enflammer [ ɑ̃flame ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Mettre en flamme. Enflammer une allumette, une bûche. ⇒ allumer, embraser. « L'incendie du Grenier d'Abondance avait enflammé les quartiers lointains » (Zola).
♢ Chauffer fortement. « Une atmosphère étouffante, enflammée par le vent du sud » (Louÿs).
♢ Fig. Colorer, éclairer vivement. ⇒ illuminer. La lueur lointaine de l'incendie enflamme l'horizon. Une rougeur soudaine lui enflamma les joues. « Un éclair de colère enflammait ses yeux ou ses joues » (Hugo).
2 ♦ Mettre dans un état inflammatoire. ⇒ envenimer, irriter; inflammation. Enflammer une plaie. D'exubérants boutons « qu'il enflammait en se grattant » (A. Gide).
3 ♦ Remplir d'ardeur, de passion. ⇒ échauffer, électriser, embraser, exalter. La colère l'enflamma brusquement. Un récit qui enflamme l'imagination. « L'approche des grands événements [...] enflamme l'orateur » (Sainte-Beuve).
♢ Vx Faire brûler d'amour; allumer (les désirs). Enflammer les cœurs.
4 ♦ S'ENFLAMMER v. pron. Prendre feu. ⇒ brûler. L'essence s'enflamme facilement. ⇒ inflammable. S'enflammer en explosant. ⇒ déflagrer. — Poét. S'illuminer. « les nuées s'enflammaient dans le ciel » (France).
♢ S'animer, s'exalter. S'enflammer pour une cause, une idée, un projet. Mon imagination « ne s'enflamme plus comme autrefois » (Rousseau).
⊗ CONTR. Éteindre; refroidir; calmer.
⊗ HOM. Enflamme :enflâmes (enfler).
● enflammer verbe transitif Mettre quelque chose en flammes, l'allumer : Une étincelle suffit à enflammer une poudrière. Littéraire. Faire paraître quelque chose flamboyant, éclatant, ou le rendre brûlant, rouge ; illuminer : La fièvre enflammait ses joues. Littéraire. Exciter quelqu'un, l'animer, le remplir d'ardeur, de passion ; exalter, électriser : Discours qui enflamme les foules. Provoquer l'inflammation d'une plaie, d'une blessure, etc. : Enflammer un bouton en le grattant. ● enflammer (synonymes) verbe transitif Mettre quelque chose en flammes , l'allumer
Synonymes :
- allumer
- embraser
Contraires :
- éteindre
Littéraire. Faire paraître quelque chose flamboyant, éclatant, ou le rendre brÛlant, rouge ;...
Synonymes :
Littéraire. Exciter quelqu'un, l'animer, le remplir d'ardeur, de passion ; exalter, électriser
Synonymes :
- aviver
- électriser
- enfiévrer
- envoûter
- exalter
Contraires :
- apaiser
- calmer
- éteindre
- étouffer
Provoquer l' inflammation d'une plaie, d'une blessure, etc.
Synonymes :
- infecter
- irriter
enflammer
v. tr.
d1./d Mettre le feu à. Enflammer une bûche.
|| v. Pron. Prendre feu. Ce bois humide s'enflamme mal.
d2./d Fig. échauffer. L'alcool enflamme le sang.
d3./d Colorer vivement, faire briller. Des joues enflammées par la fièvre.
d4./d Litt. Emplir d'ardeur, de passion. Ce discours enflamma leur courage. Des lettres enflammées.
|| v. Pron. S'enflammer pour une cause. Syn. s'animer, s'exciter, s'exalter.
d5./d Irriter, provoquer l'inflammation de.
⇒ENFLAMMER, verbe trans.
A.— [Le compl. d'obj. dir. désigne une matière combustible] Mettre en flammes. Enflammer une allumette. La lampe, violemment heurtée, chavira, roula en morceaux sur le sol, enflammant le pétrole, brûlant, le tapis, les chaises, la table, allumant un commencement d'incendie (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 257) :
• 1. ... l'astre du jour brillait alors d'un vif éclat; (...) sa lentille aidant, il enflamma sans peine ces matières combustibles, qui furent déposées sur une couche de feuilles humides à la trifurcation des grosses branches de l'ombu. (...) Le bois s'enflamma, et bientôt une belle flamme ronflante s'éleva du brasero improvisé.
VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 1, 1868, p. 220.
