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HISTOIRE
HISTOIRE

LE MOT d’histoire désigne aussi bien ce qui est arrivé que le récit de ce qui est arrivé; l’histoire est donc, soit une suite d’événements, soit le récit de cette suite d’événements. Ceux-ci sont réellement arrivés: l’histoire est récit d’événements vrais, par opposition au roman, par exemple. Par cette norme de vérité, l’histoire, comme discipline, s’apparente à la science; elle est une activité de connaissance.

Toutefois l’histoire s’oppose à la science, si l’on prend ce mot en un sens étroit et si on le réserve à des disciplines telles que la physique ou l’analyse économique; en effet, l’histoire est connaissance d’événements, c’est-à-dire de faits, alors que la science est connaissance des lois qui régissent les faits. La physique établit la loi de la chute des corps; si un historien s’occupait de corps qui tombent, ce serait pour raconter des chutes. Il en ressort que l’opposition qu’on établit trop souvent entre les faits historiques, qui seraient «ce que jamais on ne verra deux fois», et les faits physiques, qui se répéteraient, est erronée; un «fait» physique (la chute de telle feuille de tel arbre) est non moins unique, dans l’espace et le temps, qu’un fait «historique» (la chute de tel empereur): il n’est pas moins historique que ce dernier. La véritable différence n’est pas entre les faits, mais entre les disciplines: la connaissance historique est un corps de faits et la science est un corps de lois. Il peut donc exister, et il existe effectivement, une histoire des faits physiques (par exemple, l’histoire de la Terre ou celle du système solaire); inversement, il peut ou pourra y avoir un jour des sciences relatives aux événements humains: ce sont les «sciences humaines», telles que la théorie économique ou la linguistique générale; mais ces sciences humaines ne raconteront pas ce qui est arrivé aux hommes: elles établiront des lois relatives à des événements humains.

Comme on le voit, «histoire» n’est nullement synonyme d’«histoire humaine»: la nature, elle aussi, a son histoire et ses historiens. Il serait inexact de croire que seul l’homme a une histoire, ou que seule l’histoire des hommes nous intéresse parce que nous sommes hommes nous-mêmes; l’histoire est une discipline intellectualiste, elle ne répond pas essentiellement à un besoin existentiel, elle n’est pas taillée sur le patron d’un anthropocentrisme ou d’un humanisme. On comprend néanmoins quelle est l’origine de cette erreur: quantitativement, pour ainsi dire, on écrit beaucoup plus d’histoire humaine que d’histoire de la nature; on peut donc estimer qu’en gros il n’est d’histoire que des hommes. Après tout, on raconte des chutes d’empereurs et de rois, mais non des chutes de corps pesants; il existe bien une histoire de la nature, mais elle se borne à quelques secteurs étroitement délimités, histoire de la Terre, histoire de l’évolution et de la diffusion des espèces vivantes. Si l’on raconte des chutes de rois, et non des chutes de balles de plomb, ne serait-ce pas parce que les rois et leurs sujets nous intéressent comme hommes, alors que les balles de plomb n’éveillent en nous aucun écho humaniste?

Il n’en est rien; notre attitude devant l’histoire de la nature est exactement la même que devant l’histoire humaine. Certes, si nous faisons l’histoire de la Terre ou des plantes cultivées, nous ne racontons pas, en revanche, celle des chutes des différentes feuilles: mais c’est pour les mêmes raisons qui font que, racontant les vicissitudes des empires et les variations des coutumes, nous ne racontons pas cependant, une par une, les coupes de cheveux des différents hommes ou leurs naissances et noces. Ces raisons sont au nombre de deux.

La première est que, par définition, il n’est d’histoire que de ce qui change. Or, ni le mécanisme de la foudre, par exemple, ni le fait que l’homme se nourrit, qu’il a deux jambes et qu’il est sexué, n’ont changé depuis les origines; dès lors, il y a seulement lieu de faire une description non historique du processus de la foudre et de la division en sexes de l’espèce humaine (cette division donnerait lieu à un récit historique si l’humanité cessait un jour d’être sexuée). On voit donc pourquoi, quantitativement, l’histoire des hommes remplit plus de volumes que celle des faits naturels: l’homme change beaucoup plus que la nature, inanimée ou même vivante; il a, comme on sait, des cultures; ses mœurs, ses institutions varient beaucoup dans le temps et l’espace. Il ne reste donc pas grand-chose de non historique à dire sur l’homme.

La seconde raison qui décide de quoi il y aura histoire est plus subtile, mais elle est capitale pour comprendre quelle est l’essence de la connaissance historique. Qu’elle porte sur la nature ou sur l’homme, cette dernière n’est pas connaissance de la singularité des événements, mais de leur spécificité, de ce qu’ils offrent d’intelligible. L’intellect, comme tel, ne s’intéressera pas à ce coup de foudre singulièrement (qui est tombé, par exemple, sur un arbre qui était cher à notre cœur): il s’intéresse au mécanisme de la foudre. De même, un historien sérieux, c’est-à-dire désintéressé, par opposition à un conteur d’anecdotes, à un propagandiste ou à un historien nationaliste, ne s’intéresse pas à l’histoire de France parce que c’est celle de la France et qu’il est français: il s’intéresse à l’histoire pour l’amour de l’histoire; s’il raconte l’histoire de Louis XIV, elle sera pour lui l’histoire d’un représentant de l’espèce royale, l’histoire du détenteur, unique par définition, du rôle monarchique sur la scène historique; il ne s’intéresse pas à Louis XIV à la manière dont Montaigne se sentait lié à La Boétie: «parce que c’était lui, parce que c’était moi»; l’histoire est impersonnelle et la singularité (tel personnage, tel arbre) n’y figure qu’ès qualités, par ce qu’elle offre de spécifique.

Voilà pourquoi l’histoire humaine ne se présente pas comme le recueil des biographies de tous les hommes un par un, et pourquoi l’histoire de la nature ne raconte pas des coups de foudre un à un. Voilà aussi d’où vient l’idée confuse que l’histoire humaine n’est pas l’histoire des individus, mais celle «des sociétés humaines», ou «de l’homme en société», de ce qu’il y a de «collectif» chez l’homme. En fait, le mot juste est celui de spécificité; donnons-en deux exemples, empruntés, l’un aux choses humaines, l’autre à la nature. J’entreprends d’écrire la vie des paysans nivernais sous Louis XIV. L’un de ces paysans, nommé Pierre à la Guillaume, est mort assez jeune après avoir épousé une veuve qui avait du bien au soleil; en matière religieuse, il était «conformiste saisonnier» et faisait ponctuellement ses pâques, etc. Vais-je raconter la vie de ce Pierre? Non, car, historien désintéressé, je n’ai aucune raison de m’intéresser singulièrement à ce paysan plutôt qu’à n’importe quel autre de ses semblables; il n’est pas mon ancêtre et, quand il le serait, ce n’est pas l’histoire de ma propre famille que je suis en train d’écrire. Or, dès que je cesse de m’intéresser à ce Pierre «parce que c’est lui», je m’aperçois que tous les détails de la vie de Pierre sont à confronter avec les détails correspondants de la biographie de chacun des autres paysans nivernais: la mortalité aux différents âges, le mariage, les secondes noces, la politique matrimoniale, la répartition de la propriété, la pratique religieuse; ce sont autant de traits spécifiques de la vie des paysans nivernais. Ainsi, à un recueil de biographies de paysans, je substituerai un recueil d’items spécifiques; ce recueil n’est pas autre chose que l’«histoire des paysans nivernais». Dans cette histoire, la biographie de Pierre se retrouvera tout entière, mais volatilisée, ventilée en différents items : Pierre aura conservé tous ses traits spécifiques, mais perdu sa singularité d’individu. De la même manière, si j’étudie historiquement un grand homme, Louis XIV, sa singularité s’éparpillera entre le rôle spécifique du roi, qu’il est seul à remplir, le rôle d’amant, ou celui de malade; ce sont autant d’items pour l’histoire des institutions politiques, de la vie sexuelle et de la médecine.

L’histoire de la nature porte pareillement sur le spécifique. Vais-je raconter les événements naturels qui se sont succédé sur une surface donnée de l’écorce terrestre, par exemple sur le glacier de Talèfre, dans le massif du Mont-Blanc? À la suite d’un gros orage, le front de la moraine s’écroulait; deux ans plus tard, les chutes de neige étaient exceptionnellement abondantes; au siècle suivant, une colonie de marmottes s’installait aux abords du glacier. À vrai dire, comme nous n’avons aucune raison de préférer singulièrement le glacier de Talèfre à n’importe quel autre canton de la Terre et que la plupart de ces événements ont leurs correspondants dans ces cantons, la plus grande partie de la chronique physique de Talèfre se dispersera entre des items qui sont la climatologie, la zoologie, la glaciologie, la morphologie, etc. Certains pourtant demeurent irréductibles, constituent des changements, sont une histoire: l’histoire de la structure et du relief de la région de Talèfre, qui est un chapitre de l’histoire géologique du massif du MontBlanc; et, de fait, les géologues n’ont pas manqué d’écrire cette histoire. En somme, nous n’écrivons pas l’histoire par goût de la singularité des événements, par amour ou piété envers l’individuel; nous n’y mettons pas du nôtre. C’est bel et bien une partie de la connaissance du monde et de l’homme qui ne se ramène pas à des répétitions ou à des lois; il faut nous résoudre à décrire historiquement ce résidu, si nous voulons ne rien ignorer de la nature et de l’homme.

Si nous affirmons ainsi qu’il existe un strict parallélisme entre l’histoire de l’homme et celle de la nature, ce n’est pas du tout que nous ayons une conception scientiste de l’histoire humaine. Tout au contraire, nous avouons hautement qu’une différence énorme sépare ces deux histoires: l’homme délibère, la nature ne le fait pas; l’histoire humaine deviendrait un non-sens si on négligeait le fait que les hommes ont des buts, des fins, des intentions. Si les épisodes historiques n’étaient que des tranches de déterminisme, alors, quand Bismarck envoie la dépêche d’Ems, le fonctionnement du télégraphe devrait être détaillé au même titre que la délibération du chancelier, et l’historien aurait commencé par raconter quels processus biologiques avaient commencé par amener la venue au monde du même Bismarck. On peut spéculer longuement sur l’explication historique, le rôle des lois et des sciences humaines en histoire, les grandes théories sur l’histoire, le déterminisme historique, etc., mais un fait massif, premier, ne doit tout de même jamais être perdu de vue: l’histoire est un roman vrai et la conception que l’historien se fait de la «causalité» historique est exactement la même que celle que se fait un romancier de la causalité, telle qu’il la met en œuvre dans son roman; aussi est-il surprenant que plusieurs livres étudient «la causalité en histoire»: pourquoi en histoire précisément? L’intérêt épistémologique de pareils livres serait exactement le même si leurs auteurs avaient étudié comment nous expliquons le divorce de Dupont ou le fait que Durand a pris ses vacances à la montagne plutôt qu’à la mer. Plus simplement encore, on pourrait étudier la causalité dans l’Éducation sentimentale ou la Recherche du temps perdu . L’histoire humaine diffère donc grandement de l’histoire de la nature et même de celle des espèces vivantes; mais cette différence lui vient de son objet: l’homme, non de l’implantation de la connaissance historique.

En répudiant ainsi le scientisme, on se donne les coudées franches pour affirmer au contraire le caractère strictement intellectualiste de la connaissance historique. L’histoire est une entreprise mue par une curiosité pure et simple: rien de ce qui est historique n’est étranger à l’historien, de même que rien de ce qui est naturel n’est indifférent pour le naturaliste. Il faut le rappeler fortement: il a été trop longtemps à la mode de prétendre que l’histoire n’est pas connaissance objective, qu’elle est la conscience que les peuples prennent d’eux-mêmes (comme si l’on n’écrivait que son histoire nationale!), que la vision que nous avons du passé reflète nos valeurs présentes, qu’en écrivant l’histoire nous y projetons notre condition... À vrai dire, c’est là un genre d’affirmations passablement gratuites et invérifiables; qu’est-ce que «nos» valeurs, notre condition? Enfin, nul ne se trompe volontairement: comment peut-on reconnaître et avouer un manque d’objectivité de la connaissance historique, sans que cet aveu soit par lui-même le présage d’un prochain retour à l’objectivité? C’est ne rien comprendre à la connaissance historique, et à la science en général, que de ne pas voir qu’elle est une activité sous-tendue par une norme de véracité. Ce qui est vrai, c’est qu’il existe une dimension sociale de l’historiographie: souvenirs nationaux et dynastiques, mythes collectifs, etc. Mais précisément, depuis le premier jour, depuis Hérodote et Thucydide, l’histoire des historiens se définit contre la fonction sociale des souvenirs historiques et s’est posée comme relevant d’un idéal de vérité et d’un intérêt de pure curiosité. Assimiler l’histoire scientifique aux souvenirs nationaux dont elle est issue, c’est confondre l’essence d’une chose avec son origine; c’est ne plus distinguer la chimie de l’alchimie, l’astronomie de l’astrologie. Quelle science, quelle discipline n’a pas aussi sa dimension sociale? La psychanalyse ou la physique ne se confondent pas pour autant avec l’image populaire de la psychanalyse ou avec les applications de la physique.

