familier, ière [ familje, jɛr ] adj. et n.
• XIIe; lat. familiaris
1 ♦ Vx Qui est considéré comme faisant partie de la famille. « Mes plus familiers amis » (La Bruyère).
♢ N. m. Mod. Personne qui est considérée comme un membre de la famille, qui la fréquente assidûment ou est dans des relations intimes avec qqn. ⇒ ami, intime. C'est un de ses familiers. « j'étais un des leurs, un familier de cet étrange monde » (Michelet) . — Personne qui fréquente assidûment un lieu. Les familiers d'un club. ⇒ habitué.
2 ♦ Qui est bien connu; dont on a l'expérience habituelle. Vivre au milieu d'objets familiers. « Le monde familier, rassurant, apaisant est là autour d'elle de nouveau » (Sarraute). Voix familière.
♢ FAMILIER À (qqn). Dont la connaissance, la pratique, l'usage est ordinaire à qqn. Le maniement de cette machine lui est devenu familier. ⇒ aisé, facile, usuel. — Qui est habituel à qqn (comportement). ⇒ coutumier. C'est là une de ses attitudes familières. Le mensonge lui est familier.
3 ♦ (Personnes) Qui montre dans ses rapports avec ses semblables, ses subordonnés, une simplicité qui les met à l'aise. ⇒ accessible, liant, simple (cf. pop. Pas fier). — Péj. Qui est trop libre, trop désinvolte dans ses manières (⇒ familiarité). Cet élève est très familier avec ses professeurs. — Par ext. Manières familières (⇒ simple) , trop familières (⇒ cavalier, désinvolte) .
♢ Qui vit au foyer. Animaux familiers. ⇒ domestique. — Qui se familiarise, devient plus libre. « L'humilité des enchères encouragea la troupe des petits brocanteurs, qui se mêlèrent à nous et devinrent familiers » (France).
4 ♦ (1680 ) Qu'on emploie naturellement en tous milieux dans la conversation courante, et même par écrit, mais qu'on évite dans les relations avec des supérieurs, les relations officielles et les ouvrages qui se veulent sérieux. Emmerdant est un mot familier. Expression, locution familière. Langue familière.
⊗ CONTR. Étranger ; inconnu. Distant, fier, 1. froid, grave, 1. hautain, réservé. Cérémonieux, respectueux. Académique, noble, recherché, soutenu.
● familier nom masculin Personne qui fréquente beaucoup une maison, un établissement, etc. : Les familiers du club. Littéraire. Ami de quelqu'un : Je devins son familier, son confident. ● familier, coincer verbe intransitif se coincer verbe pronominal être coincé verbe passif Être bloqué, immobilisé : Le tiroir coince, ne force pas. Familier. Se bloquer, rencontrer un obstacle : Les négociations coincent sur ce point. ● familier, déprimer verbe intransitif se déprimer verbe pronominal être déprimé verbe passif Tomber dans un état dépressif, être abattu, découragé, sans énergie : Elle déprime depuis son échec. ● familier, familière adjectif (latin familiaris) Se dit d'un animal qui vit dans le voisinage de l'homme : Les pies sont des oiseaux familiers. Qui est simple, amical, sans contrainte : Un entretien familier. Être familier avec ses collègues. Qui est habituel à quelqu'un, qu'il est habitué à avoir, à voir autour de lui : Cette voix m'était familière. Dont on a acquis la pratique, que l'on suit bien : L'anglais lui est familier. Dont le comportement manque de réserve, dont les manières sont indiscrètes sinon impolies : Être familier avec les femmes. Accoutumé à lire, à fréquenter un écrivain. Qui a la pratique de quelque chose, habitué à : Je n'étais pas familier de ce genre de réunion. Se dit d'un mot, d'une construction, d'un style employés couramment, mais pouvant être ressentis comme incongrus dans certaines relations sociales et dans les écrits de style sérieux ou soutenu. (C'est ainsi que balade ou balader sont familiers par rapport à promenade ou se promener.) ● familier, familière (citations) adjectif (latin familiaris) Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Toute vue de choses qui n'est pas étrange est fausse. Si quelque chose est réelle, elle ne peut que perdre de sa réalité en devenant familière. Méditer en philosophe, c'est revenir du familier à l'étrange, et dans l'étrange affronter le réel. Choses tues Gallimard Commentaire La première phrase de cette pensée de Valéry a été écrite sur les murs de la Sorbonne lors des événements de mai 1968 (avec « des choses » au lieu de « de choses »). H. de Montherlant l'a reprise comme épigraphe de son roman les Garçons. ● familier, familière (expressions) adjectif (latin familiaris) Dieu, esprit, démon, génie familiers, êtres surnaturels, divinités que les Anciens croyaient attachés au foyer de chaque famille pour le protéger, ou à une personne pour veiller sur elle et l'inspirer. Dieux familiers, les dieux lares des Romains. ● familier, familière (synonymes) adjectif (latin familiaris) Se dit d'un animal qui vit dans le voisinage de...
