après [ aprɛ ] prép. et adv.
• Xe adv.; bas lat. ad pressum, de pressus « serré », qui s'est substitué en Gaule à l'adv. class. post
I ♦ Prép. (v. 1130)
1 ♦ Postérieurement dans le temps. Le printemps vient après l'hiver. Après la naissance de Jésus-Christ. Un an, cent ans après la mort de Napoléon. Après dix heures. ⇒ 2. passé. Après des années d'absence. Je viendrai après (le) déjeuner. Après bien des efforts, après plusieurs essais (cf. À la suite de). Après mûre réflexion. Après vous, formule de politesse pour inviter qqn à faire qqch. le premier. Il est arrivé après tout le monde, le dernier. — Ils président l'un après l'autre, alternativement, tour à tour. Ces événements sont arrivés les uns après les autres, à la suite, en se succédant. Jour après jour, minute après minute. — Loc. prov. Après moi (lui, nous), le déluge ! Jeter le manche après la cognée . Après la pluie, le beau temps. — Après cela, ce que... : à la suite de, étant donné. Après ce que j'ai fait pour lui, me traiter d'égoïste ! Après ça, après cela, après quoi : ensuite, après ce dont il vient d'être question. « Et quand je vous aurais payé au double tout ce que je vous dois, après cela, je ne serais pas encore quitte » (Voltaire). ⇒ avec. Nous allons déjeuner, après quoi nous nous mettrons en route ( ACADÉMIE ).
♢ Loc. conj. APRÈS QUE (et l'indic. : passé simple, composé ou antérieur, futur antérieur). Des années après qu'il l'eut quitté... « Il faut bonne mémoire après qu'on a menti » (P. Corneille). « On n'est sage qu'après qu'il en a cuit de ne pas l'être » (R. Rolland). — Vx Après que (suivi du conditionnel). « Comme si j'étais fille à supporter la vie Après qu'on m'aurait fait une telle infamie » (Molière). — Mod. (emploi critiqué) Après que (suivi du subj. par anal. avec avant que). « après que Vincent eût fermé sa porte » (A. Gide). « Trois semaines après que cette phrase ait été écrite » (Montherlant).
♢ APRÈS (et l'inf. passé). « Après avoir versé leur sang le long des routes » (Duhamel). — (Avec l'inf. présent) Après boire, après manger : après avoir bu, mangé.
♢ Loc. adv. APRÈS COUP : après l'événement; trop tard. Je n'ai compris qu'après coup. Ajouter quelques remarques après coup. ⇒ a posteriori.
2 ♦ Postérieurement dans un espace orienté.
♢ (Situation de lieu) Tournez à droite après le cinéma. Il habite après la mairie. « Au bas de la côte, après le pont, commence une chaussée » (Flaubert)(cf. Au-delà de, plus loin que). Être après qqn sur une liste alphabétique, dans une file d'attente. ⇒ 1. derrière.
♢ (Mouvement) Derrière (qqn qui se déplace). Vieilli Aller, marcher après qqn. Mod. Après vous, je vous en prie : passez devant (formule de politesse). Marcher l'un après l'autre (cf. À la queue leu leu). Traîner qqch., qqn après soi. Le chien aboie après les passants. ⇒ contre. — Spécialt Avec un verbe de mouvement, indique une poursuite, une recherche. Courir après qqch., qqn, pour le rejoindre, le rattraper.
3 ♦ Par ext. Exprime un mouvement spatial ou affectif en direction de qqch. ou qqn. Languir, soupirer après qqch., qqn. ⇒ désirer. Fam. Pleurer après qqch.
♢ Vieilli, région. ou pop. Attendre après qqch., qqn, avec impatience. « J'ai oublié de vous recommander [...] de ne faire jamais attendre après vous » (Racine). Loc. Je n'attends pas après : je peux m'en passer facilement. — Chercher, demander après qqn : chercher, demander qqn. — ÊTRE APRÈS QQN, le suivre partout, s'en occuper constamment, l'importuner (cf. Être toujours sur le dos, sur les talons de qqn; être pendu aux basques de qqn). — vieilli ÊTRE APRÈS QQCH., s'en occuper, y travailler activement. — Elle s'acharne après lui. « Ta fureur s'est par trop acharnée après moi » (Molière). Crier, se mettre en colère après qqn. ⇒ contre. Il en a après tout le monde.
4 ♦ (Subordination dans un ordre, une hiérarchie) Après le lieutenant vient le sous-lieutenant. ⇒ sous. Maître après Dieu.
5 ♦ Loc. adv. (en incise ou en tête de phrase) APRÈS TOUT : après avoir tout considéré, envisagé (cf. En définitive, au fond, tout bien pesé). Après tout, cela ne me regarde pas. « Mais, madame, après tout, je ne suis pas un ange » (Molière). « Après tout, que l'homme soit incurablement méchant [...] , le mal n'est pas grand » (France).
6 ♦ Loc. prép. D'APRÈS : à l'imitation de. ⇒ selon, 2. suivant. Un dessin d'après Raphaël. Peindre d'après nature. Reproduction d'après l'original. — En se référant à. Juger d'après l'expérience. ⇒ conformément (à), 1. sur. Juger d'après les apparences. D'après ce que disent les journaux. « En histoire comme en physique, ne prononçons que d'après les faits » (Chateaubriand). — Selon les propos, l'avis de (qqn). D'après les témoins. D'après moi. Alors, d'après toi, il est sincère ?
II ♦ Adv.
1 ♦ (Temps) ⇒ postérieurement, ultérieurement. « Vingt ans après », roman d'A. Dumas (cf. Plus tard). Les événements qui survinrent après. ⇒ ensuite, subséquemment. Aussitôt, immédiatement après. ⇒ 1. sur (ce). Peu de temps, longtemps après. — Le jour, la semaine, le mois, l'année d'après. L'instant d'après, la nuit d'après. ⇒ 1. suivant. — APRÈS ? expression interrogative pour engager qqn à poursuivre son récit. ⇒ ensuite. Eh bien ! après ?... Que se passe-t-il ? Et après ? que ferez-vous après, quelles seront les conséquences ? Vous renverserez le gouvernement; et après ? S'emploie aussi pour marquer le défi, rejeter une objection (cf. Et alors ?). Oui, j'ai tort, et après ?
2 ♦ (Espace; ordre ou situation) ⇒ 1. derrière, ensuite. Venir après : suivre. La réussite professionnelle passe après, est d'une importance secondaire. La page d'après. ⇒ 1. suivant. Cent mètres après. ⇒ loin (plus loin). — Loc. adv. CI-APRÈS :plus loin (dans un texte). Voyez ci-après. ⇒ 1. bas (plus bas), ci-dessous, infra.
⊗ CONTR. 1. Avant. 1. Avant (en), 1. devant. — Abord (d'), auparavant, priorité (en); 1. dessus (ci-), supra.
⊗ HOM. Apprêt.
● après préposition ou adverbe (bas latin adpressum, de ad, à, et de pressum, comprimé, serré) Indique une relation temporelle ; plus tard, postérieurement à : Je passerai vous voir après les vacances. Indique une relation spatiale ; plus loin, au-delà de : Le cinéma est après la mairie. Indique une relation de valeur ; à un rang inférieur à : Le capitaine vient après le commandant dans la hiérarchie. Avec quelques verbes, indique une idée de poursuite : Courir après les honneurs. Familier. Indique l'être ou la chose visés par une activité, objets d'un sentiment : Il crie après ses enfants. J'attends après cette somme. Après cela, exprime une relation de conséquence. Après quatre heures, en Belgique, partie de la journée qui suit le goûter. Après quoi, ensuite. Après tout, tout bien considéré. Et (puis) après ?, qu'est-ce que cela peut faire ? Familier. Être après quelque chose, s'en occuper activement. Familier. Être après quelqu'un, s'en prendre à lui, le harceler. ● après (difficultés) préposition ou adverbe (bas latin adpressum, de ad, à, et de pressum, comprimé, serré) Emploi 1. Aprèsmarquant la postériorité dans le temps ou dans l'espace. Ces emplois sont corrects et normaux : le jour de l'An vient après Noël ; la boulangerie est après le carrefour ; je passerai après vous. 2. Après employé pour à, contre, sur. Ces emplois sont fréquents dans la langue orale relâchée : accrocher sa veste après le portemanteau ; crier après ses enfants ; la clé est après la porte. Recommandation Préférer les constructions correctes : accrocher sa veste au portemanteau ; crier contre ses enfants ; la clé est sur la porte. 3. Demander, être, attendre, chercher après qqn. Ces emplois relèvent également de la langue orale relâchée. Recommandation Dire ou écrire : demander qqn ; s'en prendre à qqn ; attendre qqn ; chercher qqn. - Attendre après qqn est admis pour insister sur la nécessité ou la longueur de l'attente : il a fallu attendre pendant deux heures après le directeur qui nous avait imposé ce rendez-vous. 3. Et puis après. Cette locution est très courante dans la langue orale familière pour souligner la répétition dans une succession (et puis après il me demandera ça, et puis après ce sera autre chose) ou pour marquer le scepticisme, le doute ironique (il m'en fera le reproche, bon, et puis après ?). Recommandation À éviter dans le style soigné, surtout à l'écrit. ● après (homonymes) préposition ou adverbe (bas latin adpressum, de ad, à, et de pressum, comprimé, serré) apprêt nom masculin ● après préposition après que conjonction Après + infinitif passé, après que + indicatif, indiquent la postériorité dans le temps : Après avoir tout examiné, ils se retirèrent. ● après (difficultés) préposition après que conjonction Construction Après que (+ indicatif ou, éventuellement, conditionnel) : après que cette parole a été prononcée, nous redoutons que... ; après que cette parole aurait été prononcée, nous aurions à redouter que... Remarque Le subjonctif est aujourd'hui très fréquent dans les propositions introduites par après que (par analogie avec avant que). Néanmoins, la construction est à éviter dans l'expression soignée, même si elle se rencontre chez de bons écrivains : « Un siècle et demi après que cette parole ait été prononcée, nous savons que le bonheur en Europe est une illusion perdue »(F. Mauriac). ● après (homonymes) préposition après que conjonction apprêt nom masculin
après
Prép., adv. et n. m. pl.
rI./r Prép. marquant:
d1./d La postériorité dans le temps. Après le coucher du soleil. Ils sont partis les uns après les autres. Ceux qui viendront après nous.
