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POURPRE
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POURPRE

Colorant sécrété par les pourpres, ou Murex , mollusques gastéropodes marins. Les propriétés du murex étaient connues depuis la moitié du \POURPRE IIe millénaire à Ugarit, mais surtout à partir du Ier millénaire sur les côtes de Phénicie, où Tyr et Sidon eurent rapidement le monopole de la teinture des tissus. Ces villes ne furent pas seulement des étapes de la route de la soie pour les nécessités du transit vers le monde occidental, mais aussi parce que la soie pouvait y être teinte.

Pour extraire le colorant, les Anciens cassaient la coquille des murex et laissaient macérer les mollusques dans des bassins. La teinture ainsi obtenue pouvait varier du rose au violet en passant par le cramoisi au moyen de différents procédés, parmi lesquels le séchage des tissus au soleil. On a retrouvé des monceaux de coquilles auprès des anciennes teintureries de Tyr et de Sidon, ainsi qu’à Athènes et Pompéi. Les bassins de l’ancienne ville carthaginoise de Kerkouane (D r al-Saf 稜) sont encore rouges de teinture.

En raison de l’inaltérabilité de la peinture et du fait des difficultés de la récolte de l’animal, les étoffes pourprées étaient coûteuses et très estimées. Elles étaient réservées aux vêtements des nobles, des rois, des prêtres et des magistrats. D’autre part, la couleur pourpre, comparable à celle du sang, symbole de vie, devint un signe de puissance temporelle et spirituelle. Ainsi, à Rome, sous la République, les commandants en chef des armées étaient revêtus du paludamentum , manteau de couleur pourpre; la toge, signe de la citoyenneté romaine, était bordée d’une bande de pourpre: quant à celle des triomphateurs, elle était entièrement pourpre et brodée d’or; la tunique que portaient les sénateurs sous leur toge était tissée d’une large raie de pourpre, et appelée pour cette raison «laticlave»; celle des chevaliers comportait une raie plus étroite, et était dite «angusticlave». Sous l’Empire, le paludamentum fut porté exclusivement par l’empereur, le seul personnage à régner sans partage. Aujourd’hui encore, dans l’Église catholique romaine, la dignité de la pourpre est réservée aux cardinaux.

De nos jours, il est facile d’obtenir par synthèse le dibromo-indigo, constituant de cette teinture.

pourpre [ purpr ] n. et adj.
porpre n. f. XIIe; purpre adj. 1170 ; purpure « vêtement » Xe; lat. purpura, gr. porphura porphyre
I N. f.
1(1538) Matière colorante d'un rouge vif, extraite d'un mollusque ( murex) et utilisée par les Phéniciens, les Grecs et les Romains.
2(XVe) Hist. ou littér. Étoffe teinte de pourpre (chez les Anciens), d'un rouge vif, symbole de richesse ou d'une haute dignité sociale. « la pourpre tyrienne deux fois teinte, d'un éclat merveilleux » (Fénelon). Manteau de pourpre. La tunique romaine à bande de pourpre.
Dignité de consul, à Rome. « sans doute, Clovis reçut la pourpre consulaire : en fut-il moins roi des Francs ? » (Larbaud). Dignité souveraine. La pourpre royale. Être né dans la pourpre. porphyrogénète. La pourpre romaine, cardinalice, et absolt la pourpre : la dignité de cardinal. « nous concevons les répugnances de Sa Sainteté à couvrir ce mendiant de la pourpre romaine » (Vigny).
3(XVIIIe) Littér. Couleur rouge vif. « I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles » (Rimbaud). Rougissement. « Une pourpre de honte, un éclair de colère enflammait ses yeux ou ses joues » (Hugo).
II N. m.
1(XIVe) Cour. Couleur rouge foncé, tirant sur le violet (aussi amarante) . « Par endroits, on distinguait des foyers plus intenses, des gerbes d'un pourpre vif » (Zola).
Anat. Pourpre rétinien : pigment photosensible porté par les bâtonnets de la rétine, association d'une protéine ( opsine) et d'un pigment rouge ( rétinal) . ⇒ rhodopsine. Décomposé par la lumière, le pourpre rétinien est régénéré à l'obscurité.
