dépens [ depɑ̃ ] n. m. pl.
• 1306; despens « dépense » 1175; lat. dispensum, de dispendere « peser en distribuant », d'où « partager »
1 ♦ AUX DÉPENS DE (qqn) :en faisant payer, supporter la dépense par (cf. Sur le compte de, aux frais de). Vivre aux dépens d'autrui (⇒ parasite) . Je l'ai hébergé et il vit à mes dépens (cf. À ma charge, à mes crochets). « Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute » (La Fontaine). — Fig. En faisant subir un dommage (à qqn) (cf. Au détriment de). « Tout bonheur me paraît haïssable qui ne s'obtient qu'aux dépens d'autrui » (A. Gide). S'amuser, rire aux dépens de qqn, en faire un objet de dérision ou de blâme. — Apprendre, savoir qqch. à ses dépens, par une expérience cuisante. « tout ce que je sais, je l'ai appris à mes dépens » (Loti).
♢ Aux dépens de (qqch.) :en sacrifiant qqch. (cf. Au détriment, au prix de). « Les bourgeons terminaux se développent toujours aux dépens des autres » (A. Gide). « Je défendrai sa vie aux dépens de mes jours » (Racine).
2 ♦ (XVIIe) Dr. Frais judiciaires afférents aux instances, actes et procédures d'exécution. Être condamné aux dépens. Payer les dépens. Compensation des dépens. « Je perds ma cause avec dépens, Estimés environ cinq à six mille francs » (Racine).
⊗ CONTR. Avantage, bénéfice.
● dépens nom masculin pluriel (latin dispensum, de dispendere, distribuer) Frais taxables d'un procès (émoluments dus aux officiers publics ou ministériels [huissiers de justice], aux experts nommés par le tribunal ; débours tarifés et droits perçus par le Trésor). [Les frais et honoraires des avocats et des avoués ne sont pas compris dans les dépens.] ● dépens (difficultés) nom masculin pluriel (latin dispensum, de dispendere, distribuer) Orthographe Avec un s : être condamné aux dépens (= à payer les frais de procédure). Attention, pas de d en fin de mot. Nombre Dépens n'a pas de singulier : il s'est enrichi aux dépens des donneurs. ● dépens (expressions) nom masculin pluriel (latin dispensum, de dispendere, distribuer) À ses dépens, par une expérience coûteuse ou fâcheuse : J'ai appris à mes dépens à me méfier du verglas. Aux dépens de, au détriment de quelqu'un, sur son dos : S'enrichir aux dépens d'autrui ; en sacrifiant quelque chose, au prix de quelque chose : S'amuser aux dépens de sa santé. État des dépens, synonyme de état de frais. ● dépens (homonymes) nom masculin pluriel (latin dispensum, de dispendere, distribuer) dépend forme conjuguée du verbe dépendre dépends forme conjuguée du verbe dépendre ● dépens (synonymes) nom masculin pluriel (latin dispensum, de dispendere, distribuer) État des dépens
Synonymes :
- état de frais
dépens
n. m. pl.
rI./r DR Frais de justice. être condamné aux dépens.
rII./r Loc. Prép. Aux dépens de.
d1./d En occasionnant des frais à. Il vit à mes dépens.
d2./d Fig. En causant du tort, du dommage à. Réussir aux dépens d'autrui.
|| Rire aux dépens de qqn, se moquer de lui.
⇒DÉPENS, subst. masc. plur.
A.— Emploi subst. Frais à la charge de quelqu'un.
1. Vx. Frais occasionnés par quelqu'un. Gagner ses dépens (...) se dit d'une personne dont les services compensent les dépenses qu'elle occasionne (LITTRÉ).
2. Spéc., DR. Frais de justice à la charge de la partie qui succombe. Être condamné aux dépens; subir les dépens. Les deux journaux ont été déclarés non coupables et renvoyés de la plainte sans dépens (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 285) :
• 1. Le preneur d'un bien rural est tenu, sous peine de tous dépens, dommages et intérêts, d'avertir le propriétaire, des usurpations qui peuvent être commises sur les fonds.
Code civil, 1804, art. 1768, p. 321.
B.— Emploi dans une loc. prép. Aux dépens de. Aux frais de.