L’historien, à son insu, serait-il borné dans sa vision par l’optique de la société qui est la sienne? Max Weber l’affirmait, mais les exemples qu’il en donne sont la meilleure réfutation de son affirmation. Nous nous intéressons à l’histoire grecque, prétendait-il, tandis qu’à nos yeux les guerres des tribus cafres ou peaux-rouges ne sont pas de l’histoire. Comme elles semblent lointaines, ces affirmations qui ne datent pourtant que de trois quarts de siècle! Car, précisément depuis le début du XXe siècle, l’histoire a accompli sa seconde mutation. La première avait été celle par laquelle elle s’était arrachée à sa fonction de mythe collectif, pour devenir connaissance désintéressée de la pure vérité: les Grecs sont les auteurs de cette mutation. La seconde mutation, la nôtre, est celle par laquelle nos historiens ont peu à peu pris conscience du fait que tout était digne de l’histoire : aucune tribu, si minuscule soit-elle, aucun geste humain, si insignifiant soit-il en apparence, n’est indigne de la curiosité historique; il n’y a pas une «grande histoire», qui serait politique, et le reste, qui ne vaudrait guère: tout, jusqu’à la moindre coutume, au moindre geste, recèle sa signification spécifique et intéressera l’historien, le sociologue, l’ethnographe, le démographe... On n’a pas le droit d’ignorer quelle est la double leçon du travail des historiens depuis un siècle: que l’histoire est connaissance objective, mue par la curiosité désintéressée, et non expression d’une situation existentielle; et que tout ce qui est historique est digne de l’histoire. Quand Heidegger voit dans l’histoire une projection dans le passé de l’avenir que s’est choisi l’homme, il ne fait qu’ériger en philosophie anti-intellectualiste l’historiographie nationaliste du siècle dernier: ce faisant, comme la chouette de Minerve, il s’est éveillé un peu trop tard.

histoire [ istwar ] n. f.
• 1361; estoire « récit d'événements mémorables » 1155; lat. historia, mot grec
I
1Connaissance et récit des événements du passé, des faits relatifs à l'évolution de l'humanité (d'un groupe social, d'une activité humaine), qui sont dignes ou jugés dignes de mémoire; les événements, les faits ainsi relatés. L'histoire générale, universelle d'un peuple, d'un État, d'une nation. L'histoire de France, d'Allemagne, de l'Afrique. Histoire d'une période, d'une époque. « Histoire de la Révolution française », de Michelet. Histoire ancienne, histoire du Moyen Âge (395 ou 476-1453 ou 1492), histoire des temps modernes ou histoire moderne (1453 ou 1492-1789), histoire contemporaine (depuis 1789). Histoire politique, sociale, économique. Histoire de l'art, de la littérature, des sciences, des mentalités.
♢ HISTOIRE SAINTE (par opposition à l'histoire profane) :les récits de la Bible.
♢ LA PETITE HISTOIRE : les anecdotes, les petits événements qui se rattachent à une période historique. — Loc. Pour la petite histoire...
Récit d'un développement dans le temps. historique. L'histoire d'une découverte, d'un château. « Histoire de la langue française », de F. Brunot. Histoire d'un homme. biographie , vie. Écrire sa propre histoire. autobiographie (cf. aussi ci-dessous III, 1o).
2Étude scientifique d'une évolution, d'un passé; cette évolution. Histoire du globe. L'histoire géologique de l'Europe.
3Absolt Ensemble des connaissances relatives à l'évolution, au passé de l'humanité; science et méthode permettant d'acquérir et de transmettre ces connaissances; par ext. L'évolution humaine considérée comme objet d'étude. Clio, muse de l'histoire. La vérité, l'objectivité en histoire. Allus. littér. « et voilà comme on écrit l'histoire » (Voltaire) :voilà comment un événement est déformé, mal rapporté. Événements de l'histoire situés dans le temps. date; chronologie. Les sources, les documents de l'histoire : annales, archives, chronique, commentaire, fastes, mémoires, souvenirs. Sciences annexes de l'histoire. archéologie, chronologie, diplomatique, épigraphie, généalogie, paléographie. « L'Histoire est la science des choses qui ne se répètent pas » (Valéry). « L'histoire est la plus partiale des sciences » (R. Rolland). « Toute histoire est choix » (L. Febvre). Conception scientifique moderne de l'histoire. La nouvelle histoire : l'histoire non événementielle, intégrée à l'ensemble des sciences humaines.
Auteur de livres d'histoire. historien. Enseigner l'histoire. Professeur d'histoire et géographie. Licence, agrégation d'histoire.
4Par ext. La mémoire des hommes, le jugement de la postérité. Laisser son nom dans l'histoire. Le témoignage, le jugement de l'histoire. L'histoire jugera, dira si on a eu raison d'agir ainsi.
La vérité historique. Récit conforme à l'histoire. Mélanger l'histoire et la fiction.
5Par ext. La suite des événements qu'étudie l'histoire ( 1. passé ). Au cours de l'histoire, dans l'histoire. Le cours, la marche de l'histoire. Le sens de l'histoire. L'accélération de l'histoire. « Nous vivons dans l'histoire comme des poissons dans l'eau » (Sartre). Les peuples qui ont fait l'histoire. Les enseignements de l'histoire.
6Spécialt Ensemble de facteurs historiques (opposé à nature, géographie). L'unité de ce pays a été déterminée par l'histoire.
7La période connue par des documents écrits, opposée aux périodes antérieures de l'évolution humaine ( préhistoire, protohistoire).
8Récit, écrit, livre d'histoire. Acheter une histoire, une histoire de France. « Ces gens lisent toutes les histoires et ignorent l'histoire » (La Bruyère).
9Récit, discours des historiens en tant que genre littéraire. « l'histoire demande le même art que la tragédie » (Voltaire). Peint. D'HISTOIRE : qui représente des scènes célèbres tirées de l'histoire, de la mythologie. Tableau d'histoire. Van Loo, H. Vernet, peintres d'histoire et de batailles.
II
1Vx et didact. La partie des connaissances humaines, reposant sur l'observation et la description des faits, et dont l'acquisition met en jeu la mémoire, opposée à la philosophie, à la science (objets de raison), à la poésie, aux beaux-arts (objets d'imagination). Histoire d'un animal, d'une plante. description, étude.
2(1551) HISTOIRE NATURELLE : étude, description des corps observables dans l'univers, et spécialt sur le globe terrestre (cf. Sciences naturelles). « Histoire naturelle des animaux sans vertèbres », de Lamarck.
III(mil. XVe) UNE, DES HISTOIRES.
1Récit d'actions, d'événements réels ou imaginaires. anecdote, épisode, narration, récit, relation. Conter, raconter une histoire, des histoires. Lire une histoire aux enfants. Histoire vraie, vécue. Histoire merveilleuse, légendaire, fabuleuse. conte, légende, mythe. Une histoire d'amour. C'est l'histoire de... L'intrigue, le sujet, les épisodes d'une histoire. La morale de cette histoire. Allus. littér. Mais ceci est une autre histoire, phrase qui termine plusieurs nouvelles de Kipling. Petite, courte histoire. historiette. Son histoire est invraisemblable, ne tient pas debout. Une histoire idiote, absurde, à dormir debout. L'histoire d'un film, racontée dans le film. ⇒ scénario. — HISTOIRE DRÔLE : bref récit dont la chute est comique. ⇒ plaisanterie. Histoire de fous. Histoires marseillaises. Histoire licencieuse, leste, grivoise; (fam.) cochonne, de cul. Des histoires de corps de garde. Vieilli Une bonne histoire (cf. mod. Une bien bonne). (Dans les titres) « Histoires extraordinaires », d'Edgar Poe. « Histoires », recueil de poèmes de Prévert. « Histoire d'O », de P. Réage.
2Spécialt (XVIIe) Histoire inventée, invraisemblable ou destinée à tromper, à mystifier. conte, fable. Ce sont des histoires, il n'y a pas un mot de vrai dans tout cela. baliverne; fam. blague, frime. Raconter des histoires. mensonge, fam. 1. salade.
3Par ext. Suite, succession d'événements concernant qqn. affaire. Il faut oublier cette histoire. Quelle histoire ! aventure. Le plus beau de l'histoire : le plus extraordinaire, le plus curieux. Ils se sont brouillés pour une histoire d'argent ( question) .
Succession d'événements malencontreux, compliqués. Il m'est arrivé une drôle d'histoire. Se fourrer dans une sale histoire, dans une mauvaise affaire. C'est toujours la même histoire : les mêmes choses se reproduisent, les mêmes ennuis se répètent.
Absolt C'est toute une histoire pour... fam. poème. Il va s'attirer des histoires. ennui. Allons, pas d'histoires ! embarras, façon, manière; fam. chichi. N'en faites pas toute une histoire. fam. fromage, 2. plat. Un homme, une femme à histoires, qui crée facilement des ennuis. ⇒ problème.
♢ SANS HISTOIRE : sans problème, sans rien d'exceptionnel. Tout s'est passé sans histoire. Une vie sans histoire.
Loc. fam. HISTOIRE DE (et inf.),marque le but, l'intention. ⇒ pour, fam. question (de). « J'ai attendu le père Goriot pour voir : histoire de rire » (Balzac).