Blas. Couleur rouge, représentée en héraldique par des traits en diagonale, montant de gauche à droite.
2Mollusque gastéropode prosobranche (monotocardes), dont la coquille ovoïde porte un siphon très court. Le pourpre sécrète un liquide violacé qui devient rouge foncé (pourpre) à l'air.
III Adj. Cour. D'une couleur rouge foncé. Velours pourpre. Roses pourpres. Son visage devint pourpre. s'empourprer. « Édouard était pourpre; on eût dit que la joie lui sortait par tous les pores du visage » (Duhamel). Hêtre pourpre, à feuillage rougeâtre.

Pourpre dignité cardinalice (par allusion à la soutane rouge des cardinaux).

pourpre
n. et adj.
aA./a n.
rI./r n. f.
d1./d Matière colorante d'un rouge foncé que les Anciens tiraient notam. d'un mollusque méditerranéen, du genre Murex.
d2./d étoffe teinte avec cette matière qui était, chez les Anciens, la marque d'une dignité, d'un rang social élevé. Toge, manteau de pourpre.
|| Fig. Dignité impériale. Revêtir la pourpre.
|| La pourpre cardinalice, ou, absol., la pourpre: la dignité de cardinal.
d3./d Fig. et litt. Couleur rouge. La pourpre du sang.
rII./r n. m.
d1./d Rouge foncé tirant sur le violet.
|| Litt. Rougeur. Le pourpre de la colère.
d2./d PHYSIOL Pourpre rétinien: pigment photosensible des bâtonnets rétiniens, qui permet la vision nocturne.
d3./d Mollusque gastéropode (genre Thais) vivant sur les côtes rocheuses.
aB./a adj. De couleur pourpre. Des étoffes pourpres.

I.
⇒POURPRE1, subst. fém.
A.— Substance colorante d'un rouge vif et soutenu, à l'origine tirée d'un coquillage, le murex. C'est sur-tout parmi les animaux sans vertèbres qu'on en observe [des excrétions colorantes]; on doit principalement ranger dans ce nombre, l'encre des Seiches, et la pourpre de beaucoup de Gastéropodes (CUVIER, Anat. comp., t. 5, 1805, p. 262). Elle avait dans les cheveux une grande plume d'autruche teinte de pourpre et sur les épaules une écharpe de tulle du même rouge (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 583) :
On a perfectionné les moyens de produire, on a obtenu sans plus de frais des produits supérieurs, et par conséquent une plus grande dose d'utilité, lorsqu'on a remplacé la teinture du pastel par l'indigo, le miel par le sucre, la pourpre par la cochenille.
SAY, Écon. pol., 1832, p. 325.
B.— P. méton.
1. Étoffe, vêtement teint avec de la pourpre; p. ext., étoffe, vêtement de couleur rouge éclatant. Le grand dais de pourpre s'enfonça entre les deux pylônes. Il reparut au premier étage. Salammbô marchait dessous (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 159). Des bœufs caparaçonnés de pourpre (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 110).
2. Vêtement de souverain; p. méton., dignité souveraine symbolisée par ce vêtement. C'était votre aïeul, Celui qui vient de choir de la pourpre au linceul (HUGO, Hernani, 1830, I, 3, p. 25). Élever les haillons de l'indigent au-dessus de la pourpre impériale (LAMENNAIS ds L'Avenir, 1831, p. 344). Allons! Qu'on me passe ma couronne! Qu'on relève ma pourpre qui traîne! (...) qu'on porte devant moi cette coupe, pour voir comme un roi court après (GIDE, Saül, 1903, I, 1, p. 248).
