avit avait voulu prendre barre sur nous (BENOIT, Atlant., 1919, p. 32). Lacordaire (...) l'emportait sur moi aux échecs (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 384).
2. [Le suj. désigne une cause]
a) [Le compl. désigne une pers.] Agir, influer sur qqn, sur l'esprit de qqn; produire un effet, une forte impression sur qqn, sur l'esprit, la sensibilité de qqn. Elle admirait naïvement la beauté de la jeune comédienne. Ce doux visage exerçait une séduction sur elle, qui n'avait vu jusqu'alors que des mines hagardes et féroces (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 386).
— Dans des loc. fig. Taper sur les nerfs de qqn. V. nerf A 2. Taper sur le système (fam.). Au mois de mars, il est revenu un coup de pluie, le ciel était lourd à subir, il tape quand même sur le système, à la fin, au bout des mois qu'il vous écrase (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 296).
b) [Le compl. désigne une chose] L'acide agit sur le cuivre. Point d'acides, rien de fort ni de pesant: ces choses agissent sur la digestion, qui réagit sur le système nerveux (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 262). Les électrons agissent donc les uns sur les autres, mais cette action n'est pas directe (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 190).
C. — [Sur introd. le régime d'un verbe exprimant une activité intellectuelle ou un jugement]
1. [Le compl. est en corrél. avec le signifié du verbe]
a) [Le verbe n'admet pas de compl. d'obj. dir. désignant un destinataire] Discuter, disputer, disserter, enquêter, épiloguer, méditer, raisonner, réfléchir, rêver sur qqc. Empl. pronom. S'expliquer, s'exprimer, s'extasier, se prononcer, se taire sur qqc. Je regardai mon professeur qui insistait sur l'importance qu'il y avait à bien distinguer les trois voix des verbes grecs (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 387).
— [Le verbe est à la forme pronom. réciproque] S'accorder, s'entendre sur. Les femmes se comprennent sur une quantité de petites choses (CHARDONNE, Épithal., 1929, p. 176).
b) [Le verbe est soit à la forme pronom., soit constr. avec un compl. d'obj. dir. désignant le destinataire] S'informer/informer qqn sur; s'interroger/interroger qqn sur; se renseigner/renseigner qqn sur; se tromper/tromper qqn sur.
c) [Le verbe est à la forme active et constr. avec un compl. d'obj. dir. désignant le destinataire] Consulter, questionner qqn sur. Le prince (...) m'entreprit immédiatement sur Racine (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 90).
2. [Le compl. est en corrél. avec le compl. d'obj. dir. du verbe, celui-ci n'ayant par lui-même qu'une fonction de support: exprimer, donner, écrire son avis sur la question; ce subst. a une autonomie comparable à un subst. déverbal et peut constituer le noyau d'une phrase en conservant son compl.: son avis sur la question m'importe beaucoup] Attirer, fixer l'attention de qqn/son attention sur; avoir une conversation, lancer la conversation sur; demander, obtenir des éclaircissements, des détails sur; avoir une/mettre la discussion sur; n'avoir aucun doute, avoir des doutes sur; avoir des idées, son idée sur; avoir, se faire des illusions sur, être sans illusions sur; avoir, donner son opinion sur; avoir, tenir des propos désabusés, sévères sur; poser une/des question(s) sur; mener une recherche, faire des recherches sur; faire une/des réflexion(s) sur; connaître, rechercher, vouloir la vérité sur.
— [Le subst. désigne des productions intellectuelles] Écrire, publier un essai, un article, un livre, un pamphlet, des pages sublimes sur. Je ne connais pas sur cette époque de plus joli livre (MORAND, New-York, 1930, p. 114).
— [Dans des titres, pour indiquer le sujet traité] Essai sur les mœurs (Voltaire), Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (Montesquieu), Essai sur les données immédiates de la conscience (Bergson), etc.
REM. Sur-le-champ, loc. adv. [Corresp. à supra III A 1 b ] Immédiatement. V. champ1 III ex. de Erckm.-Chatr. et de Ponson du Terr.
