place [ plas ] n. f.
• 1080 « endroit »; lat. pop. °plattea, class. platea
I ♦
1 ♦ (1370; h. XIIe) Lieu public, espace découvert, généralement entouré de constructions. ⇒ esplanade, rond-point; piazza. Petite place. ⇒ placette. Place d'une ville grecque (⇒ agora) , romaine (⇒ forum) . « Une place méridionale avec des platanes tout autour » (Aragon). Habiter place Victor Hugo. La place de l'église, de la mairie. Monument, fontaine d'une place. — La place publique. Loc. Sur la place publique : en public, aux yeux de tous. Fig. et littér. Les agitations de la place publique, du peuple. « Il n'y a pas à espérer de faire adorer l'art en place publique » (Sainte-Beuve).
2 ♦ (1417) PLACE FORTE, place de guerre, ou ellipt PLACE. ⇒ forteresse. Camp retranché entouré de places fortes. La place de Verdun. Commandant d'armes d'une place. — Locaux où sont installés les services du commandement d'une place. Aller faire viser sa permission à la place. — Loc. Avoir des intelligences, des complicités dans la place, dans un groupe plus ou moins adverse. Être maître de la place : agir en maître, faire ce qu'on veut. « Je suis seul à lui tenir tête [...] En l'absence de ses parents, Victor se sait maître de la place » (A. Gide).
♢ (XVIIe) PLACE D'ARMES : partie élargie du chemin couvert (fortification protégée par des bastions); tranchée, ouvrage où l'on rassemblait les troupes avant une attaque.
3 ♦ (1606 « place du change ») Comm., fin. Ville où se font des opérations de banque, de commerce; ensemble des banquiers, des commerçants, des négociants qui exercent leur activité dans une ville. Avoir du crédit sur la place, dans la ville où l'on exerce son activité. Le Brésil « jette sur les places des diamants moins blancs que ceux de l'Inde » (Balzac). Les grandes places financières internationales. Places boursières. — Loc. Sur la place de (telle ville) :dans (telle ville). « C'était le modeleur le plus réputé sur la place de Paris » (Queneau). — Faire la place : aller chez les divers commerçants d'une ville pour leur proposer des marchandises. ⇒ placier.
4 ♦ (1835) Vieilli Place de voiture : lieu où stationnent les voitures de louage. — Mod. Loc. Voiture de place : taxi de luxe (cf. De grande remise).
5 ♦ Région. (Nord, Belgique) Pièce (II, 7o). Logement de quatre places. — (Québec) Endroit, localité. C'est une jolie place.
II ♦
1 ♦ (XVe; h. XIIIe) Partie d'un espace ou d'un lieu (surtout dans des constr. avec une prép. de lieu).⇒ emplacement, endroit, 1. lieu. À la même place. — De place en place : ici et là. Par places : par endroits.
♢ Spécialt Endroit où l'on se trouve. Rester, demeurer à la même place. — EN PLACE. Rester en place. Ne pas rester, ne pas tenir en place : être toujours en mouvement, bouger sans cesse. Depuis qu'elle a appris son arrivée, elle ne tient plus en place. — SUR PLACE. Rester sur place, immobile. Être cloué sur place. Substant. Faire du surplace ou du sur-place : sport rester immobile, en équilibre, sur sa bicyclette; cour. ne pas avancer. Voiture qui fait du surplace dans un embouteillage. — Sur place : à l'endroit où un événement a eu lieu (cf. Sur les lieux). Faire une enquête sur place. Pizzas à consommer sur place ou à emporter.
2 ♦ Portion d'espace, endroit, position qu'une personne occupe, qu'elle peut ou doit occuper. Tenir beaucoup, trop de place sur un banc. Serrez-vous un peu pour me faire une petite place.
♢ Dans un lieu collectif ou un groupe, Emplacement ou position attribué, assigné. Place des élèves en classe. — (À table) La place d'honneur, à droite de la maîtresse de maison. — Aller s'asseoir à sa place. Gagner, reprendre sa place. Faire garder sa place dans une file d'attente. Prendre la place de qqn. Abandonner, quitter sa place. — À vos places ! en place ! allez, retournez chacun à la place que vous devez occuper.
♢ Loc. (sans art.) Prendre place : se placer. Faire place à qqn : se ranger pour permettre à qqn de passer. — Vieilli Place ! faites place !
3 ♦ Spécialt (1530) Siège ou partie d'un siège qu'occupe ou que peut occuper une personne (dans une salle de spectacle, un véhicule, etc.). Place vide, libre, occupée. Louer, retenir, réserver sa place. « Je la conduisis à la gare, lui fis donner une bonne place dans le train de Paris » (Duhamel). Service à la place : service des repas à la place du voyageur, dans les trains. Place de cinéma, de théâtre, de concert. Place de parterre, à l'orchestre. ⇒ fauteuil. L'ouvreuse conduit les spectateurs à leurs places. Voiture à deux (⇒ biplace) , à quatre places. Ellipt Une quatre places. Places avant, arrière. Fam. La place du mort (réputée dangereuse),à côté du conducteur, dans une voiture. Avion à une seule place (⇒ monoplace) . — Espace d'un lieu public que peut occuper une personne. Place assise, où l'on peut s'asseoir, où l'on est assis. Places assises et places debout dans le métro.
♢ Par ext. Droit d'occuper une place, prix qu'on paye pour pouvoir occuper une place (dans une salle de spectacle, un véhicule, etc.). Payer demi-place, place entière. Avoir des places pour un spectacle. ⇒ entrée. — Loc. fig. Les places sont chères : la concurrence est âpre.
4 ♦ Espace libre où l'on peut mettre qqch. (de la place); portion d'espace qu'une chose occupe (une place, la place de...).⇒ 1. espace. Faire, gagner de la place en se débarrassant des objets inutiles. Économie, gain de place. Objet qui tient, qui occupe beaucoup de place, une grande place. Ne mange pas trop, garde une place pour le dessert. — Loc. Faire place nette. Il y a la place de mettre une table. Avoir de la place pour se retourner. — Place de voiture. Trouver une place pour se garer. Place de garage, de parking.
5 ♦ Endroit, position qu'une chose occupe, peut ou doit occuper dans un lieu, un ensemble. ⇒ emplacement, position. « Chaque chose à sa place, l'étroit espace si bien utilisé » (Taine). Changer la place des meubles. Mettre (⇒ 1. placer) , remettre un objet à sa place (⇒ 1. ranger, replacer) . — La place des mots dans la phrase. ⇒ disposition, ordre. — EN PLACE : à sa place. S'assurer si tout est en ordre, en place. Laisser, mettre, remettre en place. — MISE EN PLACE : arrangement, installation; spécialt arts opération qui consiste à tracer les grandes lignes, à répartir les masses, les volumes d'une composition picturale ou architecturale.
III ♦ (Abstrait)
1 ♦ (1538) Fait d'être admis dans un groupe, un ensemble, d'être classé dans une catégorie; condition, situation dans laquelle on se trouve. Cet homme d'État aura sa place dans l'histoire. Avoir sa place au soleil : profiter des mêmes avantages que les autres. Avoir une place dans la vie, dans l'estime de qqn. — Place à... ! Place aux jeunes ! — Tenir sa place : figurer honorablement, bien tenir son rang. Il ne donnerait pas sa place pour un empire, pour tout l'or du monde, il ne la céderait pour rien au monde. — PROV. Qui va à la chasse perd sa place. — Fig. À LA PLACE DE qqn, à sa place, dans sa situation. Se mettre à la place de qqn, imaginer, supposer qu'on est soi-même dans la situation où il est (cf. Dans la peau de qqn). « Celui qui ne s'est jamais mis, fût-ce une fois dans sa vie, à la place d'autrui; qui ignore cet effort pour sortir de soi-même » (F. Mauriac). Enfin, mettez-vous à ma place ! Je voudrais bien vous voir à ma place ! (cf. fam. Vous y voir). À votre place, je refuserais, si j'étais vous. — Avoir, prendre, trouver (sa) place (cf. aussi Avoir lieu). « Il n'y a pas de place pour la passion dans un tel univers » (Camus). « Une amitié qui tenait [...] presque autant de place que son amour » (A. Gide).
2 ♦ Position, rang dans une hiérarchie. Avoir, tenir, occuper la première, la dernière place. « Si les lois donnent la première place à l'homme, l'honneur donne le premier rang à la femme » ( Hugo).
♢ (1680) Rang qu'obtient un élève à une composition, un candidat à un concours. ⇒ classement. Avoir une bonne place en histoire. Être reçu à un concours dans les premières places (cf. Dans les premiers).
♢ Rang (d'un sportif, d'une équipe) dans une course, une compétition. — Classement du cheval qui arrive parmi les placés.
♢ (1611) Vx Situation sociale importante. « Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! » (Beaumarchais). ⇒ charge, dignité, fonction, 3. poste. Mod. Être en place : jouir d'un emploi, d'une charge qui confère à son titulaire de l'autorité, de la considération. Les gens en place. ⇒ 2. établi; establishment. — Mod. Emploi (généralement modeste). Une place d'employé de bureau. Perdre sa place, chercher une place. Une bonne place. Domestique qui a fait plusieurs places.
