livide [ livid ] adj.
• livite 1314; lat. lividus « bleuâtre, noirâtre »
1 ♦ Vieilli ou littér. Qui est de couleur plombée, bleuâtre. « visages décomposés, livides, verts » (Gautier). « une nuée noire, qui la plomba [la Beauce] d'un reflet livide » (Zola).
2 ♦ Cour. D'une pâleur terne, en parlant de la peau. ⇒ blafard, blême, hâve, pâle. Être livide de peur, de colère. « jamais il n'avait vu une telle pâleur [...] c'était le teint livide, exsangue des prisonniers du moyen âge » (Huysmans).
● livide adjectif (latin lividus, bleuâtre) Extrêmement pâle sous l'effet d'une émotion ou de la maladie. ● livide (synonymes) adjectif (latin lividus, bleuâtre) Extrêmement pâle sous l'effet d'une émotion ou de la maladie.
Synonymes :
- blafard
- blême
- cireux
- exsangue
- pâle
- terreux
Contraires :
- coloré
livide
adj.
d1./d D'une couleur terne et plombée. Les nuages livides des ciels d'orage.
d2./d (En parlant du teint, de la peau, etc.) Très pâle, blafard.
⇒LIVIDE, adj.
A. — De couleur plombée, bleuâtre ou verdâtre, tirant sur le noir.
1. [En parlant de la peau, du teint d'une pers.] Sa peau (...) étoit marquée de taches noires, vertes et jaunes; une teinte livide et luisante couvre ces taches (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 478). Une tuméfaction livide s'étendait sur la jambe, et avec des phlyctènes de place en place, par où suintait un liquide noir (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 17) :
• 1. Elle n'avait plus de chair, les os trouaient la peau. Sur les côtes, de minces zébrures violettes descendaient jusqu'aux cuisses, les cinglements du fouet imprimés là tout vifs. Une tache livide cerclait le bras gauche, comme si la mâchoire d'un étau avait broyé ce membre si tendre, pas plus gros qu'une allumette.
ZOLA, Assommoir, 1877, p. 759.
Rem. Ac. 1798 (suivi par LITTRÉ et Lar. Lang. fr.) note que livide s'emploie gén. en parlant de la peau ,,lorsqu'à la suite de quelque contusion ou de quelque tumeur, elle devient bleue et noirâtre par l'épanchement du sang hors des petites veines sur la superficie``.
2. [En parlant d'une chose] Par les grandes fenêtres, la teinte verte des bois d'en face jetait un reflet livide sur la muraille blanchie (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 398). Le crépuscule verdâtre est arrivé, la nuit livide lui a succédé et l'obscurité était tout à fait venue lorsque je suis rentré à bord (DU CAMP, Nil, 1854, p. 128). Ce ciel livide et couleur d'ardoise (GIDE, Journal, 1906, p. 198) :
• 2. À gauche, la mer, la mer infinie, calme, grise, verte, vineuse, et sur la mer, dispersés à tous les bouts de l'horizon, une vingtaine de bateaux pêcheurs... qui (...) courent silencieusement sur ce miroir livide comme de gros moucherons.
HUGO, Fr. et Belg., 1885, p. 149.
B. — D'une pâleur terne, terreuse. Synon. blafard, blême.
1. [En parlant de la peau, du teint d'une pers.] Ce n'étaient plus ce front livide, cette mine terreuse qui feraient soupçonner que vous êtes en proie à des soucis rongeurs (BALZAC, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 587). Ils s'agitaient avec (...) leurs petites larves entre les bras, bien livides, blafards bébés, qui disparaissent à force d'être pâles dans le trop de lumière (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 593) :
• 3. — Je vous demande pardon, dit M. de Coantré, je ne me sens pas bien...
Il s'était penché en avant dans le fauteuil, comme quelqu'un qui cherche une autre atmosphère que celle où il est.
— Qu'est-ce qu'il y a donc? (...)
Gibout vit la face livide et se leva précipitamment en disant : « Étendez-vous sur le sofa. »
MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 894.
— [Avec un compl. prép. de désignant un affect] Livide de peur. Il cherchait à lui écraser les doigts dans la pression de tenaille de son gros poignet musculeux. Elle, livide de douleur, s'efforçait en vain d'ôter sa main de cet étau qui la broyait (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1150). Il souffla, livide de fureur (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 320).
2. [En parlant d'une chose, d'une lumière] Grancey a abandonné la lumière et le midi pour les ciels livides, les terrains blêmes, les jours blafards (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 166). Le jour se levait, très pâle; et il semblait que cette lueur livide vînt de la neige elle-même (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 147). Le lac étendait une eau vivante, mais livide, d'un gris jaune et malade (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 366).
Rem. a) Livide fait partie des mots ,,qui évoquent moins une nuance déterminée qu'[ils] ne suscitent une impression complexe, où joue son rôle un élément moral, subjectif`` (MAT. Louis-Philippe 1951, p. 206). b) ,,Livide (...) désigne proprement une couleur intermédiaire entre le bleu et le noir, c'est la couleur de la chair meurtrie. (...) pour nous, un teint livide est un teint qui a perdu sa couleur, donc un teint d'une extrême paleur (...). Au contraire, pour l'antiquité et pour le moyen âge, l'absence de couleur (la pâleur) est foncée et même tire sur le noir`` (GOUG. Mots t. 1 1962, p. 113).