Synonymes :
Contraires :
- farouche
- sauvage
Qui est simple, amical, sans contrainte
Synonymes :
- amical
- bonhomme
- cordial
- courant
- intime
- liant
- sans-façon
- simple
- spontané
Contraires :
- arrogant
- cérémonieux
- distant
- fier
- froid
- gourmé
- guindé
- hautain
- solennel
Qui est habituel à quelqu'un, qu'il est habitué à avoir...
Synonymes :
- accoutumé
- connu
- habituel
Contraires :
- inconnu
- insolite
Dont on a acquis la pratique, que l'on suit bien
Synonymes :
- connu
Contraires :
- inconnu
Dont le comportement manque de réserve, dont les manières sont...
Synonymes :
- cavalier
- désinvolte
Contraires :
- déférent
- réservé
Qui a la pratique de quelque chose, habitué à
Synonymes :
- expérimenté
- maître
- rompu
Contraires :
- étranger
- ignorant
Se dit d'un mot, d'une construction, d'un style employés couramment...
Contraires :
- déclamatoire
- pompeux
- soutenu
● familier, garer
verbe intransitif
se garer
verbe pronominal
être garé
verbe passif
Ranger sa voiture.
● familier, garer (homonymes)
verbe intransitif
se garer
verbe pronominal
être garé
verbe passif
● familier, garer (synonymes)
verbe intransitif
se garer
verbe pronominal
être garé
verbe passif
Ranger sa voiture.
Synonymes :
familier, ère
adj. et n.
d1./d Qui fait partie de la famille.
— Animal familier, qui vit en compagnie de l'homme.
|| Subst. Personne qui vit dans l'intimité d'une autre, la fréquente assidûment. C'est un familier du prince.
d2./d Qui se comporte librement, sans façons (avec qqn). être familier avec qqn.
|| Qui se dit, se fait sans façons, sans gêne. Discours, langage familier. Expression familière.
|| Par ext. Péjor. Qui manque de déférence. Manières un peu familières. Syn. irrespectueux, désinvolte.
d3./d Que l'on connaît bien, que l'on utilise couramment. Ce terme lui est familier. Syn. ordinaire, habituel.
d4./d Qui rappelle qqch ou qqn que l'on connaît. Ce visage m'est familier.
⇒FAMILIER, IÈRE, adj.
A.— [Correspond à famille I]
1. [En parlant d'une pers. ou d'éléments qui lui sont attachés]
a) [En parlant d'une pers.]
) Emploi adj. Qui fait comme partie d'une famille, qui participe à l'intimité d'un foyer ou de quelqu'un. Debray, en homme familier dans la maison, entra le premier dans la cour (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 82). Depuis huit jours, le comte Otto, qu'on ne voyait jamais auparavant, commençait d'être familier et même assidu chez son père (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 160). Son camarade Paul Limousin resté, chose rare, l'ami intime et familier du ménage, après avoir été l'inséparable compagnon de sa vie de garçon (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 588).
— MYTHOLOGIE
♦ Dieux familiers. Divinités qui protègent une famille et auxquelles on sacrifie en famille. Cf. constamment ex. 3. Lare familier (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 177).