3 ♦ (Aux sens II, 1o ou 2o, et dans des expr., pour exprimer l'idée de remplacement) S'installer, se mettre à la place, prendre la place de qqn. Occuper, tenir la place de qqn. ⇒ remplacer, se substituer. Laisser la place à qqn. — Faire place à : être remplacé par. « Le ciel toujours redevient pur Toute nuit fait place au matin » (Aragon). — Au lieu et place de. — Loc. À LA PLACE DE : au lieu de. ⇒ pour. Employer un mot à la place d'un autre. Je voyais « une mosquée à la place d'une usine » (Rimbaud). — Absolt À la place. « Mettez une pierre à la place. Elle vous vaudra tout autant » (La Fontaine).
4 ♦ Spécialt La place de qqn, celle qui lui convient. Sa place est à l'atelier, au bureau. Être à sa place : être fait pour la fonction qu'on occupe; être adapté à son milieu, aux circonstances. Se tenir, rester à sa place : se conduire comme l'exige sa condition, son état, avec modestie. Tenir sa place : remplir les obligations de ses fonctions. — Loc. Remettre qqn à sa place, le rappeler à l'ordre, aux convenances. ⇒ reprendre, réprimander. « Il se promettait bien de le remettre à sa place, et de lui donner une leçon un jour ou l'autre » (Maupassant).
● Place ville où fonctionne une Bourse de marchandises.
place
n. f.
aA./a
d1./d Dans une ville, une agglomération, espace découvert, lieu public, qui est le plus souvent entouré de bâtiments et où aboutissent plusieurs rues. La place de la Concorde, à Paris. Place publique.
d2./d Place forte ou, ellipt., place: forteresse; ville protégée par des ouvrages de défense. Le général commandant la place.
|| Loc. fig. être dans la place: avoir réussi à s'introduire dans un groupe, un milieu fermé. Avoir des amis, des complicités dans la place.
d3./d COMM, FIN Ville où se font les opérations boursières, bancaires ou commerciales; corps des négociants, banquiers, etc., d'une ville. Il est bien connu sur la place.
|| Faire la place: aller chez les commerçants leur proposer une marchandise.
aB./a
rI./r
d1./d Partie d'espace, endroit. De place en place s'élevaient quelques ruines. Syn. lieu.
d2./d Spécial. Lieu où l'on se trouve.
|| Loc. Ne pas rester, ne pas tenir en place: être très agité.
|| Sur place: sur les lieux mêmes de l'événement. En cinq minutes, les pompiers étaient sur place.
— n. m. Faire du sur-place ou du surplace: ne pas se déplacer; en cyclisme, se tenir en équilibre, immobile, prêt à démarrer dans une course de vitesse.
d3./d Portion d'espace déterminée, position qu'une chose occupe, peut ou doit occuper. Ranger chaque chose à sa place.
|| En place: à sa place, en ordre. Tout est en place, prêt à fonctionner.
|| Espace où l'on peut mettre une chose. Gagner de la place.
d4./d Portion d'espace déterminée, position (notam. siège) qu'une personne occupe, peut ou doit occuper. S'asseoir à sa place.
— Faire place à qqn: s'effacer pour le laisser passer.
|| Spécial. Emplacement, siège, dans un véhicule, un moyen de transport, une salle de spectacle, etc. Places debout et places assises. Réserver, céder sa place.
|| Par ext. Droit d'occuper une telle place; le titre qui confère ce droit. Avoir des places gratuites pour un spectacle.
rII./r (Fig. et abstrait.)
d1./d Appartenance à un ensemble (conçu comme spatial). La place de l'homme dans la nature.
|| Fait d'être présent dans les pensées, les sentiments, etc., de qqn (en parlant d'une personne). Il a toujours une place dans mon coeur.
d2./d Situation, condition dans laquelle se trouve une personne. Il ne donnerait, ne céderait sa place pour rien au monde.
— à la place de qqn, dans sa situation. Se mettre à la place de qqn.
|| Spécial. La place de qqn, la position, la condition qui lui convient ou qu'il se doit de respecter. Remettre qqn à sa place, le rappeler aux convenances.
d3./d Rang, position dans une hiérarchie.
|| Rang obtenu dans un classement. Terminer une course en bonne place.
d4./d Situation, emploi. Une place de dactylo. Perdre sa place.
|| être en place: avoir une situation qui confère l'autorité, force la considération. Les gens en place, haut placés, bien placés.
d5./d Loc. à la place (de): au lieu de.
— (Québec) Fam. (Suivi d'un inf.) Je vais lui téléphoner à la place d'écrire.
|| Faire place à: être remplacé, suivi par.
⇒PLACE, subst. fém.
I. A. —[Portion d'espace déterminée]
1. Partie d'espace, portion libre qu'occupe ou que peut occuper quelqu'un ou quelque chose. Synon. endroit, lieu. Place libre, vacante, occupée, restreinte, vide; faire, gagner, tenir de la place; gain, perte de place; tenir, prendre beaucoup, peu de place; trouver place. Ces campagnes fertiles, cette terre favorisée du ciel, où les arts trouvaient à peine de la place pour leurs chefs-d'oeuvre toujours renaissants (Le Moniteur, t.2, 1789, p.395):
• 1. ... tu n'auras qu'à venir chez nous. Quand il y a de la place pour douze, il y en a pour vingt. Tes garçons coucheront avec les nôtres, et les filles ensemble.
AYMÉ, Jument, 1933, p.89.
— Loc. adv.
♦De place en place, par place(s). Par endroits et de manière discontinue, à de certains endroits dispersés. Synon. çà et là fam. (v. çà1), ici et là, de loin en loin. Très ancienne, cette église de Toulven (...) s'élève toute grise dans le ciel bleu, avec sa haute flèche de granit à jours, que par place les lichens ont dorée (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.196). Sa cravate était moins une cravate qu'une corde vaguement recouverte de place en place d'une étoffe noire passée (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.737).
♦À des places (région. (Canada)). Par endroits, à certains endroits. Tu vas faire du ménage dans les maisons que je vas visiter. À des places, c'est pas rose, tu sais (VÉZINE, p.243 ds ROGERS 1977).
— Région. (Belgique). ,,Pièce d'une habitation`` (PIRON Belgique 1978, p.54). (Canada). Plancher, sol d'une chambre. Elle devait préparer en peu de temps le repas du midi, balayer la place et mettre de l'ordre dans la maison (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.87).
2. En partic. Lieu où une personne se trouve; endroit assigné à quelqu'un. Demeurer, rester à la même place; bouger de place; céder, laisser la place à qqn; aller s'asseoir à sa place; gagner, reprendre sa place. Faites le réméré, bavard! me dit Gobseck en se levant et me montrant sa place au bureau (BALZAC, Gobseck, 1830, p.414). On nous fit voir la place où, pendant quatorze ans, vint s'asseoir le sombre Philippe II, ce roi né pour être grand inquisiteur (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.129):
• 2. L'homme ivre d'une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D'avoir voulu changer de place.
BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p.106.
♦Place d'honneur. V. honneur I D 2.
— Loc. verb.
♦Céder, quitter la place (vieilli). S'en aller vaincu, capituler. Tu seras bien avancé quand tu les auras forcés de quitter la place (AUGIER, Pierre de touche, 1854, p.95).
♦Ne pas demeurer/rester, ne pas tenir en place. Être toujours agité, bouger sans arrêt. L'inquiétude devient tellement vive que l'on ne tient plus en place (VALLÈS, Réfract., 1865, p.41).
♦Faire place nette. V. net I B 1.
♦Bien tenir sa place à table.
♦(Être, rester) sur place. (Demeurer) au même endroit sans se déplacer, sans avancer. Rester cloué, figé sur place; piétiner, tourner sur place. Les danseurs (...) se démenaient sur place et faisaient craquer leurs os en mesure (ABOUT, Roi mont., 1857, p.117).
♦(Faire qqc.) sur place. (Faire quelque chose) sur les lieux mêmes où un événement a eu lieu; à l'endroit même, sans se déplacer. Déjeuner sur place; effectuer un constat, une enquête sur place. On peut maintenant admirer Velasquez sur place (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p.253). Vus de loin, du Parlement, ces officiers coloniaux lui avaient toujours paru des serviteurs (...) auxquels il fallait sans cesse allouer des crédits pour les entreprises aléatoires (...). Sur place et au contact immédiat, il les jugeait autrement (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.258). Un massif de montagnes (...) aussi sculptées que si quelque statuaire, au lieu d'emporter le marbre, l'avait ciselé sur place (PROUST, Sodome, 1922, p.1078).
♦Tomber, être mort, être tué sur la place (vx), sur place. Sur le lieu même, sans reculer. Se faire tuer sur place. Un soldat voulut lui couper la tête; mais ce soldat tomba à la renverse et expira sur la place (CHATEAUBR., Congrès Vérone, t.1, 1838, p.14). Au fond (...) s'étend la vaste plaine blanche (...) que rayent les lignes lointaines des troupes tombées sur place (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p.11).
♦Être à sa place. Être là où l'on doit être. Au fig. Se sentir à l'aise. Si chaque pierre n'est point à sa place, il n'est point de temple. Et si chaque pierre est à sa place et sert le temple, alors comptent seuls le silence qui est né d'elles, et la prière qui s'y forme (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p.563).
♦Qui va à la chasse perd sa place (proverbe ou loc. fam.). V. chasse1 I A 1 b.
♦À vos places! (p.ell. de mettez-vous, retournez à vos places). «Maintenant, à vos places, et en route», commanda-t-il. (...) le cortège, titubant, clapotant dans les flaques, se redressa et disparut au tournant du couloir (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1284).
♦Faire, laisser place à qqn, faire faire place à qqn (vx). Se ranger, s'effacer pour laisser passer quelqu'un. La fille de Pétamounoph et Nofré, à qui les serviteurs avaient fait faire place, se tenaient à cet angle, sur le sommet du talus, de façon à voir défiler tout le cortège sous leurs pieds (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p.215).