— P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose quelconque] Donner (à quelque chose) les tons chauds et éclatants de la flamme. Le ciel, ensanglanté par le soleil couchant, jetait dans l'eau des figures de nuages écarlates, empourprait le fleuve entier, enflammait l'horizon, faisait rouges comme du feu les deux amis, et dorait les arbres roussis (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Deux amis, 1883, p. 188) :
• 2. ... les derniers rayons qui passent par-dessus les sierras illuminent Tolède d'une flamme jaune où se mêlent de rares ombres. Bientôt les montagnes entrées dans le noir se découpent sur un ciel rouge qui enflamme la ville, puis en s'éteignant la laisse dans la nuit.
BARRÈS, Greco, 1911, p. 66.
♦ Emploi pronom. passif. Être vivement coloré. Les fleurs des marronniers s'allumaient comme des candélabres, les torches gigantesques des peupliers s'enflammaient (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 53).
B.— P. ext. (Faire) devenir brûlant, (s')échauffer fortement. Mon sang s'enflammait jusqu'à la fièvre (MICHELET, Mémorial, 1822, p. 194).
— Spéc., MÉD. [Le compl. d'obj. dir. désigne une partie du corps] Provoquer l'inflammation, l'irritation, la tuméfaction (de quelque chose). Le gonflement d'une région enflammée par l'afflux des globules blancs (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 200).
♦ Emploi pronom. passif. Être affecté d'une inflammation. Squirrhe, qui, venant à s'échauffer et à s'enflammer, dégénère en cancer (...) léger tubercule, qui, étant irrité, rougit, s'enflamme, s'étend, devient violet, en un mot, carcinomateux (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 329).
C.— Au fig.
1. [Le compl. désigne une pers. ou un aspect physique de la pers.] Donner un vif éclat. Les joues enflammées par la rougeur de l'espérance et de la cupidité (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 319). Les yeux étincelants, enflammés d'un ensoleillement radieux de gaîté (PROUST, Swann, 1913, p. 340) :
• 3. Il y a tout au fond de notre âme une ferveur secrète que l'on sent brûler sourdement et qui ne change rien au vêtement possible du visage et au maintien, mais l'anime et quelquefois l'enflamme tout d'un coup, le colore de ses teintes, le brûle de ses chaleurs et donne aux paroles sa belle lumière et ses clartés idéales.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1853, p. 1307.
♦ Emploi pronom. subjectif. Prendre un vif éclat. Les yeux gris s'enflamment de colère, puis s'éteignent presque aussitôt (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1289). Il commençait de rougir et de s'enflammer (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 49).
— P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr., une valeur hum.] Donner de la force, de la vivacité. Le sens de certains mots, amplifié et enflammé par l'espérance et l'ardeur passionnelle, acquit une puissance émotive (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 594).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou un aspect moral de la pers.] Remplir d'ardeur, d'enthousiasme; accroître la vivacité, l'intensité de. Enflammer qqn, qqc. (de qqc.). Le cercle de montagnes (...), l'air vif et pur (...), tout exaltait, enflammait notre imagination (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 199). Vous les villes (...) Qui concentrez en vous assez d'humanité, Assez de force rouge et de neuve clarté, Pour enflammer de fièvre et de rage fécondes Les cervelles patientes ou violentes (VERHAEREN, Villes tentac., 1895, p. 211). Une Alsacienne bien jolie, bien frusquée, ça enflamme les cœurs, ça excite le patriotisme (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 378). Cf. aussi aiguiser ex. 28 :
• 4. N'y a-t-il pas dans toute âme humaine, n'y avait-il pas dans l'âme de Jean Valjean en particulier, une première étincelle, un élément divin, incorruptible dans ce monde, immortel dans l'autre, que le bien peut développer, attiser, allumer, enflammer et faire rayonner splendidement, et que le mal ne peut jamais entièrement éteindre?
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 114.
— Emploi pronom. subjectif. Devenir ardent, se passionner (pour quelque chose). Des instants de grand danger (...) où la conscience s'avivait, s'illuminait ainsi, et les facultés s'enflammaient à un point surnaturel (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 215). Ils vibrent, ils s'enflamment, ils confondent l'ébranlement de leur humeur avec le zèle communautaire (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 484).
3. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou un aspect de son affectivité, de sa sensibilité] Inspirer une(plus) vive affection, tendresse, passion. Je donnerois la moitié de ma vie pour en être adorée quelques heures... Je voudrois l'enflammer, jouir de son délire (GENLIS, Chev. Cygne, t. 3, 1795, p. 169). Te dire toute l'ardeur de mes rêves, te dévoiler la bouillante ambition de mes sens irrités par la solitude où j'ai vécu, toujours enflammés par l'attente du bonheur, et réveillés par toi, par toi si douce de formes (BALZAC, L. Lambert, 1832, p. 180). Elle l'enflammait de ses caresses (...) pour ne pas céder tout de suite, lui qui brûlait comme elle, il dut la retenir (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 172).
— Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne un animé] S'éprendre d'un vif amour. C'est alors que tous les animaux s'enflamment des feux de l'amour. J'attribue les ardeurs de cette passion, qui les embrase la plupart au printemps (...) à l'action même du soleil (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 82) :
• 5. ... depuis que je la connais, je n'ai plus de désirs du tout. Moi qui (...) m'enflammais à la fois pour vingt femmes que je rencontrais dans la rue (...), à présent je crois que je ne puis plus être sensible, jamais plus, à une autre forme de beauté que la sienne; que je ne pourrai jamais aimer d'autre front que le sien, que ses lèvres, que son regard.
GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1151.
Rem. On rencontre ds la docum. enflammable, adj. Qui peut être enflammé. J'ai bien ri de ton excitation à propos du « Satyricon ». Il faut que tu sois fort enflammable (FLAUB., Corresp., 1852, p. 468). Les petits « rats » des quadrilles, plus malléables et plus enflammables que, ces demoiselles, les sujets de l'Académie nationale (LEVINSON, Visages danse, 1933, p. 121).
Prononc. et Orth. :[] ou [], (j')enflamme [] ou []. [] post. dans l'inf. s'explique p. anal. avec enflamme et flamme. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. trans. « mettre en flammes » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 476 : si'ls enflament [Spiritus Sanctus] cum fugs ardenz); 2. 1690 « mettre dans un état inflammatoire » (FUR.). Dér. de flamme; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. :664. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 489, b) 991; XXe s. : a) 918, b) 467.
DÉR. Enflammement, subst. masc. Action d'enflammer; résultat de cette action. En partic. a) [En parlant d'une chose] Embrasement, éclat vif. L'accès de l'amour, le désert, la solitude infinie, où sous l'enflammement éperdu du ciel, vous pouvez dresser vos mirages et vivre dans votre création personnelle (GIONO, Angelo, 1958, p. 204). b) [En parlant d'une pers.] Exaltation, ardeur vive des sentiments, des impressions. Elle [la Faustin] déployait, à l'égard du premier venu, une coquetterie presque de fille, puis aussitôt il survenait, chez elle, de la réserve, une froideur glaciale qui congelait l'enflammement du monsieur (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p. 264). Rem. La docum. atteste enflammation, subst. fém. (Quasi-)synon. de inflammation. Une sourde enflammation gonflait la terre. Les peupliers s'allumaient sous une flamme froide mais plus étincelante que le soleil. Des serpentements de braises couraient dans les haies (GIONO, Eau vive, 1943, p. 119). HANSE 1949 précise : ,,Enflammation n'est pas français. Dites : L'inflammation d'une masse de poudre, d'une plaie qui se sont enflammées``. — Seule transcr. ds LITTRÉ : an-fla-me-man. — 1re attest. début XIIIe s. « action d'enflammer » ici au fig. (Li Epistle saint Bernard a Mon Deu, ms. Verdun 72, f° 66 r° ds GDF.); du rad. de enflammer, suff. -(e)ment1.
BBG. — ARICKX (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, n° 3, p. 127. — MEILLET (A.). Rech. sur la synt. comparée de l'Arménien. B. Soc. Ling. 1910-11, t. 16, p. 124.
enflammer [ɑ̃flame] v. tr.
ÉTYM. Fin Xe; var. enflamber; du lat. inflammare « mettre le feu à (qqn, qqch.) »; d'après flamme. → Flamber, flamme.
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1 Mettre en flamme. || Enflammer une allumette, une bûche. ⇒ Allumer. || L'incendie enflamma tout l'entrepôt. ⇒ Embraser. || Enflammer un bûcher, un tas de charbon, du pétrole. || Enflammer du papier à l'aide d'une lentille, d'un miroir ardent.
♦ Par ext. (Sujet n. de chose). Éclairer vivement. || Un éclair enflamma le ciel. ⇒ Éclairer, illuminer. || La lueur rouge des incendies enflammait l'horizon. ⇒ Empourprer.
1 (…) Ah ! quels coups de tonnerre
Ont enflammé le ciel et fait trembler la terre !
Voltaire, Sémiramis, V, 5.
2 L'aurore, paraissant derrière les montagnes, enflammait l'orient; tout était d'or ou de rose dans la solitude.
Chateaubriand, Atala, Les laboureurs, p. 109.
