roi [ rwa ] n. m.
1 ♦ Chef d'État (homme) de certains pays (⇒ royaume) accédant au pouvoir souverain à vie par voie héréditaire (⇒ dynastie) ou, plus rarement, élective. ⇒ monarque, prince, souverain; empereur. Titre donné aux rois. ⇒ majesté, sire. Le bon roi Dagobert. Le roi Henri IV. Couronne et sceptre des rois. Devenir roi : monter sur le trône (⇒ avènement) . Le roi est mort, vive le roi !, vive son successeur. Le roi, la reine et le dauphin. Roi de droit divin. Roi constitutionnel. « Le Roi, cette vieille religion, ce mystique personnage, mêlé des deux caractères du prêtre et du magistrat, avec un reflet de Dieu ! » (Michelet). « Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes » (P. Corneille). Camelot du roi. Conseil, armées du roi. La cour du roi. La maison du roi. — Les rois fainéants. Le Roi-Soleil : Louis XIV. Le Roi Très-Chrétien : le roi de France. Le Roi Catholique, d'Espagne. Le roi des rois : le roi des Perses. Le roi des Juifs : Jésus. — « Œdipe roi », pièce de Sophocle.
♢ Spécialt Les (trois) Rois : les trois Mages (ou Rois mages) de l'Évangile. Fête des Rois. ⇒ épiphanie. La galette des Rois. Tirer les rois : se réunir pour manger la galette des rois.
♢ Loc. Heureux comme un roi, très heureux. Morceau de roi : chose superbe, excellente, exquise. La cour du roi Pétaud. Le roi n'est pas son cousin. Être plus royaliste que le roi. — (XVIIIe) Travailler pour le roi de Prusse, pour un profit nul. Fam. Là où le roi va seul : aux toilettes. — PROV. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.
♢ Appos. Bleu roi : bleu très vif, outremer. Des uniformes bleu roi.
2 ♦ Fig. Homme qui règne quelque part, dans un domaine. Un roi du ring : un grand boxeur. « Lorsqu'on dit des hommes qu'ils sont “les rois de la création”, il faut entendre le mot au sens le plus fort » (Sartre). — « Le vert colibri, le roi des collines » (Leconte de Lisle).
♢ Spécialt (1876; trad. de l'angl. amér. king) Magnat qui s'est assuré la maîtrise (d'un secteur économique). Les rois du pétrole. « Le milliardaire, le roi du cuivre ou de la viande en conserve » (Daniel-Rops).
3 ♦ Chef, représentant éminent (d'un groupe ou d'une espèce). Le roi des animaux : le lion. — Fam. Le plus grand. Hugo « a toujours été le roi des malins » (Péguy). C'est le roi des imbéciles, le roi des cons. Absolt C'est vraiment le roi !
4 ♦ (v. 1175) La pièce la plus importante du jeu d'échecs, qu'il s'agit de mettre échec et mat. Échec au roi.
♢ (1571) Carte figurant un roi. Roi de carreau. Le roi et la dame.
● roi nom masculin (latin rex, regis, de regere, diriger) Personne qui, en vertu de l'élection ou de l'hérédité, exerce, d'ordinaire à vie, le pouvoir souverain. Personne qui détient la maîtrise d'un certain secteur d'activité économique : Un roi du pétrole. Personne qui a la prééminence dans une certaine action : Le roi de la fête. Chacune des quatre figures d'un jeu de cartes qui représentent des rois. Aux échecs, pièce principale, dont la prise décide du gain de la partie. Nom donné, sous l'Ancien Régime, aux chefs de certaines institutions (roi de la basoche) ou à des officiers ayant juridiction sur certains groupes de personnes (roi des ribauds). ● roi (citations) nom masculin (latin rex, regis, de regere, diriger) François Andrieux Strasbourg 1759-Paris 1833 Hélas ! Est-ce une loi sur notre pauvre terre Que toujours deux voisins auront entre eux la guerre ; Que la soif d'envahir et d'étendre ses droits Tourmentera toujours les meuniers et les rois ? Le Meunier sans souci François Andrieux Strasbourg 1759-Paris 1833 Les rois malaisément souffrent qu'on leur résiste. Le Meunier sans souci Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Les rois aiment plus qu'on ne le croit la contradiction. Le Bal de Sceaux Jean-Baptiste de Beauvais Cherbourg 1731-Paris 1790 Le silence des peuples est la leçon des rois. Oraison funèbre de Louis XV Pierre Jean de Béranger Paris 1780-Paris 1857 Il était un roi d'Yvetot Peu connu dans l'histoire ; Se levant tard, se couchant tôt, Dormant fort bien sans gloire, Et couronné par Jeanneton D'un simple bonnet de coton, Dit-on Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah ! Quel bon petit roi c'était là ! La, la. Chansons Jacques Bénigne Bossuet Dijon 1627-Paris 1704 Considérez, Messieurs, ces grandes puissances que nous regardons de si bas ; pendant que nous tremblons sous leur main, Dieu les frappe pour nous avertir. Oraison funèbre d'Henriette-Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans Jacques Bénigne Bossuet Dijon 1627-Paris 1704 Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l'indépendance, est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et terribles leçons. Oraison funèbre d'Henriette Marie de France, reine de la Grande-Bretagne Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Je ne sais quel homme disait : « Je voudrais voir le dernier des Rois étranglé avec le boyau du dernier des Prêtres. » Caractères et anecdotes Diderot peut-être Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes : Ils peuvent se tromper comme les autres hommes. Le Cid, I, 3, le comte Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Mais le trône soutient la majesté des rois Au-dessus des mépris, comme au-dessus des lois. Médée, II, 3, Créon Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Je ne veux point de rois qui sachent obéir. Nicomède, III, 2, Laodice Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Et ses mains ourdiraient les entrailles du prêtre, À défaut d'un cordon, pour étrangler les rois. Poésies diverses Commentaire Diderot interprète ici le testament du curé Meslier. La Harpe, dans son Cours de littérature ancienne et moderne (troisième partie, livre IV, chapitre III), donne de ces deux vers une version différente, qu'il attribue également à Diderot : « […] Et des boyaux du dernier prêtre / Serrons le cou du dernier roi. » Le texte de Chamfort semble plus proche de cette seconde version que de la première. Robert Garnier La Ferté-Bernard 1545 ?-Le Mans 1590 La clémence est l'honneur d'un prince débonnaire. Porcie Eugénie de Guérin château du Cayla, près d'Albi, 1805-château du Cayla, près d'Albi, 1848 Les rois peuvent voir tomber leurs palais, les fourmis auront toujours leur demeure. Lettre, à la baronne Almaury de Maistre Philippe Habert Paris vers1605-château d'Émery, près de Valenciennes, 1637 Académie française, 1634 Les trônes et les Rois sont rongés par les vers […]. Le Temple de la mort Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Un roi c'est de la guerre, un dieu c'est de la nuit. La Légende des siècles, le Satyre Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Le sage dit, selon les gens : Vive le roi, vive la ligue ! Fables, la Chauve-souris et les Deux Belettes Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Alléguer l'impossible aux rois, c'est un abus. Fables, le Lion, le Loup et le Renard Félicité de La Mennais Saint-Malo 1782-Paris 1854 Ce sont les peuples qui font les rois et les rois sont faits pour les peuples et les peuples ne sont pas faits pour les rois. Paroles d'un croyant Louis XIV, roi de France Saint-Germain-en-Laye 1638-Versailles 1715 La fonction de roi consiste principalement à laisser agir le bon sens, qui agit toujours naturellement et sans peine. Mémoires André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Être roi est idiot ; ce qui compte c'est de faire un royaume. La Voie royale Grasset Jean-Baptiste Massillon Hyères 1663-Beauregard-l'Évêque, Puy-de-Dôme, 1742 Académie française, 1719 Tout ce qui fait la grandeur des rois sur la terre en fait aussi le danger. Oraisons funèbres, Louis le Grand Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Le plus âpre et difficile métier du monde, à mon gré, c'est faire dignement le roi. Essais, III, 7 Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 Un roi n'est pas dans la nature ; il n'est que dans la civilisation. Il n'en est point de nu ; il n'en saurait être que d'habillé. Cité par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Qu'on laisse un roi tout seul, sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans l'esprit, sans compagnie, penser à lui tout à loisir ; et l'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misères. Pensées, 142 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 […] Ô mon souverain Roi ! Me voici donc tremblante et seule devant toi. Esther, I, 4, Esther Mathurin Régnier Chartres 1573-Rouen 1613 Les fous sont aux echets les plus proches des rois. Satires, XIV au jeu d'échecs Pierre de Ronsard château de la Possonnière, Couture-sur-Loir, 1524-prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585 Un roi sans la vertu porte le sceptre en vain. Discours, Institution pour l'adolescence du roi très chrétien, Charles neuvième du nom François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Le premier qui fut roi fut un soldat heureux ; Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux. Mérope, I, 3, Polyphonte Commentaire Ce dernier vers est repris presque textuellement par Voltaire de sa propre tragédie Ériphyle, 1732 (II, 1, Alcméon). Jean-Baptiste Colbert Reims 1619-Paris 1683 Pour le roi, souvent ; pour la patrie, toujours. Pro rege saepe, pro patria semper. Commentaire Devise de Colbert. Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Toutes les fois que les rois font des sottises, ce sont les Grecs qui pâtissent. Quidquid delirant reges, plectuntur Achioi. Épîtres, I, II, 14 Plaute, en latin Maccius (ou Maccus) Plautus Sarsina, Ombrie, vers 254-Rome 184 avant J.-C. À chaque reine plaît son roi. Suus rex reginae placet. Les Deux Sœurs, 133 Commentaire Chacun son goût. Bible Maintenant, ô rois, apprenez ; instruisez-vous, juges de la terre. Ancien Testament, Psaumes II, 10 Commentaire Traduction de Bossuet (épigraphe de l'oraison funèbre d' Henriette-Marie de France, reine d'Angleterre) Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Anonyme De par le Roi, défense à Dieu De faire miracle en ce lieu. Commentaire Par ordre du roi Louis XV, le 27 janvier 1732, on fit fermer le cimetière de l'église Saint-Médard à Paris, où avait été enterré un diacre janséniste, Pâris. Bientôt, la rumeur s'étant répandue que des miracles s'étaient produits sur la tombe de ce dernier, le cimetière fut envahi et des scènes d'exaltation collective y eurent lieu, qui motivèrent la fermeture du cimetière. Le lendemain un inconnu écrivit cette épigramme sur la porte du cimetière. Anonyme Le roi est mort, vive le roi ! Commentaire Ce vieux cri de la monarchie signifiait que la royauté ne meurt jamais en France. À peine le roi avait-il rendu le dernier soupir qu'un héraut apparaissait au balcon du palais et criait par trois fois devant le peuple assemblé : « Le roi est mort, vive le roi ! » On l'entendit pour la dernière fois en France aux obsèques de Louis XVIII, le 24 octobre 1824. Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau Le Bignon, aujourd'hui Le Bignon-Mirabeau, Loiret, 1749-Paris 1791 Le silence des peuples est la leçon des rois. Commentaire Prononcée en 1774 par Mgr de Beauvais évêque de Senez, dans son oraison funèbre de Louis XV, la phrase fut reprise par Mirabeau, le 15 juillet 1789, au moment de l'arrivée de Louis XVI à l'Assemblée constituante. Comme des applaudissements s'élevaient, il s'écria : « Attendez que le roi nous ait fait connaître ses bonnes dispositions. Qu'un morne respect soit le premier accueil fait au monarque dans ce moment de douleur. Le silence des peuples est la leçon des rois. » Louis XII, roi de France Blois 1462-Paris 1515 Il ne serait pas décent et à honneur à un roi de France de venger les querelles d'un duc d'Orléans. Commentaire Le duc d'Orléans, devenu Louis XII à la mort de Charles VIII (1498), adressa ces paroles, rassurantes pour ses anciens adversaires, à une délégation de la ville d'Orléans. Louis XVIII, roi de France Versailles 1755-Paris 1824 L'exactitude est la politesse des rois. Cité par le banquier Laffitte dans ses Souvenirs Adolphe Thiers Marseille 1797-Saint-Germain-en-Laye 1877 Le roi règne et ne gouverne pas. Commentaire Si la maxime n'a pas été rédigée sous cette forme par Thiers lui-même, elle traduit avec exactitude la doctrine politique qu'il professait dès avant 1830. Luís Vaz de Camões Lisbonne 1524 ?-Lisbonne 1580 Un roi faible affaiblit le peuple le plus fort. Um fraco rei faz fraca a forte gente. Les Lusiades, III, 138 Alessandro Manzoni Milan 1785-Milan 1873 Les peuples apprennent plus d'une défaite que les rois de la victoire. I popoli imparano più da una sconfitta, che non i re dal trionfo. Lettre à Charles-Albert William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Un pêcheur amorce sa ligne avec le ver qui s'est nourri d'un roi, puis mange le poisson qui s'est nourri du ver. A man may fish with the worm that hath eat of a King, and eat of the fish that hath fed of that worm. Hamlet, IV, 3, Hamlet William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Un roi soupire-t-il, c'est tout un peuple aussitôt qui gémit. Never alone Did the King sigh, but with a general groan. Hamlet, III, 3, Rosencrantz ● roi (difficultés) nom masculin (latin rex, regis, de regere, diriger) Orthographe Avec ou sans majuscule selon l'emploi. 1. Toujours avec une majuscule. Pour parler des Rois mages de l'Évangile : la fête des Rois, la galette des Rois. Dans les surnoms : le Roi-Soleil (= Louis XIV), les Rois Catholiques (Isabelle de Castille et Ferdinand II d'Aragon). Dans certains titres : le Grand Roi (= le roi des Perses), le Roi Très Chrétien (= le roi de France), le Roi des rois (= le souverain d'Éthiopie), le Roi Catholique (= le roi d'Espagne). 2. Jamais de majuscule quand il ne s'agit ni d'un surnom ni d'un titre particulier : le roi d'Espagne, le roi des Belges. ● roi (expressions) nom masculin (latin rex, regis, de regere, diriger) Le roi (des), personne qui, dans un domaine quelconque, a une prééminence incontestée : Le roi des imbéciles ; chose qui est la meilleure, la plus réputée dans une catégorie : Quel est le roi des fromages ? Fête, jour des Rois, fête qui a lieu à l'Épiphanie et au cours de laquelle on partage une galette dans laquelle le pâtissier a placé une fève. (On tire les rois.) Le Grand Roi, le roi des Perses, chez les auteurs grecs. Plaisir de roi, plaisir très vif. Le roi des animaux, le lion. Les Rois Catholiques, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille. Le roi n'est pas son cousin, il témoigne d'une prétention extrême. Roi des rois, titre des rois des Parthes et des rois des Perses. Roi des Romains, titre que portait dans le Saint Empire romain germanique l'empereur avant son couronnement par le pape, puis à partir de 1508 le successeur désigné de l'empereur régnant. Le Roi-Sergent, surnom du roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier. Roi Très Chrétien, titre officiel du roi de France aux XVIIe et XVIIIe s. ● roi (synonymes) nom masculin (latin rex, regis, de regere, diriger) Personne qui, en vertu de l'élection ou de l'hérédité, exerce...
Synonymes :
- empereur
- monarque
- potentat
- prince
roi
n. m.
d1./d Chef d'état qui exerce, généralement à vie, le pouvoir souverain, en vertu d'un droit héréditaire ou, plus rarement, électif. Roi absolu. Roi constitutionnel. Le roi des Belges. Le roi du Maroc.
— HIST Le Roi des rois: le roi des Perses; le souverain d'éthiopie.
|| Loc. être heureux comme un roi, très heureux.
— Un morceau de roi: un mets délicieux.
— Travailler pour le roi de Prusse, sans profit.
|| Les Rois mages: V. mage. La fête des Rois: l'épiphanie.
|| (En appos.) Bleu roi, très vif, outremer.
d2./d Celui qui est le premier de son espèce; celui qui règne, domine. Le roi des animaux: le lion.
|| Celui qui s'est assuré la prépondérance dans un secteur industriel. Le roi de l'étain, du pétrole.
d3./d Principale pièce du jeu d'échecs, qui peut se mouvoir d'une case à la fois dans tous les sens. échec au roi.
|| Chacune des quatre cartes figurant un roi, dans un jeu.
⇒ROI, subst. masc.
I. A. — 1. Homme qui règne (politiquement). Roi absolu, légitime; jeune, pauvre, vieux roi; le feu roi; le roi David; le roi d'Angleterre; S.M. l'empereur et roi; sacre d'un roi; le métier de roi; faire déposer un roi. Nous partîmes, le président et moi, pour aller saluer le roi et la reine des Belges (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 478). Le roi n'est plus roi de France, mais, comme en 1791, « roi des Français » (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 77).
♦ Roi constitutionnel. Roi exerçant le pouvoir dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle. Nous avons comme vous savez un roi constitutionnel qui tient beaucoup à l'appui des bayonnettes (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Reeve], 1846, p. 96).
— En appos. Le prophète roi (...) le nomme [le tonnerre], avec beaucoup d'élégance orientale, le cri de la nue (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 382).
— En compos. L'homme-roi est envoyé de Dieu pour le bien de l'État (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 336). L'enfant-roi mourut au Temple, le 20 prairial (8 juin) (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 442). Vice-roi.
2. HISTOIRE
a) [Accompagné d'un adj. ou d'un compl. déterminatif, désigne un ou des rois précis; l'usage des majuscules est variable]
— [En France] Les rois fainéants. V. fainéant. Le Roi Très(-)Chrétien. V. chrétien I A hist.
