Akademik

crime

crime [ krim ] n. m.
• 1160; lat. crimen « accusation »
1Sens large Manquement très grave à la morale, à la loi. attentat, 1. délit, faute, 1. forfait , infraction, 3. mal, péché. Crime contre nature. « L'intérêt que l'on accuse de tous nos crimes, mérite souvent d'être loué de nos bonnes actions » (La Rochefoucauld). « Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » (Mme Roland).
2Dr. Infraction que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante. Crimes, délits et contraventions. Les crimes sont jugés par la cour d'assises. Être jugé coupable d'un crime. Crime contre la chose publique. Crime de lèse-majesté. Crime contre la sûreté de l'État. attentat, complot, espionnage, trahison. Crimes contre les particuliers. assassinat, empoisonnement, meurtre, viol. Crimes et sévices. Crime contre les mœurs. attentat. Crime contre les propriétés. 2. vol; escroquerie, fraude. Loc. Syndicat du crime. mafia.
Dr. internat. Crime international : grave violation du droit des gens susceptible de donner lieu à une répression collective, un procès ( 1. délit) . Cour. Crimes de guerre. Crimes contre l'humanité. déportation, extermination, génocide, holocauste.
3Cour. Assassinat, meurtre (dans ce sens parfois crime de sang, pour préciser). 2. homicide; 1. fratricide, 2. infanticide, 2. matricide, 2. parricide. Ce n'est pas un accident, c'est un crime. L'arme du crime. Victime d'un crime. Crime crapuleux, passionnel. Crime avec, sans préméditation. Crime parfait, dont l'auteur ne peut être découvert. « Il aurait donc semblé que le crime avait eu le vol pour mobile » (Zola). Les crimes d'un roman noir, d'un polar, d'un film d'horreur. PROV. Le crime ne paie pas. Loc. Cherchez à qui profite le crime (vous aurez le coupable).
4Par exagér. Action blâmable que l'on grossit. C'est un crime d'avoir abattu de si beaux arbres. « Il vous fait un crime des choses les plus innocentes » (Fénelon).
⊗ CONTR. Exploit, prouesse.

crime nom masculin (latin crimen, -inis, accusation) Catégorie d'infractions jugée par la cour d'assises et punie de réclusion ou de détention (peine politique) criminelle comprise entre 10 ans et la perpétuité (la peine de mort a été abolie en 1981), d'amende ou de peines restrictives ou privatives de droits. (Le banissement, la dégradation civique et l'interdiction légale ont été supprimés par le nouveau Code pénal. Les personnes morales peuvent être condamnées à une amende et à des peines restrictives ou privatives de droits.) Infraction très grave à la loi ou à la morale, aux lois humaines ; forfait, attentat : Un crime contre notre civilisation. Homicide volontaire, meurtre : Crime passionnel. Acte fâcheux, erreur, faute grave : Son seul crime est d'avoir dit tout haut ce que chacun pensait.crime (citations) nom masculin (latin crimen, -inis, accusation) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Un crime est, avant tout, un manque de raisonnement. La Cousine Bette Jules Amédée Barbey d'Aurevilly Saint-Sauveur-le-Vicomte 1808-Paris 1889 Les crimes de l'extrême civilisation sont certainement plus atroces que ceux de l'extrême barbarie. Les Diaboliques Henri Barbusse Asnières 1873-Moscou 1935 Combien de crimes dont ils ont fait des vertus en les appelant nationales ! Le Feu Flammarion Louis Jacques Napoléon, dit Aloysius Bertrand Ceva, Piémont, 1807-Paris 1841 Il n'y a pas de serrure dont le crime n'ait la clef. Gaspard de la Nuit Léon Bloy Périgueux 1846-Bourg-la-Reine 1917 Un homme couvert de crimes est toujours intéressant. C'est une cible pour la Miséricorde. Le Désespéré Mercure de France Benjamin Constant de Rebecque Lausanne 1767-Paris 1830 L'arbitraire n'est pas seulement funeste lorsqu'on s'en sert pour le crime. Employé contre le crime, il est encore dangereux. Des réactions politiques Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Un tas d'hommes perdus de dettes et de crimes. Cinna, V, 1, Auguste Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Ta vertu met ta gloire