Akademik

vif

vif, vive [ vif, viv ] adj. et n. m.
• 980; lat. vivus
I
1Vivant, en vie (dans quelques expr.). « Les prendre morts ou vifs » (Vigny). Plus mort que vif. Écorchée, brûlée vive. Fig. Un écorché vif. « La vestale impure est enterrée vive » (Caillois). « Cris d'orfraie plumée vive » (Gautier). « Tailler dans la chair vive » (Duhamel). Haie vive.
Par ext. Poids vif. Cheptel vif. De vive voix.
2 N. m. Dr. LE VIF :personne vivante. Donation entre vifs. « Le mort saisit le vif » (adage). Peint. Vieilli Peindre sur le vif, d'après un modèle vivant. Fig. et mod. D'après nature. Prendre, surprendre sur le vif, dans l'état naturel, tel que la vie le présente.
Appât vivant. esche. Seau à vif(s) : petit vivier portatif où les pêcheurs conservent les appâts vivants. Pêcher au vif.
La chair vive. Fig. Tailler, trancher, couper dans le vif. Entrer dans le vif du sujet, du débat : toucher au point essentiel. ⇒ cœur, fond. Être atteint, touché, piqué au vif, au point le plus sensible. Vif de l'eau : marées de nouvelle et de pleine lune. — Loc. adj. À VIF : avec la chair à nu. Plaie, moignon à vif. Dent dont le nerf est à vif. Fig. Avoir les nerfs, la sensibilité à vif : être irrité, sensible à tout.
3Mis à nu (comme la chair vive). Pierres vives, non recouvertes de terre, de bousin. On a fouillé jusqu'au roc vif. Joints vifs, sans mortier. Pierre coupée à vive arête, en formant une arête bien nette, aiguë. — Par ext. « Le nez busqué à arête vive » ( Madelin). Angles vifs, nettement découpés.
4Où la vie semble résider. Eau vive : eau pure qui coule d'une source. — Air vif, frais et pur, qui ranime, vivifie. — Vif-argent (voir ce mot). Chaux vive. Mar. Œuvres vives d'un navire. Mécan. Force vive. Par anal. (Inform.) Mémoire vive.
IIPar ext. Qui a de la vie.
1Dont la vitalité se manifeste par la rapidité, la vivacité des mouvements et des réactions. agile, 2. alerte, fringant, 1. gaillard, léger, leste, pétulant, sémillant. Enfant vif. éveillé, remuant. « Vif et passionné, entraînant, endiablé » (Michelet). Vif et efficace. Loc. Vif comme un écureuil. Œil, regard vif, brillant, prompt à suivre, à saisir. — Par ext. Mouvements, gestes vifs. Marcher d'un pas vif. allègre, dégagé. « Grands coups d'estoc [...] avec des parades vives » (Loti).
Par anal. Rythmes, airs, morceaux... vifs. rapide; allegro, allegretto.
2Par euphém. Qui s'emporte facilement. brusque, emporté, violent. Je regrette « d'avoir été aussi vif » (Huysmans). Par ext. Échanger des propos très vifs, des paroles très vives, qui ont qqch. de blessant, qui ne ménagent pas l'adversaire. ⇒ dur.
3Prompt dans ses opérations. Esprit vif. 1. brillant, éveillé, ouvert. Intelligence vive. Vive imagination.
4(Choses) Très intense. Lumière vive. « Adieu, vive clarté de nos étés trop courts » ( Baudelaire). Vif éclat. Couleurs, teintes vives. éclatant, 2. franc, gai, voyant. Rouge, jaune vif. Teint vif, coloré. « Une vive rougeur » (Proust). Feu vif. grand. Soleil vif. ardent, brûlant. Froid vif. mordant, 1. piquant. Sensation, émotions vives. 1. fort. « Dès qu'il cachait un sentiment vif » (Colette). Ressentir une vive douleur. aigu. À mon vif regret. Vive satisfaction. Vive reconnaissance. Éprouver un vif désir, un vif besoin. Vive curiosité, impatience. fébrile, fou. Ce souvenir est resté très vif. Vifs applaudissements. chaleureux. Vif succès. Vive discussion, altercation. animé. Vifs reproches. Prendre de vive force, d'assaut.
⊗ CONTR. 2. Mort. Apathique, indolent, 1. mou, nonchalant, paresseux. Mesuré, patient. Faible, pâle. ⊗ HOM. Vive.

vif nom masculin Chair vivante : Tailler dans le vif. Le point le plus important ou le plus intéressant, le plus significatif de quelque chose : Entrer dans le vif du sujet. Bâtiment et Carrières Partie dure d'une pierre, d'un moellon, par opposition à la moie. Droit Personne vivante. Pêche Petit poisson vivant servant d'appât pour la pêche des poissons carnassiers. ● vif (expressions) nom masculin À vif, sans être recouvert, protégé par la peau, un tégument, la dent, etc. : La plaie est à vif. Sur le vif, dans un contexte réel, selon la réalité, dans ce qu'elle a de plus éphémère, de plus vivant. Trancher, couper dans le vif, sacrifier résolument certaines choses pour sauver le reste ; prendre d'énergiques résolutions. ● vif (synonymes) nom masculin Le point le plus important ou le plus intéressant, le...
