perte [ pɛrt ] n. f.
• 1050; lat. pop. °perdita, fém. du p. p. de perdere « perdre »
I ♦
A ♦ Fait de perdre, de cesser d'avoir.
1 ♦ Fait de perdre une personne, d'en être séparé par l'éloignement ou par la mort; la privation, le vide qui en résulte. La plus violente douleur « est la perte d'un enfant pour une mère, et la perte de la mère pour un homme » (Maupassant). ⇒ 1. mort. « Richardson n'est plus. Quelle perte pour les lettres et pour l'humanité ! » (Diderot). — (Dans un faire-part) La famille X a la douleur de vous faire part de la perte cruelle qu'elle vient d'éprouver. ⇒ malheur. — Plur. Personnes tuées au cours d'une opération ou d'une guerre. Infliger des pertes sévères à l'ennemi. Ce pays a éprouvé des pertes civiles et militaires très élevées pendant la guerre (⇒ hémorragie, fig.) . « nos militaires confondent sous le même vocable de “pertes”, à la fois les morts et les blessés » (Lévi-Strauss).
♢ Iron. La voiture est partie à la casse, ce n'est pas une (grosse) perte.
♢ Loc. fam. Être mis à la porte avec perte et fracas.
2 ♦ Fait d'être privé d'une chose dont on avait la propriété ou la jouissance; fait de subir un dommage. ⇒ privation. Faire subir une perte à qqn. ⇒ préjudice. La perte d'un bien, d'un avantage. Perte d'un droit. ⇒ déchéance(dr.).
♢ Spécialt Fait de perdre de l'argent; la somme perdue. Essuyer une perte considérable (cf. Boire un bouillon; laisser des plumes). Des pertes appréciables en argent. ⇒ dégât, dommage. Subir de grosses pertes au jeu. — Comm. Excédent des dépenses sur les recettes. ⇒ déficit. — Comptab. Compte de pertes et profits : document comptable regroupant les résultats d'exploitation de l'exercice et d'opérations étrangères à l'activité courante de l'entreprise (remplacé par le compte de résultat). Loc. cour. Passer une chose par profits et pertes (ou par pertes et profits),la considérer comme perdue, en faire son deuil. — Perte sèche, qui n'est compensée par aucun bénéfice. — Vendre à perte, à un prix inférieur au prix d'achat ou de revient. ⇒ dumping. Entreprise qui travaille à perte.
3 ♦ Fait d'être privé d'une faculté pour une durée plus ou moins longue. Perte de connaissance. ⇒ évanouissement, syncope. Perte de mémoire. ⇒ amnésie.
4 ♦ Fait d'égarer, de perdre qqch. La perte de son stylo le contrarie. Déclaration de perte ou de vol.
5 ♦ Loc. adv. (1546) À PERTE DE VUE : si loin que la vue ne peut plus distinguer les objets. « des allées de colonnes qui se croisent et s'allongent à perte de vue » (Gautier). — Par métaph. Discourir, raisonner à perte de vue, interminablement.
6 ♦ Fait de laisser échapper ce qu'on pourrait saisir; ce qui est ainsi perdu, gaspillé. ⇒ coulage, gâchage, gaspillage. Perte dans la coupe d'une moquette. ⇒ déchet; aussi chute. « Mauvaise journée après une mauvaise nuit. Énervement, dépossession de moi-même. Perte de forces et de temps » (A. Gide). — Loc. adv. EN PURE PERTE : inutilement, sans aucun profit. « Le mot manqua son effet. Dea et Gwynplaine n'écoutaient pas [...] . Ursus était profond en pure perte » (Hugo). Agir en pure perte.
7 ♦ Quantité (d'énergie, de chaleur) qui se dissipe inutilement. Perte de lumière, de chaleur. ⇒ déperdition. Perte de charge : diminution de la pression d'un fluide qui s'écoule. Perte à la terre : fuite à la terre de courant électrique. Pertes par effet Joule : transformation irréversible d'énergie électrique en chaleur lors du passage d'un courant dans un circuit. — Perte de vitesse.
8 ♦ (1669) Plur. Pertes de sang ou pertes : écoulement menstruel exagéré. ⇒ métrorragie. — Pertes blanches : leucorrhée. — Pertes séminales : émission involontaire de sperme. ⇒ pollution.
B ♦ Fait de perdre (I, 9o), d'être vaincu. ⇒ insuccès. La perte d'une bataille (⇒ défaite) . « cette femme, ruinée par la perte de son procès » (Diderot).
II ♦ Fait de périr, de se perdre. Mort, ou par ext. Dommage grave, ruine. Courir à sa perte. Décider, jurer la perte de qqn. — Relig. La perte de l'âme. ⇒ damnation. — (Choses) L'anarchie cause la perte des États. ⇒ anéantissement, dépérissement, extinction, ruine. Des causes qui ont mis « le genre humain à deux doigts de sa perte » (Montesquieu). ⇒ 1. fin.
III ♦ Géol. Perte d'un cours d'eau : lieu où disparaît un cours d'eau, qui réapparaît plus loin. La perte du Rhône, près de Bellegarde.