♦ Démon, génie familier. Esprit surnaturel (analogue à l'ange gardien) qui protège, conseille un individu et auquel celui-ci rend un culte. La théorie des anges gardiens n'est pas nouvelle (...). C'était le génie familier qui en tenait lieu chez les Grecs (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 510). Le sacrifice est doux au Démon familier Sur la table de marbre ou sur un bloc de glaise (HEREDIA, Trophées, 1893, p. 49).
P. anal. Mon fusil, ce bâton et ce génie familier du chasseur (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 408). Mon diable familier [Masseau] m'interrompt (COLETTE, Entrave, 1913, p. 284). Lui-même [Passy] sut résister au dégoût et se garder de la vantardise, qui sont les démons familiers de cette sorte d'activité (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 129).
) Emploi subst. Personne qui, bien que non apparentée avec quelqu'un, vit dans son intimité ou fait partie du cercle de la famille. Un familier de la maison, du Tsar. Clément Marot, devenu le familier des antichambres du Louvre (MURGER, Scènes vie Boh., 1851, p. 4). [Disraëli] devint un familier du palais (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 155) :
• 1. Trottant de côté comme un chien qui revient de vêpres, la menette ne laissait plus passer un soir sans aller aux Escures. Peut-être, en se rendant une familière du logis, s'efforçait-elle d'apprendre les affaires et secrets des Grange.
POURRAT, Gaspard, 1922, p. 170.
— Spécialement
♦ HIST. Individu qui espionnait et dénonçait des suspects pour le compte de l'Inquisition. [Le] grand inquisiteur Torquemada, environné des juges et des familiers de l'Inquisition, devant lesquels un hasard favorable au maintien des bonnes doctrines aurait fait amener tout à coup Luther ou Calvin (STENDHAL, Racine et Shakspeare, 1825, p. 55).
♦ Arg. Familière. ,,Prisonnière de Saint-Lazare qui, en raison de sa bonne conduite, est employée au service des autres prisonnières et jouit, en conséquence, de certaines immunités`` (FRANCE 1907).
b) [En parlant de choses]
) Qui a rapport aux liens étroits avec des familiers (supra A 1 a ). Les débris de la vie privée et familière du Romain (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 112) :
• 2. La quatrième [fête] honore la moins étendue, mais la plus complète des relations civiques, celle où la cohabitation familière nous rapproche le mieux de l'intimité domestique.
COMTE, Catéch. posit., 1852, p. 234.
♦ Qui s'adresse à des familiers; p. ext., qui a un caractère intime. La comédie et l'épître familière ne les [les jeux de mots] repoussent pas toujours (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 227). Traduire les lettres familières de Cicéron (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 466).
Rem. Dans l'ex. de Sainte-Beuve, familier est la trad. du lat. ad familiares.
♦ Emploi subst. masc. avec valeur de neutre. La familiarité (v. ce mot A), l'intimité. [Shakespeare] pénétrait dans le familier des existences populaires ou bourgeoises (L. DAUDET, Voy. Shakespeare, 1896, p. 182).
) De famille. Tu nous trouverais dans un village méditerranéen, mais j'aime mieux t'avoir dans notre séjour familier (MALLARMÉ, Corresp., 1868, p. 277) :
• 3. J'ai passé trois semaines à Mordreux, au sein d'une famille, la plus paisible, la plus unie, la plus bénie du ciel, qui se puisse imaginer. Et cependant, dans ce calme, dans cette douce monotonie de la vie familière, mes jours étaient animés intérieurement...
M. DE GUÉRIN, Journal, 1834, p. 194.
2. [En parlant d'un animal] Qui accepte sans crainte la présence proche d'un autre animal ou, plus fréquemment, de l'homme; qui vit dans la société d'un être humain qui se l'est attaché. Troubler dans le bois la biche familière (SAINTE-BEUVE, Poés., 1829, p. 95). Tel d'entre nous a besoin, sous la forme d'un chien ou d'un animal familier, d'un compagnon muet que l'on ne dissocie plus de sa promenade quotidienne (DU BOS, Journal, 1925, p. 395) :
• 4. La Mamèche aussi fait sa chasse, pour elle, à sa façon. Elle s'attaque au petit gibier : aux moineaux que le froid rend familiers et qui sont tout ébouriffés comme des pelotes de laine.