♦ Les rois chevelus. Les rois mérovingiens. L'étymologie des mots cour, ville (...) donne raison à M. Renan, en nous révélant le mode d'existence des rois chevelus (A. FRANCE, Vie littér., 1888, p. 296).
♦ Le Roi(-)Soleil, le grand roi. Louis XIV. Jusque sous le grand Roi, les poètes à perruques avaient leur franc-parler. Molière n'épargnait rien. La Fontaine raillait tout (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 525). L'étonnante lumière que les Mémoires [de Saint-Simon] nous ouvrent sur la mentalité d'un grand seigneur à la cour du Roi Soleil (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p. 25).
♦ Le roi bourgeois, le roi(-)citoyen. Louis-Philippe. Il racontait l'histoire des bas de laine, dans lesquels le roi citoyen cachait ses gros sous (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 661). Lorsque le roi bourgeois n'était encore que le duc d'Orléans (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 17). V. citoyen ex. 14.
♦ Le roi de Rome. [Titre donné par Napoléon Ier à son fils] Napoléon II, l'Aiglon. J'ai vu aussi le roi de Rome enfant dans les bras de sa nourrice (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 172).
— [À l'étranger]
♦ Le roi des rois. Agammemnon. [Iphigénie] répand des bienfaits autour d'elle, en fille du roi des rois (STAËL, Allemagne, t. 2, 1810, p. 50).
♦ Le grand roi, le roi des rois. Le roi des Perses. Principem dat deus formoit tout le droit politique de la Perse (...). Cependant l'autorité du grand Roi n'étoit pas aussi absolue que celle des sultans de Constantinople de nos jours (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 323). Ce n'est pas notre propos d'examiner si c'est bien l'image variée du Roi des Rois qui apparaît sur les dariques perses (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 358).
♦ Le roi catholique. Le roi d'Espagne. La plus grande puissance de l'Espagne, (...) c'était sa flotte. Le roi catholique, qui avait les meilleurs hommes de guerre de l'Europe, avait aussi les meilleurs hommes de mer (HUGO, Rhin, 1842, p. 431).
♦ Les rois catholiques. [Titre donné par le pape après la prise de Grenade] Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille. Le fils de Jeanne La Folle et de Philippe Le Beau, héritier des rois catholiques par sa mère et du saint-empire par son père (A. DE BROGLIE, Diplom. et dr. nouv., 1868, p. 252).
♦ Roi des Romains. Dans le Saint Empire, empereur élu mais non couronné par le pape; celui qui est choisi par les électeurs pour succéder à l'empereur, du vivant même de celui-ci. [Le duc de Thuringe] se laissa élire roi des Romains à la diète de Francfort en 1246, et fut sacré l'année suivante (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 328).
b) En compos. Roi-prophète. David ou Salomon. Les autres [des Religieux] répétoient, dans un éternel cantique, ou les soupirs de Job, ou les plaintes de Jérémie, ou les pénitences du roi-prophète (CHATEAUBR., Œuvres compl., t. 14, Lettre [à M. de Fontanes], Paris, Ladvocat, 1827, p. 298). La haute stature du Roi-prophète, de l'époux du Cantique des Cantiques (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 401).
c) JUD. Livre(s) des Rois. Partie de l'Ancien Testament comprenant deux livres (I et II Rois) dans le texte hébreu, racontant l'histoire d'Israël et de ses rois, de Salomon à la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor; partie de l'Ancien Testament comprenant quatre livres dans la version des Septante et dans celle de la Vulgate, c'est-à-dire deux livres de Samuel (I et II Rois) et deux livres des Rois (III et IV Rois équivalant aux I et II Rois du texte hébreu) racontant l'histoire d'Israël depuis la fin de la période des Juges jusqu'à la destruction de Jérusalem. Les allusions de la Bible à l'usage de sceller sont très nombreuses (Genèse, Exode, Livre des Rois, Jérémie) (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 397). Pendant les travaux, la Bible n'est plus ouverte à l'Évangile de saint Jean, mais aux livres des Rois (I, 6) ou des Chroniques (II, 2, 3) (NAUDON, Fr.-maçonn., 1963, p. 97).
— Au sing. [Précédé d'un ordinal] Les navires du roi Salomon avaient pareillement ramené du pays d'Ophir des singes et des paons, ainsi qu'il est dit au troisième Livre des Rois (X. 22) (A. FRANCE, Puits ste Claire, 1895, p. 121).
— Rois. [Abrév. utilisée pour ces livres] La biblique Eçyon-Gèber, (...) la ville que Salomon avait choisie comme (...) point de départ des expéditions maritimes vers Ophir (voir I Rois IX 26) (Philos., Relig., 1957, p. 42-1).
a) COUTUMES et RELIG. [Souvent écrit avec majuscule]
) Les Rois mages. V. mage1 A.
♦ Sous la forme les Rois, les trois Rois. L'étoile éclairait mon chemin Qui mena les trois Rois au Berceau surhumain (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 96):
• 1. Les Pères de l'Église s'accordent avec la tradition qui en a fait [des Mages] trois rois. (...) le peuple, en sa naïve curiosité, s'inquiétait non seulement de la venue des Rois, mais de leur départ.
DÉVIGNE, Légend. de Fr., 1942, p. 99.
— Fête, jour des Rois et, p. ell., les Rois. Fête commémorant l'adoration de l'Enfant-Jésus par les mages à Bethléem (le 6 janvier ou le deuxième dimanche après Noël dans la liturgie catholique) et donnant lieu à la coutume profane de tirer les rois. Synon. relig. Épiphanie. Le jour des Rois étant arrivé, l'envie d'amuser Sara me fit offrir une collation pour tirer le gâteau (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 19). Cette année-là, aux rois, il neigeait depuis une semaine (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mlle Perle, 1886, p. 632). V. infra II A 2 a ex. de Dévigne.
— Galette, gâteau des Rois.
— Faire les Rois (vieilli), tirer les Rois. Se réunir pour une fête qui consiste à partager la galette des Rois contenant la fève qui rend roi ou reine celui ou celle qui la trouve. [M. Rouault] s'était cassé la jambe, la veille au soir, en revenant de faire les Rois, chez un voisin (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 13). Au jour de l'Épiphanie, Mme Bavretel conviait les amis d'Armand à venir « tirer les rois » (GIDE, Si le grain, 1924, p. 474).
— Vx. Chandelle des Rois. Grosse chandelle cannelée que les marchands de chandelles offraient à leurs clients le jour des Rois. (Dict. XIXe s.).
) ASTRON. [P. allus. aux trois rois mages] Les Trois Rois. Synon. de baudrier d'Orion. Au sud-est d'Orion, sur la ligne des Trois Rois, resplendit la plus magnifique de toutes les étoiles, Sirius (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 723).
b) HIST. Roi d'Yvetot. Titre que porta jusqu'au XVIe s. le seigneur de la terre d'Yvetot qui était à l'origine un franc-alleu. Il me contait, ce matin-là, l'histoire du petit roi d'Yvetot, d'après la chanson (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 388).
4. Loc., expr., proverbes
a) Roi de, en + subst. Roi de carreau. Roi faible, sans autorité ou dont le pouvoir est limité. (Dict. XIXe s.). Roi de carton. Synon. de roi de carreau. V. carton A 2 ex. de Sorel. Roi de théâtre. Personnage incarnant un roi au théâtre. Le duc barbu et immobile (...) semblait comme un roi de théâtre sur son estrade (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 156). P. anal., péj. Souverain faible, sans autorité ou dont le pouvoir est limité. (Dict. XIXe s., Lar. Lang. fr.). Roi en peinture. Synon. de roi de carreau. V. peinture II B 2 a ex. de Hugo.
b) La cour du roi Pétaud. V. cour2 I A p. anal.
c) Vieilli. ,,C'était du temps du roi Guillemot. C'était dans l'ancien temps`` (Ac. 1835, 1878).
d) Fam. [P. allus. aux mercenaires du roi de Prusse qui étaient mal payés ainsi qu'à la défaite des Français à Rossbach, en 1757, face à la Prusse] Travailler pour le roi de Prusse. Se donner du mal pour un maigre profit, pour rien:
• 2. Voici de longues années déjà que je travaille pour un roi que nous n'aimons guère, le roi de Prusse (...) quelques lignes de vous pourraient me donner (...) un coup d'épaule salubre.
VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1880, p. 277.
— [Avec un verbe autre que travailler ou avec un subst.] Personne ne paraît encore (...). Ce sera comme hier! nous aurons attendu pour le roi de Prusse (SUE, Myst. Paris, t. 7, 1843, p. 3). Ce sont des frais très lourds, des correspondances qui n'en finissent pas... des dérangements pour le roi de Prusse (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 286).
e) L'exactitude est la politesse des rois. V. exactitude ex. 2.