⊗ CONTR. Accroissement, avantage, bénéfice, conquête, conservation, excédent, gain, profit.
● perte nom féminin (latin populaire perdita, du latin classique perdere, perdre) Fait d'être privé de quelque chose qu'on possédait : Perte d'un bien. Fait de disparaître, d'être détruit : La perte d'un avion. Fait de perdre de l'argent ; somme perdue : Le compte des profits et pertes. Fait d'être privé de quelque chose dont on jouissait, de subir un dommage dans son intégrité physique, morale : Perte de la vue. Fait de perdre quelqu'un, d'en être séparé, en particulier par la mort ; cette privation elle-même : La perte cruelle d'un enfant. Fait d'égarer quelque chose qu'on ne retrouve plus : La perte de ses gants. Fait de gâcher, de gaspiller ce qui pourrait être mieux employé : Perte de temps. Quantité gaspillée de chaleur, d'énergie, de matière : Ces fenêtres mal fermées causent des pertes de chaleur. Fait d'être vaincu à une lutte, un combat, etc. : La perte d'une bataille, d'un procès. Fait de subir un dommage grave, une ruine ou un discrédit total : Il a juré notre perte. ● perte (expressions) nom féminin (latin populaire perdita, du latin classique perdere, perdre) Aller, courir, marcher à sa perte, aller vers un échec, une catastrophe. À perte, en perdant de l'argent : Vendre à perte. À perte de vue, à une très grande distance : Plaine qui s'étend à perte de vue ; de façon interminable et inutile : Raisonner à perte de vue sur la politique. Familier. Avec perte(s) et fracas, avec éclat, scandale. C'est, ce n'est pas une (grande, grosse) perte, dont la disparition est douloureusement ressentie ou, au contraire, nullement regrettée. En pure perte, sans utilité, sans résultat. Perte de rivière, diminution ou disparition de l'écoulement subaérien d'une rivière par infiltration dans des roches poreuses, le plus souvent calcaires. Perte de charge, diminution de la pression d'un fluide circulant dans une tuyauterie. ● perte (synonymes) nom féminin (latin populaire perdita, du latin classique perdere, perdre) Fait d'être privé de quelque chose qu'on possédait
Synonymes :
Fait de disparaître, d'être détruit
Synonymes :
Fait de perdre de l'argent ; somme perdue
Contraires :
- bénéfice
- gain
Fait d'être privé de quelque chose dont on jouissait, de subir...
Synonymes :
Quantité gaspillée de chaleur, d'énergie, de matière
Synonymes :
- déperdition
Contraires :
- excédent
perte
n. f.
rI./r
d1./d Fait d'être privé de qqch que l'on avait, que l'on possédait. Perte d'un droit, d'un membre.
— Perte sèche, que rien ne vient compenser.
— Vendre une marchandise à perte, à un prix inférieur au prix d'achat ou de revient.
d3./d Fait d'avoir égaré, perdu. Perte d'un document.
d4./d Loc. à perte de vue: jusqu'au point extrême où porte la vue.
— Fig. Discourir à perte de vue, interminablement, vainement.
rII./r
d1./d Fait d'être privé par la mort de la présence d'une personne. éprouver une perte cruelle en la personne de...
d2./d Plur. (En parlant de personnes tuées dans une guerre, une catastrophe.) Ce régiment a subi de grosses pertes.
rIII/r
d1./d Ruine matérielle ou morale. Courir à sa perte.
d2./d Insuccès; issue malheureuse. Perte d'un procès.
d3./d Mauvais emploi; gaspillage. Perte de temps et d'argent. Syn. (Réunion) perdement.
|| En pure perte ou (Suisse) à pure perte: sans utilité, sans résultat. Se dépenser en pure perte.
rIV./r
d1./d AERON Avion en perte de vitesse, dont la vitesse n'est plus suffisante pour le soutenir dans l'air.
d2./d ELECTR Perte en ligne: perte d'énergie dans un conducteur, sous forme de chaleur.
|| Pertes blanches: leucorrhée.
d4./d PHYS Perte de charge: chute de pression dans un fluide en mouvement, due aux frottements (elle augmente quand le diamètre des conduites diminue).
⇒PERTE, subst. fém.
I. —[La perte est celle d'un être vivant]
A. —Fait de n'avoir plus quelqu'un auprès de soi (par suite de mort, d'absence, d'abandon). La perte d'un époux; faire part de la perte cruelle de...; éprouver la perte de. En quelques jours, s'accumulèrent toutes les ruines: perte d'un être cher, perte de toute fortune, de toute situation, de l'estime publique, abandon des amis. Écroulement total (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p.856):
• 1. On sait cependant que les animaux voisins de nous, les mammifères et les oiseaux, ont des regrets, et qu'ils manifestent par des signes évidens la tristesse que leur cause l'absence ou la perte d'une compagne, d'un ami ou d'un bienfaiteur, tout comme ils savent leur témoigner leur attachement par les caresses les plus vives, sans aucun besoin du moment.
CUVIER, Anat. comp., t.2, 1805, p.120.