GIONO, Regain, 1930, p. 52.
B.— P. ext.
1. [L'accent est mis sur l'idée d'habitude]
a) Valeur passive
) [En parlant d'une pers.] Bien connu (de quelqu'un) en raison de rapports fréquents. Je demandai à un voisin déjà familier quelle était cette remarquable figure (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Quinze jours en Holl., p. 233).
) [En parlant d'une chose]
— Dont on a l'habitude, qui est bien connue, car elle s'impose souvent (à quelqu'un). Bruit, paysage familier; figure, forme, musique, odeur familière. L'individu jette sur l'objet familier le coup d'œil rapide et léger de l'indifférence et passe outre (MAINE DE BIRAN, Influence habit., 1803, p. 93). Un décor trop familier rapetisse les plus vives sensations (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. 51). La mort est ici une chose familière qui participe au paysage quotidien (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 127).
♦ Familier à qqn. Une image familière aux habitués de la piste (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 239).
— À quoi on est habitué, car on en a une pratique courante; bien connu à la suite d'un apprentissage. Des mots peu familiers ou même inconnus (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 287).
♦ Familier à qqn. Par une manœuvre familière aux avoués, habitués à rester calmes (BALZAC, Chabert, 1832, p. 95). Cette opération très simple doit être familière au gazier (QUÉRET, Industr. gaz, 1923, p. 154). Il parlait plusieurs langues, et les principaux courants de la littérature européenne lui étaient familiers (MARTIN DU G., Confid. afric., 1931, p. 1108).
— Qui est habituel, presque automatique. Geste, tic familier. Synon. coutumier, habituel. Repris par une hantise familière (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 535).
♦ Familier à qqn. Elle achève de s'asseoir, les genoux ramenés sur son ventre et les bras ceignant ses genoux, dans la posture qui lui est familière lorsqu'elle s'efforce d'apprendre ses leçons (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1300).
b) Valeur active. [En parlant d'une pers.; avec compl. prép. avec, parfois de]
— Qui a l'habitude de (quelque chose), qui connaît bien (une chose), car elle s'impose souvent (à la personne). Il joue, dès l'enfance, entre les genoux de Cybèle, il est déjà familier de ses taillis et de ses sources, de ses nuages et de ses brumes (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 234).
♦ Qui fréquente souvent (un lieu). À feu mon père, à mon grand-père, familiers des deuxièmes balcons (SARTRE Mots, 1964, p. 99).
— Qui a l'habitude de (quelque chose) à cause d'une pratique courante, qui connaît bien à la suite d'un apprentissage.
♦ Familier avec qqc. Chacun sera devenu familier avec le chant (COMTE, Catéch. posit., 1852, p. 197) :
• 5. ... la princesse qui, n'étant pas familière avec les travaux de Darwin et de ses successeurs, comprenait mal la signification des plaisanteries de la duchesse.
PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 517.
♦ Familier de qqc. Ainsi, maintenu hors de la hiérarchie paroissiale régulière, familier des besognes les plus serviles, en toute occasion maître Jacques et bon à toutes fins, le pauvre curé... (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 338).
Emploi subst. Le héros était je pense un familier de la musique (CHARDONNE, Ciel, 1959, p. 44).
2. [L'accent est mis sur l'idée d'aisance, de non-contrainte]
a) [En parlant d'une pers. ou d'un trait de son comportement dans ses relations avec autrui]
) Qui manifeste de la liberté, du naturel. Accueil familier; allure, manières familière(s). C'est vrai, Vial, que je suis plus familière que liante (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 48). Cf. amical ex. 4 :
• 6. Louis est un garçon de vingt-deux ans, qui porte lorgnon, se vêt de drap noir, comme un instituteur. Il plaisante volontiers, n'étale pas son savoir, et sait garder, vis-à-vis du maître, une attitude familière et cependant respectueuse, dont le dosage est plein de tact.
MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 185.
