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rire

1. rire [ rir ] v. <conjug. : 36; subj. imp. inus.>
XIe; lat. pop. ridere (e bref), class. ridere (e long)
I V. intr.
1Exprimer la gaieté par l'expression du visage, par certains mouvements de la bouche et des muscles faciaux, accompagnés d'expirations saccadées plus ou moins bruyantes. fam. se marrer, rigoler (cf. Se dilater la rate, se fendre la pipe, se tenir les côtes). Rire et sourire. Avoir envie de rire. Se mettre à rire. se dérider. « Tous ensemble partirent à rire, d'un rire énorme qu'ils forçaient encore » (Dorgelès). s'esclaffer; hilare. Rire pour un rien. « Qu'est-ce qu'il y a donc de si absurde [...] pour vous faire rire de si bon cœur » (Diderot). Loc. Rire aux éclats, à gorge déployée, à en pleurer, aux larmes; rire comme un bossu, une baleine. fam. se bidonner, se boyauter, se gondoler, se poiler, se tordre. Rire à en faire pipi dans sa culotte. Rire dans sa barbe, sous cape. Rire jaune. (Précédé d'un inf. avec de) Éclater de rire, se mettre à rire brusquement et bruyamment. Pouffer, se tordre de rire. Pleurer de rire. J'ai failli mourir de rire. C'est à mourir, à crever de rire : très drôle. On était tous morts de rire. Personne, chose qui fait rire ( drôle; comique, hilarant, risible) . Impossible de le faire rire ( dérider) . Loc. Avoir toujours le mot pour rire : plaisanter à tout propos.
♢ RIRE DE..., à cause de. Nous avons bien ri de ces plaisanteries. Il n'y a pas de quoi rire.
Vx RIRE À QQN : sourire. « On l'accueille, on lui rit » (Molière). Loc. (1440) Rire aux anges : sourire distraitement et sans motif.
2(1418) Se réjouir. Loc. prov. Plus on est de fous, plus on rit. Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. Jean qui pleure et Jean qui rit. Rira bien qui rira le dernier, se dit de qqn qui triomphe et dont on espère triompher bientôt. — « Il faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri » (La Bruyère).
S'amuser. se divertir, s'égayer, se réjouir. Rire et faire le fou. « Le peuple a besoin de rire; les rois aussi. Il faut aux carrefours le baladin; il faut aux louvres [aux palais] le bouffon » (Hugo). Faire rire qqn, l'amuser, le divertir. « C'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens » (Molière).
3(1464) Ne pas parler ou ne pas faire qqch. sérieusement (soit pour faire rire autrui, soit par ironie ou moquerie). badiner, fam blaguer, plaisanter. Vous voulez rire ? Je ne ris pas, c'est sérieux. (1536) C'est pour rire : ce n'est pas sérieux. J'ai dit cela pour rire. Pop. ou enfantin C'est pour de rire. Histoire de rire, en manière de plaisanterie. — Sans rire, est-ce que... ? sérieusement, est-ce que... ?
4(XIIIe) RIRE DE : se moquer de, tourner en dérision (ce qui est ridicule ou méprisable). ⇒ se moquer, railler. Rire des sottises, de la naïveté de qqn. « On rit mal des autres, quand on ne sait pas d'abord rire de soi-même » (Léautaud). Faire rire de soi ( 1. risée) . Il vaut mieux en rire qu'en pleurer.
Absolt Ces propos prêtent à rire. Tu peux rire tant que tu voudras. aussi ricaner.
Loc. Vous me faites rire : je me moque de ce que vous dites. Laissez-moi rire, me moquer de ce que vous dites. Rire au nez, à la barbe de qqn, se moquer de lui ouvertement. « J'eus la bêtise de lui répondre et de me fâcher, au lieu de lui rire au nez pour toute réponse » (Rousseau). Rire aux dépens de qqn.
5Littér. Avoir une expression, un aspect joyeux. Ses yeux, sa bouche riaient ( rieur ) . « Sur une humble façade riait le seul éclat d'un chaud crépi » (Henriot) ( riant) .
II V. pron. SE RIRE DE.
1Vx Se moquer, rire de (qqn). Il se rit de vous.
2Vx ou littér. Traiter par le mépris, le dédain. « Le perfide triomphe et se rit de ma rage » (Racine). Elles se sont ri de vos menaces.
(1550) Mod. Se jouer (de ce dont on triomphe avec aisance). Il se rit des difficultés.
⊗ CONTR. Pleurer. rire 2. rire [ rir ] n. m.
XIIIe; de 1. rire
1Action de rire. Un rire bruyant, éclatant. Un gros rire. Rire argentin, léger. Rire étouffé. Rire silencieux. 2. sourire. Loc. Avoir le fou rire : ne plus pouvoir s'arrêter de rire. — Loc. prov. Le rire est le propre de l'homme. Un éclat de rire. Rire convulsif, nerveux. Un rire bête. Un rire forcé. rictus. Un rire moqueur, narquois, méchant, sardonique. ricanement. Un rire général. fam. rigolade. Un rire communicatif, contagieux. Une explosion de rires. hilarité. Rires en boîte, enregistrés pour être diffusés pendant une émission télévisée et simuler la présence du public. « l'écœurante marée publicitaire, les rires enregistrés » (Daeninckx).
Rire moqueur, moquerie. Exciter les rires, le rire. Sa toilette « excitait les regards de curiosité malveillante, les chuchotements et les rires » (Proust).
2Cri animal qui rappelle le rire de l'homme. Le rire de la hyène.
⊗ CONTR. Larme, pleur.

rire verbe intransitif (latin ridere) Manifester une gaieté soudaine par l'expression du visage et par certains mouvements de la bouche et des muscles faciaux, accompagnés d'expirations plus ou moins saccadées et bruyantes : Rire de bon cœur. En parlant de parties du visage, avoir l'expression du rire, de la gaieté : Une bouche qui rit largement. S'amuser, se divertir : Un repas où l'on a bien ri. Agir, parler, faire quelque chose par jeu, sans intention sérieuse : Je vous ai dit cela pour rire. Littéraire. Offrir un aspect souriant, qui semble une image de la bonne humeur : Un village qui rit sous le soleil.rire (citations) verbe intransitif (latin ridere) Anonyme Tel en pleurera qui maintenant en rit. Tiex en plorra qui or en rit. Roman de Renart Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 On sera ridicule, et je n'oserai rire ? Satires Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 La plus perdue de toutes les journées est celle où l'on n'a pas ri. Maximes et pensées Alain Chartier Bayeux vers 1385-vers 1435 Je n'ay bouche qui puisse rire Que les yeulx ne l'en dementissent. La Belle Dame sans mercy Jean Froissart Valenciennes 1333 ou 1337-Chimay après 1404 Tel pleure au main qui rit le soir. Poésies au matin Jean de La Bruyère Paris 1645-Versailles 1696 Il faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. Les Caractères, Du cœur Isidore Ducasse dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 Riez, mais pleurez en même temps. Chants de Maldoror Clément Marot Cahors 1496-Turin 1544 Le pauvre esprit qui lamente et soupire Et en pleurant tâche à vous faire rire. Épîtres, Au roi pour avoir été dérobé se lamente Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 C'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. La Critique de l'École des femmes, 6, Dorante André Pieyre de Mandiargues Paris 1909-Paris 1991 Rire est mieux qu'expliquer quand on est certaine d'être aimée. La Marge Gallimard François Rabelais La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553 Ce disant, [Gargantua] pleurait comme une vache, mais tout soudain riait comme un veau. Pantagruel, 3 Paul-Jean Toulet Pau 1867-Guéthary 1920 Si vous voulez que je vous aime, Ne riez pas trop haut. Les Contrerimes Émile-Paul François Villon Paris 1431-après 1463 Je ris en pleurs et attens sans espoir. Ballade du concours de Blois Bible Malheur à vous qui riez maintenant, car vous connaîtrez le deuil et les larmes ! Évangile selon saint Luc, VI, 25 rire (expressions) verbe intransitif (latin ridere) Familier. Histoire de rire, en matière de plaisanterie. Laissez-moi rire, vous voulez rire, ce n'est pas croyable, pas vrai. Pour rire, ou, familièrement, pour de rire, pour faire semblant ; qui est plus ou moins comique ou ridicule et ne doit pas être pris au sérieux. Rire au nez, à la barbe de quelqu'un, se moquer de lui en face et de façon provocante. Rire du bout des dents, du bout des lèvres, rire à contrecœur. Sans rire, sérieusement. ● rire (homonymes) verbe intransitif (latin ridere) ri ris nom masculin riz nom masculin rie ris nom masculin riz nom masculin rient ris nom masculin riz nom masculin ries ris nom masculin riz nom masculin ris ris nom masculin riz nom masculin rit ris nom masculin riz nom masculin rît ris nom masculin riz nom masculinrire (synonymes) verbe intransitif (latin ridere) Manifester une gaieté soudaine par l'expression du visage et par...