au-dessus de ton crime. Horace, V, 3, Tulle Eugène Grindel, dit Paul Eluard Saint-Denis 1895-Charenton-le-Pont 1952 Les multiples erreurs donnent la main aux crimes. Dédicace sur Poèmes pour la paix, à André Breton Gallimard Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 On regardera le crime comme une maladie, et cette maladie aura ses médecins qui remplaceront vos juges, ses hôpitaux qui remplaceront vos bagnes. Le Dernier Jour d'un condamné, Préface de 1832 Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Si la pauvreté est la mère des crimes, le défaut d'esprit en est le père. Les Caractères, De l'homme Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Les hommes rougissent moins de leurs crimes que de leurs faiblesses et de leur vanité. Les Caractères, Du cœur Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Notre crime est d'être homme et de vouloir connaître. Premières Méditations poétiques, l'Homme Félicité de La Mennais Saint-Malo 1782-Paris 1854 D'esclave, l'homme de crime peut devenir tyran, mais jamais il ne devient libre. Paroles d'un croyant Octave Mirbeau Trévières, Calvados, 1848-Paris 1917 Chez moi, tout crime — le meurtre principalement — a des correspondances secrètes avec l'amour. Le Journal d'une femme de chambre Fasquelle Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 On pardonne les crimes individuels, mais non la participation à un crime collectif. À la recherche du temps perdu, le Côté de Guermantes Gallimard Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes. Phèdre, IV, 2, Hippolyte Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 Ce héros est peut-être bien coupable de n'être pas allé plus haut dans la vertu, ce scélérat bien méritant de n'être pas allé plus bas dans le crime. Pensées d'un biologiste Stock Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 Très souvent une vertu n'est rien moins qu'une grande action, et plus souvent encore une grande action n'est qu'un crime. Juliette Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Les « raisons » qui font que l'on s'abstient des crimes sont plus honteuses, plus secrètes que les crimes. Choses tues Gallimard Lucrèce, en latin Titus Lucretius Carus Rome ? vers 98-55 avant J.-C. Tant la religion fut capable de conseiller de mauvaises actions ! Tantum relligio potuit suadere malorum ! De natura rerum , I, 102 Commentaire Le poète pense à la terreur que pouvait inspirer la religion païenne, et plus particulièrement, ici, au sort malheureux d'Iphigénie. On préfère souvent traduire « relligio » par « superstition ». Sénèque, en latin Lucius Annaeus Seneca, dit Sénèque le Philosophe Cordoue vers 4 avant J.-C.-65 après J.-C. Il faut des crimes pour soutenir les crimes. Scelera enim sceleribus tuenda sunt. De la clémence, I, 13 Antoine Boulay de la Meurthe Chaumousey, Vosges, 1761-Paris 1840 C'est plus qu'un crime, c'est une faute. Commentaire Ce mot, relatif à l'exécution du duc d'Enghien, a été attribué à plusieurs hommes politiques, tels Talleyrand ou Fouché. Charles Augustin Sainte-Beuve, dans ses Nouveaux Lundis, croit qu'il fut prononcé par Boulay de la Meurthe, ancien député aux Cinq-Cents, qui fut l'un des principaux rédacteurs du Code civil. Jeanne-Marie ou Manon Phlipon, Mme Roland de La Platière Paris 1754-Paris 1793 Ô liberté ! que de crimes on commet en ton nom ! Commentaire Arrivée au lieu du supplice, Mme Roland s'inclina devant la statue de la Liberté et prononça cette phrase. Pedro Calderón de la Barca Madrid 1600-Madrid 1681 [Car] le plus grand crime de l'homme, c'est d'être né. [Pues] el delito mayor del hombre es haber nacido. La vida es sueño, I, 2 Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski Moscou 1821-Saint-Pétersbourg 1881 Le criminel, au moment où il accomplit son crime, est toujours un malade. Crime et Châtiment, III, 5 crime (difficultés) nom masculin (latin crimen, -inis, accusation) Sens et emploi 1. Dans la langue courante, ces mots sont souvent employés l'un pour l'autre ; en particulier, crime est employé, notamment dans les médias, comme synonyme de meurtre ou d'assassinat. 