Synonymes :
- coeur
- fond
- noeud
vif, vive adjectif (latin vivus) Vieux. Qui est en vie : Être brûlé vif. Qui est plein de vie : Un regard vif. Qui est prompt, rapide dans sa façon d'agir, de réagir, de comprendre : Un élève vif. Qui fait preuve d'impatience, d'emportement, d'excès : Échanger des propos fort vifs. Se dit d'un feu très actif, d'une lumière intense, éclatante : Faire revenir la viande à feu vif. Se dit d'une couleur éclatante, lumineuse ; se dit ce qui a cette couleur : Rouge vif. Se dit de l'air, du climat, du vent qui est vivifiant : L'air est vif au bord de la mer. Indique une grande intensité, une grande acuité, en particulier dans ce qu'on ressent : Éprouver un vif plaisir. Se dit d'un angle, d'une pointe, d'une arête tranchants : Arêtes vives d'une roche. Qui saisit avec une certaine brutalité, avec mordant : Douleur vive. Chasse Se dit d'un lieu riche en gibier. Œnologie Se dit d'un vin léger, frais et relativement acide. Pyrotechnie Se dit d'une poudre dont la déflagration est rapide, par opposition à la poudre lente. Sylviculture Se dit d'un arbre dont le tronc est sans aucun défaut. ● vif, vive (expressions) adjectif (latin vivus) Eau vive, eau courante naturelle, celle des torrents et des rivières, en continuel mouvement. Haie vive, haie faite d'arbrisseaux enracinés. Sports d'eau vive, sports pratiqués en eau vive (canyoning, rafting, canoë, etc.). À joints vifs, se dit d'une construction en pierres de taille posées à sec, sans mortier. Poids vif, poids de l'animal de boucherie sur pied. Mémoire vive, mémoire dont le contenu peut être lu, effacé ou modifié à volonté. (Ce type de mémoire est souvent désigné par le sigle anglais RAM. Il s'oppose à mémoire morte ou ROM.) Bois vif, arbre ou arbuste qui a conservé toute sa frondaison. ● vif, vive (homonymes) adjectif (latin vivus) vive nom féminin vive forme conjuguée du verbe vivre vive ! interjection vivent forme conjuguée du verbe vivrevif, vive (synonymes) adjectif (latin vivus) Qui est prompt, rapide dans sa façon d'agir, de réagir...
Synonymes :
- prompt
- rapide
Contraires :
- mou
- nonchalant
Qui fait preuve d'impatience, d'emportement, d'excès
Synonymes :
- acerbe
- acéré
- blessant
- brusque
- caustique
- corrosif
- dur
- emporté
- explosif
- incisif
Contraires :
- bienveillant
- conciliant
- doux
- patient
Se dit d'une couleur éclatante, lumineuse ; se dit ce qui...
Contraires :
- atténué
- estompé
- fondu
- pâle
- passé
- tamisé
- voilé
Indique une grande intensité, une grande acuité, en particulier dans...
Synonymes :
- profond
Contraires :
- douceâtre
- fade
- froid
- morne
- plat
- terne
Qui saisit avec une certaine brutalité, avec mordant
Contraires :
- faible
- léger

vif, vive
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Vivant, en vie (dans des loc.). Brûlé vif.
Plus mort que vif: à demi mort ou très effrayé.
d2./d Actif, alerte. Enfant très vif.
d3./d (Choses) Air vif, vivifiant.
Haie vive, en pleine végétation.
Eau vive: eau qui coule, qui court.
d4./d Aigu, intense. Vif plaisir. De vifs applaudissements.
|| (Couleurs) Intense. Bleu vif. Teinte vive.
d5./d Brusque, coléreux, emporté. Vous avez été un peu vif et vous l'avez blessé.
rII./r n. m.
d1./d Le vif: la chair vive.
|| Loc. fig. Couper, tailler, trancher dans le vif: s'attaquer résolument à un problème, avec des moyens énergiques.
Dans le vif du sujet: en plein dans la question.
être atteint, blessé, piqué, touché au vif, au point sensible.
|| à vif: dont la chair est à nu. Plaie à vif.
Fig. Avoir les nerfs à vif: être très tendu, très nerveux.
d2./d DR Personne vivante. Donations entre vifs.
|| Loc. fig. Sur le vif: d'après nature. Expression saisie sur le vif.
d3./d PECHE Pêcher au vif: pêcher avec comme appât un petit poisson vivant.

⇒VIF, VIVE, adj. et subst. masc.
I. — Adjectif
A. — [Corresp. à vie]
1. Vieilli [En parlant d'un être vivant]
a) Qui est en vie; vivant. Brûler, enterrer vif; plumé vif; livré mort ou vif. Je ne perds pas tout espoir de guérir ma fille de cette affreuse maladie de ne plus aimer rien; c'est une affaire de temps et de tendresse. Tenez! la nuit dernière, je pleurais tout bas dans mon lit, car enfin ça fait de la peine de perdre son enfant toute vive (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 284). C'est ennuyeux. Un homme mort n'est plus un homme. Mais un homme vif, dont les paupières remuent, dans la chambre de la princesse, le jour qu'elle se marie (AUDIBERTI, Mal court, 1947, I, p. 148).