Prononc. et Orth.:[]. Féraud relève l'omission de r devant cons., su la table ,,dans la conversation``, et ,,la substitution d'un z à r devant une voyelle, suz une table`` (FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 3 1788), le 1er demeurant actuel, quoique moins bien toléré (v. NYROP Phonét. 1951, p. 43). Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. sûr, -e, sur, -e, (ils) surent (forme de savoir1). Étymol. et Hist. I. Sens abstr. A. désigne son régime comme signifiant quelque chose d'inférieur, de dominé 1. 881 (Ste Eulalie, 12 ds HENRY Chrestomathie, p. 3: Maximiien, Chi rex eret a cels dis soure pagiens); 1394, 17 mars sur (Arch. Côte d'Or, E 759 ds Mém. Ac. Dijon, 3e série, t. 7, p. 161: lez seignourie et justice [...] sur tuittes lez ville, finaige et territoire); 2. ca 1050 « plus que » (St Alexis, éd. Chr. Storey, 18: Sur tuz ses pers l'amat li emperere); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1617: Sur tute gent est la tue hardie). B. Le compl. introd. le n. de la pers. ou de la chose qui subit l'action 1. ca 1100 aux dépens d'une pers. (ibid., 721: Entre ses poinz teneit sa hanste fraisnine. Guenes li quens l'ad sur lui saisie); ca 1130 (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 479: Sur els n'ert terre conquestee); ca 1165 (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1556-57: Que plus doit on celui amer Sor cui l'an ne peut rien clamer Que celui sor cui on a droit); 1387, 19 déc. spéc. de contribuables (ds Choix de pièces [...] Charles VI, éd. L. Douët d'Arcq, XLII, t. 1, p. 85: la somme de [...] vous imposez hastivement sur tous les habitans); 2. 1206, avr. Tournai, aux dépens d'un bien imposable (ap. M. GYSSELING ds Scriptorium t. 3 1949, p. 196: rente [...] sour se maison). C. Le compl. désigne ce qui sert de base, de fondement, de référence 1. notion de garantie a) ca 1130 dans un serment [à l'orig., en raison du geste de la main posée sur la Bible ou sur des reliques] (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke,10, p. 9a: jurra sur seinz que); ca 1165 jurer sur toz les Deus (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 1430 ds T.-L.); b) ca 1150 caution morale sur sa foi (WACE, St Nicolas, 734, ibid.); 1160-74 caution matérielle (ID., Rou, éd. A. J. Holden, III, 9678: VI mile [...] mars [...] li livra Sor la terre qu'il li bailla); 1393, 17 mars sur (Arch. Côte d'Or, E 759, op. cit., p. 160: dote [...] sur son chastel); 2. a) 1176 « relativement à, à propos de » plorer sur [aucun] (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 2102-2103); b) 1306 sermon sur les gens de religion (JOINVILLE, St Louis, éd. N. L. Corbett, 657, p. 221); 3. ca 1245 notion de modèle « en se fondant sur, d'après » sour les laitres de l'ABC (PHILIPPE MOUSKET, Chron., 3687 ds T.-L.); XIIIe s. (Chans. à la Vierge ds Arch. St. n. Spr. t. 43 1868, p. 244: Ke sor un chant ki jaidis Soloit estre mult öis Chantaisse). D. Valeur temp. [issue de celle de proximité spatiale, cf. II A 2] 1. fin XIIIe s. approximation sor l'ajorner (GAUTIER D'ARRAS, Ille et Galeron, éd. A. G. Cowper, 1116, var. P); 2. a) ca 1195 proximité, imminence (AMBROISE, Guerre sainte, 5289 ds T.-L.: Li reis [...] iert sor eire); mil. XIIIe s. (JEAN DE THUIN, Jules César, 92, 11, ibid.: li blet estoient sour le mëurer par les chans); ca 1260 (Récits Menestrel de Reims, 22, ibid.: estoit sor l'aage de vint ans); b) 1269-78 prendre [sa fame] provee seur l'euvre « la surprendre en flagrant délit » (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 14160); c) 1568 « immédiatement après » (GABR. MEURIER, Rec. de Sentences, Anvers ds GDF.: Sur poyre vin boire). II. Marque une position plus élevée d'un objet par rapport à un autre A. 1. 937-952 l'objet désigné par le compl. est sans contact avec celui situé au-dessus de lui (Jonas, éd. G. de Poerck, 145: et praparavit Dominus un edre sore sen cheve [de Jonas]); fin XIIe s. (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 102, 13: Li ciel furent auvert sor luy [le Christ] et li sainz esperiz dexendit en luy); 2. ca 1100 p. ext. id., la notion de proximité se substituant à celle de position supérieure (Roland, 2758: Il jut anuit [Carles] sur cel'ewe de Sebre [Ebre]; 1583: Envres sur le Rosne [topon. non identifié]); 1174-76 (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 4632: Duvre sur mer); 1306 sur (JOINVILLE, op. cit.,230, p. 130); avec un régime de sens temp., sor indique la proximité d'un moment, v. supra I D. B. L'objet désigné par le compl. est en contact avec son support 1. a) 2e moit. Xe s. l'objet désigné est la partie du corps grâce à laquelle on prend appui (St Léger, éd. J. Linskill, 165: super [latinisme] lis piez ne pod ester; 230: Lo corps estera sobre.ls [provençalisme] piez); b) fin Xe s. l'objet désigné en porte ou soutient un autre, ici, les deux objets sont de même nature (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 64: Pedra ssubr'altre [provençalisme] non laiseront); ca 1050 (St Alexis, 246: il gist sur sa nate; 572: le posent a la terre [...] Seat jurz le tenent sor terre a podestet); ca 1100 (Roland, 1943: Li Marganices sist sur un ceval sor); 1306 sur (JOINVILLE, op. cit.,115, p. 106: sur une charrette); c) p. ext. l'objet désigné est en contact avec un autre sans être par rapport à lui dans une position élevée ) fin Xe s. (Passion, 107: Jesus [...] Sobre son peiz fez condurmir Sant Johan); ) ca 1179 (Renart, éd. M. Roques, 1983: Se dant Renart l'avoit [le brief] sor lui); ) ca 1210 « contre, le long de (une surface verticale) » (RAOUL DE HOUDENC, Meraugis, 5829 ds T.