1. rue [ ry ] n. f.
1 ♦ Voie bordée, au moins en partie, de maisons, dans une agglomération. ⇒ artère. Rue large. ⇒ avenue, boulevard. La rue principale d'une ville, grand'rue ou grand-rue. ⇒ grand (III). Petite rue. ⇒ passage, ruelle, venelle. Rue sans issue. ⇒ cul-de-sac, impasse. Rue barrée. Rue plantée d'arbres, servant de promenade. ⇒ cours, mail. Rue piétonne. Rue pavée. Rue au bord de l'eau. ⇒ quai. Croisement de rues. ⇒ carrefour. Au coin de la rue. La chaussée, les caniveaux et les trottoirs d'une rue. Nom, plaque de rue. Rue Gambetta; rue du Commerce. Débaptiser une rue. — Rue déserte. Rue animée, passante, commerçante. Rue chaude. Marcher, se promener dans les rues, (littér.) par les rues. Prendre une rue, prendre par une rue. Traverser la rue. Rue à sens unique. Appartement sur rue et cour. — Loc. Fig. Avoir pignon sur rue. Cela court les rues. À tous les coins de rue : partout.
♢ La rue, les rues, symbole de la vie urbaine, des milieux populaires. Scènes de la rue. — Loc. L'homme de la rue : l'homme moyen, quelconque, le premier venu (cf. Monsieur Tout-le-Monde). En pleine rue, dans la rue : dehors, dans la ville. Descendre dans la rue, pour se battre, pour manifester. Combats de rue (⇒ barricade) . Gamin des rues : enfant du peuple qui vit, joue dans les rues. ⇒ poulbot. Fille des rues : prostituée.
♢ Loc. Être à la rue, sans domicile, sans abri. Jeter qqn à la rue, dehors (cf. Sur le pavé). « Voilà, vous savez toujours que vous n'êtes pas à la rue. Venez au Château, lorsque vous en aurez assez de ces crapules » (Zola).
2 ♦ Ensemble des habitants des maisons qui bordent une rue; des passants d'une rue. « La rue grouille derrière eux » (Romains).
♢ Population des villes capable de s'insurger. « Les agitateurs parisiens ne manquaient pas une occasion de soulever la rue » (Bainville).
3 ♦ Par anal. Espace, passage long et étroit. — Théâtre Espace entre deux coulisses parallèles.
⊗ HOM. Ru.
rue 2. rue [ ry ] n. f.
• XIIIe; du lat. ruta
♦ Plante des prés (rutacées) vivace, à fleurs jaunes. La rue fétide.
● rue nom féminin (latin ruga, ride du visage) Voie de circulation routière aménagée à l'intérieur d'une agglomération, habituellement bordée de maisons, d'immeubles, de propriétés closes : Habiter rue du Montparnasse. Les scènes de la rue. Ensemble des habitants, des commerçants, des maisons qui bordent une telle voie de circulation : Toute la rue est au courant. Les milieux populaires ; le peuple susceptible de manifester, de s'insurger : Céder à la pression de la rue. Subdivision en profondeur de la scène d'un théâtre à l'italienne. ● rue (citations) nom féminin (latin ruga, ride du visage) André Pieyre de Mandiargues Paris 1909-Paris 1991 […] la rue, Ruisseau des solitudes. Ruisseau des solitudes Gallimard Edmondo De Amicis Oneglia 1846-Bordighera 1908 L'éducation d'un peuple se juge avant tout d'après son comportement dans la rue. Là où tu rencontreras la grossièreté dans les rues, tu la rencontreras aussi dans les maisons. L'educazione d'un popolo si giudica innanzi tutto dal contegno ch'egli tien per la strada. Dove troverai la villania per le strade, troverai la villania nelle case. Cuore ● rue (difficultés) nom féminin (latin ruga, ride du visage) Emploi et orthographe 1. Les noms composés de rues et, d'une manière plus générale, de voies (au sens le plus large : boulevards, avenues, passages, places, squares, ponts, etc.) s'écrivent toujours avec des traits d'union : rue du Commandant-Mouchotte, rue des Quatre-Frères-Peignot, rue de la Grande-Chaumière, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, rue Pierre-Larousse, place du 14-Juillet. 2. Lorsqu'un nom de voie est caractérisé par un adjectif, celui-ci prend la majuscule : porte Dauphine, rue Nationale, rue Haute, rue Royale. 