Synonymes :
- se bidonner (populaire)
- se gondoler (populaire)
- se poiler (populaire)
- se tordre (populaire)
Contraires :
En parlant de parties du visage, avoir l'expression du rire...
Synonymes :
S'amuser, se divertir
Synonymes :
- rigoler (populaire)
- se marrer (populaire)
- s'étourdir
Agir, parler, faire quelque chose par jeu, sans intention sérieuse
Synonymes :
- blaguer (familier)
rire verbe transitif indirect Considérer quelqu'un, quelque chose avec ironie, les tourner en ridicule : Rire d'un sot. Considérer quelque chose comme négligeable, ne pas s'en préoccuper : Rire du danger.rire nom masculin (de rire) Action de rire : Un petit rire discret.rire (citations) verbe transitif indirect Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Paris 1732-Paris 1799 Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer. Le Barbier de Séville, I, 2 Arthur Rimbaud Charleville 1854-Marseille 1891 Mais moi je ne veux rire à rien ; Et libre soit cette infortune. Derniers Vers, Bannières de mai George Gordon, lord Byron Londres 1788-Missolonghi 1824 Et si je ris de toute chose ici-bas, C'est afin de n'en pas pleurer. And if I laugh at any mortal thing 'Tis that I may not weep. Don Juan, IV, 4rire (homonymes) verbe transitif indirect ri ris nom masculin riz nom masculin rie ris nom masculin riz nom masculin rient ris nom masculin riz nom masculin ries ris nom masculin riz nom masculin ris ris nom masculin riz nom masculin rit ris nom masculin riz nom masculin rît ris nom masculin riz nom masculinrire (synonymes) verbe transitif indirect Considérer quelqu'un, quelque chose avec ironie, les tourner en ridicule
Synonymes :
- brocarder (littéraire)
- ironiser à propos de
- se gausser de
Considérer quelque chose comme négligeable, ne pas s'en préoccuper
Synonymes :
- dédaigner
- faire fi de
- mépriser
- se gausser de
- se jouer de
rire (citations) nom masculin (de rire) Samuel Beckett Foxrock, près de Dublin, 1906-Paris 1989 Les larmes du monde sont immuables. Pour chacun qui se met à pleurer, quelque part un autre s'arrête. Il en va de même du rire. En attendant Godot Éditions de Minuit Henri Bergson Paris 1859-Paris 1941 Le rire châtie certains défauts à peu près comme la maladie châtie certains excès. Le Rire P.U.F. Malcolm de Chazal Vacoas 1902-Port-Louis 1981 Le rire est le meilleur désinfectant du foie. Sens plastique Gallimard François Rabelais La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553 Mieux est de ris que de larmes écrire Pour ce que rire est le propre de l'homme. Gargantua, Aux lecteurs Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Si le rire répond au rire sur le visage des hommes, les larmes aussi y trouvent de la sympathie. Ut ridentibus arrident, ita flentibus adsunt humani vultus. Art poétique, 101-102 Ugo Foscolo île de Zante 1778-Turnham Green, près de Londres, 1827 Nous rions et nous rirons, car le sérieux a toujours été l'ami des imposteurs. Ridiamo et rideremo, perchè la serietà fu sempre amica degli impostori. Accademia dei pitagorici

rire
n. m. Action de rire. éclater, pouffer de rire. Rire énorme, homérique .
Loc. Fou rire: rire incoercible, incontrôlable.
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rire
v.
rI./r v. intr.
d1./d Marquer la gaieté qu'on éprouve par un mouvement de la bouche et des muscles du visage, accompagné d'expirations saccadées plus ou moins sonores. Rire aux éclats. Rire jaune . Rire sous cape .
d2./d Se divertir, se réjouir. Aimer à rire.
Prov. Plus on est de fous, plus on rit.
d3./d Badiner, railler; ne pas parler, ne pas agir sérieusement. Vous voulez rire?
d4./d Rire de: se moquer de. Les gens rient de lui.
rII./r v. Pron. Se rire de. Surmonter aisément (ce qui s'oppose à l'action). Se rire des difficultés.

I.
⇒RIRE1, verbe
I. — Empl. intrans.
A. — [Le suj. désigne une pers.]
1. a) Manifester un état émotionnel, le plus souvent un sentiment de gaieté, par un élargissement de l'ouverture de la bouche accompagné d'expirations saccadées plus ou moins bruyantes et un léger plissement des yeux. Synon. fam., pop. se bidonner, s'esclaffer, se fendre la pêche, la pipe, se gondoler, se marrer, pouffer, rigoler1, se tordre. [L'oncle Adolphe] rit de tout son cœur. Ça ne lui arrive pas souvent. Alors, je questionne, inquiète: — Je suis grotesque?... — Non (...) Tu es drôle! (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 160).
SYNT. Rire doucement, très fort, tout bas, tout haut; rire sans sujet, hors de propos, pour un rien; rire de surprise, d'un jeu de mots; commencer, se mettre, se prendre à rire; partir d'un éclat de rire; ne pouvoir s'empêcher de rire; s'arrêter, finir, faire semblant, avoir envie, donner envie de rire; se mordre, se pincer les lèvres pour ne pas rire; crever, crouler, éclater, étouffer, s'étouffer, s'étrangler, mourir, pisser, pouffer, se tordre de rire.
♦ [Dans une tournure factitive] Faire rire le public, les spectateurs; aimer à faire rire; bouffonnerie, boutade, facétie, plaisanterie qui fait rire. On raconte des historiettes qui font rire ou pleurer (FAURE, Hist. art, 1909, p. 114):
L'auteur comique ne doit pas se poser les questions rituelles: « Comment faire rire? — Par le comique. — Comment le comique fait-il rire? — Parce qu'il y a dégradation. — Mais pourquoi la dégradation fait-elle rire? — Parce qu'elle est désharmonique.
Arts et litt., 1935, p. 80-12.
Locutions
♦ [Suivi d'un compl. marquant l'intensité] Rire aux éclats (v. éclat); rire à gorge déployée; rire comme une baleine, comme un bossu; rire à se décrocher la mâchoire; rire de toutes ses dents (v. dent C 5); rire aux larmes, jusqu'aux larmes (v. larme I A 8); rire à ventre déboutonné; rire comme un fou, comme des fous (v. fou1 II B 2).
♦ [Suivi d'un compl. marquant la modalité] Rire de bon cœur. Comme toujours, pendant les entretiens qu'elle avait avec son aîné, Suzanne, oubliant sa colère, se prit à rire de bon cœur, un vrai rire de théâtre, musical et cristallin (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 203). Rire à contre-cœur; rire jaune (v. ce mot II B); rire sous cape (v. cape1); rire dans sa barbe (v. barbe1 B 1).