-L.: Onques [...] n'ot Clef sor celier ne sor despense); d) ca 1100 « sur la surface de (en parlant d'un signe tracé, marqué, imprimé) » (Roland, 2848: Sein Gabriel [...] Levet sa main, sur lui [Carle] fait sun signacle); 1130-40 (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 279 [mss MAT]: Lors fit signe de croix sor soi [ipsa consignavit corpus suum signaculo Christi]); ca 1590 sur la papier (en parlant d'un écrit) (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 593). C. Notion de mouvement vers un objet à atteindre a) fin Xe s. (Passion, 475: Spiritus Sanctus sobr'elz [les disciples] ched); ca 1050 (St Alexis, 264: Lur lavadures li getent sur la teste); b) fin Xe s. fig. (Passion, 240: Ensems crident tuit li Judeu: ,,Sobre nos sia toz li pechez``); ca 1050 (St Alexis, 463: Granz est li dols ki sor moi est vertiz); c) ca 1100 notion d'hostilité, d'agression (Roland, 3392: ,,Ferez, baron sur la gent chrestiene!``); 1174-76 (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, op. cit., 5574: Main sur vostre arcevesque metez a grant pechié). D. Le compl. désigne une direction 1. a) fin Xe s. avec un verbe de mouvement (Passion, 400: de gran pavor que sobl'elz vengre); ca 1050 (St Alexis, 316: Tuz s'en returnent sur dam Eufemïen); ca 1170 (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Bisclavret, 294: E tuz les hus sur lui ferma); b) ca 1135 id. cont. défavorable, notion d'hostilité (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 60: Peres de gloire, tu soies mercïé Qu'estranges rois n'est sor nos devalé); 1160-74 chevauchier sur aucun (WACE, Rou, III, 677); 2. ca 1100 sans mouvement (Roland, 1018: Guardet su destre); ca 1283 (Livre Roisin, éd. R. Monier, 66, p. 49: fenestres sour rue ou sour cauchie). Du lat. super dans son empl. de prép. régissant l'acc.: sens local « sur, au-dessus de » (avec ou sans mouvement; avec ou sans contact avec l'objet supporté: scuto super caput elato, TITE LIVE; « (domaine géographique) près de, le long de » (super flumen, TITE LIVE); fréq. à basse époque, v. BLAISE Lat. chrét.); sens temp. « pendant » (super cenam, QUINTE CURCE); sens abstr. « en plus de, outre; plus que » (super omnia « plus que tout » VIRGILE); à basse époque se développent les sens de « contre (notion d'hostilité) » (venerunt super me undique, ST JÉROME); de « au-dessus de (notion de supériorité, de domination) » (non est discipulus super magistrum, Matth. X, 24). Au sens de « au sujet de », super régit l'ablatif à l'époque class. (l'acc. également à basse époque) et semble surtout empl. avec scribere (super aliqua re scribere, CICÉRON); à basse époque, super connaît des empl. plus variés, BLAISE, loc. cit. Super est aussi empl. comme adv. aux sens de « par dessus; en plus, en outre », de là l'adv. a. fr. sore « dessus » (ca 1135 corre seure aucun « assaillir, attaquer » Couronnement de Louis, réd. AB, 2133; 1130-40 corre sore a aucun « accabler » WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1486). La forme sur relevée dep. le XIVe s. dans des textes où elle ne semble pas due à un traitement dial., se développe pendant la période du m. fr. et évince peu à peu les formes sovre, sour(e), sor(e); elle est prob. due à l'infl. de sus, FEW t. 12, p. 433b. Fréq. abs. littér. Sur: 342 468. Sur-le-champ: 1 373. Fréq. rel. littér. Sur: XIXe s.: a) 480 306, b) 510 653; XXe s.: a) 495 249, b) 475 170. Sur-le-champ: XIXe s.: a) 3 358, b) 2 865; XXe s.: a) 890, b) 901. Bbg. BOONS (J.-P.). Préliminaires à la classification des verbes locatifs... Ling Investig. 1985, t. IX, n° 2, pp. 195-267. — DERVILLEZ-BASTUJI (J.). Struct. des rel. spatiales dans qq. lang. naturelles. Thèse, Paris, 1979, pp. 92-99. — GARY-PRIEUR (M.-N.). Contribution à l'ét. de qq. règles sémantiques... Thèse, Paris, 1979, pp. 467-481. — GOUGENHEIM (G.). Syst. gramm. de la lang. fr. Paris, 1962, pp. 309-324. — GROSS (G.). Les Constr. converses en fr. Paris, 1989, pp. 286-288, passim. — GUILLET (A.). Prép. de lieu et verbes supports. R. québéc. Ling. 1983,t. 13, n° 2, pp. 59-93. — MEUNIER (A.). La Sém. locative de certaines struct. R. québéc. Ling. 1983, t. 13, n° 2, pp. 95-121. — POTTIER 1962, pp. 234-236. — SPANG-HANSSEN (E.). Les Prép. incolores du fr. mod. Copenhague, 1963, p. 227, 235, passim. — VANDELOISE (Claude). L'Espace en fr. Paris, 1986, pp. 100-102.