2. Dans la langue juridique, chacun de ces mots a un sens précis. Crime = infraction très grave (meurtre, pillage, incendie, viol, etc.) qui, sauf exception, est de la compétence de la cour d'assises. Homicide = action de tuer, volontairement ou non, un être humain. Meurtre = homicide volontaire sans préméditation. Assassinat = homicide volontaire avec préméditation. ● crime (expressions) nom masculin (latin crimen, -inis, accusation) Ce n'est pas un crime, ce n'est pas une faute bien grave. Crime contre nature, crime opposé aux prescriptions de la loi naturelle (parricide, infanticide, etc.). Familier. Faire à quelqu'un un crime de quelque chose, le lui reprocher comme une faute grave. Le syndicat du crime, nom donné à la Mafia. Crime de guerre, violation des lois et coutumes de la guerre (pillage, viol, assassinat, exécution des otages). Crime contre l'humanité, exécution d'un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux, inspiré par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux. (Les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles.) Crime international, crime de guerre, crime contre la paix ou l'humanité, définis en 1945 par l'Assemblée générale des Nations unies. (Les principaux criminels de guerre allemands coupables de ces crimes pendant la Seconde Guerre mondiale furent jugés par un tribunal militaire international siégeant à Nuremberg.) Crime contre la paix, violation des règles établissant la paix. ● crime (synonymes) nom masculin (latin crimen, -inis, accusation) Infraction très grave à la loi ou à la morale...
Synonymes :
- attentat
- forfait
Homicide volontaire, meurtre
Synonymes :
- assassinat
- meurtre

crime
n. m.
d1./d Cour. Infraction grave aux prescriptions de la morale. Accuser qqn de tous les maux et de tous les crimes.
|| Par exag. Acte répréhensible, blâmable. C'est un crime d'avoir abattu ces arbres. Ce n'est pas un crime: ce n'est pas très grave.
d2./d Cour. Meurtre. Chercher l'arme, le mobile du crime. Crime passionnel. Crime parfait, dont on ne parvient pas à découvrir l'auteur.
d3./d DR Infraction punie d'une peine afflictive ou infamante (par oppos. à contravention et à délit). Le crime est justiciable de la cour d'assises.
Crime de lèse-majesté.
Crime de guerre, commis en violation des lois et coutumes de la guerre.
Crime contre l'humanité, commis en violation des règles du droit international, par les gouvernements ou les citoyens d'un état.

⇒CRIME, subst. masc.
A.— DR. Infraction grave punissable par la loi d'une peine afflictive ou infamante. Commettre un crime, crime de faux. Crime d'État (A. DUMAS père, P. Jones, 1838, I, 4, p. 132). Crime de haute trahison (A. DUMAS père, C. Howard, 1834, II, 2, p. 261). Pourquoi a-t-on condamné Dreyfus pour un crime qu'il n'a pas commis? Et pourquoi a-t-on acquitté Esterhazy d'un crime qui est le sien (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 478) :
1. ... le colonel della Rebbia se mettant à la tête d'un complot buonapartiste pour changer l'ordre de successibilité au trône, et exciter les citoyens à s'armer les uns contre les autres, crimes prévus par les articles 86 et 91 du Code pénal.
MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 46.
SYNT. Crime de guerre, de lèse-majesté. Crime politique (cf. LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 912).
En partic., usuel. Synon. de homicide, meurtre :
2. L'on peut mieux comprendre maintenant les attaches de la Criminologie avec la Médecine et pourquoi elle a été créée par un médecin. Lombroso ne s'intéresse qu'aux criminels constitutionnels et, en fait de crimes, il n'aperçoit que les « crimes du sang » : assassinats, violences, crimes sexuels. De toute évidence une infidélité dans la comptabilité ou une fraude fiscale ne sont pas dignes du crime et de la fossette occipitale. Encore moins songerait-il à explorer le Droit civil, le Droit des contrats.
