corrosif, ive [ kɔrozif, iv ] adj.
• XIIIe; du lat. corrosum, supin de corrodere; lat. médiév. corrosivus
1 ♦ Qui corrode; qui a la propriété de corroder. ⇒ brûlant, 1. caustique, mordant. Les acides sont corrosifs. Antiseptique corrosif. — N. m. Un corrosif : une substance corrosive.
2 ♦ Fig. Qui attaque avec violence. ⇒ destructif. Une œuvre corrosive. ⇒ acerbe, 1. caustique, virulent. Un humour corrosif. ⇒ subversif.
● corrosif, corrosive adjectif (latin médiéval corrosivus) Qui a la propriété de corroder : Liquide corrosif. Littéraire. Qui est mordant, caustique ; destructeur : Une intelligence corrosive.
corrosif, ive
adj. (et n. m.)
d1./d Qui corrode, qui ronge. Substance corrosive. Syn. corrodant.
|| n. m. Un corrosif.
d2./d Fig. Incisif, mordant. Style, humour corrosif.
⇒CORROSIF, IVE, adj.
A.— [En parlant d'un agent physique] Qui corrode, qui a la propriété de corroder. Acide, agent, liquide, poison, produit, émanation, liqueur, substance corrosive; action, propriété corrosive. Synon. caustique, rongeur. La poitrine, l'abdomen, qui s'étaient trouvés exposés à l'action corrosive de la chaux, étaient fortement brûlés (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 215).
♦ Sublimé corrosif. Chlorure de mercure :
• 1. La pustule maligne est au début si bien une affection toute locale, qu'en la combattant (...) par l'application du sublimé corrosif sur la partie préalablement scarifiée on prévient ces accidents (...).
A. TROUSSEAU, Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu, 1895, p. 107.
— Emploi subst. (masc.). Substance qui corrode. Le sel des larmes avait brûlé comme un corrosif les paupières de Mme Agathe (MAURIAC, Galigaï, 1952, p. 144).
B.— Au fig.
1. [En parlant d'une entité morale] Amitié, critique, haine, ironie, passions, pensée, pitié, verve, voix corrosive(s); discours, mépris, regards corrosifs. Synon. caustique, mordant, nuisible, virulent.
2. P. méton. [En parlant de ce ou de celui dont l'action est corrosive] Les écrits corrosifs de Voltaire :
• 2. Être un homme corrosif, avoir en soi une volonté d'acier, une haine de diamant, une curiosité ardente de la catastrophe, et ne rien brûler, ne rien décapiter, ne rien exterminer!
HUGO, L'Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 39.
— Emploi subst. (avec valeur de neutre). Le corrosif du bonheur, c'est l'ennui (AMIEL, Journal, 1866, p. 363).
Prononc. et Orth. :[(R)R], fém. [-iv]. [] simple ds PASSY 1914, Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr.; cf. aussi ds FÉR. 1768 et NOD. 1844. [] ou [RR] qui est plus suggestif ds BARBEAU-RODHE 1930, Pt ROB. et WARN. 1968 pour lequel [RR] est plus fréquemment entendu. [RR] ds LAND. 1834, FÉL. 1851, LITTRÉ et DG; cf. aussi ds FÉR. Crit. t. 1 1787 et GATTEL 1841 qui indiquent r forte. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. XIIIe s. [ms.] « qui ronge » corrosive cose (Remèdes populaires du Moyen Âge ds Ét. romanes dédiées à G. Paris, p. 257); 1314 médecine corrosive (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, 1439 ds T.-L.); 2. 1468 fig. « mauvais, nuisible » (G. CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, IV, 12, 9); 1756 « qui ronge (en parlant d'un sentiment, d'un vice) » (MIRABEAU [Marquis de], L'Ami des hommes, II, 85 ds GOHIN, p. 361 : c'est un vice intérieur qui tôt ou tard les forcera à l'action corrosive sur eux-mêmes). B. Subst. 1314 (H. DE MONDEVILLE, op. cit., 1007 ds T.-L.). Dér. du rad. du supin corrosum de corrodere (corroder), suff. -if; cf. lat. médiév. corrosivus « qui ronge » (ca 1200 ds LATHAM). Fréq. abs. littér. :83. Bbg. GOHIN 1903, p. 361.
corrosif, ive [kɔʀozif, iv] adj.
ÉTYM. XIIIe; dér. du lat. corrosum, supin de corrodere. → Corroder.
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1 Qui corrode; qui a la propriété de corroder. ⇒ Brûlant, caustique, mordant, mordicant; (rare) agressant. || Les acides sont corrosifs. || Antiseptique corrosif.
1 Quelque corrosive qu'ait été la liqueur dans le calice, le métal du calice est vierge et n'a pas été altéré.
Sainte-Beuve, Correspondance, 281, 10 mars 1833.
1.1 (…) une cuisine toute composée de jus, de coulis, d'épices, de brûlots, un sublimé de succulence donnant au jeu des organes une effervescence factice, brûlant au lieu de nourrir, et mettant dans le chyle, dans le sang, dans la lymphe, un élément corrosif.
Ed. et J. de Goncourt, la Femme au XVIIIe siècle, t. II, p. 142.
♦ N. m. || Un corrosif : une substance corrosive.
1.2 (…) ma main libre, où il essayait de lire. Un corrosif ayant rendu dans son enfance ses paumes indéchiffrables, il ne pouvait en tirer d'indication personnelle sur sa vie (…)
Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 264.
2 Et Maigrier, avec un sérieux magnifique, posa sur mon regard un regard corrosif comme une goutte de vitriol.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, p. 137.
♦ Qui attaque avec violence. ⇒ Destructif. || Un discours corrosif. || Une œuvre corrosive. ⇒ Acerbe, caustique, venimeux, virulent. || Un humour corrosif et impitoyable.
3 Les larmes que votre conversion fera répandre annuleront l'effet corrosif de dix éditions des œuvres impies de Voltaire.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, 45, p. 505.
4 C'est une des plus grandes erreurs des temps modernes (…) que de s'imaginer qu'une révolution est essentiellement corrosive, qu'une révolution est essentiellement une opération qui détruit.
Ch. Péguy, la République…, p. 170.
5 (…) une ironie corrosive et impitoyable qui manquait rarement son effet !
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IX, Suzanne et les jeunes hommes, p. 27.
6 Martial avait eu l'œil pour la comédie, — celle que les autres vous jouent, et celle qu'ils se jouent à eux-mêmes. Il pouvait la démonter sans effort, à la façon d'un écolier qui parodie le maître, avec un sens corrosif de la caricature.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 158.
3 Vx (au sens moral). ⇒ Corrupteur; malfaisant, nuisible.
Encyclopédie Universelle. 2012.