♦Par dérision. Quelle perte pour l'humanité, pour le monde! On va terrer (guillotiner) Théodore! dit La Pouraille, un gentil garçon! Quelle main! Quel toupet! Quelle perte pour la société! (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p.541).
— Au plur., ART MILIT.
♦Effectifs d'une armée qui sont mis hors de combat. Subir de lourdes pertes:
• 2. Le maître d'hôtel n'eût pas pu imaginer que les communiqués n'étaient pas excellents et qu'on ne se rapprochait pas de Berlin, puisqu'il lisait: «Nous avons repoussé, avec de fortes pertes pour l'ennemi, etc.», actions qu'il célébrait comme de nouvelles victoires.
PROUST, Temps retr., 1922, p.750.
♦Pertes humaines. Total des combattants et des civils qui périssent au cours d'une guerre. La première [guerre mondiale] avait été remplie, au prix d'une dépense inouïe de souffrances et de pertes humaines. Staline, quand je le vis, achevait d'accomplir la seconde au milieu des tombes et des ruines (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p.61).
B. —Résultat désastreux, ruine. Courir à sa perte; faire la perte de; travailler à sa perte; causer la perte du genre humain. Je fus belle aussi, c'est ce qui causa ma perte (NERVAL, Faust, 1840, p.181):
• 3. Ainsi se termina obscurément à la hâte cette criminelle entreprise d'Espagne, première cause de la perte de Napoléon.
CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.480.
— RELIG. Fait de damner quelqu'un ou de contribuer à sa damnation:
• 4. C'est à vous, à vous seuls qu'il appartient de s'en saisir, pour assurer la conservation du sacré dépôt qui vous est confié. Les destinées de la foi, le salut ou la perte des générations futures sont entre vos mains: décidez.
LAMENNAIS ds L'Avenir, 1831, p.285.
II. —[La perte est celle d'une chose]
A. —1. Fait d'être privé momentanément ou définitivement, en partie ou totalement, d'une chose ou d'une qualité dont on avait la jouissance ou la possession.
a) [La perte affecte une personne ou plus gén. un être vivant]
♦Perte de cheveux, d'une jambe, d'un oeil; perte de peau, de plumes, de poils; perte de feuilles. Je ne puis décider si c'est à cette cause ou à un dérangement de santé qu'il faut attribuer la perte de l'embonpoint qu'elle avait quand je l'ai quittée en Italie (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p.223):
• 5. Il s'ensuit que le problème de la perte de sa virginité n'avait pas pris à ses yeux le caractère anxieux et presque tragique qu'il a pour beaucoup d'autres.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.267.
♦Perte de son âme, de conscience, de connaissance, de forces, de grâce; perte de la vie. Pendant plus d'une lieue, pendant près de deux heures encore, cette marche épuisante s'éternisa, au milieu des cahots, des glissements brusques, des pertes d'équilibre, dans lesquelles, à chaque instant, la bête et les deux hommes manquaient de s'effondrer (ZOLA, Débâcle, 1892, p.481).
♦Perte d'autorité; perte d'un droit, de la liberté. Sans parler de la perte de respectabilité pour un homme de mon âge (CLAUDEL, Protée, 1927, I, 5, p.373). La loi française stipule formellement que le mandat européen expire par la perte du mandat national, sans possibilité de prorogation provisoire (GINESTET, Ass. parlem. eur., 1959, p.83).
b) [La perte concerne un bien matériel] Perte d'un manuscrit, d'une maison; éprouver, subir une perte. Néanmoins celui qui a perdu ou auquel il a été volé une chose, peut la revendiquer pendant trois ans, à compter du jour de la perte ou du vol, contre celui dans les mains duquel il la trouve (Code civil, 1804, art. 2279, p.416).
— En partic.
♦Fait de perdre un territoire. Perte d'une colonie, d'une province. La perte de l'Alsace-Lorraine a contribué à l'abaissement de nos assemblées parlementaires (BARRÈS, Cahiers, t.7, 1909, p.265).
♦Fait de perdre une somme d'argent; somme perdue. Compenser une perte par un gain; à perte (travailler, vendre); en perte (être, se mettre). On répond que l'administration ne pourrait donner davantage sans se mettre en perte (PROUDHON, Propriété, 1840, p.237). Car, ce qui ne se fait guère, il l'avait mise au cent de gerbes, sous le prétexte qu'elle n'était plus forte, trop vieille déjà, usée, et qu'il serait en perte s'il lui donnait trente sous, comme aux femmes jeunes (ZOLA, Terre, 1887, p.243).
♦COMM. Synon. de déficit. Compte de profits et pertes. ,,Compte regroupant les résultats du compte d'exploitation générale et ceux d'autres opérations étrangères à l'activité courante de l'entreprise au cours de l'exercice`` (BERN.-COLLI Extr. 1976). Passer une créance au compte de pertes et profits. La considérer comme définitivement perdue. Au fig. Passer une chose au compte des, par profits et pertes. En faire son deuil:
• 6. Ils bouleversent les comptabilités valeurs et les comptabilités matières des petites et des grandes unités qui s'étaient accoutumées à passer l'homme par profits et pertes.
PERROUX, Écon. XXes., 1964, p.345.