5. [Constr. partic., loc. faisant allus. aux caractéristiques — autorité, majesté, distinction, richesse, libéralité, etc. — qu'on prête aux rois]
a) Empl. adj. Qui a les ou des caractéristiques propres à un roi. Le roi, dans le régime féodal, était le suzerain des suzerains, (...) [il] se montrait vraiment roi (GUIZOT, Hist. civilis., leçon 9, 1828, p. 28). Louis XVI, n'étant plus assez roi, fut déplacé par une République plus roi (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1244).
b) De roi
— [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Qui a certaines caractéristiques propres à un roi, aux objets qui lui appartiennent; qui est digne d'un roi. Plaisir de roi. On lui donne [à O'Relly] carte blanche. On lui accorde cinq mille hommes, un pouvoir de roi; et il part (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 129). Voici une édition nouvelle [des Contes de Perrault] (...); elle est unique, elle est monumentale; ce sont des étrennes de roi (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 297).
♦ Morceau de roi. Mets délicieux. La soupe au lait de notre gouvernante était un vrai régal, « un morceau de roi », pour employer ses propres expressions (FABRE, Xavière, 1890, p. 15). P. anal. Dans le dossier ultra secret, à vrai dire, il n'y a qu'un morceau qui compte, un morceau de roi: les lettres de l'Empereur Guillaume (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 282). En partic. [En parlant d'une femme] V. morceau I C p. anal.
♦ Choix de/du roi. Fait pour un couple d'avoir pour premiers enfants un garçon et une fille. Deux enfants sont nés déjà, garçon et fille: un choix de roi (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 29). Souhait de roi (vx). Désir que les deux premiers enfants d'un couple soient un garçon et une fille; p. méton., ce désir réalisé. (Ds REY-CHANTR. Expr. 1979).
— [P. réf. à l'émail des armes des rois de France] Loc. adj. inv. (Couleur) bleu(-)de(-)roi et, p. ell., bleu(-)roi. Bleu très vif. L'uniforme gris-de-fer de cette dernière compagnie différait de celui des sept autres, couleur bleu-de-roi avec retroussis à l'hermine (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 396). Les pompiers, en uniforme bleu roi, boutons dorés, képis galonnés de rouge (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 126). V. lumière A 1 b ex. de T'Serstevens.
♦ Empl. subst. masc. Soudain j'avais voulu avoir un élément préféré: le feu; une couleur, le bleu de roi; un parfum, le lilas blanc (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p. 137). [Le saphir] du Cachemire, devenu très rare, est d'un bleu-roi velouté (METTA, Pierres préc., 1960, p. 74).
c) En roi. À la manière d'un roi; avec magnificence, avec majesté. Vivre en roi. L'inépuisable trésor du soleil et de l'ombre qu'il remuait en roi, à pleines mains (FAURE, Hist. art, 1921, p. 44).
d) [Dans une compar. indiquant un summum] Séjour délicieux! réduit enchanté! murmura-t-il comme se parlant à lui-même. Tapis d'Aubusson, damas de Gênes, porcelaines de Saxe (...) Monsieur le marquis, vous êtes ici comme un roi (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 225). Heureux comme un roi. Très heureux, heureux au plus haut point. Costals, à Gênes, entre son travail et ses aventures féminines, était heureux comme un roi (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1373).
B. — Empl. abs.
1. [Désigne le roi qui règne ici et maintenant, dans un cont. donné] On a été fort étonné, mardi soir dans Paris, d'apprendre que le roi a fait retirer la loi sur la presse (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 439).
SYNT. Ambassadeur du roi; fils, fille, frère du roi; chambre, palais du roi; conseil, édit, service, armées du roi; volonté du roi; au nom du roi; de par le roi; auprès du roi; écrire, parler au roi; présenter qqn, qqc. au roi; remettre qqc. au roi; vive le roi!
2. [Dans des syntagmes, des loc. et des expr., roi désignant le roi du moment ou le roi en tant que représentant permanent de la royauté dans sa continuité; l'usage de la majuscule varie]
— [Le subst. déterminé désigne une pers.] Avocat du roi. V. avocat1 III hist. Camelot du roi. Lieutenant de/du roi. V. lieutenant B 3 a. Procureur du roi. V. procureur A 2.
♦ Commissaire du roi. Personne choisie pour remplir par commission diverses fonctions, en particulier de justice et de police. Un commissaire du roi au Châtelet allait porter le 24 au monastère des Champs le même ordre de renvoyer les pensionnaires (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 13).
♦ Homme du roi. ,,Celui qui a commission du roi pour quelque affaire relative au service du roi ou du public`` (Ac. 1835, 1878).
♦ Gens du roi. Magistrats chargés du Ministère Public (tribunaux inférieurs et cours souveraines). Les gens du roi près le Parlement et le Châtelet (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 289).
— [Le subst. déterminé désigne une chose concr. ou abstr.] Petit, (grand) coucher du roi (v. coucher2); lever du roi (v. lever2); bouche du roi (v. bouche II A 2 b hist.); hôtel du roi (v. hôtel A 1); poids de roi, poids le roi (v. poids II B 1 vx).
♦ Coin du roi. Coin généralement gravé à l'effigie ou aux armes du roi pour frapper les monnaies légales. De la monnaie marquée au coin du roi (Ac. 1835, 1878).
♦ Denier(s) du roi (vieilli). Ensemble des revenus des impôts levés par l'État. Gérer les deniers du roi (Ac. 1798-1878). Nous ne sommes pas du Parlement. Nous payons l'impôt, nous ne le faisons pas. Si le Parlement lésine sur les deniers du roi, c'est son affaire et non la nôtre (MUSSET, Mouche, 1854, p. 269).
♦ Main du roi (vx). ,,La puissance et l'autorité du roi interposée dans les procédures judiciaires entre particuliers`` (Ac. 1798-1878). Mettre qqc. sous la main du roi (vx). ,,Saisir quelque chose en justice au nom du roi`` (Ac. 1798-1878).
♦ Maison du roi. Ensemble des domestiques, des officiers au service du roi et composant la Maison civile et la Maison militaire; ensemble des services correspondants particulièrement développés et organisés en France, aux XVIIe et XVIIIe s. et qui disparurent définitivement à la Révolution de 1848. La haute noblesse continua de garder la préférence pour les fonctions supérieures de la diplomatie et de l'armée comme pour la Maison du Roi (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 558). Maison militaire du roi. Ensemble des troupes chargées de protéger la personne du roi. Il y avait, dans le corps de la maison militaire du roi, où mon père m'avait fait servir quelques années, un jeune Breton (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 134).
♦ Ordre(s) du roi. Au sing. Ordre de chevalerie de Saint-Michel; décoration correspondante. Chevalier de l'Ordre du Roi (Ac. 1798). Au plur. Ordres de chevalerie de Saint-Michel et du Saint-Esprit; décorations correspondantes. La première de toutes les décorations, qu'on appelloit les ordres du roi, ne demandoit que cent ans d'admission dans le ministère public (BONALD, Essai analyt., 1800, p. 211).
♦ Pied(-)de(-)roi. Unité de mesure (v. pied 2e Section). Un couteau catalan effilé et pointu, long d'un pied-de-roi (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 515).
♦ Taux du roi (vx). ,,Prix d'une chose réglé par l'autorité du Roi`` (Ac. 1798).
♦ Les coffres du roi. Les finances de l'État. Il en reviendra tant dans les coffres du roi (Ac. 1798-1878).
b) Loc. et expr.
— [Concernant la pers. du roi]
♦ Le roi ne meurt pas/point. Il y a toujours un roi puisque, lorsque le roi meurt, son héritier lui succède immédiatement. [Dans un cont. métaph.] Tout cela passe, mais le roi ne meurt pas; l'amour est mort, vive l'amour! (MUSSET, Il faut qu'une porte, 1845, p. 256).
♦ Le roi est mort, vive le roi! [Formule par laquelle un héraut annonce la mort du roi et l'avènement de son successeur; formule reprise dans la lang. cour.]:
• 3. UN HÉRAUT, d'une voix solennelle:« Le roi est mort, le roi est mort. » TOUTE LA COUR, en se précipitant vers le Dauphin:« Vive le roi! »
♦ Vive le roi, vive la Ligue.
♦ Le roi règne et ne gouverne pas. V. régner A 1 a et gouverner ex. 17.
— [Concernant des institutions, des coutumes sous la royauté]
♦ Le pavé du roi. V. pavé I A 2 a.
♦ Être au pain du roi, manger le pain du roi. [Expr. utilisée pour parler des prisonniers et des soldats et faisant allusion au fait qu'ils sont nourris gratuitement par l'État] Peu après il a fait la visite des troupes de la garnison, (...) il a fort mal traité les Suisses: il leur a reproché qu'ils ne méritaient pas de porter l'habit du Roi, et d'en manger le pain (MARAT, Pamphlets, Relation fid. affaires Nancy, 1790, p. 248).