3. Les noms de personnes ne sont pas précédés d'une préposition, sauf devant un adjectif ou un titre : rue Réaumur, boulevard Edgar-Quinet, place Charles-de-Gaulle, mais rue du Bon-Pasteur, rue du Chevalier-de-La-Barre, avenue du Général-de-Gaulle. - Les noms de lieux sont précédés de de, du, de la : boulevard de Sébastopol, rue de Crimée, rue du Mont-Thabor. Sens Dans la rue / sur la rue. Dans la rue signifie « sur la voie publique ; au niveau de la chaussée, entre les bâtiments ou les terrains qui bordent la voie » : les voitures qui passent dans la rue. Sur la rue signifie « en façade d'un bâtiment bordant la rue » : notre appartement donne sur la rue ; elliptiquement : un appartement sur rue. ● rue (expressions) nom féminin (latin ruga, ride du visage) À tous les coins de rue, en tout lieu, partout, communément. Éducateur de rue, éducateur travaillant dans le cadre d'une équipe de prévention. Être à la rue, être sans domicile, sans abri, dans un dénuement complet. Jeter quelqu'un à la rue, le mettre dehors, le priver de son logement, de son emploi. L'homme de la rue, l'homme de type courant, sans caractère particulier. Sur la rue, en Belgique, dans la rue. Théâtre de rue, théâtre qui se produit dans des lieux extérieurs aux bâtiments traditionnels et qui a un caractère souvent didactique ou politique. ● rue (homonymes) nom féminin (latin ruga, ride du visage) ru nom masculin rue forme conjuguée du verbe ruer ruent forme conjuguée du verbe ruer rues forme conjuguée du verbe ruer ruz nom masculin ● rue nom féminin (latin ruta) Herbe (rutacée) aux feuilles découpées, exhalant une odeur forte. ● rue (homonymes) nom féminin (latin ruta) ru nom masculin rue forme conjuguée du verbe ruer ruent forme conjuguée du verbe ruer rues forme conjuguée du verbe ruer ruz nom masculin
rue
n. f.
d1./d Voie bordée de maisons, dans une agglomération.
|| être à la rue: être sans domicile; être dans la misère.
— L'homme de la rue: le citoyen ordinaire.
d2./d Par méton. La rue: les habitants d'une rue. Toute la rue était aux balcons.
d3./d La rue: lieu de manifestations, d'émeutes; par ext., ces mouvements eux-mêmes. La rue alors imposait sa loi.
d4./d Espace, passage en couloir.
|| THEAT Espace entre deux coulisses.
I.
⇒RUE1, subst. fém.
A. — Voie de circulation bordée de maisons dans une agglomération.
1. [La rue est un espace qui est décrit (dans sa structure, dans ses caractéristiques)] Les pavés des rues brillaient sous le soleil quand ils rentrèrent dans la ville (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 156):
• 1. Et la première rue à droite, — je ne sais pas comment elle s'appelle: pas plus de plaque que de numéros, — est laide. Pittoresque, je ne dis pas non: une sorte de boyau tortueux, magnifiquement sale, et grouillant d'une cohue bien bigarrée.
FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 134.
♦ Rue couverte. Rue commerçante abritée par un toit, par une verrière. Il lui montra trois femmes, sous la rue couverte, entre le pavillon de la marée et le pavillon de la volaille (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 676).
— [Dans des expr.]
♦ À tous les coins de rue. Souvent, fréquemment. Dans ce vieux Rouen où je me suis embêté sur tous les pavés, où j'ai bâillé de tristesse à tous les coins de rue (FLAUB., Corresp., 1845, p. 167).
♦ Vieux comme les rues. Très vieux, banal. Son désespoir après le départ de la grue, Le duel avec Gontran, c'est vieux comme la rue (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 382).
♦ Courir les rues. Être commun, être extrêmement répandu. Mon cher docteur, je ne vous conseille pas de soulever ici des controverses de cet ordre. L'esprit pharmaco-médical court les rues (ROMAINS, Knock, 1923, III, 8, p. 19). Lorsqu'une pensée s'offre à nous comme une profonde découverte, et que nous prenons la peine de la développer, nous trouvons souvent que c'est une vérité qui court les rues (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 174).