DAVID, La Cybernétique et l'humain, 1965, p. 122.
SYNT. Crime affreux, atroce. Crime crapuleux (cf. BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, p. 998). Crime gratuit, parfait. Crime passionnel (cf. CUREL, Nouv. Idole, 1899, II, 5, p. 212). Auteur, complice du crime; mobile du crime; lieux du crime; accuser qqn d'un crime; avouer un crime.
P. méton., littér. Les criminels; l'habitude ou le fait de commettre des crimes. Ce n'était que goutte à goutte qu'on parvenait à arracher la justice aux conventionnels; ils ne voulaient pas lâcher le crime de peur de perdre la puissance (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 322) :
3. La réputation de Londres comme capitale du crime est fermement établie dans le monde. Et pourtant, il s'y commet moins d'assassinats qu'à Paris, New-York ou Chicago. Marseille même est bien plus dangereuse. Mais de son passé de forfaits et d'horreurs, Londres a gardé une ambiance qui donne le frisson...
MORAND, Londres, 1933, p. 94.
B.— P. ext. Infraction grave à la morale ou à la loi religieuse et réprouvée par la conscience. Le plus grand des crimes; expier un crime. Discuter une vérité de la foi, après que l'Église l'a reconnue, est un crime (J. SIMON, Relig. natur., 1856, p. 361) :
4. ... Dieu fait des miracles en faveur des hommes, mais il leur en abandonne la conduite, sans quoi ce serait lui qui gouvernerait en personne : or les hommes font avorter les fruits de ces miracles. Le crime n'est pas toujours puni dans ce monde; les fautes le sont toujours. Le crime est de la nature infinie et générale de l'homme; le ciel seul en connaît le fond et s'en réserve quelquefois le châtiment. Les fautes d'une nature bornée et accidentelle sont de la compétence de la justice étroite de la terre : c'est pourquoi il serait possible que les dernières fautes de la monarchie fussent rigoureusement punies par les hommes.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 254.
P. plaisant. Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir Pour un crime quelconque (HUGO, Art d'être gd-père, 1877, p. 125).
PARAD. (correspondant à A et B). Crime/châtiment, —/ remords; crime/délit; crime/innocence, —/vertu; vices/crimes.
C.— P. hyperb. ou p. exagér.
1. Action blâmable dont les conséquences peuvent être fâcheuses. Le despotisme est lui-même un crime contre la religion, contre la nature, contre le droit des gens (Le Moniteur, 1789, p. 515) :
5. Quand un prince se soumet à des conditions humiliantes, quand il conclut un traité contraire aux intérêts ou aux droits naturels de ses sujets, alors il fait une paix honteuse; mais quand on n'exige rien de lui qui puisse être préjudiciable à sa nation, il commet un crime en refusant la paix; il est seul responsable de tout le sang qui sera versé.
GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, t. 2, 1795, p. 302.
Fam. Ce n'est pas un grand crime. J'ai eu tort de provoquer sa curiosité, — d'accord. Voilà-t-il pas un bien grand crime! (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 87).
Action que l'on désapprouve. — Cette femme a dans son fagot un chêne de dix ans coupé en rondins, un vrai crime! (BALZAC, Paysans, 1844, p. 73). Crime architectural (cf. HUGO, Rhin, 1842, p. 232) :
6. Je n'ai pas besoin de vous regarder à deux fois pour voir combien vous êtes belle, de partout! ... et c'est un vrai crime de laisser en friche et de gaspiller avec des gens de maison une telle beauté! ...
MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 292.
