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BAL
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BAL

Le terme «bal» désigne aujourd’hui soit l’assemblée des danseurs qui se réunissent pour exécuter des danses, soit le lieu même où s’effectue cette réunion. Bal a aussi servi à désigner des airs de danses folkloriques du midi de la France, de tempo vif et de rythme binaire. Aux XIIe et XIIIe siècles, on l’appliquait à une danse provençale, vraisemblablement de rythme ternaire, accompagnée d’instruments. Un siècle plus tard, le bal désigne des scènes dansées (bal des Ardents, etc.) exécutées devant un public. En schématisant quelque peu, on dira que le bal est alors au peuple ce que fut le ballet à l’aristocratie: on va voir un ballet en spectateur, on y prend part dans un dessein de coquetterie mondaine (ballet de cour); en revanche, on va danser à un bal en tant qu’acteur et le point de vue esthétique n’entre que peu ou pas du tout en ligne de compte. Ici le défoulement l’emporte sur l’expression chorégraphique. Dans l’Europe du XIIIe siècle, les bals populaires fleurissent; ils ont lieu le dimanche et les jours de fête; on danse sur la place du village, qui est souvent celle de l’église; il arrive parfois que l’on danse même à l’intérieur de l’édifice. Encore aujourd’hui, dans certains villages (en Auvergne par exemple), lors de la fête du saint patron local, un orchestre rudimentaire exécute sans arrêt une même bourrée pendant des heures. Pensons aussi à ces danses ininterrompues du carnaval de Rio.

Bien souvent, pour ne pas dire toujours, les danses d’origine populaire ont été ennoblies pour entrer dans le ballet de cour et la suite instrumentale (XVIIe-XVIIIe s.); ce faisant, elles ont perdu leur caractère mélodique semi-improvisé, et leur rythme ou leur tempo ont même été modifiés. Des danses réputées lascives dans les bals populaires n’évoquent plus rien de tel après avoir été intégrées dans le ballet. Mais l’innovation majeure en matière de bals publics date du 31 décembre 1715, lorsque le Régent ouvrit la salle de l’Opéra de Paris, trois fois par semaine, pour y danser. De nombreux théâtres imitèrent cet exemple au XVIIIe siècle (Comédie-Française, Opéra-Comique, Comédie-Italienne). La Révolution française, en raison de la liesse qui put se donner libre cours, multiplia les bals publics. En 1790, il y avait environ quatre cents bals à Paris. Le Directoire vit le succès du Tivoli, des Folies de Chartres au parc Monceau, du jardin Biron, du jardin Bourbon (Élysée), du pavillon de Hanovre, d’Idalie (rue Marbeuf), salles dont on pourrait suivre la destinée plus ou moins brillante au long du XIXe siècle. C’est au bal Mabille (avenue Montaigne), entre 1840 et 1875, que Chicard introduisit le cancan et que Rigolboche et Céleste Mogador se produisirent. Sous le second Empire, la vogue du bal de l’Opéra battit son plein; à la même époque apparurent notamment le Pré-Catelan, l’Élysée-Montmartre et le Château-d’Eau. À la fin du siècle, le succès du Moulin-Rouge, du bal Tabarin, du Moulin de la Galette, des bals de la rue de Lappe était éclatant.

Avec la fête nationale du 14 juillet, les bals publics de plein air renouèrent avec la coutume du Moyen Âge. Un instrument récemment inventé, l’accordéon (1829), qu’il soit diatonique ou chromatique, y acquit sa renommée, en raison de son caractère expressif propre: il chante une mélodie avec facilité, son système de soufflerie permet tous les accents et toutes les modifications d’intensité, certains mécanismes de combinaisons (accords préfabriqués à la basse) rendent son jeu facile pour qui n’est pas trop regardant. L’accordéon devint l’instrument roi du bal musette (expression née vers 1910 dans les bastringues de Paris et de sa banlieue); il remplaça en effet la musette ou la vielle. Ce faisant, il emprunta à leur répertoire notamment la valse qui, des cercles viennois distingués, étendit sa vogue à tous les bals privés ou publics. Au XXe siècle apparurent les dancings et, bientôt, avec l’introduction en Europe de la musique de jazz, ainsi que des rythmes sud-américains (tango, samba, etc.), deux nouvelles sources musicales s’ajoutèrent à la musique populaire de danse.