Rire du bout des dents, rire du bout des lèvres. Rire sans en avoir envie, avec réticence. Elle ne riait plus de bon cœur, ou bien elle riait du bout des lèvres, mais elle ne riait pas des yeux (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 474).
Rire intérieurement. Contenir son envie de rire. Le moudir (...) avec son bec d'aigle qui se recourbe sur sa bouche, ne cessait pas de rire intérieurement (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1914, p. 392).
Expressions
C'est Jean qui pleure et Jean qui rit. V. pleurer I A 2 a.
Se chatouiller pour se faire rire. V. chatouiller A.
Se tenir les côtes de rire. Rire démesurément. Rouletabille et moi nous n'en pouvions plus et nous nous tenions les côtes de rire (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 64).
Être à mourir de rire. Être très ridicule. Avec sa toilette extravagante, elle est à mourir de rire (Ac. 1878, 1935). C'est à mourir de rire, c'est à crever de rire (pop.). C'est très drôle ou c'est entrêmement ridicule, grotesque. Tu pleures? Alors ça, c'est à mourir de rire! J'ai couché avec, je ne sais pas, quelques centaines de types (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 421). Tu me dirais deux mille francs! Mais trente mille francs, c'est à mourir de rire (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 86).
Et de rire (en terminant un récit). Et de se mettre à rire. Souvent je tirais ma pipe de ma bouche pour lui demander s'il savait quand Monsieur Barrès s'engagerait pour la durée de la guerre. Et de rire (ALAIN, Propos, 1936, p. 293).
Proverbes
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. V. pleurer I A 2 c.
Rira bien qui rira le dernier. L'affaire aura des suites, j'aurai ma revanche. Rira bien qui rira le dernier, murmura sir Williams dont l'œil étincela, et chez qui le nom de Baccarat souleva des tempêtes de haine et de courroux (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 313).
b) P. méton. [Le suj. désigne un élément du visage] Avoir une expression de gaieté. Synon. sourire. Ma mère me gronda, mais avec de la gaieté: je le vis à ses yeux qui riaient (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p. 43).
2. Au fig.
a) Vieilli. [L'action de rire est signe de gaieté, de plaisir, de joie] S'amuser, prendre du bon temps, faire la noce. Aimer à rire; ne penser, ne songer qu'à rire. Les filles y étaient très sages [à Lourdes], il y a quarante ans. Je me souviens que, dans ma jeunesse, lorsqu'un garçon voulait rire, il n'y avait pas ici plus de trois ou quatre dévergondées pour le satisfaire (ZOLA, Lourdes, 1894, p. 278).
Expr. Avoir le mot pour rire. V. mot II C 2.
Loc. proverbiale. Plus on est de fous, plus on rit. V. fou1 II B 2.
b) [L'action de rire exprime la dérision, la moquerie; dans une tournure factitive] Faire rire. Exciter la moquerie. De quelque argumentation qu'on le justifie, un monstre fera toujours rire (CASSOU, Arts plast. contemp., 1960, p. 175).
Expr. fam. Vous me faites rire. Vos propos sont ridicules. Quand vous me dites que vous devez à mon oncle cette espèce de sang-froid devant le bien et le mal, vous me faites rire (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 880).
Loc. et expr.
Rire au nez de qqn. V. nez II.
Laissez-moi rire (fam.). Ce que vous dites est ridicule. Elle nous a souvent répété que s'il ne s'était agi que de l'argent de ses enfants (...), elle n'aurait jamais eu ce courage... — c'est possible, parce qu'elle a eu à certaines époques, la maladie du scrupule: son seul point faible... Oncle Alfred protesta, d'un air cafard, « que c'était ce qu'il y avait d'admirable en elle ». Dussol haussait les épaules: — Allons, laissez-moi rire (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 217).
c) [P. réf. au caractère gratuit de l'action de rire, p. oppos. à ce qui est sérieux, important] Ne pas agir ou ne pas parler sérieusement. Synon. badiner, blaguer (fam.), plaisanter. Dire, faire qqc. en riant; avoir l'air de rire; ne pas, ne plus rire. Ernest me disait l'autre jour (...) que je marchais façon d'un gendarme à pied. — Il aura voulu rire, protesta Honoré. Un gendarme à pied! — Tu penses aussi? Oui, il aura voulu rire (AYMÉ, Jument, 1933, p. 294).
Loc. et expr.
Histoire de rire (fam.). En manière de plaisanterie. — Pourquoi que t'as fait ça, Georgina? Pourquoi que t'as fait ça? Elle haussa les épaules: — On blaguait. Histoire de rire... Ça se fait à la fin d'une danse (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 175).
Pour rire, pour de rire (pop. ou lang. enf.). Pour plaisanter, pour faire semblant. Dire, faire qqc. pour rire; c'est pour de rire. Petit roi Loc, je veux bien être ta femme pour rire; mais je ne serai jamais ta femme pour de bon (A. FRANCE, Balth., Abeille, 1889, p. 227). Avec valeur d'adj. Guerre, roi pour rire. Le maréchal d'Ancre, maréchal pour rire, a, sur le secrétaire, des canons et des attributs de guerre en nacre (BALZAC, Lettres Étr., t. 2, 1843, p. 248). Ceci (...) n'est pas un duel pour rire; il faut qu'un des deux reste sur le carreau (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 60).
Vouloir rire (fam.). Vouloir plaisanter; tenir des propos ridicules ou peu crédibles. Je crois qu'il veut rire. — Oui, oui, c'est vrai, je voulais rire; ne fais plus attention à ce que j'ai dit (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 155). Vous voulez rire. Le Monsieur: Le quartier n'est pas sûr (...). Or, la profession que j'exerce m'oblige à rentrer tard chez moi. Le Commissaire: Exercez-en une autre. Le Monsieur: Je veux bien. Trouvez m'en une. Le Commissaire: Vous voulez rire, j'imagine. Est-ce que vous vous croyez dans un bureau de placement? (COURTELINE, Client sér., Commissaire bon enfant, 1900, I, p. 155).
Sans rire (loc. adv.). Sans plaisanter, sérieusement. En cette méphitique officine, il lui fut révélé que l'on songeait sans rire à lui donner une femme (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 161).
B. — P. anal.
1. Domaine des sensations auditives
a) [Le suj. désigne un animal] Pousser des cris aigus et saccadés. L'hyène rit, le chacal miaule, Et, traçant des cercles dans l'air, L'épervier affamé piaule, Noire virgule du ciel clair (GAUTIER, Émaux, 1852, p. 44). Parfois, au dessus de ma tête un vol de canards (...) une mouette qui rit, miaule et grince (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 369).
b) [Le suj. désigne une chose concr.] Émettre, produire un bruit, un son alerte, gai. Il a probablement cherché une cuiller, car j'ai entendu rire de l'argenterie (SUE, Myst. Paris, t. 1, 1842, p. 302). L'orchestre [dans l'Opéra Fidelio de Beethoven] (...) a son rôle nettement défini, chante sans cesse, rit, pleure, s'agite, souffre (BRUNEAU, Mus. hier et demain, 1906, p. 197).
2. Domaine des sensations visuelles, au fig., littér.
a) [Le suj. désigne une chose concr., en partic. un élément de végétation en pleine floraison ou fructification] Présenter un air de gaieté, un aspect agréable, plaisant. Tout rit dans cette maison; le ciel rit. L'azur rit sur la haie (MALLARMÉ, Poés., 1898, p. 34). Des arbres ployaient sous leur charge de fleurs. Les vergers riaient (ESTAUNIÉ, Solitudes, 1917, p. 99).
b) Poét. Que de choses verrons-nous, chère, Dans ces taudis, Quand la flamme illumine, claire, Les carreaux gris!... — Puis, petite et toute nichée Dans les lilas Noirs et frais: la vitre cachée, Qui rit là-bas... Tu viendras, tu viendras, je t'aime! (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 68).