♦ P. plaisant. ,,Loger dans la maison du roi. Être en prison`` (Ac. 1835, 1878).
♦ Servir le roi. Être soldat, au service du royaume. Comment ne pas y aller demain matin s'il [le roi] nous appelle tous [les officiers]? J'ai servi treize ans le roi (VIGNY, Journal poète, 1830, p. 911).
— [Dans lesquelles le roi sert de réf.] Ou le roi n'est pas noble. V. noble1 A 1 a. Noble comme le roi. V. noble1 A 1 a. Être plus royaliste que le roi.
♦ Fam. Le roi n'est pas son cousin. [Indique qu'une pers. est heureuse et fière de qqc.] [Edmond Barbentane] a dans la poche de l'argent prêté par Jacques Schoelzer. Le roi n'est pas son cousin (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 470).
♦ Fam. Le roi dit: nous voulons. [Réplique à une pers. voulant trop impérativement qqc.] Le dauphin: Arrêtez, je le veux. Marie, en souriant: Le roi dit: nous voulons. Le dauphin: Eh bien! je vous en prie, restez (DELAVIGNE, Louis XI, 1832, II, 2, p. 38).
♦ Vieilli. Qui aura de beaux chevaux, si ce n'est le roi? Pourquoi s'étonner qu'un homme riche, puissant ait des choses magnifiques? (Dict. XIXe s.).
♦ Où il n'y a rien, le roi perd ses droits. Il est inutile de demander quelque chose à une personne qui ne possède rien. Là où il n'y a rien, le roi perd ses droits, reprit sir Arthur, et je ne puis te donner ce que je n'ai pas encore (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 371).
♦ Fam. Aller où le roi (ne) va (qu')à pied, en personne, n'envoie personne, va seul. Aller aux toilettes, aller faire ses besoins. (Dict. XIXe et XXe s.). [P. allus. à cette expr.]:
• 4. Pour se venger (...), tout ce que Dorothée put imaginer, ce fut de faire choix et élection à certaines fins du devant de porte de Barthélemy. Chaque soir, la nuit venue, elle s'y rendait en tapinois et y faisait ce que le roi lui-même ne peut faire faire par quelque autre.
POURRAT, Gaspard, 1922, p. 184.
C. — P. méton., JEUX. [La pers. du roi sert de réf. à des pièces de jeux ou, p. anal., à la division principale d'un jeu]
1. JEU DE CARTES
a) Chacune des quatre cartes d'un jeu représentant un roi. Roi de cœur, de pique, etc. Sois sage, finissons la partie. Tiens, voilà encore un roi. Lui, tenant sa carte levée, continuait à gronder (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1494).
b) Roi (de piquet). Au jeu du piquet à écrire (sorte de piquet), division d'une partie comprenant deux ides. Une partie complète est composée de douze rois ou de vingt-quatre ides (Ac. 1835, 1878). Le peintre resta près d'Adélaïde qui lui proposa six rois de piquet, il accepta (BALZAC, Bourse, 1832, p. 418).
2. JEU D'ÉCHECS. Pièce principale du jeu représentant, de façon parfois stylisée, un roi. Attention à la tour du roi! Tu la manœuvres en dépit du sens commun (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 195). V. mat ex. de Green.
II. — P. anal. (de souveraineté, de primauté, de puissance; l'anal. porte sur des hommes ou sur des animaux, des végétaux, des choses de genre masc.)
A. — [Le subst. désigne une pers. de sexe masc.]
1. Celui qui domine quelqu'un, quelque chose, qui exerce un pouvoir souverain, qui l'emporte sur les autres au sein d'un groupe, dans un lieu, dans une situation donnée, par différentes qualités. Roi de la mode. [Lucien] causait avec l'évêque comme s'il eût été le roi du salon (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 688). Pour les gluaux, j'étais le roi, je peux le dire sans me vanter (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 138).
— Empl. hypocor. Tout m'aimait. Ma tante m'appelait « mon petit roi » (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 23).
— Loc. et expr.
♦ Vieilli. Le roi des hommes. [Qualifie un homme très gentil, prévenant] C'était le roi des hommes, ce brave M. Pons. Tous les mois, il me donnait cent sous (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 292).
♦ [Peut-être p. allus. à la comédie d'Aristophane: Les Oiseaux] Le roi des oiseaux. [Qualifie un personnage original, comique]:
• 5. — Des avares (...), j'en ai vu pour plus de trois cent mille francs. Mais pas un pour approcher du Grabié des Griffoux, qui vivait en forêt près de chez-moi. Celui-là, le roi des oiseaux! Il avait bien de quoi, le bougre...
POURRAT, Gaspard, 1930, p. 171.
♦ Le roi des + subst. (désignant une catégorie dépréciée d'hommes). Le pire, le plus grand de cette catégorie. Le roi des cons, des imbéciles. Je déteste les raseurs, et c'est le roi des raseurs (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 26).
— Empl. adj. L'historien alors était roi (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 13). Expr. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. V. borgne.
— En compos. L'artiste-roi a pris pour lui, ni plus ni moins que la chapelle de la Vierge (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 235). V. jeudi ex. de Weinand.
2. En partic.
a) Celui qui a ou qui reçoit le titre de roi dans des circonstances données. Dans chaque université les étudiants élisent un roi (NERVAL, L. Burckart, 1839, p. 140). La comtesse d'Urgel envoya une couronne estimée à quarante mille sols pour couronner un roi des jongleurs (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 180). Petit oiseau de bois qui fera « roi » l'année durant, celui qui l'aura abattu d'une flèche habile (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p. 53).
— Vieilli
♦ Roi de l'oiseau. ,,Celui des tireurs d'arbalète qui abat l'oiseau`` (LITTRÉ).
♦ Roi des pèlerins. ,,Celui d'entre eux qui a vu le premier le clocher du lieu où ils vont en pèlerinage`` (Ac. 1798-1878).
— Roi du bal. Celui qui donne le bal, qui ouvre le bal; celui pour qui est donné le bal; p. ext., homme le plus brillant du bal. Il avait bien l'air d'être le roi du bal, avec cette assurance qui ne le quittait jamais, sa haute taille qui dominait tous les autres, ses mouvements aisés de beau danseur (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 83).
— Roi de la fève (vieilli), roi. Quand on tire les rois, celui qui trouve la fève dans le gâteau ou celui qui est choisi par la reine, celle qui a trouvé la fève. V. fève ex. 6, reine ex.
♦ Le roi boit! [Exclam. répétée gén. deux fois par les participants à la fête, chaque fois que le roi boit] La fête des Rois, le joyeux cri « Le Roi boit » seraient un reste des Saturnales antiques (DÉVIGNE, Légend. de Fr., 1942, p. 99). V. gâteau ex. 2.
— HISTOIRE
♦ HIST. ANC.
Roi du festin. Convive qui était désigné pour présider à un repas et dont le rôle consistait à commander de boire plus ou moins, de chanter, de réciter des vers, de jouer:
• 6. Près de Lycus, sa fille, idole de la fête,
Est admise. La rose a couronné sa tête.
Mais pour que la décence impose un juste frein,
Lui-même est par eux tous élu roi du festin...
CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 205.
En compos. Archonte-roi. V. archonte synt.
♦ HIST. DU MOY. ÂGE. Personnage important ayant autorité sur un ensemble de personnes. Roi des ribauds. V. ribaud.
Roi d'armes. Dignitaire à la tête des hérauts d'armes. Le roi d'armes Jarretière les montra du doigt à Gwynplaine (HUGO, Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 112).
Chef d'une association, d'une corporation. Roi de la basoche. [Les merciers] furent longtemps soumis à un roi des merciers, qui exerçait aussi une certaine autorité sur d'autres métiers, et qui fut aboli par l'édit de 1597 (MARION Instit. 1923, p. 372, s.v. merciers).
Roi de Thune(s). Chef d'une association de gueux au XVe s. Maxime gravée au clou sur le mur par un roi de Thunes condamné aux galères (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 196).
b) Roi de + subst. rel. à un secteur écon. Synon. de magnat (v. ce mot B). Roi de la chaussure, du pétrole. [Jérome] devint un roi de l'industrie (ZOLA, Travail, t. 1, 1901, p. 85). V. combinat ex.
c) Roi de + subst. rel. à une discipline sportive. Celui qui occupe une place prééminente, qui excelle dans une discipline; champion. Dans sa chambre à lui, il y avait comme embellissement, des séries entières de cartes (...) les « Rois du volant »... les « Rois de la pédale » et les « Héros de l'aviation » (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 394).
d) JEUX, vieilli. Jouer au roi dépouillé. Jouer au roi détrôné. Dans un jeu d'enfants, essayer de faire descendre un enfant du lieu élevé où on l'a mis, pour prendre sa place. Au fig. Chercher à prendre la position considérée comme avantageuse de quelqu'un et vice versa. (Ds LITTRÉ).
