brusque [ brysk ] adj.
• 1549; it. brusco « âpre, non poli, rude »
1 ♦ (Généralt apr. le n.) Qui agit avec une certaine rudesse et d'une manière soudaine. Homme brusque. ⇒ brutal, nerveux, rude, vif, violent. Il est un peu brusque parce que timide. ⇒ bourru. « des gens brusques qui vous expédient en peu de paroles » (La Bruyère). Brusque envers qqn, avec qqn. Caractère brusque. ⇒ impétueux.
♢ Par ext. Mouvements, gestes brusques. ⇒ à-coup.
♢ D'une vivacité rude pouvant aller jusqu'à l'agressivité. Manières brusques. Ton, réplique brusque. ⇒ cassant, sec.
2 ♦ (déb. XIXe) Généralt av. le n. Qui est soudain, que rien ne prépare ni ne laisse prévoir. ⇒ imprévu, inattendu, inopiné, subit. « Ce brusque retour des pluies nous a surpris » (Fromentin). « L'arrêt brusque, le départ en trombe » (Bosco). Une brusque envie de tout plaquer.
⊗ CONTR. Doux, mesuré, posé. Progressif.
● brusque adjectif (italien brusco, âpre) Qui agit sans ménagements, qui manifeste une certaine brutalité : C'est un garçon un peu brusque. Avoir un geste brusque. Qui se manifeste soudain, qui marque un rapide changement d'état : Élévation brusque de la température. ● brusque (synonymes) adjectif (italien brusco, âpre) Qui agit sans ménagements, qui manifeste une certaine brutalité
Synonymes :
- bourru
- bref
- brutal
- cassant
- heurté
- nerveux
- raide
- sec
- vif
- violent
Contraires :
- affable
- attentif
- attentionné
- doux
- mielleux
- prévenant
Qui se manifeste soudain, qui marque un rapide changement d'état
Synonymes :
- imprévu
- inopiné
- rapide
- soudain
- subit
Contraires :
- graduel
- lent
● brusque
nom masculin
Ancienne danse française, à 3/4, de rythme rapide, voisine de la gigue.
brusque
adj.
d1./d Qui a une vivacité rude, sans ménagement. Un homme brusque. Des manières brusques. Syn. bourru. Ant. aimable, affable.
d2./d Subit, inopiné. Un brusque départ.
⇒BRUSQUE, adj.
I.— [En parlant d'une pers. ou d'un animal]
A.— [En parlant du comportement physique] Qui se manifeste dans un mouvement imprévu avec violence et rapidité. Geste brusque (ZOLA, Vérité, 1902, p. 77) :
• 1. Mais plus rien ne troublait la forêt et Guerriot repartit de nouveau à sa récolte, longeant le sentier accoutumé, où ses bonds brusques et impétueux semblaient casser des vitrages de verdure et favoriser l'espionnage du soleil qui se glissait aussitôt dans les failles ménagées par son complice.
PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, p. 146.
B.— Péj. [En parlant du comportement en société] Rude, manquant de séduction, de raffinement. Manières brusques, ton brusque (Ac. 1835-1932) :
• 2. Je suis un peu brusque, me disoit-il [M. d'Albe] ce matin, et la bonté de mon cœur ne rassure pas toujours sur la rudesse de mes manières.
Mme COTTIN, Claire d'Albe, 1799, p. 95.
• 3. Ce soldat-philosophe et fleuriste met, je l'ai bien vu, de la coquetterie à être négligé dans ses vêtements et brusque dans ses discours.
DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 272.
— P. ext. Dur, volontairement grossier. Faire une réponse brusque (Ac. 1798-1932, ROB.). [Le professeur] le renvoya avec une phrase brusque et cinglante (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 55).
C.— [En parlant d'une pers. jugée sur son caractère et son esprit] Qui est sans détour et d'une grande franchise :
• 4. C'était un ennemi peu commode que Racine, et ce doucereux était passé maître dans l'épigramme. Comparé à Boileau brusque et franc, mais sans fiel, ...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 467.
II.— [En parlant d'un inanimé, l'accent étant mis sur la soudaineté et la brièveté d'un élément de la nature (pente, détour, phénomène météorologique)] Brutal, inattendu. Une chaleur orageuse suivait ces brusques ondées (CAMUS, La Peste, 1947, p. 1239) :
• 5. Enfin, la route fit un brusque détour, et le régiment se trouva aux premières barrières des fortifications, qui, du côté de Paris, paraissent extrêmement basses et comme enterrées.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 1, 1836, p. 57.
— [Inanimé abstr.] Brutal, imprévisible :
• 6. Tout à coup, mon phénomène de chauffeur donna un brusque coup de volant.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 292.
III.— LITT., PEINT.
A.— Péj. Qui manque d'harmonie :
• 7. La bassesse excessive et paradoxale de la donnée, la vision très nette et un peu fiévreuse des détails infimes de la vie extérieure, un atroce sentiment de la platitude et de l'ennui de l'existence, un style brusque, inégal et violent, voilà ce qui frappe déjà dans Sac au dos et ce que vous retrouverez dans les autres romans de M. Huysmans.
LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, p. 313.
B.— En bonne part. Original, expressif, sans afféterie. Il [Tallemant] a le crayon rouge, heurté, brusque et expressif de nos vieux dessinateurs qui logeaient près des Halles. Il a le croquis parlant (SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 13, 1851-62, p. 186).