[Dans une tournure factitive] Que signifie le mot dessin dans ces surfaces remuantes que le drame tord, convulse et bossèle par le dedans pour amener l'expression spirituelle à quelques saillies dominantes qui font rugir, soupirer, rire ou chanter la couleur? La couleur elle-même bouge. Elle vibre, elle hésite ou s'affaisse, monte et descend comme la mer (FAURE, Hist. art, 1921, p. 170).
II. — Empl. trans. indir.
A. — Rire de qqn/de qqc.
1. [L'action de rire exprime la dérision, la moquerie] Rire de qqn, de qqc. Se moquer de, railler. Rire des fous, des gens; rire des manières, de la naïveté, de la sottise de qqn; rire de soi-même. Tout le monde vous hait quand vous êtes difforme (...) Elle m'aime, elle! — elle est ma joie et mon appui. Quand on rit de son père, elle pleure avec lui (HUGO, Roi s'amuse, 1832, p. 484). Les mystiques l'agaçaient un peu. Il riait d'eux (comme un religieux peut rire des mystiques), surtout des femmes (GREEN, Journal, 1944, p. 96).
Loc. et expr.
Il vaut mieux en rire qu'en pleurer ou mieux vaut en rire qu'en pleurer. Mieux vaut s'en moquer que s'en attrister. Le cas n'est pas unique Chez nous, de ce baron cynique; Et l'on ne saurait dénombrer Tous les contempteurs de la lyre, Dont beaucoup ne savent pas lire. Mieux vaut en rire qu'en pleurer (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 218).
Pincer sans rire (vieilli). V. pincer I A 4. Pince-sans-rire.
Il n'y a pas de quoi rire. La chose est grave; c'est très sérieux, il n'y a pas de quoi plaisanter. « (...) R. L. est en train de devenir un mouvement anticommuniste. » Henri se mit à rire: « En effet! Je n'aurais jamais trouvé ça tout seul! — Il n'y a pas de quoi rire! » (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 144).
Absol. Se moquer, railler. Donner matière à rire; apprêter, prêter à rire. Chez lui [Le Sage], point de rancune ni d'amertume (...). Par là surtout il se distingue de Voltaire, qui mord et rit d'une façon âcre (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 2, 1850, p. 364).
2. [L'action de rire exprime l'indifférence, le dédain] Rire de qqc. Ne pas se soucier, ne pas tenir compte de. Synon. se moquer. Rire des avertissements, des menaces, des remontrances de qqn. Ses menaces ne m'étonnent point, je n'en fais que rire (Ac.).
B. — Rire à qqn. Synon. sourire à.
1. Vieilli. Témoigner de la sympathie, de l'affection... à quelqu'un en lui montrant un visage souriant. Chaque fois que je levais les yeux, je voyais son regard tendre comme celui d'une mère, qui me riait doucement (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p. 163). Jeanne et Lucie s'étaient penchées, pour rire encore à leur père, resté debout au bord du chemin (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1395).
Expr. Rire aux anges. V. ange II C.
2. Au fig. [Le suj. désigne une chose]
a) Vieilli. Être agréable à; être favorable à. Tout lui rit; la fortune lui rit. Heureux qui le peut [oublier la mort]! C'est à lui que rit le pouvoir, la popularité, la richesse (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 81).
b) Littér. Être agréable à la vue de quelqu'un, plaire à. Au bout de l'allée (...) s'élevait un château de pierre et de brique, aussi morose que celui de Madrid (...). — Je vous confesse (...) que le logis ne rit point aux yeux (A. FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 64).
C. — Se rire de qqn/qqc.
1. Se gausser, se moquer de. Elles se sont ri de nous. Il se rit de vos vains projets (Ac.).
2. Traiter par le mépris, le dédain; ne pas se soucier, ne pas faire cas de. Synon. faire fi de (fam.), ignorer, mépriser. Ô vieux Denis! Je me ris de ton glaive, Je bois, je chante, et je siffle les vers (BÉRANGER, Chans., t. 3, 1829, p. 79). Le Seigneur se rit du méchant et soutient les justes. Il aime la justice (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 974).
D. — Se rire de qqc. Venir facilement à bout de; triompher aisément de. Synon. se jouer de. Se rire des difficultés, des menaces, des obstacles. Chèvres et moutons se rient des murettes et des talus (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p. 167). Les costumes des paysannes ont une fraîcheur et un éclat qui se rient de la poussière des siècles (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 112).
III. — Empl. pronom. Se rire (vieilli ou littér.). S'amuser, se divertir. P. métaph. Le lendemain, un pur soleil se riait sur les vagues (TOULET, Mariage Don Quichotte, 1902, p. 25).
Prononc. et Orth.:[], (il) rit []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1100 rire « marquer un sentiment de gaieté... » (Roland, éd. J. Bédier, 302); b) ca 1350 rire dessoubz son chapperon (Tristan de Nanteuil, éd. K. V. Sinclair, 13090); 1643 rire sous cappe (SAINT-AMANT, Rome ridicule, 840, éd. J. Lagny: la pieté ... rit sous cappe); 1690 rire sous barbe (FUR., s.v. barbe); 1694 rire dans sa barbe (Ac.); c) ca 1440 rire aux anges (L'Amant rendu cordelier, éd. A. de Montaiglon, 456); 1441-47 (P. DE HAUTEVILLE, La Confession et Testament de l'amant trespassé de deuil, éd. R. M. Bidler, 894); 1867 (DELVAU, p. 427: Rire aux anges. Sourire doucement en dormant); d) 1640 (OUDIN Curiositez: il rit jaune comme farine); 1740-55 rire jaune (cf. jaune); 2. ca 1165 « se moquer » (CHRÉTIEN DE TROYES, G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1294: s'i ot moult ris et moult gabé); ca 1165 rire de « se moquer de » (Troie, éd. L. Constans, 14426 var.); 3. 1269-78 « avoir une expression, un aspect joyeux, agréable » (JEAN DE MEUNG, Rose, éd. F. Lecoy, 19985: cil jorz ... de clarté presante rit); 4. 1415-18 « se réjouir, se divertir » (ALAIN CHARTIER, L. des Quatre Dames, 198, éd. J. C. Laidlaw, p. 204: Il n'y aroit plus de quoy rire); 1556 (RONSARD, Nouv. continuation des Amours ds Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 7, p. 254, 8: Et toute chose rire en la saison nouvelle); 5. 1464 « ne pas parler ou ne pas faire quelque chose sérieusement » (Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 749: sans rire); 1536 (R. DE COLLERYE, Œuvres compl., éd. Ch. d'Héricault, p. 69: disons quelque chose pour rire); 1575 (RONSARD, Au roy Henri III, t. 17, p. 87, 57: par maniere de rire). B. Pronom. 1. ca 1100 « se moquer » (Roland, 303: ore s'en rit Rollant); 2. a) 1536 « traiter par le mépris, le dédain » (R. DE COLLERYE, op. cit., p. 236: l'on verra que vous vous en riez); 1555 (RONSARD, Hymnes, t. 8, p. 231, 39: se rient Des vanitez du monde); b) 1550 « se jouer de » (ID., Odes, t. 2, p. 35, 28: que de ses flammes Je me rie à mon tour). Du lat. pop. (lat. class. ) « rire; sourire; avoir un aspect riant, agréable; se moquer de; narguer, se jouer de (une difficulté, un danger) ». Au sens A 1 c, rire aux anges, cf. VICTOR LE CLERC, L'Image du monde et autres enseignements ds Hist. littér. de la France, t. 23, pp. 313-314 et G. ROQUES ds R. Ling. rom. t. 47 1983, p. 192. Bbg. FOLEY (J.). Theoretical morphology of the Fr. verb. Amsterdam, 1979, p. 144, 165, 189. — LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 262-264. — QUEM. DDL t. 10, 13, 16, 17, 19, 28, 31 (s.v. rire jaune).