Perte sèche. Perte que ne compense aucun autre bénéfice, aucune contrepartie. Mais la première idée de Dubuche fut déplorable: il inventa un four à briques et l'installa (...) d'après un plan si défectueux, que la tentative se solda par une perte sèche de deux cent mille francs (ZOLA, L'OEuvre, 1886, p.342).
♦JEUX. Fait de perdre; somme perdue. Se retirer sur sa perte. Abandonner le jeu après avoir perdu. À l'avant-dernière mise, il avait été sûr de gagner: même s'il devait perdre, il ne pouvait perdre aussi vite. Il avait tort de ne pas attacher d'importance à sa première perte; elle était certainement de mauvaise augure (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p.358).
c) [La perte affecte la matière même dont la chose est faite] Perte au feu. ,,Perte de métal due à l'oxydation (calamine) de celui-ci hors du chauffage ou au cours du forgeage`` (BOISSIER 1975).
2. Fait d'égarer quelque chose. Perte de documents, de l'original, de mes papiers, d'un trousseau de clefs:
• 7. ... malgré les nombreuses imperfections de cet ouvrage (dont, il faut en convenir, la traduction auroit pu être entreprise par une main plus exercée que la vôtre), malgré la perte et l'illisibilité de plusieurs chapitres, ce qui en reste sera favorablement reçu du public...
CRÈVECOEUR, Voyage, t.1, 1801, p.XI.
— DR. Fait d'égarer une chose mobilière. Perte de la chose due. ,,Destruction ou disparition de l'objet de l'obligation, qui entraîne suivant les cas, la responsabilité contractuelle du débiteur ou sa libération`` (CAP. 1936).
3. Fait de mal utiliser, de gaspiller quelque chose. La perte d'une occasion; perte de temps. Les coups malheureux la désolaient (...). Après deux ou trois tours de perte, elle (...) fit tourner le disque de bois (...) et elle joua (A. FRANCE, Servien, 1882, p.46). Les méthodes améliorées de conservation sont susceptibles de réduire les pertes, dans la préparation du foin (Qq. aspects équip. agric., 1951, p.13).
♦Agir en pure perte. Agir sans aucun profit, inutilement. Il resta très-soumis et aussi tendre qu'il lui fut possible auprès de sa belle-mère, espérant qu'elle lui ferait plus tard la part meilleure; mais ce fut en pure perte (SAND, Hist. vie, t.4, 1855, p.40).
4. Fait de s'échapper ou de se dissiper.
a) [En parlant de fluides] Fuite. Perte d'eau, de gaz. Sans doute l'atmosphère change, à mesure qu'elle se purifie par la perte d'une partie du carbone absorbé par les plantes (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p.179):
• 8. ... les individus qui ne consomment du fluide nerveux que pour la production du mouvement musculaire, réparent leurs pertes à cet égard avec abondance, et même avec profit pour l'accroissement de leurs forces...
LAMARCK, Philos. zool., t.2, 1809, p.246.
— HYDROL. Perte d'un cours d'eau. ,,Lieu et phénomène de disparition totale ou partielle d'un cours d'eau de surface permanent ou temporaire dans le sous-sol, en domaine karstique principalement, par infiltration ou par engouffrement`` (Hydrol. 1978). Je suis allé voir la perte du Rhône; rien de plus simple (...). Une tranche de rocher (...) aura glissé dans le fleuve (...) il coule au fond de son lit recouvert de gros blocs de rochers, et va reparaître à cent pas plus loin (STENDHAL, Mém. touriste, t.2, 1838, p.330).
— MÉD., au plur. Pertes de sang ou simplement pertes. Écoulement menstruel exagéré. Pertes blanches ou simplement pertes. Synon. de leucorrhée. Elle ne buvait que du blanc elle, à cause que le rouge donne des pertes (CÉLINE, Voyage, 1932, p.371). Pertes séminales. ,,Émission involontaire de sperme, le plus souvent nocturne`` (Pt Lar. Méd. 1976). D'autres fois il s'agit de prurits localisés et, à côté des causes générales, il existe également des causes locales: par exemple prurit vulvaire secondaire à des pertes génitales, à une vaginite (QUILLET Méd. 1965, p.313).
b) [En parlant d'énergie, de chaleur, etc.] Déperdition. Perte de chaleur, de lumière, de puissance. L'air comprimé a presque partout remplacé comme fluide sous pression, la vapeur plus sujette aux fuites et aux pertes de pression (GORGEU, Machines-outils, 1928, p.319). Au cours de cette évolution, la masse de l'étoile change —perte d'énergie par rayonnement, perte aussi de matière par éjections régulières ou irrégulières (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.575).
♦Pertes de charge. ,,Perte de pression d'un fluide circulant dans une canalisation`` (VAUGE 1980). L'écoulement en système Venturi crée des pertes de charge par ses tourbillons (CHARTROU, Pétroles natur. et artif., 1931, p.68).
♦Pertes diélectriques. ,,Énergie perdue en chaleur, dans un diélectrique qui est soumis à un champ électrique variable`` (SIZ. 1968).
