rouge [ ruʒ ] adj. et n.
• roge 1140; lat. rubeus « rougeâtre »
I ♦ Adj.
1 ♦ Qui est de la couleur du sang, du coquelicot, du rubis, etc. (cf. ci-dessous II, le rouge). Couleur rouge en héraldique. ⇒ gueules. Une rose rouge. Chou rouge. Fruits rouges. Poisson rouge : cyprin. Viande rouge. Ocre rouge. Corriger au crayon rouge. Le chapeau rouge, de cardinal. « Le Petit Chaperon rouge », conte de Perrault. Talon rouge. Feu rouge. Un voyant rouge. Lanterne rouge. — Le drapeau rouge, révolutionnaire (cf. ci-dessous 2o). — Alerte rouge : état d'alerte maximal. — Agiter le chiffon rouge. — Liste rouge (du téléphone).
♢ VIN ROUGE, obtenu en faisant fermenter des raisins (souvent noirs) munis de leur peau. Un bordeaux rouge. — Subst. Du rouge. Fam. Du gros rouge, du rouge qui tache. Boire un coup de rouge. Un kil de rouge. — Verre de vin rouge. Un petit rouge. « elle servait des pastis et des rouges » (A. Ernaux).
2 ♦ (1834) Qui a pour emblème le drapeau rouge; d'extrême gauche. ⇒ révolutionnaire; communiste. Les banlieues rouges. « Il y avait le péril rouge, le péril jaune » (Beauvoir ). — (En Russie soviétique) L'étoile rouge. L'armée rouge. ⇒ soviétique.
♢ Subst. vieilli Révolutionnaire, communiste. « Dites, maman, c'est un rouge, cet instituteur ? » (F. Mauriac). — Adv. « Voilà ce que c'est de voter rouge » (Sartre).
3 ♦ Qui est porté à l'incandescence et dégage un rayonnement calorifique. ⇒ incandescent. Les cendres sont encore rouges. — Fer rouge. Tirer à boulets rouges sur qqn.
♢ L'or rouge.
4 ♦ Qui devient rouge par l'afflux du sang (se dit de la peau des personnes de race blanche; opposé à blanc, pâle). Main, face rouge. ⇒ congestionné, enflammé, rubicond. Il est toujours un peu rouge. ⇒ rougeaud. Avoir les joues, les oreilles, les pommettes rouges (de froid, de chaleur, etc.). ⇒aussi 2. rose. Être, devenir rouge de colère, de honte. ⇒ s'empourprer. Loc. Être rouge comme une cerise, un coq, un coquelicot, une écrevisse, une pivoine, une tomate, rouge d'émotion (confusion, honte, timidité, pudeur). « Jeanne parut, essoufflée, rouge comme une pivoine » (France). Rouge comme un homard : rouge à cause de la chaleur, de coups de soleil. — Adv. Loc. Se fâcher tout rouge : devenir rouge de colère. Voir rouge : avoir un accès de colère qui incite au meurtre (voir du sang).
5 ♦ D'un roux vif, en parlant des cheveux, du pelage d'un animal. ⇒ roux. « On cherche un homme. — Qui ? — Un garçon aux cheveux rouges » (Giono). ⇒ rouquin.
II ♦ N. m. (XIIe) LE ROUGE.
1 ♦ La couleur rouge. Le vert est la couleur complémentaire du rouge. Le rouge, extrémité du spectre visible (⇒aussi infrarouge) . Variétés, nuances de rouge. ⇒ amarante, brique, carmin, cerise, 1. corail, cramoisi, écarlate, érubescent, 1. fraise, framboise, garance, groseille, incarnat, nacarat, 1. ponceau, pourpre, rubis, tomate, vermeil, vermillon; aussi orange, 2. rose. Rouge sang. Un rouge ardent, franc, vif. Un rouge bordeaux, foncé. ⇒ grenat. Appos. « Sous les arcades rouge sombre des aqueducs ruinés » (R. Rolland),d'un rouge sombre. Colorer, peindre, teindre en rouge. ⇒ rougir. « Le Rouge et le Noir », roman de Stendhal. — Passer au rouge, alors que les feux de circulation sont rouges.
2 ♦ Colorant rouge; pigment donnant une couleur rouge. Broyer du rouge sur sa palette. Rouge de mercure (⇒ cinabre, vermillon) ; rouge de plomb (⇒ minium) . Rouge animal (⇒ carmin, cochenille, écarlate , kermès, pourpre) , végétal (⇒ alizarine, campêche, garance, orcanète, orseille, purpurine, rocou, santal, tournesol) . Rouges synthétiques : alizarine, érythrosine, fuchsine, rosaniline, etc.
♢ Fard rouge. Rouge à joues, qu'on pose sur les pommettes. — ROUGE À LÈVRES, absolt ROUGE : fard rouge (ou rose, orangé) pour les lèvres. Tube, bâton de rouge. « En effleurant légèrement des lèvres le front de la dame pour ne pas lui mettre du rouge » (Queneau) .
3 ♦ Couleur, aspect du métal incandescent. Barre de fer portée au rouge.
4 ♦ Teinte rose ou rouge que prend la peau sous l'effet d'un agent physique, d'une émotion. Le rouge de la colère. ⇒ 1. feu; empourprer. « Le rouge me monterait au front, d'être salué en public par une de ces filles » (Zola).
5 ♦ Partie de l'échelle d'un témoin, colorée en rouge pour montrer qu'on atteint un seuil critique. La jauge d'essence est dans le rouge.
♢ (calque de l'angl. in the red) Fig. Être dans le rouge : être dans une situation difficile, critique, spécialt en déficit, à découvert. Entreprise qui sort du rouge. Votre compte bancaire est en rouge, débiteur.
● rouge adjectif (latin rubeus) De la couleur du sang, du coquelicot, etc., couleur placée avant l'orange dans le spectre de la décomposition de la lumière. Avec un nom ou un adjectif qui en précise la nuance, rouge forme des adjectifs composés invariables. Qui a été chauffé et porté à l'incandescence : Le dessus du poêle est presque rouge. Dont la peau se colore vivement sous l'effet d'une cause physique ou d'une émotion : Être rouge de colère. Se dit des cheveux, d'un pelage d'un roux ardent : Un grand gaillard aux cheveux rouges. Qui a trait aux communistes, aux partisans de l'action révolutionnaire : Banlieue rouge. Pédologie Se dit d'un type de sol résultant de la rubéfaction. ● rouge (citations) adjectif (latin rubeus) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Regardez tous ! voilà l'homme rouge qui passe. Marion Delorme, V, 7, Marion ● rouge (difficultés) adjectif (latin rubeus) Accord 1. Rouge, adjectif de couleur, s'accorde : des cravates rouges. Il reste invariable en composition avec un autre adjectif ou avec un nom qui précise la nuance : des rubans rouge foncé, des étendards rouge sang. 2. Comme nom de couleur, rouge s'accorde : des rouges allant du vermillon au pourpre. Voir grammaire : adjectifs de couleur. 3. Se fâcher tout rouge, voir rouge. Dans ces expressions, rouge est adverbe et reste invariable : ils se sont fâchés tout rouge ; elles ont vu rouge. ● rouge (expressions) adjectif (latin rubeus) Être rouge comme une écrevisse, comme un homard, comme un coq, comme une pivoine, comme une tomate, avoir le visage congestionné, très rouge. Feu rouge, feu de signalisation routière prescrivant l'arrêt. Vin rouge, vin obtenu à partir de raisins rouges par macération du jus avec les parties solides de la vendange. Noyau rouge, noyau situé dans les pédoncules cérébraux en arrière du locus niger. (Il constitue un relais important sur les voies motrices extrapyramidales.) Perdrix rouge, espèce de perdrix aux pattes et au bec rouges. Jours rouges, intérêts rouges, nombres rouges, indications portées en rouge sur les livres où sont inscrits les calculs des comptes courants, afin d'indiquer sans erreur possible ce qui doit être retranché des capitaux. ● rouge (synonymes) adjectif (latin rubeus) Qui a été chauffé et porté à l'incandescence
Synonymes :
Dont la peau se colore vivement sous l'effet d'une cause...
Synonymes :
- congestionné
- cramoisi
- écarlate
- empourpré
- enflammé
- rougeaud
- rubicond
- sanguin
Contraires :
- blafard
- blême
- cireux
- exsangue
- livide
- olivâtre
- pâle
- plombé
- terreux
● rouge
nom
Communiste ; partisan de l'action révolutionnaire.
● rouge
adverbe
Se fâcher tout rouge, manifester violemment sa colère.
Voir rouge, être en proie à un accès de fureur qui peut conduire à des actions excessives.
Voter rouge, voter pour les partis révolutionnaires.
● rouge
nom masculin
Couleur rouge : Des volets peints en rouge.
Matière, colorant, pigment fournissant une couleur rouge : Se mettre du rouge à joues.
Couleur caractéristique des signaux d'arrêt ou de danger : Attendre que le signal passe au rouge.
Couleur, de nuances diverses, que prend un métal porté à l'incandescence : Une barre de fer chauffé au rouge sombre.
Coloration vive de la peau du visage, due à un afflux de sang provoqué par certains agents physiques, par une émotion : Le rouge de la honte.
Familier. Vin rouge : Un litre de rouge.
Situation déficitaire de quelqu'un, d'une entreprise, d'un pays : La balance commerciale est enfin sortie du rouge.
Jeux
Aux cartes, les cœurs et les carreaux, de couleur rouge.
Au trente-et-quarante et à la roulette, la couleur rouge.
Sylviculture
Maladie du pin causée par un champignon qui provoque un rougissement puis la chute des aiguilles.
● rouge
nom féminin
Au billard, la bille rouge.
● rouge (expressions)
adverbe
Se fâcher tout rouge, manifester violemment sa colère.
Voir rouge, être en proie à un accès de fureur qui peut conduire à des actions excessives.
Voter rouge, voter pour les partis révolutionnaires.
● rouge (citations)
nom masculin
Pablo Ruiz Picasso
Málaga 1881-Mougins 1973
Quand je n'ai pas de bleu, je mets du rouge.
Cité par Paul Éluard dans Donner à voir, Je parle de ce qui est bien
Gallimard
● rouge (expressions)
nom masculin
Gros rouge (qui tache), vin rouge, de qualité médiocre.
Rouge à lèvres, produit de maquillage pour les lèvres conditionné en bâton.
Familier. Le rouge est mis, les enjeux sont faits ; il n'est plus possible de revenir en arrière, de se raviser.
Le rouge lui monte au visage, son visage s'empourpre soudainement, du fait de la colère, de la confusion.
Rouge à polir, rouge d'Angleterre ou de Prusse, synonyme de colcotar.
Rouge neutre, colorant vital, non toxique, des vacuoles végétales.
Rouge antique, rouge de Flandre, rouge marron, nom de diverses espèces de marbre.
Rouge
(fleuve) (en vietnamien Sông Hông) fl. du Viêt-nam septentrional (1 200 km); né en Chine, dans le Yunnan, il se jette, au golfe du Tonkin (ou Bac Bô), dans la mer de Chine méridionale par un immense delta aménagé à partir du XIe s. (riziculture).
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Rouge
(mer) (anc. golfe Arabique) mer étroite qui sépare l'Afrique (du N.-E.) et l'Asie (péninsule Arabique). Communiquant avec l'océan Indien (golfe d'Aden) par le détroit très resserré de Bab-al-Mandab, la mer Rouge est un golfe long et étroit (320 km de largeur max., plus de 2 000 km de long), caractérisé par la chaleur et la forte salinité de ses eaux. Ancien axe comm., la mer Rouge est reliée à la Méditerranée depuis 1869 par le canal de Suez.
|| RELIG D'après l'Exode, ses eaux se séparèrent pour permettre aux Hébreux, conduits par Moïse, de passer à pied sec. Elles se refermèrent sur leurs poursuivants égyptiens.
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Rouge
(place) (en russe Krasnaïa Plochtchad, krasnaïa signifiant "rouge" et "belle") grande place de Moscou bordant le côté est du Kremlin. Datant de la création de la cité, elle porte ce nom depuis le XVIIe s. Sur cette vaste esplanade s'élèvent l'église Basile-le-Bienheureux (XVIe s.) et le mausolée de Lénine.
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Rouge
(rivière) riv. des États-Unis et du Canada (900 km); née au Minnesota, elle se jette dans le lac Winnipeg.