1. Aux dépens de qqn.
a) [La pers. qui supporte les frais n'est pas le suj. du verbe] En faisant supporter les frais à quelqu'un; au détriment de quelqu'un. Dîner, vivre aux dépens d'autrui; connaître la richesse aux dépens des pauvres. Si nous nous mêlons de leur querelle, ils se réconcilieront à nos dépens et nous payerons les frais de la guerre (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 279) :
• 2. Les Hollandais n'ont aucune commisération de ceux qui font des dettes. Ils pensent que tout homme endetté vit aux dépens de ses concitoyens, s'il est pauvre, et de ses héritiers, s'il est riche.
CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, p. 33.
• 3. Elle s'était amassé aux dépens de David une respectable et parasitaire fortune, qu'elle gérait très sagement.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 154.
• 4. ... Hercule, malgré son caractère divin, était lui-même plus fameux par son courage que par son esprit; et les poètes comiques s'étaient permis, plus d'une fois, de lui prêter ce qu'on appelle vulgairement des balourdises, et de faire rire le peuple à ses dépens.
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 392.
• 5. M. Levrault fit tous les frais de l'entretien; on pense si les deux bons apôtres s'amusèrent à ses dépens. Ils s'en donnèrent à cœur joie et se le renvoyèrent comme une balle ou comme un volant.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 22.
b) [La pers. qui supporte les frais est le suj. du verbe] Vieilli. En supportant volontairement les frais de quelque chose. Je ferai cette expédition lointaine à mes propres dépens et sans vous imposer à vous, mes chers sujets, aucune charge nouvelle (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 126) :
• 6. Toute cette troupe pauvre, ne recevant pas un sou des princes, faisait la guerre à ses dépens, tandis que les décrets achevaient de la dépouiller et jetaient nos femmes et nos mères dans les cachots.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 400.
— P. métaph. :
• 7. J'entrai donc dans le commerce de colonnes, de phrases et de lignes, moi, monsieur, que vous avez vu si naïf, faisant la guerre à mes dépens, dévorant les débris de mon patrimoine dans l'impression de mes premières poésies.
REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 69.
— Au fig., usuel. À mes (tes/ses, etc.) dépens. Par une expérience cuisante :
• 8. Je te salue, vieil océan! Vieil océan, tu es si puissant, que les hommes l'ont appris à leurs propres dépens. Ils ont beau employer toutes les ressources de leur génie... incapables de te dominer. Ils ont trouvé leur maître.
LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, 1869, p. 139.
2. Aux dépens de qqc. Au détriment de quelque chose.
a) [Le compl. désigne une abstraction] Avec sa figure et sa jeunesse, elle trouvait toujours des ressources aux dépens de sa réputation (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 106). Ce qu'il redoutait le plus au monde, c'était d'obtenir un triomphe personnel aux dépens de l'autorité du roi (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 185) :
• 9. La sœur d'Outougamiz n'étoit point aimée, elle ne le seroit jamais! Et c'étoit celui qu'elle adoroit, celui qu'elle cherchoit à sauver aux dépens de ses jours, qui lui avoit fait ce barbare aveu!
CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, p. 445.
b) [Le compl. désigne une réalité concr.] Les bourgeons terminaux se développent toujours aux dépens des autres, jusqu'à les atrophier complètement (GIDE, Journal, 1922, p. 728) :
• 10. Dans l'Europe occidentale et centrale, c'est surtout aux dépens de l'arbre que s'est fait le changement, tandis que dans l'Europe orientale c'est surtout aux dépens de la steppe.
VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 183.
Prononc. et Orth. :[]. LITTRÉ souligne que l's se lie. Ds Ac. 1694, s.v. despens; ds Ac. 1718-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. 1170 « ce que l'on dépense » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 3498); en partic, ca 1260 justice despens et domages (Liv. de Just. et de Plet, éd. Rapetti, IX, XII, p. 176); 2. loc. prép. aux dépens de, a) 1306 « aux frais de » aus despens du roy (JOINVILLE, St Louis, éd. N. de Wailly, § 400); b) 1580 « au détriment de » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, livre 1, chap. 22 : nos souhaits intérieurs pour la plupart naissent et se nourrissent aux despens d'autruy); c) 1673, 27 oct. au déspens de + inf. (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 3, p. 254). Du lat. dispensum, part. passé, subst. neutre de dispendere proprement « peser en distribuant », d'où « distribuer » en lat. impér.; cf. le dér. dispendium « frais, dépense »; maintien du -n- prob. en raison du caractère juridique du mot et de sa relation toujours sentie avec l'a. fr. dispendre « dépenser » (XIIe s., T.-L.), issu de dispendere. Fréq. abs. littér. :916. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 142, b) 944; XXe s. : a) 742, b) 1 114. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 259, 399. — ROG. 1965, p. 130.
dépens [depɑ̃] n. m. pl.