♦Place!... Place! (vieilli). ,,Écartez-vous! Laissez le passage``. Synon. fam. dégagez (la piste). Nous voilà dehors... «Place!... Place!...» Il écarte la foule (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.540).
♦Place à...! Laissez passer, cédez la place à (quelqu'un, pour qu'il agisse, prenne la parole). En bas, les canots accostent (...) ceux qui sont attendus montent les premiers. D'abord les maris de ces dames, place aux anciens, qui passent devant! (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.21). Place à M. le maire! dit quelqu'un. Place à M. le maire au nom de la commune! (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p.1493).
[Pour annoncer un changement, une activité nouvelle] (Place à la) musique! J'ai pensé à un manifeste anonyme sur le thème: «Place aux jeunes». (...) la question me préoccupe. Il s'agit de savoir, en somme, si le «flambeau» sera transmis, comment, dans quelles conditions, par qui (LARBAUD, Journal, 1934, p.293).
3. a) Emplacement aménagé, destiné à une fonction particulière. Tente à quatre places. On me montra un de ces lits en forme d'armoire, à deux places, qui avait été préparé pour Yves et pour moi. Je devais habiter l'étagère supérieure, qui était garnie de gros draps de toile rousse bien propres et bien raides (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.95). De fines petites voitures à quatre places, les brancards en l'air (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p.75).
♦Fam. Place du mort. Siège avant à côté du conducteur. Les week-ends, les arbres à came enfoncés dans les platanes, la place du mort et le mort à sa place (G. DORMANN, Je t'apporterai des orages, Paris, Le Livre de poche, 1980 [1971], pp.165-166).
b) En partic. Emplacement, siège réservé dans un lieu public tel qu'une salle de spectacle, un stade, ou dans un moyen de transport en commun. Bonne, mauvaise place; place d'avion; réserver, retenir sa place; location des places; place gratuite; prix des places; concert gratuit dans la mesure des places disponibles; place assise, debout, place réservée; places numérotées; céder sa place à qqn. Là [à Naples] le bateau actuel me reprendra pour Marseille. J'y suis très bien aux premières places, table et cabine (NERVAL, Corresp., 1843, p.146). Il voulait s'asseoir au bout le plus éloigné de la terrasse. Mais il n'y avait pas de place, et il nous fallut revenir sur nos pas (GYP, Souv. pte fille, 1928, p.261).
♦Place de parking. V. parking ex. de Gds ensembles habit.
♦Prendre place. S'installer, s'asseoir. Madame de Grandlieu prit place sur une chauffeuse (BALZAC, Gobseck, 1830, p.380).
♦La place est toute chaude (fam.). [Pour proposer un siège à qqn qui arrive et lui céder la place] (Ds Lar. Lang. fr.). Au fig. Pourquoi s'est-on contenté de l'intérim du général Borius qui semble avoir reçu la consigne de garder la place chaude en cas de retraite du ministre ambitieux de redevenir gouverneur? (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p.163).
— P. méton. Prix, tarif; ticket, billet correspondant au prix d'une place louée. Payer place entière, demi-place. Synon. plein tarif, demi-tarif.
— Loc. verb. fig., fam. Les places sont chères. ,,La concurrence est âpre, difficile (...) au sens concret, en parlant du stationnement des véhicules («on trouve difficilement à se garer»)`` (REY-CHANTR. Expr. 1979).
4. ADMIN., DR. Droit de place. ,,Situation juridique d'une personne autorisée à occuper un emplacement déterminé sur certaines dépendances du domaine, telles que les halles, marchés, abattoirs; redevance à laquelle est assujetti cet usage du domaine`` (CAP. 1936).
5. [Dans des loc. indiquant le remplacement d'une pers. ou d'une chose par une autre] Un autre postillon prit la place du blessé, et l'on se mit en route avec une vélocité sans pareille (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.57).
— DR. Au lieu et place de (qqn), en lieu et place de (qqn). V. lieu1 A 1 c.
— À la place de, en place de (vx) (qqn/qqc.), loc. prép. Au lieu de, pour remplacer. Un duo entre le Vice et la Vertu, qu'il propose de faire chanter, tous les ans, à la rentrée des classes, en place du Veni Creator (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.229). Ces tristes enfants que j'ai recueillis, à la place de ceux que Dieu ne m'a pas donnés (CLAUDEL, Soulier, 1944, 1re part., 1re journée, 5, p.958).
♦Absol., fam. À la place. Il y en avait même autrefois [de la vigne, dans une propriété]: on a mis des châtaigniers à la place (SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.117).
B. —[Situation de qqc. ou de qqn dans un ensemble]
1. Rôle assigné à quelqu'un ou à quelque chose dans un ensemble hiérarchisé ou structuré. La première, la dernière place; qqc. tient une grande place dans qqc.; laisser peu de place à qqc. Les rédacteurs du Code ne leur ont pas fait une place à part, mais en ont traité en même temps que des droits réels (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p.87). Ne reproche-t-il pas [Barrès] à Polyeucte (...) de «manquer de cette intelligence qui remet les choses à leur place?» (MASSIS, Jugements, 1923, p.202).
— Être, se mettre à la place de qqn. S'imaginer, se supposer dans l'état, dans la situation où la personne en question se trouve (pour mieux juger, comprendre la situation). Synon. se mettre dans la peau de qqn (fam.). Mettez-vous à ma/sa place; si j'étais à votre place, si vous étiez à ma/sa place. Synon. si j'étais (que) (de) vous, lui, etc. Je voudrais bien vous voir à ma place! Synon. je voudrais bien vous y voir (fam.). Le premier [l'acteur] a eu son moment d'inspiration violente et presque passionnée, dans lequel il a pu se mettre, toujours par l'imagination, à la place du personnage (DELACROIX, Journal, 1847, p.173).
♦Absol. À ta, sa place + prop. au cond. Si j'étais (de) vous, dans votre peau, dans votre cas. À votre place, je n'irais pas. À votre place, je serais gêné quand il me regarderait en face (CUREL, Nouv. idole, 1899, II, 5, p.227).
— En partic., dans le domaine des sentiments. Avoir, garder, conserver, obtenir, tenir une grande, une large place dans le coeur, dans l'estime, dans l'amitié de qqn. Synon. avoir une grande part dans (v. part1), compter beaucoup aux yeux de qqn. Il n'y a pas de place pour la haine dans le coeur de cette personne. Mon coeur où l'amour tient toute la place (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1935, p.36).
2. a) Situation, position ou disposition de quelque chose ou de quelqu'un par rapport à un ensemble. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place.
b) Spécialement
— BIOL. Place vide.
— LING. Place des mots dans la phrase. La structure à trois places est celle des phrases transitives à double complément (Ling. 1972).
— SPORTS. Classement obtenu dans une épreuve sportive homologuée. F. a été battu par P. pour la seconde place (Le Sport, 11 mai 1859 ds PETIOT 1982).
— SYLVIC. Arbre de place. Arbre poussant sur une surface de terrain destinée aux essais de sylviculture (d'apr. Forest. 1946). (Arbre, pin) de place. ,,Désigné à l'avance pour rester en place lors des martelages successifs`` (PLAIS. 1969). ,,Conservé dans les peuplements de pin maritime, au cours des coupes d'éclaircie, pour subir le gemmage à vie`` (Agric. 1977). [Les troncs] qui restent sont des arbres de place, c'est-à-dire établis là, assis jusqu'à leur mort, possesseurs à vie du sol conquis (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.20).
3. [Agencement, dans la loc. en place]
— Mettre en place (qqn, qqc.)
♦Mettre, remettre qqc. en place. (Re)placer à l'endroit qui convient, au lieu de rangement ou de fonctionnement. [Maigret] remettait l'argent et les carnets en place, reportait la boîte dans l'armoire (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.130). Mise en place. Au moment de leur mise en place les jeunes plants devront bénéficier d'un certain abri qui les protégera des gelées et d'une insolation excessive (COCHET, Bois, 1963, p.107).
♦Mettre en place. Mettre en ordre pour le fonctionnement, le travail, une activité:
• 3. ... dans la bataille moderne, le général en chef, après avoir mis ses forces en place et donné ses ordres initiaux, n'a plus qu'à attendre les résultats d'une partie dont le déroulement lui échappe.
JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.399.
Mise en place. Cette circonstance me parut d'abord avantageuse, car elle dissimulait à l'aviation ennemie l'approche et la mise en place des troupes d'attaque (JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.68).
♦En place! (p.ell. de mettez-vous en place!). Tout est fin prêt. En place, les bons tireurs! On n'a plus qu'à attendre, l'oeil dur sous les sourcils froncés et la sagaie au poing (MARAN, Batouala, 1925, p.176).
C. —1. Position de quelqu'un/quelque chose dans un rang, dans une hiérarchie. Avoir, tenir, occuper la place d'honneur, la première place, une place de choix, une place à part; place éminente, honorable, enviable. La réaction a sa place dans le plan providentiel; elle travaille sans le savoir au bien de l'ensemble (RENAN, Avenir sc., 1890, p.384).
— Loc. verb.
♦Rester à sa place (au fig.). Ne pas outrepasser son rang. (Dict.XIXe et XXes.).
♦Mettre qqn à sa véritable place (au fig.). Placer quelqu'un à son rang ou dans son rôle véritable. [La peinture] permet de remettre à sa place l'homme éminent peu estimé du sot public passager, qui ne s'attache qu'au clinquant et à l'écorce du vrai (DELACROIX, Journal, 1847, p.173).