— La colonie de la Rivière-Rouge (Red River), fondée par l'écossais lord Selkirk en 1811, était peuplée de Métis francophones issus de l'union de commerçants français et d'Amérindiennes. Elle appartenait à la Compagnie (anglaise) de la baie d'Hudson, qui lésa leurs intérêts, et ils se révoltèrent en 1869, sous la conduite de Louis Riel. La compagnie vendit alors la colonie à l'Angleterre, qui en fit la prov. canadienne du Manitoba (1870) et écrasa une nouvelle révolte des Métis (1885).
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Rouge
adj., adv. et n.
rI./r adj.
d1./d De la couleur du sang, du coquelicot. Foulard rouge. Drapeau rouge, des partis révolutionnaires.
d2./d Qui professe des opinions politiques d'extrême gauche.
|| L'armée Rouge: l'armée soviétique.
— Subst. Les rouges: les révolutionnaires, les communistes.
— Gardes rouges.
d3./d (Québec) Fam. Qui est membre ou partisan du parti libéral fédéral ou provincial (par oppos. à bleu). Ils sont tous rouges dans la famille.
— Subst. Les rouges: le parti libéral.
|| Relatif à ce parti. La propagande rouge.
— adv. Voter rouge.
d4./d Qui a le visage coloré par un afflux de sang. être rouge de colère.
d5./d Qui a pris la couleur du feu par élévation de température. Fer rouge.
d6./d D'un roux très vif, en parlant des cheveux ou du pelage d'un animal.
d7./d (Afrique) Dont la peau est de couleur brun clair, en parlant d'une personne.
rII./r adv. Se fâcher tout rouge: devenir rouge de colère.
— Voir rouge: entrer dans une violente colère.
rIII/r n. m.
d1./d Couleur rouge. Le rouge correspond aux plus grandes longueurs d'onde du spectre visible.
d2./d Substance colorante rouge. Rouges organiques.
d3./d Fard rouge pour le maquillage. Rouge à lèvres, à joues.
d4./d Chez les Blancs, coloration rouge du visage, due à la honte, à la colère, etc. Le rouge lui est monté au front.
d5./d Couleur du métal porté à incandescence. Fer chauffé au rouge.
⇒ROUGE, adj., adv. et subst.
I. — Adj. D'une couleur qui parmi les couleurs fondamentales se situe à l'extrémité du spectre, et rappelle notamment la couleur du coquelicot, du rubis, du sang.
A. — [Rouge est inhérent à la qualité, la nature, la fonction du qualifié] Couleur, teinte rouge. Regardons une carte géologique à petite échelle de la France (...). Nous voyons, correspondant au Massif Central, une large surface teintée de plusieurs nuances de rouge, du rouge vif au rose pâle (...) aux teintes de la gamme rouge, correspondent diverses appellations: archéen, cristallin, granite, roches éruptives (COMBALUZIER, Introd. géol., 1961, p. 57):
• 1. Pour Macbeth, Prassinos a voulu réaliser une symphonie noire et rouge, deuil et sang, flamme et nuit, où se détachent les thèmes aux couleurs contrastées des personnages centraux. Table infernale, la table du banquet flamboie pendant qu'autour d'elle se lient et se délient les passions protagonistes sous le signe distinct des couleurs: le bleu de Macbeth ou le vert de Lady Macbeth.
SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 114.
— [En parlant d'une couleur] Qui tire sur le rouge. Le train est brun rouge, les roues jaunes (GONCOURT, Journal, 1865, p. 213).
Rem. 1. Lorsque rouge est qualifié par un autre terme, adj. ou subst., il est considéré comme subst. et l'ensemble est inv.:Teintures rouge clair, foncé, sang (THOMAS 1956); étoffes rouges ou rouge foncé (HANSE Nouv. 1983). V. infra 1 a ex. de Bourde et III A 1 a rem. 2. Lorsque rouge fait partie d'un groupe coordonné, l'invariabilité est fréquente mais non constante et la substantivation est appelée en renfort pour justifier logiquement cette invariabilité d'usage: Les gros bouquins rouge et or (où l'on voit du rouge et de l'or) (d'apr. GREV. 1964 § 381, p. 315).
1. [En parlant d'un inanimé concr.]
a) [d'un élément de la nature]
) Qui est naturellement de cette couleur, en tout ou en partie ; dont une variété est de cette couleur.
— BOT. [d'un végétal et gén. p. oppos. à d'autres végétaux, d'une autre couleur dans la même espèce] Algue, betterave, chou, fleur, géranium, oignon, piment, pivoine, poivron, pomme, saponaire, tulipe rouge. Faites cuire des haricots rouges avec sel et deux ou trois oignons, passez en purée (Gdes heures cuis. fr., Ch. Monselet, 1888, p. 171). Il surprenait avec émoi une rose rouge entre des doigts d'enfant (FAURE, Hist. art, 1921, p. 77). V. chou ex. 1.
♦ En partic.
Fruit rouge. Fruit à pulpe rouge et juteuse. Le marché est fort mal approvisionné durant certaines périodes (manque de fruits rouges en avril-mai) (BOULAY, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 38). Salade de fruits rouges. Dessert composé de cerises, fraises, framboises, mûres, etc.
Raisin rouge. [P. allus. aussi à la couleur rouge du vin produit] Raisin à pulpe d'un rouge foncé. Synon. raisin noir; anton. raisin blanc. Dans la langue de tous les jours les raisins noirs sont souvent appelés rouges, parce que leur vin est rouge; de même les raisins roses sont qualifiés de gris, parce que leur pellicule est généralement fumée de gris (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 36).
— GÉOL., MINÉR.
♦ [À propos de pierres, de métaux, de la nature du sol] D'une couleur vive tirant sur le rouge. Cuivre, grès, or, terre rouge. Un mélange mécanique d'argile rouge avec des grains de peroxyde de fer (LAPPARENT, Minér., 1899, p. 509). La fertilité des sols rouges est très variable: elle est liée essentiellement aux caractéristiques physiques (profondeur, cailloux, argile, structure) et à certains mécanismes chimiques (blocage du phosphore sous forme ferrique insoluble) (GEORGE 1984). V. hématite ex. de Lapparent.
[P. réf. à l'anc. monnaie de cuivre] Loc. vieillie. N'avoir pas un rouge(-)liard. V. liard1.
♦ [Le plus souvent en parlant de pierres précieuses] Rubis rouge. Les grenats sont des silicates alumineux doubles, vitreux, fusibles au chalumeau, transparents et rouges, noirs ou d'un vert brun (A. PÉRÈS, Pierres et roches, 1896, p. 42).
) [du ciel, de la lumière solaire, en partic. à l'aube, au couchant] Qui produit une lumière rouge. Ciel rouge; teintes rouges du couchant. Rien qu'à la couleur du ciel, devant nous, on a compris que c'était là que ça se tenait, l'enfer. C'était une lueur rouge, fauve, ininterrompue, avec des paroxysmes qui la portaient jusqu'au blanc du métal en fusion (VIALAR, Morts viv., 1947, p. 306).
— Rouge de + subst. Un après-midi rouge de soleil, de vin et de souvenirs sanglants (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 361).
— Proverbe. Rouge au soir, blanc au matin, c'est la journée du pèlerin (Ac.). Présage de beau temps.
) [du feu] Feu, flamme rouge. V. flamme1 ex. 1.
b) [d'un objet fabriqué, d'une matière première transformée] Qui est rouge en tout ou en partie.
) [d'un élément de la décoration] Canapé, moquette, papier peint, rideau rouge. Une impériale de velours rouge; avec des rideaux de damas cramoisi, du passement et des crépines d'or (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 550).
— [P. méton.; en parlant d'un lieu, d'une pièce] Où domine la couleur rouge; qui est décoré, meublé, tapissé de rouge. Pièce rouge. Il ne me faut pas oublier ce que j'ai éprouvé dans la chambre rouge. On aurait dit que la couleur des murs me protégeait contre la méchanceté de mon cœur (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 203). Salon rouge de la villa d'Esther et de Florent à Chatou. Luxe d'acteurs (...). Tous les rouges s'y accordent et s'y heurtent (COCTEAU, Monstres sacrés, 1940, II, 1, p. 46).
) Spécialement
— HIST. Livre rouge
♦ DR. ANC. Livre recouvert de basane rouge sur lequel on enregistrait autrefois les défauts prononcés à l'audience. (Dict. XIXe s.; ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr.).
♦ Registre, relié en maroquin rouge, sur lequel étaient inscrites les dépenses secrètes de la Cour sous Louis XV et Louis XVI. (Dict. XIXe et XXe s.). Loc. Être (inscrit) sur le livre rouge. V. livre1 III A 2 c loc. P. anal. [Les agents provocateurs et délateurs politiques] payés par on ne sait qui, assurément chiffrés et classés au livre rouge, concurrents des policiers des fonds secrets (POULOT, Subl., 1872, p. 372).
♦ HIST. DES TEMPS MOD. Petit livre rouge (de Mao). Recueil d'aphorismes et de sentences extraits des œuvres de Mao Tse Toung, publié pendant la Révolution culturelle en Chine, et dont la couverture était rouge. Après le petit livre rouge de Mao, le livre vert de Kadhafi (Le Nouvel Observateur, 25 oct. 1976, p. 149, col. 1).
— JEUX (dominos, roulette, etc.). Anton. noir. Jouer sur la couleur rouge. Et les boîtes! [des anciens dominos] composées de deux casiers symétriques! comprenaient un jeu rouge et un jeu noir (D'ALLEMAGNE, Récr. et passe-temps, 1904, p. 84). Supposons que j'aie devant moi une roulette avec nombre égal de cases rouges et de cases noires qui est en rotation et que j'aie la bille dans ma main (L. DE BROGLIE, Bases interprét. mécan. ondul., 1963, p. 57).
— ŒNOL. ou cour. [P. oppos. à vin blanc, vin jaune] Vin rouge. Vin de couleur plus ou moins foncée, issu de raisins rouges dont la maturation a été complète. Boire un verre de vin rouge; bordeaux, bourgogne rouge. Les coudes sur la table, en face l'un de l'autre, en buvant du petit vin rouge de ce pays (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 195). Si l'on veut obtenir des vins rouges, les raisins broyés et le moût sont soumis à la fermentation en cuves, déclarée spontanément ou provoquée avec des levures sélectionnées (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 76). V. jaune I A 1 c ex. de Erckmann-Chatrian.
) En partic. [La couleur rouge a une signification et un rôle]
— [La couleur rouge, par son intensité, sert à mettre en relief, à attirer l'attention] L'auto violette du préfet croise l'auto rouge des pompiers (CENDRARS, Du monde entier, Au cœur du monde, 1957, p. 262). Il n'y a pas d'obligation pour un écrivain de tenir compte de l'Index. L'Index, c'est l'étiquette rouge sur une bouteille de pharmacie pour prévenir qu'il y a un poison, c'est tout (GREEN, Journal, 1957, p. 300).
♦ [En parlant de lettres, d'inscriptions, etc.] Caractères, lettres rouges; corriger, noter à l'encre, au stylo rouge. Le roman blanc à titre rouge (...) qu'elle cache dans son panier (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 244).
♦ [En parlant d'un objet qui produit une lumière rouge] Phare rouge. Quelques petits agneaux (...) et un homme portant une lanterne rouge, fermaient la marche (LARBAUD, Journal, 1934, p. 313).
Lanterne rouge. Lanterne qui produit une lumière rouge et que l'on plaçait à la porte des maisons de tolérance en signe de reconnaissance. Une lanterne rouge, drapeau du vice suspendue à l'extrémité d'une tringle, balançait sa carcasse au fouet des quatre vents, au-dessus d'une porte massive et vermoulue (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 237).
Loc. fig. Être (la) lanterne rouge. V. lanterne I A 2. En appos. à valeur d'adj. Quant aux matières « lanterne rouge », celles où les professeurs sont considérés comme les moins valables, on y trouve surtout les langues vivantes: anglais, allemand et espagnol (Le Point, 2 sept. 1985, p. 61, col. 3).
♦ [En parlant de feux de signalisation, la couleur rouge indique une interdiction; p. oppos. à feu orange, feu vert] Feu rouge. V. feu1 II A 2.