histoire nom féminin (latin historia, du grec historia, recherche, de histôr, qui sait) Connaissance du passé de l'humanité et des sociétés humaines ; discipline qui étudie ce passé et cherche à le reconstituer : Les sources, les matériaux, les méthodes de l'histoire. Par opposition à la préhistoire, période connue principalement par des documents écrits. Le passé de l'humanité, la suite des événements qui le constituent, considérés en particulier dans leur enchaînement, leur évolution : Des faits qui appartiennent à l'histoire. Mémoire que la postérité conserve des faits et des personnages du passé, sorte de jugement qui semble découler de cette sélection : Un personnage dont l'histoire a retenu le nom. Suite des événements, des faits réels, des états marquant l'évolution d'un groupe humain, d'un personnage, d'un aspect de l'activité humaine, etc. : S'intéresser à l'histoire d'une région, d'une ville. Ouvrage de caractère historique, relatif à telle chose, tel personnage, dû à tel auteur : L'histoire de Tite-Live est inachevée. Récit portant sur des événements ou des personnages réels ou imaginaires, et qui n'obéit à aucune règle fixe ; anecdote visant à amuser, à divertir : Raconter une histoire. Histoires drôles, scabreuses. Aventure que l'on raconte : Il m'est arrivé une drôle d'histoire. Propos mensongers, récit fait pour abuser quelqu'un, pour se justifier, etc. : Ce sont des histoires. Familier. Ensemble d'événements, de faits, généralement fâcheux, complexes : Sa nomination va faire toute une histoire. Problème, question : Se fâcher pour une histoire d'héritage.histoire (citations) nom féminin (latin historia, du grec historia, recherche, de histôr, qui sait) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 L'histoire est composée de ce que les hommes font contre leur propre génie. Correspondance avec Romain Rolland, « Salut et Fraternité » Albin Michel Louis Aragon Paris 1897-Paris 1982 Un livre n'est pas écrit une fois pour toutes : quand il est un vraiment grand livre, l'histoire des hommes y vient ajouter sa passion propre. Littératures soviétiques Denoël Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Nous avons fait tant d'histoire que les historiens manqueront ! Autre étude de femme Henri Bergson Paris 1859-Paris 1941 Il n'y a pas de loi historique inéluctable. Les Deux Sources de la morale et de la religion P.U.F. Henri Bernardin de Saint-Pierre Le Havre 1737-Éragny-sur-Oise 1814 Les hommes ne veulent connaître que l'histoire des grands et des rois, qui ne sert à personne. Paul et Virginie Robert Brasillach Perpignan 1909-Montrouge 1945 L'histoire est écrite par les vainqueurs. Les Frères ennemis Plon André Breton Tinchebray, Orne, 1896-Paris 1966 L'histoire tombe au-dehors comme la neige. Avis aux lecteurs pour « La Femme 100 têtes » de Max Ernst Éditions du Carrefour Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 L'homme n'est pas entièrement coupable : il n'a pas commencé l'histoire ; ni tout à fait innocent, puisqu'il la continue. L'Été Gallimard Alexis Carrel Sainte-Foy-lès-Lyon 1873-Paris 1944 Chaque homme est une histoire qui n'est identique à aucune autre. L'Homme, cet inconnu Plon Louis Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand Céline Courbevoie 1894-Meudon 1961 L'histoire ne repasse pas les plats. In l'hebdomadaire l'Express n° 312 François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Je vous fais voir l'envers des événements, que l'histoire ne montre pas. Mémoires d'outre-tombe Émile Michel Cioran Răşinari, près de Sibiu, 1911-Paris 1995 L'histoire des idées est l'histoire de la rancune des solitaires. Syllogismes de l'amertume Gallimard Auguste Comte Montpellier 1798-Paris 1857 On ne connaît pas complètement une science tant qu'on n'en sait pas l'histoire. Cours de philosophie positive Charles Cros Fabrezan, Aude, 1842-Paris 1888 J'ai composé cette histoire — simple, simple, simple, Pour mettre en fureur les gens — graves, graves, graves Et amuser les enfants — petits, petits, petits. Le Collier de griffes, Le Hareng saur René Descartes La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650 C'est quasi le même de converser avec ceux des autres siècles que de voyager. Discours de la méthode René Descartes La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650 Lorsqu'on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci. Discours de la méthode François de Salignac de La Mothe-Fénelon château de Fénelon, Périgord, 1651-Cambrai 1715 Les mœurs et l'état de tout le corps de la nation ont changé d'âge en âge […] Il est cent fois plus important d'observer ce changement de la nation entière, que de rapporter simplement des faits particuliers. Lettre à l'Académie Anatole François Thibault, dit Anatole France Paris 1844-La Béchellerie, Saint-Cyr-sur-Loire, 1924 Académie française, 1896 L'histoire n'est pas une science, c'est un art. On n'y réussit que par l'imagination. Le Jardin d'Épicure Calmann-Lévy Numa Denis Fustel de Coulanges Paris 1830-Massy 1889 [L'histoire] n'est pas un art. Elle est une science pure. La Monarchie française Pierre Fournier, dit Pierre Gascar Paris 1916-Lons-le-Saunier 1997 Il n'y a pas de logique de l'histoire. L'Arche Gallimard Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 Dans le tumulte des hommes et des événements, la solitude était ma tentation. Maintenant, elle est mon amie. De quelle autre se contenter quand on a rencontré l'Histoire ? Mémoires de guerre, le Salut Plon Jules Huot de Goncourt Paris 1830-Paris 1870 et Edmond Huot de Goncourt Nancy 1822-Champrosay, Essonne, 1896 L'histoire est un roman qui a été, le roman est de l'histoire qui aurait pu être. Journal Fasquelle Marcel, dit Jean Guéhenno Fougères 1890-Paris 1978 Académie française, 1962 L'histoire des hommes n'a jamais été que l'histoire de leur faim. La Foi difficile Grasset Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 L'histoire a pour égout des temps comme les nôtres. Les Châtiments, III, 13 Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 C'est de l'histoire écoutée aux portes de la légende. La Légende des siècles, Préface Eugène Ionesco Slatina 1912-Paris 1994 Ce n'est que pour les faibles d'esprit que l'Histoire a toujours raison. Notes et Contre-notes Gallimard Eugène Ionesco Slatina 1912-Paris 1994 Ce sont les ennemis de l'Histoire qui, finalement, la font. Notes et Contre-notes Gallimard Marcel Jouhandeau Guéret 1888-Rueil-Malmaison 1979 Pour supporter sa propre histoire, chacun y ajoute un peu de légende. L'Imposteur Grasset Henri Lacordaire Recey-sur-Ource, Côte-d'Or, 1802-Sorèze 1861 Académie française, 1860 L'histoire, ce riche trésor des déshonneurs de l'homme. Pensées Patrice de La Tour du Pin Paris 1911-Paris 1975 Tout homme est une histoire sacrée. Une somme de poésie Gallimard Claude Lévi-Strauss Bruxelles 1908 L'histoire n'est pas liée à l'homme, ni à aucun objet particulier : elle consiste entièrement dans sa méthode. La Pensée sauvage Plon Louis Massignon Nogent-sur-Marne 1883-Paris 1962 La vraie, la seule histoire d'un peuple, c'est la montée folklorique de ses réactions collectives, thèmes archétypiques lui servant à classer et à juger les témoins « engendrés » par sa masse. Un vœu et un destin : Marie-Antoinette, reine de France, in Lettres nouvelles n° 30-31 Prosper Mérimée Paris 1803-Cannes 1870 Académie française, 1844 Je n'aime dans l'histoire que les anecdotes. Chronique du temps de Charles IX, Préface Maurice Merleau-Ponty Rochefort 1908-Paris 1961 La philosophie n'est pas une illusion : elle est l'algèbre de l'histoire. Éloge de la philosophie Gallimard Jules Michelet Paris 1798-Hyères 1874 Chaque homme est une humanité, une histoire universelle […]. Histoire de France, tome II, livre VIII, 1 Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 L'histoire, comme une idiote, mécaniquement se répète. Fermé la nuit Gallimard Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval Paris 1808-Paris 1855 On ne peut empêcher les gens de parler, et c'est ainsi que s'écrit l'histoire. Lettre, à son père, 12 juin 1854 Gaétan Picon Bordeaux 1915-Paris 1976 Ce n'est pas l'histoire qui fait le jugement : c'est le jugement qui fait l'histoire. L'Écrivain et son ombre Gallimard André Pieyre de Mandiargues Paris 1909-Paris 1991 L'histoire, la révolution, l'amour ne vont à leurs hauts paroxysmes que par la folie de la poésie. Le Troisième Belvédère Gallimard Francis Ponge Montpellier 1899-Le Bar-sur-Loup 1988 L'histoire, ce petit cloaque où l'esprit de l'homme aime patauger. Interview à la mort de Staline Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 La Muse qui a recueilli tout ce que les Muses plus hautes de la philosophie et de l'art ont rejeté, tout ce qui n'est pas fondé en vérité, tout ce qui n'est que contingent, mais relève aussi d'autres lois, c'est l'Histoire. À la recherche du temps perdu, la Fugitive Gallimard Raymond Queneau Le Havre 1903-Paris 1976 La grande histoire véritable est celle des inventions… Bâtons, chiffres et lettres Gallimard Raymond Queneau Le Havre 1903-Paris 1976 L'histoire est la science du malheur des hommes. Une histoire modèle Gallimard Paul Raynal Narbonne 1885-Paris 1971 La Fable est le ciel de l'Histoire. Napoléon unique Stock Ernest Renan Tréguier 1823-Paris 1892 […] les sciences historiques, petites sciences conjecturales, qui se défont sans cesse après s'être faites […]. Souvenirs d'enfance et de jeunesse, IV, le Séminaire d'Issy Lévy Jules Romains, pseudonyme littéraire devenu ensuite le nom légal de Louis Farigoule Saint-Julien-Chapteuil, Haute-Loire, 1885-Paris 1972 Académie française, 1946 Une bonne définition de l'histoire pourrait être : la catégorie de phénomènes humains qui est à tendance catastrophique ; ou si l'on préfère, le niveau de la vie collective où s'entretiennent les catastrophes. Les Hommes de bonne volonté, le Tapis magique Flammarion Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon Paris 1760-Paris 1825 L'histoire est, dit-on, le bréviaire des rois ; à la manière dont les rois gouvernent, on voit bien que leur bréviaire ne vaut rien ; l'histoire, en effet, sous son rapport scientifique, n'est pas encore sortie des langes de l'enfance. Mémoire sur la science de l'homme Alexis Clérel de Tocqueville Paris 1805-Cannes 1859 L'histoire est une galerie de tableaux où il y a peu d'originaux et beaucoup de copies. L'Ancien Régime et la Révolution Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 L'histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré. Regards sur le monde actuel, De l'histoire Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 L'Histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout et donne des exemples de tout. Regards sur le monde actuel, De l'histoire Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 L'Histoire est la science des choses qui ne se répètent pas. Variété, Discours de l'histoire Gallimard François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Et voilà comme on écrit l'histoire ; puis fiez-vous à Messieurs les savants. Correspondance, à la marquise du Deffand, 24 septembre 1766 Salluste, en latin Caius Sallustius Crispus Amiternum 86 avant J.-C.-vers 35 avant J.-C. Parmi d'autres exercices de l'esprit, le plus utile est l'histoire. Ex aliis negotiis, quae ingenio exercentur, in primis magno usui est memoria rerum gestarum. Guerre de Jugurtha, IV Littéralement : la connaissance des faits accomplis Jorge Luis Borges Buenos Aires 1899-Genève 1986 L'histoire universelle est celle d'un seul homme. La historia universal es la de un solo hombre. Historia de la eternidad Benjamin Disraeli, comte de Beaconsfield Londres 1804-Londres 1881 L'assassinat n'a jamais changé l'histoire du monde. Assassination has never changed the history of the world. Speech in House of Commons, 1er mai 1865 Edward Gibbon Putney, Londres, 1737-Londres 1794 L'histoire n'est guère plus, en vérité, que le registre des crimes, des folies et des malheurs de l'humanité. History, which is, indeed, little more than the register of the crimes, follies and misfortunes of mankind. Decline and Fall of the Roman Empire James Joyce Rathgar, Dublin, 1882-Zurich 1941 « L'histoire, dit Stephen, est un cauchemar dont j'essaie de me réveiller. » « History, Stephen said, is a nightmare from which I am trying to awake. » Ulysses Joseph Rudyard Kipling Bombay 1865-Londres 1936 Mais ceci est une autre histoire. But that's another story. Simples Contes des collines Mao Zedong, Mao Tsö-tong ou Mao Tsé-toung Shaoshan, Hunan, 1893-Pékin 1976 L'histoire de l'humanité est un mouvement constant du règne de la nécessité vers le règne de la liberté. Citations du président Mao Tsé-Toung, XXII Friedrich von Schiller Marbach 1759-Weimar 1805 L'histoire du monde est le jugement du monde. Die Weltgeschichte ist das Weltgericht. Poèmes, Résignation Arthur Schopenhauer Dantzig 1788-Francfort-sur-le-Main 1860 Ce que raconte l'histoire n'est en fait que le long rêve, le songe lourd et confus de l'humanité. Was die Geschichte erzählt, ist in der Tat nur der lange, schwere und verworrene Traum der Menschheit. Le Monde comme volonté et représentation Laurence Sterne Clonmel, Irlande, 1713-Londres 1768 Cela, c'est une autre histoire, dit mon père. That's another story, replied my father. Tristram Shandy Herbert George Wells Bromley, Kent, 1866-Londres 1946 L'histoire de l'humanité devient de plus en plus une course entre l'éducation et la catastrophe. Human history becomes more and more a race between education and catastrophe. The Outline of History, 15 Herbert George Wells Bromley, Kent, 1866-Londres 1946 L'histoire humaine est par essence l'histoire des idées. Human history is in essence a history of ideas. The Outline of History, 40histoire (difficultés) nom féminin (latin historia, du grec historia, recherche, de histôr, qui sait) Orthographe Pas de majuscule : l'histoire de France, l'histoire ancienne. Registre Histoire de (+ infinitif) = pour, dans l'intention de. On a fait une petite belote, histoire de passer le temps. Registre familier. ● histoire (expressions) nom féminin (latin historia, du grec historia, recherche, de histôr, qui sait) C'est de l'histoire ancienne, il y a longtemps de cela, c'est oublié. C'est toujours la même histoire, la même situation amène toujours les mêmes conséquences ; les mêmes ennuis se répètent. C'est toute une histoire, c'est une chose compliquée, qui demande de longues explications ou une longue préparation. C'est une (tout) autre histoire, cela n'a rien à voir avec la question présente. En faire (toute) une histoire, donner à un fait sans importance des prolongements non justifiés. Familier. Histoire de, à seule fin de : Il sortit dans la rue, histoire de prendre l'air. Histoire naturelle, étude descriptive de la nature et des principaux « objets » qui la peuplent : animaux, plantes, minéraux et roches, etc. (On y distingue aujourd'hui les sciences biologiques et les sciences de la terre.) Histoire sainte, nom donné autrefois aux récits bibliques. Peinture d'histoire, celle qui, prenant ses sujets dans la Bible, l'Antiquité, la fable ou l'histoire (ancienne ou contemporaine), occupait le premier rang dans l'ancienne hiérarchie académique des genres. La petite histoire, les petits événements, les anecdotes en marge d'une période historique. ● histoire (synonymes) nom féminin (latin historia, du grec historia, recherche, de histôr, qui sait) Suite des événements, des faits réels, des états marquant l'évolution...
Synonymes :
- passé
- vie
Ouvrage de caractère historique, relatif à telle chose, tel personnage...
Synonymes :
Récit portant sur des événements ou des personnages réels ou...
Synonymes :
Aventure que l'on raconte
Synonymes :
- problème
Propos mensongers, récit fait pour abuser quelqu'un, pour se justifier...
Synonymes :
- balivernes
- bateau (familier)
- blague (familier)
- craque (familier)
- sornettes
Familier. Ensemble d'événements, de faits, généralement fâcheux, complexes
Synonymes :
- anicroche (familier)
- difficulté
Histoire naturelle
Synonymes :

histoire
n. f.
d1./d Récit d'actions, d'événements relatifs à une époque, à une nation, à une branche de l'esprit humain, qui sont jugés dignes de mémoire. Histoire moderne. Histoire événementielle. Histoire sociale, économique, politique, diplomatique, littéraire, philosophique, religieuse, des idées. Histoire de l'Antiquité, ou histoire ancienne, jusqu'à la fin du Ve s. apr. J.-C.; histoire du Moyen âge, jusqu'à la fin du XVe siècle; histoire des Temps modernes, des XVIe, XVIIe et XVIIIe s. jusqu'à la Révolution française; histoire contemporaine, commençant à la Révolution et englobant notre époque.
d2./d Science de la connaissance du passé. L'histoire s'appuie sur des documents: fossiles, monuments, monnaies, oeuvres d'art, chroniques, mémoires. Cours, professeur d'histoire.
d3./d Par ext. Suite des événements (vus rétrospectivement). Les enseignements de l'histoire.
L'histoire jugera. Le sens de l'histoire, jugé inéluctable. L'accélération de l'histoire.
d4./d Relation d'actions, d'événements, d'aventures réelles ou inventées. Raconter une histoire à un enfant. L'histoire d'un voyage.
Loc. Fam. Le plus beau de l'histoire: le fait le plus remarquable. C'est toute une histoire: ce serait long à raconter, ou à obtenir, à réaliser. C'est une autre histoire: il s'agit d'autre chose. En voilà une histoire, en parlant d'une nouvelle fâcheuse. C'est de l'histoire ancienne, se dit de qqch qu'on veut oublier.
d5./d Récit inventé pour tromper, mensonge. Une histoire à dormir debout, invraisemblable.
Par ext. Faire des histoires: faire des embarras.
S'attirer des histoires, des désagréments, des querelles.
d6./d Loc. Fam. Histoire de (+ inf.): pour. J'ai dit ça, c'était histoire de rire, c'était pour plaisanter.
d7./d Vieilli, Fam. (Cour. en Belgique) Objet quelconque. Range ces histoires.