II.
⇒RIRE2, subst. masc.
A. — [À propos d'une pers.]
1. Action de rire; résultat de cette action.
a) [Corresp. à rire1 I A 1 a] Synon. vx ris1. Le fait est que mêlant la tendresse à la haine, La rage à la stupeur, le rire au désespoir Ma physionomie en face du miroir Passa par tous les tons de la mimique humaine (ROLLINAT, Névroses, 1883, p. 269):
1. On expliquera le rire par la surprise, par le contraste, etc. (...). La vérité n'est pas aussi simple (...). Pourquoi rions-nous d'une chevelure qui a passé du brun au blond? D'où vient le comique d'un nez rubicond? et pourquoi rit-on d'un nègre? (...) la coloration noire ou rouge a beau être inhérente à la peau: nous la tenons pour plaquée artificiellement, parce qu'elle nous surprend.
BERGSON, Le Rire, Paris, P.U.F., 1950, p. 30-31.
SYNT. Rire argentin, bruyant, retentissant, sonore; rire charmant, clair, communicatif, contagieux, convulsif, éclatant, émerveillé, épais, gloussant, gras; rire étouffé, inextinguible, incoercible, irrépressible; rire énorme, goguenard, ironique, méchant, moqueur, narquois, nerveux, niais; rire de gorge; accès, bruit, explosion, parties de rire; déclencher, exciter, provoquer le rire.
Locutions
Le rire est le propre de l'homme. V. propre1 II A 1 ex. 8. Rire homérique. V. ce mot B 2. Rire jaune. M. Alphonse Humbert, enfant terrible, nous raille d'un bon rire jaune (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 370). Éclat de rire. V. éclat II A.
Fou rire. Rire prolongé qu'on ne peut contrôler. Fou rire général; accès de fou rire. Certains malades ou certains esprits très affligés, au comble de l'angoisse morale, passent, dans le même instant, du sanglot au fou rire, et réciproprement (GRIVEAU, Élém. beau, 1892, p. 109). V. risible ex. 1.
PATHOL. [Dans certaines maladies physiques (tétanos, etc.) ou psychiques (hystérie, schizophrénie)] Mouvement mécanique et paradoxal des muscles de la face. Rire sardonique, spasmodique. Le rire pathologique est mécanique et paradoxal. Il apparaît dans certaines affections caractérisées par une coupure avec le réel, comme la schizophrénie par exemple (Psychol. 1969).
b) P. méton. [À propos d'un élément du visage] Expression de gaieté. Synon. sourire. Il a toujours le rire aux yeux et la chanson aux lèvres (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. V).
2. P. ext. Ensemble des éléments comiques d'un auteur, d'une œuvre; le genre comique. Tenté depuis longtemps par le rire de Rabelais, Mariotte voulut transporter à la scène les géants du maître François, et le rideau de l'Opéra-Comique se leva le 15 février 1935 sur Gargantua (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 192).
B. — P. anal.
1. Domaine des sensations auditives
a) [À propos d'un animal] Cri aigu et saccadé qui rappelle le rire de l'homme. Le rire de la chouette, de la fouine, de la hyène, de la mouette, du singe. Un rire brusque éclata, se prolongea en ricochant sur l'eau: nous vîmes un huard tendre le cou, plonger. Mais déjà d'autres huards (...) faisaient retentir le lac de ce même rire limpide et sanglotant (GENEVOIX, Laframboise, Lac Fou, 1942, p. 95). P. métaph. [À propos d'un inanimé concr., le plus souvent liquide] L'eau tombait en cascade des rocailles, elle gargouillait et riait, et ce rire se répercutait dans mon cœur par petites saccades sèches et dures (BEAUVOIR, Tous hommes mort., 1946, p. 134).
b) [À propos d'un instrument de mus.] Son alerte, gai. Anton. gémissement. [Danse en ré de 1791] tout connu, tout prévu, sans une ombre de nouveauté. Pourtant le rire aigu d'une petite flûte frétille (GHÉON, Prom. Mozart, 1932, p. 393).
2. Domaine des sensations visuelles, au fig., littér. [À propos d'un élément de la nature] Air de gaieté, aspect agréable, plaisant par sa floraison ou fructification, ses vives couleurs. Autour d'eux, les rosiers fleurissaient. C'était une floraison (...) pleine de rires rouges, de rires roses, de rires blancs (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1340):
2. Le feuillage éperdu des sites romantiques!
Et le rire éclatant des paysages blonds
Court sur l'eau des ruisseaux dans le maïs des plaines
Et fait tourbillonner les grappes de houblons
Et les abeilles d'or autour des ruches pleines...
NOAILLES, Cœur innombr., 1901, p. 78.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1209 (HENRI DE VALENCIENNES, Hist. de l'Empereur Henri de Constantinople, éd. J. Longnon, § 502: ou juer ne ou rire ne ou solatiier); 1694 rire fou (Ac.); 1718 fou rire (ibid.); 1762 rire sardonique (ibid.); 1825 rire homérique (v. homérique); 1899 rire jaune (CLEMENCEAU, loc. cit.). Empl. subst. de rire1.
STAT.Rire1 et 2. Fréq. abs. littér. Rire, subst. sing. et verbe: 19 456. Rires: 1 583. Fréq. rel. littér. Rire, subst. sing. et verbe: XIXe s.: a) 17 551, b) 34 008; XXe s.: a) 36 760, b) 27 436. Rires: XIXe s.: a) 752, b) 3 191; XXe s.: a) 3 760, b) 2 118.
DÉR. Riolle, subst. fém., arg. ou pop., vieilli. [Surtout dans l'expr. en riolle] Débauche, partie de plaisir; ivresse légère et gaie. En le tambourinant par un bon charivari s'il [le curé] était pris en riolle, son évêque serait forcé de l'envoyer ailleurs (BALZAC, Paysans, 1844, p. 237). Être en riolle. — Où donc est Jacques? — Jacques, il est en riolle! Personne ne savait où le drôle était allé (BALZAC, Drame bord de mer, 1835, p. 190). [], []. 1res attest. ca 1200 riole « partie de plaisir » (RENAUT DE BEAUJEU, Bel inconnu, éd. G. P. Williams, 4110: en fole riole), 1725 riolle « bonne chère » (GRANDVAL, Vice puni, p. 79: faisons riolle); de rire2, suff. -ole.

1. rire [ʀiʀ] v. intr.
CONJUG. je ris, tu ris, il rit, nous rions, vous riez, ils rient; je riais, nous riions; je ris, nous rîmes; je rirai; je rirais; ris, rions, riez; que je rie, que nous riions; que je risse (inus.); riant; ri.
ÉTYM. 1080; du lat. pop. ridere (e bref), lat. class. ridere (e long).