♦Tenir sa place (au fig.). Remplir les obligations de sa charge, de son état; jouer un rôle important:
• 4. ... Hitler (...) était bien commode pour mâter les communistes, on a eu tort de faire confiance à un peintre en bâtiments, ces gens-là (...) ne savent pas tenir leur place (...) il aurait mieux valu s'adresser à un maréchal, un maréchal ça sait obéir...
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.231.
♦Remettre qqn à sa place (fam.). Faire comprendre à quelqu'un qu'il a enfreint les règles de la politesse, des convenances, le rappeler à ses devoirs. Nous causâmes donc quelques instants; ça l'enhardit, lui, et il voulut prendre des privautés, mais je le remis à sa place, et roide, encore (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Bois, 1886, p.556).
2. Rang obtenu par un étudiant, un élève, dans un classement à une composition, à une épreuve, à un concours ou par un concurrent dans une compétition sportive. Avoir une bonne place, obtenir les premières, les meilleures places; la place de premier; lutter pour garder sa place, gagner une place, emporter la première place:
• 5. «Asseyez-vous, messieurs», disait le préfet des études (...). Et alors le professeur lisait les résultats de la dernière composition (...). À la sortie, il entendait: «On a donné les places, chez vous? Qui a été premier? (...)».
LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.51.
— P. méton. Cette nomination. Liste des places; lire les places. Quand le père supérieur proclamait les notes et les places, Édouard, s'il se jugeait mal loti, trépignait (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.183).
3. Emploi rétribué (souvent modeste, notamment en parlant du personnel de maison). Synon. poste2, situation, travail. Belle, bonne place; chercher, trouver une place; perdre sa place. Des économies faites dans une place où j'étais resté quelques semaines (VALLÈS, Réfract., 1865, p.50):
• 6. —Icitte, ce n'est pas une place pour vous, Maria. Le pays est trop dur, et le travail est dur aussi: on se fait mourir rien que pour gagner son pain. Là-bas, dans les manufactures, (...) vous auriez vite fait de gagner quasiment autant que moi...
HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.181.
4. Vieilli. Situation sociale importante. Grandes places, place de ministre; occuper une place importante. V. lucratif ex. de Flaubert.
♦Gens en place. Titulaires d'une charge importante. Synon. gens, personnages haut placés (v. haut1 II E).
II. —[Espace circonscrit destiné à certains usages particuliers]
A. —1. Place publique et, p.ell., place. Dans une ville, une agglomération ou un village, lieu public consistant en un espace plus ou moins large, découvert et le plus souvent entouré de bâtiments publics, où aboutissent plusieurs rues ou avenues, et où ont lieu souvent des activités commerciales, festives ou publiques. Place principale, grand'place, place de l'église, du marché, de la mairie; place déserte, vide, noire de monde, silencieuse, éclairée; arbres, fontaine(s), monument(s) d'une place; angle(s), coin(s), centre de la place; contourner, traverser la place, faire le tour de la place, s'installer sur la place; foire, marché sur la place. La cour est pleine comme une place un jour de marché (R. BAZIN, Blé, 1907, p.350):
• 7. ... une place de jolie sous-préfecture, place régulière, entourée d'arcades et plantées d'orangers (...). Les cafés ôtaient leurs volets. Dans un coin, une halle avec des légumes...
A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p.107.
♦Place de grève (v. grève1).
— Au fig. Nos réflexions, à nous hommes du XXe siècle, sont explosives, nos laboratoires sont sur la place publique, nos arts se font à coup de machines (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p.71).
2. Place (de voitures) (vieilli). Emplacement réservé aux voitures publiques. Synon. station. Il avait, disait-on, mis une vieille femme rue de Ménars, sur la place de fiacres qui s'y trouve (BALZAC, Ferragus, 1833, p.59).
♦Voiture de place. Voiture publique qui stationnait à un emplacement déterminé et que l'on pouvait louer. Puis elle monta dans une voiture de place, et sortit de cette ville pour n'y jamais rentrer (BALZAC, Langeais, 1834, p.339).
3. DÉFENSE
a) Place d'armes ou, p.ell., place. V. arme II A 4 b.
b) Place forte, place de guerre ou, p.ell., place. Ville fortifiée par une enceinte, des ouvrages de guerre; p.ext., ville de garnison, fortifiée ou non. Place de sûreté; assiéger, attaquer, cerner, investir, libérer une place; s'emparer d'une place; le gouverneur de la place de Paris. Les assistants (...) se pressant pour voir défiler (...) le sous-préfet, le maire de Compiègne, le général commandant la place (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1356). On travaillait à l'armement de guerre des places de Metz et de Thionville (JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.212).
— Au fig. Rendre la place. Céder, capituler. T'es pas un homme. V'là qu'tu fuis, maintenant, que tu rends la place! Va donc, Bazaine (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Trou, 1886, p.580).
B. — FIN., COMM.
1. Ville, localité où s'effectuent (ou peuvent s'effectuer) des opérations boursières, commerciales ou bancaires. La place de Londres, de Paris; place commerciale, internationale; place de crédit. Négocier un billet sur la place. Être connu, avoir du crédit sur la place de Paris (Ac.). L'État sera à cet égard à la discrétion de la caisse d'escompte, dont les administrateurs sauront bien gouverner le prix de l'argent sur la place (Le Moniteur, t.2, 1789, p.350). L'on peut acquérir les billets sur la place, moyennant tant pour cent (BALZAC, E. Grandet, 1834, p.136):
• 8. ... les «réseaux» de paiements en direction ou en provenance d'autres centres (...) ou d'où émanent et auxquels vont des flux monétaires. Les plus significatifs de ces «centres» sont des ensembles complexes d'organismes monétaires et financiers: les places [it. ds le texte].
PERROUX, Écon. XXes., 1964, p.134.
♦Faire la place, loc. verb., vieilli. Avoir pour métier de placer, d'écouler de la marchandise par démarchage. S'il savait faire quelque chose, un étalage, une addition, la place, la vente (...) pincer le tissu, tenir les livres, le carnet, la caisse! (VALLÈS, Réfract., 1865, p.17).
♦Place bancable (comm.). V. bancable B.
♦Place boursière (fin.). ,,Localité où se tient un marché financier; p.ext. synon. de Bourse`` (Gestion fin. 1982).
♦Place financière. ,,Au plan national, on appelle place une zone géographique dans laquelle les établissements financiers interviennent par compensation pour régler leurs échanges sous le contrôle de la Banque de France. Au plan international, les grandes places financières sont les Bourses des valeurs mobilières`` (CENECO Entr. 1980).
2. P. méton. ,,Corps des négociants, des banquiers d'une ville; commerce général de cette ville`` (BARR. 1974).
C. —Région. (Canada). Endroit, localité. De quelle place viens-tu? Mes amis me disaient que c'était [Toronto] la place pour apprendre l'anglais (Le Soleil, 13 avr. 1985, B6, col. 1).
REM. 1. Placis, subst. masc., synon. région. (à Rennes notamment) de placette. Petite place publique. La jolie foule si variée (...) attendit, dans une journée radieuse, encombrant tout le placis face à la mer (LA VARENDE, Heur. humbles, Phoebé, 1942, p.156). Le boulanger passe (...) appuie sa bicyclette à la croix forgée du placis et toque à la porte (GENEVOIX, Assassin, 1948, p.201). 2. Surplace, sur(-)place, (sur place, sur-place)subst. masc. Faire du surplace. a) Sports. Rester en équilibre en pédalant sur sa bicyclette (d'apr. PETIOT 1982). b) Fam. [En parlant d'un conducteur de véhicule ou, p.méton., du véhicule lui-même, ou d'un piéton] Ne pas pouvoir avancer, en raison de la circulation intense, de l'encombrement. Au fig. Nous avions placé de grands espoirs dans ce 10 mai, et aujourd'hui, huit mois après, nous avons le sentiment de ne pas avoir fait un pas vers cette «autre» télévision que nous voulions. Nous faisons du «surplace» et, dans certains domaines, nous avons reculé (Le Monde Dimanche, 31 janv. 1982, p.1).