2. Par antiphrase. Blâme disproportionné d'une faute légère et excusable ou d'une action, d'une qualité qui mérite des éloges. Mon crime est donc d'avoir été trop clairvoyant (MARAT, Pamphlets, Nouv. dénonciation contre Necker, 1790, p. 183). Son seul crime avait été de vous reprocher votre conduite par son attitude et ses actes (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 71). Le colonel Picquart va passer devant un conseil de guerre pour crime de droiture (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 248) :
7. Et tous fondoient sur lui; la malheureuse bête,
Tournant et retournant sa bonne et grosse tête,
Leur disoit, mais en vain, d'excellentes raisons.
Touché de son malheur, car la philosophie
Nous rend plus doux et plus humains,
Notre sage fait fuir la cohorte ennemie,
Puis dit au chat-huant : pourquoi ces assassins
En vouloient-ils à votre vie?
Que leur avez-vous fait? L'oiseau lui répondit :
Rien du tout; mon seul crime est d'y voir clair la nuit,
FLORIAN, Fables, Le Philosophe et le chat-huant, 1792. p. 155.
Faire crime à qqn de qqc./imputer qqc. à crime à qqn. Reprocher quelque chose à quelqu'un comme s'il s'agissait d'un crime. On lui [à Proust] impute à crime cette curiosité monstrueuse qui ne juge ni ne choisit (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 227) :
8. Bien plus, un déficit redoutable se creusa, s'accusa. J'avais fait des dépenses imprudentes, j'avais gaspillé la joie; je m'étais endetté, ruiné pour longtemps. Je commençai de me reprocher ma stupide joie de l'après-midi; j'en fis un examen méthodique, impitoyable, m'imputant à crime cette vaine et malfaisante prodigalité.
DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, p. 73.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1165 crimne « manquement grave à la morale, à la loi » (Rois, éd. E. R. Curtius, I, XXIV, 12); 1283 dr. (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. Am. Salmon, § 207). Empr. au lat. class. crimen, inis « accusation; crime, méfait ». Fréq. abs. littér. :7 411. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 15 468, b) 7 922; XXe s. : a) 12 298, b) 6 675.

crime [kʀim] n. m.
ÉTYM. V. 1165, crimme; lat. crimen « accusation », d'où « crime ».
1 (Sens large). Manquement très grave à la morale, à la loi. Attentat, délit, faute, forfait, infraction, mal, péché. || Crime affreux, atroce, avilissant, horrible (→ Abominable, cit. 1). || Crime inexpiable, irrémissible. || S'avilir, se déshonorer, se souiller par un crime. || C'est un crime. || Le crime de parjure (cit. 4). || Crimes contre nature, comportement condamné par la société comme particulièrement odieux et contraire aux interdits jugés naturels, notamment dans le domaine du meurtre ( Fratricide, matricide, parricide…) et du sexe ( Inceste, sodomie).Collectif. || Le crime : les actes criminels (→ ci-dessous, cit. 3).
1 L'intérêt, que l'on accuse de tous nos crimes, mérite souvent d'être loué de nos bonnes actions.
La Rochefoucauld, Maximes, 305.
2 Il y a des crimes qui deviennent innocents (…)
La Rochefoucauld, Maximes, 608 (→ Conquête, cit. 1).
3 Dans le crime il suffit qu'une fois on débute;
Une chute toujours attire une autre chute.
Boileau, Satires, X.
4 J'ai conçu pour mon crime une juste terreur;
J'ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur.
Racine, Phèdre, I, 3.
5 Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes.
Racine, Phèdre, IV, 2.
6 Si je savais quelque chose qui me fût utile, et qui fût préjudiciable à ma famille, je le rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile à ma famille, et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie, et qui fût préjudiciable à l'Europe et au genre humain, je le regarderais comme un crime.
Montesquieu, Pensées diverses, Portrait de Montesquieu par lui-même.
7 Le bonheur des méchants est un crime des dieux.
André Chénier, Poésies diverses et fragments, XIII.
8 Tout crime porte en soi une incapacité radicale et un germe de malheur : pratiquons donc le bien pour être heureux, et soyons justes pour être habiles.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 327.