1 Exprimer par des mouvements particuliers du visage (dépendant de certains muscles, dont le zygomatique), accompagnés d'expirations saccadées plus ou moins bruyantes, une impression de gaieté, provoquée par quelque chose de plaisant, de comique ou qui paraît tel. 2. Rire; dérider (se), désopiler (se), esclaffer (s'), sourire, et (fam.) bidonner (se), gondoler (se), marrer (se), poiler (se), rigoler, tordre (se). → Se boyauter, se dilater la rate, se fendre la gueule, la pipe; et aussi hilarité, cit. 5; innocuité, cit. 2 || L'enfant ne commence à rire qu'à partir du quatrième mois (→ 2. Rire, cit. 5; et aussi pleurer, cit. 5). || C'est bon de rire. || Bonne fille qui rit souvent (→ Gai, cit. 3). || « Ninon, quand vous riez… » (→ Bouche, cit. 2, Musset).Se mettre à rire (→ Avril, cit. 7; manteau, cit. 5). || Partir à rire (→ Nouvelle, cit. 9). || Elle s'est mise à rire, elle est partie à rire comme une folle. → Fou rire ( 2. Rire). || Se prendre à rire (→ Âpre, cit. 19). || Avoir envie de rire. || Ne pouvoir s'empêcher de rire (→ Badin, cit. 6). || Ne pouvoir se rappeler une chose sans rire (→ Espièglerie, cit. 2). || Se mordre les lèvres (cit. 10), pincer les lèvres (cit. 12) pour ne pas rire. || Forcer qqn à rire (→ Dépit, cit. 10). || Rire d'un bon rire. 2. Rire.Rire de toutes ses dents, à belles dents (→ Gaieté, cit. 5), à pleine bouche, à gorge (cit. 23) déployée, à en pleurer.Rire aux larmes (cit. 11).Rire très fort (→ Échanger, cit. 10), franchement, de bon cœur, aux éclats, à se décrocher la mâchoire, à s'en tenir les côtes, à se tordre, à s'en éclater la rate (cit. 3), à se pâmer (cit. 4), à en perdre haleine…Rire comme un gosse (cit. 1), un veau (→ Pleurer, cit. 1), une hyène (cit. 3), un bossu, une baleine, un fou, un perdu… — ☑ Fam. Rire à ventre déboutonné.Rire à en faire pipi (cit. 3), à en pisser dans sa culotte.
1 Mieux est de ris que de larmes écrire,
Pour ce que rire est le propre de l'homme.
Rabelais, Gargantua, Aux lecteurs.
2 Je riais de le voir, avec sa mine étique (…)
Boileau, Satires, III.
3 (…) l'homme est le seul animal qui pleure et qui rie.
Voltaire, Dict. philosophique, art. Rire.
4 J'étoufferais, s'écria-t-elle, si je résistais plus longtemps à l'envie que j'ai de rire. Alors elle se renversa dans un fauteuil; et, se tenant les côtes, elle s'abandonna comme une folle à des ris immodérés.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, VI.
5 Qu'est-ce qu'il y a donc de si absurde dans ce que je vous dis, pour vous faire rire de si bon cœur !
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 563.
6 (…) il riait d'un bon rire, à la fois satisfait et attristé (…)
Zola, le Dr Pascal, I, p. 3.
7 Puis, tous ensemble partirent à rire, d'un rire énorme qu'ils forçaient encore, étouffant, gesticulant, échangeant de lourdes claques sur les épaules comme des caresses de battoirs.
R. Dorgelès, les Croix de bois, I.
8 À un moment il rit tout haut, d'un de ces bons rires d'enfant qui dilatent le cœur (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, I, p. 14.
9 (…) Wilde commença de rire, d'un rire éclatant, non tant joyeux que triomphant; d'un rire interminable, immaîtrisable, insolent; et plus il me voyait déconcerté par ce rire, plus il riait.
Gide, Si le grain ne meurt, II, II, p. 343.
10 Elle rit d'un rire incomparable, qui commençait haut et descendait par bonds égaux jusqu'à une grave région musicale réservée aux sanglots et à la plainte amoureuse.
Colette, la Fin de Chéri, p. 98.
11 La faculté de rire aux éclats est preuve d'une âme excellente.
Cocteau, la Difficulté d'être, p. 181.
Loc. (1790). Vx. Rire à l'envers : pleurer.
Rire de, à cause de, pour qqch. (→ ci-dessous Rire de…, 3. et 4.).
Rire, précédé d'un inf. avec de. || S'arrêter, finir de rire. — ☑ Loc. Éclater (cit. 11) de rire. Éclater. Vx. || S'éclater de rire.Crever (cit. 13), étouffer (cit. 44), s'étouffer (cit. 47), s'étrangler (→ Étouffer, cit. 45), mourir, (1671) se pâmer (cit. 3, 5 et 6) de rire. — ☑ (1690). C'est à mourir, à crever de rire, très drôle.Pouffer (cit.), se tordre de rire. || Se tenir les côtes de rire. || Hurler de rire. — ☑ Fam. Pisser de rire.
REM. Dans ce genre d'expressions les dictionnaires donnent généralement à rire la valeur d'un verbe. Cependant Littré considère rire comme un substantif dans l'exemple de Voltaire (cité ci-dessous) : quelques personnes sont mortes de rire. Le Dict. général donne éclater de rire aussi bien à rire, verbe, qu'à rire, substantif.
12 Le rire va quelquefois jusqu'aux convulsions : on dit même que quelques personnes sont mortes de rire; j'ai peine à le croire, et sûrement il en est davantage qui sont mortes de chagrin.
Voltaire, Dict. philosophique, art. Rire.
Infinitif de narration. || (Et) de rire : de se mettre à rire.
13 Et les pensionnaires de rire, non sous cape, mais sous voile; charmants petits rires étouffés qui faisaient froncer les sourcils aux mères vocales.
Hugo, les Misérables, II, VI, IX.
Rire ou pleurer. Pleurer.Allus. littér. || « Rire avant que d'être heureux (cit. 33) de peur de mourir sans avoir ri » (La Bruyère).
|| « La plus perdue de toutes les journées (cit. 1) est celle où l'on n'a pas ri » (Chamfort).L'Homme qui rit, roman de Victor Hugo.
14 Il était l'Homme qui Rit, cariatide du monde qui pleure. Il était une angoisse pétrifiée en hilarité portant le poids d'un univers de calamité, et muré à jamais dans la jovialité, dans l'ironie, dans l'amusement d'autrui (…)
Hugo, l'Homme qui rit, II, IX, II.
Loc. div. Rire du bout (cit. 6) des dents, des lèvres (→ 1. Physique, cit. 1).Rire jaune (cit. 3).Rire dans sa barbe, en cachette, sous cape (cit. 4). || Rire intérieurement.Rire aux anges.
Faire rire, donner envie de rire, provoquer le rire. Bouffon, comique, drôle, exhilarant, gondolant (fam.), hilarant, marrant (fam.), ridicule, risible (→ Attrister, cit. 10; humour, cit. 7). || Rire pour rien, par plaisir (→ Dévisager, cit. 8). || Rire à tout bout (cit. 45) de champ, à propos de tout (→ Obliquer, cit.). || Rire de surprise (→ Fuite, cit. 5). || Il lui chatouilla le cou et elle rit (→ Finir, cit. 12). || Se chatouiller pour se faire rire.Il n'y a pas là de quoi rire (→ Nature, cit. 21; quoi, cit. 16). — ☑ Loc. Avoir toujours le mot pour rire. Mot (supra cit. 33).|| « Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé (cit. 14) d'en pleurer » (Beaumarchais).|| « Commençons toujours par en rire, quitte (cit. 11) à en pleurer quand il sera temps » (Musset).|| « … Que, lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer » (→ Gaieté, cit. 13, Musset).
2 (1611). Se réjouir, s'amuser (l'action de rire étant ordinairement signe de gaieté, de plaisir, de joie). Divertir (se), égayer (s'); temps (prendre du bon). || Ne songer qu'à rire. || Faire semblant de rire (→ Amuser, cit. 16). || On causait, on riait, on s'amusait (→ Licence, cit. 13; et aussi gai, cit. 5). || « Les jolies femmes n'aiment point à se fâcher (cit. 10)…, elles aiment à rire » (Rousseau). || Rire et faire le fou (→ Rater, cit. 4). || Rire et folâtrer (cit. 4), et chanter (→ Fausseté, cit. 3; goinfre, cit. 1), et faire bonne chère (→ Harangue, cit. 1). || Il ne riait plus jamais, ne prenait goût à rien (→ Consumer, cit. 15; et aussi pincer, cit. 12).
