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ruissellement

ruissellement [ rɥisɛlmɑ̃ ] n. m.
• 1831; h. 1613; de ruisseler
Fait de ruisseler. Le château « s'enterrait davantage chaque hiver, lors des grandes pluies, dont le ruissellement sur la pente raide de la côte, roulait les cailloux » (Zola). Fig. Ruissellements de lumière. chatoiement.
(1880) Géol. Ruissellement pluvial : écoulement superficiel des eaux de pluie, qui s'opère d'abord en filets ou en nappes avant de se concentrer en rigoles (dont la confluence produira les cours d'eau ou les torrents). Eaux de ruissellement.

ruissellement nom masculin Fait de ruisseler. Écoulement instantané et temporaire, diffus ou concentré, des eaux sur un versant à la suite d'une averse (ou de la fusion nivale).

ruissellement
n. m.
d1./d Fait de ruisseler.
|| Fig. Un ruissellement de lumière.
d2./d GEOL écoulement des eaux pluviales sur une pente. Ruissellement en nappe. Eaux de ruissellement.

⇒RUISSELLEMENT, subst. masc.
A. — Action, fait de ruisseler, de s'écouler de façon continue. Le ruissellement de l'eau, des averses. Après les rafales et les brumes, des ciels chauffés à blanc, tels que des plaques de tôle, sortirent de l'horizon. En deux jours, sans aucune transition, au froid humide des brouillards, au ruissellement des pluies, succéda une chaleur torride, une atmosphère d'une lourdeur atroce (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 217). Je cherchais seulement à frayer le lit le plus doux au ruissellement de mes pleurs (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 614). V. abat ex. 3.
P. méton. Ce qui s'écoule en ruisselant; eau, liquide qui ruisselle. Des coups de vent, secouant les branches des pommiers, faisaient tomber sur le sol des ruissellements d'eau, donnant à croire que l'averse redoublait (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 157). [Un messager] essuyait maintenant, de sa manche, le ruissellement de son front (ARNOUX, Roi, 1956, p. 274).
P. anal. Elle écoutait dans sa mémoire le ruissellement du riz, du café, des lentilles, au fond des sacs de papier craquant (AYMÉ, Mais. basse, 1934, p. 232).
GÉOL. Écoulement à la surface du sol, des eaux de pluie ou de celles de la fonte des neiges, pouvant constituer un facteur d'érosion important. Ruissellement pluvial; ruissellement nival; eau(x) de ruissellement. Le ruissellement s'exerce avec une intensité particulière dans les pays de montagnes (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 23). L'eau des pluies est évacuée en partie par ruissellement, en partie par drainage après circulation dans le sol, en partie par évaporation (MAURAIN, Météor., 1950, p. 217).
Ruissellement diffus, ruissellement en nappe. Écoulement en minces filets ou en nappe plus ou moins continue sur l'ensemble d'une surface. La fraction de pluie qui s'écoule, sur une surface à peu près plane, prendra d'abord la forme du ruissellement diffus et, en principe, donnera une nappe d'écoulement, constituée par une infinité de filets parallèles (Géol., t. 2, 1973, p. 5 [Encyclop. de la Pléiade]).
B. — Au fig. [Le compl. prép. introd. par de est un subst. concr. ou abstr.] Action de s'écouler, de se répandre d'une façon qui évoque l'eau qui ruisselle (avec, selon le cas, idée de continuité, d'abondance, de mouvement ondoyant, d'éclat miroitant, etc.). Le ruissellement des images [dans l'ode de Pindare] va croissant, coupé à chaque pas de jets imprévus, de retours, de soubresauts (TAINE, Philos. art, t. 2, 1865, p. 181). Ainsi observe-t-on que les philosophies d'Orient constatent le ruissellement perpétuel des choses alors que les peuples d'Orient restent immobiles (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 120).
P. méton. Ce qui s'écoule, se répand de cette manière. [L'âme] s'élancera vers les astres de feu Comme un puissant oiseau, pour se plonger, ravie, Dans les ruissellements de joie et dans la vie (BANVILLE, Exilés, 1874, p. 94). Sous sa longue chemise, et le ruissellement de ses cheveux dénoués, sa chair s'offrait (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 164).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1613 (J.-B. CHASSIGNET, Psaum., CIII, Argum. ds GDF. Compl.), attest. isolée; 1832 (HUGO, N.-D. Paris, p. 476); 2. 1886 géol. (LAPPARENT, loc. cit.). Dér. de ruisseler; suff. -ment1. Bbg. QUEM. DDL t. 16.

ruissellement [ʀɥisɛlmɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1831, infra; attestation isolée, 1613; de ruisseler.
1 Fait de ruisseler, de s'écouler en formant des ruisseaux, des filets continus; filets de liquide ainsi formés. || Ruissellement de l'eau, des eaux (→ Glouglou, cit. 3; pisseux, cit. 2). || Le ruissellement de son sang.
1 (…) deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure.
Hugo, Notre-Dame de Paris, II, X, IV (1831).
2 Le pis était que le Château, ce trou à renard, s'enterrait davantage chaque hiver, lors des grandes pluies, dont le ruissellement sur la pente raide de la côte, roulait les cailloux (…)
Zola, la Terre, IV, III.
3 Il écouta surtout ce ruissellement des gaves, ce bruit infini d'eaux vives qui prête à toute vallée des Pyrénées, le soir, une douceur surnaturelle, un repos d'éternité (…)
F. Mauriac, le Fleuve de feu, I, I.
4 Après le choc de la vague contre les flancs déchiquetés du schiste, on entendait le bruit de cataracte de l'eau retombant en masse de tous côtés, suivi du ruissellement d'innombrables cascades blanches qui redescendaient de creux en ressauts le long du roc, et dont le murmure décroissant se prolongeait jusqu'à la vague suivante.
A. Robbe-Grillet, le Voyeur, p. 130.
(1880). Géol. || Ruissellement pluvial : écoulement superficiel des eaux de pluie, qui s'opère d'abord en filets ou en nappes avant de se concentrer en rigoles (dont la confluence produira les cours d'eau ou les torrents). || Le ruissellement se produit partout où il y a une pente suffisante et des terrains imperméables. || Le ruissellement est un des agents d'érosion (→ Glacier, cit. 1; pluie, cit. 7). || Eaux de ruissellement (→ Lapiaz, cit. 2). || Ruissellement nival, résultant de la fonte des neiges.
5 Le ruissellement est (…) un processus qui ne cesse de modifier le profil des versants dans les régions d'érosion normale. Nous avons décrit son travail, creusant des rigoles qui tendent peu à peu à s'organiser en vallées élémentaires (…) On conçoit qu'un versant attaqué ainsi par le ruissellement recule progressivement, en diminuant de pente moyenne, son pied restant seul fixe (…) Le ruissellement ne fait défaut que dans les vallées entaillant des roches très perméables (calcaires, grès, basaltes), et c'est précisément la raison pour laquelle ces vallées sont souvent encaissées entre des versants raides, non façonnés.
E. de Martonne, Traité de géographie physique, t. II, p. 560.
2 (Mil XIXe). Par métaphore. Le fait de se répandre à profusion. || Les carrés de la garde, immobiles (cit. 20) dans le ruissellement de la déroute (Hugo). || Le ruissellement matinal des piétons vers le centre de Paris (→ Périphérique, cit. 2).Fig. || Ruissellements de lumière. Chatoiement, jet. || Un ruissellement de pierres précieuses.

Encyclopédie Universelle. 2012.