) En mauvaise part. Qui outrepasse, dans sa liberté, les limites de la discrétion, de la politesse. Synon. grossier, vulgaire. Mais il se souvint aussi qu'elle avait dit « Vinca » tout court, d'une manière trop familière et un peu injurieuse (COLETTE, Blé en herbe, 1923, p. 46). Cf. apostrophe1 ex. 4.
b) Simple, dénué d'apprêt, de prétention. « (...) J'aime la vertu familière, sans tunique, ni cothurnes, sans phrases, qui agit à la dérobée (...) » (L. DAUDET, A. Daudet, 1898, p. 140). Il est heureux pour sa mémoire que les Rêveries du Promeneur solitaire nous aient donné de lui [Rousseau] une image si familière et si charmante que l'avenir l'a retenue de préférence à toutes les autres (MAURIAC, Trois gds hommes dev. Dieu, 1947, p. 128).
— Dans le domaine de l'expression, de la création. Qui se caractérise par l'enjouement, le naturel, la simplicité. Anton. élevé, guindé, recherché. [Un] style familier, gai, d'une piquante simplicité (BERLIOZ, À travers chants, 1862, p. 75). Nous ne connaissions pas sous cet aspect le talent du jeune sculpteur. Nous l'avions vu sévère et fort dans son David, héroïque et fier dans son Gloria victis : nous le retrouvons ici familier et gracieux (CASTAGNARY, Salons, t. 2, 1875, p. 196).
♦ Dans l'expression langagière. Dont on use dans l'intimité, dans la conversation courante. Expression, locution familière. Une conversation explicative, où de temps en temps le « tu » familier succédait au « vous » de la discussion officielle (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 169). Car il convenait, n'est-ce pas, de choisir des termes familiers et populaires, ceux mêmes qu'eût employés la pauvre mère Rambaud (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 402).
Prononc. et Orth. :[familje], fém. [-]. Enq. : amilje, -/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1160-74 adj. « qui est regardé comme étant de la famille » fameliers (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 4750); fin XIIIe s. subst. « attaché à une maison » (Trad. OVIDE, Remède d'Amour, 1653 ds T.-L.); 2. ca 1240 adj. « qui est intime avec quelqu'un, ami » (St. François, 1705, ibid.); ca 1370 subst. (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, L. I, ch. 7, p. 113); 3. 1530 adj. « qui vit habituellement avec quelqu'un » (Contreditz de Songecreux, f° 48 r° ds GDF. Compl.); 1580 fig. « qui est bien connu (en parlant de livres) » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, p. 194); 4. 1680 « qu'on emploie naturellement » (RICH. : stile familier. Les épîtres familieres de Ciceron). Empr. au lat. familiaris « qui fait partie de la maison, de la famille », d'où « ami, intime ». Fréq. abs. littér. :3 059. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 526, b) 3 223; XXe s. : a) 4 622, b) 6 347. Bbg. BOULAN 1934, p. 72. — GOHIN 1903, p. 295. — REINH. 1963, p. 293.
familier, ière [familje, jɛʀ] adj. et n.
ÉTYM. XIIe; lat. familiaris, de familia. → Famille.
❖
———
I Adj.
1 a Vx ou littér. (Êtres animés). Qui est de la famille. || Dieux familiers des anciens : les dieux lares, propres à chaque famille. ⇒ Domestique. — Esprit, génie familier : être surnaturel qu'on croyait attaché à une famille, à un individu, pour le protéger, l'inspirer (→ Cathédrale, cit. 2; démon, cit. 8). || Le démon familier de Socrate.
1 Ô l'heureux temps que celui de ces fables,
Des bons démons, des esprits familiers,
Des farfadets, aux mortels secourables !
Voltaire, Contes en vers, « Ce qui plaît aux dames ».
2 (…) chacun traîne, depuis qu'il est au monde, un ange familier, un ange de Satan, qui le soufflette.
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, p. 18.
REM. De nos jours, esprit, démon familier sont plutôt compris au sens 2.