— [En parlant d'emblèmes, d'insignes]
♦ Drapeau bleu-blanc-rouge. Synon. de drapeau tricolore. On voyait, traînant dans l'eau, tellement la soirée était chaude, le drapeau bleu-blanc-rouge (BENOIT, Atlant., 1919, p. 242). P. méton. [Qualifie une pers. ou une chose] Bleu-blanc-rouge. Qui est nationaliste, patriote, chauvin. Un pays qui a engendré des Émile Allais (...) des Guy Périllat, des Jean-Claude Killy? Et encore, on ne cite pas tous ceux, de Léo Lacroix à François Bonlieu, en passant même par Augert, Duvillard et Russel, qui faisaient se ruer la France entière devant une télévision bleu-blanc-rouge (Le Nouvel Observateur, 16 févr. 1976, p. 41, col. 2). [P. oppos. à étranger] Qui est français. Une affiche à la mesure du défi lancé par Julien Clerc: remplir, du 24 avril au 4 mai, dix soirs consécutifs, la gigantesque bulle de Bercy. [...] Aucun artiste bleu-blanc-rouge n'avait osé. Jamais. Trop grand, trop de risques (Le Point, 11 mars 1985, p. 125, col. 1). Était-il possible de remplacer les départs [de la main-d'œuvre étrangère] par une force de travail bleu-blanc-rouge? La distance énorme entre les qualifications des immigrés et celles des chômeurs permettait d'en douter (L'Événement du jeudi, 14 nov. 1985, p. 37, col. 1).
♦ Drapeau rouge. V. drapeau A 1 d.
♦ Lis rouge.
c) [En parlant d'un élém. du corps d'un animé] Chair, tumeur rouge; muscles rouges. Globule rouge. Anton. de globule blanc. V. globule ex. 2. [P. oppos. à sang noir (v. noir I A 1 b ex. de Coupin)] Sang rouge. La plupart des viscères reçoivent, ainsi que le cerveau, le sang rouge par leur surface concave, comme on le voit au rein, au foie, à la rate, aux intestins, etc. (BICHAT, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 288).
— ALIM. [P. oppos. à viande blanche, viande noire] Viande rouge. Viande de bœuf, de cheval, du mouton, etc. qui a un aspect rouge après cuisson. Synon. chair rouge (v. chair I B 1). Le bœuf, le cheval sont de la viande rouge. On l'a mise au vin de quinquina, au malaga et aux viandes rouges pour lui redonner des forces (FLAUB., Corresp., 1865, p. 177). La viande rouge et saignante vaut mieux que toutes les plantations du monde (MARAN, Batouala, 1921, p. 148).
2. [En parlant d'un animé]
a) [d'une pers.]
) [de son aspect physique] Ses belles lèvres rouges à demi ouvertes frémissaient (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 253).
— [de la couleur de la peau et p. méton., d'une pers.] (Qui a la peau) d'un rouge cuivré. Ne passons-nous pas pour les plus spirituels des hommes rouges? En est-il en effet, qui ait plus de valeur et de moyens que nous? (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 41). Des portraits dédicacés de chefs sioux amis du grand-prêtre, ses frères rouges (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 570).
♦ ETHNOL., vieilli. Race rouge. Race humaine formée d'amérindiens, caractérisée par une pigmentation rouge cuivrée de la peau. Dans une seconde classification, Kant considère le groupe originel comme blanc de couleur brunette, d'où sont issus les quatre groupes suivants: race très claire (Europe septentrionale) due à un climat chaud et humide, race rouge-cuivre (Amérique) due au froid sec, race noire (Sénégambie) due à la chaleur humide, race olive (Indous) due à la chaleur sèche (Hist. sc., 1957, p. 1360).
Peau-rouge. Anton. face, visage pâle.
— [du système pileux, en partic., des cheveux] D'un rouge vif; extrêmement roux. Il était blême, avait les cheveux roux, les favoris rouges, les yeux caverneux (BOREL, Champavert, 1833, p. 27). V. highlander ex. de Haddon. [P. méton.; en parlant d'une pers.] Dont la chevelure est d'un roux vif. Des créatures blondes, brunes, rouges (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 189).
) [de ses vêtements; p. réf. parfois au fait que la couleur rouge a été autrefois associée à une fonction honorifique, une dignité et a été utilisée comme emblème révolutionnaire] Chemisier rouge; robe rouge (de cardinal); habits rouges. Quiconque aura été condamné à mort pour crime d'assassinat, d'incendie ou de poison, sera conduit au lieu de l'exécution, revêtu d'une chemise rouge (Procès conspir. 1er Consul, t. 2, 1801, p. 338). D'où viennent ces petits bonshommes, ces « bonhomets » coiffés d'un bonnet rouge et pointu, que l'on voit grouiller et bruire dès que l'on soulève toutes nos vieilles pierres légendaires? (DÉVIGNE, Légend. de Fr., 1942, p. 13).
♦ [P. allus. au conte de Perrault] Le petit chaperon rouge.
— Spécialement
♦ Ruban rouge.
♦ HIST., MODE. Talon rouge.
HIST. POL. Bonnet rouge. V. bonnet A 2. Églantine rouge. V. églantine B 2.
♦ MAR. Pompon rouge. V. pompon A 1.
— [P. méton.; en parlant d'une pers., d'un groupe de pers.] Vêtu de vêtements rouges, en tout ou partiellement. Regardez tous: voilà l'homme rouge [Richelieu] qui passe (HUGO, Marion Del., 1831, p. 332). V. coquelicot ex. de Coppée.
♦ [Avec allus. à la symbolique du rouge en pol. (v. infra I C 4)] L'homme rouge venait En sabots, en bonnet. M'endormais-je un peu sur ma chaise, Il entonnait la Marseillaise (BÉRANGER, Chans., t. 3, 1829, p. 226).
♦ HIST. ECCL. Chapeau rouge. V. chapeau A 1 a.
♦ HIST. et HIST. POL. Bonnet rouge. Révolutionnaire coiffé du bonnet phrygien. P. méton. Ce qu'il représente; idées révolutionnaires (supra ex. de Vigny). Églantine rouge. V. églantine B 2. Enfant rouge (vieilli). (Dict. XIXe s.; ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr.). Escadron rouge. Le rouge, unique couleur de la Garde Royale à cheval de Louis XIV, fit donner le nom d'escadrons rouges à ces troupes (LELOIR 1961). Mousquetaire rouge. V. mousquetaire A 2 ex. de Hugo. Pantalon rouge (fam., vieilli). V. pantalon A 1 b.
b) [d'un animal, d'une partie de son corps] Qui est rouge ou d'un roux vif. Poil, plumage rouge. À Noël, la descente avec les vaches blanches et rouges au village (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 80). L'oiseau rouge et tiède comme le sang (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 183).
— ZOOL. [Rouge caractérise un groupe ou une espèce partic.] Fourmi, grondin, poisson, thon rouge. Un coq de perdrix rouge magnifique, haut en couleur, le bec et les pieds rouges et durs comme du corail (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 6). Les araignées rouges, qui appartiennent à plusieurs espèces d'acariens, n'avaient jamais beaucoup préoccupé le viticulteur jusqu'à ces dernières années (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 73).
♦ Becs rouges, pattes rouges. ,,Comme chez la perdrix la couleur des pattes et du bec caractérise l'espèce, cette particularité sert parfois à la désigner. Pattes rouges (...) et becs rouges (...) sont synonymes de perdrix rouges`` (M. LENOBLE-PINSON, Le Lang. de la chasse, Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis, 1977, pp. 237-238).
♦ Âne rouge. Âne sauvage aux poils d'un roux vif. Synon. hémione. Il y avait (...) un bébé de cinq ou six mois qui criait comme un âne rouge (GENEVOIX, Avent. en nous, 1952, p. 43). [En parlant d'une pers.; peut-être p. réf. à la défaveur attachée à la couleur rouge des poils] Par injure. Que tu m'agaces! À la fin, qu'est-ce que tu as? Qu'est-ce qu'il te faut? Qu'est-ce que tu veux? Âne rouge! (RENARD, Lanterne sourde, 1893, p. 225). Proverbe vieilli. Être méchant comme un âne rouge. ,,Se dit d'un homme ou d'un enfant méchant`` (Ac. 1878, 1935).
B. — [Rouge n'est pas essentiel à la qualité, à la nature, à la fonction du qualifié]
1. [En parlant d'une pers., de la couleur de la peau dans certaines circonstances] Qui devient rouge sous un afflux de sang passager.
a) [sous l'effet d'une cause physique ou physiol. (conditions atmosphériques, larmes, boissons alcoolisées, maladie, etc.)] Front, nez rouge; joues, oreilles rouges; être rouge comme une écrevisse, un homard, une tomate. Il y a les yeux rouges qu'on ne peut pas cacher; les larmes, c'est comme le feu, ça brûle, et elle a pleuré, j'en suis sûr (DUMAS père, L. Bernard, 1843, IV, 3, p. 259). Ça ne sent pas la vieille femme enfermée, ici? Je suis rouge? Il va me trouver moins bien qu'hier (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 206). V. gris2 A ex. de Zola.
♦ Rouge de + compl. (indiquant la cause de cet aspect). Nez rouge d'avoir trop bu, de froid; paupières, yeux rouges d'avoir pleuré; être rouge d'avoir trop couru. Vasile, rouge de vin, s'avança en chancelant (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 125). Le visage rouge de soleil (LARBAUD, Jaune, 1927, p. 107).
— PATHOL. Coloration rouge très accentuée et locale sous l'effet de certaines maladies. Gorge rouge. Elle toussait quelquefois, et avait des plaques rouges aux pommettes (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 205).
♦ [P. méton.; en parlant d'une affection] Qui se caractérise par une coloration rouge de la peau. Mosché prit deux poignées de suie et les lança vers le ciel devant le pharaon; et aussitôt une peste rouge, des feux ardents s'attachèrent à la peau du peuple d'Égypte, respectant les hébreux (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 333). L'apparition de poussées rhumatismales aiguës ou traînantes (...) dans les suites d'une angine rouge (...) est d'observation assez banale (RAVAULT, VIGNON, Rhumatol., 1956, p. 519).
Fièvre rouge (vieilli). Tantôt cette éruption [lors des fièvres éruptives ou exanthématiques] forme des pustules élevées (...) tantôt il n'y a point d'élévations sur la peau, mais seulement des taches, qui en altèrent et changent la couleur. C'est ce qu'on voit dans la rougeole, le pourpre, la scarlatine ou fièvre rouge (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 57).
P. anal., ART VÉTÉR. [À propos d'un animal] Maladie rouge. Synon. de rouget. V. ce mot ex. de Garcin.
b) [sous l'effet d'une cause psychol., d'une vive émotion] Anton. blanc, blême, livide, pâle. Visage rouge; joues rouges; devenir, être tout rouge; être rouge comme une cerise, un coq, un coquelicot, une écrevisse, une pivoine, une tomate. Quand elle regarda son cousin, elle était bien rouge encore, mais au moins ses regards purent mentir et ne pas peindre la joie excessive qui lui inondait le cœur (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 129). Touchez mes mains, je brûle... je suis rouge, n'est-ce pas?... J'étais toujours rouge quand j'entrais ici et que je savais que j'allais l'y trouver! (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 17). V. pâle A 1 ex. de Sue.
♦ Rouge de + compl. (indiquant la cause de cet aspect). Être rouge de colère, de confusion, de dépit, de honte, de plaisir. Il prit familièrement le bras du commandant, rouge de bonheur (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 133). Simon et Gérard étaient gênés, ils se regardaient à la dérobée, tout rouges de timidité (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 169).
— [P. méton.; en parlant d'une émotion, d'un sentiment] Fam. Qui est très vif, intense et produit une coloration rouge du visage. Célestine ouvrit la lettre, et le plaisir le plus rouge anima ses traits (BALZAC, Employés, 1837, p. 205). V. entrer ex. 12:
• 2. Pareil au foyer que l'huile exaspère,
Son courroux croissait, rouge, et l'on aurait
Dit d'une lionne à l'âpre forêt
Communiquant sa terrible colère
Quand Marco pleurait.
VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p. 87.
2. [En parlant d'un inanimé concr.]
a) [d'un végétal]
) Qui passe naturellement par cette couleur. Anton. vert.
— [Rouge est signe de maturité] Cerise, fraise rouge. Cinq pieds de tomates portaient leurs fruits rouges accrochés à des tuteurs (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 94).