9 Il faut avoir commis bien des crimes, plus ou moins intérieurs, et porter un passé lourd et varié, plein d'accidents moraux et autres, pour savoir, pour oser, réussir enfin quelque jour un acte bon, faire un peu de bien — sans erreur.
Valéry, Rhumbs, Arrière-pensée, p. 255.
10 Certains prêtaient à Fouché le mot célèbre : « C'est pire qu'un crime, c'est une faute ! »
Louis Madelin, l'Avènement de l'Empire, VI, p. 76.
Acte politique, social, de nature criminelle. || Histoire d'un crime, œuvre de Hugo.
2 Dr. et cour. Infraction que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante, opposé à contravention ou à délit (Code pénal, art. 1). || Faire, commettre, consommer, perpétrer (cit. 1 et 2) un crime. Attenter. || Auteur d'un crime. Criminel. || Être coupable, complice d'un crime, d'une tentative de crime. Complicité, tentative. || Scélérat, bandit, brigand capable de tous les crimes. || Crime commis avec préméditation. || Mobile du crime. || Crime flagrant. || Commettre un nouveau crime. Récidive. || Victime d'un crime. || Accuser qqn d'un crime. Accusation (cit. 2); incriminer. || Imputer un crime à qqn. || Poursuivre un crime au nom de la société. Vindicte. || Instruire un crime. Instruction. || Les crimes sont jugés par la cour d'assises. Assises; → 2. Pouvoir, cit. 16. || Être jugé coupable d'un crime. || Punir un crime. || Crime impuni. || Crime qui mérite une peine sévère. Anc. || Crime amendable. || Payer, réparer son crime. Expier. || Se venger d'un crime ( Vengeance; vendetta).
11 Si le fait est qualifié crime par la loi, et que la cour trouve des charges suffisantes pour motiver la mise en accusation, elle ordonnera le renvoi du prévenu aux assises.
Code d'instruction criminelle, art. 231.
Crime d'État. || Crime de lèse-majesté. || Crime contre la chose publique. || Crime contre la sûreté de l'État. Attentat, complot, espionnage, trahison. || Crime de guerre. || Crime politique. || Crime de droit commun. || Crime contre la paix publique. Faux, forfaiture (concussion, corruption, abus d'autorité); association (cit. 14. — association de malfaiteurs). || Crimes contre les particuliers. Assassinat, empoisonnement, homicide, meurtre.suff. -cide (fratricide, génocide, homicide, infanticide, matricide, parricide). || Crime contre les mœurs. Attentat. || Crime passionnel. || Crime crapuleux. || Crime d'un dégénéré. || Crime contre les propriétés. Vol; escroquerie, fraude
Crime et Châtiment, roman de Dostoïevsky (1866).
12 Seront punis de la même peine ceux qui (…) auront fait l'apologie des crimes de meurtre, de pillage ou d'incendie, ou de vol, ou de l'un des crimes prévus par l'article 435 du Code pénal.
Loi du 12 déc. 1893, art. 24.
13 Quand le crime d'État se mêle au sacrilège,
Le sang ni l'amitié n'ont plus de privilège.
Corneille, Polyeucte, III, 3.
14 Le crime fait la honte et non pas l'échafaud.
Thomas Corneille, le Comte d'Essex, IV, 3.
15 La honte est dans le crime et non dans le supplice.
Voltaire, Artémise, IV, 3, cité par Antoine Albalat, la Formation du style, II, p. 48.
16 Enfin, à côté de la juridiction épiscopale, l'Église avait institué pour la répression du crime d'hérésie qui comprenait alors le parjure, le blasphème, le sacrilège, tous les forfaits de la magie, le Tribunal extraordinaire de l'Inquisition.
Huysmans, Là-bas, XVI, p. 223.
17 On ne voit dans vos rues et dans vos lieux publics que des gens qui, le nez dans des feuilles fraîchement noircies, semblent avec délices absorber tous les crimes possibles, qu'on croirait perpétrés sur commande pour qu'ils en trouvent tous les jours de tout neufs et de plus abominables.
Valéry, Variété IV, p. 182.