Écorché vif. V. écorché III B.
Plus mort que vif. V. mort2 II A 2 b.
De vive voix. V. voix I A 3 a. Poids vif. V. poids II A 2 c.
P. plaisant. Imprimer tout vif. Je suis tenté de devenir un auteur et de me voir imprimer tout vif (STENDHAL, Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p. 5).
b) Avec le corps entièrement dénudé. Le lendemain, le comte de Camors, après s'être plongé tout vif dans une cuve d'eau froide (...) se fit conduire à ses deux fermes (FEUILLET, Camors, 1867, p. 101).
2. [En parlant d'une chose]
a) Qui vit, qui témoigne de sa pleine vitalité. Bois vif. La Belle-Étoile est, là-bas, de l'autre côté du ruisseau, sur le versant de la côte, une grande ferme que les ormes, les chênes de la cour et les haies vives cachent en été (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 26).
Force vive. V. force I B 3 c ex. de Mounier.
INFORMAT. Mémoire vive. ,,Mémoire dont le contenu peut être lu, effacé ou modifié à volonté (ce type de mémoire est souvent désigné par le sigle anglais RAM). Il s'oppose à la mémoire morte ou ROM (...) mémoire dont les informations une fois stockées, ne peuvent être modifiées et ne sont accessibles qu'en lecture`` (GDEL).
b) Qui présente des manifestations de vie intense. Chaux vive; fonte vive. Nous étions arrivés en ce lieu par un dédale de petits chemins (...) qu'aux abords de la rivière les sources vives transformaient en ruisseaux (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 257).
P. métaph. Je m'appliquais à surprendre, au fond de moi-même, cette universelle attente, ma source vive et ma raison d'être (SARTRE, Mots, 1964, p. 141).
MAR. Œuvres vives d'un navire. V. œuvre I C.
c) Qui présente des aspérités, des saillies nettes et tranchantes. Arêtes vives. Cette piste ressemblait à une tranchée basse. De chaque côté, à hauteur d'homme, elle paraissait taillée à angles vifs dans une mer de joncs serrés et grisâtres (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 19).
Loc., MENUIS. (Tailler) à vive arête. V. arête2 II A 1.
d) Qui est mis à nu. Construction à joints vifs (sans mortier); pierres vives (non recouvertes de terre); plaies vives. On attaqua la porte, qui céda bientôt. Un escalier taillé dans le roc vif se présenta avec sa descente rapide (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 165).
e) ŒNOL. Vin vif. ,,Vin dont l'acidité est relativement élevée, mais qui reste équilibrée et agréable`` (HUET-LAUZ. Vins Alcools 1990).
f) Au fig. Où se concentre la vie. L'angoisse n'était pas, cette fois, montée lentement de lui-même, au terme d'une interminable rumination, d'un examen périlleux poussé jusqu'à la partie vive de l'âme: le coup avait été porté du dehors (BERNANOS, Joie, 1929, p. 716).
B. — [Corresp. à vivacité]
1. [En parlant d'une pers. ou de son comportement]
a) Qui, dans ses réactions, sa façon d'être, manifeste de la vitalité, de la vivacité. Synon. agile, alerte1, fringant, leste, pétulant. Je ne voyais plus que Sara, non la tendre Sara des premiers temps, mais une fille vive, enjouée, folâtre (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 236). Aux deux places qu'ils occupaient les frères s'installent (...) et Agnès, qui les regarde, voudrait avoir des garçons comme eux, beaux et vifs (BUTOR, Modif., 1957, p. 117).
P. méton. Qui fait preuve de brusquerie, qui témoigne d'une promptitude, d'une vivacité remarquables. Esprit vif; gestes, regards vifs. Sa physionomie étoit douce et gaie, ses yeux vifs et spirituels (FLORIAN, Fables, 1792, p. 5).
b) Qui, dans ses élans amoureux, montre de l'empressement. Synon. ardent. Quant à la duchesse, (...) un vieux beau, le baron de Tardiveau, la prenait pour une cocotte et se montrait très vif (ZOLA, Nana, 1880, p. 1326).
c) Qui se montre prompt à s'emporter; agressif. Taisez-vous, Jean, vous êtes trop vif (SCRIBE, Bertrand, 1833, II, 3, p. 153).
P. méton. Qui révèle un tempérament coléreux, un comportement passionné. Propos vifs; paroles vives. Après dîner, il s'élève une vive discussion sur le sentiment pictural du paysage, que Rosny et moi disons n'avoir pas été rendu par l'Antiquité (GONCOURT, Journal, 1888, p. 797):
Ils étaient là quatre ou cinq autour de la table ronde, (...) ayant déjà vingt fois failli se prendre aux cheveux pour un mot vif jugé blessant ou une histoire salée dans laquelle les susceptibilités exacerbées voulaient voir des allusions offensantes.
PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 248.