♦Pertes en ligne. ,,Pertes d'énergie électrique entre le point de production et le point d'utilisation`` (Énergie 1979).
♦Pertes thermiques. ,,Déperdition d'énergie calorifique`` (VAUGE 1980).
— AVIAT. Perte de vitesse. Diminution de la vitesse de propulsion d'un appareil qui, lorsqu'elle est inférieure à la vitesse de sustentation, provoque un décrochage.
♦(loc. adj. fig.)Au fig.En perte de vitesse. En recul, en recul de progrès, en baisse de dynamisme. [Le banquier:] c'est pas le moment de vendre, les cours sont en perte de vitesse depuis quinze jours (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p.203).
[À propos de choses] Le cinéma français est-il en perte de vitesse? (Combat, 26 août 1954 ds GILB. 1971).
[À propos de pers. ou de collectivités] Le Chancelier dont le parti était en légère perte de vitesse, subit l'usure du pouvoir (Le Monde, 25 mai 1969 ds GILB. 1971).
5. Le fait de subir un échec. Perte d'une bataille, d'un pari. Un soir que j'étais chez elle, je lui dis que j'avais appris le matin la perte d'un procès important pour moi, et qui apportait dans mes affaires un changement considérable (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p.212).
B. —Fait de causer la ruine de quelque chose; anéantissement, ruine, naufrage. La perte d'un État; la perte d'un navire:
• 9. Cette absence de direction, l'Entente l'a payée par une prolongation du conflit de deux ans, la Russie l'a payée d'une révolution, le tsar, de son trône et de sa vie, la Roumanie, d'une invasion qui la mit à deux doigts de sa perte.
JOFFRE, Mém., t.2, 1931, p.309.
♦En perte. En état de perdition. Deux cotres en perte tâtent un passage... La tragédie est imminente; il faut pas en perdre une bouchée (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.141).
— Loc. adv. À perte de vue
♦Aussi loin que la vue s'exerce. Par derrière, à perte de vue, s'étendait une plaine verte, boisée, peuplée de villages et de villes, et noyée dans une fine vapeur bleue qui rendait charmant l'horizon (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Berthe, 1884, p.995).
♦Au fig. Sans fin. Discourir, philosopher, raisonner à perte de vue. En lisant les métaphysiciens modernes, vous aurez rencontré des raisonnemens à perte de vue sur l'importance des signes et sur les avantages d'une langue philosophique (comme ils disent) qui seroit créée à-priori, ou perfectionnée par des philosophes (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.120).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.I. Subst. A. 1. Ca 1050 «fait d'être privé de la présence, de l'affection d'un être cher» (Alexis, éd. Chr. Storey, 148); 2. 1176-81 «fait d'être privé d'un bien matériel que l'on possédait» (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 3097); en partic. a) 1465 «fait de perdre une certaine somme d'argent» (Pathelin, éd. K. T. Holbrook, 274: il y a ou plus parte ou plus gaigne); b) 1480 a perte de finance (Lettres de Louis XI, VIII, 120 ds BARTZSCH, p.119); 3. 1549 «fait de ne pas avoir l'avantage» la perte d'ung beau proces (EST.); 4. 1572 «fait d'être privé momentanément de l'usage d'une partie de soi-même» jusqu'à perte d'haleine (R. BELLEAU, Premiere journée de la Bergerie ds OEuvres poét., éd. Ch. Marty-Laveaux, t.I, p.302); 5. 1680 une perte de sang «métrorragie» (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, III, p.910); au plur. 1718 (Ac.). B. 1. a) Ca 1100 «ruine matérielle ou morale» (Roland, éd. J. Bédier, 2117); b) ca 1100 «action de faire périr quelqu'un; fait de périr» (ibid., 1691); d'où 1807 au plur. «ensemble des soldats mis hors de combat au cours d'un engagement, d'un conflit» (NAPOLÉON IER, Lettres Joséph., p.130: l'on dira beaucoup de bêtises sur la bataille d'Eylau; le bulletin dit tout: les pertes y sont plus exagérées qu'amoindries); 2. a) ca 1165 «disparition, destruction d'un bien matériel» (Troie, 17598 ds T.-L.); b) 2e moitié XIIIes. «fait de mal employer quelque chose» (De la fole et de la sage ds Nouv. Rec. fabliaux, éd. A. Jubinal, II, 72: tu uses tout ton tens et tout ton bien en perte). C. 1. 1768 géol. «lieu où disparaît un cours d'eau, qui réapparaît ensuite en resurgence après avoir effectué un trajet souterrain» (VALM.); 2. 1804 «déchet que subissent les denrées périssables; quantité ainsi perdue» (Code civil, art. 1771, p.322: la perte des fruits arrive après qu'ils sont séparés de la terre); 3. a) 1821 «partie d'un fluide ou fraction de l'énergie qui est perdue au cours de leur transport aux points d'utilisation» (Mém. Ac. des sc., t.V, 27); 1888 perte de charge (SER, Phys. industr., p.677); 1890 perte de chaleur (ID., ibid., p.237); b) 1922 «dans une opération industrielle, partie d'un produit qui ne se trouve pas après qu'il a été traité» (GUILLET, Métall. gén., p.148: la perte [...] provient de l'oxydation, de la scorification et surtout de la volatilisation des corps fondus); 4. 1892 perte de vitesse (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t.1, p.47). II. Loc. adv. 1606 à perte de vue «à une grande distance» (NICOT); d'où 1611 fig. «de façon interminable et inutile» (COTGR.). D'un lat. pop. perdita, part. passé fém. subst. de perdere (v. perdre) qui subsiste aussi dans l'ital. perdita, le cat. perda, l'esp. pérdida, le port. perda (v. FEW t.8, p.225b). Fréq. abs. littér.:3529. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 7509, b) 4302; XXes.: a) 3526, b) 4173. Bbg. QUEM. DDL t.8.