Prononc. et Orth.:[plas]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1100 «endroit, lieu, espace où se déroule l'action» (Roland, éd. J. Bédier, 1108); b) ca 1100 en la place «à cet endroit, sur le sol» (ibid., 764); c) 1409 sur la place «sur les lieux» (Trésor des Chartes de Rethel ds RUNK., p.152); 1774 sur place (DIDEROT, Réfutation Hévétius, p.356); 2. a) ca 1100 «partie déterminée d'un espace, d'un lieu, où quelque chose peut être fait ou mis, où quelqu'un peut se mettre» (Roland, éd. J. Bédier, 1507); 1160-74 «emplacement (d'une ancienne ville)» (WACE, Rou, III, 93, éd. A. J. Holden, t.1, p.164); ca 1260 faire place à (Récits d'un ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, par. 100, p.53); ca 1350 metre en place (GILLES LI MUISIS, Poésies, II, 233 ds T.-L.); 1377 prendre place «s'installer» (GACE DE LA BUIGNE, Roman des Deduis, 4003, ibid.); 1539 être, mettre, entrer en la place de (EST.); 1539 aller de place en place comme les oiseaux (ibid.); 1553 trouver place (O. DE MAGNY, Amours, éd. Courbet, 72 ds IGLF); 1579 ne pas pouvoir demeurer en une place (LARIVEY, Jaloux, II, 3, éd. Viollet-le-Duc, VI, 28, ibid.); 1705 ne pas tenir en place (REGNARD, Ménechmes, Prologue ds LITTRÉ); 1606 que ferois-tu, si tu etois en ma place (NICOT); 1671 mettre chaque chose en sa place (POMEY); 1769 de place en place «de manière clairsemée, par-ci par-là» (SAINT-LAMBERT, Les Saisons, p.49); b) 1306 «lieu, logement prévu pour une personne (pour le logement de troupes)» (JOINVILLE, St Louis, 388 ds T.-L.); 1530 «siège pour une personne» (PALSGR.); 3. 1175-80 «partie indéterminée d'espace» poi de place (Renart, éd. E. Martin, XV, 210, t.2, p.146); 1539 fai[re] faire place «écarter la foule» (EST.); 1585 exclamation place place (N. DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel, OEuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t.2, p.9); 1652 place! (SCARRON, Don Japhet d'Arménie, III, 4, OEuvres, J. Fr. Bastien, t.6, p.429); 4. a) ca 1200 «lieu public découvert et environné de bâtiments» (Aiol, 8947 ds T.-L.); ca 1268 (BRUNET LATIN, 615, ibid.: la maistre place de la vile); 1370-72 places publiques (ORESME, Ethiques, X, 8, éd. A. D. Menut, p.511); 1737 cocher de place (CAYLUS, Histoire Guillaume, p.VII); 1790 carrosses, voitures de place (Le Moniteur, t.3, p.47 et p.152); b) 1466 places marchandes (Ordonnances des rois de France, t.16, p.566); c) [1606 place du change (CRESPIN d'apr. FEW t.9, p.38a)]; 1694 «ensemble des négociants d'une ville» (Ac.); d) 1676 «lieu de rassemblement, de passage ou d'exercices d'hommes en armes» (FÉLIBIEN, p.110); 5. 1417 places fortes (Archives de Bretagne, V, 214 ds Fonds BARBIER); av. 1463 tant bat on place qu'elle est prise (VILLON, Ballade des proverbes, 20, éd. Lais et poèmes variés par J. Rychner et A. Henry, p.52); 6. a) ca 1485 fig. «situation, position par rapport à d'autres, degré» (Viel Testament, XLI, 40232, éd. J. de Rothschild, t.5, p.152: J'ay mis mon cueur en haulte place); 1539 (EST.: remettre en se place in gradum reponere); 1690 «position dans un classement d'écoliers» (FUR.); b) 1563 «titre, position sociale, fonction» (B. PALISSY, Récepte véritable, Paris, 1930, p.126 ds IGLF: quelque place noble ou office de plus grand honneur et authorité); 1696 homme en place (LA BRUYÈRE, Caractères, OEuvres, éd. Grands écrivains de la France, t.2, 1922, p.262). Issu, par l'intermédiaire d'une forme plattea, avec t géminé, prob. sous l'infl. de plattus (v. plat), du lat. platea «rue large, place publique», empr. anc. au gr. , fém. subst. de «large» (FEW t.9, p.41b). Fréq. abs. littér.:27903. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 34903, b) 39105; XXes.: a) 40937, b) 43313. Bbg. Archit. 1972, p.134, 164. — GOUGENHEIM (G.). «Place» dans la Chanson de Roland. B. jeunes Rom. 1964, t.9, pp.1-4. — TOURNIER (M.). Un Vocab. ouvrier en 1848. Paris, 1976, passim.
place [plas] n. f.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; du lat. pop. plattea, class. platea.
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I (Une, des places). Espace plus ou moins étendu, où s'exercent certaines activités ou qui sert à un usage déterminé.
1 (Attestation isolée, XIIe; 1370). Lieu public, espace découvert, généralement entouré de constructions dans une ville, une agglomération (→ Cour, cit. 5). ⇒ Esplanade, parvis, rond-point. || Petite place. ⇒ Placette. || Place d'une ville grecque (⇒ Agora), romaine (⇒ Forum). || Place ornée d'une fontaine, d'une statue, plantée d'arbres. || Se promener sur la place. || Place d'armes. || Place marchande. || Halle située sur la place du marché. || La grande place (→ Halle, cit. 6). || La grand'place (→ Musique, cit. 29). || La place de la Concorde (→ Coucou, cit. 5). || La place de Grève (cit. 7; → Guillotine, cit. 1). || Être brûlé, pendu en place publique. — Littér. || La Place Royale, comédie de Corneille.
1 Une place méridionale avec des platanes tout autour, qu'on ne taillait pas, et qui formaient de l'ombrage jusqu'à toucher les maisons. Au centre de la fontaine, qui date, paraît-il, des Romains.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, VI.
2 Un peu plus tard, je me rends à l'Étoile. La place est remplie d'une foule qui, après mon arrivée, devient énorme en quelques instants.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. III, p. 177.
♦ Place publique (même sens). → Domestique, cit. 1.
♦ Fig., littér. (Symbolisant le peuple, la foule, le plus grand nombre, etc.). || Les agitations de la place publique (→ Haut, cit. 67). || Descendre (cit. 10) sur la place publique.
3 Je crois qu'il n'y a pas à espérer de faire adorer l'art en place publique et que c'est s'exposer à des avanies.
Sainte-Beuve, Correspondance, 110, févr. 1830.
2 (1417). || Place forte (cit. 13) : ville fortifiée par une enceinte ou par un ensemble d'ouvrages, de forts. — Place de guerre (même sens). REM. Du point de vue juridique, les forts isolés sont considérés comme des places de guerre. ⇒ Forteresse. || Place forte qui protège un pays contre les invasions. || Voie tracée selon l'enceinte, l'ancienne enceinte d'une place forte. ⇒ Boulevard. || Camp retranché entouré de places fortes. || Caponnière, contre-porte, esplanade… d'une place forte. ⇒ Fortification. || Défendre l'entrée d'une place forte. || Bloquer, investir (⇒ Blocus, siège), prendre, démanteler une place forte, une place de guerre. || Reddition d'une place forte. ⇒ Capitulation.
4 La monarchie ne se détruit pas elle-même comme l'État despotique; mais un État d'une grandeur médiocre pourrait être d'abord envahi. Elle a donc des places fortes qui défendent ses frontières et des armées pour défendre ses places fortes. Le plus petit terrain s'y dispute avec art, avec courage, avec opiniâtreté.
Montesquieu, l'Esprit des lois, IX, V.
♦ Vieilli ou milit. || Place (même sens). || La place de Verdun (→ Module, cit. 2). || Batterie de place. || Fortifier (cit. 15) une place. — Milit. || Service de place. || Commandant d'armes d'une place. || Commandant de place. || Le général X commandant la place de… || Le gouverneur de la place de Paris.
♦ Par métonymie. Locaux où sont installés les services du commandant d'une place. || Aller faire viser sa permission à la place.
5 Le premier soin de Cepi fut, comme on s'en doute, de nous mener à la « place ». À mesure que nous approchions des bâtiments militaires, notre sergent recouvrait son allégresse.
J. Dutourd, les Taxis de la Marne, II, I.
♦ ☑ Loc. fig. Avoir, se ménager (cit. 25) des intelligences dans la place, chez l'adversaire, le concurrent, etc. ☑ Être maître de la place : agir en maître, faire ce qu'on veut (comme dans une place forte conquise).
6 Quelques jours après, je sortais du journal où mon manuscrit avait été lu, même applaudi. J'avais vu à la façon dont les domestiques et les petits m'avaient salué quand j'étais sorti, que j'avais pied dans la place.
J. Vallès, le Bachelier, XXV.
7 Je suis seul à lui tenir tête (…) En l'absence de ses parents, Victor se sait maître de la place.
Gide, Journal, 23 janv. 1943.
♦ ☑ Vx (langue class.). Rendre la place : cesser toute résistance (à des assauts amoureux).
♦ Hist. || Places de sûreté, données aux protestants par l'édit de Nantes.
8 (…) pour garantir leurs nouveaux droits, les protestants restaient à titre provisoire les maîtres dans certaines places dites de sûreté, dont le roi payait les garnisons et nommait les chefs avec l'agrément des églises. Les principales étaient La Rochelle, Saumur, Montauban.
Lavisse et Rambaud, Hist. générale du IVe s. à nos jours, t. V, p. 283.
3 (XVIIe). || Place d'armes : fortification.
b Tranchée, ouvrage où l'on peut rassembler les troupes avant une attaque. || Place d'armes souterraine (→ Parallèle, cit. 5).
c (Dans une ville). ⇒ Arme.
4 (1606, « place du change »). Comm., fin. Ville où se font des opérations de banque, de commerce (⇒ aussi Bourse); ensemble des banquiers, des commerçants qui exercent leur activité dans une ville. || Place bancable, où la Banque de France possède un établissement. || Un effet transmis de la place de Paris à la place d'Angoulême (→ Impayé, cit. 1). || Avoir un représentant habile sur la place de Paris (→ Intéresser, cit. 4). Absolt. || Avoir du crédit sur la place, dans la ville où l'on exerce son activité.
9 Maintenant le diamant perd tous les jours, le Brésil nous en accable depuis la paix, et jette sur les places des diamants moins blancs que ceux de l'Inde.
Balzac, Gobseck, Pl., t. II, p. 648.
9.1 C'était le modeleur le plus réputé sur la place de Paris : il réussissait les ressemblances à la perfection et nul ne savait mieux que lui reproduire avec son matériau les particularités des physionomies.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 54.
♦ Faire la place : aller chez les divers commerçants d'une ville pour leur proposer des marchandises (→ Librairie, cit. 3).