II.
⇒SUR, SURE, adj.
A. — 1. [En parlant de fruits, de plantes, de boissons] Acide, aigre. Pommes sures. Leurs lèvres! Vous gardez, en vos calices l'âcre saveur des bigarreaux et des grenades sures (MORÉAS, Syrtes, 1884, p. 25). Il y en a [des fruits] dont la chair malgré l'hiver demeure sure; de les avoir mordus les dents sont agacées (GIDE, Nourr. terr., 1897, p. 195).
♦ Herbes sures. Plantes du genre rumex. Charles ne me dissimulait point l'irritation que lui causait la vue de certains champs mal cultivés, d'espaces pris de genêts, de chardons, d'herbes sures (GIDE, Immor., 1902, p. 414).
2. [En parlant d'une odeur] Âcre, piquant. Elle voyait aussitôt les dalles noires et blanches du vestibule, l'escalier de pierre, la cretonne fleurie de sa chambre — elle respirait l'odeur fraîche, un peu sure, des couloirs aux volets toujours mi-clos, elle s'emparait de la maison tout entière (BERNANOS, Joie, 1929, p. 601).
B. — TECHNOL. Eau sure. Préparation d'eau et de farine qui a subi un commencement de fermentation, et d'où l'on a tiré l'amidon (d'apr. Ac. Compl. 1842). [Fourcroy et Vauquelin] identifient également avec l'acide acétique l'acide contenu dans les eaux sures des amidonniers (BERTHELOT, Orig. alchim., 1885, p. 45). Eau sure. Liquide acide dans lequel les chamoiseurs plongent les cuirs pour les amollir. (Dict. XIXe et XXe s.).
Rem. ,,Sur, dans le sens d'acide, est une locution picarde ou normande qui s'est introduite dans l'usage de Paris (...) avec maint autre barbarisme. On ne le lit dans aucun auteur considéré, si ce n'est dans Buffon`` (Ch. NODIER, Examen critique des dict. de la langue franç., 1829 ds ROB. 1985).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. sur (prép.), sûr (adj.), ils surent (forme de savoir). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 au fig. « amer (en parlant de l'amour) » (Eneas, 8004 ds T.-L.); ca 1175 « qui a un goût acide, légèrement aigre » (BENOÎT, Chronique ducs Normandie, 32594, ibid.); 2. 1675 eau sure (J. SAVARY, Le Parfait négociant, livre I, Paris, p. 112). De l'a. b. frq. sûr « acide, aigre »; cf. le m. néerl. suur, l'a. h. all. sûr, all. sauer « id. ».
1. sur [syʀ] prép.
ÉTYM. 1080; sovre, Xe; sore, 980; var. sore, seure, sobre, etc., en anc. franç.; la forme sur vient d'un croisement avec sus; du lat. super ou supra, de sens moins étendu; en concurrence, jusqu'au milieu du XVIIe, avec sus et dessus qui se sont alors spécialisés comme adv. (→ Sous, cit. 1). Ainsi Corneille corrige en 1660 « Peuvent dessus ton chef renverser l'entreprise » (Cinna, vers 30) par « Peuvent sur son auteur renverser l'entreprise ».
❖
———
I Marquant la position « en haut » par rapport à ce qui est « en bas », ou bien « en dehors » par rapport à ce qui est « en dedans ». — REM. Nombre d'expressions citées ci-dessous ont pris très tôt un sens figuré, traité à l'un des éléments (généralement signalé par l'astérisque).
1 (Devant un compl. désignant une surface ou une chose qui en porte ou en soutient une autre). || Poser, placer un objet sur une table (→ Briller, cit. 11; ensouple, cit.). || Il mit le cahier sur le pupitre (cit. 2) du piano. || Livres (cit. 6) rangés sur des tablettes. || La marmite bouillonnait sur le fourneau (cit. 5). || Madone (cit. 3) sur un piédestal. || Fonder (cit. 1) une construction sur du béton. || Sur des bases. || Fonder, établir qqch. sur… || S'appuyer, faire fond sur… || S'asseoir sur une chaise, un siège (→ Prendre, cit. 120). || Couché sur un lit (cit. 23). || À genoux sur les dalles (→ Mortifier, cit. 2). || Les pieds reposent sur le sol (→ Appui, cit. 1). || Le terrain sur lequel on a construit. ⇒ Où. || Sur la place, sur place. || Sur les lieux. || Sur une route (cit. 2), un chemin (cit. 20), le pont, le quai (→ Net, cit. 28), la plage (cit. 3). || Être sur le seuil, sur le pas de sa porte, et, par ext., sur sa porte. ☑ Être sur le pavé. || Dîners sur l'herbe (→ Invitation, cit. 2). || Sur les rives, les côtes… || « Qui se traînait sanglant sur le bord de la route » (→ Armée, cit. 7). || Marcher, passer sur qqch. ☑ Marcher sur les pas de…, revenir sur ses pas. || Locomotive (cit. 2) roulant sur les rails. || Flotter sur l'eau (→ 1. Mou, cit. 5). || Voyager sur la mer (→ Livret, cit. 2). || Sur la terre, sur terre et sur mer. — « Maître corbeau sur un arbre (cit. 6) perché ». || Grimper (cit. 1) sur l'impériale de la diligence. || Monter sur une luge (cit.), un chariot, une bicyclette… || Les passagers (cit. 1) montaient sur le bateau. || Galoper sur un cheval (→ Manoir, cit. 2).