⇒HISTOIRE, subst. fém.
A. — [L'histoire d'un point de vue collectif]
1. [Le subst. est précédé d'un déterm. et accompagné d'un adj. ou d'un compl. déterminatif]
a) Recherche, connaissance, reconstruction du passé de l'humanité sous son aspect général ou sous des aspects particuliers, selon le lieu, l'époque, le point de vue choisi; ensemble des faits, déroulement de ce passé. Histoire universelle; histoire de l'art. Faria continuait d'instruire Dantès, (...) lui apprenant l'histoire des nations et des grands hommes (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 213). Nous avons, dans notre histoire, subi des défaites plus graves (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 299).
SYNT. Histoire ecclésiastique, événementielle, générale, intérieure, nationale, officielle, politique, profane, sacrée, secrète; histoire économique et sociale; histoire grecque, romaine; histoire de la Révolution; histoire de l'Église, de l'humanité, du monde, des peuples; histoire du droit, de la littérature, de la philosophie, des religions, des sciences; histoire de l'esprit humain, de la pensée humaine, des idées, des mœurs; la nouvelle histoire.
Histoire ancienne. Histoire couvrant les périodes les plus anciennes que nous connaissions depuis l'apparition de l'écriture et jusqu'à la chute de l'Empire romain (476) (cf. Encyclop. éduc., 1960, p. 229).
Histoire du Moyen Âge. Histoire qui commence en 476 et dont on fixe généralement le terme à la découverte de l'Amérique (1492) (cf. Encyclop. éduc., 1960, p. 229).
Histoire moderne. Histoire couvrant la période 1492-1789 (cf. Encyclop. éduc., 1960, p. 229).
Histoire contemporaine. Histoire qui commence en 1789 et s'étend jusqu'à nos jours (cf. Encyclop. éduc., 1960, p. 229).
Histoire Sainte. Ancien et Nouveau Testament; plus partic., Ancien Testament, relation de l'histoire du peuple hébreu. On m'enseignait l'Histoire Sainte, l'Évangile, le catéchisme sans me donner les moyens de croire (SARTRE, Mots, 1964, p. 207).
Histoire des civilisations. Histoire qui s'attache à la vie matérielle, morale, culturelle. Exploitation méthodique des sources non écrites de l'histoire des civilisations (Traité sociol., 1968, p. 292).
b) Expressions
C'est de l'histoire ancienne, c'est de la vieille histoire. C'est une chose dépassée, il n'en est plus question. Hé! c'est de l'histoire ancienne, mon cher ami, dit Mme de Rênal en riant (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 130).
L'histoire ancienne (p. plaisant., à propos d'une femme âgée). Mme Ledoux : C'est bon, l'histoire ancienne, tournez-moi le feuillet (DIEULAFOY, FRANCIS, DÉSAUGIERS, DUPATY, Une Matinée du Pont-Neuf, 1806, p. 36 ds QUEM. DDL t. 19).
La petite histoire. Le côté anecdotique de l'histoire; l'ensemble des faits historiques secondaires. Anton. la grande histoire, l'Histoire (avec un grand H). Un homme qui a un goût de la petite histoire, de l'anecdote, des côtés vraiment amusants de l'humanité (GONCOURT, Journal, 1874, p. 1012).
Pour la petite histoire. Signalons, pour la petite histoire, que l'actuel président Kennedy a été employé de cette agence (Agences presse, 1962, p. 13).
c) P. méton. Ouvrage relatant des faits du passé. Pauvre Marie! Il lui faut retravailler pour l'examen d'octobre (...); elle lit dans les atlas, dans des Histoires de France (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 249).
2. [Le subst. est empl. seul]
a) Évolution de l'humanité à travers son passé, son présent, son avenir. Un moment, un tournant de l'histoire; à travers, au cours de l'histoire. Il [Napoléon Ier] faisait l'histoire et il l'écrivait (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 802). Paysages chargés d'histoire (MASSIS, Jugements, 1923, p. 135). L'Histoire commence ou recommence par la rencontre d'un homme et d'un événement (F. MITTERRAND, Ici et maintenant, Paris, Le livre de poche, 1981, p. 37).
SYNT. Mouvement, sens de l'histoire; époques, événements de l'histoire; pour la première fois dans l'histoire; tout au long de l'histoire; exemple tiré de l'histoire; unique dans l'histoire; appartenir à l'histoire; (être) sans exemple dans l'histoire; jouer un rôle dans l'histoire; géographie, philosophie de l'histoire.
En partic.
[L'histoire est personnifiée] Le tribunal de l'histoire; les enseignements, les leçons de l'histoire; l'histoire atteste, montre; (à ce que) dit l'histoire. L'histoire amnistie Henri quatre (HUGO, Chansons rues et bois, 1865, p. 50). V. comparer ex. 8.
♦ Partie du passé que l'on connaît par des documents écrits. Au cours des siècles de l'histoire et de la préhistoire (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 188).
PEINT. Genre consistant à représenter des scènes (de caractère militaire, politique, etc.) passées ou mythologiques. Peintre, peinture d'histoire. Sa galerie était composée de tableaux d'histoire, de tableaux sur des sujets poétiques et religieux, et de paysages (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 69). La plupart des prix de Rome renoncent vite à « l'histoire » pour peindre de riches bourgeois en redingote (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 410).
[P. allus.]
♦ [au proverbe Les peuples heureux n'ont pas d'histoire, les peuples heureux ne connaissent pas d'événements marquants, dignes de mémoire] :
1. ... je m'apprivoisai vite et me plus si bien par la suite, que véritablement comparable aux peuples heureux qui n'ont pas d'histoire, (...) c'est peut-être, oui, la période de toute ma vie dont je me souviens le moins.
VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 54.
♦ [au vers de Voltaire, dans sa pièce Charlot ou la Comtesse de Givri, I, 7 Et voilà justement comme on écrit l'histoire, pour indiquer qu'on déforme la réalité historique] :
2. ... privation de la pipe, souffrance horrible à laquelle n'ont pas été condamnés les premiers chrétiens. Et on dira que les empereurs ont été cruels!!! Voilà comme on écrit l'histoire, Môssieu!
FLAUB., Corresp., 1844, p. 150.
b) Science qui étudie, relate de façon rigoureuse le passé de l'humanité; discipline scolaire, universitaire correspondante; leur contenu. Cours, leçon, livre d'histoire; apprendre, enseigner l'histoire; faire de l'histoire. En compagnie de M. Martin, le professeur d'histoire et de géographie (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 90) :
3. ... l'histoire n'est pas seulement une monographie; elle ne s'intéresse pas seulement à un individu, quelque grand qu'il soit; elle cherche particulièrement l'ordre et le progrès des événemens...
COUSIN, Hist. philos., t. 1, 1829, p. 139.
3. P. anal.
a) Évolution, passage par différentes phases d'un objet quelconque de connaissance; étude, description correspondante. Données intéressantes sur l'histoire anatomique et physiologique de ce viscère (CUVIER, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 65). L'histoire de la Terre est divisée, par les géologues, en plusieurs grandes ères (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 54).
b) En partic.
LINGUISTIQUE
Histoire d'un mot, d'un vocable. La simple histoire d'un vocable à travers les âges (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 168).
Histoire d'une langue. Je lis aujourd'hui, dans l'Histoire de la Langue française de Brunot :... (GIDE, Journal, 1907, p. 240). À une étape de l'histoire de la langue correspond une étape dans celle de la graphie (SAUSSURE, Ling. gén., 1916, p. 49).
Histoire transformationnelle d'une phrase.
Histoire naturelle. Connaissance, étude, description des êtres et des corps qui se trouvent dans la nature. Synon. mod. sciences naturelles. Cabinet, muséum d'histoire naturelle. Aujourd'hui, l'histoire littéraire se fait comme l'histoire naturelle, par des observations et par des collections (SAINTE-BEUVE, Pensées, 1852, p. 50).
B. — [L'histoire d'un point de vue individuel]
1. Ensemble d'événements, évolution concernant une personne ou une chose. En 1798, se présente dans l'histoire de mon père une circonstance futile en apparence, importante en réalité (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 187). V. épisode ex.
SYNT. Histoire intime, particulière, scandaleuse; histoire d'un homme, d'une famille; la propre histoire de qqn; (c'est) l'éternelle histoire de.
Expr. C'est mon histoire que vous contez là; voilà mon histoire (Ac. 1835-1935). Ce n'est pas le plus bel endroit de son histoire, le plus beau de son histoire (Ac. 1835-1935). Savoir l'histoire de quelqu'un (Ac. 1835-1935). C'est l'histoire de tous les (+ une catégorie de personnes). C'est l'histoire de tous les contemplatifs (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 612).
2. Fam. Ce qui arrive à quelqu'un, ce qui le concerne en particulier; ce qui est fait par quelqu'un.
a) Affaire, aventure, problème particulier. Drôle d'histoire; quelle histoire! En dehors d'une petite histoire de braconnage (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 49) :
4. — Qu'est-ce que les gens ont à foutre de ce que je pense, moi, ou de ce que je sens? dit Henri. Mes petites histoires n'intéressent personne; et la grande histoire n'est pas un sujet de roman.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 225.
SYNT. Curieuse, déplorable, fameuse, sale, vilaine histoire; le fin mot de l'histoire; histoire d'argent, de famille, de femmes.
Expr. C'est toute une histoire. Ce fut toute une histoire. Il s'était mis cela dans la tête (LÉAUTAUD, In memor., 1905, p. 207). C'est toujours la même histoire. Qu'est-ce que vous voulez, c'est toujours la même histoire, la même fatalité imbécile de la vie (COURTELINE, Femmes d'amis, Fils, 1885, p. 114). C'est une autre histoire. Mais ce fut une bien autre histoire, quand il fallut savoir lequel de nous deux mangerait cette pauvre petite fraise (ZOLA, Nouv. contes Ninon, 1874, p. 39). Sans histoire. Sans incident. Oui, j'eusse désiré une vie sans histoire (BERNANOS, Joie, 1929, p. 669).
b) En partic.
Affaire compliquée, difficile. C'était une histoire qu'une figure debout. Il fallait des armatures de fer (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 185).
Aventure amoureuse. Vous avez été souvent aimé. Vous avez eu des histoires, des aventures (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, I, 13, p. 9).
Histoire de cul, de fesses. V. cul I C 1.
Au plur. Complications, ennuis, méchancetés faites par quelqu'un. Des histoires à n'en plus finir; un tas d'histoires; personne à histoires; pas d'histoires. Il ne veut pas s'attirer des histoires inutilement (MICHAUX, Plume, 1930, p. 143).
Loc. Avoir des histoires avec qqn. Tiens! Avale ça, et puis décampe : je ne tiens pas à avoir des histoires avec ton père, moi! (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 642). Faire des histoires (de qqc.), (à qqn). Ils ne font pas tant d'histoires quand ils bombardent Rouen (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 69).
C. — Récit concernant un fait historique ou ordinaire; narration d'événements fictifs ou non. Histoire d'amour; conter, raconter une histoire. Les histoires de Tacite ne sont autre chose que des mémoires passionnés contre les tyrans (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 69). Ces deux histoires sont nées jumelles. Qui lit César Birotteau, devra donc lire la Maison Nucingen (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 421) :
5. ... Baudelaire (...) n'a pas inséré la traduction de cet essai dans les œuvres mêmes d'Edgar Poe; mais il en a introduit la partie la plus intéressante (...) dans la préface qu'il a placée en tête de sa traduction des Histoires [it. ds le texte] extraordinaires.
VALÉRY, Variété II, 1929, p. 147.
SYNT. Histoire fantastique, invraisemblable, touchante, vraie; admirable, belle, bonne, simple, tragique, triste histoire; héros, suite d'une histoire; écouter, inventer, lire une histoire; histoires merveilleuses; histoires de brigands, de fantômes, de fées, de sorcières; aimer les histoires; savoir des histoires.
Expressions
Histoire à dormir debout.
Le plus (+ adj.) de l'histoire, (c'est que...). Il ajouta (...) : « Mais le plus drôle de mon histoire, c'est qu'elle est vraie. » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Voleur, 1882, p. 1229) :
6. LE DUC : Vous perdiez le plus beau de l'histoire (...). LA MARQUISE : Mais c'est une histoire des Mille et une Nuits que vous me racontez là!
DUMAS père, Mlle de Belle-Isle, 1839, IV, 7, p. 67.
En partic.
Récit, souvent tiré de l'Écriture Sainte, représenté par un dessin, une peinture. Les petites roses des fenêtres se simplifient pour laisser place aux histoires des vitraux (MICHELET, Journal, 1831, p. 81).
Histoire (drôle). Récit généralement court visant à faire rire. Histoire belge. V. gascon, VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 238.
Histoire de fou(s).
Souvent au plur. Récit faux, mensonge; paroles mensongères, médisantes. Des histoires circulent, courent. Je ne suis déjà que trop victime de vos mauvais propos. Je sais (...) les jolies histoires que vous faites sur mon compte (LECLERCQ, Proverbes dram., Mme Sorbet, 1835, 4, p. 137). On t'a raconté des histoires, camarade, ou tu les as rêvées (BERNANOS, Nuit, 1928, p. 32).
Loc. fam. Qu'est-ce que c'est que cette histoire? :
7. CLOTAIRE : Marceline s'en va. Marceline te quitte. Marceline part avec un autre. JEF : Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Je viens de la rencontrer. Elle riait.
ACHARD, J. de la Lune, 1929, III, 2, p. 26.
D. — Fam. et pop.
1. Chose, objet auquel on ne sait pas ou ne veut pas donner de nom. Synon. truc, affaire :
8. LHERMITE (...) : Monsieur m'a dit de m'adresser à vous, mademoiselle, pour savoir où je devais déposer (Il montre le paquet qu'il a sous le bras.) ses petites histoires. JEANNETTE : Quelles petites histoires? LHERMITE : Mais ses brosses, son pinceau à barbe, ses objets de toilette, en un mot.
FEUILLET, Scènes et prov., 1851, p. 284.
En partic. Sexe. Cf. LARCHEY, Dict. hist. arg., Nouv. Suppl., 1889, p. 154.
2. Avoir ses histoires. Avoir ses règles. Cf. RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p. 188.
3. Loc. prép. Histoire de + inf. Pour, afin de. Histoire de rire. Je vous les cèderais pour un morceau de pain, histoire de vous rendre service (COURTELINE, Linottes, Pendule, 1890, p. 182).
Rem. On relève chez Mérimée 2 var. de cette loc. a) Histoire que + subj. Afin que. Histoire que vous sachiez que je suis homme de parole (Lettres Mme de La Rochejacquelein, 1870, p. 200). b) Histoire de + subst. À cause de, en raison de. J'ai remis chez vous, en allant au chemin de fer, vos deux volumes non enveloppés, histoire de la grande précipitation où j'étais (Lettres à une inconnue, t. 2, 1858, p. 30).
REM. 1. Histoire-batailles, subst. fém. Histoire envisagée essentiellement sous l'angle des batailles. Les auteurs de manuels d'histoire au temps de l'histoire-batailles (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 60). 2. Histoire-chronique, subst. fém. Histoire relatée à la manière d'une chronique. Barante (...) chef de l'histoire-chronique (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 266). 3. Histoire-discours, subst. fém. Histoire relatée par des exposés oraux. Guizot (...) véritable chef de l'histoire-discours (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 266). 4. Histoire-drame, subst. fém. Pièce de théâtre dont le sujet concerne un personnage, un fait historique. Le duc d'Enghien, histoire-drame, par M. Édouard d'Anglemont (Musset ds Revue des Deux Mondes, 1833, p. 103). 5. Historisant, -ante, adj. a) Historien historisant. Historien qui considère sa discipline comme obéissant à des lois propres et qui l'étudie dans cette perspective par la seule description des événements et des conditions de leur déroulement. Le véritable historien (...) non (...) l'aride historien historisant (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 173). b) Histoire historisante. Histoire correspondant à cette conception. L'histoire historisante demande peu. Très peu (L. FEBVRE, Combats pour hist., Hist. historisante, 1947, p. 118). 6. Historisation, subst. fém. Action de faire l'histoire; résultat de cette action. Cette philosophie [du révolutionnaire] naît d'une entreprise historique et doit représenter à celui qui la réclame un certain mode d'historisation qu'il a choisi (SARTRE, Sit. III, 1949, p. 181). 7. Historisme, subst. masc. Doctrine selon laquelle tout fait, tout événement s'explique par les conditions historiques, résulte de l'évolution historique. Faute d'apercevoir la genèse du monde, la description des types idéaux reste déchirée entre l'historisme et le formalisme (J. VUILLEMIN, Être et trav., 1949, p. 37).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. [Début XIIe s. istorie « récit des événements de la vie de quelqu'un » (Alexis, Prologue, éd. Chr. Storey)]; ca 1105 storie (BENEDEIT, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 54); 1155 hystoire « chronique, récit des événements relatifs à un peuple ou à l'humanité en général » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 14809); 2. a) ca 1265 istore « ensemble des connaissances relatives à l'évolution de l'humanité; science » (BRUNO LATIN, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, livre 3, chap. 41, §3); b) 1646 histoire « mémoire que la postérité garde du passé » (ROTR., St. Gen., I, 4 ds LITTRÉ). B. [Ca 1200 d'apr. FEW t. 4, p. 439b]; ca 1240 hystoire « représentation d'une scène à plusieurs personnages; illustrations » (RICHARD DE FOURNIVAL, Bestiaire d'amour en vers, éd. A. Långfors, vers 66, f° 90a ds Mémoires de la Société néo-philologique de Helsingfors, t. 7, p. 305). C. 1. a) Ca 1462 histoire « récits d'événements réels ou imaginaires » (Cent nouv. nouv., éd. Fr. P. Sweetser, p. 1); b) 1663 « propos mensongers destinés à tromper ou à mystifier » (MOLIÈRE, L'Étourdi, 943); 2. 1670 « affaire, événements particuliers » (ID., Bourgeois gentilhomme, III, 3). D. 1551 histoire naturelle (P. BELON, Histoire naturelle des estranges poissons marins [titre]). Empr. au lat. historia « œuvre historique, récit », « objet de récit historique », « contes, sornettes », du gr. « recherche, information », « résultat d'une information, connaissance », « récit » d'où « Histoire ». Fréq. abs. littér. : 23 447. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 30 353, b) 31 889; XXe s. : a) 35 297, b) 35 502. Bbg. LAUNAY (M.). Le Vocab. pol. de J.-J. Rousseau. Genève, Paris, 1977, p. 114.