5 (1835). Vx. || Place de voitures : dans une ville, lieu où stationnent les voitures à l'usage du public. ⇒ Station. — ☑ Loc. Voiture de place.
6 Régional (Nord et Belgique). Pièce d'un appartement. || Un logement de quatre places.
———
II (XVe; attestation isolée, XIIIe). Partie d'un espace ou d'un lieu. ⇒ Emplacement, endroit, lieu. || Gouttes (1. Goutte, cit. 8) d'eau qui tombent à la même place. || « Ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse » (→ Creuser, cit. 1, La Fontaine).
♦ ☑ Loc. Faire place nette. ⇒ Net (cit. 9).
♦ ☑ De place en place (→ Chaque, cit. 6; 2. coupe, cit. 1; grillage, cit. 4), par places (→ Îlot, cit. 3). ⇒ Ici (ici et là), loin (de loin en loin). — REM. Le mot, dans ce sens très général et en emploi libre, est archaïque ou du moins marqué par rapport à endroit, lieu, etc. Il est normal avec des valeurs spécifiques et surtout dans certaines constructions (voir ci-dessous).
1 (En général après une préposition de lieu). Endroit où l'on se trouve. || Rester, demeurer à la même place. ⇒ Stationner. || Changer de place. — Vieilli. || Céder, quitter la place. ⇒ Décamper, déguerpir, déloger, retirer (se).
10 De grâce, monsieur, dit la comtesse à l'avoué, trouvez bon que je quitte la place. Je ne suis pas venue ici pour entendre de semblables horreurs.
Balzac, le Colonel Chabert, Pl., t. II, p. 1132.
♦ En place. || Rester en place (→ Branle, cit. 6). ☑ Ne pas demeurer, ne pas rester, ne pas tenir en place : être toujours en mouvement; bouger sans cesse. ⇒ Bouger (→ Piétiner d'impatience, être toujours en mouvement; et aussi ambiant, cit. 3; fièvre, cit. 4; par, cit. 8).
♦ Sur place. || Rester sur place. ⇒ Immobile. || Marquer (cit. 24) le pas, piétiner sur place. || Être cloué de surprise sur place (→ Impassible, cit. 4). || Se faire tuer sur place (→ Avancer, cit. 32). || Être mobilisé (cit. 4) sur place. — Fonctionnaire qui a de l'avancement sur place, sans changer de résidence.
11 La fonte ainsi fabriquée sur place reviendra bientôt plus cher que la fonte d'importation.
G. Duhamel, Manuel du protestataire, IV.
♦ ☑ Loc. Faire du sur place : faire sans avancer les gestes du déplacement, et, en particulier, marquer le pas (piétons); rester en équilibre sur une bicyclette sans avancer, ou en n'avançant que très lentement, d'une manière presque insensible (cyclistes).
♦ Par ext. Ne pas avancer (véhicules, bateaux, etc.). || Voiture qui fait du sur place dans une rue encombrée. — REM. On écrit aussi parfois faire du sur-place ou du surplace.
11.1 Dans cette nuit de poix, on avait l'impression de faire du surplace, mais les feux vous prouvaient le contraire. On gagnait ses milles, brasse par brasse (…)
Roger Vercel, Remorques, p. 31.
♦ Fig. Ne pas progresser.
11.2 (…) de Gaulle dans une auto, pris entre les chicanes qui s'appellent armée, F. L. N., O. N. U., salaires, fait du « sur-place ».
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 364.
♦ Vx. || Sur, dessus la place. || Demeurer (cit. 15), rester, tomber mort sur la place. || Étendre qqn sur la place (→ Grâce, cit. 41). || « … elle a dessus la place, Las, las ! ses beautés laissé choir ! ». ⇒ Terre (par terre). → Durer, cit. 6, Ronsard.
2 Vx. Endroit, lieu où s'est produit, où peut, où doit se produire un fait, un événement. || La place où la Vierge enfanta le Rédempteur (→ 1. Marbre, cit. 6).
♦ Mod. || Sur place. ⇒ Lieu (sur les lieux). || Faire une enquête (cit. 7) sur place. || Envoyer (cit. 4) qqn sur place.
12 Il paraît que les bananes ont meilleur goût quand on vient de les cueillir : les ouvrages de l'esprit, pareillement, doivent se consommer sur place.
Sartre, Situations II, p. 123.
3 (Cour. en emploi libre). Portion d'espace, endroit, position qu'une personne occupe, qu'elle peut ou doit occuper dans un lieu ou dans un groupe.
a (Une, des places; la place de qqn). || Serrez-vous un peu pour me faire une petite place près de vous. || La place d'un élève dans une salle de classe. || Les places des convives, à table. ⇒ Bout (le bas, le haut bout). — ☑ Loc. Bien tenir sa place à table : avoir bon appétit, faire honneur au repas. — ☑ La place d'honneur, à droite de la maîtresse de maison. — Le protocole règle la question des places dans les cortèges, les dîners officiels. ⇒ Préséance. || Aller (cit. 43), s'asseoir à sa place. || Gagner (cit. 61), reprendre sa place (→ Judas, cit. 1). || Abandonner, quitter sa place. ⇒ Déplacer (se). || Obliger qqn à quitter sa place. ⇒ Déranger. || Vous êtes priés de regagner vos places : l'entracte est terminé.
13 Elle attendit la salutation forcée de sa rivale, et, sans regarder le marquis, se laissa conduire à une place d'honneur par le comte qui la fit asseoir près de madame du Gua (…)
Balzac, les Chouans, Pl., t. VII, p. 992.
14 (…) il se souvenait des interminables disputes, des jalousies féroces pour conquérir une place, en haut de la salle, près du poêle et loin du pion (…)
Huysmans, En ménage, III.
♦ Place d'un commerçant sur un marché public (⇒ Placier). || Serre-file qui s'assure que chaque soldat est à sa place dans un défilé. || La place d'un joueur sur le terrain.
15 (…) il tutoyait Rambert pour le persuader qu'il n'y avait pas de plus belle place dans une équipe que celle de demi-centre. « Tu comprends, disait-il, le demi-centre, c'est celui qui distribue le jeu. Et distribuer le jeu, c'est ça le football. »
Camus, la Peste, p. 165.
♦ Abstrait :
15.1 Non seulement tout le monde sent que nous occupons une place dans le Temps, mais cette place, le plus simple la mesure approximativement comme il mesurerait celle que nous occupons dans l'espace, puisque des gens sans perspicacité spéciale, voyant deux hommes qu'ils ne connaissent pas, tous deux à moustaches noires ou tout rasés, disent que ce sont deux hommes l'un d'une vingtaine, l'autre d'une quarantaine d'années.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1046.
♦ ☑ Loc. À vos places ! : en place ! allez, retournez chacun à la place que vous devez occuper. — En place pour… (→ Nage, cit. 1). — ☑ Fig. et fam. En place pour le quadrille. ⇒ Quadrille.
b (Collectif; la place). Espace à occuper ou occupé. || Laissez-moi de la place, un peu de place. || Tenir, occuper beaucoup de place. || Il prend toute la place. — (Sans article). ☑ Prendre place : se placer. ⇒ Asseoir (s'), installer (s'); → Grue, cit. 7. ☑ Faire place à qqn, se ranger, s'écarter pour lui permettre de passer. ⇒ Passer (laisser passer), ranger (se). → Insolent, cit. 9; on, cit. 12. — Faire faire place à qqn (→ Huissier, cit. 4).
♦ Absolt. (Vieilli). || Place, place ! ⇒ Écarter (écartez-vous), retirer (se). || « Place au factotum de la ville, place !… » (air de Figaro du Barbier de Séville, de Rossini).
c 1530. (Une, des places). Siège ou partie d'un siège qu'occupe ou que peut occuper une personne (dans une salle de spectacle, un véhicule, etc.). || Place vide (→ Bâtir, cit. 33), libre (→ Comme, cit. 57), occupée. || Ne pas trouver de place (au spectacle). → Lanterner, cit. 2. || Louer, retenir, réserver sa place. || Céder, laisser, offrir sa place dans le métro à une personne âgée. || Places réservées aux mutilés. || Places réservées aux personnalités officielles dans une tribune. || Avoir une bonne place au théâtre. || Avoir une place numérotée. || Place de parterre, à l'orchestre. ⇒ Fauteuil, loge. || Conduire les spectateurs à leurs places. ⇒ Placer; ouvreuse, placeur.
16 (…) le bataillon sacré des dévotes qui ont des prie-Dieu de luxe, des places réservées près de l'autel, ainsi qu'au théâtre près de la rampe, dans la maison de tous.
Huysmans, la Cathédrale, XI, p. 224.
♦ Places dans un train, un compartiment. || Numéro des places dans un wagon (⇒ Garde-place). || Prendre une option sur une place d'avion. — Service à la place (avions, trains). || « Le service à la place, par plateau, suivant une technique devenue classique en aviation » (la Vie du Rail, 25 janv. 1976, p. 4). — Place-kilomètre : unité de service, dans certains transports.
17 Les wagons au travers desquels Lafcadio passait étaient vides; de-ci de-là divers objets, sur les banquettes, indiquaient et réservaient les places des dîneurs : châles, oreillers, livres, journaux.
Gide, les Caves du Vatican, V, V.
18 Je la conduisis à la gare, lui fis donner une bonne place dans le train de Paris et la quittai, dans le tumulte, avec — mais pourquoi la quittai-je ? — une déchirante douleur.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XVII.