♦ Le bout de la rue fait le coin (fam., vieilli). ,,La chose est évidente et banale`` (REY-CHANTR. Expr. 1979).
♦ Les rues en sont pavées. ,,Il y en a autant qu'on en veut; la chose est courante, sans valeur`` (REY-CHANTR. Expr. 1979).
♦ La rue est à tout le monde. Cet avantage, cette prérogative appartient à tous. « La rue est à tout le monde », reprenais-je en donnant à ces mots un sens différent (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 145).
SYNT. Rue asphaltée, bordée de maisons, écartée, étroite, défoncée, encaissée, ensoleillée, illuminée, montante, obscure, pavée, pavoisée, silencieuse, sinistre, tortueuse, tranquille; belle, grande, immense, longue, petite, vieille rue, rue à arcades, plantée d'arbres; rue unique (d'un village); plan, réseau, enchevêtrement, dédale, labyrinthe des rues (d'une ville); balayage, nettoyage des rues; rue à sens unique; rue barrée, sans issue.
— [La rue porte un nom ou un numéro] Au premier restaurant, là, au coin, rue Castiglione (BOREL, Champavert, 1833, p. 213). Un Child's, par exemple celui de la Cinquième avenue, près de la Cinquante-septième rue, est aussi plein qu'à midi (MORAND, New-York, 1930, p. 198):
• 2. Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 237.
♦ Grand(e) rue, rue principale. La maisonnette que nous habitons (...) s'ouvre, d'un côté, sur la rue principale du lieu, de l'autre, sur un jardin (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 451). M. Romarin, le coiffeur de la Grand'Rue, sortit le premier (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 7).
♦ Arg., pop. [Dans des expr.]
Ça fait la rue Michel. [Par jeu de mots sur le nom de la rue Michel-le-Comte à Paris] Ça suffit comme ça, c'est assez, ça fait le compte. Pourvu que nous soyons de retour après-demain matin au rapport, ça fait la rue Michel, c'est le capiston qui me l'a dit (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, p. 78). P. ell. Ça fait la rue. Tant qu'au reste [des fatras du sellier], (...) arrangez-le pour (...) qu'on puisse enfin circuler dans ce bazar — et ça fera la rue (M. STÉPHANE, Ceux du trimard, 1928, p. 165).
Loger rue du Croissant. Être trompé par sa femme, être cocu. (Ds DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1889, p. 228).
2. [La rue, espace de référence, entre dans la constr. de loc. de lieu]
♦ Au, en... de la rue. En bas, en bordure, en haut, au coin, au milieu de la rue. Au bout de la rue de la Cossonnerie, les maisons du boulevard Sébastopol étaient toutes noires (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 625).
♦ En pleine rue. Dehors, au vu et au su de tout le monde. Alors, je le souffletterai en pleine rue (ZOLA, Nana, 1880, p. 1454).
♦ Le long de la rue, des rues. Tout le long de la rue on ne voyait que cela (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 114).
♦ Sur (la) rue. Qui donne du côté de la rue. Donner sur la rue; avoir vue sur la rue. C'est bien vous qui avez pour maîtresse, boulevard Magenta, 111 bis, au quatrième sur la rue, une personne appelée Adèle? (COURTELINE, Boubouroche, 1893, I, 3, p. 38).
Avoir pignon sur rue. V. pignon2.
3. [La rue, espace où se déroule un procès] Verbe + (dans) la rue. Mademoiselle Lanze traversa la rue (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 116). Il s'était dit: « Quelle idée d'aller se promener rue de Rivoli, en pleine matinée, quand on se sait recherché par la police? » (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 212).
♦ Sortir dans la rue. Se montrer à visage découvert. Je n'ose sortir dans la rue [Amiel a eu une brûlure] (AMIEL, Journal, 1866, p. 304).
SYNT. Arpenter, atteindre, descendre, gagner, habiter, longer, monter, parcourir, traverser la rue; traîner (dans) les rues (fam.); aller, attendre, courir, s'installer, se promener, croiser qqn, se battre, chanter dans la rue.
