interjection [ ɛ̃tɛrʒɛksjɔ̃ ] n. f.
• v. 1300; lat. interjectio
I ♦ Mot invariable pouvant être employé isolément pour traduire une attitude affective du sujet parlant. ⇒ exclamation; juron, onomatopée.
II ♦ (1690; d'apr. interjeter) Dr. Action d'interjeter (un appel).
● interjection nom féminin (latin interjectio, -onis, de interjicere, interposer) Mot invariable, isolé, formant une phrase à lui seul, et exprimant le plus souvent une réaction affective vive.
interjection
n. f.
d1./d GRAM Mot invariable qui renseigne sur l'attitude du locuteur, ou dont la fonction est phatique. (Ex.: bof!, ah!, ouf!, ciel!, etc.)
d2./d DR Action d'interjeter (un appel).
⇒INTERJECTION, subst. fém.
A. — GRAMM. Mot invariable, autonome, inséré dans le discours pour exprimer, d'une manière vive, une émotion, un sentiment, une sensation, un ordre, un appel, pour décrire un bruit, un cri. Le texte de ce qu'il lisait lui arrachait de temps en temps un grognement, un Hrrr... (...) ou même une interjection : « Salauds! » — « Saloperie! » (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 738). Parfois, lorsqu'un coup plus violent ou plus proche venait d'ébranler la paroi du réduit (...), ils grommelaient une interjection : « Pan! », « Zut! », « Nom de Dieu! » (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 9). Presque toutes nos interjections sont d'origine française. Il faut excepter cependant baste (de l'italien basta, 3e pers. du sing. de l'indic. présent de bastare, suffire), bravo (italien bravo, brave, adjectif adressé à la personne applaudie) et halte! (de l'allemand halten, s'arrêter) (GREV. 1969, p. 1029) :
• Il raconte une séance chez le dentiste : « ... tout d'un coup, j'ai senti l'outil sur ma dent : alors ououou! et puis crac! ». Ces deux interjections sont très près des impressions sensorielles qu'elles veulent rendre : elles reproduisent directement pour l'oreille, l'une un cri réflexe produit par la douleur, l'autre le bruit d'un objet qui se casse (la dent)...
BALLY, Lang. et vie, 1952, p. 83.
SYNT. Interjections braillardes, furibondes, sonores; interjection de contentement, de colère, de douleur, de plaisir, de stupeur; explosion d'interjections admiratives; pousser des interjections; couper un récit d'interjections.
Rem. 1. Au point de vue de la forme, les interj. sont a) des cris ou des onomat. : Ah! Eh! Hé! Euh! Ho! Oh! Aïe! Bah! Fi! Chut! Ouf! Zut! Brr! Pf! Pst! Crac! Boum! Paf! b) des subst. accompagnés ou non d'un déterm., d'une prép. : Attention! Ciel! Juste ciel! Dame! Diable! Dieu! Mon Dieu! Par Dieu! Minute! Ma parole! Ma foi! Par exemple! À la bonne heure! La barbe! c) des adj., parfois accompagnés d'un adv. : Bon! Mince! Tout doux! Tout beau!; d) des adv. et loc. adv. : Bien! Comment! En avant!; e) des verbes, surtout à l'impér. : Allons! Gare! Tiens! Voyons! Tu parles! Qui vive!; f) des phrases : Fouette cocher! Vive(nt) les vacances!; g) certaines interj. peuvent avoir des compl. : Gare à vous! Foin du loup! Chiche que je saute! 2. Si l'interj. est gén. inv., on rencontre qq. subst. où la variation en nombre est maintenue : Mille tonnerres! Mille diables! Salauds! (supra ex. de Montherl.) et qq. verbes employés à diverses pers. de l'impér. : Va! Allons! Allez! Tiens! Tenez! Dis donc! Dites donc! 3. L'interj. est gén. suivie du point d'exclam. dans l'écriture et porte un accent d'intensité dans le discours oral. 4. La valeur sém. dépend essentiellement de l'intonation, de la mimique ou du contexte.