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1373 « aigre, âpre (du vin) » (Trad. de Pietro de Crescenzi. Quart livre des prouffitz champestres, 82 dans QUEM.) — 1771, Trév.; 2. 1549 « vif, hardi (d'une pers.) » (DU FAIL, Propos Rustiques, ch. 6, p. 44 dans HUG.); 1661 « id. (d'une répartie) » (MOLIÈRE, Éc. des maris, I, 6 dans LITTRÉ).
Empr. à l'ital. brusco « âpre » (EWFS2; REW3, n° 7460; SAIN. Lang. Rab., t. 1, p. 151; DEI; WIND, p. 185; VIDOS Tecn., p. 60; COR., hyp. probable; FEW t. 1, p. 575b, 2e hyp.) attesté au sens 1 dans le syntagme vino [austero e] brusco dep. ca 1340 (Volgarizzamento di Palladio dans BATT.), au sens fig. 2 dep. le 1er quart du XIVe s. (Dante, ibid.); cf. aussi infra brusquer3.
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 932. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 485, b) 4 437; XXe s. : a) 6 728, b) 4 777.
BBG. — BRUANT 1901. — BUGGE (S.). Étymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 352. — GREIVE (A.). Zu Wortfamilie von lat. / im Romanischen. In : [Mél. Meier (H.)]. München, 1971, pp. 167-168. — HOPE 1971, p. 168. — KOHLM. 1901, p. 34. — SAR. 1920, p. 55. — WIND 1928, p. 185, 206, 207.
brusque [bʀysk] adj.
ÉTYM. 1549; « aigre » (vin), 1373; ital. brusco « âpre, non poli, rude ».
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I (En parlant d'êtres vivants; généralt après le nom, en épithète).
1 Qui agit avec rudesse, par des actions vives. || Homme brusque. ⇒ Abrupt, bourru, brutal, cassant, cavalier, cru, escarpé, impatient, impétueux, nerveux, prompt, rude, violent. || Il est brusque dans ses manières, en paroles. ⇒ Sec. || Être brusque avec qqn. ⇒ Brusquer. || Il est un peu brusque, mais très franc et très bon. || Il est brusque et grossier, impoli, rébarbatif.
REM. Le mot, sans précision et en contexte neutre, n'est ni péjoratif ni mélioratif.
1 L'on voit des gens brusques (qui) vous expédient, pour ainsi dire, en peu de paroles, et ne songent qu'à se dégager de vous (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 26.
1.1 Mon père n'est pas toujours commode. Il est un peu brusque parfois, il peut être très insociable, je crois qu'il est assez timide, au fond.
N. Sarraute, le Planétarium, p. 186.
♦ Par ext. Propre à une personne brusque. || Caractère, allure brusque.
2 Il (le fils de Bussy) a quelque chose de brusque et d'impétueux qui ne lui attire pas beaucoup d'amis.
Mme de Sévigné, Lettres, 847, 28 août 1680.
2 (En parlant des mouvements, des gestes, des actes). Effectué avec une vivacité imprévisible. || Mouvements brusques. ⇒ À-coup, bond, ressaut, ruade, saccade, saut, soubresaut, sursaut.
3 (…) jamais ses gestes (de Marcelle) n'avaient été si brusques, ni sa voix si heurtée, si masculine.
Sartre, les Chemins de la liberté, t. I, I, 12.
3 (XVIIe, d'une réplique). En parlant du comportement. D'une vivacité rude pouvant aller jusqu'à l'agressivité. || Manières brusques et joviales, brusques et désagréables (⇒ Rude), brusques et grossières. || Ton brusque. ⇒ Bref, cinglant, sec. — (Paroles). || Faire une réponse brusque. || Il l'a rabroué, rembarré, repoussé par une phrase, une remarque brusque (⇒ Brusquer, rudoyer).
4 Rare (en parlant du style). Rude et direct. || Des phrases brusques et expressives. || « Un style brusque, inégal et violent » (J. Lemaitre, à propos de Huysmans, in T. L. F.).
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II (Av. ou après le nom, en épithète). Qui est soudain, que rien ne prépare. ⇒ Imprévu, inattendu, inopiné, précipité, soudain, subit. || Brusque et imprévu (→ Assaillir, cit. 1). || Brusque réveil. || Brusque silence. || Brusque accession au pouvoir. || Attaque brusque. || Arrivée brusque. ⇒ Accès, irruption, trombe. || Arrêt brusque. || Virage un peu brusque. || Changement brusque; un brusque changement. || Brusque départ, retour. || Sa décision, son action… a été brusque, complètement imprévisible. — Brusque coup de vent. || De brusques ondées.
4 Ce brusque retour des pluies nous a surpris au moment de monter à cheval.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, I.
5 Un crescendo brusque, imprévu, effroyable, des râles, la mêlée aérienne de deux voix furibondes (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, « Prrou ».
6 (…) un de ces vieux ânes butés, qui marchent le museau entre leurs pattes, sournois, rusés, aigris, la lippe baveuse, méditant la ruade, le coup de dent, l'arrêt brusque, le départ en trombe et qui, patients sous les plus rudes volées de bois vert, attendent de passer devant une mare fangeuse pour courir s'y vautrer avec toute leur charge sur le dos.
H. Bosco, l'Âne Culotte, p. 13.
♦ (En parlant des sentiments, des « mouvements de l'âme »). Soudain et intense. || Un brusque besoin (cit. 30). || Une brusque envie de…
♦ Par ext. (du temporel au spatial). || La route fait des coudes, des virages brusques, de brusques détours.
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CONTR. Bon, doux, flegmatique, patient, posé. — Graduel, lent, progressif.
DÉR. Brusquement, 1. brusquer, brusquerie, brusquet.
HOM. Formes des v. 1. brusquer, 2. brusquer.
Encyclopédie Universelle. 2012.