— [Rouge est signe de dessèchement] La feuille rouge des cerisiers tremblant dans le rouge matin de novembre (COLETTE, Apprent., 1936, p. 138).
) BOT. Qui est atteint d'une maladie qui provoque une coloration rouge. V. rougeaud II A ex. de Levadoux. [P. méton.] Maladie rouge. Synon. de rougeot. V. maladie A 2 b ex. de Brumpt.
b) [d'une chose concr., d'un élément du corps] Qui est rougi par le sang; qui est souillé, taché, recouvert de sang. Baïonnette, épée rouge (de sang). J'ai questionné un des soldats, qui a daigné me répondre, parce qu'il ignorait sans doute pourquoi ma casaque et ma charrette sont rouges (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 450). Il se lava les mains, rouges de sang (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 547).
— [P. méton.; en parlant d'un moment, d'un événement] Pendant lequel le sang coule. Ils guettent le sang; chacun attend l'heure rouge (L. DAUDET, Morticoles, 1894, p. 66). Jupiter: (...) C'était une fête [l'assassinat du roi], hein? La Vieille: Ah! Seigneur, c'était (...) une horrible fête. Jupiter: Une fête rouge dont vous n'avez pu enterrer le souvenir (SARTRE, Mouches, 1943, I, 1, p. 17).
c) Rouge de + compl. (indiquant la cause de cet aspect), littér. Dont la teinte rouge est donnée par des éléments surajoutés de couleur rouge. Sur les pentes sèches, c'était tout rouge d'oseille sauvage (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 308). Il s'engagea dans le verger, au milieu des cerisiers rouges de cerises (BILLY, Introïbo, 1939, p. 48). V. filet1 A 5 b ex. de Hamp.
d) En partic. Qui est devenu rouge au feu et dégage un rayonnement calorifique. Charbon, poêle rouge; cendres, tisons rouges. Le bouleau (...) qui ne se consume que lentement et montre encore des braises rouges à l'aube d'une longue nuit d'hiver (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 114).
— [En parlant d'un métal]
♦ Fer rouge. V. fer B 2 c .
♦ Arg. milit. Boulet rouge (v. boulet synt.). Loc. fig. Tirer à boulet(s) rouge(s) (sur qqn ou sur qqc.) (v. boulet A).
— En compos. Infra-rouge.
C. — Au fig.
1. [Rouge connote l'importance (avec l'idée sous-jacente d'un danger à parer et parfois une connotation pol., infra I C 6)]
— POL. Téléphone rouge. Liaison directe, par télex, entre la Maison-Blanche et le Kremlin. Cette influence [l'existence de forces nucléaires indépendantes] est si puissante qu'elle a contraint les grands adversaires eux-mêmes à prendre des sécurités (comme le téléphone rouge) contre les malentendus possibles! (BEAUFRE, Dissuasion et strat., 1964, p. 103).
2. [Rouge connote la surcharge (et parfois l'idée sous-jacente de danger)]
— CIRCULATION ROUTIÈRE. [En parlant d'un espace de temps] Pendant lequel la circulation est surchargée et donc dangereuse. Heures rouges. Les prévisions de trafic font apparaître (...) quatorze jours rouges, c'est-à-dire difficiles (Le Monde, 8 janv. 1985, p. 44).
— POSTES ET TÉLÉCOMM., TRANSP. (aviat., S.N.C.F., etc.)
♦ Heure, période etc. rouge. Heure, période etc. surchargée (représentée visuellement par la couleur rouge) pendant laquelle les usagers ne peuvent bénéficier de tarifs réduits. Afin de vous permettre de choisir les meilleures dates de voyages et de bénéficier des réductions (...) la S.N.C.F. a publié un calendrier où les jours sont inscrits en bleu, blanc ou rouge (...). Les jours rouges correspondent aux périodes de grands départs (Guide prat. du voyageur, Paris, SNCF, 1987, p. 11):
• 3. Communications locales: 1 unité toutes les 6 mn aux heures rouges; 1 unité toutes les 9 mn aux heures « blanches » (...). Lundi au vendredi: période « rouge » (plein tarif) de 8 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h; période « blanche » (30% de réduction) de 12 h 30 à 13 h 30 et de 18 h à 21 h 30; période « bleue » (50% de réduction) de 21 h 30 à 22 h 30 et de 6 h à 8 h...
Dossier familial, nov. 1986, n ° 146, p. 44.
♦ AVIAT. Vol rouge. Vols rouges accessibles aux seuls passagers payant plein tarif ainsi qu'aux abonnés en possession de cartes (...). Ils sont mentionnés en rouge dans les colonnes jours des pages d'horaires (AIR INTER, Horaires et tarifs, 1984, n ° 49, p. 98).
3. [Rouge connote le danger]
— Alerte rouge. Danger particulièrement grave. Paris en alerte rouge pour le procès Abdallah. Quatre compagnies républicaines de sécurité (CRS) et huit escadrons de gendarmes mobiles, soit un millier d'hommes supplémentaires, seront déployés au cours de ce week-end à Paris, en prévision du procès Abdallah, qui s'ouvre dans une semaine (L'Est Républicain, 15 févr. 1987, p. 118, col. 1-2-3).
— SPORTS (alpin., ski). Piste rouge. Piste classée dans la catégorie des pistes difficiles et dangereuses pour des personnes inexpérimentées. Les épithètes de verte, rouge, bleue, jaune pour désigner différentes pistes et les classer par rang de difficultés sont, comme les degrés de l'alpinisme, des expressions assez récentes. On entendra des: « J'ai fait la rouge en 3 minutes 10 secondes! et sans chuter. Il y a quinze jours, je mettais une demi-heure pour la verte » (Comment parlent les sportifs ds Vie Lang. 1953, p. 140).
4. [Rouge connote l'interdit]
— [P. réf. à la signalisation ferroviaire, routière, etc.] Feu rouge. Obstacle, décision d'arrêter ou d'empêcher quelque chose. Le feu rouge que représentait la politique du (Brésil) pour certaines ambitions des États-Unis était en même temps un feu vert pour la politique française (Le Monde, 31 déc. 1964 ds GILB. 1980).
— BANQUE. Liste rouge. Liste des personnes interdites de chéquier pour avoir émis des chèques sans provision. Lorsqu'un compte joint est mis sur la liste rouge de la Banque de France, les titulaires sont tous deux interdits de chéquier, aussi bien sur leur compte joint que sur leurs comptes individuels (Le Chasseur français, juin 1986, p. 98, col. 1).
— ÉCON. Pétrole rouge. Pétrole de vente illégale. Il est peu probable que nous puissions interdire la commercialisation du pétrole rouge (GIRAUD-PAMART Nouv. 1974).
— POSTES ET TÉLÉCOMM. Liste rouge. Liste des personnes dont les noms et les numéros de téléphone ne sont pas communiqués et figurent dans une liste tenue secrète. — Ambroise, tu es bien sur la liste rouge du téléphone? (...) — Oui, je suis sur la liste rouge depuis un certain temps déjà. J'étais sans cesse dérangé nuit et jour, de nuit de préférence, au sujet de mes garçons... Quand j'en ai eu assez de recevoir des menaces pour eux ou pour moi, j'ai fait disparaître mon nom de l'annuaire téléphonique (Les Veillées des chaumières, 5 mars 1988, p. 18, col. 1).
— [P. réf. au carton de couleur rouge qui, au cours d'un match de football, est donné à un joueur après une faute grave comme sanction et signe d'expulsion] Carton rouge. Mauvais point, jugement défavorable prononcé à l'encontre de quelque chose, de quelqu'un. Donner, mériter un carton rouge. [Dans un cont. méd.] Vignette bleue carton rouge (...). Les technocrates, les énarques, les politiques, ceux qui gouvernent en général (...) un produit comme celui-là [un « vasodilatateur »] ils appellent ça plutôt un « médicament de confort ». Le joli nom! (L'Est Républicain, 4 mai 1987, p. 414).
5. [Rouge connote l'intensité des émotions, des sentiments et qualifie le regard] Brûlant, intense, passionné. Il y eut alors entre elle et le journaliste un de ces regards rouges qui sont plus que des aveux (BALZAC, Muse départ., 1844, p. 171).
6. POLITIQUE
a) Vieilli. [P. réf. au drapeau rouge pris pour emblème; en parlant d'une pers.] Qui est républicain; qui a des opinions de gauche; usuel, en partic., qui est communiste ou qui professe des opinions d'extrême-gauche. Bourgeoisie rouge; juge rouge; milliardaire rouge. Selon Claudel, rouge à souhait et aux yeux de qui Gambetta avait trahi le prolétariat, Mistral était un blanc, un réac, un clérical (L. DAUDET, Qd vivait mon père, 1940, p. 73). C'était un de ces vieux militants qui consacrent avec un dévouement de saint-bernard, toute leur vie à une cause. Il était socialiste en un temps où c'était encore être rouge (VIALAR, Rendez-vous, 1952, p. 207).
b) [P. méton.; en parlant d'un lieu] Dont les habitants sont partisans d'une action révolutionnaire, extrémiste; en partic., dont les habitants sont communistes. Athanase, né dans la banlieue rouge de Trélazé (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 96). C'était [le Var] — comme on disait à l'époque — un département rouge (...). À côté d'eux [les communistes], les socialistes ont pâli et font figure de réactionnaires (VIALAR, Débucher, 1953, p. 10).
c) [En parlant d'un inanimé] Qui se rapporte à l'action révolutionnaire, aux idées de l'extrême gauche, en particulier aux idées communistes, à l'U.R.S.S. Syndicat rouge; fascisme, terreur, terrorisme rouge. Le journal que j'ai laissé tous les matins [à l'hôpital] était vivement escamoté. Il paraît que j'ai justement choisi le journal rouge. Je n'ai pas eu la main heureuse (GIONO, Gds chemins, 1951, p. 189).
— En partic. Qui se rapporte aux pays communistes, à la Russie soviétique. Existait-il ce mystérieux fonctionnaire soviétique évadé de l'enfer rouge tout exprès pour divulguer ces informations? (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 290). L'espace rouge (...) le commandant Youri Romanenko (...) l'ingénieur Alexandre Laveirine (...) sont partis hier de Baïkonour, pour un séjour d'un an probablement dans la station orbitale Mir (L'Est Républicain, 7 févr. 1987, p. 401).
♦ Armée rouge. Armée soviétique. L'est européen subjugué, l'Allemagne coupée en quatre et l'Armée Rouge dans le Thuringer Wald, c'était vraiment donner leur plus belle chance aux partis communistes de l'Europe occidentale (BILLOTTE, Consid. strat., 1957, p. 40-12). P. ext. Toute armée révolutionnaire.
♦ Étoile rouge. V. étoile II A 2. Garde rouge. V. garde2 B 3.
♦ Péril rouge. Danger que font courir les pays communistes aux pays capitalistes. Mon père qui était en train de manger son capital vouait à la ruine toute l'humanité; maman faisait chorus. Il y avait le péril rouge, le péril jaune: bientôt des confins de la terre et des bas-fonds de la société une nouvelle barbarie déferlerait; la révolution précipiterait le monde dans le chaos (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 129).
II. — Adverbe
A. — En sa couleur rouge. Le coquelicot fleurit rouge (DAVAU-COHEN 1972).
B. — Familier
1. Se fâcher (tout) rouge. V. fâcher B 1.
2. Au fig. Voir rouge. Se mettre très en colère, perdre le contrôle de ses actes. Les têtes, vidées par la famine, voyaient rouge, rêvaient d'incendie et de sang, au milieu d'une gloire d'apothéose, où montait le bonheur universel (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1385):
• 4. Tout insensé (...) que cela puisse vous paraître, je vis rouge, rouge, entendez-vous! et pour la première fois de ma vie je connus le vertige du meurtre, le désir fou, impérieux, irrésistible, de fermer, coûte que coûte, une bouche qui défie...
COURTELINE, Boubouroche, Madelon, 1893, IV, p. 226.
C. — POL. Voter rouge. Voter pour les partis d'extrême gauche, en particulier pour les communistes. Voilà ce que c'est que de voter rouge. Le Français est incorrigible: la guerre est à sa porte et il réclame des congés payés (SARTRE, Sursis, 1945, p. 181).