2. [En parlant d'une chose] Très intense.
a) [En parlant de la façon dont s'exerce une faculté, dont perçoit un sens] Qui est prompt et intense à la fois. Odorat vif; curiosité, imagination vive; manifester un goût vif pour. Un esprit d'indépendance farouche, un bon sens pour ainsi dire irrésistible (...), le dédain des solutions abstraites, un goût très vif de la spiritualité la plus haute, mais difficile à satisfaire par la seule spéculation, éveillèrent d'abord la méfiance de l'évêque (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 117).
b) [En parlant d'un sentiment, d'une émotion] Qui affecte profondément la sensibilité de quelqu'un. Vif attachement; vive affection, amitié, ardeur; joie vive; vif besoin, désir; vive douleur, reconnaissance, satisfaction; vives inquiétudes ; porter un vif intérêt à. « Il sera difficile de savoir ce qu'il est et ce qu'il pense » se dit Simon, tout en ressentant une vive sympathie pour son compagnon et en pensant qu'il ferait bon voyager longtemps avec lui (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 166).
c) [En parlant d'un impression ressentie] Qui produit sur les sens un effet pénétrant, violent. Air, vent vif ; plaisir vif; douleur vive. À d'autres moments (...), les souffrances sont si vives que je dois chercher à m'échapper comme une pauvre bête (JOUVE, Paulina, 1925, p. 208).
d) [En parlant d'un mode d'expression] Plein de vie et de relief. Au lieu d'un style faible, inanimé, sans couleur, sans mouvement, sans mélodie, on y emploie un style vif, élégant, nombreux, riche en images, varié dans ses tons et dans son harmonie (MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p. 346).
e) [En parlant d'une couleur, d'une lumière] Intense, éclatant. Rouge vif; clarté vive. La porte s'ouvrait, un rectangle de lumière plus vive se dessinait, qui happait la jeune fille (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 50).
f) [En parlant d'une action milit.] Violent, d'une forte intensité. Le combat fut vif. Dès le commencement de l'action, la mêlée devint sanglante (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 334). Action assez vive d'artillerie dans le secteur de Tahure (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 209).
Loc. adv. De vive force. V. force I C 3.
g) [En parlant d'un mouvement] Rapide, précipité. Démarche vive. Nous redescendîmes à vive allure (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 190).
MUS. Allegro (...). Terme italien signifiant gai, alerte, animé, et indiquant un mouvement vif, brillant, mais moins vif que presto (ROUGNON 1935, p. 17).
II. — Subst. masc.
A. — L'être vivant; la matière vivante. Il faut donc nécessairement, après avoir disséqué sur le mort, disséquer sur le vif, pour mettre à découvert et voir fonctionner les parties intérieures ou cachées de l'organisme: c'est à ces sortes d'opérations qu'on donne le nom de vivisections (Cl. BERNARD, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 157). On admit que le vif pouvait en pareil cas [de conversion de renégats] revivifier le mort (RENAN, Marc-Aurèle, 1881, p. 326).
Loc. adv.
À vif. Avec la chair à nu, douloureusement sensible et vulnérable. (Dict. XIXe et XXe s.). Plaie à vif. V. plaie A 1 b. P. anal. À l'horizon cette déchirure blanche comme un four à chaux [la baie de Jaïffa], cette falaise à vif qui rompt le profil du dernier cap, le Cap Blanc, c'est la frontière nord de Palestine (MORAND, Route Indes, 1936, p. 306).
Au fig. Dans un état exacerbé. Être à vif; avoir, mettre les nerfs à vif. Qu'on ne me touche plus à cet endroit-là. Vous voyez bien que je suis à vif! Taisez-vous (COCTEAU, Parents, 1938, III, 5, p. 286).
Au vif. Au point le plus sensible, le plus douloureux. (Dict. XIXe et XXe s.). Au fig. Piquer, porter, toucher au vif. Piquer, porter, toucher à l'endroit où les atteintes sont ressenties au maximum. Faible et haïssant sa faiblesse, dompté, mais de cœur insoumis, il faisait un circuit éternel, de la haine à l'amour, de l'amour à la haine: tantôt, enragé d'en finir, de porter au vif le couteau, jusqu'au fond même de sa passion, et l'instant d'après, espérant un temps moins orageux, et plus pur (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 271). La vanité de François, plus que son cœur, fut piquée au vif (RADIGUET, Bal, 1923, p. 131).
Au fig. Dans le vif
Tailler, trancher dans le vif. Prendre les résolutions qui s'imposent; sacrifier le superflu et l'accessoire pour sauver l'essentiel. Bientôt obligé de tailler dans le vif, je demandai à M. le ministre de l'Intérieur la permission de mettre en loterie ma maison de campagne (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 23).
Entrer dans le vif du sujet. Aller à l'essentiel d'une affaire. Après le diagnostic d'ensemble et les analyses morales que l'on vient de lire, nous entrons dans le vif d'un des sujets les plus embrouillés qui soient (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 85).
DR. Personne vivante. Tu pourrais me laisser la moitié de l'héritage par donation entre vifs (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 322). L'article 913 du Code civil dit: « Les libéralités, soit par actes entre vifs, soit par testament, ne pourront excéder la moitié des biens du disposant, s'il ne laisse à son décès qu'un enfant légitime (...) » (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 189).