— Après quoi: ensuite, après cela. écoute ton frère, après quoi tu parleras.
|| Loc. adv. Après coup.
|| Loc. adv. Après tout: tout bien considéré. Après tout, fais ce que tu veux.
|| Loc. adv. Vieilli (Cour. en Afr. subsah., en Belgique, au Luxembourg, au Québec) Par après: après, par la suite. Par après, on ne l'a plus revu.
|| Loc. conj. Après que (+ indic.). Après qu'il a parlé, tout le monde se tait. (N.B. L'emploi du subjonctif est critiqué.)
|| Après (+ inf. passé.). Après avoir bien ri.
d2./d La postériorité dans l'espace. La chambre est après l'entrée. Traîner après soi: avoir derrière soi, à sa traîne. Elle traîne après elle une foule d'adorateurs.
d3./d Une succession dans un rang, dans un ordre. Le seul maître à bord après Dieu. Après vous: formule de politesse pour inviter qqn à passer avant soi.
d4./d (France rég., Québec) La proximité, le contact. La clé est après la porte. Avoir une tache après son manteau.
d5./d L'aspiration, la tendance vers ou contre qqn, qqch.
— Loc. Courir après une chose, la rechercher avec ardeur. Courir après la fortune.
|| Loc. pop. Crier après qqn, le réprimander.
rII./r Adv. marquant:
d1./d Un rapport de temps. Trois ans après. Bien après.
— Après? (Pour interroger.) Après, qu'arriva-t-il?
d2./d Un rapport d'espace, de rang, d'ordre. Il me plaça immédiatement après lui. Ant. avant.
rIII/r n. m. pl. (Antilles fr.) Les après: la période qui suit Noël.
⇒APRÈS, prép.
I.— Morphème situant le procès en postériorité par rapport à une date ou une action données.
A.— Après en emploi prépositionnel.
1. Après + subst. appartenant au vocabulaire du temps.
a) Le compl. exprime le repère temporel. Après cinq heures, après Pâques :
• 1. Lorsque, après le XIIIe siècle, la littérature du Midi fut tombée en pleine décadence, la nôtre continua de cheminer dans la voie où elle était engagée.
SAINTE-BEUVE, Tableau hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIe s., 1828, p. 7.
• 2. Après l'été pluvieux, l'automne rayonnait. Dans les vergers, les fruits pullulaient sur les branches.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, p. 319.
— Sans art. devant les subst. désignant les heures canoniales :
• 3. Mais tu partirais le dimanche après vêpres à six heures, tu serais à Rouen à onze, et tu nous quitterais avec grand regret le samedi dans l'après-midi.
FLAUBERT, Correspondance, 1832, p. 4.
• 4. Et ce soir, après none, je viendrais vous saigner moi-même.
MONTHERLANT, Port-Royal, 1954, p. 994.
Rem. Cf. aussi après prime, — matines, — complies, — laudes.
b) Le compl. exprime un espace de temps au terme duquel a lieu le procès. Après un moment de réflexion, après des années de silence :
• 5. ... mais il aimera l'hypothèse qui le fait commencer comme un corps individuel au milieu de la durée des êtres; se consolider, s'animer, fleurir, se refroidir après une vaste durée; et enfin mort, inanimé, se livrer aux forces étrangères pour être dissous par elles, et servir à la formation des mondes nouveaux.
SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 215.
— Après longtemps. Après une longue période :
• 6. Qu'une femme du monde de la plus haute intelligence, de la plus grande bonté, se fasse actrice, déploie dans ce métier nouveau pour elle de grands talents, n'y rencontre que des succès, on s'étonnera, si on se trouve auprès d'elle après longtemps, d'entendre non son langage à elle, mais celui des comédiennes, leur rosserie spéciale envers les camarades, ce qu'ajoutent à l'être humain, quand ils ont passé sur lui, « trente ans de théâtre ».
PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 1003.
2. Après + subst. d'action, subst. à valeur verbale. Après le départ, après son refus :
• 7. Et après une longue discussion, il fut décidé qu'on irait déjeuner à la campagne.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, À cheval, 1883, p. 398.
• 8. (Cela) se passait au port de commerce, le matin du second jour, après sa fuite de chez lui.
LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 313.
SYNT. Après un déjeuner rapide, — plusieurs essais, — la découverte de, — la mort de, — une dernière tentative, — une explication, — cet effort, — sa conduite de ce soir, — la moisson, — la pluie, etc.; après la guerre, — le repas, — un long silence, — l'orage, — une étape difficile, — ce cauchemar, — quelques paroles, — ce lent martyre, — ma première blessure, — tant de détours, — quelques tours, etc.
— Sans prédéterminant :
• 9. — Il faut reconnaître que Monsieur Keller a bien du talent — dit maman après échange de quelques banales politesses.
GIDE, Geneviève, 1936, p. 1380.
• 10. J'oubliais de dire que la récompense est décernée chaque mois, après vérification des bons d'entrées; ...
CAMUS, Caligula, 1944, p. 48.
SYNT. Après accord avec, — analyse, — communication de, — comparaison de, — consultation, — délibération du, — déduction de, — dessication, — échange de, — enquête, — épuisement de, — examen, — entente avec, — lecture de, — réflexion, — mûre réflexion, — remise de, — vérification, etc.
— Vieilli. Après + subst. + part. passé épithète :
• 11. Tous les animaux nouveau-nés ont besoin de leur mère pendant plus ou moins de temps, et nous ne voyons pas que leur société subsiste après le besoin passé.
LACLOS, De l'Éducation des femmes, 1803, p. 451.
• 12. Ce n'est pas la mort du vieux bouc que je regrette! Quand je l'ai vu saigner dans sa baignoire, j'ai chanté de joie, j'ai dansé. Et aujourd'hui encore, après quinze ans passés, je n'y songe pas sans un tressaillement de plaisir.
SARTRE, Les Mouches, 1943, p. 37.
SYNT. Après son fermage payé (SAY, Traité d'écon. pol., 1832, p. 413); après ses illusions perdues (FLAUBERT, Correspondance, 1839, p. 45); après le soleil couché (BARRÈS, Le Voyage de Sparte, 1906, p. 5); après fortune faite (PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 845).
Rem. GREV. 1961, § 779 indique que cette tournure était beaucoup plus fréq. au XVIIe s. qu'auj. et qu'elle s'est développée sous l'influence des tournures lat. du type Post Romam conditam.
— Après ça, après cela, après quoi. Les pron. se réfèrent aux faits énoncés dans la phrase précédente ou même antérieurement :
• 13. Et qu'on ne me parle pas, après cela, du travail, je veux dire de la valeur morale du travail.
A. BRETON, Nadja, 1928, p. 54.
• 14. « Après quoi, la tempête apaisée, je me mis en marche. Je marchai cinq jours et quatre nuits. »
SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 162.
3. Locutions :
— Après coup, loc. adv. Après ce fait, cet événement, par la suite :
• 15. Je me suis reproché après coup ma sotte timidité, et j'ai eu le regret de n'avoir pas fait mon devoir.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1814, p. 27.
— Tours du type minute après minute, ligne après ligne, l'un après l'autre, exprimant la succession, l'itération :
• 16. C'était la maison où elle l'avait attendu, nuit après nuit, au retour des Communes, la maison toujours éclairée qu'il voyait briller de loin dans le brouillard quand il rentrait après une dure séance.
MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, p. 251.
• 17. On tirait en aveugles, pièce après pièce, coup par coup...
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 23.
4. Après + inf. comp. [Le suj. de l'inf. est le même que celui de la principale] :
• 18. Quand le valet de chambre se fut retiré après avoir attisé le feu, la comtesse se tourna vers moi d'un air indéfinissable et me dit : ...
BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 126.
• 19. Bernard et André avaient eu la joyeuse surprise de se retrouver à la caserne, après s'être perdus de vue pendant des années.
R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 10.
• 20. Face à notre diplomatie qui, après avoir dormi si longtemps, rêvait tout éveillée...
MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 101.
