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grive

grive [ griv ] n. f.
• v. 1280; p.-ê. fém. a. fr. griu « grec » (cf. pie-grièche), par allus. aux migrations de l'oiseau, ou p.-ê. d'un dér. du lat. cribrum, cf. grivelé
Oiseau (passériformes) dont le plumage est brun plus ou moins clair, parsemé de taches noirâtres. Grive commune, musicienne, ou grive des vignes ( vendangette) ; grosse grive ( draine, jocasse) ; grive à tête cendrée ( litorne, tourd) ; petite grive ( mauvis) . La grive chante, babille. Chasser la grive. Pâté de grives.
Loc. (par allus. à l'habitude qu'a la grive de se gorger de raisin) Soûl comme une grive : complètement soûl. — PROV. Faute de grives, on mange des merles : faute de ce que l'on désire, il faut se contenter de ce que l'on a.

grive nom féminin (ancien français griu, grec) Passereau (muscicapidé) d'Eurasie, insectivore et granivore, au plumage brunâtre, aux formes élancées (taille 22 à 30 cm), au chant mélodieux. (Espèces françaises : draine, litorne, mauvis, grive musicienne.) ● grive (citations) nom féminin (ancien français griu, grec) Paul Verlaine Metz 1844-Paris 1896 Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne Faisait voler la grive à travers l'air atone […]. Poèmes saturniens, Nevermore Messein

grive
n. f. Oiseau passériforme long d'environ 25 cm, aux ailes brunes, à la poitrine claire, qui appartient au même genre (Turdus) que le merle.
Prov. Faute de grives, on mange des merles: faute d'avoir ce que l'on aime, on se contente de ce que l'on a.

⇒GRIVE, subst. fém.
I. — Oiseau de l'ordre des Passereaux, proche du merle, au plumage blanc et brun, dont la chair est appréciée des gastronomes. Grives aux genièvres, aux raisins; pâté de grives. Pauvre grive nuancée, élégante et fine qu'on compare à un homme soûl (RENARD, Journal, 1893, p. 175). Elle passait la journée à fureter dans le jardin, gourmande, curieuse, et rieuse, picorant les raisins des vignes comme une grive (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 837).
Loc. verbale, fam. [P. réf. au goût prononcé de la grive pour le raisin] Être saoul comme une grive. Être complètement ivre. Il était saoul comme grive en vendange (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 325).
Proverbe. [P. réf. à la chair prisée de la grive] Faute de grives on mange des merles. ,,À défaut de mieux, il faut savoir se contenter de ce que l'on a`` (Ac. 1932). Un vrai chasseur, pour s'entretenir la main, faute de grives, tue des merles (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 267).
II. — Arg. Synon. de guerre, troupe, service militaire. Cf. Jargon, vers 1821, p. 6; ANSIAUME, Arg. bagne Brest, 1821, f. 9 v°, § 198; LACASSAGNE, Arg. « milieu », 1928, p. 109; ds ESN. 1966.
REM. 1. Grive, subst. masc., arg. Gendarme; soldat. (Ds ESN. 1966). 2. Grivet, subst. masc., arg. Fantassin. (Ds ESN. 1966). 3. Grivier, subst. masc., arg., Soldat. (Ds ESN. 1966).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1280-90 ornith. (G. DE BIBBESWORTH, Traité, éd. A. Owen, 32); 1456-67 plus estourdy [var. de la fin de 1486 : saoul] que une grive (Cent Nouvelles Nouvelles, éd. Fr. P. Sweetser, VI, 44); 2. 1628 arg. « guerre » (Le Jargon de l'Argot réformé, 42 ds SAIN. Sources arg. t. 1, p. 234); p. ext. 1821 « troupe, armée » ici en partic. « corps de garde » (ANSIAUME, loc. cit.). 1 fém. de l'a. fr. grieu, griu 1119 (PH. DE THAON, Comput, 1553 ds T.-L.) du lat. greacus, v. grec, la grive étant un oiseau migrateur dont on pensait qu'il hivernait en Grèce. 2 d'orig. obsc.; aucune des hypothèses — emploi métaphorique de 1, l'oiseau étant particulièrement querelleur (FEW t. 4, p. 212 a), ou forme altérée et subst. du fém. de l'a. fr. grief « pénible », grief (Lar. Lang. fr.) — n'étant réellement satisfaisante. Fréq. abs. littér. : 135. Bbg. ARVEILLER (R.). R. Ling. rom. 1977, t. 41, pp. 223-231. - LENOBLE-PINSON (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, p. 4, 5, 10, 225, 229, 275. - MILLEPIERRES (Fr.). Les Oiseaux et leurs noms. Vie Lang. 1962, p. 311. - SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 107, 278. - SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 44, 65, 370.