4. [La rue, espace de la vie urbaine et populaire] Rue animée, bruyante, commerçante, déserte, grouillante, mal famée, misérable, passante, populeuse, vide. La rue assourdissante autour de moi hurlait (BAUDEL., Fl. du Mal, 1860, p. 161). Tous les gens du quartier étaient dans la rue. Des enfants lançaient des pétards, d'autres brandissaient des lampions (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 172).
♦ Rue chaude.
♦ Sirop de (la) rue.
♦ De la rue, des rues. [En parlant d'une pers.] Qui vit, travaille dans la rue. Léo: Non, Michel; nous, nous sommes des gens de la rue, des gens de la boue (COCTEAU, Parents, 1938, III, 10, p. 247).
♦ Chanteur des rues. Chanteur qui interprète des chansons dans la rue pour gagner sa vie. Les trouvères allaient par deux, comme encore les chanteurs des rues (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 223). Chanson des rues. Chanson populaire. Un événement politique, un procès en cour d'assises, une chanson des rues, les farces d'un acteur, tout sert à entretenir ce jeu d'esprit qui consiste surtout à prendre les idées et les mots comme des volants, et à se les renvoyer sur des raquettes (BALZAC, Goriot, 1835, p. 62).
♦ Marchand(e) des rues. Celui, celle qui commerce dans la rue. À terre, les marchandes des rues se partageaient des mannes de harengs et de petites limandes, achetées en commun (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 702).
5. [La rue, espace de l'agitation pol., des guerres civiles et des luttes révolutionnaires] Défiler, se battre, manifester dans la rue; combats de rues. Un peu de cette poésie qui est dans les fêtes et dans les foules, les jours, aujourd'hui trop rares, où le peuple descend dans la rue (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p. 102).
— P. méton. La rue. Le peuple, les gens de la rue, la population des villes prête à s'insurger. [Le peuple] ouvrait la porte, et la rue entrait dans l'assemblée (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 182). [Renaudin] voyait les parlementaires intriguer et la rue s'agiter (BARRÈS, Appel soldat, 1900, p. 98):
• 3. ... trois ouvriers qui passaient, levaient la tête de son côté, avec un rire gouailleur. Dans leurs propos il ne put distinguer que ce mot: Panama! Le mépris de la rue montait au député.
DE VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 301.
6. [La rue, espace du désœuvrement, de la misère, du vice] Pas même un toit pour dormir, pas même de nom. La rue (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 187). Séduite, puis poussée à la rue, puis ramassée par les ivrognes, la pente descendait vite à la boue (ZOLA, Travail, t. 1, 1901, p. 41).
♦ Être à la rue. Être sans toit, sans ressource, être sur le pavé. En attendant, mes enfants sont à la rue (CAMUS, État de siège, 1948, 2e part., p. 246).
♦ Jeter, mettre qqn à la rue. Expulser quelqu'un, priver quelqu'un de son emploi, lui ôter secours et protection. Il la jeta littéralement à la rue, et refusa de plus jamais entendre parler d'elle (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 100).
♦ Fille des rues. Prostituée. « Fille des rues » — qu'est-ce que cela signifiait donc d'employer ce terme entre ciel et mer, sur un récif, il n'existait point de rues ici, point de filles des rues, point de traînées, point de salopes (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 60).
♦ Gamin des rues. Synon. de poulbot, gavroche, titi. Sa figure de gamin des rues, balafrée par le voyage et fripée par le chagrin (MARTIN DU G., Thib., Cah. gris, 1922, p. 667).
B. — P. anal.
1. CARR. Rue de carrière. ,,Galerie de carrière souterraine, parallèle à la direction de la galerie principale qui, partant de la bouche de la carrière, pénètre dans la masse`` (NOËL 1968).
2. MÉTÉOR. Rue de nuages. ,,Nuages disposés en files sensiblement parallèles à la direction du vent et paraissant converger, par suite de l'effet de la perspective, vers un point ou vers deux points opposés de l'horizon. Les nuages qui constituent le plus souvent les « rues de nuages » sont les cumulus`` (VILLEN. 1974).
3. NAV. Rue de chauffe. Au temps de la vapeur, passage devant les foyers de chaudières lorsque celles-ci étaient alimentées à bras d'hommes. Ils se munissaient de cirés, comme les matelots, afin de se protéger de la violence des embruns qui tombaient dans les rues de chauffe (Journal Le Marin, 28 nov. 1975 ds GRUSS 1978).