REM. 1. Lividement, adv. De manière livide (supra B). Les étages des maisons muettes s'ébauchaient lividement; tout en haut les cheminées blêmissaient. Le ciel avait cette charmante nuance indécise qui est peut-être le blanc et peut-être le bleu (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 418). 2. Lividifier, verbe trans., hapax. La bouche entr'ouverte, les lèvres pâlies, les yeux vides, le visage déjà lividifié par la mort (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 39).
Prononc. et Orth. : [livid]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 livite « qui est d'une couleur plombée, bleuâtre » (HENRI DE MONDEVILLE, Chirurgie, éd. A. Bos, 2087); 2. 1830 « qui est d'une pâleur terreuse provoquée par la maladie ou l'émotion » (BALZAC, Double fam., p. 285); 3. 1852 « (chose) pâle, blanchâtre » (GAUTIER, Émaux, p. 50 : plus pâle que le ciel livide). Empr. au lat. class. lividus « bleuâtre, noirâtre ». Fréq. abs. littér. : 955. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 986, b) 1 905; XXe s. : a) 2 049, b) 965.
livide [livid] adj.
ÉTYM. XIVe; livite, 1314; lat. lividus « bleuâtre, noirâtre ».
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1 Littér., sens étymologique. « Qui est de couleur plombée, bleuâtre et tirant sur le noir » (Académie), en parlant de la peau. || Taches livides dues au froid, à une contusion, à un trouble circulatoire (⇒ Livedo). || Lèvres livides. || Cadavre livide.
REM. La teinte livide est qualifiée de plombée, bleuâtre (Littré, Académie), verdâtre (Quillet), violacée (Garnier). Selon Matoré (Voc. sous Louis-Philippe, p. 206), livide fait partie des mots « qui évoquent moins une nuance déterminée qu'ils ne suscitent une impression… ».
1 Livide. C'est une épithète qu'on donne à la peau, lorsqu'elle est offensée par des coups orbes, ou corrompue par quelque cause interne. Un visage livide, de couleur plombée, est un signe d'indisposition. Les meurtrissures rendent la peau livide. Quand la chair veut se gangrener, elle paraît toute livide.
Furetière, Dict., art. Livide.
1.1 Il découvrit ensuite ses épaules, encore toutes livides des coups qu'il avait reçus et, en les montrant aux dames : Voyez, dit-il, et jugez si de pareilles blessures peuvent venir en songe ou en dormant. À mon égard, je puis vous assurer qu'elles ont été très-réelles (…)
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 21.
2 Ce ne sont plus que visages décomposés, livides, verts : les lèvres deviennent violettes, et les couleurs quittent les joues pour se réfugier sur le nez.
Th. Gautier, Voyage en Russie, V.
➪ tableau Désignations de couleurs.
♦ Par ext. || Une tache livide. → Fixement, cit. 2 (Nerval, Le point noir). — Ciel, nuage livide. ⇒ Plombé. || Jour livide, lumière livide tombant d'un ciel orageux.
3 Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Hugo, les Orientales, XXVIII, Les Djinns.
4 Il (Marat) vit toujours le monde du jour étroit, oblique de sa cave, par un soupirail, livide et sombre, comme ces murs humides, comme sa face, à lui, qui semblait en prendre les teintes.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, VIII.
5 Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Baudelaire, les Fleurs du mal, Tableaux parisiens, XCIII.
6 Buteau, par les mauvais temps, la regarda aussi, cette Beauce ouverte à ses pieds (…) Il y vit un violent orage, une nuée noire qui la plomba d'un reflet livide (…)
Zola, la Terre, III, I.
2 (1830; au XVIIIe dans le syntagme « pâle et livide »). Cour. D'une pâleur terne, terreuse. ⇒ Blafard, blême, hâve, pâle. || La jalousie (cit. 16, Voltaire), l'Envie… « au teint pâle et livide » (→ Crochu, cit. 3, Beaumarchais). || Pâleur livide (→ Enfler, cit. 27). — Livide de peur, d'émotion, de colère. ⇒ Blême. — || Caïn, « échevelé (cit. 2), livide au milieu des tempêtes » (Hugo).
7 Camusot était un homme d'environ trente ans, petit, déjà gras, blond, à chair molle, à teint livide comme celui de presque tous les magistrats qui vivent enfermés dans leurs cabinets ou leurs salles d'audience.
Balzac, le Cabinet des Antiques, Pl., t. IV, p. 417.
8 (…) jamais il n'avait vu une telle pâleur (…) Cet homme n'avait pas le teint de cierge des convalescences (…) ce n'était pas encore la chair poussiéreuse, tournée au gris (…) c'était le teint livide, exsangue des prisonniers au moyen âge, le teint (…) de l'homme interné jusqu'à sa mort (…) dans un noir in-pace, sans air.
Huysmans, Là-bas, III.
♦ (1852). Choses. Blanchâtre. || Une lueur livide; un jour blême et livide.
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DÉR. Lividement, lividité.
Encyclopédie Universelle. 2012.