perte [pɛʀt] n. f.
ÉTYM. 1050; lat. vulg. perdita, fém. substantivé du p. p. de perdere « perdre ».
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I Fait de perdre (I., A.) qqn, qqch.; la personne ou la chose perdue; l'étendue du dommage subi ou de la peine éprouvée.
REM. Dans l'usage normal, perte ne correspond pas à tous les emplois transitifs et pron. de perdre; la nominalisation serait alors stylistique (la perte du poids, la perte de l'esprit, la perte de sens d'un mot, etc.), mais en général possible.
1 Fait de perdre (I., A., 2.) une personne, d'en être séparé, d'être privé de sa présence par l'éloignement ou, plus généralement, par la mort; sentiment ou effet de privation qui en résulte (pour l'entourage ou pour la société). → Enlever, cit. 32. || La perte d'une personne qui nous est chère. ⇒ Mort (→ Affliction, cit. 1). || « La perte d'un époux (cit. 2) ne va point sans soupirs » (La Fontaine). || Quelle perte pour la société que ce grand nombre d'hommes morts dès leur naissance. ⇒ Appauvrissement (→ Dépopulation, cit. 1). — (Dans un faire-part). || La famille X a la douleur de vous faire part de la perte cruelle qu'elle vient d'éprouver… ⇒ Malheur.
1 (…) sous prétexte de pleurer la perte d'une personne qui nous est chère, nous nous pleurons nous-mêmes; nous regrettons la bonne opinion qu'elle avait de nous; nous pleurons la diminution de notre bien, de notre plaisir, de notre considération.
La Rochefoucauld, Réflexions et maximes, 233.
2 La pauvre Mme de La Fayette ne sait plus que faire d'elle-même; la perte de M. de La Rochefoucauld fait un si terrible vide dans sa vie (…)
Mme de Sévigné, 795, 3 avr. 1680.
3 Richardson n'est plus. Quelle perte pour les lettres et pour l'humanité !
Diderot, Éloge de Richardson.
4 La plus violente douleur qu'on puisse éprouver, certes, est la perte d'un enfant pour une mère, et la perte de la mère pour un homme.
Maupassant, les Contes de la Bécasse, « Menuet ».
5 Non, jamais, depuis la mort de Jacques, jamais il n'avait si exactement mesuré l'irréparable de cette perte.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 80.
♦ (1824). Au plur. Effectifs qu'une armée ou une unité perd au cours d'une opération ou d'une guerre (tués, blessés, prisonniers, disparus ou malades); total des habitants d'un pays qui périssent au cours d'une guerre. || L'ennemi a été repoussé avec de lourdes pertes, avec des pertes sérieuses. || Infliger des pertes sévères à l'ennemi. — Ce pays a éprouvé des pertes civiles et militaires très élevées pendant la guerre (⇒ Hémorragie, fig.). — Par ext. || Pertes en vies humaines et en matériel.
6 On a fait ce calcul et établi cette proportion : Perte d'hommes : (…) À Waterloo, Français, cinquante-six pour cent; alliés, trente et un. Total pour Waterloo, quarante et un pour cent. Cent quarante-quatre mille combattants; soixante mille morts.
Hugo, les Misérables, II, I, XVI.
7 On ne conçoit même pas un chef de police qui ferait avancer à découvert, contre deux ou trois bandits bien armés, une troupe d'agents bien disciplinés, disant : « Les pertes n'importent point, pourvu que force reste à la loi. »
Alain, Propos, 12 juin 1921, Convulsions sans pensée.
7.1 (…) nos militaires confondant sous le même vocable de « pertes » à la fois les morts et les blessés.
Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 205.
♦ Vieilli et fig. ☑ Être repoussé avec perte : avoir le désavantage dans une discussion. — ☑ De nos jours et fam. Être mis à la porte avec perte et fracas (→ pop. Il y a de la casse).