1 L'opposition dans / en — sur est une opposition de sens : dans / en marquent l'intériorité, sur la superposition : dans l'eau s'oppose clairement à sur l'eau, dans une maison à sur une maison (…) Si le concept est considéré comme un contenant, on emploie dans / en; s'il est considéré comme une surface, on emploie sur (…)
G. Gougenheim, Système grammatical de la langue franç., p. 310.
2 La famille somnolait, répandue sur les divans de cuir et sur les chaises de paille (…) j'entendais son pas sur le gravier. Elle marchait mal, tordait ses hauts talons sur la terre durcie (…) Elle jouait à tenir le plus longtemps possible, sur la pierre brûlante, son bras nu.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, VIII.
♦ Un panama (cit.) sur la tête. || Le casque sur la tête. ⇒ En. || La pique, le fusil sur l'épaule (→ Démantibuler, cit. 1). || Marchand (cit. 4) qui porte un ballot sur son dos. || Un fardeau (cit. 16) sur ses épaules. || Ce qui pèse sur qqn. ☑ Avoir qqch. sur les bras, sur le cœur, sur l'estomac. — ☑ Loc. Prendre sur soi. — Prendre appui (cit. 1, 4 et 5) sur ses pieds, sur ses membres (→ Redressement, cit. 1). || Sauter sur ses pieds (→ Camper, cit. 9). || Sur pied, sur le pied… || Marcher (cit. 12) sur les mains. || Se tourner sur le flanc (cit. 1). || Sur son séant. || Dormir sur le dos.
3 Un énorme cheval brabançon… Sur ses pattes, comme une maison sur ses quatre murs.
Henri Michaux, La nuit remue, p. 28.
♦ (En parlant des personnes, avec l'idée de reposer sur…). ☑ Être sur les genoux. — ☑ Fig. Sur les dents.
♦ Spécialt (à propos d'objets de même nature superposés, entassés). ☑ Ne pas laisser pierre sur pierre. || On les enterra pêle-mêle, les uns sur les autres (→ Force, cit. 50). — ☑ Par exagér. Vivre les uns sur les autres, à l'étroit. — Par ext. (Marque l'accumulation, la répétition). || Entasser décrets sur décrets (→ Motion, cit. 1). || Recevoir (cit. 18) visite sur visite, des visites ininterrompues, successives et rapprochées. ☑ Coup sur coup (cit. 75 et 76). — REM. Cet emploi est proche du sens temporel II, 2. — (En parlant d'une chose unique). || Toile pliée en trois sur elle-même (→ Machiniste, cit. 2). — Fig. || Un secret repli sur nous-mêmes (→ Pitié, cit. 7).
4 Notre maison est si petite que nous sommes obligés de vivre un peu les uns sur les autres (…)
Gide, la Symphonie pastorale, I, 10 mars.
♦ Contre (une surface verticale). || Épingler une carte sur un mur (→ Progrès, cit. 1). || Portraits sur la paroi (→ Pastel, cit. 1). || Proclamation (cit. 2) affichée sur la mairie. — La clef est sur la porte. ⇒ Dans. — Un doigt sur les lèvres (→ Motus, cit. 2). ⇒ Contre. — Spécialt. || Sur soi : avec soi, sur le corps, dans sa poche… || Un carnet qu'il avait sur lui (cit. 61).
5 Ils ont vu tout cela de sur une éminence.
Corneille, la Suite du Menteur, III, 4.
b Vieilli ou littéraire :
6 Je rentrai dans l'appartement délaissé. J'enlevai le linge de sur les meubles (…)
Gide, les Nourritures terrestres, IV, I.
7 Il a levé le nez de sur sa besogne et l'a pu contempler enfin de haut (…)
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, IX.
♦ S'étendre sur… : couvrir (telle distance). || Sur huit mètres de longueur (→ 2. Intestin, cit.). || Sur telle longueur d'onde. || Tissu de 4 mètres de long sur 1 m 40 de large. || Localisé (cit. 2) sur un espace étroit. || Laisser sur son passage.