B. — 1. [À propos d'une pers.] Élan, ardeur. Nom d'un nom, comme ça donnerait du vif au troupier, d'avoir une madone comme ça (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Idées colonel, 1884, p. 253).
2. [À propos d'une chose] Mordant, éclat. M. de Louvercy (...) prétendait que mon salon était une bergerie (...) que cela était ennuyeux, que cela manquait de vif, et que, de plus, cela manquait de charité (FEUILLET, Journal femme, 1878, pp. 216-217).
C. — BEAUX-ARTS. Les trois morts et les trois vifs. Représentation souvent reprise au Moyen-Âge et dans laquelle trois morts s'adressent aux vivants pour leur faire prendre conscience de la précarité de la vie (les trois vifs étant trois chevaliers richement caparaçonnés, qui s'arrêtent consternés devant cette effrayante apparition). J'ai fait dessiner par Viollet Leduc la rencontre des trois morts et des trois vifs peinte dans la sacristie (MÉRIMÉE, Lettres L. Vitet, 1844, p. 147).
P. anal. (Peindre, prendre, saisir) sur le vif. L'opposition du Nord et du Midi apparaît surtout dans Tartarin sur les Alpes, qu'égaient les silhouettes de la Suisse hôtelière, qu'amplifient les rudes figures, saisies sur le vif, des guides de la montagne (L. DAUDET, Qd vivait mon père, 1940, p. 92).
D. — ARCHIT. Vif d'une colonne. ,,Fût de cette colonne`` (NOËL 1968).
E. — MAR. Vif de l'eau. ,,Époque des marées de nouvelles lunes et de pleines lunes`` (GRUSS 1978).
F. — PÊCHE. ,,Petit poisson vivant dont on se sert comme appât pour pêcher les carnassiers`` (POLLET 1970). Pêcher au vif (ROB. 1985).
Rem. Vif, vive est gén. empl. après le subst. sauf dans des empl. figés styl. V. supra I B 2 b.
Prononc. et Orth.:[vif], fém. [vi:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. « Vivant » A. 1. a) 2e moit. Xe s. vius masc. cas suj. « vivant » (St Léger, éd. J. Linskill, 137: nez de medre vius); ca 1100 vif id. (Roland, éd. J. Bédier, 2126); 1130-40 subst. (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1764: A vis apareir [en parlant de morts]); 1265 dr. don fet entre vis (Charte ds DU CANGE, s.v. associare2); b) 1248 contrefaire [un sujet] al vif (ds LABORDE, Notice des émaux du Louvre, t. 2, 1853, p. 542); c) 1269-78 adj. vive [en parlant de l'ymage d'ivuire faite par Pygmalion] (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 20799); 2. a) ca 1100 trenchier ... cez vestemenz entresque as chars vives (Roland, 1656); 1306 subst. (JOINVILLE, St Louis, éd. N. L. Corbett,145: le venin se feri ou vif [du soudanc]); b) 1404 id. fig. « la partie essentielle d'une chose » (Livre des fais de Bouciquaut, II, 4, éd. D. Lalande, p. 185: Ceste chose bien au vif consideree); c) 1559 id. toucher (qqn) au vif (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Pélopidas, 52, éd. G. Walter, t. 1, 1959, p. 651); d) 1675 id. couper dans le vif (SÉVIGNÉ, lettre 6 août ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 33); 3. a) ca 1130 (en parlant d'animaux) vif aveir (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, § 21); b) 1269-78 [plantes] vives (JEAN DE MEUN, op. cit., 18954); 1348 vif bois, bois vif (Arch. nat. J 84, 754 ds DU CANGE, s.v. boscus mortuus, vivus), v. aussi mort-bois; 1552 haye vive (EST., s.v. vivo, vivus); 1676 empl. subst. recoupper la tige jusques dans le vif (A. LE GENDRE, Manière de cultiver les arbres fruitiers, p. 146); 4. 1204 p. ext. a vois vive (d'apr. FEW t. 14, p. 583a); 1258 par vives vois (doc. Arch. Yonne ds GDF.); 1623 de vive voix (A. D'AUBIGNÉ, Les Tragiques, t. III, p. 81). B. « Qui semble vivre, être en mouvement » 1. ca 1150 vis argent, v. vif-argent; 2. 1225-30 fontaines vives; eves vives (GUILLAUME DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 1390; 20440); 1643 subst. le vif de l'eau « grande marée » (FOURNIER Hydrographie, p. 14); 1678 vive eau « id. » ([Lettre de] Seignelay à Hubert, 7 août ds JAL1); 3. 1247 chalz vive (Image du monde, 138 ds T.-L., s.v. chauz); fin XIIIe s. [ms.] chauc vive (HENRI DE VALENCIENNES, Constantinople, éd. J. Longnon, 665, p. 106, var. D); 4. 