En partic.
a) ANTIQ. ROMAINE. Pourpre consulaire. Vêtement et dignité de consul; p. méton., vêtement aux couleurs du consul. Quand je vis Délia pour la première fois, Elle avait sur le Tibre un cortège de rois (...), Et ses rameurs portaient la pourpre consulaire! (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 88). Sans doute, Clovis reçut la pourpre consulaire; en fut-il moins roi des Francs? (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p. 124).
b) RELIG. CATH. Pourpre romaine ou, absol., pourpre. Vêtement et dignité de cardinal. Le clergé séculier vient après ces solitaires; quelquefois des prélats revêtus de la pourpre romaine, prolongent encore la chaîne religieuse (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 308). Il briguerait la mitre, la pourpre et la tiare; il accomplirait l'œuvre même de Moïse imposant la loi divine par les sciences de l'initiation (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 391).
c) Au fig., littér. Pouvoir, puissance, richesse. Ceux qui sont nés dans un berceau de pourpre et qui n'ont jamais rien désiré, dit Emmanuel, ne savent pas ce que c'est que le bonheur de vivre (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 729). Ce pays qu'on nommait l'Ifrikiya (...) était alors gouverné, au nom de l'Empereur de Byzance, par Patrice Grégoire; mais le Patrice s'était rendu à peu près indépendant; il avait pris la pourpre et battait lui-même monnaie (THARAUD, Mille et un jours Islam, I, 1935, p. 140).
3. Littéraire
a) Rouge éclatant. Son rêve de quelque machine colossale, avec ses roues, ses leviers, ses balanciers, entrevue dans la pourpre sombre du charbon flambant sous la chaudière (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 730). Au fond d'un verger, quelques cerisiers, touchés par les gelées précoces, semblaient revêtus d'un rouge éclatant, pourpre somptueuse qui détonnait dans la nudité des campagnes (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 19).
En partic. Rougeur du visage à la suite d'une vive émotion. Son soulier lascif agaçant le désir Mêle avec le refus ou l'offre du plaisir La pourpre de la honte au sourire crédule (DIERX, Lèvres closes, 1867, p. 135). Je n'aurais jamais cru qu'une pourpre aussi subite et aussi intense pût monter au visage d'un homme (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 183).
Rem. Dans cette accept., pourpre est fém. ou masc. (v. pourpre2 B).
b) Rare, p. méton. Sang. Le vase où les anges recueillirent la pourpre et l'eau jaillissant de la plaie du Sauveur (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 97).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du Xe s. purpure « riche vêtement d'un rouge foncé » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 245); b) ) ca 1150 pourpre « étoffe d'un rouge foncé » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4220); ) 1647 la pourpre des Roys, la pourpre des Cardinaux (VAUG., p. 58); 2. 1538 « matière colorante d'un rouge foncé extraite du murex » (EST., s.v. murex); 3. 1756 « couleur rouge vif » (VOLTAIRE, Zadig, éd. G. Ascoli, J. Fabre, t. 1, p. 62, 48 : ses joues animées de la plus belle pourpre). Du lat. purpura « pourprier; couleur, vêtement d'un rouge foncé; ornement de pourpre, insigne des hautes magistratures ou de la royauté », du gr., v. porphyre.
DÉR. 1. Pourprer, verbe trans., rare, littér. Colorer de rouge. Avec son hardi carmin, Quelle main A pourpré pour les féeries Tes lèvres, ces fruits brûlants, Plus sanglants Que des grenades fleuries? (BANVILLE, Stalact., 1846, p. 293). Vous aviez fui, vive et charmée, par les taillis, en plein soleil; un flot de sang jeune et vermeil pourprait votre joue animée (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1874, p. 303). Empl. pronom. Se teindre de rouge. (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975). [], (il) pourpre []. 1res attest. a) XVe s. [ms.] trans. « teindre en pourpre » (Consolacion de Boece, Ars. 2670, fol. 23 r° ds GDF. Compl.), b) av. 1872 pronom. « devenir pourpre » (Th. GAUTIER d'apr. Lar. Lang. fr.); de pourpre1, dés. -er. 2. Pourprin, -ine, adj. et subst. masc. a) Adj. Synon. vieilli de purpurin. (Ds LITTRÉ, ROB., Hachette 1980). b) Subst. masc. ,,Couleur pourpre de certaines fleurs`` (LITTRÉ). Le pourprin de la grande sauge (GUÉRIN 1892). [], fém. [-in]. 1res attest. a) adj. 1121-34 « de couleur pourpre » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 2224 ds T.-L.), b) subst. masc. fin du XIIe-déb. du XIIIe s. « couleur pourpre » (Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, 404, p. 170); de pourpre1, suff. -in.