3. [Désignant une puissance surnaturelle, l'homme ou un homme important; l'usage des majuscules varie]
— [Le subst. est suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif]
♦ Le roi céleste, le roi du ciel (et de la terre), le roi des anges, le roi des rois. Dieu. [Le père de la Rédemption] aborde le dey d'Alger, il lui parle, au nom de ce Roi céleste dont il est l'ambassadeur (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 397). Je n'ai qu'un maître, qui est le Roi du Ciel (A. FRANCE, Clio, 1900, p. 127). À part, bien entendu, Dieu lui-même, âme des âmes, roi des anges, immanent à l'espace (POULET, Métam. cercle, 1961, p. 192). V. royauté ex. de Weill.
♦ Le roi des Juifs. Le Christ. V. INRI ex. de Claudel:
• 7. Avons-nous étendu le manteau de nos jours
Des pieds du blasphémé jusqu'au blasphémateur.
(...) Avons-nous déroulé le manteau de nos jours
Entre le roi des Juifs et le préfet de Rome.
PÉGUY, Ève, 1913, pp. 829-830.
♦ Le roi des dieux. Jupiter. Oreste [à Jupiter]: Quitte ce ton, bonhomme: il sied mal au roi des Dieux (SARTRE, Mouches, 1943, III, 2, p. 94).
♦ Le roi des enfers
Satan. Le cadre même du poème, qu'est-il autre chose qu'une exploration du monde immatériel, où figurent tous ses habitans (...), depuis le roi des enfers et son peuple de réprouvés, jusqu'aux chœurs les plus sublimes des séraphins? (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 252).
Pluton. Jupiter [à Pluton]: (...) prête-moi une oreille attentive!... Roi des enfers, c'est moi qui vous appelle! (CRÉMIEUX, Orphée, 1858, I, 4, p. 38).
♦ Le roi de la création, de la nature, de l'univers. L'homme. [Les animaux en Arabie] se souviennent mieux des jours d'Éden, où ils étaient encore soumis volontairement à la domination du roi de la nature (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 16). Nous le voyons [le tigre] (...), une patte sur une proie magnifique, parfois le roi de la création lui-même, qu'il vient d'abattre (BARRÈS, Cahiers, t. 8, 1910, p. 252):
• 8. L'homme, sans ailes, sans plumage, tout nu, serait plus misérable, dans nos climats, que le corbeau carnivore et que le faible roitelet, si la Providence n'avait remis entre ses mains le feu, cette ame de la nature. Quel tableau lamentable il présente! Combien il est à plaindre celui qu'on a nommé le roi de l'univers!
BERN. DE ST.-P., Harm. nat., 1814, p. 289.
♦ Le roi des aulnes. V. aulne rem.
— En compos. Le Christ-Roi. Un jésuite formé par la seule tradition ignatienne aurait dit: le secret de la vie spirituelle est de suivre le Christ-roi et de l'imiter (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 264). Fête du Christ-Roi. La fête du Christ-Roi, étendue à toute l'Église par Pie XI, veut attester le droit du Sauveur à être reconnu comme législateur, chef et juge suprême de toute l'humanité (Foi t. 1 1968).
4. Poét. Le roi du jour. Le soleil. Le roi du jour s'apprêtait à répandre Sur l'horizon ses nouvelles clartés (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p. 5).
B. — En appos. ou en compos. [Avec un subst. désignant une collectivité] Peuple(-)roi. Peuple qui l'emporte sur les autres. La vie spirituelle des peuples rois (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 119).
En partic. Le peuple romain. Le peuple-roi avili par l'habitude d'être nourri aux dépens du trésor public, corrompu par les largesses des sénateurs (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 75). Le Colisée n'est que la formule de pierre des besoins monstrueux du peuple roi (FAURE, Hist. art, 1909, p. 146).
C. — Animal, végétal, chose qui exerce un pouvoir souverain, qui domine, l'emporte sur les autres dans des circonstances données, par certaines qualités.
1. [Le subst. désigne un animal] Le rouge-gorge est le roi de l'automne; il en porte les couleurs (ALAIN, Propos, 1923, p. 539).
— Littéraire
♦ Le roi des animaux. Le lion. J'ai vu un lion dont on irritait la colère par le simple bruit d'un tambour: après quelques roulements, la voix du roi des animaux se faisait entendre (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 340).
♦ Le roi des airs. L'aigle. Roi des airs, lui criai-je [à un aigle], règne ici loin des tyrans qui te feraient la guerre, mais ne sois pas tyran toi-même (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 267).
♦ Le roi des oiseaux. L'aigle, le phénix ou le paon:
• 9. [Les autres] Vantoient le privilege unique
De ce roi des oiseaux, de cet enfant du ciel,
Qui, vieux, sur un bûcher de cedre aromatique,
Se consume lui-même, et renaît immortel.
FLORIAN, Fables, 1792, p. 86.
— En partic. [Entre dans la dénom. d'un animal] Roi de(s) caille(s). Synon. râle de(s) genêts (v. râle1). Broche admirablement garnie de cailles, rois de cailles, et de ces petits râles à pieds verts qui sont toujours si gras (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 376). On ne cherche pas le râle de genêts, le râle rouge ou le roi des cailles (comme il est communément appelé dans certaines régions), on le rencontre (VIDRON, Chasse, 1945, p. 12).
2. [Le subst. désigne une plante ou un fruit] On appréciait fort dans le temps le Melon; il [Saint-Amant] y célèbre à pleine bouche ce roi des fruits (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 12, 1855, p. 183). Littér. Le roi des forêts. Le chêne ou le sapin. Le voyageur, assis à ses pieds [d'un chêne], admire ses inébranlables rameaux (...); mais le pâtre qui contemple le roi des forêts du haut de la colline, le voit élever au-dessus de son feuillage verdoyant une couronne desséchée (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 129).
3. [Le subst. désigne une chose concr.] [L'or] était considéré comme le plus parfait, comme le roi des métaux (WURTZ, Dict. chim., t. 2, vol. 1, 1873, p. 625). L'Inde sous les rajahs, livre magnifiquement illustré et le roi de la saison (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 841).
4. [Le subst. désigne une chose abstr.] Le temps, ce Roi cruel, m'assignant mon tombeau (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1808, p. 34). La charité, ce roi des sentiments créé par le catholicisme (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 201).
5. Empl. adj. Région forestière, où l'arbre était roi (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 190). Si le hasard est roi, voici la marche dans les ténèbres (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 95).
6. En appos. ou en compos. La lueur du jour sur l'écorce argentée, sur le bord des feuilles tremblantes, est un regard d'orgueil de l'astre roi (FAURE, Hist. art, 1921, p. 89). [L'émeraude] atteint et parfois même dépasse en prix le diamant-roi (METTA, Pierres préc., 1960, p. 77).
Prononc. et Orth.:[], []. Homon. roie. WARN. 1968 [a], parfois []; ROB. 1985 [a], mais Lar. Lang. fr. [] et MARTINET-WALTER 1973 [], [a]. Pour [] par assimilation aux deux articulations post., [] et [w], voir G. STRAKA ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n ° 1 1981, p. 215. Ac. 1694, 1718: roy; dep. 1740: roi. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 880 rex « souverain d'un État » (Eulalie, 12 ds HENRY Chrestomathie, p. 3); 2e moit. Xe s. rei (St Léger, éd. J. Linskill, 14); ca 1170 les livres des rois « libres de la Bible consacrés aux rois hébreux » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 173); 1606 Roy Très-chrestien titre donné aux rois de France (NICOT); b) 1543 couleur de roy « brun foncé » (Cptes des Célestins, fol. 108 ds GAY) — 1611, COTGR.; 1690 bleu de roy (FUR., s.v. bleu); 1549 gens du roy « officiers du roi » (EST., s.v. gens); 1606 maison du roy (NICOT, s.v. maison); 2. a) fin Xe s. reis en parlant de Jésus-Christ (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 34); 1550 roi des Juifs (Bible Louvain, Mat. 2, 2 d'apr. FEW t. 10, p. 367a); b) ca 1145 en parlant de Dieu reis de majesté (WACE, Conception N.D., éd. W. R. Ashford, 635); 1155 Rei de glorie (ID., Brut, éd. I. Arnold, 10027); c) ca 1165 en parlant de Jupiter rei (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 25831); 3. 1324 feste des trois Roys « Épiphanie » (Guerre de Metz ds A. THIERBACH ds Untersuchungen zur benennung der kirchenfeste, p. 22); d'où 1533 trouver la feubve au guasteau des Roys (RABELAIS, Pantagruéline prognostication, éd. M. A. Screech, p. 10); 1549 estre Roy de la feue (EST.); 4. 1842 astron. les trois rois (Ac. Compl.). B. Jeux 1. 1176 échecs roi (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 2335); 2. 1661 cartes (MOLIÈRE, Fâcheux, II, 2); 3. 1832 piquet (BALZAC, loc. cit.). C. 1. 1175-80 fig. « celui qui a tout le bien être d'un roi » (Renart, éd. M. Roques, V, 5152); 2. désigne celui qui est le meilleur dans un domaine particulier ca 1245 roi désigne le plus grand des ménestrels de son époque (HUON DE CAMBRAI, Regrets N.D., 1, 4 ds T.-L.); fin XIIIe s. roi des hiraus (JAKEMES, Castelain de Couci, 2002, ibid.); 1269-78 roi des ribauz, v. ribaud. Du lat. regem, acc. de rex, regis « souverain », « Jupiter » et « chef, maître », également att. en lat. médiév. au sens de « roi de la fève » rex fabe en 1334 ds LATHAM. Fréq. abs. littér.:25 604. (Roi-soleil: 13. Roy: 69). Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 68 067, b) 34 905; XXe s.: a) 19 182, b) 20 565. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 411. — GALL. 1955, p. 76. — QUEM. DDL t. 9 (s.v. roi de la route), 11 (s.v. roi citoyen), 13, 20 (s.v. soldat-roi), 30. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p. 304. — WALT. 1885, p. 82.
roi [ʀwa] n. m.