Du bal en famille, à l’occasion d’un mariage par exemple (où la valse chaloupée connaît encore des adeptes chez les vieilles générations), à la danse dans une boîte de nuit où les célibataires en mal de sensations érotiques acceptent ou recherchent les bras d’une entraîneuse, en passant par les bals masqués et les bals travestis, publics ou privés, la fonction de la danse dans le bal répond à de multiples besoins, qui vont du simple divertissement au prélude de l’aventure sexuelle. La forme de défoulement y est plus ou moins précise, la qualité des transgressions plus ou moins accentuée.

bal [ bal ] n. m.
• fin XIIe; a. fr. baller « danser »
1Réunion où l'on danse (soit de grand apparat, soit populaire). danser. Aller au bal. Donner un grand bal pour ses dix-huit ans. soirée. Ouvrir le bal, y danser le premier. Bal public. Les bals du 14 Juillet. Bal champêtre. Bal populaire, bal musette. Bal costumé, masqué, travesti. Bal de têtes, où seules les têtes sont travesties. Robe de bal. Salle de bal. Carnet de bal, où les dames inscrivaient le nom de leurs danseurs. — Loc. fig. Conduire, mener le bal : être le responsable (d'une action collective).
2Lieu où se donnent des bals. Le bal Bullier. Un petit bal musette de Montmartre. dancing, guinguette; pop. bastringue.
⊗ HOM. Balle.

BAL nom masculin (abréviation de British Anti Lewisite) Synonyme de dimercaprol. ● BAL (homonymes) nom masculin (abréviation de British Anti Lewisite) bale nom féminin balle nom fémininBAL (synonymes) nom masculin (abréviation de British Anti Lewisite)
Synonymes :
- dimercaprol

bal, plur bals
n. m.
d1./d Réunion consacrée à la danse. Donner un bal. Ouvrir le bal: être le premier, la première à danser. Bal masqué. Bal costumé.
d2./d Local où se donnent des bals publics. Bal musette: bal populaire. Bal poussière (vieilli): bal populaire en plein air.
d3./d Bal-cabaret: V. cabaret.
|| Bal tamoul: dans les populations tamoules des états de l'océan Indien, soirée au cours de laquelle on donne des représentations de théâtre sacré.