ÉTYM. 1170; lat. dispensum, de dispendere « peser en distribuant », d'où « distribuer ».
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1 (1170). Vx. Ce qui est dépensé. ⇒ Dépense. ☑ Loc. Gagner ses dépens.
1 Gagner ses dépens (…) se dit d'une personne dont les services compensent les dépenses qu'elle occasionne.
Littré, Dict., art. Dépens.
2 ☑ (1306). Mod. Aux dépens de (qqn), à ses dépens : en faisant payer, supporter la dépense par (qqn). ⇒ Compte (sur le compte de), frais (aux frais de). || S'enrichir aux dépens de ses clients. || Il mène joyeuse vie à nos dépens. || Vivre aux dépens d'autrui (⇒ Parasite). || Je l'ai hébergé et il vit à mes dépens. ⇒ Charge (à la charge de), crochet (aux crochets de). — (Le compl. ne désignant pas une personne). || Aux dépens d'une entreprise, du Trésor public.
2 (…) Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute.
La Fontaine, Fables, I, 2.
3 Il est dur d'être gueux, tandis qu'il y a tant de sots opulents aux dépens desquels on peut vivre.
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 439.
4 (…) le Roi lui donne une grande partie de son temps au(x) dépens de ses anciennes amies (…)
Mme de Sévigné, 797, 5 avr. 1680.
5 (…) nous pardonnions à l'électeur de Brandebourg d'avoir attisé la guerre en Europe pendant quarante ans pour s'arrondir aux dépens de tous ses voisins.
Fustel de Coulanges, Questions contemporaines, p. 5.
6 (…) tout bonheur me paraît haïssable qui ne s'obtient qu'aux dépens d'autrui et par des possessions dont on le prive.
Gide, les Nouvelles Nourritures, p. 60.
♦ ☑ S'amuser, rire aux dépens de qqn, en faire un objet de dérision ou de blâme.
7 Vous apprendrez (…) à rire à nos dépens (…)
Molière, Sganarelle, 17.
8 (…) nul ne rit de bon cœur à ses dépens.
Rousseau, Lettre à M. d'Alembert, note.
♦ (Le sujet du verbe correspondant au compl. de aux dépens de…). || Vous irez, mais à vos propres dépens. — ☑ Fig. et cour. Apprendre, savoir qqch. à ses dépens, par une expérience cuisante.
9 Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens (…)
Molière, George Dandin, I, 1.
10 (…) tout ce que je sais, je l'ai appris à mes dépens (…)
Loti, Aziyadé, XXIII, p. 103.
♦ Aux dépens de qqch. : en sacrifiant qqch. ⇒ Détriment (au détriment de), prix (au prix de).
11 Je ne balance point, je vole à son secours :
Je défendrai sa vie aux dépens de mes jours.
Racine, Andromaque, I, 4.
11.1 Les bourgeons terminaux se développent toujours aux dépens des autres.
Gide, Journal, 8 janv. 1922.
12 Il y avait dans la nudité géométrique de l'ensemble cette évidence ou cette illusion de logique, que quelques-uns commençaient alors à priser aux dépens de tout le reste.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVII, p. 285.
3 Dr. Frais judiciaires à la charge de la partie qui succombe. || Les dépens comprennent les émoluments des officiers ministériels, les droits perçus par le Trésor dans les divers actes de l'instance, les droits de timbre et d'enregistrement. || Être condamné aux dépens. || Payer les dépens. — Compensation des dépens : répartition par le tribunal des dépens entre parties succombant respectivement sur quelque chef.
13 (…) Je perds ma cause avec dépens.
Racine, les Plaideurs, I, 7.
14 Toute partie qui succombera sera condamnée aux dépens.
Code de procédure civile, art. 130.
Encyclopédie Universelle. 2012.