18 S'agit-il d'un crime contre la sûreté ou le crédit de l'État (contrefaçon du sceau de l'État, de monnaies nationales ayant cours, de papiers nationaux, de billets de banque…) ? La compétence des juridictions françaises s'étend à ce crime, alors même que l'agent n'est pas rentré sur le territoire français (…) S'agit-il d'un crime de droit commun ? (…) L'agent est justiciable des tribunaux français (…)
Donnedieu de Vabres, Droit criminel, nos 1268, 1269.
Allus. hist. || « Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! », paroles attribuées à Madame Roland montant à l'échafaud.
3 Cour. Assassinat, meurtre. || Ce n'est pas un suicide, c'est un crime. || Le lieu, l'arme du crime. || Le mobile (cit. 8), les mobiles d'un crime. || L'auteur, les complices, la victime d'un crime. || Crime crapuleux, passionnel. — ☑ Loc. Crime parfait, dont l'auteur ne peut être découvert.
18.1 C'est sans doute la volupté de s'accuser sans risques, de se flageller sans souffrance, de s'étaler sans crainte, qui pousse la presse et le public à se repaître d'atroce.
Lorsqu'un bon crime éclate, le tirage des journaux triple.
Cocteau, Journal d'un inconnu, p. 68.
18.2 C'est dans ces cas-là qu'il m'a vu ainsi, devant ce qu'on pourrait appeler des crimes d'amateur qu'on finit toujours par découvrir être des crimes d'intérêt.
Pas de crimes d'argent. Je veux dire pas de crimes commis par besoin immédiat d'argent, comme dans le cas des petites gouapes qui assassinent les vieilles femmes.
G. Simenon, les Mémoires de Maigret, p. 150.
18.3 C'est pas seulement à Paris que le crime fleurit
Nous au village l'on a de beaux assassinats.
G. Brassens, l'Assassinat.
4 Par exagér. Faute blâmable, inexcusable. || C'est un crime d'avoir abattu de si beaux arbres. || Ce n'est pas un (grand) crime : ce n'est pas bien grave.
19 Prenez la femme la plus sensée, la plus philosophe, la moins attachée à ses sens; le crime le plus irrémissible que l'homme, dont au reste elle se soucie le moins, puisse commettre envers elle, est d'en pouvoir jouir et de n'en rien faire.
Rousseau, les Confessions, VI.
Imputer qqch. à crime. || Faire à qqn un crime d'une chose : donner beaucoup d'importance à une faute sans gravité, le plus souvent injustement. || Il lui en ferait un crime, un crime d'État.
20 Il vous fait un crime des choses les plus innocentes.
Fénelon, Télémaque, VII.
21 J'en étais bien sûre, que ces reproches-là viendraient dès le lendemain du bonheur rêvé et promis, et que tu me ferais un crime de ce que tu avais accepté comme un droit.
G. Sand, Lettre à Alfred de Musset, p. 79.
Iron. || Faire un crime à qqn de qqch., lui reprocher ce qui est, en réalité, digne d'éloges. || « On lui faisait un crime de ses exploits, de ses vertus » (Académie).
Son crime est, tout son crime est…, se dit en parlant d'actions excusables ou même louables. || Tout mon crime est d'avoir cru en lui.
5 Le crime. a Littér. Les criminels; le fait de commettre des crimes. || Poursuivre, châtier, désarmer le crime. || Le vice appuyé sur le bras du crime (→ Appuyer, cit. 42).
22 Je ne sais de tout temps quelle injuste puissance
Laisse le crime en paix et poursuit l'innocence.
Racine, Andromaque, III, 1.
23 Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés (…)
Racine, Phèdre, IV, 2.
Prov., cour. Le crime ne paie pas.
b Cour. L'ensemble des crimes. || Le milieu du crime. || La capitale du crime : la ville ayant le taux le plus élevé de criminalité. || Les syndicats du crime (aux États-Unis). Maffia.
CONTR. Exploit, prouesse. — Innocence, justice; martyre, sacrifice.

Encyclopédie Universelle. 2012.