4. THÉÂTRE. Dans un plateau classique « à l'italienne » bande parallèle à l'ouverture de scène, large de 1,14 m environ et composée de panneaux mobiles. Il y a deux espèces de tiroirs, le tiroir de la rue et celui du trappillon [au plancher de la scène] (MOYNET, Machinerie théâtr., 1893, p. 22). Les rues alternent avec les « fausses rues » (GITEAU 1970).
5. TYPOGR. Défaut dans la disposition des lignes dont les blancs produits par les espaces se trouvent alignés verticalement (d'apr. MAIRE, Manuel biblioth., 1896, p. 355).
REM. Ruette, subst. fém., vieilli. Petite rue, ruelle. Une bonne vieille chineuse, que son industrie ambulante ramenait de temps en temps dans la ruette longeant l'enclos (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 126).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. ru, rue2 et formes du verbe ruer. Att. ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 « voie bordée de maisons dans une agglomération » (Alexis, éd. Chr. Storey, 212); 2. 1675 « ensemble des habitants des maisons qui bordent cette voie » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettre du 30 oct. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 146); 3. a) 1701 rue de carrière (FUR.); b) 1772 théâtre (Encyclop., Planches t. 10, IV, p. 1a). Du b. lat. ruga « chemin bordé de maisons » (BLAISE Lat. chrét.) issu, p. métaph. du lat. class. ruga « ride ». Voir FEW t. 10, pp. 545b-546a. Fréq. abs. littér.:24 591. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 23 117, b) 54 585; XXe s.: a) 37 170, b) 33 251. Bbg. Archit. 1972, p. 133. — BALDINGER (K.). Die Bezeichnungen für Weg im Galloromanischen. In: [Mél. Rohlfs (G.)]. Tübingen, 1968, pp. 100-101. — QUEM. DDL t. 31 (s.v. rue chaude).
II.
⇒RUE2, subst. fém.
BOT. Plante herbacée de la famille des Rutacées, à petites fleurs jaunes, qui croît dans la région méditerranéenne en exhalant une forte odeur fétide et dont les feuilles, autrefois utilisées pour leurs vertus antiseptiques et stimulantes, fournissent aujourd'hui la rutine. L'ange lui nettoya le nerf optique avec (...) la rue, car il [Adam] avait beaucoup à voir, et versa dans ses yeux trois gouttes de l'eau du Puits de vie (CHATEAUBR., Paradis perdu, 1836, p. 405).
Prononc. et Orth. V. rue1. Homon. ru, rue1 et formes du verbe ruer. Étymol. et Hist. Fin du XIe s. rude bot. (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, 917); ca 1200 rue (JEAN RENART, Escoufle, éd. Fr. Sweetser, 6686). Du lat. ruta « id. ». Bbg. ARVEILLER (R.). Méd. et matière méd. (50 nouv. dat.). R. Ling. rom. 1970, t. 34, p. 183. — JORET (Ch.). Gloss. des noms de plantes. Romania. 1889, t. 18, p. 581.
1. rue [ʀy] n. f.