histoire [istwaʀ] n. f.
ÉTYM. 1361; estoire, 1155, « récit d'événements mémorables »; historie, 1050; du lat. historia, mot grec.
———
I
1 Connaissance ou relation des événements du passé, des faits relatifs à l'évolution de l'humanité, d'un groupe social, d'une activité humaine, etc., et qui sont dignes ou jugés dignes de mémoire; événements, faits ainsi relatés.Histoire générale, universelle; histoire de l'humanité (→ Carte, cit. 13). || Discours sur l'histoire universelle, de Bossuet (1681). || Histoire de la société (→ Entrecroiser, cit. 4), d'une société, d'un peuple (→ Empreindre, cit. 6). || L'histoire des sociétés antiques (→ Époque, cit. 7). || L'histoire de la Grèce, des Grecs (→ Exemple, cit. 33), des Romains (→ Grandeur, cit. 6). || Histoire d'un continent; de l'Asie, de l'Europe (→ Centre, cit. 16; envisager, cit. 9). || Histoire d'un pays, d'un État, d'une nation. || Histoire de l'Occident; l'histoire occidentale. || Histoire de France (→ Consulat, cit. 2; érudition, cit. 4), de Chine (→ Ère, cit. 4). || Histoire de France, de Michelet (1833-1867), de Lavisse (1903-1922), de Bainville (1924). || Histoire de la nation française, de G. Hanotaux (1926-1929). || Histoire d'une région, d'une ville.
1 Il a fallu avant toutes choses vous faire lire dans l'Écriture l'histoire du peuple de Dieu, qui fait le fondement de la religion. On ne vous a pas laissé ignorer l'histoire grecque ni la romaine; et ce qui vous était plus important, on vous a montré avec soin l'histoire de ce grand royaume, que vous êtes obligé de rendre heureux.
Bossuet, Disc. sur l'Hist. universelle, Avant-propos.
2 Tous les peuples ont écrit leur histoire dès qu'ils ont pu écrire.
Voltaire, Dict. philosophique, Histoire, V.
3 Animés par la curiosité et par l'amour-propre, et cherchant par une avidité naturelle à embrasser à la fois le passé, le présent et l'avenir, nous désirons en même temps de vivre avec ceux qui nous suivront, et d'avoir vécu avec ceux qui nous ont précédés. De là l'origine et l'étude de l'histoire, qui nous unissant aux siècles passés par le spectacle de leurs vices et de leurs vertus, de leurs connaissances et de leurs erreurs, transmet les nôtres aux siècles futurs.
d'Alembert, Disc. préliminaire, Œ., 1821, t. I, p. 36.
Histoire d'une période, d'une époque. || Histoire qui s'étend (cit. 39) sur une période de…, sur deux cents ans, sur plusieurs siècles. || Histoire de France de 1789 à 1870. || Histoire du moyen âge, de l'Ancien Régime, de l'Empire (→ Critique, cit. 3).Histoire de la Révolution française, de Thiers (1823-1827), de Michelet (1847-1853). || Divisions traditionnelles de l'histoire en histoire ancienne (cit. 10.2) [avant 395 ou 476]; histoire du moyen âge (de 395 ou 476 à 1453); histoire des temps modernes (de 1453 à 1789), histoire contemporaine.
Loc. fig. et fam. C'est de l'histoire ancienne. Ancien (II., 1.).
Histoire d'un problème politique, d'une question internationale. || L'histoire des relations franco-allemandes, anglo-russes. || Histoire de la question d'Orient (→ Croisade, cit. 1).Histoire d'un régime politique, social. || Histoire de l'esclavage, de la féodalité. || Histoire d'une monarchie, d'une dynastie.Histoire d'un souverain, d'un roi (→ Authentique, cit. 12), d'un grand homme, d'un héros. Biographie, vie (→ Grand, cit. 63). || L'histoire d'un règne. || Histoire de saint Louis, de Joinville (début XIVe siècle). || Histoire de Charles XII, de Voltaire (1731).Histoire d'un parti. || Histoire des Girondins, de Lamartine (1847).
Histoire intérieure, interne. || Histoire extérieure, diplomatique. || Histoire politique, sociale. || Histoire économique et sociale (→ ci-dessous, cit. 22.2). || Histoire climatique, histoire du climat (→ ci-dessous, cit. 8.4) et histoire rurale. || Histoire religieuse, ecclésiastique (→ Cas, cit. 13). || Histoire des religions. || Histoire militaire, histoire de l'armée. || Histoire de l'aviation (cit. 3), de la marine. || Histoire du droit; histoire de la littérature, histoire littéraire; histoire de la philosophie, de la science, d'une science. || Histoire de la philosophie et philosophie de l'histoire. || Histoire des sciences; histoire des idées. || Histoire de l'art, de la peinture, de l'architecture (→ Aqueduc, cit. 2; effacer, cit. 16). || Histoire du théâtre, du cinéma, de la musique. || Histoire des mœurs, des coutumes. || Histoire de la mode, du costume. || Histoire des mentalités (→ ci-dessous, cit. 8.3); histoire des mentalités et psychologie sociale; histoire des attitudes et étude des groupes. || Histoire de l'imagination. || Histoire de la sexualité, ouvrage de Michel Foucault. || « Histoire de la vérité » (Michel Foucault; → ci-dessous, cit. 8.6). || Histoire du corps, de l'hygiène, des habitudes alimentaires. || Histoire d'une religion; histoire du christianisme (→ Embrasser, cit. 25), histoire de l'Islam. || Histoire de la langue, d'une langue (→ Archaïsme, cit. 1; français, cit. 13; genre, cit. 27). || Histoire de la langue française, de F. Brunot. || Histoire des usages linguistiques; histoire du livre, de la lecture.
4 (…) en un mot, c'est encore plus d'un grand siècle que d'un grand roi que j'écris l'histoire (il s'agit du Siècle de Louis XIV).
Voltaire, Lettre à Milord Harvey, 652, 1740.
5 La véritable histoire est celle des mœurs, des lois, des arts, et des progrès de l'esprit humain.
Voltaire, Lettre au baron de Tott, 3101, 23 avr. 1767.
6 En lisant les sèches et rebutantes nomenclatures de faits appelés histoires, qui ne s'est aperçu que les écrivains ont oublié, dans tous les temps, en Égypte, en Perse, en Grèce, à Rome, de nous donner l'histoire des mœurs.
Balzac, Avant-propos, Pl., t. I, p. 5.
7 Il y a entre les façons infinies d'écrire l'histoire, deux divisions principales qui tiennent à la nature des sources auxquelles on puise. Il y a une sorte d'histoire qui se fonde sur les pièces mêmes et les instruments d'État, les papiers diplomatiques, les correspondances des ambassadeurs, les rapports militaires, les documents originaux de toute espèce. Nous avons un récent et un excellent exemple de cette méthode de composition historique dans l'ouvrage de M. Thiers, qui se pourrait proprement intituler : Histoire administrative et militaire du Consulat et de l'Empire. Et puis, il y a une histoire d'une tout autre physionomie, l'histoire morale contemporaine écrite par des acteurs et des témoins (…)
Sainte-Beuve, Réflexions sur les lettres, éd. Plon, 1941, p. 70.
8 L'histoire politique n'est pas l'histoire des partis, de même que l'histoire de l'esprit humain n'est pas l'histoire des coteries littéraires. Au-dessus des partis, il y a ces grands mouvements dont l'histoire de tous les temps est remplie, mais qui, depuis soixante-dix ans, ont pris un nom et une forme particuliers, le nom et la forme de révolutions. C'est là l'objet qui doit, dans l'histoire contemporaine, fixer l'attention du philosophe et de l'observateur.
Renan, Questions contemporaines, Œ. compl., t. I, p. 33.
8.1 L'histoire de l'art est ainsi une esquisse de l'histoire de la religion. Mais ce n'est pas la religion même qui écrit cette double histoire.
Alain, Hegel, in les Passions et la Sagesse, Pl., p. 1053.
8.2 Qu'est-ce que la féodalité ? Des institutions, un mode de production, un système social, un type d'organisation militaire ? Georges Duby répond qu'il faut aller plus loin, « prolonger l'histoire économique par celle des mentalités », faire entrer en ligne de compte « la conception féodale du service ». La féodalité ? « Une mentalité médiévale ».
Jacques Le Goff, les Mentalités : une histoire ambiguë, in Faire de l'histoire, t. III, p. 77.
8.3 (…) la psychologie sociale penche vers l'ethnologie et, par-delà, vers l'histoire. Deux domaines manifestent cette attirance réciproque de l'histoire des mentalités et de la psychologie sociale : le développement des études sur la criminalité, les marginaux, les déviants dans les époques passées et l'essor parallèle des sondages d'opinion et des analyses historiques de comportements électoraux.
Dans cette voie un des intérêts de l'histoire des mentalités se révèle : les possibilités qu'elle offre à la psychologie historique de se relier à un autre grand courant de la recherche historique aujourd'hui : l'histoire quantitative. Science en apparence du mouvant et du nuancé, l'histoire des mentalités peut au contraire, avec certaines adaptations, utiliser les méthodes quantitatives mises au point par les psychologues sociaux.
Jacques Le Goff, les Mentalités : une histoire ambiguë, in Faire de l'histoire, t. III, p. 78-79.
8.4 Le but de l'histoire climatique n'est pas d'expliquer l'histoire humaine, ni de rendre compte, en un style simpliste, de tel ou tel épisode grandiose (…) Même quand cet épisode stimule, pour des raisons valables, la réflexion des férus d'histoire. Le « but », en première analyse, est tout autre : il consiste d'abord, à dessiner les linéaments d'un devenir météorologique, dans l'esprit de ce que Paul Veyne appelle une « histoire cosmologique de la nature ». Certes, cette « cosmologie chronologique », modestement limitée à l'étude d'un climat de région, peut servir de discipline d'attente, pour un projet tout autre, et plus ambitieux, qui vise, lui, l'histoire humaine : les « retombées » de l'histoire du climat intéressent en effet la chronologie des famines et peut-être aussi celle des épidémies; mais il ne s'agit là que de conséquences dérivées : si importantes et même passionnantes qu'elles soient, elles demeurent marginales.
Emmanuel Le Roy-Ladurie, le Climat : l'histoire de la pluie et du beau temps, in Faire de l'histoire, t. III, p. 3.
8.5 La limite entre les « puissants » et les « pauvres », instituée par les rapports de production, la limite de classe, se déplaçait insensiblement vers le bas de l'échelle sociale. Sur l'emplacement primitif de cette frontière, la noblesse édifia une nouvelle barrière. Elle est comme l'ombre, le fantasme de la première. Imaginaire. Ce fut l'idéologie, ce furent des rites qui l'érigèrent.
Ici devrait prendre place une histoire de l'adoubement (…) Elle est difficile, puisque c'est celle d'un sens, d'une signification, de l'insaisissable changement d'une signification.
Georges Duby, les Trois Ordres…, p. 356.
8.6 Je devais choisir : ou bien maintenir le plan établi, en l'accompagnant d'un rapide examen historique de ce thème du désir. Ou bien réorganiser toute l'étude autour de la lente formation, pendant l'Antiquité, d'une herméneutique de soi. C'est pour ce dernier parti que j'ai opté, en réfléchissant qu'après tout, ce à quoi je suis tenu — ce à quoi j'ai voulu me tenir depuis bien des années — c'est une entreprise pour dégager quelques-uns des éléments qui pourraient servir à une histoire de la vérité. Une histoire qui ne serait pas celle de ce qu'il peut y avoir de vrai dans les connaissances; mais une analyse des « jeux de vérité », des jeux du vrai et du faux à travers lesquels l'être se constitue historiquement comme expérience, c'est-à-dire comme pouvant et devant être pensé.
Michel Foucault, l'Usage des plaisirs, Histoire de la sexualité, t. II, p. 12-13.