2 Fait de perdre (I., A., 1.) partiellement ou en totalité, un avantage, un bien (matériel ou non); fait d'être privé d'une chose dont on avait auparavant la propriété ou la jouissance; fait de subir un dommage. ⇒ Privation. || La perte de qqch. (par qqn). || La perte de tous ses biens. — La perte d'une maison détruite par un incendie. ⇒ Sinistre. || D'admirables édifices dont la perte sera irréparable (→ Écrouler, cit. 1). || Manuscrits anciens défigurés par la perte de plusieurs fragments. ⇒ Mutilation. — (Compl. abstrait). || Perte de valeur (d'une chose). ⇒ Discrédit. || Perte de connaissance. ⇒ Évanouissement, syncope. || Perte des forces au cours d'une maladie. ⇒ Déperdition. ☑ Loc. (Vieilli). Courir à perte d'haleine. — Perte de l'honneur (→ Conflagration, cit. 3), de la liberté, de la vie. — Théol. || Perte de la grâce. ⇒ Amission. — Dr. || Perte d'un droit. ⇒ Déchéance.
8 Est-ce qu'ils sont si fermes qu'ils soient insensibles à tout ce qui les touche ? éprouvons-le dans la perte des biens ou de l'honneur (…)
Pascal, Pensées, III, 194 bis.
♦ Une perte : la perte d'un bien, d'un avantage. || Éprouver, souffrir une perte. || Faire subir une perte à quelqu'un. ⇒ Préjudice. || Un avantage personnel qui se solde par une perte pour la Patrie. ⇒ Mal (→ Nationaliste, cit. 3). || Les pertes de qqn : celles qu'il a subies.
♦ (Une, des pertes). Fait de perdre de l'argent, de subir une diminution de son avoir, d'éprouver un dommage dont l'étendue peut être évaluée en argent; la somme perdue, le montant du dommage; la diminution du profit escompté (→ Plaie d'argent n'est pas mortelle). || Essuyer une perte considérable (cf. Boire un bouillon; laisser des plumes). || Compenser une perte par un gain. — Des pertes appréciables en argent. ⇒ Dégât, dommage (cit. 3). || Le preneur du bail supportera la moitié de la perte (→ Croît, cit.). — La perte au change : ce qui est perdu par le fait du change des monnaies (→ Dépréciation, cit. 2).
♦ Comm., comptab. Excédent des dépenses sur les recettes; diminution de l'avoir qui résulte d'une différence entre le débit et le crédit d'un compte. ⇒ Déficit. — Compte de profits et pertes (ou de pertes et profits) : tableau donnant le résultat d'une entreprise en fin d'exercice à partir du résultat d'exploitation des pertes et des profits hors exploitation. — Passer une créance au compte de pertes et profits, la considérer comme perdue définitivement. — ☑ Fig. (Loc. cour.). Passer une chose au compte de profits et pertes, aux profits et pertes, la considérer comme perdue, en faire son deuil.
♦ Comm. || Perte sèche, qui n'est compensée par aucun bénéfice. — Cour. Perte sans contrepartie. || C'est une perte sèche pour nous.
♦ Vendre à perte : vendre à un prix inférieur au prix d'achat ou au prix de revient. ⇒ Mévendre (vx). || Cette entreprise travaille à perte. || Travailler à perte.
9 La catastrophe approchait (…) C'était le commencement des temps prédits, le blé au-dessous de seize francs, le blé vendu à perte, la faillite de la terre, que des causes sociales amenaient, plus fortes décidément que la volonté des hommes.
Zola, la Terre, V, IV.
10 Si tu as des Ports de Touapsé, tu ferais aussi bien de les vendre demain, dès l'ouverture, même à perte (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, II, IV.
♦ Fait de perdre; somme perdue. || Subir de grosses pertes au jeu. ⇒ Lessivage (vx), lessive. → Prendre une culotte. || Être en perte de mille francs. — Se retirer sur sa perte : quitter le jeu après avoir perdu.
11 Ce n'était pas qu'il jouât gros jeu, mais une déveine le poursuivait, si constante, si noire, que les petites pertes de chaque jour additionnées, arrivaient à se chiffrer par de grosses sommes.
Zola, la Bête humaine, IX.
3 Fait d'égarer, de perdre (I., A., 4.) quelque chose. || La perte d'un parapluie (par qqn). — Les voituriers sont responsables de la perte et des avaries (cit. 5) des choses qui leur sont confiées. — Dr. || Perte de la chose due : « destruction ou disparition de l'objet de l'obligation, qui entraîne, suivant les cas, la responsabilité contractuelle du débiteur ou sa libération » (Capitant).
4 Au sens I, A, 6 de perdre. ☑ (1606). À perte de vue : si loin, jusqu'à une distance telle que la vue ne peut plus distinguer les objets (→ Carte, cit. 21; fresque, cit. 6). || S'étendre à perte de vue. || C'étaient des forêts et des forêts, à perte de vue (→ Manteau, cit. 11). — Par métaphore (→ Échafauder, cit. 4). — Discourir, raisonner à perte de vue, interminablement. — ☑ Rare. À perte d'ouïe : si loin qu'on ne peut plus entendre.
12 Après la messe, M. Venture reçut des compliments à perte de vue des chanoines et des musiciens, auxquels il répondait en polissonnant, mais toujours avec beaucoup de grâce.
Rousseau, les Confessions, III.
13 (…) de quelque côté que vous vous tourniez, votre œil s'égare à travers des allées de colonnes qui se croisent et s'allongent à perte de vue, comme une végétation de marbre spontanément jaillie du sol (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 238.