ÉTYM. V. 1160; rei, v. 980; rex, fin IXe; du lat. regem, accus. de rex « roi ».REM. La graphie roy, employée concurremment avec roi, apparaît au XIIIe s. Elle est employée surtout au XVIIe s., mais seulement au sing.; Trévoux donne roy en 1740, mais roi en 1771.
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1 Chef d'État (homme) de certains pays (royaumes) accédant au pouvoir souverain par voie héréditaire (⇒ Dynastie) ou, plus rarement, élective. ⇒ Monarque, prince, souverain. || Le titre de roi (→ Ambitionner, cit. 1; ni, cit. 44). || La majesté (cit. 3) des rois. ⇒ Royal. || Titre de majesté (cit. 11) donné aux rois. ⇒ Sire. || Roi légitime. || Couronnement (cit. 1), sacre, onction d'un roi. ⇒ aussi Pavois. || Couronne et sceptre des rois. || Devenir roi : monter sur le trône. ⇒ Avènement, couronne (ceindre la). || Régence pendant la minorité d'un roi. || Pouvoir, règne d'un roi. ⇒ Monarchie, royauté. || Chute, abdication, découronnement, restauration d'un roi. || Un roi qu'on avilit (cit. 9) tombe. || Faire un roi (→ Couronne, cit. 5); faire (cit. 131) et déposer les rois (→ Faiseur, cit. 13). || Assassinat d'un roi. ⇒ Régicide. || Prêter foi et hommage (cit. 2) au roi. ⇒ Allégeance. || Famille du roi. ⇒ Prince, princesse, reine; dauphin, infant. || Le métier (cit. 20 et 21) de roi. || Bons (cit. 44), mauvais rois. || Roi sage, pacifique (→ Interminable, cit. 1). || Roi guerrier (→ Négocier, cit. 4), cruel, tyrannique… ⇒ Despote, tyran. || Grand roi (→ Histoire, cit. 4; parfait, cit. 10). || Cour, palais des rois. ⇒ Étiquette. || Bouffons (cit. 5), fous (cit. 12) des anciens rois. || La faveur (cit. 2) des rois (→ Ordre, cit. 39). || Les rois et les peuples (cit. 17). || Roi absolu (cit. 3; et → Humble, cit. 5). ⇒ Absolutisme. || Roi de droit divin. (1893). || Roi constitutionnel, dont les pouvoirs sont définis par une Constitution. — Hist. (sous la Révolution). || Le roi citoyen. — (1685). || Roi de théâtre, (1690) roi en peinture : roi qui n'a pas d'autorité réelle. || La haine (cit. 28) des rois (→ Jouer, cit. 59). || Partisan des rois. ⇒ Monarchiste, royaliste (→ Les Camelots du roi). || Adulateurs (cit. 1) des rois. ⇒ Courtisan, flatteur (cit. 3). || « Amusez (cit. 4) les rois par des songes… » (La Fontaine). || « Sous un roi athée… » (cit. 15, La Bruyère). || « La crainte fit les dieux : l'audace (cit. 5) a fait les rois » (Crébillon). || « Le premier qui fut roi fut un soldat heureux » (cit. 4, Voltaire). || « Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes » (Corneille). || « Mais être roi ne gâte (cit. 20) rien… » (Voltaire). || « La grammaire qui sait régenter jusqu'aux rois… » (→ Haut, cit. 15, Molière). || « Les seigneurs vont aux rois ainsi qu'au miel (cit. 5) les mouches » (Hugo). — « Faire la loi aux rois… » (→ Appartenir, cit. 20, Bossuet).
1 Mais comme un Roi chrétien est doux et débonnaire,
Et comme son enfant duquel il a souci,
Vrai père, aime son peuple et sa Noblesse aussi.
Ronsard, IIe livre des poèmes, « Exhortation au camp du roi Henri II ».
2 Ce n'est point pour lui-même que les dieux l'ont fait roi : il ne l'est que pour être l'homme des peuples : c'est aux peuples qu'il doit tout son temps, tous ses soins, toute son affection; et il n'est digne de la royauté qu'autant qu'il s'oublie lui-même pour se sacrifier au bien public.
Fénelon, Télémaque, V.
3 (…) les rois ne sont riches que de l'amour des peuples.
P.-L. Courier, Pamphlets politiques, « Simple disc. souscription Chambord » (1821).
♦ Le roi de France. || Le Roi Très Chrétien. || Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre. || Le grand roi, le Roi Soleil : Louis XIV. || Le roi d'Espagne, d'Angleterre, de Prusse. || Le roi Henri IV, le roi Frédéric II. — (1811). || Roi de Rome, titre que donna Napoléon Ier à son fils. — Les rois de l'ancienne Égypte. ⇒ Pharaon. || La Vallée des Rois, où sont les tombeaux de nombreux pharaons. || Le Grand Roi, le Roi des Rois : le roi des anciens Perses (⇒ Schah). || Les rois des Hébreux. || Livres des Rois : livres de la Bible (Ancien Testament) consacrés aux rois hébreux. || David, roi et prophète. || Les anciens rois de Rome (⇒ Aristocratique, cit. 1). || Rois francs. || Rois fainéants. || Les rois catholiques (d'Espagne). — Spécialt. || Les rois mages (cit. 3). (Fin XVe). || Fête, (1564) jour des Rois. ⇒ Épiphanie. || L'étoile des rois mages (→ Émigrant, cit. 1). || Tirer les Rois, le gâteau (cit. 2), la galette des Rois. — (1549). || Le roi, le roi de la fève : celui qui a tiré la fève de la galette. → Fève, cit. 2. ☑ Le roi boit ! — Astron. || Les trois rois. ⇒ Baudrier (d'Orion). — Le roi des Enfers : Pluton (mythol.), Satan (théol.). — (Av. 1741). || Le roi des Dieux : Jupiter. (V. 1050, le roi céleste; puis mil. XVIe). || Le roi du ciel. — (V. 1175). || Le Roi des Rois : Dieu. — (1550; rex, v. 980). || Roi des Juifs, titre donné au messie annoncé par les prophètes (Jésus-Christ). — Littér. || Œdipe roi, de Sophocle. || Le Roi Lear, de Shakespeare. || Le Roi Candaule, drame de Gide. || Le Roi d'Ys, opéra de Lalo.
4 Sire, ce n'est pas tout que d'être Roi de France (…)
Un Roi sans la vertu porte le sceptre en vain (…)
Ronsard, Disc. des misères de ce temps, « Instit. pour l'adol. du roi Charles IX ».
5 (…) la foi toujours pure des rois de France (…) leur a mérité l'honneur d'être appelés très-chrétiens, et fils aînés de l'Église, par la commune voix de toute la chrétienté (…)
Bossuet, Abrégé d'Hist. de France, I, Clovis, I.
6 Les fonctions attachées à ce titre de Roi sont si connues des Français qu'ils n'ont pas besoin de se le faire expliquer : le roi leur représente aussitôt l'idée de l'autorité légitime, de l'ordre, de la paix, de la liberté légale et monarchique.
Chateaubriand, Mélanges politiques, « Des Bourbons ».
7 Il était un roi de Thulé
À qui son amante fidèle
Légua, comme souvenir d'elle,
Une coupe d'or ciselé.
Nerval, Poésies, Lyrisme…, « Roi de Thulé ».
8 L'Empire perse (…) était un État supérieurement organisé (…) sur un territoire vaste comme six ou sept fois la France, régnait un maître unique, le Grand Roi. Vingt nations, jadis antagonistes, se trouvaient contraintes à la paix : monarque de droit divin, qu'Ormuzd lui-même avait investi de la puissance, le Roi des Rois dirigeait tout de l'une de ses capitales, Persépolis, Suse, Pasargade.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, IV, II.