♦ Chauffer fortement. || Un vent brûlant enflammait l'air, l'atmosphère. || Un alcool qui enflamme le sang.
2 Fig. Colorer, éclairer vivement d'une lueur de flamme. || Une violente rougeur enflammait ses pommettes. ⇒ Enluminer, rougir. || La colère, la haine, la peur enflammait ses yeux, son visage. ⇒ Animer (→ Dédaigneux, cit. 4). — Passif et p. p. || Ses yeux étaient enflammés par la colère. || Des joues enflammées. → ci-dessous, p. p. adj.
3 (…) le rouge (du maquillage), qui enflamme la pommette, augmente encore la clarté de la prunelle et ajoute à un beau visage féminin la passion mystérieuse de la prêtresse.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, « Le peintre de la vie moderne », XI.
4 Mais, comme par l'amour une joue enflammée (…)
Valéry, Poésies, « La jeune Parque ».
3 Mettre dans un état inflammatoire (⇒ Inflammation). || Cette pommade ne fera qu'enflammer la blessure, la plaie. ⇒ Envenimer, irriter. || Enflammer un bouton (cit. 5), une piqûre d'insecte en se grattant. || « Une piqûre lui enflamma le doigt » (Littré).
5 Je me suis fait faire une jambe de bois très légère (…) je l'ai mise il y a quelques jours et ai essayé de me traîner en me soulevant encore sur des béquilles, mais je me suis enflammé le moignon et ai laissé l'instrument maudit de côté.
Rimbaud, Correspondance, 10 juil. 1891.
4 Remplir (qqn) d'ardeur, de passion. ⇒ Animer, échauffer, embraser, enfiévrer, exalter, passionner. || Le zèle l'enflamme et le dévore (cit. 31). || La colère l'enflamma brusquement. ⇒ Échauffer. || Orateur qui enflamme son auditoire, tribun qui enflamme les foules. ⇒ Électriser, enlever, enthousiasmer, galvaniser. || L'approche (cit. 23) de grands événements enflamme l'orateur. || L'ambition enflammait son cœur. || Se laisser enflammer par la colère, la haine. ⇒ Emporter, entraîner.
6 Ça, je veux étouffer le courroux qui m'enflamme (…)
Molière, Amphitryon, II, 1.
7 L'homme est ainsi bâti : quand un sujet l'enflamme,
L'impossibilité disparaît de son âme.
La Fontaine, Fables, VIII, 25.
8 J'enflammerai son jeune cœur de tous les sentiments d'amitié, de générosité, de reconnaissance que j'ai déjà fait naître et qui sont si doux à nourrir.
Rousseau, Émile, IV.
9 Depuis trois quarts d'heure, cet homme avait dans le geste et dans le regard une autorité despotique, irrésistible, puisée à la source commune et inconnue où puisent leurs pouvoirs extraordinaires et les grands généraux sur le champ de bataille où ils enflamment les masses, et les grands orateurs qui entraînent les assemblées (…)
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 475.
10 J'ai vu parfois, au fond d'un théâtre banal,
Qu'enflammait l'orchestre sonore (…)
Baudelaire, Spleen et idéal, « L'irréparable ».
♦ Faire naître, augmenter (une passion, un désir…). ⇒ Attiser, exciter, provoquer, stimuler. || Enflammer l'ardeur, le courage, le zèle d'un soldat. || Enflammer la haine, la colère. ⇒ Attirer, irriter.
11 Ah ! que vous enflammez mon désir curieux !
Racine, Esther, II, 7.
♦ Vx. Animer (qqn, son cœur, son sang…) d'une vive passion amoureuse (⇒ Flamme). || L'ardeur, la passion qui l'enflamme. || Son imagination l'enflamme, enflamme son sang (→ Amant, cit. 3). || Se laisser enflammer. || Il a suffi d'un regard pour l'enflammer. ⇒ Affoler. || Enflammer les désirs de qqn. ⇒ Allumer.
12 Quand l'amour à vos yeux offre un choix agréable,
Jeunes beautés, laissez-vous enflammer;
Moquez-vous d'affecter cet orgueil indomptable
Dont on vous dit qu'il est beau de s'armer :
Dans l'âge où l'on est aimable,
Rien n'est si beau que d'aimer.
Molière, la Princesse d'Élide, 1er intermède, 1.
13 Non, ce n'est pas par choix ni par raison d'aimer
Qu'en voyant ce qui plaît on se laisse enflammer (…)
Thomas Corneille, Ariane, I, 1.
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s'enflammer v. pron.