BBG. — KRISTOL (A. M.). Color. Berne, 1978, pp. 156-158.
II.
⇒POURPRE2, subst. masc.
A.— ZOOL. Mollusque marin de la famille des Gastéropodes, très carnassier, dont le manteau sécrète un liquide devenant rouge à l'air. Les coquilles n'étaient pas moins rares : nous ne trouvâmes sur le sable, que des détrimens de moules (...), de limaçons et de pourpres (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 22). Pourpre (...) La coquille de cette espèce très commune est courte, ovale, aiguë, striée verticalement (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 422).
B.— Couleur rouge foncé intense, tirant sur le violet, proche du cramoisi. Il s'étranglait, râlait, passait au pourpre, ses yeux qui restaient ouverts devenaient sombres et éclatants à la fois (VIALAR, Morts viv., 1947, p. 377). Un lierre d'été, presque noir, et une vigne-vierge qui tourne au pourpre se disputent la façade de la maison de Tiercé (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 99) :
L'insecte ailé [le papillon] brilloit des plus vives couleurs;
L'azur, le pourpre et l'or éclatoient sur ses ailes;
Jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs
Prenant et quittant les plus belles.
FLORIAN, Fables, 1792, p. 93.
En partic. Rougeur du visage à la suite d'une vive émotion. Le pourpre de la colère. Le pourpre monta au visage de la baronne, et la pâleur envahit celui de Villefort (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 120). Un pourpre d'orgueil incendia la face monstrueusement inepte du légionnaire (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 6e tabl., 2, p. 240). V. pourpre1 B 3 a.
C.— 1. ANAT. Pourpre rétinien. Pigment rougeâtre des bâtonnets de la rétine qui intervient dans le mécanisme photochimique de la vision. Synon. rhodopsine (s.v. rhodo-). La décomposition du pourpre rétinien des bâtonnets par la lumière ainsi que sa reconstitution à l'obscurité a pu être démontrée expérimentalement (CAMEFORT, GAMA, Sc. nat., 1960, p. 248).
2. CHIMIE
a) Pourpre de Cassius. Mélange d'acide stannique et d'or colloïdal, utilisé pour la décoration de la porcelaine et la teinture du verre. Il est bon de prévenir ici que ce précipité est tout-à-fait différent du pourpre de Cassius, puisqu'il n'est que de l'or métallique (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 505). Le chlorure stanneux donne un produit (...) connu sous le nom de pourpre de Cassius (LEBEAU, COURTOIS, Pharm. chim., t. 1, 1929, p. 383).
b) Pourpre d'indigo. Indigo sulfoné. Ainsi, des équivalents égaux d'acide et d'indigo s'appellent pourpre d'indigo (Manuel du fabricant de couleurs, t. 2, 1884, p. 320).
3. HÉRALD. Couleur rouge foncé du blason. Pourpre. Un des émaux du blason, de couleur tirant sur le violet, mélange de gueules et d'azur, représenté par des diagonales dans le sens de la barre (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 764).
4. PATHOL., vieilli. Toute maladie caractérisée par une éruption de boutons, de plaques rouges sur la peau (rubéole, rougeole, scarlatine, variole, etc.). Synon. purpura. Une langue qu'ils croyaient celle d'Hippocrate et qui n'est qu'un jargon d'officine. Les vieux noms des maladies, tels que pourpre, grenouillette (...), écrouelles (...), clou (...) furent chassés (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 36).
Prononc. et Orth. V. pourpre1. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1265 genre indéterminé « couleur rouge foncé qui tire sur le violet » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 93, 14 : ciel de coulor de porpre); 1530 pourpre masc. (PALSGR., p. 259b); b) 1606 hérald. (NICOT); c) 1881 pourpre rétinien (H. BEAUNIS, Nouv. élém. de physiol. hum., Paris, J.-B. Baillière, t. 2, p. 1144); 2. 1563 zool. (PALISSY, Recepte veritable ds Œuvres complètes, éd. A. France, p. 149). Même mot que pourpre1.