1732 mécan. forces vives [Leibnitz] (FONTENELLE, Louville ds LITTRÉ, s.v. force). C. « (En parlant d'une roche, d'une pierre) mis à nu » fin XIVe s. roce vive (JEAN FROISSART, Chron., éd. S. Luce, I, 232, t. 3, p. 87); 1636 vive arête (MONET, p. 96b, s.v. arête); 1694 empl. subst. pierre ébousinée jusqu'au vif (CORNEILLE, p. 595a). II. « Qui a de la vie » A. « Intense » 1. domaine psychol., mor. a) ca 1100 par vive force (Roland, 1627); b) ca 1165 par vif bosoing, par vif estoveir (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 14281; 18878); c) ca 1590 en parlant d'un sentiment (MONTAIGNE, Essais, I, 37, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 232: ce ressentiment bien vif qui est naturellement en moi); 2. a) 1176 « dont la chaleur, la lumière sont intenses » vive brese empl. par image (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 42: D'ax [des Grezois et des Romains] est la parole remese Et estainte la vive brese); XIIIe s. estanceles vives ardans (ID., Erec, éd. W. Foerster, 3712, var. H); b) 1269-78 « dont l'éclat est vif » couleurs fresches et vives [de fleurs] (JEAN DE MEUN, op. cit., 19930); c) 1690 froid vif (FUR.). B. 1. 1538 « (d'une personne) de grande vitalité, vivacité » (EST., s.v. vivo, vividus: plein de vigueur, vigoureux, vif; s.v. vegeo, vegetus: alaigre, vif, gay); 2. 1753 p. ext. mus. (ROUSSEAU, Dict. mus., Paris, H. Pourrat, t. 1, 1839, p. 95). C. 1538 « (d'une personne, de ses facultés) rapide dans ses opérations » vif et subtil esprit (EST., s.v. acer); 1580 vive imagination (MONTAIGNE, op. cit., I, 26, p. 169). D. a) Ca 1590 « (de propos, de manières) d'ardeur excessive » (ID., ibid., III, 11, p. 1028: La parole vive et bruyante comme est la mienne ordinaire s'emporte volontiers à l'hyperbole); b) 1636 « (d'une personne) id. » (MONET, p. 960a: Il est si vif qu'il estourdit ses parties). Du lat. vivus « vivant, animé », empl. subst. « un vivant; ce qui est vivant » (ad vivum resecare, COLUMELLE); en parlant d'inanimés viva memoria « souvenir vivant », viva vox; viva aqua, vivum saxum « roc vif, naturel »; vivum sulfur, viva cupressus (OVIDE, Met., VI, 49; cf. lat. médiév. vivum lignum 1145-71, Cartulaire de Ponthieu, 117 et vivum nemus 1153, Cartulaire de Compiègne, 1, 141 ds BAMBECK Boden, p. 15); fig. « animé, vif » (PLINE, Ep., VIII, 6, 17: vivus et ingenuus animus); empl. subst. de vivo aliquid resecare « prendre sur le principal, le capital » (CIC., Verr., 3, 118). Fréq. abs. littér.:10 875. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 18 632, b) 17 298; XXe s.: a) 14 256, b) 12 507. Bbg. JABERG (K.). Soif und die sprachliche Expansion in Nordfrankreich. Z. fr. Spr. Lit. 1911, t. 38, pp. 268-269. — MARTIN (R.). Chartes et doc. de l'Abbaye de St Magloire. Actes du 4e Colloque Internat. sur le Moy. Fr. Publ. par A. Dees. Amsterdam, 1985, p. 109.

vif, vive [vif, viv] adj. et n.
ÉTYM. 980, Passion du Christ; du lat. vivus. REM. Vif, en épithète, s'emploie presque toujours après le nom.
———
I
1 (En attribut, sauf dans quelques syntagmes, seult dans des emplois figés). Vivant, en vie.Les prendre morts (2. Mort, cit. 3) ou vifs (→ aussi Faucher, cit. 6).Plus mort que vif (→ Plat, cit. 6).Écorché (cit. 1, 2, 9 et 10), grillé (1. Griller, cit. 4), brûlé vif (→ Condamner, cit. 5). || Cris d'orfraie (cit. 1) plumée vive.Chair vive.Par métaphore.Tailler dans la chair vive (→ Amputer, cit. 5), dans la chair sensible. || Tout vif et tout palpitant sur ma table de dissection (cit. 2). || M'enterrer (cit. 19) toute vive.Par plais. || Imprimé tout vif (→ Esprit, cit. 121; et aussi personnage, cit. 10).Fig. (→ ci-dessous, cit. 1).
1 Je n'ai jamais vu une personne absente être si vive dans tous les cœurs (…)
Mme de Sévigné, 148, 11 mars 1671.
2 (Hercule) prit tout vif le sanglier d'Érymanthe. Il s'empara, vivante aussi, d'une biche aux cornes d'or et aux pieds d'airain, consacrée à Diane (…)
Émile Henriot, Mythologie légère, p. 107.
2.1 La vestale impure est enterrée vive : son sang versé contaminerait la cité. On la fait alors disparaître avec sa souillure dans les entrailles de la terre.
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 57.
Bois vif. || Haie vive (→ Lopin, cit. 2).