1 (1690). Prendre feu. ⇒ Brûler. || Ce bois s'enflamme difficilement. Qui peut s'enflammer. ⇒ Inflammable. || S'enflammer en explosant. ⇒ Déflagrer.
♦ Littér. Devenir d'une couleur de flammes.
14 Le soleil penchait à l'horizon. Les pointes des cimes s'éteignaient l'une après l'autre tandis que les nuées s'enflammaient dans le ciel.
France, le Lys rouge, VIII, p. 87.
♦ Fig. || Son visage s'enflamma de colère, de honte…
15 — Est-ce qu'on a maltraité mon fils ? s'écria Germain dont les yeux s'enflammèrent.
G. Sand, la Mare au diable, XIII, p. 113.
16 N'as-tu pas, en fouillant les recoins de ton âme,
Un beau vice à tirer comme un sabre au soleil,
Quelque vice joyeux, effronté, qui s'enflamme
Et vibre, et darde rouge au front du ciel vermeil ?
Verlaine, Sagesse, III.
2 (1640). Se passionner, s'animer. || S'enflammer de haine, de colère. ⇒ Emporter (s'). || Il est prompt à s'enflammer. — Imagination qui s'enflamme, qui s'exalte.
17 Tout mon sang de colère et de honte s'enflamme.
Racine, Esther, III, 4.
18 Mon imagination, déjà moins vive, ne s'enflamme plus comme autrefois à la contemplation de l'objet qui l'anime; je m'enivre moins du délire de la rêverie (…)
Rousseau, Rêveries…, 2e promenade.
19 « Allons à la chapelle mourir tous ensemble », s'écria l'excellent M. …, prompt à s'enflammer.
Renan, Souvenirs d'enfance…, IV, I, p. 159.
♦ Spécialt. || S'enflammer d'amour. || S'enflammer pour une femme. || Tempérament qui s'enflamme facilement. ⇒ Combustible.
20 Quand je brûle et que tu t'enflammes (…)
Verlaine, Fêtes galantes, « Les coquillages ».
——————
enflammé, ée p. p. adj.
1 (XIe). Qui est en flamme. ⇒ Allumé, brûlant, ignescent; feu (en), ignition (en). || Brandon, tison enflammé; torche enflammée. — Littér. || Les flèches enflammées du soleil (→ Cribler, cit. 7).
21 (Il)se roule, et leur présente une gueule enflammée,
Qui les couvre de feu, de sang et de fumée.
Racine, Phèdre, V, 6.
♦ Éclairé par des flammes. || Nuit enflammée.
22 Les commandements du chef (Hitler), dressé dans le buisson enflammé des projecteurs, sur un Sinaï de planches et de drapeaux (…)
Camus, l'Homme révolté, p. 227.
♦ (1695). Dont la chaleur est intense. ⇒ Brûlant. || L'air enflammé d'une après-midi d'été (→ Atmosphère, cit. 7).
2 Fig. ⇒ Empourpré, rouge. || Joues, pommettes enflammées. ⇒ Feu (en). || Visage enflammé de honte (→ Cacher, cit. 5), de concupiscence (cit. 4). → aussi Démon, cit. 11.
23 Le lion (…) me montre ses dents et ses griffes, ouvre une gueule sèche et enflammée.
Fénelon, Télémaque, II.
3 (1690). Qui est dans un état inflammatoire. || Plaie, blessure enflammée. || Peau enflammée. ⇒ Irrité.
4 Rempli d'ardeur, de passion. ⇒ Animé, ardent, embrasé, enfiévré, passionné, surexcité. || Orateur, discours enflammé. ⇒ Éloquent. || Enflammé d'ardeur, de courage, d'enthousiasme. ⇒ Enthousiaste. || Enflammé de colère (⇒ Furieux, irrité…), de dépit (→ Chasser, cit. 8). || C'est une nature enflammée. ⇒ Emporté.
♦ Spécialt. || Enflammé d'amour. ⇒ Amoureux, passionné… || Un cœur enflammé. — Lettre, déclaration enflammée.
24 — (…) un cœur bien enflammé ?
— Un cœur bien plein de flamme (…)
Molière, Amphitryon, II, 6.
25 L'objurgation amoureuse recommença, plus enflammée, plus véhémente (…)
Léon Bloy, le Désespéré, p. 125.
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CONTR. Éteindre, refroidir. — Calmer; apaiser, lénifier. — (Du p. p.) Éteint, blême, livide; calme, froid, tranquille.
DÉR. V. Inflammation.
COMP. Désenflammer.
Encyclopédie Universelle. 2012.