1. grive [gʀiv] n. f.
ÉTYM. V. 1280; traditionnellement considéré comme le fém. de l'anc. franç. griu « grec », par allus. aux migrations de l'oiseau; selon P. Guiraud, d'un dér. (p.-ê. catalan griva), du lat. cribrum « crible » (→ Grivelé), de nombreux animaux tachetés étant désignés par cette métaphore.
Petit oiseau passereau (Turdidés; n. c. : turdus), dont le plumage est brun plus ou moins clair, parsemé de noirâtre (les turdus à plumage sombre sont appelés merles), et dont la chair est très estimée. Tourd (vx). || Grive commune, musicienne, ou (1767, in D. D. L.) grive des vignes ( Vendangette). || Grosse grive ( Draine). || Grive litorne ( Jocasse, litorne). || Grive mauvis.Plumage de la grive. Grivelé (cit. Buffon). || Cri, chant de la grive ( Babiller). || Chasser la grive (→ Ajuster, cit. 5). || La tenderie aux grives dans les Ardennes.
1 La Grive proprement dite (T. musicus), à dos gris olivâtre avec les couvertures inférieures des ailes jaunes; elle nous arrive en grandes troupes à la fin de septembre et séjourne jusqu'à la fin des vendanges, mangeant beaucoup de raisin et très recherchée alors pour sa chair délicate; on l'attire, à l'aide de graines de sorbier, près de lacets ou de gluaux dans lesquels elle se prend facilement.
P. Poiré, Dict. des sciences, art. Grive.
1.1 (…) nous avons écouté pendant un long moment une grive que nous voyions au bout d'une branche noire. Son chant, ses appels, trois fois, quatre fois la même note presque stridente, puis une petite phrase tantôt question, tantôt réponse.
J. Green, Journal, La terre est si belle, 21 mai 1976.
tableau Noms d'oiseaux.
Loc. rare. Grasse (cit. 13) comme une grive. Caille.
Loc. Soûl comme une grive : complètement soûl (par allus. à l'habitude qu'a la grive de se gorger de raisin, au moment de la vendange).
2 Il y avait l'autre jour une dame qui confondit ce qu'on dit d'une grive; et, au lieu de dire, elle est soûle comme une grive, elle dit que la première présidente était sourde comme une grive; cela fit rire.
Mme de Sévigné, 116, in Littré.
3 Le petit domestique est, parlant par respect, soûl comme une grive (…)
Balzac, le Député d'Arcis, Pl., t. VII, p. 170.
Prov. Faute de grives, on mange des merles : faute de ce que l'on désire, il faut se contenter de ce que l'on a.
Pour justifier une étym. de 2. grive :
4 La grive, oiseau réputé maraudeur, symbolise à merveille la guerre du temps de Callot.
A. Dauzat, les Argots, p. 154.
DÉR. Grivette. V. aussi Grivelé, griveler.
HOM. 2. Grive.
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2. grive [gʀiv] n. f.
ÉTYM. 1628; probablt de l'anc. adj. grief, grieve « pénible, douloureux », au fém. « la pénible », avec infl. possible de 1. grive « oiseau pillard » (→ 1. Grive, cit. 4).
Argot.
1 Vx. Guerre.
2 (1821). Vx. Garde, police.
3 Mod. Infanterie; ensemble de fantassins (Céline, in Cellard et Rey). || Soldat de la grive. Griveton.
Service militaire. || Être à la grive, aux grives.
DÉR. Griveton (et grifton), grivois.
HOM. 1. Grive.

Encyclopédie Universelle. 2012.