III.
⇒POURPRE3, adj.
De couleur rouge foncé intense. Après l'enfant bleu des années précédentes, voici, cette fois, l'enfant rouge, un enfant prétentieusement posé dans un vêtement écarlate, sur un fond pourpre. — Rouge sur rouge, tel est l'exercice (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 159). On voit deux fleurs à la boutonnière du mécanicien, des œillets ou des boutons de roses pourpres, qui se penchent l'une vers l'autre comme des lèvres (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 66). En mélangeant du violet et du rouge, j'obtiens un ton pourpre, sans équivalent dans le spectre, qui fait la transition entre les deux (H. DUMAS, Phys. coul., 1930, p. 5).
Hêtre pourpre.
[P. méton., à propos du visage d'une pers.] César baissait la tête, n'écoutait point la fin de ce discours, il était pourpre. Le mot cruel :Auriez-vous le courage? avait réveillé en lui le chevalier français (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 153). Je te dis que ma mère n'a pas d'amoureux! cria Pierre, pourpre de colère et de honte (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 262).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. Ca 1170 purpre « de couleur rouge foncé » (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, p. 87, 475). Empl. adj. de pourpre1.
STAT. — Pourpre1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. :1 616. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 372, b) 3 437; XXe s. : a) 2 551, b) 1 471.

pourpre [puʀpʀ] n. f. et m., et adj.
ÉTYM. Fin XIIe; porpre, n. f., XIIe; purpure « vêtement », v. 980; purpre, adj., 1170; du lat. purpura, empr. au grec porphura. → Porphyre.
———
I N. f.
A
1 (1538). Matière colorante d'un rouge vif et soutenu, extraite d'un mollusque ( Murex, pourprier) et utilisée par les Phéniciens, les Grecs et les Romains. || La pourpre est un dérivé de l'indigo.
0.1 Celui-ci (un navire) venait de Syrie, chargé d'esclaves, de pourpre en balles et de pépites.
Gide, le Voyage d'Urien, in Romans, Pl., p. 16.
2 (XVe; « vêtement », au moyen âge). Didact. (hist.) ou littér. Étoffe teinte de pourpre (chez les Anciens), étoffe ou vêtement d'un rouge vif symbole de richesse ou d'une haute dignité sociale. || La pourpre tyrienne (→ Agrafe, cit. 1). || Manteau de pourpre. || Vêtu de pourpre (→ 1. Maille, cit. 8). || Lambeaux de pourpre (→ 1. Bure, cit. 1). || Un lit de pourpre (→ Étendre, cit. 11). || « Le linceul de pourpre où dorment les dieux (cit. 18) morts » (Renan).La tunique des sénateurs romains était bordée d'une bande de pourpre. Laticlave (cit. 3).
1 On y voit de tous les côtés le fin lin d'Égypte et la pourpre tyrienne deux fois teinte, d'un éclat merveilleux; cette double teinture est si vive, que le temps ne peut l'effacer (…)
Fénelon, Télémaque, III.
2 Il se rencontrait pour lui des fêtes magnifiques pompeusement célébrées au coucher du soleil, quand l'astre versait ses couleurs rouges sur les flots comme un manteau de pourpre.
Balzac, l'Enfant maudit, Pl., t. IX, p. 702.
tableau Noms et types de tissus.
Par métaphore. Dignité de consul (et de certains magistrats), à Rome.
3 Oh ! pourquoi l'Empire n'avait-il pas su mieux assimiler les Barbares ? Pourquoi tous ces petits royaumes ? Sans doute, Clovis reçut la pourpre consulaire; en fut-il moins roi des Francs ?
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XIV.
3 a Dignité souveraine. Souveraineté. || La pourpre royale (→ Lambeau, cit. 9). || La pourpre de César (→ Arlequin, cit. 4). || Être né dans la pourpre (porphyrogénète), être assis dans la pourpre.
b (1647). || La pourpre romaine, cardinalice, et, absolt, la pourpre : la dignité de cardinal (→ Désinvolte, cit. 3). || Aspirer à la pourpre (→ Conjungo, cit. 1).