15 Le peuple a besoin de rire; les rois aussi. Il faut aux carrefours le baladin; il faut aux louvres le bouffon. L'un s'appelle Turlupin, l'autre Triboulet.
Hugo, l'Homme qui rit, I, I, chap. prélim., II, I.
16 M… disait, à propos de sottises ministérielles et ridicules : « Sans le gouvernement, on ne rirait plus en France ».
Chamfort, Caractères et anecdotes, Utilité du gouvernement.
Faire rire (qqn). Amuser, divertir (sans idée de moquerie). || « C'est une étrange entreprise (cit. 2) que celle de faire rire les honnêtes gens » (Molière). || Faire rire le public (→ Liaison, cit. 17; queue-rouge, cit.; et aussi forcer, cit. 29; fou, cit. 12; grimace, cit. 3; loustic, cit. 1).Absolt. || Aimer à faire rire (→ 1. Hyménée, cit. 6).(En parlant de choses qui amusent). || Badinerie (cit. 3), bouffonnerie (→ Glacer, cit. 19), boutade, facétie, farce, imbroglio (cit. 4), plaisanterie… qui fait rire.
Loc. prov. Plus on est de fous (cit. 23), plus on rit. — ☑ || Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera (Racine, les Plaideurs, I, 1). — ☑ (1690). Rira bien qui rira le dernier, se dit de qqn qui remporte un succès momentané, mais dont on compte finalement triompher.
3 (1538). Dans quelques constructions. Ne pas parler ou ne pas faire qqch. sérieusement (soit pour faire rire autrui, soit par ironie ou moquerie). Badiner, jouer, moquer (se), plaisanter.(1690). || Vous voulez rire. || Cette plaisanterie me fit croire qu'il voulait rire (→ Paroxysme, cit. 2). || Avoir l'air de rire (→ Frotter, cit. 29). — ☑ (1539). C'est pour rire : ce n'est pas sérieux. || Est-ce pour rire ? (→ Extravaguer, cit. 1). || Ce n'est que pour rire (→ Quolibet, cit. 1). — ☑ Fam. (enfantin; d'abord pop., 1835, H. Monnier, Scènes populaires, I, p. 194). C'est pour de rire.Dire, faire qqch. en riant, sans y attacher d'importance (opposé à sérieusement). → Apothéose, cit. 2; bourrasque, cit. 7; issue, cit. 2; main, cit. 59; menacer, cit. 4; monter, cit. 20; mourant, cit. 9; plaisanterie, cit. 7. || Prendre les choses en riant.Pincer sans rire; pince-sans-rire. Pincer.Histoire pour rire.Histoire (cit. 58) de rire (→ aussi Gausse, cit.; œil, cit. 43).Rire avec qqn (→ Expulser, cit. 4). — ☑ Ne pas rire, ne plus rire : prendre soudain les choses au sérieux (→ Glisser, cit. 10; gonflement, cit. 2).Deux augures ne peuvent se regarder sans rire. Augure (supra cit. 3). — ☑ Sans rire, est-ce que… ? : sérieusement, est-ce que… ?
17 J'écris cela sans rire, et en levant la tête je me regarde, sans rire, dans le miroir (…)
Colette, Naissance du jour, p. 103.
Rire de qqch. : se divertir de qqch., de ce qui amuse… (→ Gaieté, cit. 1). || Rire de gaudrioles (cit. 3), d'une historiette (cit. 1), d'une plaisanterie (→ Boire, cit. 32; grive, cit. 2)…Rire à qqch. || Rire à une fantaisie de qqn (→ Note, cit. 13).
4 (XIIIe). || Rire de : se moquer de (qqn, qqch. qui inspire du mépris, de l'ironie ou du dédain, de l'arrogance, de la malveillance, de la méchanceté…). Dédaigner, mépriser, moquer (se), narguer, nasarder (vx), railler. || Et quiconque rira de lui aura affaire (cit. 69) à moi. || Rire des gens (→ Dédaigneux, cit. 2), des gens d'esprit (→ Fou, cit. 10), des fous (cit. 19), d'un juge (→ Habit, cit. 14), d'un prétendant (→ Maladroit, cit. 6)… || Faire rire de soi. 1. Risée (→ Planter, cit. 17).Rire d'une chose (→ Délicat, cit. 21). || Rire des manières de qqn (→ Goût, cit. 18), de son ignorance (→ Ou, cit. 52), de sa lâcheté (→ Moquerie, cit. 3), de sa naïveté (cit. 3), de sa douleur (→ Bras, cit. 11)… || Rire des sottises des gens (→ Insinuer, cit. 1).Rire de voir qqn demi-vêtu (→ Manteau, cit. 5).Je n'ai fait qu'en rire (→ Fléau, cit. 4).Rire aux dépens (cit. 7 et 8) de qqn. — ☑ (1609). Rire au nez de qqn, se moquer de lui ouvertement (→ Bras, cit. 25; enfant, cit. 18; ouverture, cit. 9). || Rire de soi-même (→ Guerre, cit. 33), de sa propre laideur (→ Haquenée, cit. 2), de sa misère (→ Faire, cit. 126)…
18 Je ne comprends pas aujourd'hui comment j'eus la bêtise de lui répondre et de me fâcher, au lieu de lui rire au nez pour toute réponse.
Rousseau, les Confessions, IX.
19 Je n'ai jamais vu une telle absence d'amour-propre. Il riait le premier de lui-même, de ses bévues à demi intentionnelles, des plaisantes situations où le mettait sa naïveté.
Renan, Souvenirs d'enfance…, V, Œ. compl., t. II, p. 856.
20 (…) si l'on riait dans un coin du salon, il se disait que c'était de lui; et il ne savait pas si c'était de ses manières, ou de son costume, ou de sa figure, de ses pieds, de ses mains.
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, I, p. 115.
21 On rit mal des autres, quand on ne sait pas d'abord rire de soi-même.
Paul Léautaud, Journal littéraire, t. I, p. 195.
21.1 Ce qui manque le plus à la première jeunesse, c'est le courage de rire aux nez qui vous éternuent de la morale en pleine figure, — ou d'y asséner un coup de poing.
Attribué à Germain Nouveau, Album Richepin, Pl., p. 806 (v. 1875).
Absolt. || Tu peux rire tant que tu voudras. Moquer (se). — ☑ Loc. Vous me faites rire : je me moque de ce que vous dites, je ne m'en soucie pas, vous êtes dans l'erreur, je n'en tiens pas compte.Laissez-moi rire, me moquer de ce que vous dites. (→ Hi, cit.).
(Le sujet désigne une chose qui inspire la moquerie, semble ridicule).Donner (→ 1. Point, cit. 21), offrir (→ Médire, cit. 2), apprêter (vx), prêter (cit. 14) à rire. || De quoi faire rire ceux qui ont le nez (cit. 47) fin.
22 Ceux de qui la conduite offre le plus à rire
Sont toujours sur autrui les premiers à médire (…)
Molière, Tartuffe, I, 1.
5 (V. 1155). Vx. || Rire à qqn, l'accueillir avec bienveillance. Sourire. || Rire aux enfants (→ Puisque, cit. 4).
23 On l'accueille, on lui rit, partout il s'insinue (…)
Molière, le Misanthrope, I, 1.
Par ext., fig. Être favorable, heureux. Sourire. || Tout lui riait (→ Partage, cit. 6).
Rire pour… (même sens). || « Fortune… jamais ne riras-tu pour moi ? » (→ Rechigner, cit. 1).
6 (Déb. XVIIe). Littér. Offrir, présenter un aspect souriant, gracieux, plaisant, aimable, joyeux… || Ses yeux riaient. Rieur (→ Mastoc, cit. 2). || Bouche, joues, fossettes (cit. 2 et 3) qui rient.Poét. || Rayons de soleil qui rient sur les murs (→ Couler, cit. 35; et aussi bol, cit. 2; cerise, cit. 3; lever 2, cit. 1; peinturlurage, cit.).