• 21. La lumière d'un lampadaire le frappa en plein visage, puis tout de suite après avoir traversé la chaussée, il fut de nouveau enveloppé dans la demi-obscurité de la rue Beaudoin qui se fait plus sombre et plus lamentable à mesure qu'elle approche du canal de Lachine.
G. ROY, Bonheur d'occasion, 1945, p. 255.
— Except. le suj. de l'inf. n'est pas le même que celui de la principale (cf. Sandf, t. 3 1965, § 319) :
• 22. ... après nous être séparés d'elle, elle avoit chargé les puissances...
SAINT-MARTIN, L'Homme de désir, 1790, p. 306.
• 23. Après avoir quitté cette ville [= après que nous eûmes ou qu'ils eurent quitté...], la pluie cessa et le vent tourna au nord.
H. MALOT, Sans famille, éd. Vehl et Klasing, 1878, p. 110 (Sandf. t. 3 1965, § 319).
• 24. Après avoir pris leurs dispositions, elle monta dans le train de Paris.
CHERAU, Maison du quai, p. 112 (Sandf. t. 3 1965, § 319).
— Except. après est suivi de l'inf. :
• 25. En hiver, quand il neige, au coin du feu qu'on aime, Pour nous, après causer, la volupté suprême, Ce serait de nous lire un roman tour à tour : ...
SAINTE-BEUVE, Poésies, Après une lecture d'Adolphe, 1829, p. 113.
• 26. Le cauchemar a parfois un trait comique : Daniel de Foë raconte qu'un joueur de cornemuse endormi sur le pavé, après boire, est ramassé pour mort, chargé sur un chariot de cadavres; il se réveille, s'assied sur le tas immonde et se remet à jouer.
MORAND, Londres, 1933, p. 24.
Rem. Dans après déjeuner, — dîner, — souper, — goûter, déjeuner, dîner, souper, goûter sont en fait des subst. sans prédéterminant.
— Après + subst. ou pron. avec ell. de l'inf. composé :
• 27. Après le fromage, la bonne venait de servir des confitures et des poires. [Après avoir servi le fromage...]
ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 575.
• 28. Après le sable, Mermoz affronta la montagne. [Après avoir affronté le sable...]
SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 155.
• 29. Le premier jour, après son café, il avait commandé un verre de calvados. [Après avoir commandé (ou pris) son café...]
G. SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 18.
— De même, après + terme désignant une pers. :
• 30. Si Eichendorff, créateur, après Tieck et Brentano, du romantisme d'atmosphère, échappe à tous les déchirements intérieurs qui définissent les autres romantiques, Heinrich von Kleist, lui, porte au fond de sa nature et exprime dans son œuvre des conflits...
BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 317.
Rem. Cf. aussi l'expr. après moi, quand je serai mort. ,,Mais après moi vous ne manquerez de rien.`` (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, L'Héritage, 1884, p. 484).
B.— Après que, loc. conj.
— Suivi de l'ind. :
• 31. ... par conséquent nous ne nous les [nos actions] rapportons point à nous-mêmes, ni pendant que nous les faisons, ni après que nous les avons faites; ...
COUSIN, Hist. de la philos. du XVIIIe s., 2, 1829, p. 499.
• 32. Ce soir-là, après qu'ils eurent mangé leurs pommes de terre et terminé leur chétif dîner, les trois frères demeurèrent réunis.
BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, p. 267.
• 33. Après que j'avais fait mes gammes, mes arpèges, un peu de solfège, et ressassé quelque morceau des bonnes traditions du pianiste, je cédais la place à ma mère qui s'installait à côté de Mlle de Gœcklin.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 357.
• 34. Mais un tel mouvement ne me semble possible que dans longtemps, après que la guerre aura causé au monde bien plus de maux qu'elle n'a fait encore.
BENDA, La Trahison des clercs, 1927, p. 237.
— Suivi du subj. :
• 35. Telle avait été en tout ceci l'innocence du professeur que beaucoup de Coustous, dont aucun n'avait voulu assister au mariage, affectèrent de répondre à son salut après qu'il eût trahi.
MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 333.
• 36. Si elle n'osait pas dire quelle place il occupait dans son cœur, ses lettres me le laissèrent apprendre après qu'il l'eût quittée à jamais, et aussi certain éclat de larmes, au lendemain de l'enterrement de mon père.
COLETTE, La Naissance du jour, 1928, p. 16.
• 37. Le lendemain matin, tandis qu'Yves buvait son chocolat dans son lit, après que son grand-père fût venu l'embrasser (...) on parla d'abord de Napoléon, ce qui était entre la grand-mère et le petit-fils un sujet suivi de conversations, de controverses, de méditations et de perplexités en commun.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 118.
• 38. Après que tu m'aies abandonnée, j'ai d'abord fui le couvent pour la montagne.
CAMUS, La Dévotion à la croix, adapté de Calderon de la Barca, 1953, p. 578.
Rem. Pourquoi le développement du subj. avec après que dep. le début du XXe s.? M. Stéfanini, en 1953, ds Remarques sur la syntaxe d'après que en fr. mod. estimait que chez les sujets qui emploient tantôt l'ind., tantôt le subj. avec après que, le subj. ,,exprime un procès dont la réalité ne peut faire aucun doute, dont la réalisation est garantie par après que, mais il permet de le considérer dans le temps in fieri, qui est en train de se faire pour aboutir au temps in esse, où se déroule (s'est déroulé ou se déroulera) le procès principal.`` (p. 79). ,,En se faisant suivre du subjonctif, après que conserve, dans toute la mesure du possible, sa symétrie avec avant que qui, grâce au discordantiel pouvait déjà établir entre deux faits un lieu non seulement temporel, mais idéel.`` (p. 83). En 1955, ds Nouvelles remarques sur la syntaxe d'après que, il s'efforce d'expliquer pourquoi un vaste public a manifesté un tel empressement à adopter la nouvelle tournure. Avant que et après que ,,ne datent pas avec précision le procès exprimé par la principale (...) mais le situent simplement comme antérieur ou postérieur à un autre procès qui ne coïncide pas avec lui. Dans les deux cas, on établit entre les deux faits un rapport de consécution (...); avant que diffère, retarde l'arrivée, après que ne la fait pas attendre. Mais la chronologie de raison reste la même : les deux locutions placent identiquement deux événements à la suite l'un de l'autre.`` (pp. 125-126). ,,On a dégagé des deux locutions cet élément commun qu'elles établissent une chronologie de raison, qu'elles mettent « en suite » deux procès, et qu'elles le font en situant dans l'en deçà d'un événement le fait à dater, qu'elles semblent donc comporter une sorte de jugement critique sur le juste moment de survenance du procès. (...) [La langue] néglige les raisons puissantes qui justifient l'emploi de l'indicatif avec après que, pour ne retenir que la nuance de critique implicite qu'elle contient (...).`` (p. 136).
La langue réalise ainsi une tendance à la symétrie entre deux constr. de sens opposé, dont l'oppos. semble suffisamment marquée par les loc. conjonctives.
Pour M. Wilmet, ds Après que suivi du subj., 1969, après que ,,oblige l'usager du fr. mod. à saisir l'événement subordonné par sa séquelle verbale. Comme les tiroirs composés de l'indicatif ne suffisent plus à marquer l'aspect extensif, l'habitude s'installe de recourir au mode subjonctif, — où les formes simples et les formes composées constituent toujours des couples aspectuels véritables —, en sacrifiant ainsi l'expression du temps (au demeurant assurée par la conjonction) à celle de l'aspect (...) Le mode subjonctif, presque insensible à la notion de temps, fournit (...) une solution unique joignant la simplicité à l'efficacité.`` pp. 37-38.
C.— Après en emploi adverbial :
• 39. Le sourd baissa la tête, puis il vint se mettre à genoux devant la porte de l'Égyptienne.
— Monseigneur, dit-il d'une voix grave et résignée, vous ferez après ce qu'il vous plaira : mais tuez-moi d'abord.
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 439.
• 40. Il me semble, parfois, qu'une idée m'est apportée par un ange, et, bientôt après, je crois entendre l'éclat de rire du démon.
BLOY, Journal, 1900, p. 186.
• 41. Un quart d'heure après, la cloche sonna pour le premier déjeuner.
GIDE, Isabelle, 1911, p. 610.
• 42. Beaucoup d'Indous, après, ont perdu leur travail et sont plus ou moins morts de faim, forcément.
MALRAUX, Les Conquérants, 1928, p. 35.
• 43. Un immense éclair bleu l'aveugla, dans une espèce de craquement sec. Crispé, arqué, silhouette convulsée et effrayante, Thaunier avait fait un bond terrible, se jetait en arrière, les bras fléchis, la face au ciel, les mains crochues comme des griffes. Il retomba lourdement. L'instant d'après, très loin, montaient des cris et des coups de feu...
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 58.
• 44. Toute la journée après, il marmonnait à part lui : « Et les cinquante centimes? Où ai-je donc fourré les cinquante centimes? ».
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 31.
• 45. D'un pas pressé, les uns à cause de leur angoisse, les autres à cause de leur spectacle ou de leur rendez-vous à peine secret, les visiteurs sortirent, les femmes d'abord, en assurant leurs épingles à chapeau, les hommes après, par ordre d'âge. Puis la porte retomba, puis le silence.