⇒BAL, subst. masc.
A.— Réunion où l'on danse :
1. Le comte d'Erfeuil arriva, tout enchanté d'un bal, d'une assemblée, d'une société nombreuse enfin qui lui rappelait un peu la France.
Mme DE STAËL, Corinne, t. 1, 1807, p. 259.
2. Elle [Jeanne] était là, sûrement. Il l'aurait vue ressortir. Il resta derrière l'Opéra, sur le trottoir d'en face, guettant. On allait la relâcher, il allait l'attendre. On entendait au loin les flonflons d'un bal populaire, dont les reflets dansaient sur les murs.
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 471.
SYNT. a) Bal masqué, costumé, travesti, champêtre, public, privé, populaire; bal de noces, du dimanche, de campagne, d'enfants; grand bal, premier bal, nuit de bal, carnet de bal, la reine du bal. b) Tenue, toilette, costume, habit, robe, parure, coiffure, sortie de bal. c) Donner un bal, aller au bal, conduire, mener le bal.
Bal-musette. Bal populaire où l'on danse au son de l'accordéon :
3. Vairon avait pris Sulphart par la taille et dansait une java, avec des grâces de bal-musette, tandis que Lemoine se croyant à la fête du pays, exécutait des ailes de pigeon en faisant claquer ses talons cloutés.
DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 14.
Bal blanc. Bal de jeunes filles où la toilette blanche est exigée. J'ai fait inviter ma cousine au bal blanc de Mme Vandermont (L. LARCHEY, Dict. hist. d'arg., Nouv. Suppl., 1889, p. 15).
Expr. Ouvrir le bal. Faire la première danse pour marquer le début d'une soirée :
4. Au signal des violons qui se firent entendre, on se leva de table pour passer dans la salle de bal : Julien dirigeait l'orchestre. Pour faire plaisir à son père, la mariée ouvrit le bal par un menuet...
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 120.
1. P. métaph. :
5. ... on tentait de la suivre des yeux, mais elle se perdait dans le tourbillon sombre, dans cette cohue agile comme un bal de moucherons.
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 138.
6. Nous avons une neige épaisse de six pieds. Le mois d'avril, par conséquent, sera magnifique. Magnifique. Un bal de fleurs et de papillons.
AUDIBERTI, Le Mal court, 1947, 3, p. 189.
P. iron. et péj. Agitation, par exemple politique :
7. Les Français allaient payer, en une fois, les vexations qu'après leur fausse victoire, ils avaient fait subir à l'Allemagne.
— Par où le bal va-t-il commencer?
— Par l'Alsace.
L. DAUDET, Ciel de feu, 1934, p. 84.
2. P. méton. Lieu où se déroule la réunion dansante :
8. ... près de l'ancien bal Grados surtout, la foule s'épaississait. À la porte de cette guinche, un municipal se dressait sur ses ergots de cuir, ...
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 134.
B.— Expr. fam. ou arg.
Vx. Donner le bal à qqn. Le maltraiter, le frapper. Mettre le bal en train. Engager une discussion. Faire le bal. ,,Exercice pour les punis de prison`` (ESN. 1966). Mettre dans le bal. ,,Engager une dupe dans une partie pour la dépouiller`` (FRANCE 1907).
JEU, vx. Mettre une carte au bal. La jouer.
PRONONC. — 1. Forme phon. :[bal]. 2. Homon. : balle.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Deuxième moitié du XIIe s. « danse » (Girart de Roussillon, éd. M. Hackett, Paris, 1953, p. 365, vers 8129 : Droe intre el chastel sobre cheval. Mil en trobet a tresches e a bal) — 1611, COTGR.; repris par DG qui le qualifie de ,,vieilli``; 2. ca 1228 « réunion, assemblée dansante » (G. de Dole, éd. F. Lecoy, 5199 : Souz un chastel q'en apele Biaucler En mont poi d'eure i ot granz bauz levez. Cez damoiseles i vont por caroler, Cil escuier i vont por bohorder, Cil chevalier i vont por esgarder); 3. 1794 « lieu où l'on danse » (CHAMFORT, Caractères et anecdotes p. 111 : et, dans le bal, il lui donna des coups de pied dans le derrière).
Déverbal de baller1 (cf. sens 1 et baller1 étymol. 1); sous l'infl. des modes ital., le mot est signalé comme italianisme au XVIe s. (H. ESTIENNE, Dialogue du lang. fr. ital., I, 269 dans HUG. : Il se faudret bien garder d'user en la cour de ce mot Danse, ni de Danser, ni de Danseur. — Pourquoy? — Pource qu'il y a long temps que tout cela a esté banni, et qu'on a fait venir d'Italie Bal et Baller et Balladin).
STAT. — Fréq. abs. littér. :3 198. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 6 244, b) 8 541; XXe s. : a) 3 053, b) 1 859.
BBG. — BRÜCH (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 295. — DUCH. 1967, § 19. — MELLOT (J.). Le Jour le plus long. Vie Lang. 1963, pp. 371-375. — POPE 1961 [1952], § 231, 814.