❖
1 Voie bordée, au moins en partie, de maisons, dans une agglomération (ville ou village, bourg), et souvent identifiée par un nom. ⇒ Artère (cit. 3), communication, voie; avenue, boulevard, chaussée. || Rue large (→ Grandiose, cit. 1; îlot, cit. 6). || Rue étroite (cit. 2). || Grande (cit. 12) rue; grandrue ou grand-rue (⇒ Grand, supra cit. 74). || Petite rue. ⇒ Ruelle, venelle (→ Moitié, cit. 13). || Rue de traverse. ⇒ Traversier. || Rue sans issue. ⇒ Cour (infra cit. 4), cul (cit. 23, cul-de-sac), impasse (cit. 1), villa. || Rue privée qui dessert (1. Desservir, cit. 2) des villas. ⇒ Passage. || Rue bordée de murs, de maisons; rue plantée d'arbres, servant de promenade… ⇒ Cours, mail. || Rue qui borde un quai. ⇒ Quai. || Rue à arcades (→ 1. Point, cit. 2), en arcades. || Rue couverte (⇒ régional Traboule). — Rue droite, tortueuse; coudes, tournants d'une rue. || Lacis (cit. 3) de rues. || Rues parallèles (cit. 1), à angles droits. || Rue qui aboutit, débouche, tombe dans… ⇒ Débouché (cit. 4). || Croisement de rues. ⇒ Carrefour. || Le coin d'une rue. || Au coin de la rue. ☑ Fig. À tous les coins de rue : partout. || La troisième rue à droite après le feu. || Rue en pente (→ Frein, cit. 13). — Rues des grandes villes. || Les rues d'un quartier. || Rue du centre, des faubourgs. || Ces tristes rues de province (→ Caractère, cit. 32). || Rue de village. — Rue asphaltée, macadamisée (cit. 1 et 2), mal pavée (→ Essieu, cit. 4). ☑ Loc. fig. Les rues en sont pavées. || Rue en réfection, rue barrée. — Chaussée, trottoir, caniveau, ruisseau d'une rue. || Égout sous une rue. || Refuge au milieu d'une rue. — Noms de rues. || La rue de la Paix, la rue Richelieu, à Paris. || Rues numérotées, aux États-Unis : la Quarante-deuxième rue (→ Matricule, cit. 2). || Plaque portant le nom d'une rue. || Plaque de rue. — ☑ Loc. argotique. Ça fait la rue Michel : ça fait le compte, ça suffit comme ça (du nom de la rue Michel-le-Comte, à Paris). — Entretien, nettoyage des rues. ⇒ Voirie.
1 Il est dans Paris certaines rues déshonorées autant que peut l'être un homme coupable d'infamie; puis il existe des rues nobles, puis des rues simplement honnêtes, puis de jeunes rues sur la moralité desquelles le public ne s'est pas encore formé d'opinion; puis des rues assassines, des rues plus vieilles que de vieilles douairières ne sont vieilles, des rues estimables, des rues toujours propres, des rues toujours sales, des rues ouvrières, travailleuses, mercantiles.
Balzac, Ferragus, Pl., V. p. 17.
1.1 J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon (…)
J'aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes.
Apollinaire, Alcools, p. 8.
1.2 Cette vie que l'habitude ne nous laisse plus sentir dans la ville où nous vivons et où les rues ne sont que des chemins qui ont un nom.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 559.
2 En Europe, une rue est intermédiaire entre le chemin de grande communication et le « lieu public » couvert (…) Aussi change-t-elle d'aspect plus de cent fois en une journée, car la foule qui la peuple se renouvelle et les hommes sont, en Europe, sa composition essentielle. La rue américaine est un tronçon de grand'route.
Sartre, Situations III, p. 108.
2.1 (…) il y a même une plaque, figurez-vous avec un nom : administrativement c'est donc une rue, du moins quelque chose portant un nom que vous pouvez toujours essayer de vous amuser à écrire sur une enveloppe, et ensuite timbrer l'enveloppe, et enfin la mettre à la poste, rien que pour essayer de voir si ça arrivera (…)
Claude Simon, le Vent, p. 120.
♦ Rue déserte (→ 1. Falot, cit. 1), triste, noire. || Rue animée, passante, encombrée de voitures (→ Joie, cit. 27). || Rue commerçante. || Rue mal famée (→ Furtif, cit. 13). || Rue bruyante. — (Collectivt). || Les bruits de la rue (→ Battement, cit. 8; matin, cit. 8). || Les échos de la rue (→ Feutrer, cit. 1). — Les passants (cit. 3) dans les rues. || Marcher, se promener, traîner dans les rues, (littér.) par les rues. || Prendre (cit. 81 et 95) une rue, par une rue. || Longer (cit. 2) une rue. ☑ Fam. Traîner les rues. || Traverser une rue, la rue (→ Encombrement, cit. 3; glisser, cit. 17). || De l'autre côté de la rue (→ Après, cit. 30). — Chercher une rue sur le plan d'une ville. || Rue interdite à la circulation, réservée aux piétons, piétonne, piétonnière. || Rue à sens unique. || Stationnement (des voitures) le long des rues.
♦ ☑ Loc. fig. (1640). Vieux comme les rues : très vieux. — ☑ Courir les rues. ⇒ Courir (cit. 57; et fig., infra cit. 60). || C'est une idée qui court les rues. ⇒ Connu, public.