Loc. (1680). Histoire sacrée, histoire sainte, par oppos. à histoire profane (→ Époque, cit. 3). || L'Histoire Sainte, contée dans la Bible. || Histoire évangélique. Évangile (cit. 5).
9 Ce n'est donc pas seulement une solide tradition, enracinée au cœur de notre culture occidentale et chrétienne, c'est aussi la considération la plus objective de ces faits qui nous justifie quand, pour résumer toute cette longue suite d'événements significatifs, nous lui donnons pour titre ces deux mots : histoire sainte.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, IV, III.
L'histoire vraie, véritable, authentique (cit. 10), par oppos. à l'histoire fabuleuse (cit. 5), mythique, légendaire. Légende, mythologie. || Histoire des dieux et des héros.Histoire anecdotique (cit. 1). → Anecdote, cit. 1. — ☑ Loc. (XXe). La petite histoire : les anecdotes, les petits événements qui se rattachent à une période historique.L'histoire officielle. Annales, fastes.(La qualification exprimant le point de vue). || Histoire socialiste…, publiée sous la direction de Jaurès.
10 Vous ne me paraissez pas fort en Histoire. Il y a deux Histoires : l'Histoire officielle, menteuse qu'on enseigne, l'Histoire ad usum delphini; puis l'Histoire secrète, où sont les véritables causes des événements, une histoire honteuse.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 1020.
Vx (désignant une chronique anecdotique). || Histoire amoureuse des Gaules, de Bussy-Rabutin.
Par ext. Étude, description dans le temps (d'un phénomène autre que ceux que décrit l'histoire stricto sensu). || Histoire du globe (cit. 9). || Histoire géologique (→ Cycle, cit. 4).
11 Après avoir considéré l'homme intérieur, et avoir démontré la spiritualité de son âme, nous pouvons maintenant examiner l'homme extérieur et faire l'histoire de son corps; nous en avons recherché l'origine dans les chapitres précédents, nous avons expliqué sa formation et son développement, nous avons amené l'homme jusqu'au moment de sa naissance; reprenons-le où nous l'avons laissé, parcourons les différents âges de sa vie, et conduisons-le à cet instant où il doit se séparer de son corps (…)
Buffon, Hist. nat. de l'homme, De la nature de l'homme.
12 Le vieux Castel (…) estimait qu'en fait, on ne pouvait rien prévoir, l'histoire des épidémies comportant des rebondissements imprévus.
Camus, la Peste, p. 256.
Description historique (d'un fait particulier). || L'histoire d'un problème; d'un mot (→ Bastringue, cit. 1; gnôle, cit. 2).
2 Absolt. || L'histoire. a L'ensemble des connaissances relatives à l'évolution, au passé de l'humanité; la science et la méthode permettant de reconstituer cette évolution et d'acquérir et de transmettre ces connaissances; par ext., l'évolution humaine considérée comme objet d'étude.L'histoire, connaissance du passé. || L'histoire est la plus partiale des sciences (→ Partial, cit. 2). || Clio, muse de l'histoire. || Événements de l'histoire situés dans le temps. Date; chronologie (cit. 2 et 3), synchronisme. || Événements, faits étudiés, considérés par l'histoire. Historique; historicité.Les sources de l'histoire, les éléments qui permettent de faire, d'écrire l'histoire. Annales (cit. 3), archives, chronique, commentaire, fastes (cit. 2), généalogie, mémoire(s), souvenir(s); document, heuristique. || Recherche des témoignages non écrits, en histoire. Fouille, monument, site, vestige. || Utilisation par l'histoire de la photographie, du cinéma, de la photographie aérienne, de l'enregistrement phonographique. || Conservation et présentation des témoignages utilisés par l'histoire. Musée (et muséographie); archives, bibliothèque, cinémathèque, discothèque, filmothèque, médiathèque, phonothèque, photothèque. || Histoire et érudition. || L'histoire et les historiens. || Sciences auxiliaires de l'histoire. Archéologie, bibliographie, chronologie, codicologie, cryptographie, dendrochronologie, diplomatique, épigraphie, généalogie, héraldique, numismatique, onomastique, paléographie, papyrologie, sigillographie. || Élargissement du champ d'action de l'histoire; nouvelles méthodes en histoire et emprunts aux autres sciences de l'homme. || Histoire et anthropologie, et ethnographie (cit. 2), et ethnologie. || Histoire et économie; histoire et sciences politiques. || Histoire et linguistique; histoire et sociologie. || Histoire et géographie (cit. 1). Géohistoire. || Histoire et biogéographie (palynologie, phénologie, etc.). || Histoire et méthodes quantitatives ( Démographie, statistique); histoire quantitative (→ ci-dessus, cit. 8.3; ci-dessous, cit. 22.3).Conceptions successives de l'histoire : conception utilitaire des peuples antiques, conception littéraire, conception scientifique, moderne. || « L'histoire n'est pas une science exacte » (G. Duby). || L'histoire, science conjecturale (cit. 2). || Conception religieuse, chrétienne, providentielle de l'histoire (→ Gagner, cit. 29). || Conception matérialiste, marxiste, positiviste de l'histoire (→ Matérialisme, cit. 5.1). || Histoire marxiste, histoire positiviste. || L'histoire positive (→ ci-dessous, cit. 22.2). || Philosophie de l'histoire. || Idées neuves en histoire (→ Ambiant, cit. 2). || Problèmes d'histoire (→ Désigner, cit. 9). || Réflexions sur l'histoire, de d'Alembert. || Histoire événementielle, histoire expérimentale. || Histoire comparée (Lucien Febvre). || Histoire « totale », s'appliquant à la longue durée. || Histoire structurale. || Histoire sérielle (Pierre Chaunu). — ☑ Loc. La nouvelle histoire : l'histoire non événementielle, telle qu'elle est pratiquée par les historiens de l'école des Annales (Henri Berr, Lucien Febvre) et leurs successeurs (Fernand Braudel, Georges Duby, etc.); cette école d'historiens.
Allus. littér. || « Voilà comme on écrit (cit. 31) l'histoire » (Voltaire) : voilà comment un événement est déformé, mal rapporté.
13 L'histoire sert aux Rois, aux Sénats, et à ceux
Qui veulent par la guerre avoir le nom de Preux;
Et, bref, toujours l'histoire est propre à tous usages :
C'est le témoin du temps, la mémoire des âges (…)
Ronsard, Second livre des Poèmes, Excellence de l'esprit.
14 Hérodote, qu'on nomme le père de l'histoire, raconte parfaitement; il a même de la grâce par la variété des matières; mais son ouvrage est plutôt un recueil de relations de divers pays, qu'une histoire qui ait de l'unité avec un véritable ordre.
Fénelon, Lettre à l'Acad., VIII.
15 (…) l'histoire est d'un genre entièrement différent de toutes les autres connaissances. Bien que tous les événements généraux et particuliers qui la composent soient cause l'un de l'autre, et que tout y soit lié ensemble par un enchaînement si singulier que la rupture d'un chaînon ferait manquer, ou, pour le moins, changer l'événement qui le suit, il est pourtant vrai qu'à la différence des arts, surtout des sciences, où un degré, une découverte, conduit à un autre certain, à l'exclusion de tout autre, nul événement général ou particulier historique n'annonce nécessairement ce qu'il causera (…) d'où résulte la nécessité d'un maître (…) qui conduise de fait en fait par un récit lié dont la lecture apprenne ce qui sans elle serait toujours nécessairement et absolument ignoré.
C'est ce récit qui s'appelle l'histoire, et l'histoire comprend tous les événements qui se sont passés dans tous les siècles et dans tous les lieux.
Saint-Simon, Mémoires, Avant-propos.
16 (…) ma méthode (…) et la condition nouvelle imposée à l'histoire : non plus de raconter seulement ou juger, mais d'évoquer, refaire, ressusciter les âges.
Michelet, Hist. de France, Préface de 1869, p. XI.
17 (…) ce que l'on a appelé la philosophie de l'histoire (…) ce que nous aimerions mieux appeler l'étiologie historique, en entendant par là l'analyse et la discussion des causes ou des enchaînements de causes qui ont concouru à amener les événements dont l'histoire nous offre le tableau (…)
Cournot, Considérations sur la marche des idées, I, I.
18 (…) l'Histoire est la science des choses qui ne se répètent pas.
Valéry, Variété IV, p. 139.
19 L'histoire, ayant pour matière la quantité des événements ou des états qui dans le passé ont pu tomber sous le sens de quelque témoin, la sélection, la classification, l'expression des faits qui nous sont conservés ne nous sont pas imposés par la nature des choses (…)
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 14.
20 L'histoire, plus encombrée de détails qu'aucune autre connaissance, a le choix entre deux solutions : être complète et inconnaissable ou être connaissable et incomplète.
Langlois et Seignobos, in Lalande, Lecture philosophique des sciences, p. 250.
21 (…) l'histoire est toujours une science conjecturale, même si elle s'applique à des événements tout proches de nous (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, I, III.
22 (…) toute histoire est choix. Elle l'est, du fait même du hasard qui a détruit ici, et là sauvegardé les vestiges du passé. Elle l'est du fait de l'homme : dès que les documents abondent, il abrège, simplifie, met l'accent sur ceci, passe l'éponge sur cela.
Lucien Febvre, Combats pour l'histoire, p. 7.
22.1 On met souvent au crédit de l'histoire contemporaine d'avoir levé les privilèges accordés jadis à l'événement singulier et d'avoir fait apparaître les structures de la longue durée (…) Mais l'important, c'est que l'histoire ne considère pas un événement sans définir la série dont il fait partie, sans spécifier le mode d'analyse dont celle-ci relève, sans chercher à connaître la régularité des phénomènes et les limites de probabilité de leur émergence, sans s'interroger sur les variations, les inflexions et l'allure de la courbe, sans vouloir déterminer les conditions dont elles dépendent.
Michel Foucault, l'Ordre du discours, p. 56-57-58.
22.2 Arrachée aux dei ex machina de la vieille histoire : providence ou grands hommes, aux concepts pauvres de l'histoire positive : événement ou hasard, l'histoire économique et sociale, inspirée ou non par le marxisme, avait donné à l'explication historique des bases solides. Mais elle se révélait impuissante à réaliser le programme que Michelet assignait à l'histoire dans la préface de 1869 : « L'histoire (…) me paraissait encore faible en ses deux méthodes : trop peu matérielle (…) trop peu spirituelle, parlant des lois, des actes politiques, non des idées, des mœurs (…) » À l'intérieur même du marxisme, les historiens qui s'en réclamaient, après avoir mis en valeur le mécanisme des modes de production et de la lutte des classes, ne réussissaient pas à passer de façon convaincante des infrastructures aux superstructures. Dans le miroir que l'économie tendait aux sociétés, on ne voyait que le pâle reflet de schémas abstraits, non des visages, non des vivants ressuscités. L'homme ne vit pas seulement de pain, l'histoire n'avait même pas de pain, elle ne se nourrissait que de squelettes agités par une danse macabre d'automates.
Jacques Le Goff, les Mentalités : une histoire ambiguë, in Faire de l'histoire, t. III, p. 79.