8 (…) tout le monde sait qu'une route qui monte de deux mètres sur une longueur moindre (qu'un kilomètre) donne plus de peine au cheval, mais qu'il tire alors moins longtemps (…)
Alain, Propos, 16 avr. 1911, « Pourquoi le couteau coupe-t-il ? »
2 (V. 1440). Avec l'idée de mouvement, devant un compl. désignant une surface ou une chose atteinte ou modifiée par qqch., par une action. || Frapper sur qqn, sur qqch. || Peser, presser sur. || Appuyer sur un bouton. — Par anal. || Tirer sur… — Coup sur la tête. || Le marteau sonnait sur l'enclume (→ Forgeron, cit.). || Mettre, porter la main sur… ☑ Faire main basse sur… || Verser, répandre un liquide sur… (→ Lustral, cit. 2; masse, cit. 3). || Une goutte de cire tomba sur son doigt (→ Lumignon, cit. 1). || Tomber, retomber sur… || « Ô bruit doux de la pluie (cit. 1) Par terre et sur les toits ! »
♦ Jeter, renvoyer la lumière sur… (→ 1. Feu, cit. 59; globe, cit. 12; plafond, cit. 3). || Images projetées sur l'écran.
♦ (Sans contact réel). || Se découper (cit. 7), se profiler (cit. 1), dessiner (cit. 5) sa silhouette sur un fond.
9 L'homme, fantôme errant, passe, sans laisser même
Son ombre sur le mur !
Hugo, les Feuilles d'automne, XIV.
♦ (Emplois abstraits). || Jeter un sort, un maléfice (cit. 4), la faute (cit. 35) sur qqn. || Avoir prise (cit. 16) sur… || Essayer sur ses patients des préparations (cit. 2) compliquées. || Agir, influer sur…
♦ Spécialt. || Écrire, inscrire, graver… sur un registre, sur la pierre… (→ Après, cit. 4; blanc, cit. 28; pâque, cit. 2). || Jeter qqch. sur le papier (→ Fleurir, cit. 26). || Coucher qqn sur son testament (→ Mâtin, cit. 1). || « Les rides sur son front ont gravé ses exploits » (cit. 2). || Cette formation (cit. 5) avait marqué sur lui. || Ce qui est indiqué sur la carte (→ Littoral, cit.). || Vérifier sur la carte (→ Marge, cit. 4). — Fam. || C'est sur le journal (cit. 14). ⇒ Dans. — Exemplaire sur hollande, dont le texte est imprimé sur hollande (→ Manuscrit, cit. 2). — ☑ Doré sur tranche. — Peindre sur la toile. || Un double motif sur fond jaunâtre (→ Quinconce, cit. 2). — Fig. || « Un mortel (cit. 8) désespoir sur son visage est peint » (→ aussi Aridité, cit. 3). || Faire naître le bonheur sur un beau visage (→ Importer, cit. 5).
♦ Spécialt. En enlevant, en ôtant à (ce qui subit l'action). || Un parasite vivant sur l'homme (→ Maladie, cit. 2). ⇒ Dépens (aux). || Vivre sur ses réserves. || Économiser sur… || Prélever qqch. sur… || C'était toujours ça de pris (cit. 24) sur l'ennemi. || Empiéter, mordre sur… || Impôts, droits, taxes sur… — Par ext. (Marquant une proportion). || Sur quinze servants d'une pièce (cit. 17), dix tombent (→ aussi Méthode, cit. 4). || Un jour sur deux. || Une fois sur mille. || Un cas sur cent. ⇒ Parmi. — Donner la note quatre sur dix (→ Faible, cit. 14).
10 Une fois marié, il vécut deux ou trois ans sur la fortune de sa femme, dînant bien, se levant tard, fumant dans de grandes pipes en porcelaine, ne rentrant le soir qu'après le spectacle et fréquentant les cafés.
Flaubert, Mme Bovary, I, I.
11 (…) sur onze compagnons qu'ils étaient et qui ne s'étaient jamais quittés depuis un an et demi, il ne reste que trois hommes avec le caporal Marchal.
H. Barbusse, le Feu, I, III.
3 (Devant un compl. désignant une chose qui est dominée par une autre sans être en contact avec elle, le verbe impliquant cette valeur). ⇒ Dessus (au-dessus de). || Les nuages qui passent sur nos têtes (→ Menace, cit. 1). — Fig. || Le découragement qui ne cessait de planer sur lui (→ Irascible, cit.). || Les ponts sur la Moselle (→ Incident, cit. 6). || Lever (cit. 1) le marteau sur l'enclume. || Manger (cit. 20) la tête baissée sur son assiette. || Se pencher (cit. 12) sur…
12 Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse
Sous nos pieds, sur nos fronts, puisque c'est votre loi (…)
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, Maison du berger, III.
♦ Par ext. (Dans des noms de lieux; de l'idée de position supérieure à celle de voisinage immédiat). ⇒ Près (→ Inclination, cit. 11; mosaïque, cit. 1). || Bar-sur-Aube. || Boulogne-sur-Mer.