5 Fait de perdre (I., A., 8.), de gaspiller quelque chose, de laisser échapper ce qu'on pourrait saisir; ce qui est ainsi perdu, gaspillé. ⇒ Coulage, gâchage, gaspillage. || « Il y aura de la perte dans la coupe de cet habit, dans la taille de ce bois, de cette pierre, de ce marbre » (Littré). ⇒ Déchet. — Perte de temps. || La perte d'une occasion.
14 Le mâle coquet se joue de la femelle; la femelle coquette se joue du mâle : jeu perfide qui amène quelquefois les catastrophes les plus funestes; manège ridicule, dont le trompeur et le trompé sont également châtiés, par la perte des instants les plus précieux de leur vie.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, IV.
15 Mauvaise journée après une mauvaise nuit. Énervement, dépossession de moi-même. Perte de forces et de temps.
Gide, Journal, 2 mai 1907.
♦ ☑ En pure perte, ou, (vx), à pure perte : inutilement, sans aucun profit, sans compensation. || Tout ce génie dépensé au théâtre en pure perte (→ Fixer, cit. 5). || Agir en pure perte.
16 Le mot manqua son effet. Dea et Gwynplaine n'écoutaient pas (…) Ursus était profond en pure perte.
Hugo, l'Homme qui rit, II, II, VII.
♦ (En parlant d'un fluide). Ce qui s'échappe, ce qui se perd. || Perte d'eau, de gaz dans une conduite en mauvais état. ⇒ Fuite. — REM. Cet emploi correspond à perdre I., B., 2. (intr.). → ci-dessous III.
♦ (En parlant de l'énergie, de la chaleur, etc.). Quantité qui se dissipe inutilement. ⇒ Déperdition. || Perte de lumière, de chaleur. || Perte de puissance dans une machine par transformation d'énergie cinétique en chaleur. || Perte de charge : diminution de la pression d'un fluide qui s'écoule. Spécialt. || Perte de charge dans une tuyauterie : baisse de pression qui résulte du frottement du fluide contre les parois, des inégalités du diamètre des tuyaux, etc. — Perte d'électricité, par défaut d'isolement des conducteurs. || Perte en ligne; perte au sol ou à la terre. — ☑ Perte de vitesse.
♦ Au plur. (Physiol.). Diminution de poids, élimination ou destruction de substance causée soit par l'activité physiologique normale, ou par un accident. || Réparer les pertes causées par les évaporations vitales (→ Goût, cit. 1).
♦ (1669). Méd. || Pertes de sang, ou, absolt, pertes : écoulement menstruel excessif (→ Métrorrhagie). — Pertes blanches. ⇒ Leucorrhée. — Pertes séminales : émissions de sperme intervenant hors de l'activité érotique volontaire (acte sexuel, masturbation, etc.).
6 Fait d'être vaincu, de perdre (I., A., 9.) (une bataille, un procès, etc.). ⇒ Insuccès. || La perte d'une bataille. ⇒ Défaite (→ Chanter, cit. 22). || La perte d'un pari.
17 Elle avait appris que cette femme, ruinée par la perte de son procès, en avait été réduite à tenir tripot.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 605.
18 Quelle quantité de faute y a-t-il de la part de Napoléon dans la perte de cette bataille ?
Hugo, les Misérables, II, I, III.
———
II Fait de périr, de se perdre, de disparaître; fait de perdre (II.) qqn, qqch.
♦ Vx, littér. (sauf dans quelques expr.). En parlant d'une personne. Mort, ou, par ext., dommage grave, ruine,… || Courir à sa perte. || Travailler à sa perte (→ Insolent, cit. 7). || Cette imprudence causera sa perte. ⇒ Perdre (II., 1.). → Coûter la vie. || Décider, jurer (→ Différer, cit. 2), résoudre (→ Ici, cit. 23) la perte de quelqu'un. || Ces causes qui ont mis le genre humain à deux doigts de sa perte (→ 1. Bien, cit. 98).
19 (…) et cette chère tête,
Pour qui l'art d'Esculape en vain fit ce qu'il put,
Dut sa perte à ces soins qu'on prit pour son salut.
La Fontaine, Fables, VIII, 16.
♦ Ruine. || Le mont-de-piété est la perte de l'emprunteur (cit. 2).
20 Connaître ce qui lui était caché, c'est la griserie, l'honneur et la perte de l'homme.
♦ Relig. || La perte de l'âme. ⇒ Damnation. — Votre perte éternelle est assurée (→ Fortune, cit. 38).
♦ (Choses). ⇒ Anéantissement, décadence, dégénérescence, dégradation, dépérissement, extinction, naufrage (fig.), ruine. || L'anarchie cause la perte des États. — Perte d'un navire. ⇒ Naufrage, perdition.
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III Par métonymie. Géol. || Perte d'un cours d'eau : lieu où disparaît, où se perd un cours d'eau qui réapparaît ensuite en formant une résurgence, après avoir effectué un trajet souterrain.
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CONTR. Accroissement, aubaine, avantage, bénéfice, butin, conquête, conservation, croît, détention, excédent, gain, profit.
Encyclopédie Universelle. 2012.