III. — Substantif
A. — Subst. masc.
1. La couleur rouge, une des sept couleurs fondamentales, à l'extrémité du spectre visible et complémentaire du vert.
a) Caractère de ce qui est rouge. Le rouge du ciel; aimer le rouge; peindre en rouge. Un est aux nombres engendrés comme le rouge est aux couleurs, ou Adam aux générations humaines. Adam était le premier, et le mot Adam signifie rouge (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 7). V. bleu ex. 13:
• 5. ... je ne parle pas du rouge de l'orgueil mais de ce rouge des incendies, du lambeau d'andrinople qui flotte derrière les camions, du fanal, de la lanterne des bordels, de la colère qui enflamme un visage, des rixes et des abattoirs, des barricades et des rues louches, le rouge qui coiffe Marianne, rouge des crêtes de coqs et de l'andrinople, rouge des lèvres peintes, rouge du cri de la Marseillaise de Rude et somme toute, rouge du vin et du sang.
COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p. 54.
Rem. Une nuance partic. de la couleur peut être précisée: a) [par un adj.] ) Rouge ardent, clair, cramoisi, éclatant, flamboyant, foncé, franc, pâle, pompéien, pur, safrané, sanguin, sanguinolent, sombre, tendre, vif, vineux. ) [par un adj. de couleur précédé parfois du trait d'union] Rouge(-)brun, carmin, noir, , pourpre, , violet. b) [par un subst. apposé précédé parfois du trait d'union] Rouge(-)brique, capucine, carotte, cerise, coquelicot, corail, écrevisse, feu, flamme, fraise, garance, géranium, grenat, groseille, lie de vin, rubis, safran, sang (de bœuf), tomate. c) [par un subst. complét.] Rouge de chair, de feu, de rubis, de sang. Dans tous ces cas rouge est inv. et fonctionne comme un subst.
— Au plur. Nuances de rouge. Les roses de la rose ou les rouges de l'œillet, Velazquez et Goya ne nous les redonnent jamais à l'endroit où ils les ont vus (...) ils brillent dans ces cheveux sombres, ils piquent ce corsage d'une tache sanglante, ils empourprent cette bouche dans ce visage fardé (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 77).
b) ) Matière colorante servant à teindre en rouge. Rouge organique, synthétique, végétal; rouge d'andrinople, de phénol, de rosaniline; broyer du rouge. Origine des rouges. — Il y en a d'origine minérale (...) surtout les rouges de fer (ocre, colcotar), de mercure (vermillon), de plomb (minium); d'origine animale: particulièrement celui que fournit un insecte, la cochenille, et qui sert à préparer le carmin et les laques; d'origine végétale, dont le type était la garance (Lar. mén. 1926).
♦ Rouge neutre. ,,Matière colorante utilisée comme indicateur de pH (coloration rouge à pH 6,8, coloration jaune à pH 8,0) et comme réactif colorimétrique pour le dépistage des colibacilles dans un milieu`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
) En partic.
— Fard rouge utilisé autrefois pour se colorer le visage. Mettre du, son rouge; rouge à joues. C'était un de ces esprits que leur fierté met dans la position d'une jeune femme qui arrive sans rouge dans un salon où l'usage du rouge est général (STENDHAL, Armance, 1827, p. 28). Le rouge fut surtout une grande affaire au siècle dernier. Il devait, selon la qualité de son enluminure, indiquer le rang de celle qui le portait. Pour la présentation à la cour, il était plus accentué que jamais (Cost. 1899).
♦ Loc. fam. Avoir un pied de rouge (sur les joues). Avoir une épaisse couche de fard rouge sur les joues. Mon cher, reprit le comte, vous voyez que j'ai un pied de rouge sur les joues, ménagez-moi (FEUILLET, J. de Trécœur, 1872, p. 62).
— Rouge à, aux lèvres et ell. rouge. Fard rouge utilisé pour se colorer les lèvres en rouge; p. ext., fard pour les lèvres de toute autre couleur. Bâton, crayon, tube de rouge (à, aux lèvres); dermite du rouge à/aux lèvres. Tu n'étais pourtant pas comme les autres, toi, à t'attifer toujours devant la glace, à te mettre du rouge aux lèvres, à chercher à ce qu'on te remarque (ANOUILH, Antig., 1946, p. 140). Le rouge à lèvres. Deux tendances pour l'été: des lèvres tout à fait mates (dans ce cas, rien de tel que le crayon à lèvres en guise de rouge!) ou légèrement nacrées et brillantes. Voici les nouveaux rouges particulièrement adaptés à la saison chaude (Biba cosmétique, printemps-été 1987, n ° 1, p. 32, col. 4).
c) En partic.
) [Corresp. à supra I B 1] Coloration rouge de la peau provoquée par un afflux de sang sous l'effet d'une irritation ou d'une vive émotion. Le rouge de la honte, de l'indignation; yeux bordés de rouge. Le visage de Mongeot se décompose (...) tout son sang lui monte à la tête; bientôt au rouge d'une colère concentrée succède une pâleur bleuâtre (BALZAC, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 526).
— Locutions
♦ Le rouge lui monte au front, aux joues, au visage. Rougir, piquer un fard. Pauvre Pierre! Comme le rouge lui est monté au front! Comme il a frémi en t'écoutant raconter l'insulte faite à sa sœur! (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, II, 5, p. 154). Faire monter, mettre le rouge au front. Faire rougir, et p. méton., faire honte. C'est une chose qu'il faut effacer de notre histoire et qui n'y a figuré que pour faire monter le rouge au front des Français qui la liront plus tard (Procès Pétain, t. 1, 1945, p. 21).
) [Corresp. à supra I B 2 d] Température du feu qui produit une coloration rouge et un rayonnement calorifique; couleur, aspect du métal incandescent. Lorsque le feu a acquis une température qui varie entre le rouge sombre et le rouge cerise, on commence le grand feu (Al. BRONGNIART, Arts céram., t. 1, 1844, p. 225). Les plaques ou les pièces ayant solidement acquis la forme qu'elles doivent conserver sont de nouveau soumises à la température du rouge cerise afin de les nettoyer et de dégraisser les parties que le contact des mains a pu souiller et où l'émail n'adhérerait pas (A. MEYER, Art émail Limoges, 1895, p. 3).
— TECHNOL., loc. Chauffer au rouge; porter au rouge (un métal). Faire chauffer au feu au point de rendre incandescent. Le fer possède la propriété de se combiner au carbone quand il est porté au rouge au contact de celui-ci (BARNERIAS, Aciéries, 1934, p. 64).
2. [Rouge sert à désigner toute chose caractérisée par la couleur rouge (en tout ou en partie)]
a) Vêtement de couleur rouge, ornement rouge. Pièce tendue de rouge; être habillé de rouge; être tout en rouge. Une femme coiffée de rouge se leva et tout le monde applaudit (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 321). Mince bourreau pâle vêtu de rouge (COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p. 263).
— [P. allus. à la couleur rouge de l'habit milit.] V. noir II A 2 ex. de Martineau.
b) Spécialement
— ALIM. [Corresp. à supra I A 1b ] Vin rouge. Boire, servir du rouge, un verre de rouge. Il s'approche de la table, saisit le litre de « rouge », et se sert une bonne rasade (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 59). Dubourg (...) décoiffait la bouteille, versait le rouge, l'avalait à grandes coulées (ARNOUX, Roi, 1956, p. 287).
♦ Pop., fam. Gros rouge. Synon. pop. gros bleu, gros qui tache (v. gros1 III A). Gros rouge qui tache (plus rare). La qualité des vins s'est considérablement améliorée dans ce qui n'est plus aujourd'hui « la patrie du gros rouge qui tache » (L'Express, 27 mars 1967, p. 37, col. 2). Au fig., en appos. à valeur d'adj. 4 septembre: quai de la gare, une fois encore. Chansons gros rouge, mais chansons mornes et vin triste (VIALAR, Carambouille, 1949, p. 296).
♦ Vx, rare. Un rouge-bord. V. bord II C. Il (...) versait des rouges-bords à sa femme (...) et à moi, malheureux, qui avalais sans goûter, les vins rouges, roses, blancs (...) dont il proclamait (...) l'âge et le cru (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p. 111).
— BOT. [Corresp. à supra I B 2 a ] ,,Toute maladie qui se manifeste par un rougissement, suivi d'une chute prématurée, des feuilles et en particulier des aiguilles de conifères`` (MÉTRO 1975).
— CHASSE. Chien de rouge. Chien spécialisé dans la recherche du grand gibier blessé. Synon. chien de sang. Le chien de rouge peut arriver à retrouver son animal sans l'aide de rougeurs dans des conditions parfois stupéfiantes en raison du temps écoulé, de la température ou des distances parcourues (DUCHARTRE 1973). Rouge de rivière. Canard sauvage aux pattes et à la livrée rouges. Synon. souchet3. Après la bisque d'écrevisses, que dirions-nous d'un rouge de rivière aux oranges? (DUMAS père, Dame Monsoreau, 1846, III, 5e tabl., 5, p. 206).
— ZOOLOGIE
♦ Bas-rouge. Variété de beauceron, au pelage noir, au bas des pattes rousses. Surnommé bas-rouge en raison des taches feu à l'extrémité de mes pattes, ma première qualité fut la garde des troupeaux. Ne m'appelle-t-on pas encore « berger de Beauce »? (Rustica, 30 sept. 1981, n ° 614, p. 52).
Rem. Dans des comp., v. rouge-gorge, rouge-queue.
♦ PATHOL. ANIM. Maladie dermique du chien. Le rouge du chien débute comme la gale. Des vésicules apparaissent à la base des poils, se crèvent et couvrent la peau de croûtes denses et nombreuses. La peau, très-rouge au début, devient ensuite violette, et parfois ne présente plus qu'une large plaie dans les parties envahies dont les poils tombent (LITTRÉ-ROBIN 1865).
♦ Loc. Avoir une crise de rouge, pousser, prendre, tirer le rouge. [En parlant d'un dindonneau] Chez lequel la chair rouge des caroncules et de la fraise se développe. Les dindonneaux, jusqu'à leur puberté « où ils tirent le rouge », sont sensibles à tout: au froid, à la pluie, au vent, au moindre mal (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 250).
3. [Rouge connote le danger ou l'interdit]
a) ) CIRCULATION. [Corresp. à supra I A 1 b ] Couleur rouge caractéristique des signaux d'arrêt ou de danger. Le feu est au rouge. Automobiliste qui a une contravention pour être passé au rouge (DUB. 1980).
) Loc. Mettre le rouge
— COURSES (chevaux). Mettre le disque rouge qui signale sur un champ de courses que les jeux sont faits et ne peuvent plus être modifiés (d'apr. LE BRETON 1960). Le rouge est mis. ,,Les jeux sont faits (Turf)`` (CAR. Argot 1977).
— SPECTACLES. Mettre une lampe rouge à l'extérieur d'un lieu de tournage pour signaler l'interdiction de pénétrer sur le plateau (d'apr. LE BRETON 1960). Le rouge est mis. ,,Signal lumineux de couleur rouge que l'on place à l'entrée de chaque studio pour en interdire l'accès pendant l'enregistrement`` (Radio 1972).
b) Au fig.
— BANQUE. [P. anal. des comptes tenus autrefois à la main et notés à l'encre rouge] Être dans le rouge, au rouge, en rouge. Être à découvert. Des chiffres à faire rêver les entreprises qui, par ces temps de crise, sont « au rouge » depuis longtemps chez leurs banquiers! (Le Nouvel Observateur, 17 mai 1976, p. 61, col. 1). Si votre compte est en rouge, vous paierez des agios assez élevés, mais cela peut valoir la peine. Un conseil toutefois; lors de votre discussion avec l'employé de banque, ne vous contentez pas d'un accord verbal (Le Chasseur français, juin 1986, p. 98, col. 3).
— [Le plus souvent dans le domaine écon. et à propos d'une entreprise; rouge désigne une période d'alarme, de difficultés] Chômage au rouge; sociétés en rouge. 11 heures j'entre dans le rouge. Il me reste un quart d'heure pour terminer la mise en pages. Encore une foule de détails à régler. Il y a des jours comme ça où on se dit qu'on n'y arrivera jamais (Le Monde Aujourd'hui, 1er-2 déc. 1985, p. 1). Gaz de France est sorti du rouge. Gaz de France a réalisé en 1985 un bénéfice de 485 millions de francs, contre un déficit supérieur à 3 milliards en 1984 (Le Monde, 1er mars 1986, p. 30).