♦ Voiture à deux places, à quatre places. || Places avant, arrière. — ☑ Loc. La place du mort (cit. 14.1). — Ellipt. || Une quatre places. || Avion à une place (⇒ Monoplace), à deux places (⇒ Biplace), à plusieurs places (⇒ Multiplace).
♦ Place assise, où l'on peut s'asseoir (→ Cirque, cit. 2), où l'on est effectivement assis (→ Butor, cit. 3). — Place debout. || Ce modèle d'autobus comprend quarante places assises et douze places debout.
d Droit d'occuper une place, prix qu'on paye pour pouvoir occuper une place dans une salle de spectacle, un véhicule, etc. || Offrir des places à qqn pour la première d'une pièce.
19 Le frère aîné de l'un d'eux est lieutenant sur un vaisseau marchand; dans quelque temps il doit repartir pour un voyage au long cours. Il me prendra; j'aiderai à bord pour payer ma place.
J. Vallès, le Bachelier, XIII.
♦ ☑ Loc. Payer place entière, le prix entier de la place. || Payer demi-place, quart de place.
4 a (De la place). Espace libre où l'on peut mettre quelque chose. ⇒ Espace. || Faire, gagner de la place en se débarrassant des objets inutiles… || Économie, gain de place. || La place manque (→ Enterrement, cit. 3), est rare (→ Garage, cit. 2). — ☑ Loc. Trouver place : pouvoir être placé, mis (quelque part). ⇒ Tenir. — Occuper beaucoup de place.
20 Mais notre article est déjà bien long, et pourtant, pour le finir, il nous faudrait encore bien de la place.
Th. Gautier, Voyage en Russie, XX.
b (Une, des places). Portion d'espace que quelque chose occupe. || Une place vide (→ Déracinement, cit. 1), libre (→ Ménage, cit. 4). — Il y a juste la place d'une table, d'un banc et de trois chaises (→ Diverticule, cit. 1).
21 (…) j'aimerais à délimiter, dans la maison, des places, des espaces que je m'efforcerais de garder vagues et que je nommerais les espaces sacrés. C'est un vœu de haute fantaisie et c'est dire irréalisable. La vie cherche toujours à reculer les murailles. Sur toute place gagnée, elle pose, pour se délivrer, des fardeaux et des trésors (…) Et l'homme, finalement, reste toujours perplexe, cherchant du regard autour de lui quelque place vacante où poser enfin ce qu'il porte dans ses mains.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XV.
♦ Une place de parking. || Chercher, trouver une place pour sa voiture. ⇒ Stationnement. — ☑ Loc. Les places sont chères : il y a peu de places pour le stationnement des voitures. Fig. La concurrence est âpre, difficile.
♦ Fam. || La place de (et inf.). || Il y a la place de mettre une table. || « Ma monture n'avait que bien juste la place de poser son sabot » (→ Détroit, cit. 3). || Avoir de la place pour (et inf.). || Un amas (cit. 5) de paperasses qui laissait à peine assez de place pour écrire.
5 (Une, des places; la place de…). Endroit, position (qu'une chose occupe, peut ou doit occuper) dans un lieu, un ensemble. ⇒ Emplacement, position (→ Désordre, cit. 4). ☑ Chaque chose à sa place, une place pour chaque chose. || Enlever un objet de la place qu'il occupait. ⇒ Ôter. || Changer la place des meubles. ⇒ Changer, déplacer, remuer. || Objet qui change de place (→ Mouvement, cit. 2). || Mettre (⇒ Placer), remettre un objet à sa place (⇒ Replacer; → Lame, cit. 2.1). || Mettre un objet à la place d'honneur, le mettre en un endroit où il est particulièrement en vue, en valeur (→ Paternel, cit. 4).
22 Mais vous auriez plaisir à voir dans la moindre rue d'Amsterdam la plus humble boutique, ses tonneaux bruns, son comptoir immaculé, ses escabeaux essuyés, chaque chose à sa place, l'étroit espace si bien utilisé, le savant et commode arrangement de tous les ustensiles.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 259.
♦ La place des mots dans la phrase. ⇒ Disposition, ordre (→ Idéographie, cit. 2). || La place de l'adjectif, de l'adverbe, du pronom, du sujet (→ Inversion). || Changer la place des lettres dans un mot. ⇒ Permuter. || Mettre un chapitre à sa véritable place dans un livre (→ aussi Éditeur, cit. 1).
♦ (La place, abstrait). ☑ Loc. En place. || S'assurer (cit. 57) si tout est en ordre, en place. || Laisser (→ Impératif, cit. 7), mettre (⇒ Ranger), remettre en (1. En, cit. 6) place. || Rester en place (→ Dolomitique, cit. 1; fracture, cit. 3). — Mise en place. ⇒ Agencement, arrangement, installation. — (Dans un restaurant). || Faire la mise en place : mettre le couvert. || Mise en place d'une pierre (→ Maçon, cit. 2), d'un meuble, d'une statue. — Bx-arts. Opération qui consiste à tracer les grandes lignes, à répartir les masses, les volumes d'une composition picturale ou architecturale.
———
III Abstrait. (Surtout : une, des places; la place de…).
1 (1538). Fait d'être admis dans un groupe, un ensemble, d'être classé dans une catégorie; condition, situation matérielle, sociale ou morale dans laquelle on se trouve. ⇒ Situation. || Cet homme d'État aura, prendra, trouvera place dans l'histoire (→ Être digne de mention). ☑ Avoir sa place au soleil. || Prendre place dans la société (→ Hiérarchie, cit. 12). || Avoir une place dans le cœur, dans l'estime de qqn (→ Domination, cit. 7, Baudelaire). || Faire une place à qqn. ⇒ Placer (II., 1.).
23 Je l'ai longtemps méconnu (Voltaire). Ce n'est que trente ans plus tard, pendant la grande guerre, que j'ai fait au démon du libre rire sa place dans mon Panthéon.
R. Rolland, le Voyage intérieur, p. 36.
24 Mais, je voudrais que tu aies ta place parmi ceux qui peuvent saisir des pommes, manger des figues, courir, nager, faire des gosses, vivre.
J. Giono, Jean le Bleu, IX.
25 Alors, tu ne sais pas ton bonheur. Une vie de bagnard t'est évitée. Tu as ta place au ciel retenue d'avance et tu auras droit à la considération des hommes, en prime.
J. Anouilh, Ornifle, III.
♦ Place à… ! || Place aux jeunes ! — ☑ Tenir sa place, sa place dans le monde : figurer honorablement, bien tenir son rang.
♦ Une place enviable, désagréable, intenable. || Il ne donnerait pas sa place pour un empire (fam. : pour un boulet de canon). || Je ne voudrais pas être à sa place. ⇒ Peau (dans sa peau). || Il ne changerait pas sa place pour la mienne. — ☑ Se mettre à la place de qqn, imaginer, supposer qu'on est soi-même dans la situation où il est (→ Entasser, cit. 8; exactement, cit. 2; faim, cit. 12; nettement, cit. 2). || Enfin, mettez-vous à ma place ! || Je voudrais bien vous voir à ma place ! (→ fam. Vous y voir). — À la place de… (accompagné d'un conditionnel). || À votre place je me (cit. 22) le tiendrais pour dit (→ Si j'étais vous). || Qu'auriez-vous fait à ma place ?
26 Les gens du peuple ont un mot très profond lorsqu'ils s'encouragent à la sympathie : « Mettons-nous à sa place », disent-ils. On ne se met aisément qu'à la place de ses égaux. À un certain degré d'infériorité, réelle ou imaginaire, cette substitution n'est plus possible.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 295.
27 (…) il lui apparaissait tel qu'il était réellement, celui qui ne s'est jamais mis, fût-ce une fois dans sa vie, à la place d'autrui; qui ignore cet effort pour sortir de soi-même, pour voir ce que l'adversaire voit.
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, IX.
♦ (Sujet nom de chose ou neutre + verbe + place, sans déterminant). || Avoir (→ Infatuer, cit. 5), prendre (→ Internationalisme, cit.), trouver place (→ 1. Calme, cit. 12). ⇒ Lieu (avoir lieu). || Il y a place pour toutes les affections (cit. 12) dans le cœur… || Donner, faire place, faire sa place à… (→ Inégalitaire, cit.). || Laisser place à… ⇒ Permettre (→ Adhésion, cit. 2).
28 Il s'attarde, un centième de seconde, près du poteau-frontière de la chair et de l'esprit, là où les impressions nouvelles entrent et se font place, comme elles peuvent, parmi la multitude des souvenirs (…)
Valery Larbaud, Amants, heureux amants, p. 155.
♦ (En négation). || Il n'y a pas, point de place pour… (→ Mesurer, cit. 27).
29 (…) la pauvreté, l'avenir lentement fermé, le silence des soirs autour de la table, il n'y a pas de place pour la passion dans un tel univers.
Camus, la Peste, p. 97.
2 Position, rang (dans une hiérarchie). || Avoir, tenir, occuper la place d'honneur, la première place. ⇒ Premier (être le premier). || Ils avaient dans l'État la place éminente (cit. 4). || Mettre qqn à sa vraie place, à la place qu'il mérite. || Faire à qqn une place à part (→ Ouvrir, cit. 22).
30 Dans notre civilisation, si les lois donnent la première place à l'homme, l'honneur donne le premier rang à la femme. Tout l'équilibre des sociétés chrétiennes est là.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, Idées au hasard, II.
31 (…) si la place de chaque individu dans la société était proportionnée au service idéal qu'il rend, c'est Descartes, c'est Newton, c'est Galilée, c'est Huyghens qui auraient dû être princes ou millionnaires en leur temps.