Par ext. (En parlant d'un être vivant). || Poids vif, cheptel vif.De vive voix.
2 N. (V. 1155). a Dr. || Le vif : la personne vivante.Le mort saisit (cit. 21) le vif. || Donation (cit. 1) entre vifs.Peint. (Vx). Modèle vivant. || Peindre au vif. — ☑ Loc. mod. Sur le vif. || Peindre sur le vif, d'après le modèle vivant.Fig. (Mod.). D'après nature. 1. Croquer.Prendre, surprendre sur le vif, dans l'état naturel, tel que la vie le présente (→ Paye, cit. 2).
3 On voit des madames Marneffe à tous les étages de l'État social, et même au milieu des cours; car Valérie est une triste réalité, moulée sur le vif dans ses plus légers détails.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 266.
b Le vif : la chair vive (→ Entamer, cit. 1).Par métaphore.Tailler, trancher, couper dans le vif.Atteint (cit. 14), touché, blessé (cit. 16), piqué (cit. 17) au vif (→ aussi Offense, cit. 2).
3.1 Nous sommes tous excédés des formes purement digestives du théâtre actuel qui n'est qu'un jeu sans efficacité. Nous éprouvons tous le besoin d'un théâtre qui agisse, et tranche dans le vif.
A. Artaud, Dossier du théâtre et son double, XXX, in Œ. compl., t. IV, p. 318.
Par métaphore.Entrer dans le vif du sujet, du débat, dans l'essentiel; aborder le point le plus important. Cœur, fond (→ Préambule, cit. 6).
c Pêche. || Au vif : avec un appât vivant. || Pêcher au vif.
d À vif : avec la chair vive à nu, non couverte de peau (contr. : cicatrisé). Avivement. || Plaie, moignon à vif (→ Douloureux, cit. 3; et aussi ongle, cit. 7).Par métaphore. || Plaie à vif (→ Inguérissable, cit. 3).Avoir les nerfs, la sensibilité à vif.
4 Il n'a point de complaisance pour la maladie; tous ses nerfs sont à vif; la révolte lui fouette le sang et la bile.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VII.
4.1 (…) qu'à vif ou en effigie — soit qu'en de rares instants de chance (partagés ou m'appelant à les faire poétiquement partager) je m'arrache à ma grisaille quotidienne en une sorte de mort sans blessure.
Michel Leiris, Frêle bruit, p. 378.
3 (XVIIe). Techn. Mis à nu (comme la chair vive). || Pierres vives, non recouvertes de terre, de bousin. || On a fouillé jusqu'au roc vif (Académie).N. m. || Le vif d'une pierre : la partie dure que l'on atteint sous le bousin.Joints vifs, sans mortier. || Pierre coupée à vive arête. Aviver.
Cour. || Arêtes (cit. 2) vives (→ Niveler, cit. 1). || Angles (1. Angle, cit. 2) vifs, nettement découpés, saillants (→ par métaphore, Angle, cit. 5; réunir, cit. 7; sécheresse, cit. 4).
4 (Mil. XVIe). Où la vie semble résider. || Eau vive (→ Moussu, cit.; polir, cit. 9; puits, cit. 3; ruissellement, cit. 3).Par métaphore. || Source vive (→ Désaltérer, cit. 6; humanité, cit. 8).N. m. (Mar.). || Le vif de l'eau : marée de vive eau, grande marée.Air (1. Air, cit. 7) vif, frais et pur, qui ranime, vivifie (→ Enivrer, cit. 28; goulée, cit. 2; griser, cit. 4).Chaux vive (→ Orpiment, cit. 1). || Combustion vive.Mar. || Les œuvres vives d'un navire.Mécan. || Force vive (ainsi désignée par Leibniz par oppos. à la « force morte » qui est une simple « tendance au mouvement »).
———
II Par ext. Qui a de la vie.
1 Dont la vitalité se manifeste par la rapidité, la vivacité des mouvements et des réactions. Agile, alerte, déluré, fringant, 1. gaillard, guilleret, léger, leste (cit. 2), pétulant, sémillant (→ 1. Avenant, cit. 3; fantasque, cit. 2; fauvette, cit.; mordre, cit. 20; œil, cit. 46; sédentaire, cit. 1). || Enfant vif. Diable, espiègle, éveillé, frétillant, remuant (→ Éduquer, cit. 7; titi, cit. 2). || Il est vif et espiègle, c'est un vrai lutin, un petit diable. || Vif, passionné, endiablé (cit. 4). || Vif comme un papillon (→ Causeur, cit. 1), un émerillon, un lézard (→ Flexible, cit. 6). || Un vieillard ingambe et vif. Vert.Tempérament, caractère (cit. 46) vif. Ardent, 1. feu (de feu), primesautier (→ Glisser, cit. 33; navet, cit. 2). || Humeur vive (→ Fréquentation, cit. 5).Œil, regard vif, brillant et toujours en éveil, prompt à suivre, à saisir (→ 1. Barbe, cit. 16; 1. fouine, cit. 1; rabouillère, cit. 1; spirituel, cit. 6).Par ext. || Mouvements, gestes vifs (→ 2. Goujon, cit. 2; griffe, cit. 4). || Marche, démarche vive. Allègre, dégagé (→ Envie, cit. 13; serrer, cit. 12). || Parades (cit. 11) vives.