— Mettre au rouge. Dénoncer les dangers de. Scooter des neiges: les verts mettent au rouge. Pontarlier. — La nouvelle mode des courses et des rallyes sur la neige avec des véhicules 4 X 4, des scooters ou autres engins à chenilles inquiètent un peu partout les écologistes qui dénoncent les impacts sur le milieu de ce genre d'épreuve (L'Est Républicain, 7 févr. 1987, p. 412).
4. [Rouge connote l'intensité des émotions, des sentiments]:
• 5. Tout au long du conte [le Petit Chaperon Rouge], et dans le titre comme dans le nom de l'héroïne, l'importance de la couleur rouge, arborée par l'enfant, est fortement soulignée. Le rouge est la couleur qui symbolise les émotions violentes et particulièrement celles qui relèvent de la sexualité. Le bonnet de velours rouge offert par la grand-mère à la petite fille peut ainsi être considéré comme le symbole du transfert prématuré du pouvoir de séduction sexuelle...
Br. BETTELHEIM, Psychanalyse des Contes de Fées, 1976, p. 221.
B. — Subst. masc. ou fém.
1. Celui, celle qui a le teint ou les cheveux rouges, qui est vêtu de rouge. La petite rouge. [Anatole] s'en ira, les mains dans les poches, retrouver sa nouvelle bonne amie, la rouge-carotte (COPPÉE, Contes rap., 1885, p. 245). Vous auriez pas vu entrer à l'hôtel un grand rouge à tête frisée, qui a toujours une belle façon? (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 178).
2. Au fig., POL. Celui, celle qui est républicain (vieilli), qui professe des opinions d'extrême gauche et est partisan d'une action révolutionnaire; en partic., celui, celle qui est communiste. À l'Assemblée, il va de banc en banc (...) rit avec les bleus, avec les blancs, avec les rouges (HUGO, Choses vues, 1885, p. 202). Tous ces gens-là (...) étaient des révolutionnaires, des rouges, des égorgeurs de bourgeois, d'aristocrates (VIALAR, Bête de chasse, 1952, pp. 79-80).
— En partic., vieilli. [P. oppos. à jaune (vieilli)] Ouvrier, ouvrière adepte des idées des syndicats révolutionnaires. L'idée de Biétry était d'opposer les jaunes, c'est-à-dire les bons ouvriers, aux méchants, c'est-à-dire aux rouges (L. DAUDET, Temps Judas, 1920, p. 215).
C. — Subst. fém., spéc.
1. JEUX
a) BILLARD. [P. oppos. à la blanche] Boule rouge. Sur la table verte, on poursuit la rouge et la blanche dont l'ivoire retentit en se choquant (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 3). V. blanc. ex. 40.
b) DOMINOS, ROULETTE. [P. oppos. à la noire] Case de jeu de couleur rouge. Jouer, miser sur la rouge. Il s'enquérait auprès de quelques joueurs émérites de l'état de la Rouge et de la Noire, et jouait dix francs au moment le plus opportun (BALZAC, Rabouill., 1842, p. 296).
2. ZOOL. Perdrix rouge. Synon. pattes rouges (supra I A 2 b zool.) Deux compagnies de rouges furent « arrêtées » encore. Raboliot, vers chacune, envoya ses deux coups, le premier sur les perdrix blotties, le second dès l'envol, à un mètre de terre (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 257). V. gris1 I B 1 b ex. du Chasseur français.
3. SPORTS (alpin., ski). Piste rouge (supra I C 3). Avant de se lancer sur une piste de descente ou dans un parcours de slalom, les champions passent longtemps sur le tracé pour étudier la trajectoire idéale. Quel rapport avec le skieur du dimanche qui se lance sur une « rouge »? (Le Monde Loisirs, 17 nov. 1984, p. II). Supra I C 1 ex.
REM. Rougement, adv., hapax. Les boutiques de barbiers (...) avec leurs enseignes, sur leurs carreaux, de jambes et de bras dont le sang jaillit rougement dans un verre (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 233).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1. ca 1130 « qui a la couleur caractéristique du sang, de certaines fleurs, etc. » (Paraphrase Cantique des Cantiques, éd. W. Foerster et E. Koschwitz, Alt fr. Übungsbuch, p. 165, vers 17); spéc. 2. a) 1228 rouge vin (JEAN RENART, G. de Dole, éd. F. Lecoy, 494); 1649 verser à rouge bord (RICHER, L'Ovide bouffon, 504 ds BRUNOT t. 4, p. 501); 1668 rouge bord « verre ou gobelet de vin rouge » (BOILEAU, Satires, III, 136, éd. A. Cahen, p. 54); 1754 p. ell. de vin, subst. « vin rouge » (L'Impromptu des harangères, 9 ds QUEM. DDL t. 21); b) 1464 [éd. 1512] rouge chapel « chapeau de cardinal, dont la couleur est rouge » (Continuation des Chron. de Monstrelet, 3e vol., t. II, f ° 256a ds GDF. Compl.); 1690 (FUR.: On appelle un Cardinal un chapeau rouge, ou bonnet rouge, la calotte rouge, parce que ce sont les marques de sa dignité); c) 1690 livre rouge « livre de couverture rouge sur lequel on enregistrait les défauts prononcés à l'audience » être écrit sur le livre rouge « risquer une condamnation ou quelque mal de personnes puissantes » (FUR.); 1718 marqué en lettres rouges « signalé à la justice » (DANCOURT, Déroute du pharaon, sc. 22 ds LITTRÉ); 1971 pétrole rouge « pétrole de vente illégale » (Combat ds GIRAUD-PAMART Nouv. 1974); 1972 subst. (Admin.: Rouge. Écriture comptable négative (perte) ou découvert); 3. qualifiant un objet destiné à attirer l'attention a) 1731 drapeaux rouges (de signalisation, repérage, etc.) (TERRASSON, Sothos, t. 2, p. 36); b) 1870 croix rouges des ambulances (v. croix II C 1); c) 1879 lanternes rouges du dernier wagon (HUYSMANS, Sœurs Vatard, p. 122); d'où 1924 lanterne rouge « dernier » (MONTHERL., Olymp., p. 311); d) 1890 pour indiquer l'interdiction du passage feux rouges (ZOLA, Bête hum., p. 285); 4. 1789 drapeau rouge « drapeau de signalisation déployé d'abord pour indiquer la publication de la loi martiale et indiquant donc un état d'insurrection » (Le Moniteur, 21 oct. 1789, éd. 1863, t. 2, p. 79 d'apr. A. GEFFROY, infra bbg.); 1792 bonnet rouge « bonnet des révolutionnaires » (Journal des théâtres, 10 mars d'apr. ID., infra bbg.); 1830 partis [...] rouges « partis révolutionnaires » (LAMART., Corresp., p. 83); 1835 subst. les rouges « les révolutionnaires » (BALZAC, Goriot, p. 218) cf. aussi le Vieux Cordelier de C. DESMOULINS, n ° 7, mars 1794, p. 247 d'apr. A. GEFFROY, infra bbg.; 1924 armée rouge (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, p. 278). B. 1. a) 1180-1200 d'une couleur vive tirant sur le rouge » rouge or pour désigner l'or le plus pur (ALEXANDRE DE PARIS, Alexandre ds Elliott Monographs, éd. E. C. Armstrong, vol. II, Branche I, 2437, p. 55); 1690 cuivre rouge (FUR.); 1831 sans un rouge liard (v. liard); b) 1368 « roux, tirant sur le roux » cheval bay royge (Cartons des rois, A.N. K 49, pièce 37 ds GDF. Compl.); c) 1376 vén. bêtes rouges p. oppos. aux bêtes noires (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 2, 3); d) 1501 rouge terre « ocre » (Régisseur Mons, 515 ds IGLF); 2. 1611 « dont la peau prend la coloration du sang (p. ex. sous l'effet d'une émotion) » (COTGR.); 3. 1755 la race rouge « les Indiens d'Amérique » (MIRABEAU, Ami des hommes, t. 3, p. 394); 1781 subst. p. ell. de homme (BARRUEL, Les Helviennes, t. 1, p. 245). C. 1re moit. XIVe s. « porté à incandescence » (Recettes méd., ms. Bibl. mun. Evreux, 23, 45, éd. P. Meyer ds Romania t. 18, p. 576); 1798 tirer à boulets rouges fig. (Ac.). D. 1. 1690 « dont certains éléments du corps sont rouges » perdrix rouge (FUR.); 1925 subst. fém. p. ell. de perdrix (GENEVOIX, Raboliot, p. 141); 2. 1748 la messe rouge « messe de rentrée du parlement où les magistrats portent leurs robes rouges » (DIDEROT, Bijoux indiscrets, p. 112); 3. 1791 « qui se manifeste par des rougeurs » fièvre rouge (STAËL, Lettres jeun., p. 434). E. 1855 « vif, excessif » (SAND, Hist. vie, t. 3, p. 256). II. A. Subst. masc. 1. a) 1er quart déb. XIIe s. « teinte rouge de quelque chose » (Lapidaire de Marbode, 272, éd. P. Studer et J. Evans, Anglo-norman lapidaries, p. 38); b) ca 1180 avec un art. partitif, comme en parlant d'une matière (Fierabras, 61 ds T.-L.); 2. XIIIe s. « tissu de couleur rouge » (Du valet qui d'aise a malaise se met, 6, éd. W. Foerster ds Jahrbuch für romanische und englische Sprache und Literatur, t. 13, 1874, p. 295); 3. a) 1579 fard appelé rouge d'Espagne (A. PARÉ, Œuvres, éd. J.-Fr. Malgaigne, Médicaments, XXV, 44, t. 3, p. 606); 1606 Rouge à farder (CRESPIN, p. 355); b) 1636 « matière colorante rouge » (MONET); 4. 1636 « couleur du feu, de l'incandescence » (ibid.); 5. 1661 « couleur du visage à la suite d'une émotion » (MOLIÈRE, Les Fâcheux, I, 1); 6. 1771 pousser le rouge (en parlant de dindonneaux) (BUFFON, Hist. nat. des Oiseaux, t. 2, p. 143); 7. 1796 « maladie qui se manifeste par l'apparition de quelque chose de rouge ou des rougeurs » ici subst. fém. « maladie du ver à soie » (Fr. ROZIER, Cours compl. d'agric. théor., prat., écon. et de méd. rurale et vétér., Paris, t. 9, p. 580); [1817] d'apr. FEW t. 10, p. 532b] subst. masc. « maladie du pêcher » (GÉRARDIN DE MIRECOURT, Dict. raisonné de bot., éd. 1820, p. 493); 8. a) 1843 « sang » (SUE, Myst. Paris, t. 5, p. 175); b) 1970 chien de rouge (BURN.); 9. 1846 désignant un animal rouge de rivière « souchet » (DUMAS père, Dame Monsoreau, III, 5, p. 206); 10. [1923 d'apr. ESN.] 1935 le rouge est mis « les jeux sont faits » p. allus. au disque rouge qui indique que la décision prise concernant une course de chevaux est irrévocable » (SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! p. 186); 1952 (O. UREN, Le Vocab. du cin. ds Fr. mod. t. 20, p. 218: — lampe rouge qui indique qu'on est en train de tourner. « Silence, le rouge », « demandez le rouge »). B. Subst. fém. 1776 « bille rouge (dans les jeux d'argent) » (RESTIF DE LA BRET., Paysan perverti, t. 3, p. 68). III. Empl. adv. 1784 fâcher tout rouge (BEAUMARCHAIS, Le Mariage de Figaro, II, 2); [1842-43 (E. SUE, Mystères de Paris d'apr. LITTRÉ)] 1843 voir rouge (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 5, p. 87); 1945 voter rouge (SARTRE, Surois, p. 181). Du lat. rubeus, -a, -um « roux, rougeâtre » qui a souvent supplanté ruber, -bra, -brum « rouge » dans les lang. rom. sans toujours, comme en fr., prendre le sens de ce dernier. Fréq. abs. littér.:13 222. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 10 300, b) 25 728; XXe s.: a) 24 610, b) 18 855. Bbg. BETTELHEIM (B.). Psychanalyse des Contes de Fées, 1976, p. 221. — BIDU- (A.). Syst. des n. de couleurs. Bucuresti, 1976, p. 217. — COLÓN (G.). Un Cambio de perspectíva etímológica Rosicler y su mediato origen francés. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1971, t. 9, n ° 1, pp. 229-251 (s.v. rouge clair). — DUB. Pol. 1962, pp. 411-412. — GEFFROY (A.). Ét. en rouge, 1789-1798. Cah. Lexicol., 1987, n ° 51, pp. 119-148. — GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, pp. 250-253. — KRISTOL (A.-M.). Color. Les Lang. rom. devant le phénomène de la couleur. Berne, 1978, pp. 146-212. — LAURIAN (J.-M.). Über die grüne Grenze ou la longue marche des lexies colorées. Contrastes. 1983, n ° 7, pp. 79-95. — QUEM. DDL t. 9, 13, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 31, 33.
rouge [ʀuʒ] adj. et n.