4 — Il n'est pas nécessaire, lui dit-il, de persécuter plus longtemps Urbain VIII en faveur de ce capucin, que vous voyez là-bas; c'est bien assez que Sa Majesté ait daigné le nommer au cardinalat; nous concevons les répugnances de Sa Sainteté à couvrir ce mendiant de la pourpre romaine.
A. de Vigny, Cinq-Mars, VII.
4 Par métonymie (littér. et rare). Manteau de pourpre. (Au fig.). || « La pensée est la pourpre de l'âme » (→ Haillon, cit. 7, Hugo).
5 La guerre est une pourpre où le meurtre se drape (…)
Hugo, les Châtiments, VII, II, I.
B (V. 1130). Littér. ou techn. (peint.). Couleur rouge vif. Rouge. || La pourpre de la cornaline (cit. 1). || Les pourpres d'un tableau. || La pourpre de ses lèvres (→ Inévitable, cit. 10). || L'or et la pourpre de l'automne (→ 1. Goutte cit. 24).(XVIIIe). Rougeur (du visage). || Une pourpre de honte enflammait ses joues (→ Dédaigneux, cit. 4).
6 L'or des genêts et la pourpre des bruyères frappaient mes yeux d'un luxe qui touchait mon cœur (…)
Rousseau, 3e lettre à Malesherbes.
7 (…) on venait de la saigner de nouveau… Elle regardait en souriant une larme de pourpre sur son bras aussi blanc que du marbre.
A. de Musset, Contes et Nouvelles, « Frédéric et Bernerette », IX.
8 I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles (…)
Rimbaud, Poésies, XLII.
Couleur de pourpre (→ Brasier, cit. 1; 1. lever, cit. 32; meurtre, cit. 7).
tableau Désignations de couleurs.
———
II N. m.
1 (V. 1360; purpre, XIIIe). Cour. Couleur rouge foncé, tirant sur le violet ( aussi Amarante). || Des gerbes d'un pourpre vif (→ 1. Feu, cit. 35).Littér. || Un pourpre d'orgueil (→ Inepte, cit. 7). || Le pourpre de la colère.
(1606). Blason. Couleur rouge, représentée en héraldique par des traits montant en diagonale de gauche à droite. || Le pourpre et le sinople.
tableau Termes de blason.
(1765). Techn. || Pourpre de Cassius ou pourpre minéral : pigment rouge, mélange d'or colloïdal et d'acide stannique.
2 (1890). Anat. || Pourpre rétinien : pigment photosensible porté par les bâtonnets de la rétine, association d'une protéine (opsine) et d'un pigment rouge (rétinène). Syn. : rhodopsine. || Décomposé par la lumière blanche, le pourpre rétinien est régénéré à l'obscurité.
3 (V. 1560). Vx. Maladie (petite vérole…) caractérisée par des éruptions rouges.(1765). Purpura.
tableau Principales maladies et affections.
4 (XVIe; porpre, déb. XVe). Zool. Mollusque gastéropode prosobranche (Monotocardes), dont la coquille ovoïde porte un siphon très court. (On l'appelle communément faux bigorneau). → Coquillage, cit. 1. || Le pourpre sécrète un liquide violacé qui devient pourpre à l'air.
———
III Adj. (XIIe). De couleur de pourpre. Pourpré, pourprin (vx). || Velours pourpre (→ Housse, cit. 1). || Cistes (1. Ciste, cit.) pourpres et blancs. || Plume jaune et pourpre (→ Calumet, cit. 3)… || Son visage devint pourpre. Empourprer (s').Spécialt. || Hêtres pourpres, à feuillage rouge sombre (→ Parc, cit. 9).
9 Édouard était pourpre; on eût dit que la joie lui sortait par tous les pores du visage sous les espèces sensibles d'une rosée chaude.
G. Duhamel, Salavin, III, XIII.
DÉR. Pourpré, pourprer, pourpreuse, pourprier, pourprin.

Encyclopédie Universelle. 2012.