22.3 L'histoire, depuis cinquante ans, allégée de ses poids morts : personnage, fait brut, contingence, évolution, n'a pas tout à fait levé deux hypothèques majeures. D'une part, le tabou des domaines impurs : le corps, le sexe, les appétits et les désirs — la topologie du bas et du haut, le ventre opposé à la tête comme l'indignité à la noblesse; fantasme plusieurs fois millénaire, articulé à la pensée de l'Occident, et encore vivace dans les représentations académiques. D'autre part, plus redoutable, parce que bardée des succès de la recherche récente, la dictature des antinomies opératoires : la quantité contre la qualité, le système contre l'événement, le signe contre le vécu. Comme si le vécu ne pouvait se traiter en signe, comme si l'événement n'était pas récupérable par le système, comme si le qualitatif n'était pas impliqué et parfois transparent dans les séries et les ensembles complexes de l'histoire quantitative !
Jean-Paul Aron, la Cuisine : un menu au XIXe siècle, in Faire de l'histoire, t. III, p. 192.
22.4 Les études qui suivent, comme d'autres que j'avais entreprises auparavant, sont des études d'« histoire » par le domaine dont elles traitent et les références qu'elles prennent; mais ce ne sont pas des travaux d'« historien ». Ce qui ne veut pas dire qu'elles résument ou synthétisent le travail qui aurait été fait par d'autres; elles sont — si on veut bien les envisager du point de vue de leur « pragmatique » — le protocole d'un exercice qui a été long, tâtonnant, et qui a eu besoin souvent de se reprendre et de se corriger. C'était un exercice philosophique : son enjeu était de savoir dans quelle mesure le travail de penser sa propre histoire peut affranchir la pensée de ce qu'elle pense silencieusement et lui permettre de penser autrement.
Ai-je eu raison de prendre ces risques ? Ce n'est pas à moi de le dire. Je sais seulement qu'en déplaçant ainsi le thème et les repères chronologiques de mon étude j'ai trouvé un certain bénéfice théorique.
Michel Foucault, l'Usage des plaisirs, Histoire de la sexualité, t. II, p. 15.
(→ aussi Abréger, cit. 3, Bainville; après, cit. 67, Chateaubriand; assignable, cit. 2, Sainte-Beuve; associer, cit. 28, Valéry; avenir, cit. 17, Valéry; biographie, cit. 2, Valéry; bloc, cit. 9, Taine; conseiller, cit. 3, Bossuet; dépositaire, cit. 6, Rollin; document, cit. 3, Paulhan; embellir, cit. 4, La Bruyère; emparer, cit. 14, Hugo; empreinte, cit. 2, Hugo; endroit, cit. 23, Chateaubriand; entrer, cit. 50, Taine; éternel, cit. 19, Hugo; fait, cit. 29, Valéry; gnose, cit. 2, Renan; historien, cit. 4.1, Foucault).
Description, tableau d'histoire (→ Fidélité, cit. 11). || Texte d'histoire (→ Encadrer, cit. 6). || Ouvrages, livres d'histoire (→ Autoriser, cit. 22). || Auteur (cit. 23) de livres d'histoire. Historien.L'histoire, objet d'étude, d'enseignement. || Étudier, apprendre (cit. 3) l'histoire. || Faire de l'histoire, titre d'un recueil collectif, sous la direction de Jacques Le Goff et Pierre Nora (1974). || Les férus d'histoire (→ ci-dessus, cit. 8.4). || Professeur d'histoire (→ Entériner, cit. 3). || Licence, agrégation, doctorat d'histoire. || Classe d'histoire. || Enseignement de l'histoire et de la géographie, (fam.) de l'histoire-géo.
23 Par une erreur encore plus ridicule, on leur fait étudier l'histoire : on s'imagine que l'histoire est à leur portée, parce qu'elle n'est qu'un recueil de faits.
Rousseau, Émile, II.
Les enseignements, les leçons de l'histoire. || L'histoire nous apprend (cit. 42), nous montre, nous fournit l'exemple de… (→ Filer, cit. 11; florissant, cit. 2). || Tirer ses exemples (cit. 34) de l'histoire, les puiser dans l'histoire (→ Égoïsme, cit. 1).
24 L'histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines.
L'Histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout.
Valéry, Regards sur le monde actuel, De l'Histoire, p. 43.
Utiliser, asservir (cit. 24) l'histoire à des fins de propagande. || Mettre l'histoire au service d'une politique, d'intérêts.
25 L'humanité n'a certes pas attendu l'âge présent pour voir l'histoire se mettre au service de l'esprit de parti ou de la passion nationale (…)
Julien Benda, la Trahison des clercs, p. 150.
b La mémoire des hommes, le jugement de la postérité. || Célèbre (cit. 4) dans l'histoire (→ Célébrité, cit. 2). || L'histoire enregistre (cit. 3 et 4) certains événements. || Laisser son nom dans l'histoire (→ Éclat, cit. 39). || Entrer (cit. 31) dans l'histoire. || Vivre dans l'histoire (→ Éterniser, cit. 14). || Mot, acte… consacré par l'histoire (→ Fronde, cit. 2). || Sa gloire, son mérite devant l'histoire (→ Emparer [s'], cit. 3). || Le témoignage, le jugement de l'histoire (→ Confirmer, cit. 10). || Le tribunal de l'histoire. || L'histoire jugera, dira s'il a eu raison d'agir ainsi.
26 L'histoire n'est pas plus reconnaissante que les hommes.
Chateaubriand, Vie de Rancé, III, p. 158.
c La vérité historique (→ Admettre, cit. 12). || Récit conforme à l'histoire (→ Avancer, cit. 7). || Mélanger l'histoire et la fiction. || L'histoire et la fable (cit. 6 et 8).
27 L'histoire est le récit des faits donnés pour vrais, au contraire de la fable (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Histoire, I.
28 L'histoire est un roman qui a été; le roman est de l'histoire qui aurait pu être.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, p. 305.
28.1 L'Histoire n'est qu'une histoire à dormir debout.
J. Renard, Journal, 13 mai 1901.
29 Le tableau de la cour d'Angleterre, avec les passe-temps de la reine (…) ce n'est pas une invention d'Hamilton. C'est de l'histoire.
G. Duhamel, Refuges de la lecture, IV, p. 159.
3 a La suite des événements historiques. Passé. || Au cours de l'histoire, dans l'histoire (→ Agraire, cit.; audace, cit. 1). || Le cours, la marche de l'histoire; le déroulement de l'histoire (→ Automatisme, cit. 9). || Les grandes époques de l'histoire (→ Enthousiasme, cit. 13). || Le point culminant (cit. 5) de l'histoire. || Un tournant de l'histoire. || Les grands hommes qui influent sur le cours de l'histoire, qui font l'histoire. || L'histoire est un éternel recommencement (→ Contestable, cit. 2). || « L'histoire ne se répète jamais ». || C'est une loi de l'histoire (→ Excès, cit. 11). || Le sens de l'histoire. || La roue de l'histoire. || L'accélération de l'histoire.
30 Presque toute l'histoire n'est qu'une suite d'horreurs.
Chamfort, Maximes et pensées, Sur la politique, VI (→ aussi Avis, cit. 19, Courier).
31 Nous savons que le plus intime de nos gestes contribue à faire l'histoire (…) que nous appartenons à une époque qui aura plus tard un nom et une figure et dont les grands traits, les dates principales, la signification profonde, se dégageront aisément : nous vivons dans l'histoire comme les poissons dans l'eau, nous avons une conscience aiguë de notre responsabilité historique.
Sartre, Situations II, p. 40-41.
b L'ensemble des facteurs historiques (par oppos. à la nature, la géographie). || L'unité de ce pays a été déterminée par l'histoire (→ Canadien, cit. 1).
c La période connue par des documents écrits, par oppos. aux périodes antérieures de l'évolution humaine. Préhistoire, protohistoire.
32 Les limites entre la préhistoire et l'histoire sont théoriquement fixées par l'apparition de l'écriture. Les temps immédiatement antérieurs aux textes et vaguement éclairés par ceux-ci constituent la protohistoire.
A. Leroi-Gourhan, in Encycl. Pl., Hist. universelle, t. I, p. 3.
4 Récit, écrit, livre d'histoire. || L'histoire de Thucydide (→ Copier, cit. 1), de Photius (→ Épitomé, cit.). || Les histoires anciennes (→ Convenir, cit. 26; expérience, cit. 1). || Les histoires grecques (→ Foi, cit. 12). || Acheter, lire une histoire.
33 Ces gens lisent toutes les histoires et ignorent l'histoire; ils parcourent tous les livres et ne profitent d'aucun (…)
La Bruyère, les Caractères, XIII, 2.
Plur. (vieilli). || Histoires d'Hérodote, de Tacite, de Polybe.
5 L'ensemble des textes d'histoire; le discours des historiens (considéré dans ses particularités rhétoriques, littéraires…). || L'histoire est l'un des plus importants parmi les genres en prose. || Histoire et tragédie (→ Exposition, cit. 10).
34 L'histoire et la poésie lyrique, voilà les deux lacunes apparentes de notre littérature classique. En trois siècles (…) le genre historique est représenté par le Discours sur l'Histoire universelle de Bossuet, qui est une œuvre de théologie, par l'Histoire des Variations, du même, qui est une œuvre de controverse, par l'Esprit des Lois, de Montesquieu, qui est un essai de philosophie politique et juridique : restent l'Essai sur les mœurs et le Siècle de Louis XIV de Voltaire, qui sont vraiment de l'histoire (…)
Gustave Lanson, Hist. de la littérature franç., p. 1013.
6 (Dans d'histoire). || Peinture d'histoire : genre pictural comprenant les évocations historiques, notamment la représentation de scènes célèbres, tirées de l'histoire, de la fable, et considéré comme le premier dans la hiérarchie académique.Syn. : le grand genre (cit. 18). || Van Loo, H. Vernet, peintres d'histoire et de batailles. || Tableau d'histoire.
35 Notre méthode de discours consistera simplement à diviser notre travail en tableaux d'histoire et portraits — tableaux de genre et paysages (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1845, I.
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II Vx et didact.
1 Partie des connaissances humaines reposant sur l'observation et la description des faits, et dont l'acquisition met en jeu la mémoire, par oppos. à la philosophie, à la science (objets de raison), à la poésie, aux beaux-arts (objets d'imagination). || Histoire et théorie de la terre, de Buffon. || Histoire d'un animal, d'une plante. Description, étude (→ Fourmilière, cit., Buffon).
36 Le point commun entre la doctrine de Cournot et la tradition qui va d'Aristote aux Encyclopédistes me paraît être l'opposition (…) de l'histoire et de la théorie, la première ayant pour objet les données de fait, qu'on recueille simplement et qui sont objet de mémoire (…) L'importance de cette opposition (…) se fait surtout sentir quand on oppose ce sens du mot histoire au sens moderne, qui non seulement n'exclut pas de l'histoire les opérations synthétiques et les constructions générales, mais qui les considère même comme une partie essentielle de la science historique.
A. Lalande, Voc. de la philosophie, art. Histoire.
2 (1551, Belon). || Histoire naturelle : étude, description des corps observables dans l'univers, et, spécialt, sur le globe terrestre. Botanique, géologie, minéralogie, zoologie… (→ Entomologie, cit.; fixité, cit. 6). || L'Histoire naturelle, de Pline. || Histoire naturelle générale et particulière. || Histoire générale de l'homme, de Buffon. || Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, de Lamarck. || Professeur d'histoire naturelle (→ Expression, cit. 43). || Cabinet d'histoire naturelle. || Ouvrage d'histoire naturelle où l'on décrit les espèces. Species.REM. Dans cette acception, on dit plutôt de nos jours sciences naturelles.
37 L'histoire naturelle, prise dans toute son étendue, est une histoire immense : elle embrasse tous les objets que nous présente l'univers. Cette multitude prodigieuse de quadrupèdes, d'oiseaux, de poissons, d'insectes, de plantes, de minéraux, etc., offre à la curiosité de l'esprit humain un vaste spectacle (…) Une seule partie de l'histoire naturelle, comme l'histoire des insectes, ou l'histoire des plantes, suffit pour occuper plusieurs hommes (…)