DRUON, Les Grandes familles, t. 1, 1948, p. 19.
— Vx, inus. ou région. Par après (au lieu de l'adv. empl. seul) :
• 46. Il fut (...) un temps où je ne m'abandonnais que de trop bon cœur à des rêves de gloire et de dévouement dont l'avare réalité m'a si bien appris, par après, à ne faire que peu d'état; un temps... temps lointain, perdu, à jamais envolé!
MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 7.
• 47. Un moment, elle eut l'idée de s'excuser par un mot de lettre, et de prier son cousin Gaspard, dont les parents étaient aubergistes au même lieu de Saint-Amand, de lui ramener la Pauline. Mais elle n'osa... Elle devait s'en repentir plus de quatre fois, par après.
POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 21.
Rem. Selon GREV. 1964, § 929 (hist.), ,,l'expression est restée courante en Belgique``; en après a totalement disparu de l'usage moderne.
— Après empl. substantivement :
• 48. ... j'ai essayé ardemment d'imaginer un après quelconque, un lendemain quelque part ailleurs, ...
LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 23.
• 49. Il faudrait, en un mot, suivre la grande voie si profondément creusée par Zola, mais il serait nécessaire aussi de tracer en l'air un chemin parallèle, une autre route, d'atteindre les en deçà et les après, de faire, en un mot, un naturalisme spiritualiste; ce serait autrement fier, autrement complet, autrement fort!
HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 11.
• 50. Si nous avons, dans les pages qui précèdent, déjà rencontré le temps sur le chemin qui nous menait à la subjectivité, c'est d'abord parce que toutes nos expériences, en tant qu'elles sont nôtres, se disposent selon l'avant et l'après, parce que la temporalité, en langage kantien, est la forme du sens intime, et qu'elle est le caractère le plus général des « faits psychiques ».
MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 469.
II.— Transpositions spatiales et logiques de la notion de postériorité temporelle.
A.— Transposition spatio-temporelle. Après indique non seulement le point de repère, mais aussi le fait qu'on est passé devant ce repère. Après l'église, on rencontre un hôtel du XVIIe siècle :
• 51. Qu'est-ce qu'il y a après le bord du glacier, hein? Plus rien, c'est le trou.
RAMUZ, Derborence, 1934, p. 15.
• 52. Après la place, j'avais le choix entre deux rues également attirantes. J'ai pris celle de droite, qu'illustrent deux épiceries exubérantes, l'une en face de l'autre.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 42.
— En liaison avec des verbes exprimant une position : venir, (se) placer, (se) situer, (se) ranger, (se) mettre, etc.
— En liaison avec des verbes ou des loc. verbales évoquant un mouvement vers un but qui se dérobe :
• 53. Tout ce qui tient aux trois ou quatre cents familles les plus distinguées soupire après l'établissement d'une chambre haute, à l'exemple de celle d'Angleterre; leur orgueil se nourrit de l'espérance de n'être plus confondues dans la foule des gentilshommes.
SIEYÈS, Qu'est-ce que le Tiers-état? 1789, p. 59.
• 54. Ces moments ont passé, et notre merveilleuse science, avec eux, s'est évanouie. Nous courons après nos souvenirs mêmes comme après des ombres.
GUÉHENNO, Journal d'un homme de quarante ans, 1934, p. 14.
• 55. Voilà, juste à ce moment-là, qu'il arrive une tuile... Les gendarmes cherchent après Gorloge... Toute la maison est en émoi... C'était pour qu'il parte immédiatement faire ses vingt-huit jours...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 207.
B.— Transposition logique. Après exprime l'infériorité de rang. Je me suis classé deuxième après Jean :
• 56. Mon domestique, qui s'appelait Larive, avait été très attaché à mon père; c'était peut-être, après mon père lui-même, le meilleur homme que j'aie jamais connu.
MUSSET, La Confession d'un enfant du siècle, 1836, p. 160.
• 57. Quant à la vieille Mme Keller, qui se décida la première à quitter ce monde, je ne me souviens d'elle que comme de la créature la plus ratatinée qu'il m'ait été donné de voir, après ma grand'mère.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 495.
C.— Locutions
1. D'après, loc. prép.
a) Exprimant la norme, le modèle auquel on se conforme :
• 58. Nous supportons l'adversité, non d'après tel ou tel principe, mais selon notre éducation, nos goûts, notre caractère, et surtout notre génie.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 2, 1797, p. 164.
• 59. Cette dernière [Mme de Noailles] et moi nous étions occupés à peindre d'après nature, tandis que les dames de Bellegarde près d'un piano chantaient avec Garat et un autre.
DELÉCLUZE, Journal, 1826, p. 338.
b) Exprimant l'indice. À en juger par :
• 60. Joseph salua le tambour-major et il comprit que ce héros, d'après sa manière de répondre, n'était même pas du pays voisin.
JOUVE, La Scène capitale, 1935, p. 13.
2. Après tout, loc. adv. Sert à introduire une affirmation considérée comme décisive malgré tout ce qui précède. Tout bien considéré, quoi qu'il en soit :
• 61. — Pour qui me prenez-vous donc? Il appartiendrait à madame de décider : l'un de nous partirait et ce serait peut-être moi. J'ai déjà fait mon sacrifice. Après tout, que suis-je ici de plus que vous? Je suis le précepteur de Bertrand comme vous êtes l'institutrice d'Emmanuele.
MAURIAC, Asmodée, 1938, I, 3, p. 24.
3. Et après? et puis après? interj. Interjection marquant le défi. = et alors? et ensuite?
• 62. — Eh bien, oui, c'est moi, s'écriait-il. Et après? D'abord, je ne veux pas qu'on me regarde. Regarde ailleurs! Et puis, va te coucher. Au trot!
VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, p. 48.
• 63. Ça saigne. Et puis après? Qu'est-ce qu'il y a de changé?
SARTRE, La Nausée, 1938, p. 131.
III.— Arch. ou pop. Après exprime une relation exclusivement spatiale (= à, sur, contre).
A.— Après + subst. de l'inanimé :
• 64. On arrivait la blouse et le pantalon toujours un peu mouillés, mais on était sous des saules épais, dans une petite île escarpée, verte comme une émeraude, sur un beau gazon tout semé de -mein-nicht et de grandes cloches blanches doucement odorantes qui s'entortillaient après les joncs.
KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 195.
• 65. Comme ça, les hommes ne viendraient pas se pendre après ses jupes.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1287.
• 66. La figure animée, il [Poil de Carotte] bavarde, il chante pour lui seul et il saute après les branches.
RENARD, Poil de Carotte, 1894, p. 72.
• 67. Je travaille de mon mieux (ce qui n'est pas beaucoup dire), m'acharnant après un livre que je me suis promis de finir mais que j'eusse dû finir il y a deux ans; ...
GIDE, Correspondance [avec Valéry], 1901, p. 389.
— Adverbialement :
• 68. MADAME MAIRET. — Et sa robe, est-elle tout-à-fait garnie?
SOPHIE. — Pas encore; mais je vais me mettre après, aussitôt que j'aurai terminé sa collerette.
T. LECLERCQ, Le Mariage manqué ou On attrape plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre, 1835, 1, p. 54.
B.— Après + subst. désignant une pers. :
• 69. Et Lise s'irritait de n'être point la maîtresse, tourmentée maintenant d'une jalousie particulière, prête encore à le laisser culbuter sa cadette, histoire d'en finir, tout en enrageant de le voir s'échauffer après cette garce, dont elle avait pris en exécration la jeunesse, la petite gorge dure, la peau blanche des bras, sous les manches retroussées.
ZOLA, La Terre, 1887, p. 362.
• 70. Puis il a passé une oie; elle criait après le garçon. Le petit criait après ceux qui étaient devant. Ça semblait tous des fous.
GIONO, Le Grand troupeau, 1931, p. 65.
— Avec un nom d'action :
• 71. Nana ne se montra pas surprise, ennuyée seulement de la rage de Muffat après elle.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1258.
— Après = derrière :
• 72. TERSKY. (...)
Si Gustave à Lutzen a reçu le trépas,
Rassemblant après lui ses valeureux soldats,
Bannier, digne héritier de son puissant génie,
À son roi qui n'est plus soumet la Germanie.
CONSTANT, Wallstein, 1809, I, 1, p. 4.
• 73. Relu Les Confessions de Saint Augustin. La frénésie des sens, il semble l'avoir vaincue d'un coup, après sa conversion. Il parle admirablement de cette chaîne terrible qu'il traînait après lui avec délices.
GREEN, Journal, 1943, p. 7.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. Pour FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 462, on ne fait pas la liaison lorsque deux mots ne sont pas séparés par un silence entre les adv. ailleurs, alors, après, auparavant, etc. et un mot suivant : je verrai après|un de ses amis. FOUCHÉ (ibid., p. 477) écrit qu'on fait la liaison ,,entre les prépositions après, chez, depuis, dès [etc.] ou les locutions prépositives d'après, de chez et un mot suivant : (...) Après⁀elle (...) D'après⁀une légende.`` 2. Homon. : apprêt. 3. Hist. : [] ouvert long ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, NOD. 1844, FÉL. 1851 et LITTRÉ. LITTRÉ précise que [s] se lie (cf. aussi FÉR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834, GATTEL 1841, BESCH. 1845 et FÉL. 1851). FÉR. Crit. t. 1 1787 rappelle que ,,Richelet écrit aprés avec é accent aigu.`` FÉR. ajoute : ,,mauvaise orthographe qui nduit à une mauvaise prononciation``.