♦ Pièce qui donne sur la rue (→ Entresol, cit. 2), en façade, par oppos. à sur la cour. || Loggia (cit. 1) qui déborde sur la rue. — ☑ Loc. Avoir pignon sur rue. ⇒ Pignon (cit. 4 et 5).
3 (…) une espèce de grande pièce souterraine du côté rue, qui affleurait au coteau par derrière en plein soleil, au bout d'une ruelle encombrée d'ordures et de linge séchant.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, X.
♦ La rue, les rues : la vie urbaine, les milieux populaires, la misère… || Scènes de la rue. || Dans la rue, recueil de chansons de Bruant. ☑ L'homme de la rue. ⇒ Homme (supra cit. 135). ☑ Enfant de la rue : personne dont l'éducation s'est faite dans la rue. Cf. Enfant de la borne (vx). — En pleine rue (→ Loustic, cit. 4), dans la rue : dehors, dans la ville. ☑ Gamin (cit. 3), enfant… des rues : enfant du peuple qui vit, joue dans les rues. || Une goualeuse (cit.) des rues. — Chanteur, chanson des rues. || « Une petite morveuse (cit. 3) ramassée dans la rue ». — ☑ (Avec une valeur analogue à celle de trottoir). Fille des rues : prostituée.
3.1 (…) la rue c'est l'école du vice, tout le monde sait ça.
R. Queneau, Zazie dans le métro, Folio, p. 39.
♦ ☑ Loc. À la rue : sans domicile, sans abri. || Être à la rue. || Jeter qqn à la rue, dehors.
4 — Enfin, père, c'est de bon cœur, vous réfléchirez (…) Voilà, vous savez toujours que vous n'êtes pas à la rue. Venez au Château, lorsque vous en aurez assez de ces crapules !
Zola, la Terre, IV, II.
5 (…) si on était allé à la faillite, que serait-il advenu d'eux ? Ce n'aurait plus été une partie qui se serait trouvée à la rue. M. Barrel, avant de se décider, avait dix fois relu, réétudié la liste des licenciements.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, IV.
♦ Spécialt. || La rue, siège des manifestations populaires, des guerres civiles… || Manifester (cit. 11 et 12) dans les rues. || Barricades (cit. 2) dans les rues. || L'ordre (cit. 30) dans la rue. ☑ Descendre dans la rue, pour se battre, pour manifester… || Bataille des rues.
2 (Fin XVIIe). Par métonymie. Ensemble des habitants des maisons qui bordent une rue (→ Dépotoir, cit.); des passants d'une rue. || La rue grouille (cit. 8) derrière eux.
♦ Spécialt (→ ci-dessus, 1. spécialt). La population des villes, le peuple capable de s'insurger, de descendre dans la rue.
6 Les agitateurs parisiens ne manquaient pas une occasion de soulever la rue et le désarroi grandissant de l'Assemblée, qu'ils menaçaient sans cesse et qu'ils intimidaient, ne leur échappait pas.
J. Bainville, Hist. de France, XV, p. 331.
3 Espace, passage long et étroit. (1701). || Les rues d'une carrière, les tranchées vides, après exploitation. || Rue de chauffe, dans la chaufferie d'un navire.
♦ (1772). Théâtre. Espace entre deux coulisses parallèles.
7 (…) le comte se risquait dans une rue, lorsque Barillot l'arrêta, en l'avertissant qu'il y avait là une découverte. Il voyait le décor à l'envers et de biais.
Zola, Nana, V.
4 (1904). Techn. Espace vertical produit par l'alignement fortuit de blancs dans une page imprimée. ⇒ Cheminée.
5 ☑ Pop., vulg. La rue aux pets : la raie fessière.
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DÉR. Ruelle.
HOM. Ru, formes du v. ruer, 2. rue, ruz.
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2. rue [ʀy] n. f.
ÉTYM. XIIe; rude, XIe; du lat. ruta.
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♦ Plante dicotylédone (Rutacées), herbacée, vivace, à fleurs jaunes. || Rue fétide, rue odorante des jardins, rue officinale : sous-arbrisseau dont les fleurs sont employées comme astringent et emménagogue (cit. 1).
♦ Rue des murailles : l'asplénie.
➪ tableau Noms de remèdes.
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HOM. ⇒ 1. Rue.
Encyclopédie Universelle. 2012.