bal [bal] n. m.
ÉTYM. Fin XIIe; de baller, vx, « danser », du bas lat. ballare; → aussi Baladin, ballade, ballet.
1 Anciennt (jusqu'au XVIe). Danse.
2 Mod. Réunion où l'on danse (soit de grand apparat, soit populaire). Danser.Bal public. || Bal privé. || Le bal officiel d'une association. || Bal de bienfaisance. || Le bal des petits lits blancs. || Bal champêtre. || Bal populaire, bal musette, où l'on danse au son de l'accordéon. Bastringue, guinche (pop.). || Bal guinguette. || Bal de barrière. || Petit bal sans cérémonie. Sauterie. || Bal blanc (vx), où les jeunes filles dansent entre elles. || Bal d'enfants. || Bal costumé, paré, masqué, travesti. || Bal de têtes, où seules les têtes sont travesties.Costume, robe de bal. || Robe de bal masqué. Domino. || Salle de bal. || Carnet de bal, où les dames inscrivaient le nom de leurs danseurs. || Commissaire du bal (vx) : ordonnateur du bal. || Animateur du bal. || La reine du bal.Donner un grand bal. || Aller au bal. || Être invité à un bal. || Courir les bals : les fréquenter assidûment. || Ouvrir le bal : y danser le premier. || Assister à un bal sans danser. Tapisserie (faire tapisserie). || Conduire le bal.
1 Le bal se donnait tous les soirs, où de très méchants danseurs dansèrent de très mauvaises courantes (…)
Scarron, le Roman comique, II, XVII.
2 Ce n'est ici qu'un bal à la hâte; mais, l'un de ces jours, nous vous en donnerons un dans les formes.
Molière, les Précieuses ridicules, 13.
3 (…) Courir le bal la nuit, et le jour les brelans ?
Racine, les Plaideurs, I, 4.
4 Notre duchesse de Bourgogne, qui, malgré tout son mérite, est un peu trop engouée de la danse, des bals et des mascarades (…)
Mme de Maintenon, Lettre au duc de Noailles, 25 janv. 1711.
5 Mme de la C…, reine du bal et de la fête, était fort parée (…)
Fontenelle, Lettres galantes, II, 19.
6 Palavicin rapporte qu'en 1562 les Pères assemblés au concile de Trente délibérèrent de donner un bal à Philippe II, roi d'Espagne, que toutes les dames de la ville y furent invitées, que le cardinal de Mantoue ouvrit le bal, et que Philippe II et tous les Pères du concile dansèrent.
Saint-Foix, Essai d'hist. sur Paris, 1 t. IV, p. 132, in Pougens.
7 On trouvait dans chaque ville un bal masqué ou paré (…)
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 26.
8 Quoi ! vous voudriez faire rentrer un vieux boiteux dans la salle de bal ?
Voltaire, Lettre à Chabanon, 3 août 1775.
9 Elle aimait trop le bal, c'est ce qui l'a tuée.
Le bal éblouissant ! le bal délicieux !
Hugo, les Orientales, 33.
10 Après un petit bal, une sauterie de jeunes cousines qui ne se prolongerait point (…)
Maupassant, Clair de lune, « L'enfant ».
Le bal des Ardents. Ardent, III., 2.
Par métaphore (en parlant de la société, du monde) :
11 Ce monde est un grand bal où des fous (…)
Pensent enfler leur être et hausser leur bassesse.
Voltaire, Disc., 1.
Loc. fig. Conduire, mener le bal : être le responsable (d'une action collective).
3 Lieu où se donnent des bals, local où l'on danse. || Le bal Bullier eut son temps de célébrité. || Un petit bal musette de Montmartre. Bastringue, guinguette, et aussi boîte (boîte de nuit), dancing.
4 Fam., vx. || Donner le bal à qqn, le battre, lui donner des coups. Danse, valse.
HOM. 1., 2., 3., 4. Balle.

Encyclopédie Universelle. 2012.