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se rire v. pron.
1 (V. 1180). Vx. S'amuser, se divertir, plaisanter. || « Si un autre, en se riant, avait dit quelque chose de naïf » (Malherbe, in Littré).
2 (1080). Vx. || Se rire de : se moquer (de qqn). || « La perfide (cit. 4) se rit de toi ».
24 Ma foi, marauds, vous ne vous rirez pas de nous (…)
Molière, les Précieuses ridicules, 15.
3 (1080). Vx ou littér. || Se rire de : se moquer de (qqch), traiter par le mépris, le dédain. || « Le perfide triomphe et se rit de ma rage » (Racine, Andromaque, V, 1).
Mod. Avoir l'air de se moquer d'une chose dont on triomphe avec aisance. Jouer (se). || Se rire des pièges (→ Goulée, cit. 1). || Il se rit des difficultés. || « L'albatros… se rit de l'archer » (→ Nuée, cit. 2).
CONTR. Pleurer.
DÉR. Riant, rieur, 2. rire. — V. aussi Ridicule, rigolade (fam.), ris, risée, risible. — Rigoler, rioter.
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2. rire [ʀiʀ] n. m.
ÉTYM. XIIIe; de 1. rire.
1 Action, fait de rire. 1. Rire; sourire. || Le rire et les pleurs, les larmes (cit. 10; → aussi balancer, cit. 28; contraste, cit. 8). || La joie (cit. 8) et le rire. Gaieté. || Aimer le rire et la gaudriole (→ 1. Fou, cit. 50). || « Que deviendrais-je sans le rire ? » (→ Aérer, cit. 2).Bruit, explosion de rires. Hilarité. || Rires qui éclatent (cit. 11 et 13).Éclat, éclats de rire : rire bruyant. Éclat (cit. 9 et 11). || Un éclat de rire général. || Rire bruyant (→ Me, cit. 25), éclatant (→ Décontenancer, cit. 1), retentissant (→ Obscénité, cit. 3), sonore. || Un gros (cit. 25) rire. || Un rire énorme (cit. 3), homérique (cit. 5 et 6). || Rire clair, qui sonne clair (→ Bras, cit. 48; cristal, cit. 13). || Rire argentin (cit. 4), limpide. || Rire gras (→ Paillard, cit. 4). || Rire léger (→ Pincer, cit. 13). || Rire de gorge. || Rire silencieux (→ Lune, cit. 10), étouffé (cit. 59 et 60). || Rire de poule qui glousse (cit. 2). || Rire gloussant (cit. 2).Fig. || Un rire des yeux (→ Pétulance, cit. 3). || Un rire de corail (cit. 2, Gautier).Le Rire, ouvrage de Bergson (1900). → Dérober, cit. 19.
1 (…) le rire est ami de l'homme (…)
La Fontaine, les Amours de Psyché et de Cupidon, I.
2 Que le rire soit le signe de la joie comme les pleurs sont le symptôme de la douleur, quiconque a ri n'en doute pas. Ceux qui cherchent des causes métaphysiques au rire ne sont pas gais : ceux qui savent pourquoi cette espèce de joie qui excite le ris retire vers les oreilles le muscle zigomatique (sic), l'un des treize muscles de la bouche, sont bien savants.
Voltaire, Dict. philosophique, art. Rire.
3 (…) mais il possédait un don particulier, celui de rire, non pas du rire attique, mais du gros rire largement épanoui et bêtement irrésistible qui fait se tenir les côtes et soulève les flancs par des hoquets convulsifs. Ce rire, Paul de Kock le provoque par des situations comiques d'un ton douteux, des chutes ridicules (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, Paul de Kock.
4 Un immense éclat de rire l'empêche d'achever, un rire fou, scandaleux, sauvage, inextinguible.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Vision du juge de Colmar ».
5 Le rire est un mouvement expiratoire renforcé; quand il est prolongé, l'excès des expirations sur les inspirations nécessite de profonds soupirs pour rétablir l'équilibre; il y a rétraction en arrière et élévation de la commissure labiale; les yeux deviennent brillants par accroissement de la circulation sanguine, etc. En général, les évolutionnistes tiennent le rire bruyant pour la forme primitive, liée au sentiment brutal de la supériorité. Cependant l'apparition précoce du sourire chez l'enfant, vers deux mois, tandis que le rire n'apparaît guère qu'au quatrième mois, semble en contradiction avec le principe que l'évolution de l'individu reproduit sous une forme abrégée et rapide ce qui s'est passé dans l'évolution de l'espèce.
Th. Ribot, Psychologie des sentiments, p. 355-356.
5.1 Quand elle entrait dans un salon sa toilette et sa figure qui bravaient les suffrages au lieu de les charmer, excitaient les regards de curiosité malveillante, les chuchotements et les rires.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 742.
Rire incoercible (cit. 2), irrépressible (cit. 3), inextinguible (cit. 2). || Rire impulsif. || Rire convulsif, frénétique (→ Faim, cit. 4), hystérique (cit. 4), nerveux (cit. 12), spasmodique. || Le rire des fous (→ Bramement, cit. 2).(En pathologie). || Rire forcé. Rictus. || Rire sardonique. || Rire stéréotypé des schizophrènes. Cachinnation. || Rire de détente, rire de défense des névropathes.
Loc. (1718; rire fou, 1694). Fou rire : rire irrépressible (→ Gorge, cit. 24; gravité, cit. 5). || Accès de fou rire (→ Porte, cit. 12). || Un fou rire nerveux.
(Caractères, aspects psychologiques du rire). || Un bon rire (→ Plein, cit. 19), communicatif, contagieux. || Un rire franc, bon enfant (→ Bonze, cit. 1), de bon vivant (→ Congestionner, cit. 2). || Doux rire, innocent, sans méchanceté (→ Incoercible, cit. 2; ironique, cit. 3; , cit. 5). || Rire forcé (→ Cri, cit. 8), contraint. || Rire immotivé. || Un rire bête, un sot rire (→ Gros, cit. 23; railleur, cit. 3). || Un rire moqueur, ironique (cit. 3), féroce (cit. 5), goguenard (cit. 3), insultant (cit. 3), agressif, narquois (cit. 3), sarcastique (→ Incisif, cit. 3). Raillerie, ricanement, risée. || Un mauvais rire; un rire cynique, infernal (→ Blesser, cit. 16; notre, cit. 12). || Rire amer, sceptique (→ Démangeaison, cit. 4). || Rire conventionnel.Effets, puissance du rire (→ Châtier, cit. 5; humilier, cit. 22).Un rire général. Rigolade (fam.). || Au milieu des rires et des huées (cit. 3).
Par extension, figuré :
6 La situation était atroce : mais elle était ridicule, c'est ce qui nous tira de là. Qui tuera le rire de la France ? Il tuerait plutôt le reste.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, De la méthode et de l'esprit de ce livre.
Éclater, crever, mourir… de rire. 1. Rire (1., rem. supra cit. 12).Se payer une bosse de rire.
Attirer les rires (→ Monte, cit. 1). || Exciter (cit. 4) les rires, le rire (→ Grotesque, cit. 5).Palais du rire, dans une foire…Les rois du rire, en parlant d'acteurs comiques.
7 (…) un parc d'attractions désolé. Personne ne tourne en rond sur les manèges, personne ne rit dans les palais du rire.
S. de Beauvoir, l'Amérique au jour le jour, p. 118.
Fam. Rires en boîte : rires préenregistrés destinés à être diffusés pendant une émission télévisée et simuler la présence et la réaction du public.
2 Par anal. Cri animal qui ressemble à un rire humain. || Le rire de l'hyène, du singe.
CONTR. Larme, pleur, sanglot. — Sérieux.

Encyclopédie Universelle. 2012.