Buffon, Hist. nat., Premier disc.
tableau Noms de sciences et d'activités à caractère scientifique.
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III (Mil. XVe). || Une, des histoires; l'histoire de…
1 Récit d'actions, d'événements réels ou imaginaires. Anecdote, épisode, récit, relation. || Dire (cit. 65), conter (cit. 7), narrer, raconter une histoire, des histoires, l'histoire de… (→ Aborder, cit. 6; attacher, cit. 38; attentif, cit. 3; fade, cit. 14; fictif, cit. 2; fidélité, cit. 10; fuseau, cit. 1). || Arranger (cit. 11), ajuster (cit. 6), controuver (cit. 2) une histoire. || Une histoire où rien n'est inventé (→ Fuir, cit. 32). || Histoire vraie, véridique, attestée (→ Certificat, cit. 1). || Histoire merveilleuse, légendaire, fabuleuse (cit. 6). Conte, légende. || Début, suite d'une histoire (→ Anticiper, cit. 6). || L'intrigue, le sujet, le gros, les épisodes (cit. 5) d'une histoire. || Écouter, entendre une histoire. || Aimer les histoires (→ Asile, cit. 26), les belles histoires. || Croire (cit. 7) une histoire (→ Assurer, cit. 21). || La morale de cette histoire. || Longue histoire. || Petite, courte histoire. Historiette. || Histoire lugubre, tragique, ténébreuse (→ Couleur, cit. 28; flot, cit. 7). || Horrible histoire. || Histoire qui émeut, bouleverse (cit. 8). || Histoire comique, cocasse. || Histoire pour rire. || Une bonne histoire (→ Une bonne, une bien bonne). || Histoires corsées, grivoises, de corps de garde, de carabin; histoires de fou; histoires marseillaises. || Histoires de commis-voyageur. || Histoires de chasse, de pêche. || Recueils d'histoires.
38 (…) ils suppriment quelques noms pour déguiser l'histoire qu'ils racontent.
La Bruyère, les Caractères, V, 8.
39 (…) mon oncle, à son tour, racontait la bataille de Fontenoy, où il s'était trouvé, et couronnait ses vanteries par des histoires un peu franches qui faisaient pâmer de rire les honnêtes demoiselles.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 39.
40 Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,
Des histoires du temps passé.
A. de Vigny, Livre moderne, « La neige », I.
41 Il adorait les contes, les petits contes polissons, et aussi les histoires vraies arrivées dans son entourage.
Maupassant, Contes de la bécasse, « La bécasse ».
(Titres). || Histoires ou contes du temps passé, de Perrault. || Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, roman de l'abbé Prévost. || Histoires extraordinaires, de Poe (trad. Baudelaire). || Une histoire sans nom, roman de Barbey d'Aurevilly (1882). || Histoire comique, roman d'A. France (1903). || Histoires comme ça, de R. Kipling (1902). || Histoires naturelles, de Jules Renard. || Histoire de l'œil, de G. Bataille (1928). || Histoire d'O, de Pauline Réage (1955). || Histoires, recueil de poèmes de Prévert. — ☑ Allus. littér. Mais ceci est une autre histoire, phrase popularisée par Kipling, qui termine ainsi plusieurs nouvelles de son recueil Simples contes des collines.
42 Nous rassemblons sous le titre : Histoires extraordinaires, divers contes choisis dans l'œuvre générale de Poe.
Baudelaire, E. Poe, sa vie et ses œuvres, IV (1856).
L'histoire d'un homme. Biographie, vie. || Raconter, conter, écrire sa propre histoire. Autobiographie, mémoires, souvenirs (→ Épargner, cit. 33; être, cit. 44). || Faire, écrire l'histoire de qqn (→ Épreuve, cit. 29). || Histoire d'une vie (→ Échec, cit. 12; frange, cit. 7). || Les pages les plus sombres de son histoire (→ Arriver, cit. 42). || Mettre son histoire dans ses ouvrages → Peindre, cit. 16.
Loc. Ce n'est pas le plus beau de son histoire : ce n'est pas ce qu'il y a de plus honorable. || Je sais bien son histoire : je connais bien sa vie.C'est mon histoire que vous me contez là : il m'en est arrivé tout autant.
43 Il lira seulement l'histoire de ma vie.
Corneille, le Cid, I, 3 (→ Exemple, cit. 2).
44 Au lieu de l'histoire d'une belle vie, nous sommes réduits à faire l'histoire d'une admirable, mais triste mort.
Bossuet, Oraison funèbre de la Duchesse d'Orléans.
44.1 Les œuvres d'un homme retracent souvent l'histoire de ses nostalgies ou de ses tentations, presque jamais sa propre histoire, surtout lorsqu'elles prétendent à être autobiographiques.
Camus, l'Été, in Essais, Pl., p. 864.
Spécialt. Histoire inventée, invraisemblable ou destinée à tromper, à mystifier. Conte, fable, mensonge. || Inventer, forger une histoire (→ Fourbi, cit. 4), pour s'excuser, se faire valoir. || Son histoire s'effondre (cit. 9). || Histoires de brigands. || Histoires à dormir debout. || Histoire de loup-garou (→ Frocard, cit.).Au plur. || Ce sont des histoires, il n'y a pas un mot de vrai dans tout cela. Blague, frime. || Ne viens pas nous raconter des histoires. Balivernes, chanson.
45 (Tout ce beau mystère)
N'est qu'un pur stratagème, un trait facétieux,
Une histoire à plaire, un conte (…)
Molière, l'Étourdi, III, 2.
46 (…) je repris haleine une minute dans l'escalier, juste le temps d'inventer une histoire pour expliquer mon retard.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, III.
47 (…) dès qu'il avait bu, il en contait des contes bleus, des histoires de brigands, de l'autre monde ou à dormir debout !
Apollinaire, l'Hérésiarque…, p. 127.
48 Vous êtes trop au courant de ce qui s'est passé pour que j'essaie de vous raconter des histoires.
F. Mauriac, la Pharisienne, XIV.
2 Chaîne, enchaînement, suite, succession d'événements. Affaire, aventure. || Il vous raconte toutes ses histoires, tout ce qui lui arrive. || J'ai failli être le héros (cit. 37) de cette histoire. || Il faut oublier cette histoire, passer l'éponge (cit. 8) sur toute cette histoire. || C'est une tout autre histoire que je vous raconterai plus tard.Le bon (infra cit. 33), le meilleur, le plus beau de l'histoire : le plus extraordinaire, le plus piquant…Une brève histoire d'amour (→ Banalité, cit. 5).C'est une histoire de cœur, une histoire de fesse, une histoire où le sentiment, où le désir intervient, explique tout.Absolt. || Avoir une histoire avec qqn, une liaison sans lendemain.
48.1 Histoire passé pourri
Horreur
Histoires de petits bonheurs
Histoires d'
Hommes.
E. L. T. Mesens, Poèmes, p. 70.
N. B. La première attestation est au sens I, 2.
Allus. littér. || « L'amour (cit. 14) n'est que le roman du cœur, c'est le plaisir qui en est l'histoire », qui en constitue la réalité.
Sans histoire : sans événements méritant d'être relatés. || Vie sans histoire; match, course sans histoire, sans événements saillants.
Loc. prov. Les peuples heureux n'ont pas d'histoire, il ne leur arrive rien d'extraordinaire, les événements dont leur vie est faite sont trop simples pour être relatés.Le bonheur n'a pas d'histoire (→ aussi Boue, cit. 8).
Histoire compliquée. || Il m'est arrivé une drôle d'histoire.Se fourrer dans une drôle d'histoire, dans une sale histoire, dans une affaire pleine de fâcheuses, de dangereuses conséquences. || Qu'est-ce que c'est que cette histoire de voiture dont tu me parlais ce matin ?
49 (…) les affaires avaient l'air de marcher (…) Mais sûrement qu'il a été trop bête, on ne se fourre pas dans des histoires pareilles !
Zola, la Débâcle, II, VII.
50 — Oui ! Qu'est-ce que c'est donc au juste que cette histoire du chèque. Les journaux donnent là-dessus des tartines !
G. Duhamel, Salavin, V, XVIII.
51 Pas de grands scandales. De vilaines petites histoires. Des emmerdements mesquins.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVII, p. 231.
C'est l'histoire de tous les mauvais conducteurs, c'est ce qui leur arrive immanquablement.C'est toujours la même histoire : les mêmes choses se reproduisent, les mêmes ennuis se répètent. || Voilà encore une nouvelle histoire, qqch. qui va entraîner de nouveaux ennuis, de nouvelles complications.
52 Ah, ah ! voici une nouvelle histoire. Qu'est-ce que c'est donc, mon mari, que cet équipage-là ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 3.
53 — Non, trop tard (…) Je vous le disais bien, je ne voulais pas venir. C'est toujours la même histoire, ils m'appellent quand ils sont morts.
Zola, la Terre, II, II.
C'est une histoire, toute une histoire : c'est très compliqué; ou bien : c'est très long à raconter. || Quelle histoire ! Complication. || Quand il part en voyage, c'est toute une histoire. Événement. || Il n'y a pas à en faire une histoire. — ☑ Faire des histoires. || Ne faites pas tant d'histoires. Embarras. || Allons, pas d'histoires ! Affectation, détour, difficulté, façon(s), manière(s). || Que d'histoires pour si peu de choses. Comédie.Tu vas t'attirer une histoire, des histoires. Ennui. || Je ne veux pas d'histoires. || C'est une femme à histoires.
53.1 (…) ce n'est pas un ami pour Jean. Il est brouillé avec son père qui est un excellent homme; au collège, au régiment, partout il a des histoires avec ses chefs.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 694.
54 — Tu as tout à craindre, c'est le type de femme à histoires.
Giraudoux, Électre, I, 2.
55 Villefranche (…) était de ces villes où les passions mûrissent avec lenteur, où les policiers disent : le coin est tranquille, où le préfet n'a pas d'histoires avec la place Beauvau.
P. Nizan, le Cheval de Troie, p. 105.
56 — Oh ! pas d'histoire, affirma-t-il. L'affaire est entendue.
Francis Carco, Jésus-la-Caille, III, 5.
57 Ah ! quand un être n'a que ces désirs-là, donnons-lui donc sans faire d'histoires le rien qui le contente.
Montherlant, les Olympiques, p. 91.
57.1 Comme toutes les administrations, la nôtre redoute ce qu'on appelle, d'ailleurs bien improprement, les histoires (…)
Bernanos, Un crime, in Œ. roman., Pl., p. 853.
Ça c'est une autre histoire, une autre question qui ne doit pas être mêlée à celle dont on parle. Différent.
Une histoire de… (et nom). || C'est une histoire d'argent, d'héritage. Affaire.
Loc. fam. Histoire de (suivi de l'infinitif), marque le but, l'intention (cf. Façon, question de…). Pour (→ Fendre, cit. 3; frime, cit. 1). || Histoire de rire (→ Gausse, cit., Balzac).
58 (…) j'ai attendu le père Goriot pour voir : histoire de rire.
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 880.
59 (…) ils avaient invité Fanny à dîner chez eux (…) histoire de la distraire un peu de ses vilaines idées.
Alphonse Daudet, Sapho, XIII.
60 La langue très familière se sert assez souvent, pour exprimer la finalité, de la locution histoire de (+ infinitif)… Plus populaire encore est le tour question de, qui a le même sens (…) il est vain de rechercher ce qui est omis ici devant les mots histoire ou question. Ces constructions s'expliquent par le besoin de « condensation » et d'économie (…)
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, t. II, p. 741.
3 Fam. Chose, objet (qu'on ne veut ou qu'on ne peut nommer). Affaire, machin, truc. || Qu'est-ce que c'est que cette histoire-là ?
(Euphémisme sexuel). Vieilli. Sexe.Plur. || Avoir ses histoires (en parlant d'une femme), ses règles.
CONTR. Fable, mensonge, mythe (1.).
DÉR. et COMP. (Du lat. historia) V. Historial, historien, historier, historiette, historiographe, historique, historisant, historisation. — Géohistoire, préhistoire, protohistoire.

Encyclopédie Universelle. 2012.