— Vieilli. Point d'interjection. Point d'exclamation. Aussitôt que les dames s'étaient aperçues que l'affaire se passait en conversation entre la reine et l'avocat, elles avaient chuchoté. J'ai même fait grâce des phrases à points d'interjection qu'elles lancèrent à travers le discours de l'avocat (BALZAC, Deux rêves, 1830, p. 358).
B. — DR. ,,Action d'interjeter un appel`` (Ac.).
REM. Interjectionnel, -elle, adj. Qui semble composé d'interjections. La poésie serait en ce cas une suite d'actions vocales, méprisante de tout langage organisé, c'est-à-dire intellectualisé, voire le plus rudimentaire, pareille à cette littérature dite interjectionnelle qui, chez tous les peuples primitifs, a précédé la poésie parlée et qu'on voit encore, en Amérique du Nord, chez certains survivants des Indiens (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 263). P. métaph. Dans le fait, Hop-Frog ne pouvait se mouvoir qu'avec une sorte d'allure interjectionnelle, — quelque chose entre le saut et le tortillement (BAUDEL., Nouv. Hist. extr., 1857, p. 191).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1300 gramm. (MACÉ DE LA CHARITÉ, Bible, Genèse, éd. J. R. Smeets, 365); 2. 1690 dr. (FUR.). Empr. au lat. interjectio « action d'intercaler » et terme de grammaire. Fréq. abs. littér. : 112. Bbg. ESPE (H.). Die Interjektionen im Altfranzösischen. Berlin, 1908, 84 p. - GUIRAUD (P.). Le Lang. du corps. Paris, 1980, pp. 120-124. - LOMBARD (A.) L'Inf. de narration. Uppsala-Leipzig, 1936, p. 265-267. - SIRDAR-ISKANDAR (C.). Eh Bien! In : Les Mots du discours. Paris, 1980, pp. 161-191.
interjection [ɛ̃tɛʀʒɛksjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1300; du lat. gramm. interjectio « intercalation », du lat. class. interjectum, supin de interjicere, de inter-, et jacere « jeter ».
❖
———
I Gramm., cour. « Mot invariable susceptible d'être employé isolément et comme tel inséré (lat. interjectus) entre deux termes de l'énoncé (…) pour traduire d'une façon vive une attitude du sujet parlant » (Marouzeau). || Les interjections comprennent des cris et onomatopées (Oh ! Patatras !), des substantifs accompagnés ou non d'une épithète, d'un déterminatif (Attention ! Mon Dieu !), des adjectifs (Bon ! Tout doux !), des adverbes ou locutions adverbiales (Et alors ! En avant !), des verbes, le plus souvent à l'impératif (Penses-tu ! Va donc !), des propositions entières (Fouette cocher !); leur caractère est d'avoir la fonction d'une phrase. || Interjection d'appel, de colère, de douleur, de joie, de mécontentement, de mépris, de triomphe (→ Hosanna, cit. 1). || Point d'interjection, d'exclamation (→ 1. Fausset, cit. 5).
REM. Interjection désigne surtout la forme grammaticale, souvent très simple et réduite à un cri, tandis que exclamation insiste sur le contenu expressif. → Exclamation (cit. 2).
1 On m'a dict que ceux mesmes qui ne sont pas des nostres (les protestants), defendent pourtant entre eux l'usage du nom de Dieu, en leurs propos communs. Ils ne veulent pas qu'on s'en serve par une maniere d'interjection ou d'exclamation (…)
Montaigne, Essais, I, LVI.
2 L'interjection proprement dite, aussi peu intellectuelle que possible, toujours claire grâce aux circonstances et au ton, est donc en quelque sorte dépourvue de forme. Mais on peut voir, par l'étude des interjections, le passage du cri au signe, le passage du réflexe animal au langage humain. L'interjection est devenue (…) un procédé, parfois élégant et littéraire, d'exprimer une grande variété de sentiments différents (…)
F. Brunot et Ch. Bruneau, Grammaire historique, §418.
———
➪ tableau Interjections françaises.
Encyclopédie Universelle. 2012.