ÉTYM. Av. 1191; roge, v. 1130; lat. rubeus « rougeâtre ».
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I Adj. (le plus souvent après le nom, en épithète).
1 Qui est d'une couleur voisine de celle de l'extrémité du spectre solaire, couleur dont la nature offre de nombreux exemples (sang, fleur de coquelicot, rubis, etc.). || Couleur rouge; teintes rouges (→ Jet, cit. 8; pourpre, cit. 2). || La couleur rouge en héraldique. ⇒ Gueules. — Crayon rouge (→ 1. Pointer, cit. 1). || Encre rouge (→ Inscrire, cit. 3). || Cachet (cit. 3) rouge. || Cahier (cit. 5) rouge. || Le Cahier rouge, mémoires autobiographiques de B. Constant. — Peinture, pigment, teinture rouge. || « Leur chevelure, teinte d'une liqueur rouge, est semblable à du sang et à du feu » (→ 1. Franc, cit. 3, Chateaubriand). — La bille rouge, et, ellipt, la rouge, au billard. — La couleur rouge, et, ellipt (n. m.), le rouge, à la roulette. || Jouer sur la rouge (vieilli), sur le rouge. || Rouge, impair et manque. — Marbre (cit. 1) rouge. || Brique, tuile rouge (→ Laver, cit. 6; mas, cit.). || Cuivre rouge ou « rosette ». — ☑ Loc. vieillie. N'avoir pas un rouge liard (ancienne monnaie de cuivre). — Or rouge. || Terres rouges (→ Guéret, cit. 3; momifier, cit. 2). || Ocre (cit. 1 et 3) rouge. || Argile rouge. || Pierres (précieuses) rouges. ⇒ Cornaline (calcédoine rouge), grenat, porphyre, rubis (balais). — (Dans des lieux-dits). || Les roches rouges. || Le Moulin rouge. || Montrouge. — Ciel, soleil rouge, à l'aube, au couchant (cit. 2; → Disparaître, cit. 2; incendier, cit. 3). || Lumière (cit. 17), lueur rouge. — Jupon (cit. 2) de flanelle rouge. || Chéchia (cit.), foulard (cit. 2) rouge. || Cotonnade, laine, soie rouge (→ Dévidoir, cit. 1; mouchoir, cit. 5 et 8). || Peluche (cit. 2) rouge. || La muleta rouge du matador. || Veste à galons rouges (→ Ordonnance, cit. 18). — Toge rouge (→ 1. Poêle, cit. 1), chape, robe rouge de cardinal (→ Haut, cit. 33). — ☑ (1611). Loc. Le chapeau rouge, celui de cardinal. — Le Petit Chaperon rouge, conte populaire. — Bonnet à pompon rouge de matelot (cit. 2); absolt, les pompons rouges : les matelots de la marine nationale. — Manteau (cit. 6) rouge de spahi, de goumier (cit. 1). Par ext. || Les mousquetaires rouges, ceux qui portaient un manteau rouge. || Pantalon rouge, celui des soldats français avant 1914. || Tuniques rouges : nom donné aux soldats anglais du XIXe siècle. || Hommes, cavaliers rouges : soldats anglais (→ ci-dessous cit., Stendhal). — Veste, casaque rouge de forçat (cit. 2). → Horreur, cit. 50. — Hist. || Les talons rouges. ⇒ Talon. — ☑ Le petit livre rouge. ⇒ Livre.
1 Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Hugo, Odes et Ballades, « Ballades », XIII.
N. B. L'antéposition de l'adj. est stylistique.
2 Regardez tous ! voilà l'homme rouge qui passe !
Hugo, Marion Delorme, V, 7.
3 (…) il tourna la tête vers l'ennemi. C'étaient des lignes fort étendues d'hommes rouges (…) Une ligne de cavaliers rouges trottait pour se rapprocher du chemin (…)
Stendhal, la Chartreuse de Parme, I, III.
4 Je viens de voir, sur la place du Marché, un homme qui vendait des coupons; il avait dressé un grand parapluie rouge, et s'était coiffé d'un chapeau rouge. Très habile cela; on sait que le rouge éveille les passions.
Alain, Propos, 4 sept. 1907, L'art de vendre.
➪ tableau Désignations de couleurs.
♦ (En parlant d'insignes, de signaux…). || Drapeau rouge du chef de gare, du starter (→ Jockey, cit. 1). || Signal rouge (→ Naître, cit. 17). || Feu rouge. ⇒ Feu. || Fanal (cit. 3 et 4), lanterne rouge (⇒ Lanterne).
5 Les autos s'arrêtaient aux feux rouges L'automne
Entre ses doigts battait les cartes de son jeu
Aragon, le Roman inachevé, p. 160.
♦ N. m. Le signal d'arrêt pour les véhicules. || Passer au vert; s'arrêter à l'orange; griller le rouge. — REM. Après s'être appliqué aux chemins de fer, le mot concerne surtout aujourd'hui la circulation automobile.
5.1 Le train était arrêté devant un signal tourné au rouge qui fermait la voie. Le mécanicien et le conducteur, étant descendus, discutaient assez vivement (…)
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 249.
♦ Rosette rouge (rare; on dit la rosette; cependant → Fleurir, cit. 5), ruban rouge d'une décoration. — La Croix-Rouge. ⇒ Croix (infra cit. 16). || Le Croissant-Rouge, qui correspond à la Croix-Rouge, dans les pays de l'Islam. — Le lys (1. Lys, cit. 12) rouge des armes de Florence (⇒ 1. Lis). || Le drapeau français est bleu, blanc et rouge.
♦ (1789). || Le drapeau rouge, révolutionnaire. ⇒ Drapeau (cit. 2 et 3). — Le bonnet (cit. 5) rouge.
2 (1834). Qui a pour emblème le drapeau rouge (socialiste, syndicaliste); qui est d'extrême-gauche. ⇒ Révolutionnaire; communiste; → 2. Rose, I., 3. || Bonapartiste sous l'Empire, rouge sous la Commune (→ Loyalisme, cit. 2; et aussi non, cit. 10, Musset). || Le spectre rouge (→ Affoler, cit. 9), le péril (cit. 7) rouge. || La Vierge rouge, surnom de l'anarchiste Louise Michel. — La banlieue, la ceinture rouge de Paris.
6 Avez-vous un drapeau à vous ? Arborez-le. Où ? Dans la rue. Il est blanc ? Soit. Il est bleu ? Très bien. Il est rouge ? Le rouge est une couleur.
Hugo, l'Archipel de la Manche, XVII.
7 Le fantôme rouge à vrai dire n'épouvantait pas chaque jour Sérianne, bien qu'on eût pris conscience de sa proximité, lors de la grève chez Barrel, ou pendant les troubles de la viticulture (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XVI.
7.1 (…) nous étions d'accord pour ramener par étapes, sinon la France entière, du moins la région parisienne à son royal aspect d'antan. Pour cela, plus d'usines et, du même coup, plus de ceinture rouge.
P. Klossowski, la Révocation de l'Édit de Nantes, p. 90.
♦ En Russie soviétique. — REM. L'adjectif russe qui signifie « rouge » est homonyme de celui qui signifie « beau » (krasnoï). — L'Étoile rouge. — (V. 1920). || L'armée rouge. ⇒ Soviétique. || La Place Rouge, à Moscou.
♦ N. (1843, in D. D. L.). Révolutionnaire; spécialt, communiste. || Les rouges : les communistes. || Les Rouges et les Russes blancs, en Russie. — (1864). Membre du parti libéral (opposé à bleu) au Canada (vieilli).
8 Dites, maman, c'est un rouge, cet instituteur ? — Rouge, tout ce qu'il y a de plus rouge ! (…) Guillaume imaginait cet homme rouge, barbouillé de sang de bœuf (…) Le rouge devait être caché par les vêtements. Rouge comme un poisson est rouge (…)
F. Mauriac, le Sagouin, I.
♦ N. f. (1871). Hist. || La rouge : la République révolutionnaire. ⇒ Commune. — Adv. (1945). || Voter rouge.
9 « Eh oui ! dit le monsieur, eh oui ! Voilà ce que c'est de voter rouge. Le Français est incorrigible : la guerre est à sa porte et il réclame des congés payés. »
Sartre, le Sursis, p. 181.
9.1 — Vote donc rouge, pour commencer, gamin. T'auras toujours le temps de blanchir par la suite.
San-Antonio, J'ai essayé : on peut !, p. 14.
3 (En parlant des plantes, des animaux…). || Betterave rouge (→ 1. Mâche, cit.). || Haricot (2. Haricot, cit. 3 et 4) rouge. || Chou rouge. || Valériane rouge. ⇒ Centranthe. || Algues rouges (coralline, etc.). || Fleurs rouges; géranium (cit. 3), œillet (cit. 2), pivoine, rose, tulipe rouge. || Fruits rouges : fraises, framboises, groseilles. || Salade de fruits rouges. || Baies rouges (→ Jacassement, cit. 2). || Pomme (cit. 3) rouge; calville rouge. — Écorce rouge (→ Pin, cit. 1). || Bois rouge du Brésil. || Résine rouge. ⇒ Sang-dragon. — Fourmis (cit. 1) rouges. || Limace rouge (→ Lande, cit. 3). || Le cardinal, oiseau à plumage rouge. || Paradisier (cit.), râle (1. Râle, cit.) rouge. (1690). || Perdrix (cit. 2) rouge, à pattes rousses. — ⇒ Rouge-gorge, rouge-queue. — La crête rouge du coq. — Poissons rouges. ⇒ Cyprins. — Viande rouge (opposé à viande blanche, viande noire).
10 (…) les choux rouges, que l'aube changeait en des floraisons superbes, lie de vin, avec des meurtrissures de carmin et de pourpre sombre.
Zola, le Ventre de Paris, I, t. I, p. 42.
REM. Lorsque le groupe formé par un substantif + rouge a une fonction classificatoire (ex. : chou rouge, algue rouge), il s'oppose à un syntagme parallèle (chou vert; algue bleue, etc.); il est alors figé et phraséologique (→ ci-dessus viande rouge, et ci-dessous vin rouge, qui s'oppose à vin blanc, vin rosé). Dans le cas contraire (ex. : fleur rouge) il s'agit simplement d'une collocation fréquente, modifiable (fleurs plus ou moins rouges). Mais la frontière est indécise.
♦ (1538). || Vin rouge, fait avec des raisins munis de leurs peaux (souvent des raisins noirs) et dont la macération est complète. ⇒ Vin. || Un bordeaux rouge. — Du vin rouge et du vin rosé.
➪ tableau Classification des vins.
♦ N. m. (1754, in D. D. L.). Fam. et cour. Vin rouge. || Préférer le rouge au rosé. ☑ Du rouge ordinaire; (loc.) du gros rouge qui tache. ⇒ Rouquin (fam.). || Boire un coup de rouge. || Un kil (cit. 1) de rouge.
♦ Verre de vin rouge. || Un petit rouge. || Un rouge limonade (ou, pop., rouge lim', rouge limé), additionné de limonade. — ☑ Loc. (Vx). Un rouge bord : un plein verre de vin rouge.
11 On décréta un rouge-bord en l'honneur du chansonnier, et quand les verres furent vidés, chacun fit rubis sur l'ongle pour montrer qu'il avait bu consciencieusement sa rasade.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XVI.
4 a (1842). Vieilli. || La race rouge, appellation non scientifique donnée aux Amérindiens d'Amérique du Nord. Cour. || Les Peaux-rouges. — N. m. || Les Rouges et les Jaunes.
b En franç. d'Afrique. « Qui a la peau moins foncée que le teint habituel des négro-africains » (I. F. A.).