4 (Le compl. désignant une direction). || Sur votre droite. ⇒ À. || Sur le côté, sur leur flanc (cit. 13). || Donner (cit. 68), s'ouvrir (cit. 32) sur… || Avoir la vue sur la mer. || La pièce prend jour (cit. 11) sur une courette. ⇒ Côté (du côté de). ☑ Avoir pignon sur rue. || Diriger (cit. 7), tourner, fixer (cit. 9) les yeux, le regard sur… || Loucher (cit. 6) sur le buffet. || Braquer sa lorgnette (cit. 1), sa lunette (cit. 4) sur… || Attirer (cit. 35), concentrer (cit. 1) sur soi… — Tirer sur qqn (→ Quarteron, cit. 2; rater, cit. 1).
13 Trois pièces et la cuisine : sur le devant, la chambre de Madame et Monsieur, et la salle à manger, et sur le derrière, la chambre de Gaston et la cuisine (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, II.
♦ Avoir un chapeau, un béret sur l'œil, dont le bord, l'extrémité se rapproche de l'œil (quasi syn. : sur le côté). — Sur l'œil (en fonction d'adjectif) :
13.1 Le plus bavard était un petit homme à épaules avec une grasse figure de faux dur et un chapeau vert-bouteille très sur l'œil.
M. Aymé, le Vin de Paris, « L'indifférent », p. 9.
♦ (Avec un verbe de mouvement). ⇒ Vers. || Une voiture qui va sur Beaumont (→ Flambant, cit. 14). || Fondre (cit. 21 à 23), foncer (cit. 2 et 4), se jeter, se précipiter, se ruer, courir sur… (→ Presse, cit. 4). || Être porté sur… || Elle ferma (cit. 3) la porte sur elle. || Le panneau (cit. 7) se referma sur eux. — Par métaphore. || Elle allait, elle marchait (cit. 21) sur ses vingt ans : elle allait bientôt avoir vingt ans.
14 — C'est votre petit-fils ?
— C'est le petit de ma nièce. Il va sur ses quatre ans.
Sartre, le Sursis, p. 38.
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II (Abstrait).
1 a (Avec un compl. désignant ce qui sert de base, de fondement). ⇒ Cause (à cause de), considération (en considération de), raison (en raison de). || Juger les gens (cit. 23) sur la mine, sur les apparences. ⇒ Après (d'après). || Il prenait souvent la mouche (cit. 8) sur rien. ⇒ Pour (→ aussi Formaliser, cit. 1). || Condamner sur un mot (→ Entendre, cit. 62). || Sur le conseil, la proposition, le rapport (cit. 1), la recommandation de qqn (→ Information, cit. 2; inviolable, cit. 6). || Sur un signe, sur un geste (→ 2. Manille, cit.; pari, cit. 6). — Vx. || Sur le prétexte (cit. 5). ⇒ Sous. || Sur ce que… : parce que, de ce que.
15 Je ne m'abaisserai jamais à parler de mon courage, dit froidement Julien, c'est une bassesse. Que le monde juge sur les faits.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXI.
16 Je la connaissais trop pour me rassurer sur ce qu'elle n'avait rien manifesté (…)
F. Mauriac, la Pharisienne, VI.
b (Avec l'idée de garantie. Cf. S'appuyer, se reposer sur…). || Compter sur qqn, sur qqch. (→ Flanquer, cit. 2; reconnaissance, cit. 18). — Vx. || « Sur l'équité (cit. 13) des dieux osons nous confier ». || Jurer (cit. 6) sur… ☑ Attester, assurer, jurer sur son honneur. || Être cru sur parole (→ Humeur, cit. 33). || Je ne le raterai (cit. 12) pas, sur ma parole. — Vx. || Sur peine de… ⇒ Peine (infra cit. 6). — (Garantie matérielle). || Prêter sur nantissement (cit. 1). || Prêteur sur gages. || Rentes sur l'État.
17 Noter toutefois qu'on jure sur l'Évangile (on pose la main dessus); d'où : jurer sur la tête de son père.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 413, note 1.
18 Sur votre tête ! sur ma tête ! sur mes yeux ! sur ceux de ma mère, de mon père et de mon grand-père ! Par le livre de Dieu, par le Prophète et tous ses prédécesseurs (que le salut soit sur eux et la bénédiction !) je ne vous dis que la vérité pure !
A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques, p. 152.
c (Avec l'idée de conformité, d'étalon, de modèle). ⇒ Après (d'après), conformément (à…). || Se régler sur… || Habit de gala (cit. 3) taillé sur ce patron. ☑ Sur mesure. || Rebâtir sur un plan différent (→ Loger, cit. 13). — Sur le modèle de… || Prendre exemple sur qqn. — Vx. || Sur l'exemple de…
19 Apprends sur mon exemple à vaincre ta colère (…)
Corneille, Cinna, V, 3.
d Relativement à (une matière, un sujet, un propos). ⇒ De, propos (à propos de), quant (à…), sujet (au sujet de). || Apprendre qqch. sur qqn (→ Bribe, cit. 6). || Voilà ce que j'avais à dire (cit. 11) sur cet article. || Réfléchir sur… || Être fixé (cit. 19) sur ce qui lui revient. || S'expliquer (cit. 26), s'exprimer sur le fond (cit. 56). || Très fort (cit. 11) sur la manœuvre. || Gémir (cit. 7) sur ses malheurs. || Ne se faire d'illusion (cit. 28) ni sur les hommes, ni sur les choses. || Motion (cit. 2) sur la grève. || Un débat sur les questions en litige (cit. 2). || Des vers sur le clair de lune (cit. 6). || Sur cette matière, sur ce sujet, sur ce point. ⇒ Dessus (là-dessus, supra cit. 12). || Questionner, interroger qqn sur qqch., sur qqn. — REM. La préposition sur apparaît dans de très nombreux titres d'ouvrages : Essai, Pensées, Réflexions, Propos sur… Sur Racine, essai de R. Barthes.