ÉTYMOL. ET HIST.
I.— Morphème indiquant un rapport de postériorité dans le temps.
A.— Adverbe, Xe s. emploi abs. « ensuite » (ST LÉGER, 9 ds GDF. Compl. : Apres ditrai vos dels aanz); fin XIVe s. [précédé d'une indication chronol.] (FROISSART, Chroniques, liv. I, part. II c. 81 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 549 : Si détint la ville et le châtel tout l'hiver et l'été après qui fut l'an cinquante neuf).
B.— Préposition, 1130-60 le régime est un subst. (Couronnement Louis, éd. Jonckbloet 170, ds T.-L. : Apres ma mort); 1170 id. (Rois, éd. Le Roux de Lincy, 80, ibid. : l'endemain après les kalendes); ca 1175 le régime est un dém. (CHR. DE TROYES, Chevalier lion, éd. W. Foerster, 2302, ibid. : Et après ce le roi pria Que...); ca 1175 le régime est un inf. (ID., ibid., 8, ibid. : Après mangier); ca 1200 loc. l'un après l'autre (Chanson des Saxons, III ds LITTRÉ : Et la guerre dura tante mainte saison, Li uns rois après l'autre la reprist en son nom); fin XIVe s. [le régime est accompagné d'un part. passé] (FROISSART, Chroniques, liv. I, part. I, c. 60 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 543 : Après cette paix faite, il retourna en France); 1580-92 [constr. avec un inf. passé] (MONTAIGNE, I, 19 ds LITTRÉ : Aprez l'avoir ouï); 1671 [à la circonstance de temps s'ajoute une intention d'oppos.] (RACINE, Bérénice, III, 3 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 543 : Après tant de serments Titus m'abandonner!).
Locutions prépositionnelles, 1641 après tout « tout bien considéré » (CORNEILLE, Cinna, I, 2, ibid., p. 551 : Il est tard, après tout, de m'en vouloir dédire); 1668 après quoi (LA FONTAINE, Fables, III, 5, ibid., p. 544 : A l'aide de cette machine De ce lieu-ci je sortirai; Après quoi je t'en tirerai); 1690 après coup (FUR.).
C.— Locution conjonctive : après que, 1200-06 [constr. avec l'indic.] (R. DE CLARY, Constantinople, éd. HOPF 52 ds T.-L. : or avint, après que li Franchois eurent sifaitement ouvré, que...); début XIIIe s. [précédé d'une indication chronol.] (VILLEHARDOUIN, II ds LITTRÉ : En l'an après que cis preudoms ot commencié à parler de Dieu).
II.— Morphème indiquant un rapport de postériorité dans l'espace, la situation.
A.— Préposition [Xe s. anc. empres « près de [sans mouvement] » (Passion, 421, Diez ds GDF., s.v. empres : Empres lo vidren celles duaes) forme qui subsiste jusqu'au XVIe s. Brantôme, ibid.] 1. ca 1100 [constr. avec un verbe d'action] (Roland, 2980 ds GDF. Compl. : Veiz Baligant qui apres tei chevalchet); 1170 après « près de » (Rois, 79 ds T.-L. : serras apres la pierre [sedebis juxta lapidem]), seulement au moy. âge; 2. fin XIIe s. [constr. avec un pronom réfl.] (Aymeri de Narbonne, éd. L. Demaison, 2030, ibid. : Les portes ferment après eus maintenant); XVe s. courir après qqn au fig. « poursuivre de ses ardeurs, importuner qqn » (CHARLES D'ORLÉANS, Chansons, 57 ds LITTRÉ : Tous jours fuyez, et après vous je cours); 1580-92 id. « rechercher avidement » (MONTAIGNE, I, 191, ibid. : Courir aprez un beau mot); 3. p. ext. rapport de postériorité dans le rang 1160-75 (Flore et Blancheflor, éd. I. Bekker 2362, ds T.-L. : La plus bele estoit de la tour De toutes après Blanceflor); 1539 (ESTIENNE, Dict. fr.-lat. : Apres Dieu les hommes peuvent fort aider aux hommes); 1687 [le régime est un inanimé] (LA BRUYÈRE, Caractères ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 544 : Après le merite personnel... ce sont les éminentes dignités et les grands titres dont les hommes tirent plus de distinction).
Locution prépositionnelle : d'après. 1670 d'après « suivant la norme, le modèle de » (RACINE, Préface de Britannicus, ibid., p. 548 : J'avois copié mes personnages d'après le plus grand peintre de l'antiquité, je veux dire d'après Tacite) [après est attesté dans ce sens au XVIe s. (MONTAIGNE, II, 282 ds LITTRÉ : Quand les peintres nous tirent, aprez le naturel, un subject...) et au XVIIe s. (1644, CORNEILLE, La suite du menteur, II, 6 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 548 : O le charmant portrait! l'adorable peinture! Elle est faite à plaire. — Après le naturel)].
B.— Adverbe ca 1170 après « par derrière » (CHR. DE TROYES Chevalier lion, 935 ds T.-L. : Et mes sire Yvains folemant Hurte grant alëure après); 2e tiers XIIIe s. « tout près » (Chastoiement, éd. Labouderie, XIV, 17, ibid. : Un riches hom après maneit). Locutions adverbiales XIIe s. poi après « un peu plus loin » (Lois G. LE CONQUERANT, 5 ds GDF. Compl. : E cil viengne poi après); fin XIVe s. ci-asprè dr. diplomatique « plus bas dans le texte » (FROISSART, Chroniques, liv. I, Ire part., c. 137 ds Dict. hist. Ac. fr., t. 3, p. 551 : La parole du chevalier ne fut ouïe ni crue bien à point, dont il leur mésavint, si comme vous orrez ci-après).
Empr. au b. lat. adpressum « près de, proche de (domaine spatial, avec idée d'oppression) », lui-même composé de ad « à » et pressum, part. passé employé adverbialement « comprimé, serré » (près); adpressum est attesté au IVe s. dans le domaine méd. où il est empl. comme synon. de prope (CHIRON, Mulomedicina, chap. 7 ds Ed. WÖLFFLIN, Archiv für lateinische Lexikographie und Grammatik, t. 10, p. 420, v. aussi p. 422). Le sens du b. lat. explique que l'on trouve après au sens de « proche de » aux XIIe et XIIIe s. (cf. attest. du Livre des Rois et du Chastoiement d'un père, supra, hist. II). Adpressum supplante en gallo-roman l'adv. class. post en s'étendant dès l'orig. au domaine temporel (GAMILLSCHEG, Historische französische Syntax, Tübingen, 1957, pp. 300-303; ZEITLIN, Z. rom. Philol., t. 6, 1882, pp. 264-65).
STAT. — Fréq. abs. littér. :69 730. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 109 554, b) 102 160; XXe s. : a) 96 846, b) 90 085.
BBG. — AC. CAN.-FR. 1968. — ALCIATORE (J. C.). La Valeur de la loc. prépositive d'après dans deux romans de Stendhal. Mod. Lang. Notes. 1956, t. 71, pp. 437-439. — APPUHN (H.-J.). Der Konjunktiv nach après que. Neueren (Die) Sprachen. 1964, t. 13, pp. 26-33. — BAUDR. Chasses 1834. — BÉL. 1957. — Canada 1930. — COHEN 1946, p. 57, 60. — Consultation (La) permanente de l'O.V.F. Vie Lang. 1965, p. 60. — DARM. 1877, p. 130. — DEM. 1802. — DUL. 1968. — GANDILLAC (M.). A propos de l'emploi du subj. dans une sub. commençant par après que. Déf. Lang. fr. 1961, n° 10, p. 22. — GLÄTTLI (H.). A propos du mode régi par après que. Réponse à M. Wunderli. Vox rom. 1970, t. 29, n° 2, pp. 264-272. — GLÄTTLI (H.). Encore des observations sur après que suivi du subj. Réponse à M. Wunderli. Vox rom. 1970, t. 29, n° 2, pp. 279-282. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 122. — LE BIDOIS (R.). Au secours du bon lang. Un solécisme récent : après qu'il soit parti. Vie Lang. 1953, pp. 395-399. — LE ROUX 1752. — MARTIN (E.). Si l'on peut dire : demander après quelqu'un. Courrier (Le) de Vaugelas. 1876, t. 7, p. 52. — MOIGNET (G.). La Place en système de que « comparatif ». In :[Mél. Harmer (L. C.)]. London-Toronto-Wellington-Sydney, 1970, pp. 103-114. — PIERREH. 1926. — PIERREH. Suppl. 1926. — REMIG. 1963. — RIGAUD (A.). Après qu'il soit... Vie Lang. 1970, n° 215, pp. 112-113. — SANDRY-CARR. Courses 1963. — STEFANINI (J.). Rem. sur la synt. d'après que en fr. mod. Annales de la Fac. des lettres d'Aix. 1953-55, t. 27/28, pp. 65-87 [Cr. BOURCIEZ (J.). R. Lang. rom. 1955, t. 72, p. 133]. — STEFANINI (J.). Nouv. rem. sur la syntaxe d'après que. Annales de la Fac. des Lettres d'Aix. 1955, t. 29, pp. 108-137 [Cr. BOURCIEZ (J.). R. Lang. rom. 1955, t. 72, p. 394]. — Date (Une). Vie Lang. 1964, p. 682. — WILMET (M.). Après que et le subj. R. Belge Philol. Hist. 1968, t. 46, n° 4, p. 1351. — WILMET (M.). Après que suivi du subj. Linguistique. Paris. 1969, n° 2, pp. 27-39. — WUNDERLI (P.). Fortschritte des Konjunktivs im modern-französischen Adverbialsatz. Z. fr. Spr. Lit. 1970, t. 80, n° 2, pp. 154-182. — WUNDERLI (P.). Der Konjunktiv nach après que. Kritische Bilanz und Versuch einer Synthese. Vox rom. 1970, t. 29, n° 2, pp. 230-263.
après [apʀɛ] prép. et adv.