♦ (1735). En appos. || Le peuple roi : le peuple romain. — (Liturgie). || Fête du Christ-Roi, instituée par Pie XI en 1925 et ayant lieu le dimanche précédant la Toussaint.
9 Une même domination, les mêmes intérêts, la même terreur, le même esprit de ressentiment et de vengeance contre le Peuple-Roi, tout rapprochait les nations. Leurs habitudes étaient interrompues, leurs constitutions n'étaient plus; l'amour de la cité, l'esprit de séparation, d'isolement, de haine pour les étrangers, s'était affaibli dans le désir général de résister aux vainqueurs de la terre, ou dans la nécessité d'en recevoir des lois : le nom de Rome avait tout réuni.
É. de Senancour, Oberman, XLIV.
10 Singulier peuple de Paris, peuple de rois, peuple roi; le seul peuple dont on puisse dire qu'il est le peuple roi sans faire une honteuse figure littéraire (…)
Ch. Péguy, Notre patrie.
♦ (XIIe). Absolt. || Le roi : celui qui règne dans le pays où l'on est (ou dont on parle). → Abdiquer, cit. 3; antiquité, cit. 5; arrêter, cit. 33. || Cour (cit. 25) du roi. (1606). || Maison (supra cit. 35), service du roi. || Ministres, conseillers, procureurs (cit. 3), bourgeois (cit. 3), fermiers… du roi (→ Beurre, cit. 3; désavouer, cit. 6; légal, cit. 1). || Armées, soldats, mousquetaires (cit.)… du roi (→ 1. Jacques, cit.; laurier, cit. 7). || Gens, officier du roi, agissant au nom du roi. (1626). || Les coffres du roi, finances de l'État. — (XVe). || Pied de roi : ancienne mesure de longueur (0,325 m). || Volontés, ordres, commandement du roi (→ Exécuter, cit. 3; hors, cit. 40). || De par le roi : par ordre, par décision du roi. || Droit du roi. ⇒ Régale. || Édit du roi. ⇒ Royal. ☑ « Le roi est mort (2. Mort, cit. 6), vive le roi ! ». — ☑ Allus. hist. Le roi règne et ne gouverne (cit. 42) pas. — Littér. || Le roi s'amuse, pièce de Hugo (→ Amuser, cit. 15.1).
11 (…) la facile bonté du peuple, sa sensibilité aveugle, sa crédulité pour ceux qu'il aimait, son respect invétéré pour le prêtre et pour le Roi (…) le Roi, cette vieille religion, ce mystique personnage, mêlé des deux caractères du prêtre et du magistrat, avec un reflet de Dieu !
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, VII.
12 Une habitude idiote qu'ont les peuples, c'est d'attribuer au roi ce qu'ils font. Ils se battent. À qui la gloire ? au roi. Ils paient. Qui est magnifique ? le roi. Et le peuple l'aime d'être si riche. Le roi reçoit des pauvres un écu et rend aux pauvres un liard. Qu'il est généreux !
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, V, III.
♦ ☑ Loc. (1645). Vx. Être logé dans la maison du roi, enfermé dans une prison. — ☑ Manger le pain du roi : (1640) être en prison; (1798) être soldat.
♦ ☑ Mod. Heureux (cit. 31) comme un roi; plus heureux qu'un roi : très heureux. — ☑ Un festin de roi. || Morceau de roi, digne de figurer à la table d'un roi (au fig. → ci-dessous, cit. 14, Gautier). || « Ce n'est viande que pour rois et princes » (→ Mouton, cit. 1, Rabelais). ⇒ Délicieux, exquis. ☑ Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. ☑ (1611). La cour du roi Pétaud. ☑ Le roi n'est pas son cousin (ou, vx, son oncle) : il témoigne d'une satisfaction de soi, d'une vanité extrême. — ☑ (1816). Être plus royaliste que le roi. — ☑ Fam. Aller où le roi va à pied, va seul : aller aux lieux d'aisance. — ☑ Travailler pour le roi de Prusse : accomplir un travail dont on ne tire personnellement aucun profit, alors que d'autres personnes en recueillent le bénéfice.
REM. Cette expression, popularisée au moment de la paix de 1748, alors que la France semblait n'avoir travaillé que pour le roi de Prusse, existait, dès le début du XVIIIe s., en parlant de mercenaires ou d'agents du roi de Prusse fort mal payés. Travailler pour le roi de Prusse, signifiait : travailler pour un maigre salaire, ou même pour rien.
13 Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de roi (…)
La Fontaine, Fables, I, 9.
14 (…) une jeune fille, un morceau de roi, comme ils disent (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, X.
15 Pourvu qu'il eût son tabac, son café, et qu'on ne le taquinât point, disait-il, le roi n'était pas son oncle.
Zola, la Terre, IV, II.
♦ Appos. || Bleu roi : bleu très vif, outremer. || Des uniformes bleu roi.
➪ tableau Désignations de couleurs.
2 Par anal. Celui qui règne dans quelque domaine, préside à quelque manifestation. — (1690). Dans l'Antiquité. || Le roi du festin : celui qui était désigné pour présider à un festin. ☑ Fig. Il a été le roi de la fête : on ne voyait, on ne fêtait que lui. || L'homme (cit. 53) est le roi de la terre. — ☑ Poét. Le roi brillant (cit. 4) du jour : le soleil. || « Le vert colibri (cit. 2), le roi des collines ». || « Un valeureux lion, roi d'une immense plaine » (→ Prochain, cit. 2). || « Demain, roi du pays des fées » (→ Attente, cit. 11). || « Midi (cit. 1), roi des étés… ».
16 À sa place, allaient entrer dans Paris les vrais rois de la république, les rois de la pensée, ceux par qui la France avait conquis l'Europe; je parle de Voltaire, de Rousseau (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, I.
17 Et lorsqu'on dit des hommes qu'ils sont « les rois de la création », il faut entendre le mot au sens le plus fort : ils en sont les monarques par droit divin; le monde est fait pour eux (…)
Sartre, Situations III, p. 185.
♦ (1876; trad. de l'amér. king). Spécialt. Magnat qui s'est assuré la maîtrise (d'un secteur économique). || Les rois du pétrole, de l'acier, de la chaussure…
18 (…) le milliardaire, le roi du cuivre ou de la viande en conserves (…)
Daniel-Rops, Ce qui meurt…, p. 188.
3 Chef, représentant éminent (d'un groupe ou d'une espèce). — Anciennt. Chef d'une corporation. || Roi des merciers (1467), de la basoche (1469). || Roi des ribauds. — En Afrique. Chef de tribu, de village.
♦ (1901). Mod. Sports. Personne qui règne sur une spécialité sportive. ☑ Les rois de la route : les champions cyclistes. || Le roi du volant. ⇒ As.
♦ ☑ (1668). Poét. Le roi des animaux : le lion (→ Par, cit. 62, La Fontaine). ☑ Le roi des oiseaux : l'aigle, et, parfois, le paon (cit. 1, Buffon). ☑ (1800). Le roi des forêts, de la forêt : le chêne ou le sapin. || Le roi des métaux : l'or (→ Espagnol, cit. 2). || Le roi des épouvantements (cit. 1 et 2). — (Déb. XXe). Chose réputée dans sa catégorie. || Roi des vins.
♦ Fam. (En valeur de superlatif). Le plus grand de… || « Chateaubriand, ce roi des égotistes » (→ Je, cit. 7). || « Hugo (…) le roi des malins » (cit. 14). — ☑ C'est le roi des imbéciles, des cons. ☑ Absolt., fam. C'est bien le roi !, la personne la plus sotte qui soit.
19 Le vieux baron des Ravots avait été pendant quarante ans le roi des chasseurs de sa province.
Maupassant, les Contes de la Bécasse, « La bécasse ».
19.1 — T'inquiète pas, gloussa Zanzi, le père Mouillefarine est le roi des inoffensifs, mais il possède la plus grande gueule du département et il en abuse.
René Fallet, le Triporteur, p. 216.
REM. Lorsque le compl. est un n. de chose, le mot ne s'emploie qu'avec des masculins : le roi des canons (mais on ne pourra pas traduire l'expression russe correspondante par : le roi des cloches. ⇒ Reine).
4 (Jeux). Aux échecs (v. 1175), Pièce la plus importante, qu'il s'agit de mettre échec et mat. || Échec au roi. || Fou (cit. 15), cavalier du roi. — Aux cartes (1661), Carte figurant un roi (→ Dix, cit. 4). || Roi de carreau (César), de cœur (Charles), de pique (David), de trèfle (Alexandre).
20 — Je tourne le roi. — Ça commence bien. — Je prends avec la dame. L'as, le roi, le valet, le dix, et c'est trois pour moi. À vous de faire, Monsieur Brun.
M. Pagnol, Marius, III, 6.
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DÉR. Roitelet.
COMP. Interroi, vice-roi.
HOM. Roie.
Encyclopédie Universelle. 2012.