5 Je n'entends plus que ce pas vif, régulier, et le léger tintement, sur les chaussures, des lacets aux pointes de fer.
G. Duhamel, les Plaisirs et les Jeux, III, II.
Par anal. (Mus.). || Rythmes, mouvements, airs, morceaux… vifs (par oppos. à lent). Rapide (→ 1. Émouvoir, cit. 15; lyrique, cit. 4; orgue, cit. 4; stabat, cit.). aussi Allegro, allegretto.
2 (XVIIe). Qui est d'une ardeur excessive, au point de s'emporter facilement (→ Couper, cit. 15; piquer, cit. 31). Brusque, emporté, violent. || Il est vif, trop vif : il a la tête chaude, près du bonnet (cit. 6). || Je regrette d'avoir été aussi vif (→ Fâcher, cit. 19).Par ext. || Échanger des propos très vifs, des paroles très vives, qui ont quelque chose de blessant, qui ne ménagent pas l'adversaire. Dur. || Langage, termes un peu vifs. || Boutade vive. Mordant.
3 (XVIe). Prompt dans ses opérations. || Esprit vif. 1. Brillant, éveillé, ouvert (→ Analyser, cit. 1; juste, cit. 29; pénétrant, cit. 9). || Intelligence (cit. 13) vive (→ Audacieux, cit. 6). || Vive imagination. Ardent (cit. 33; et → Amant, cit. 3; enflammer, cit. 18).Style vif. Énergique. || Traits vifs. Spirituel.
6 L'esprit vif et impatient de Voltaire faisait qu'il ne se donnait pas le temps de résumer ses idées.
A. de Vigny, Journal d'un poète, 1838.
4 (1690, Furetière; choses). Peut s'employer avant le nom en épithète (stylistique). Très intense. || Lumière vive (→ Lueur, cit. 1). || « Adieu, vive clarté de nos étés trop courts » (→ Ténèbre, cit. 1). || Vif éclat. Haut (→ Hellénisme, cit. 3).(En parlant des couleurs; après le nom). || Couleurs (cit. 27), teintes vives. Criard, cru, éclatant, franc (2. Franc, cit. 13), gai, voyant (→ Bâtiment, cit. 9; 1. parer, cit. 7). || Coloris, tons vifs (→ Coquet, cit. 10; distributeur, cit. 3). || Teint vif. Coloré (et contr. : blafard, pâle). || Vive rougeur (cit. 4). || Rouge, rose, jaune… vif (→ Badigeon, cit. 1; denture, cit. 1; égayer, cit. 5).Feu vif. Grand (→ Rendre, cit. 30; sauter, cit. 22). || Soleil vif. Ardent, brûlant (→ 2. Pointer, cit. 1). || Un froid vif. Aigre, âpre, mordant, perçant, piquant (→ Fraîcheur, cit. 3).
6.1 Le drapeau de cette nation était rouge vif, jaune vif, or vif, en un mot arc-en-ciel vif, sur teint de safran, de pourpre et de mort.
Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 242.
Sensibilité, sensations, impressions (cit. 19), passions, émotions vives (→ Amortir, cit. 6; sympathie, cit. 2). || Sentiment vif (→ Figer, cit. 6). || Une vive douleur. Aigu, exaspéré (→ Détention, cit. 1).|| Un vif plaisir (→ Amorce, cit. 8; exister, cit. 16). || Vif regret. Cuisant (→ Liaison, cit. 9). || Vive satisfaction (→ Musée, cit. 2). || Haine (cit. 12 et 25) vive. || Le vif amour du bien (→ Affection, cit. 1). || Vive reconnaissance. || Goût (cit. 42) vif pour… || Vif désir (→ Animer, cit. 24), vif besoin (→ Appétit, cit. 29). || Vive ardeur (→ Expulser, cit. 6), curiosité (cit. 10), impatience. Éperdu, fébrile, 1. fou. || Un souvenir très vif de… Durable, jeune. || Foi (cit. 29) vive et agissante (cit. 3).Vive attaque (cit. 6; et → Raison, cit. 10). || Vive fusillade. || Vifs applaudissements. Chaleureux (→ Exciter, cit. 12). || Vifs succès. || Vive controverse, discussion, altercation. Animé (→ Matamore, cit. 3). || Vifs reproches. || Pression (cit. 5) plus ou moins vive. Fort. || De vive force.
7 De ces baisers puissants comme un dictame,
Des ces transports plus vifs que des rayons,
Que reste-t-il ? (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », XXXVIII, IV.
CONTR. Défunt, mort. — Abruti, alangui, amorphe, apathique, atone, calme, croupissant, effacé, endormi, engourdi, fade, froid, gelé, indolent, langoureux, languissant, mièvre, mou, nonchalant, paresseux, pesant. — Faible, obscur, plat, sombre.
DÉR. et COMP. Vivement. — Aviver, revif; vif-argent, vive-arête, vive-eau.

Encyclopédie Universelle. 2012.