Renan, Dialogues philosophiques, IIe dialogue, Œ. compl., t. I, p. 596.
♦ (1680). Rang (d'un élève) à une composition, (d'un candidat) à un concours. ⇒ Classement. || Avoir une bonne place en histoire, en version latine. || Être reçu à un concours dans les premières places.
♦ Rang (d'un sportif, d'une équipe) dans une course, une compétition. — Classement (du cheval qui arrive parmi les placés). || Jouer (à) la place. — Par ext. Somme que rapporte le cheval placé. || Toucher une belle place.
♦ (Place d'un inanimé). a (Une, des places; la place de…). || Nation qui reprend sa place dans le monde. || Pour la densité (cit. 3), l'or cède la première place au platine. — Ces questions d'intérêt (cit. 13) qui tiennent une si grande place dans la vie. ⇒ Temps (prendre une grande part du temps). || Réserver dans l'enseignement une place importante aux études littéraires (→ Humanisme, cit. 7). || Place de choix.
b (De la place). || Ce genre de souci tient de la place, peu de place dans sa vie (→ Incrédule, cit. 9).
32 Pour protéger son secret, Albert évoquait une amitié qui tenait, à vrai dire, dans sa vie presque autant de place que son amour propre (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX, p. 231.
33 Pas plus que les Français ne doutent, désormais (en 1944), du salut de leur pays, les alliés ne contestent qu'on doive, un jour, lui rendre sa place.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. II, p. 187.
34 Que reprochait l'humanisme de la Renaissance au moyen âge ? De ne pas donner dans la nature une place assez importante à l'homme, et dans l'homme une place suffisante à la raison et à l'intelligence.
Daniel-Rops, Ce qui meurt…, p. 53.
3 (La place de qqn; sa place). Lieu convenable ou adapté (à qqn, à une fonction). || Être à sa place : mériter son emploi, sa charge, être fait pour la fonction qu'on occupe; être adapté à son milieu, aux circonstances dans lesquelles on se trouve. ⇒ Convenir. || L'honnête (cit. 19) homme est à sa place partout. ☑ Se tenir, rester à sa place : se conduire comme l'exige sa condition, son état. ⇒ Modestie. — ☑ Loc. Remettre qqn à sa place, le rappeler à l'ordre, aux convenances. ⇒ Reprendre, réprimander (→ Hardi, cit. 3; outrecuidance, cit. 2).
35 Tout homme a sa place assignée dans le meilleur ordre des choses; il s'agit de trouver cette place et de ne pas pervertir cet ordre.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, V, III.
36 Il s'apercevait souvent des amertumes et des violences de son frère, qu'il attribuait à la jalousie. Il se promettait bien de le remettre à sa place, et de lui donner une leçon un jour ou l'autre, car la vie de famille devenait fort pénible à la suite de ces scènes continuelles.
Maupassant, Pierre et Jean, VI.
37 Quand il (Byron) disait que les femmes n'ont aucun droit à manger à table avec les hommes, que leur place est au sérail ou au gynécée, sous bonne garde, la fille de Mary Woolstonnecraft frémissait.
A. Maurois, Ariel…, II, V.
37.1 (…) ça ne se fait pas tout seul, la gloire, la réputation… il y a comme une faim inassouvie, un besoin d'adulation… on ne lui donne jamais assez… elle surveille, elle mesure, elle doit remettre les gens à leur place au moindre manquement (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 113.
♦ (Choses). || Être à sa place (→ Bouleverser, cit. 5). || « D'un mot (cit. 5) mis en sa place (Malherbe) enseigna le pouvoir » (Boileau). || En bonne (cit. 23) place. — « Les belles choses le sont moins hors de leur place » (→ Bienséance, cit. 7, La Bruyère).
4 (La place de qqn; sa place). ☑ Loc. (en parlant du remplacement d'une personne par une autre). Mettre qqn à la place de… (→ Changer, cit. 27). || S'installer, se mettre à la place, prendre la place, de qqn. ⇒ Chasser, remplacer, succéder, supplanter (→ Ami, cit. 26; dévastation, cit. 1). — Occuper, tenir la place de qqn. ⇒ Remplacer, substituer (se). || Tenir la place du président, du roi. ⇒ Vice (vice-président, vice-roi, etc.). — Laisser la place, faire place à qqn (→ Entrant, cit. 1; marchant, cit. 3). ☑ Qui va à la chasse perd sa place.
38 Les gardiens et les gardés eurent à troquer leurs places respectives avec cette différence importante toutefois, que les fous avaient été libres, mais que les gardiens furent immédiatement séquestrés dans des cabanons et traités, je suis fâché de l'avouer, d'une manière très cavalière.
Baudelaire, Trad., E. Poe, Histoires grotesques et sérieuses, « Système Dr Goudron (…) ».
♦ Dr. ☑ Au lieu et place de… || En son lieu et place, en ses lieu et place (→ Administrateur, cit. 1; mandat, cit. 1; nombre, cit. 19). ⇒ Subroger. — À la place de… (→ Liberté, cit. 2), ou, vx, en la place de… (→ Barboter, cit. 10). ⇒ Lieu (au lieu de).
♦ (Choses). || Prendre la place de… (→ Changeant, cit. 2; dévotion, cit. 4). — À la place de… || Mettre à la place de… || Du faux à la place du vrai. ⇒ Postiche. || Employer un mot à la place d'un autre. ⇒ Pour. || « Je voyais une mosquée à la place d'une usine ». ⇒ Lieu (au lieu de). → Hallucination, cit. 9.
39 L'Empereur est pareil à l'aigle, sa compagne.
À la place du cœur il n'a qu'un écusson.
Hugo, Hernani, IV, 4.
♦ ☑ Loc. Faire place à : être remplacé par… (→ Animadversion, cit. 3).
40 Tout orage a son temps toute haine s'éteint
Le ciel toujours redevient pur.
Toute nuit fait place au matin.
Aragon, le Roman inachevé, p. 85.
♦ (Absolt). || À la place (→ Frustrer, cit. 7). || « Mettez une pierre à la place, Elle vous vaudra tout autant » (cit. 30, La Fontaine).
5 (1611). Vx. Situation sociale importante. ⇒ Charge, dignité, emploi, fonction, poste, situation. || La place de conseiller à la Cour de cassation (→ Exclure, cit. 6), de vice-président du conseil des finances (→ 1. Griller, cit. 12), de ministre (cit. 6).
♦ Les grandes places (→ Fortune, cit. 8; impulsion, cit. 4). || Les places importantes (→ Honneur, cit. 115), élevées (→ Indépendance, cit. 12), ou, absolt, les places. || « Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! » (→ Comte, cit. 2, Beaumarchais).
41 Quoique ruiné par des confiscations, ce fidèle Vendéen refusa constamment les places lucratives que lui offrit l'empereur Napoléon.
Balzac, le Bal de Sceaux, Pl., t. I, p. 72.
41.1 (…) il tirera de « sa place » de tels profits qu'il est difficile d'admettre qu'il ne l'a sollicitée et gardée que pour « sacrifier sa tranquillité » à l'avenir de la France (…)
Louis Madelin, Talleyrand, I, VII.
♦ Mod. Emploi (souvent, emploi modeste). || Une place de chroniqueur dans un journal (→ Aplomb, cit. 7), d'employé de mairie. || Place vacante. ⇒ Vacance (→ Envier, cit. 7; lancier, cit. 1; mécontent, cit. 9). || Chercher, postuler une place. || Courir les places, coureur de places. || Procurer une place à qqn. ⇒ Placer (II.). || Bureau de placement qui procure des places aux personnes sans emploi. || « On pense à moi pour une place… » (→ Calculateur, cit. 1, Beaumarchais). || Obtenir (cit. 2 et 6) une place. || Conserver, garder une place, sa place. || Tenir à sa place (→ Nom, cit. 10). || Ce domestique a fait de nombreuses places. ⇒ Maison. || Abandonner, quitter sa place. ⇒ Démettre (se). || Perdre sa place (→ Gifle, cit. 7; mot, cit. 27). || Faire quitter sa place à qqn. ⇒ Dégommer (fam.), démettre, déplacer, ôter (vx), vider (pop.). || Prendre la place de qqn. ⇒ Remplacer (→ Fomenter, cit. 3). Cf. fam. Ôte-toi de là que je m'y mette ! (cit. 59). || Place de confiance. || Place médiocre (→ 1. Bien, cit. 111). || Place lucrative, bonne place. ⇒ fam. Assiette (au beurre), filon, planque.
42 Je dois vous avertir que je serai obligé de me priver de vos services dans 15 jours. Cherchez une place d'ici-là, une place plus en rapport avec vos goûts, votre âge.
J. Vallès, le Bachelier, XIX.
43 Aujourd'hui, 14 septembre, à trois heures de l'après-midi, par un temps doux, gris et pluvieux, je suis entrée dans ma nouvelle place. C'est la douzième en deux ans.
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 11.
♦ ☑ En place. || Être en place : jouir d'un emploi, d'une charge qui confère à son titulaire de l'autorité, de la considération. — Un homme en place (→ 2. Flétrir, cit. 6; fortune, cit. 35; ne, cit. 2). || Les gens en place (→ Impuissant, cit. 16; 2. mémoire, cit. 6). — Rester en place.
44 (…) pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, V, 3.
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COMP. et DÉR. Demi-place, déplacer, emplacement, garde-place, monoplace, multiplace, placeau, 1. placer, placette, placier.
Encyclopédie Universelle. 2012.