ÉTYM. Xe, adv., de a-, et près; lat. de basse époque ad pressum, de pressus « serré », qui s'est substitué en Gaule à post.
❖
———
1 (Marque la postériorité dans le temps). || Le printemps vient après l'hiver. || Un an, cent ans après la mort de Napoléon. || Après la naissance de Jésus-Christ ou Après Jésus-Christ. || Prendre du café après le repas. || Après dix heures. ⇒ Passé (passé dix heures). || Ouvrage posthume, publié après la mort de l'auteur. || Sa sœur est née après lui (⇒ Puiné). — ☑ Loc. (V. 1200). L'un après l'autre. || Ces événements sont arrivés les uns après les autres, à la suite, en se succédant. ⇒ Succéder; consécutivement, conséquemment, subséquemment, successivement. || Vivre après sa mort dans la mémoire des hommes (⇒ Survivre). || Ceux qui viendront après nous (⇒ Descendant, postérité). || Venir après tous les autres. || Il est arrivé après tout le monde, le dernier. || Ils président l'un après l'autre. ⇒ Alternativement, tour (à tour). || Après mûre réflexion, j'ai décidé de… || Après bien des efforts, j'ai réussi à… ⇒ Suite (à la). || Après vous, je vous prie : formule de politesse pour inviter qqn à faire qqch. le premier (peut aussi s'employer au sens spatial, 2.).
1 Après mille ans et plus de guerre déclarée,
Les loups firent la paix avecque les brebis.
La Fontaine, Fables, III, 13.
2 Et je n'en puis trouver (de fils) pour régner après moi !
Corneille, Héraclius, IV, 3.
3 Je ne crains que le nom que je laisse après moi.
Pour mes tristes enfants quel affreux héritage !
Racine, Phèdre, III, 3.
4 Une croix, et ton nom écrit sur une pierre,
Non pas même le tien, mais celui d'un époux,
Voilà ce qu'après toi tu laisses sur la terre.
A. de Musset, À la Malibran, VII.
5 (Car si le mariage musulman est brusque et insuffisamment consenti avant la cérémonie, après, en revanche, il a des ménagements et des pudeurs qui ne sont guère dans nos habitudes occidentales.)
Loti, les Désenchantées, II, 4.
6 Quand, après deux ans de règne impie, le fils du roi infidèle eut été assassiné, son petit-fils Josias lui succéda.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, 3, p. 251.
♦ ☑ Prov. Après moi (nous) le déluge ! : que m'importe ce qui arrivera après ma mort. ☑ Après moi, s'il en reste. ☑ Après lui (ou après cela), il faut tirer l'échelle. → Jeter le manche après la cognée. — ☑ Après la pluie, le beau temps : souvent les beaux jours succèdent aux mauvais, la joie à la tristesse, les succès aux revers.
♦ (1170). || Après ce… || Après cela, après ça : ensuite, à la suite de cela. || Déjeunons, après cela nous partirons. → Cela étant, puisqu'il en est ainsi. || Après cela, j'ai peut-être tort, étant donné ce que… || Après ce que j'ai fait pour lui, me traiter de la sorte ! — À cause de. || Après cela, je ne pouvais agir autrement. || Après cette maladie, vous ne pouvez plus songer à faire du sport.
7 Allez. Après cela direz-vous que je l'aime ?
Racine, Andromaque, II, 2.
8 Madame, après cela, je ne puis plus me taire (…)
Après tant de serments, Titus m'abandonner !
Racine, Bérénice, III, 3.
9 Après cela, si vous ne vous rendez, tant pis pour vous.
Molière, Dom Juan, V, 2.
10 Mais, après ce que je vous dois, ce me serait une trop sensible douleur que vous fussiez de la partie.
Molière, Dom Juan, III, 3.
11 Se pourrait-il, mon fils, qu'elle s'oubliât de la sorte, après le sage exemple que (…) je lui ai donné ?
Molière, George Dandin, I, 4.
12 Doit-on après cela, s'étonner que (…)
Fontenelle, Homère, Ésope.
13 Et quand je vous aurais payé au double tout ce que je vous dois, après cela, je ne serais pas encore quitte.
Voltaire, Lettres, 53.
14 Le rapport de cause est, dans le langage, intimement lié au rapport de suite dans le temps. Un fait qui s'est développé après un autre apparaît comme le résultat de cet autre. C'est le vieux sophisme : « Après cela, donc à cause de cela. »
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 812.
15 « Après cela, donc à cause de cela », est souvent un axiome faux.
A. Maurois, Un art de vivre, I, 6.
♦ ☑ (1668, La Fontaine). Après quoi : après ce dont il vient d'être question. || Il finit de manger; après quoi, il se leva et partit. ⇒ Ensuite. || Nous allons déjeuner, après quoi nous nous mettrons en route (Académie). || Après quoi, le jour s'était levé, je partis. — Après cela (même valeur).
♦ ☑ (V. 1200). Après que, loc. conj. suivie de l'indic. (passé simple, composé ou antérieur, futur antérieur) : || Des années après qu'il l'eut quitté… || Après que vous avez eu parlé, il s'est retiré (Académie). || Après que vous aurez fini votre tâche, vous sortirez (Grammaire de l'Académie). ⇒ Fois (une fois que).
16 Après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,
Janot Lapin retourne aux souterrains séjours.
La Fontaine, Fables, VII, 16.
17 Vous savez les honneurs qu'on fit faire à son ombre,
Après qu'entre les morts on ne le put trouver.
Corneille, Polyeucte, I, 4.
18 Il faut bonne mémoire après qu'on a menti.
Corneille, le Menteur, IV, 5.
19 On cherche ce qu'il dit après qu'il a parlé,
Et je lui crois, pour moi, le timbre un peu fêlé.
Molière, les Femmes savantes, II, 7.
20 On n'est sage qu'après qu'il en a cuit de ne pas l'être.
R. Rolland, l'Âme enchantée, t. II, p. 33.
♦ Vieilli. || Après que, suivi du conditionnel :
21 Supposons que notre langue pût un jour avoir le sort de la grecque et de la latine, serait-on pédant, quelques siècles après qu'on ne la parlerait plus, pour lire Molière ou La Fontaine ?
La Bruyère, les Caractères, XII, 19.
♦ Mod. || Après que, suivi du subj.
REM. Cet emploi, déjà signalé par Richelet et critiqué, tend à se répandre, concurremment à la construction à l'indicatif. Il apparaît ainsi comme le symétrique des tours introduits par avant que… : la distinction aspectuelle entre le procès en devenir (avant qu'il ne vienne) et la valeur accomplie (après qu'il soit parti), l'emporte ainsi sur l'opposition logique entre le fait supposé ou l'acte projeté (avant qu'il soit trop tard…, avant que je ne vienne) et le procès réel, puisque accompli (après qu'il a fini…).
21.1 Elle était restée, après que Vincent eût refermé sa porte sur elle, effondrée sur les marches.
Gide, les Faux-monnayeurs, p. 53.
21.2 Un siècle et demi après que cette parole ait été prononcée, nous savons que le bonheur en Europe est une illusion perdue.
F. Mauriac, le Cahier noir, p. 27-28.
♦ Après, suivi du passé de l'infinitif, remplace souvent après que. || Après avoir fait, dit cela, il partit.
22 Après avoir deux fois essayé la menace (…)
Corneille, Polyeucte, V, 3.
23 Après en avoir dit ce qu'il en pouvait dire,
Il se jette à côté, se met sur le propos (…)
La Fontaine, Fables, I, 14.
24 Le fameux cardinal Portocarrero mourut en ce temps-ci, après s'être longtemps survécu.
Saint-Simon, Mémoires, 249, 59.
25 Mais après s'être complu quelque temps dans le calcul de toutes ces richesses, il cessa d'y trouver du plaisir.
Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, I.
26 Après avoir affermi ses établissements en Italie, renouvelé ses victoires en France (…) il marcha en Allemagne.
Auguste Mignet, Charles-Quint, Conclusion.