20 Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,
Sur ce qu'il est et sur ce que nous sommes.
Hugo, les Contemplations, I, I.
♦ Spécialt (pour désigner le sujet d'une occupation). || Je suis sur ce travail depuis une semaine. ⇒ Occuper (s'). || La direction a mis deux ingénieurs sur cette étude.
20.1 Je t'ai dit, n'est-ce pas, que j'étais sur une grosse affaire depuis quelque temps ?
Sacha Guitry, Ils étaient 9 célibataires, p. 47.
2 (Valeur temporelle). Immédiatement après, à la suite de… ☑ Sur le coup (cit. 77), sur le moment, sur l'heure (cit. 90). ☑ Sur le champ (du sens spatial « sur le champ même, sur place »). ☑ Sur ces entrefaites. ☑ Être pris sur le fait. ☑ Sur ce, sur quoi. ⇒ Dessus (là-), conséquence (en).
21 Sur ce, nous allons vous laisser coucher…
Huysmans, Là-bas, V.
22 Ce jour-là, ils se séparèrent sur une poignée de main assez froide.
F. Mauriac, la Pharisienne, VI.
22.1 Yvonne souriait droit devant elle, déjà pas mal ivre et ravie à l'idée de boire de la bière sur de la bénédictine (…)
R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 104.
♦ Spécialt. || Sur sa question, sur sa demande, je lui ai dit…, en réponse à.
22.2 Sur question, je lui ai répondu qu'à Paris le ticket s'achète deux cents francs.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 88.
♦ (Approximation temporelle). ⇒ Environ, vers. || Sur le minuit (cit. 1). || Sur les onze heures. || Sur le soir. || Sur la fin de… (→ Maturité, cit. 4). ☑ Sur le tard (→ Fanon, cit. 4). ☑ Sur le retour. || Être sur son départ, près de partir. — ☑ Sur le point de…
23 Enfin, sur les trois heures, le ciel étant lavé (…) j'entendis parmi l'égouttement des feuilles et le débordement des ruisseaux gonflés les sonnailles de la mule (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Les étoiles ».
3 (Pour marquer une supériorité). || L'emporter sur… || Avoir, remporter l'avantage sur… || Enchérir, renchérir sur… || Progrès sur… || Sur toute chose, avant tout, par-dessus tout. ⇒ Surtout (→ Prendre, cit. 76). — Vx. || « Beaux, bien faits, et jolis sur tous leurs compagnons » (La Fontaine, V, 18), plus que tous leurs compagnons.
24 Sur tous les animaux enfants du Créateur,
J'ai le don de penser, et je sais que je pense.
La Fontaine, Fables, IX, 20.
25 Et puis, sur toutes les saisons, celle-ci lui plaisait; car, alors, la nature le pénétrait plus avant…
A. de Chateaubriant, M. des Lourdines, II, p. 20.
♦ (Avec une idée de domination, d'autorité). || Commander (cit. 20), régner sur… || Veiller sur… || Pouvoir (cit. 7 et 8), empire (cit. 6 et 7), ascendant (cit. 8)… qu'on a sur qqn. || Avoir des droits sur quelque chose.
4 (Dans des locutions marquant un état, une situation, une manière). || Rester, se tenir sur la défensive. ☑ Être sur ses gardes, sur le qui-vive. ☑ Rester sur son quant-à-soi. ☑ Sur son trente-et-un (→ Mariage, cit. 22). — Sur ce ton. || Sur le mode ironique. || « Tout en chantant sur le mode mineur… » (cit. 2, Verlaine).
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CONTR. Dessous (au-dessous de), sous.
COMP. V. préf. Sur-.
HOM. 2. Sur, sûr.
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2. sur, sure [syʀ] adj.
ÉTYM. 1160; mot régional répandu au XIXe; francique sur; cf. all. Sauer.
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♦ Qui a un goût acide, légèrement aigre. ⇒ Acide, aigrelet. || Un peu sur. ⇒ Suret. || Pommes sures. || Soupe qui devient sure. ⇒ Surir.
0 Sur, dans le sens d'acide, est une locution picarde ou normande qui s'est introduite dans l'usage de Paris (…) avec maint autre barbarisme. On ne le lit dans aucun auteur considéré, si ce n'est dans Buffon (…)
Charles Nodier, Examen critique des dict. de la langue franç., « Sur » (1829).
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CONTR. Doux.
DÉR. Suret, surin, surir.
HOM. 1. Sur, sûr.
Encyclopédie Universelle. 2012.