5 (Fin XVIe). Qui est porté à l'incandescence et dégage un rayonnement calorifique. ⇒ Incandescent. || Charbon, tison rouge. || Les cendres sont encore rouges. — Fer rouge, chauffé au rouge. ⇒ Fer (cit. 11 et 12). → Marquer, cit. 6; plonger, cit. 2. — ☑ Tirer à boulets rouges. ⇒ Boulet.
6 (1611). Qui devient rouge par l'afflux du sang (se dit de la peau des personnes de race blanche; opposé à blanc, pâle). || Peau, doigt (cit. 4), main (cit. 6) rouge. || Face (cit. 5) rouge. ⇒ Congestionné, empourpré, enflammé, enluminé, rubicond. || Visage rouge par endroits. ⇒ Couperosé. || Rouge comme une pomme (cit. 10), se dit plutôt du teint naturel (d'un enfant). || Teint rouge (⇒ Coloré, rougeaud, 3. rougeot, rouget, I.), un peu rouge (⇒ Rubescent). || Avoir les joues, les oreilles, les pommettes rouges (de froid, de chaleur, etc.).
♦ Être, devenir rouge de colère, de dépit (→ Baisser, cit. 20), de honte (→ Pudeur, cit. 9), de plaisir (→ 1. Canon, cit. 1), etc. — ☑ (1611). Loc. Être rouge comme une cerise, comme un coq, un coquelicot, une écrevisse, une pivoine (→ Gaucherie, cit. 1), une tomate, rouge d'émotion (confusion, honte, timidité, pudeur…).
12 Une jeune fille mince et bien faite (…) se montra bientôt, rouge de pudeur et de timidité.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 415.
12.1 (…) une de ses amies, laquelle, ayant mauvais caractère et étant nerveuse, devint rouge comme un coq la première fois qu'un monsieur lui dit que (…)
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 960.
13 Elle était rouge à en cligner les yeux. Se baissant, elle feignit de renouer un lacet, pour qu'on s'expliquât ce sang à ses joues.
Montherlant, le Songe, I, VI.
13.1 L'officier public devint rouge comme une cerise, une groseille, une fraise, une tomate, un bout de mou, une légion d'honneur.
René Fallet, le Triporteur, p. 33.
♦ ☑ Adv. (1784). Se fâcher (cit. 12) (tout) rouge : devenir rouge de colère. || Ils se sont fâchés tout rouge. — ☑ (1842). Voir rouge : avoir un accès de colère « qui incite au meurtre » (cf. Voir du sang; → Gendarme, cit. 6; horion, cit. 2). || Là, j'ai vu rouge !
13.2 Le capitaine (…) s'était fâché rouge lorsque son fils avait réclamé ses comptes de tutelle, et même lui avait coupé les vivres, tout net.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, II.
14 À la moindre marque d'antipathie (…) leur malveillance répondait qui atteignait d'un bond, franchissant toutes les étapes, une sorte de fureur. Sabine surtout voyait facilement rouge et quand elle voyait rouge toute la famille voyait écarlate.
M. Jouhandeau, Tite-le-Long, XVIII.
7 D'un roux vif (en parlant des cheveux, du pelage d'un animal). ⇒ Feu, roux. || Cheveux rouges (→ Grossièrement, cit. 3; remarquable, cit. 1). ⇒ Rouquin. || Barbe rouge (→ Ardent, cit. 6).
15 On cherche un homme. — Qui ? — Un garçon aux cheveux rouges.
J. Giono, le Chant du monde, I, IV.
♦ Âne rouge : sorte d'âne sauvage (→ Hémione, cit.). ☑ Loc. prov. (1640). Méchant comme un âne rouge (à cause de la défaveur et de la réputation de déloyauté qui s'attache aux roux). — Bas-rouge : variété de berger beauceron, chien à robe noire et à pattes rousses (aux extrémités).
———
II N. m. (1553; « étoffe rouge », 1324). || Le rouge.
1 La couleur rouge. || Le rouge (orangé) est une des sept couleurs fondamentales, à l'extrémité du spectre visible, et contient les raies C (hydrogène), B et A (oxygène). || Le vert est la couleur complémentaire du rouge (→ Couleur, cit. 6).
16 (…) on pourra remarquer que l'extrémité rouge du spectre n'est pas, en réalité, parfaitement rouge, mais d'un rouge tirant vers l'orangé. Ce que nous appelons habituellement le rouge franc ne serait donc pas une couleur spectrale mais un pourpre1 (…)
M. Boll et J. Bourgnon, le Secret des couleurs, p. 27.
1. Lumière colorée (non spectrale), qui, additionnée d'une couleur spectrale, donne du blanc (in M. Boll et J. Bourgnon, le Secret des couleurs, p. 84).
♦ Variétés, nuances de rouge. ⇒ Amarante, andrinople, bordeaux, brique, capucine (rouge orangé), carmin, carotte (orangé), cerise, cinabre, coquelicot, corail, corallin, cramoisi, cuivré, écarlate, écrevisse, érubescent, feu, fraise, garance, géranium (vif et clair), grenat, groseille, incarnadin, incarnat, lie (de vin : rouge violacé), nacarat, orangé, ponceau, pourpre, rosé, rubis, safrané, sang, sanglant, tomate, vermeil, vermillon, vineux; et aussi orange, rose (2. Rose). || Un rouge clair, pâle (→ 1. Livre, cit. 9), tendre (→ 2. Raie, cit. 1). || Un rouge ardent, franc, vif (→ Nuance, cit. 2). ⇒ aussi Rutilant. || Tirant sur le rouge. ⇒ Rougeâtre, rougeoyant. || Rouge pompéien : rouge brique mat.
♦ Appos. || Un oiseau rouge feu (→ Perroquet, cit. 4). — REM. Dans cet emploi rouge reste invariable. — Des robes rouge vif, d'un rouge vif.
16.1 Miette écarta sa pelisse, qui était (…) doublée d'une indienne rouge-sang (sic).
Zola, la Fortune des Rougon, 1870, in D. D. L., II, 16.
17 Sous les arcades rouge sombre des aqueducs ruinés, fleurissaient des amandiers blancs.
R. Rolland, Jean-Christophe, Nouvelle journée, I, p. 1461.
18 (…) de sombres soleils rouge et or.
Pierre Benoit, les Compagnons d'Ulysse, V.
♦ Bruns tirant sur le rouge : acajou, rouille, roux. — Pierre ondée, ponctuée de rouge (→ Calcédoine, cit. 1). — Palette (cit. 3) composée autour du rouge. || Colorer, peindre, teindre en rouge, de rouge. ⇒ Rougir (→ Flamber, cit. 14; poudre, cit. 10). — Vêtu de rouge (→ Diable, cit. 40). || Salon tendu de rouge. || Le rouge lui va bien. — Courses. || Le rouge est mis, le disque rouge marquant un résultat officiel, non contestable. — ☑ (1923). Fig. Le rouge est mis : il n'est plus question de revenir en arrière (→ Les dés sont jetés, les jeux sont faits).
18.1 Ce petit bonheur-là, que je me prenais à envier, j'en avais jamais voulu; mon existence s'était passée à la charrier. Ça semblait un peu tard aujourd'hui pour regretter. Y avait pas de marche arrière dans la vie; le rouge était mis, les jeux faits.
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 144.
♦ Littér. || Le Rouge et le Noir, roman de Stendhal.
19 Outre l'intérêt propre du roman, son titre pique notre curiosité. Stendhal, raconte Romain Colomb, le trouva subitement et comme sous le coup de l'inspiration (…) Ce n'était peut-être (…) qu'une concession à la mode du temps qui était aux noms de couleur, mais on a voulu y voir aussi une allusion aux hasards de la destinée analogues à ceux du jeu (…) Quelques commentateurs ont soutenu en revanche que le Rouge et le Noir désignent le prêtre et le bourreau (…) D'autres ont émis l'hypothèse que ces couleurs soulignaient le conflit des idées de la gauche libérale avec les menées des prêtres (…) Le rouge indique le républicanisme de Julien comme le noir désigne les milieux ecclésiastiques.
H. Martineau, Introd. à « le Rouge et le Noir », de Stendhal (éd. Garnier).
2 a Colorant rouge; pigment donnant une couleur rouge. || Broyer du rouge sur sa palette (→ Peintre, cit. 2). — Rouges minéraux : rouges de fer : ocres, hématites, sanguine, rouge indien (⇒ Colcotar); rouges de mercure : iodure mercurique ou scarlet (⇒ Cinabre, vermillon); rouges de plomb (⇒ Minium) : pourpres… ⇒ aussi Sandix, vermillon (d'antimoine), réalgar, laque (d'alumine). || Rouges organiques, d'origine animale : ⇒ Cochenille, carmin, écarlate, kermès, laque, pourpre, vermillon (de Provence); ou d'origine végétale : ⇒ Alizarine, campêche, carthamine, garance, orcanette, orseille, purpurine, rocou, santal (rouge), tournesol (rouge). || Rouges synthétiques : alizarine, éosine, érythrosine ou fluorescéine, fuchsine, magenta, orséine, phtaléine, rosaniline, roséine, safranine.
19.1 La Femme au bain : pour les chairs, teinte locale plate; pour les clairs, de rouge de Venise et blanc (…)
E. Delacroix, Journal, 14 mai 1830, t. I, p. 144.
b Fard rouge (→ Allumer, cit. 19; maquillage, cit. 1; où, cit. 4). || Mettre du rouge (→ Farder, cit. 7 et 8). || Un doigt (cit. 21), un pied (cit. 45) de rouge. || Se barbouiller (cit. 12) de rouge. — Rouge à joues, qu'on pose sur les pommettes. || Rouge à lèvres : fard rouge (ou rose, orangé…) pour les lèvres, qui se présente ordinairement en bâton, dans un étui. || Bâton, crayon, tube de rouge à lèvres, de rouge. || Rouge gras, sec.
20 C'est une jeune fille de seize ans, qui a des couleurs charmantes, et qui, pour aller au bal, a la folie de se mettre du rouge.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XV.
21 (…) il s'agissait de mettre le rouge. De nouveau, le visage près de la glace, elle trempait son doigt dans un pot, elle appliquait le rouge sous les yeux, l'étalait doucement, jusqu'à la tempe.
Zola, Nana, V.
21.1 B'jour m'man, dit Yvonne en effleurant légèrement des lèvres le front de la dame pour ne pas lui mettre du rouge.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 77.
3 (Surtout dans au rouge). Couleur, aspect du métal incandescent. || Chauffer le fer au rouge. || Barre de fer portée au rouge sombre. || Rouge vif, rouge cerise, rouge blanc, correspondant à différentes températures pour le produit chauffé (respectivement 520, 620 et 1 050 °C).
22 Une fois, l'un d'eux lui présenta un morceau de fer chauffé par le bout jusqu'au rouge obscur (…) Il en eut pour huit jours d'infirmerie.
Alphonse Daudet, Jack, II, II.
4 (1661). Teinte rose ou rouge que prend la peau sous l'effet d'un agent physique, d'une émotion. || Le rouge de la colère, de la confusion, de la honte lui monte au front (cit. 17), aux joues, aux pommettes (cit. 4), au visage. ⇒ aussi Feu (1. Feu, cit. 68). || Mettre le rouge au front. ⇒ Empourprer, enflammer; rougir (faire).
23 — (…) Oui, le rouge me monterait au front, d'être saluée en public par une de ces filles (…)
Zola, l'Assommoir, XI, t. II, p. 188.
♦ Partie rouge et irritée. || Yeux bordés de rouge (→ Bec, cit. 3).
5 (1770). Zool. || Pousser, prendre le rouge, avoir une crise de rouge, se dit des jeunes dindons chez qui la chair rouge des caroncules et de la fraise pousse. — Maladie de peau des chiens, de certains oiseaux.
24 L'épagneul a une maladie de peau, le rouge, je crois, qui lui fait perdre presque tous ses poils et qui le couvre de plaques et de croûtes brunes.
Camus, l'Étranger, I, III.
6 Arbor. Maladie cryptogamique du pin sylvestre. — Maladie du pêcher dans laquelle le jeune bois prend une teinte rougeâtre.
7 → ci-dessus Vin rouge.
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CONTR. Blême, livide, pâle…
DÉR. Rougeard, rougeâtre, rougeau, rougeaud, 2. rougeot, 3. rougeot, rougeoyer, rougeron, rouget, rougette, rougeur, rougir.
COMP. Infrarouge, rouge-gorge, rouge-queue.
Encyclopédie Universelle. 2012.