27 Après avoir versé leur sang le long des routes bouleversées, ils avaient reçu des soins, des pansements propres, du linge blanc.
G. Duhamel, Lieu d'asile, 57.
REM. Après n'est suivi du présent de l'infinitif que dans les loc. après boire, après manger. Propos d'après boire. Après déjeuner, après dîner, après souper sont ambigus et les infinitifs peuvent être perçus comme des substantifs sans déterminants (cf. Après (le) déjeuner). Cependant, pour marquer une préférence, on peut dire : après lire, ce que j'aime le mieux, c'est… (Littré).
28 Un poète n'est bizarre et fâcheux qu'après boire.
Mathurin Régnier, Satires, VIII.
29 (…) un beau jour, après boire (…)
La Fontaine, Contes, « Mazet ».
2 (1080; empres, Xe). Marque la postériorité dans l'espace. — Indique une situation de lieu. || Après l'épicerie, vous trouverez une petite rue. || Tournez après l'église. || Cent mètres après le petit bois, il y a une grande ferme. ⇒ Delà (au), loin (plus).
30 Au bas de la côte, après le pont, commence une chaussée plantée de jeunes trembles (…) Puis (…) apparaît une maison blanche au-delà d'un rond de gazon (…) L'église est de l'autre côté de la rue, vingt pas plus loin, à l'entrée de la place.
Flaubert, Mme Bovary, II, I.
♦ (Fin XIIe). Construit à la suite d'un verbe. Indique le mouvement d'une personne ou d'une chose qui en suit une autre, marche, s'attache, traîne… derrière elle (avec un pron. pour compl.). ⇒ Derrière, queue (à la), suite (à la), traîne (à la). Vieilli. || Aller, marcher après qqn, après lui. — Mod. || Traîner qqch., qqn, un animal après soi.
30.1 Tous jours fuyez, et après vous je cours.
Charles d'Orléans, Chansons.
31 Scapin, allant après lui.
Holà, Monsieur.
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 7.
32 Elle m'a toujours vu comme une ombre après elle.
Molière, l'École des maris, I, 6.
33 (…) traîner après elle un pompeux équipage.
Boileau, Satires, X.
34 Quels démons, quels serpents traîne-t-elle après soi ?
Racine, Andromaque, V, 5.
35 Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi.
Racine, Phèdre, II, 5.
36 Tous les maux que la licence ne manque pas de traîner après soi.
Bourdaloue, Sermon pour le 8e dim. après la Pentecôte.
♦ Après vous : passez devant, je vous prie (formule de politesse).
♦ Aboyer après qqn. ⇒ Contre. || Les chiens aboient après les passants. — Fig. || Les gens qui aboient après nous.
♦ Fam. || Crier après qqn. || Il est inutile de crier après lui, il n'en fait qu'à sa tête. ⇒ Gronder. || Crier après qqch. ⇒ Critiquer, protester, ronchonner.
37 (…) eux qui faisaient profession d'une sagesse si austère, et qui criaient sans cesse après les vices de leur siècle.
Molière, Tartuffe, Préface.
♦ Spécialt (avec des verbes « de mouvement », indiquant un mouvement de poursuite, de recherche). || Courir après qqn, pour le rejoindre, le rattraper. — Ellipt. || Après eux ! : poursuivons-les !
38 De crainte qu'après moi vous n'eussiez envoyé (…)
Corneille, Cinna, V, 3.
39 Qu'on se mette après lui, Courez tous (…)
Racine, les Plaideurs, II, 14.
40 Allons vite à la justice. Des archers après eux !
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, III, 6.
41 Ah ! cours après Oreste; et dis-lui, ma Cléone,
Qu'il n'entreprenne rien sans revoir Hermione.
Racine, Andromaque, IV, 4.
42 Le bon berger va après sa brebis perdue.
Bossuet, Conversion, 1.
♦ ☑ Loc. (vieilli). Aller, courir, crier, hurler après les chausses de qqn, le poursuivre.
43 Ils étaient une douzaine de possédés après mes chausses.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, II, 5.
44 (…) Il ne me restait plus
De mes prospérités, ou réelles ou fausses,
Qu'un tas de créanciers hurlant après mes chausses.
Hugo, Ruy Blas, I, 2.
♦ Courir après qqch. || Courir après son argent pour le retrouver, se le faire rembourser. || Courir après l'argent, chercher toutes les occasions d'en gagner.
45 (…) le mérite a pour moi des charmes si puissants, que je cours partout après lui.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
46 Qui ne court après la fortune ?
La Fontaine, Fables, VII, 12.
47 Quand on court après l'esprit, on attrape la sottise.
Montesquieu, Variétés.
♦ Ellipt. || Courir après.
48 Il a couru après d'une course précipitée.
Bossuet, Bonté, I.
♦ Par ext. || Languir, soupirer après qqch. ⇒ Convoiter, désirer…
49 (…) Je soupire après d'autres conquêtes.
Racine, Alexandre, 854.
50 (…) mais, Madame, à vrai dire,
Ce n'est pas le bonheur après quoi je soupire (…)
Molière, Tartuffe, III, 3.
51 (…) un peu de vos faveurs, après quoi je soupire (…)
Molière, Tartuffe, IV, 5.
♦ Vieilli ou régional (avec le v. attendre). || Attendre après une personne qui tarde à venir. || Faire attendre après soi. || J'attends après vos ordres. || Je suis dans l'angoisse : j'attends après des nouvelles, après le médecin (Littré). || On n'attend plus qu'après cela pour partir, pour terminer (Académie). || N'attendre pas après qqch. (Académie), pouvoir s'en passer.
52 Ce n'est pas avoir du respect pour le ministre que de le faire attendre après vous.
53 J'ai oublié de vous recommander (…) de ne faire jamais attendre après vous.
Racine, Lettres.
54 Quand attendre signifie « rester en un lieu où l'on compte qu'une personne viendra, qu'une chose sera apportée, amenée », attendre après est incorrect. Ne dites pas : J'attendrai après vous jusqu'à telle heure. J'attends après le bateau. Dites : Je vous attendrai… J'attends le bateau.
Grevisse, le Bon Usage, 929, rem. 3.
♦ Vx (XVe, Froissart, in Littré) ou (mod.) régional. || Demander après qqn, s'informer du lieu où il est, désirer qu'il vienne. || Chercher après qqn, chercher qqn.
♦ ☑ Être après qqn : être toujours derrière lui, le suivre partout, s'en occuper constamment, le fatiguer. ⇒ Harceler, importuner, obséder, poursuivre, tourmenter. → Être toujours sur le dos, sur les talons de qqn; être pendu aux basques de qqn… || Elle est toujours après son fils, à lui faire des reproches. || Cette maîtresse de maison est toujours après ses domestiques (Académie). || Je ne puis bouger sans qu'il soit après moi. || Vous êtes bien moqueur, pourquoi êtes-vous toujours après moi ? ⇒ Moquer, railler. || Se mettre après qqn. || Ils se mirent tous après lui (Académie). — S'acharner après qqn. || Le vent s'était acharné après nous. ⇒ Acharner (cit. 6).
55 (…) la pendarde s'est retirée, voyant qu'elle ne gagnait rien après moi, ni par prières ni par menaces.
Molière, George Dandin, III, 6.
56 Plusieurs médecins ont déjà épuisé toute leur science après elle (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, 4.
♦ Par métonymie. || Être après les jupes d'une femme. || « Les hommes ne viendraient pas se pendre après ses jupes » (Zola, Nana).
♦ Vx. || Être, rester, demeurer… après qqch., s'en occuper activement, y travailler actuellement. ⇒ Occuper (s'). || Cette jeune fille reste trop longtemps après sa toilette.
57 J'ai mis vingt garçons après votre habit.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 5.
♦ Vx. || Être après à faire telle chose : être occupé à, être en train de faire telle chose.
58 Madame est encore après à se coiffer et attifer, en son cabinet.
Montaigne, Essais, III, 9.
59 Je suis après à m'équiper (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 5.
♦ Adv. || Je vais me mettre après, m'y mettre.
3 (V. 1160). Marquant la subordination dans le rang, la hiérarchie. || Après le lieutenant vient le sous-lieutenant. ⇒ Sous. || Le capitaine d'un navire est le seul maître à bord après Dieu. || Maître après Dieu. || Dans la marine marchande, l'officier qui commande après le capitaine est le second. || Venir immédiatement après qqn. ⇒ Suivant. || Le favori s'est classé deuxième, après l'outsider. || Après l'or et le platine, l'argent est le plus cher des métaux. || « Les richesses ne sont désirables qu'après l'honneur et la santé » (Académie). || Après Dieu, c'est à vous que je dois la vie.
60 Le ciel permit qu'un saule se trouva
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
La Fontaine, Fables, I, 19.
61 On peut dire qu'après Dieu elle avait mis en lui toute l'espérance de son salut.
Racine, Port-Royal.
62 Un seigneur éminent en richesse, en puissance,
Enfin de votre empire après vous le premier.
Racine, Esther, II, 5.
63 Vos odes ont un air noble, galant et doux,
Qui laisse de bien loin votre Horace après vous.
Molière, les Femmes savantes, III, 3.
64 Après le mérite personnel (…) ce sont les éminentes dignités et les plus grands titres dont les hommes tirent (le) plus de distinction et (le) plus d'éclat.
La Bruyère, les Caractères, II, 26.
♦ Vx (langue class.). D'après.
64.1 Quand les peintres nous tirent, aprez le naturel, un subject (…)
Corneille, la Suite du Menteur, II, 6.
4 ☑ Loc. prép. D'après : à l'imitation de… ⇒ Selon, suivant. || Un dessin d'après Raphaël. || Peindre d'après nature (cit. 70, 70.1). — En se conformant à, en suivant… || Raisonner d'après ses préjugés. || Juger d'après l'expérience. ⇒ Conformément (à), sur. || D'après ce que disent les journaux… → S'il faut en croire les journaux. || D'après le texte de loi. ⇒ Conséquence (en). || « D'après cela, je n'ai plus qu'à me retirer » (Académie).
64.2 J'avais copié mes personnages d'après le plus grand peintre de l'Antiquité, je veux dire d'après Tacite.
Racine, Préface de Britannicus.
65 Je conseille à un auteur né copiste, et qui a l'extrême modestie de travailler d'après quelqu'un, de ne se choisir pour exemplaires (modèles) que ces sortes d'ouvrages (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 64.
66 Il peut (le public) regarder avec loisir ce portrait que j'ai fait de lui d'après nature (…)
La Bruyère, les Caractères, Préface.
67 En histoire comme en physique, ne prononçons que d'après les faits.
Chateaubriand, Études historiques, Préface.
68 C'est ainsi que la même chose, chacun la juge d'après sa position.
Stendhal, Armance, Avant-Propos, Romans, Pl., t. I, p. 25.
♦ Selon l'avis de… ⇒ Selon. || D'après ses parents, c'était un enfant délicieux. || D'après Condillac, la sensation est à l'origine de l'idée. || D'après vous, le chômage augmenterait encore ?
———
II Adv. (Xe).
1 (Temps). ⇒ Postérieurement, ultérieurement. || Vingt ans après (titre d'un roman d'Alexandre Dumas). ⇒ Tard (plus). || Les événements qui survinrent après. ⇒ Ensuite, subséquemment. || Aussitôt après, immédiatement après. ⇒ Sur (ce). || Peu de temps, longtemps après. — Vx. || Puis après : après. — Payez d'abord, nous verrons après.
69 Les raisons me viennent après; mais d'abord la chose m'agrée.
Pascal, Pensées diverses, 1.
70 Eh ! mon ami, tire-moi de danger :
Tu feras après ta harangue.
La Fontaine, Fables I, 19.
71 (…) Quatre mots seulement,
Après ne me réponds qu'avecque cette épée.
Corneille, le Cid, III, 4.
72 Je veux m'y trouver plutôt avant qu'après.
Molière, les Fâcheux, III, 1.
73 (…) pourvu qu'il arrive au but qu'il se propose,
Il croit que tout le reste après est peu de chose.
Molière, le Dépit amoureux, II, 1.
74 Il faut premièrement que vous ayez le fouet pour avoir menti. Puis après nous verrons au reste.
Molière, le Malade imaginaire, II, 8.
75 Vous qui n'avez ici point d'autres intérêts que d'emplir votre poche et vous enfuir après.
Hugo, Ruy Blas, III, 2.
♦ D'après. || Le jour, la semaine, le mois, l'année d'après. || L'instant d'après. || Il l'a fait pic, repic et capot le coup d'après (Académie).
76 L'année d'après toute l'Idumée reçut la loi de Moïse avec la circoncision (…)
♦ ☑ Vx ou régional (Belgique). Par après : ensuite, après.
76.1 Il fut (…) un temps où je ne m'abandonnais que de trop bon cœur à des rêves de gloire et de dévouement dont l'avare réalité m'a si bien appris, par après, à ne faire que peu d'état.
O. V. de Milosz, l'Amoureuse Initiation, p. 21.
♦ N. m. || L'après : le futur, l'avenir. || Un après : un futur. || Il n'y aura pas d'après.
76.2 (…) j'ai essayé d'imaginer un après quelconque, un lendemain quelque part ailleurs (…)
Loti, le Roman d'un enfant, p. 23.
♦ Après ? Expr. interrogative dont on se sert pour engager qqn à poursuivre son récit. ⇒ Ensuite. || Eh bien ! après ?… Que se passa-t-il ? || Et après, et puis après ? — S'emploie aussi pour avertir qqn des conséquences d'un acte. || Vous renverserez le gouvernement; et après ?
♦ ☑ Et après ? S'emploie également pour marquer le défi, l'indifférence. || Cela ne lui plaît pas ? et après ? || Et après, que voulez-vous que cela me fasse ?
2 (V. 1170, « par derrière »). Espace; ordre ou situation. ⇒ Derrière, ensuite, loin (plus). || Dans le cortège, les femmes marchent après.
77 (…) les religieuses professes les premières, ensuite les novices, et les pensionnaires après.
Racine, Port-Royal.
♦ (XIIe). || Peu après : un peu plus loin.
♦ ☑ (Fin XIVe, Froissart). Ci-après : plus loin. || Voyez ci-après. ⇒ Bas (plus), ci-dessous, infra, loin (plus).
78 C'est ma vie et mon unique plaisir que le commerce que j'ai avec vous; toutes choses sont ensuite bien loin après.
Mme de Sévigné, 239, 20 janv. 1672.
———
III
1 ☑ Loc. adv. (Après 1650). Après coup : après l'événement, une fois la chose faite. ⇒ Tard (trop). || S'aviser après coup de ce qu'il eût fallu faire. || Des ornements ajoutés après coup. || Des additions après coup. ⇒ Ensuite; lieu (en second, en dernier), suite (par la).
79 Esdras y a ajouté après coup les prédictions.
80 Quelques mots auxquels je n'ai réfléchi qu'après coup.
Rousseau, les Confessions, III.
81 Nos actes les plus sincères sont aussi les moins calculés; l'explication qu'on en cherche après coup reste vaine.
Gide, Si le grain ne meurt, p. 369.
2 ☑ (1641, Corneille). Après tout : tout bien considéré. ⇒ Tout; cependant, définitive (en), fond (au, dans le), surplus (au).
82 Mais, madame, après tout, je ne suis pas un ange.
Molière, Tartuffe, III, 3.
83 (…) son cœur, croyez-moi, n'est point roche, après tout.
Molière, l'Étourdi, III, 2.
84 Quel mal cela fait-il ? La jambe en devient-elle
Plus tortue, après tout, et la taille moins belle ?
Molière, Sganarelle, 17.
85 Que m'importe, après tout, que Néron, plus fidèle,
D'une longue vertu laisse un jour le modèle ?
Racine, Britannicus, I, 1.
86 Ils ne vous quittent point. Ce n'est pas qu'après tout
D'autres divinités n'y tiennent le haut bout (…)
La Fontaine, Fables, XII, 1.
87 Après tout, ces inepties, qui dans notre siècle sont parvenues au dernier excès, ne font aucun mal à la société (…)
Voltaire, Politique et Législation, Fragments, Inde, 6.
88 Après tout, que l'homme soit incurablement méchant et malfaisant; le mal n'est pas grand dans l'univers. Car (…)
France, le Mannequin d'osier, p. 364.
———
IV REM. Dans la langue pop., après s'emploie parfois (incorrectement) pour à, sur (→ ci-dessus, I., 2., le sens spatial). Monter après un mur. Grimper après un arbre. Accrocher son pardessus après le portemanteau. La clef est après la porte, tour généralement condamné par les grammairiens, malgré Littré.
89 Le développement moderne de après défie toute logique. Un enfant se pend après vous. Il semble que le mouvement est tel que l'enfant est suspendu à votre corps. Il y pend comme une passementerie après une robe, un volant après des rideaux. On dira de même se cramponner après la table, se retenir après le garde-fou, après une corde.
Grimper après un arbre montre une image assez différente, mais encore visible. L'enfant y est suspendu; seulement, il avance vers le sommet, au lieu d'en descendre; on dit pourtant : après.
Or, comment rattacher sûrement à l'un ou à l'autre de ces sens des expressions telles que : je cherche après mon frère, j'attends après lui, si usuelles ? Comment trouver là l'explication de on ronchonne partout après l'administration ? elle pleure après son chat ? Elle est après à s'habiller ?
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 414.
N. B. Ce passage tendrait à faire croire que des expressions comme attendre après…, crier après…, être après à… sont récentes. Elles sont, en réalité, fort anciennes et employées par les classiques.
90 C'est le particulier qui a des anneaux après les oreilles.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 196.
❖
CONTR. Abord (d'), antérieurement, auparavant, avant, précédemment, priori (a). — Avant (en), devant, dessus (ci-), tête (en).
COMP. — V. les articles ci-dessous. — En outre, après-, suivi d'un nom, sert à former des composés libres désignant la période succédant à (une époque de référence). On parlera ainsi de l'après-gaullisme, de l'après-Mitterrand « la période qui a suivi la mort de François Mitterrand », de l'après-communisme « période suivant l'abandon du communisme ». Ces composés très nombreux tendent à être employés au masculin.
HOM. Apprêt.
Encyclopédie Universelle. 2012.