2 a Vieilli. (Personnes). Qui vit avec qqn sans façon, comme vivent entre eux des membres d'une même famille. || Être très familier dans une maison. ⇒ Intime, lié. || Amis familiers. — Vx (avant le nom) :
3 (…) mes plus familiers amis savent que je les leur ai toutes refusées (les clefs des Caractères).
La Bruyère, Disc. à l'Acad., Préface.
♦ → ci-dessous, II., subst.
b (Choses). En parlant de rapports sociaux. Qui manifeste de la liberté, du naturel. || Entretenir avec qqn des relations familières.
4 Nous nous séparâmes très amicalement en apparence, mais sentant au fond de nos cœurs que les jours d'abandon et de camaraderie étaient passés. Je ne peux employer ce mot de camaraderie sans l'expliquer. Je ne pourrais donner un autre nom au commerce intime et familier qu'on avait avec Chateaubriand.
♦ Vieilli. Qui concerne les liens avec des familiers (II.). || Vie familiale et vie familière de qqn. — Qui s'adresse à des familiers. || Lettres familières et lettres officielles.
c (Personnes; par métaphore de la « fréquentation »). Vieilli (construit avec avec). Qui est accoutumé à pratiquer, à lire souvent (certaines œuvres).
5 Ceux qui parcourent ses ouvrages (de Bacon) le trouveront versé dans toute la littérature ancienne et moderne, et familier avec les auteurs grecs, latins, hébreux (…)
Diderot, Opinion des anciens philosophes.
♦ Mod. (construit avec de ou avec). Qui a l'habitude (de qqch.). || Il est familier des champs de course, de ce genre de paysages. || Être familier avec qqch.
3 (Choses). Peut se construire avec un compl. en à.
a Qui est bien connu; dont on a l'expérience habituelle. || Vivre au milieu d'objets familiers. || Visages familiers. || Voix familière. || Familier à qqn. || Tout dans cette ville lui est familier. ⇒ Connu (→ Angle, cit. 4; assaut, cit. 17).
6 À travers les quartiers qui me sont les plus familiers, mes promenades restent pour moi des surprises.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XV, p. 171.
7 On disposa devant le poêle le guéridon, le fauteuil et une chaise. Comme dans un lieu familier qu'on ne regarde que distraitement, Marie, toute à ses pensées, prit le fauteuil (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIII, p. 211.
REM. Cet emploi est possible, mais rare, avec un nom de personne : « un voisin déjà familier » (Verlaine, in T. L. F.).
b Familier à (qqn). Dont la connaissance, la pratique, l'usage est ordinaire (à qqn). || Le maniement de cet outil lui est devenu familier. ⇒ Aisé, facile, usuel. || Cette langue lui est familière. || Ces notions lui sont tout à fait familières. ⇒ Connaître, savoir; → Il est là dans son élément. || Combinaisons avec lesquelles il n'était pas familier (→ Descente, cit. 6). — (Sans compl.). || L'accoutumance (cit. 1) nous rend les choses familières, nous rend tout familier.
c (XVIIe). Qui est habituel à qqn (comportement, qualités, défauts). ⇒ Coutumier; ordinaire. || C'est là un de ses gestes familiers, une de ses attitudes familières (→ Baisser, cit. 15). || Le mensonge lui est familier.
8 (…) cette bravoure si familière aux personnes nobles (…)
La Bruyère, les Caractères, IX, 41.
4 (V. 1265). Personnes. Sans compl. en à. Qui montre dans ses rapports avec ses semblables, ses subordonnés, une simplicité qui les met à l'aise. ⇒ Accessible, liant, simple, sociable. || Henriette de France, princesse douce et familière (→ Autant, cit. 28).
9 C'est vrai, Vial, que je suis plus familière que liante.
Colette, la Naissance du jour, p. 163.
10 Il est distant; il est poli jusqu'à la minutie; et, à cause de l'extrême politesse, il n'est pas familier.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III, p. 109.
♦ Péj. Qui est trop libre, trop désinvolte dans ses manières. || Il se montre quelque peu familier avec les femmes.
11 (Ces gens) qui sont familiers jusqu'à vous tutoyer.
Molière, les Fâcheux, I, 1.
♦ Par ext. || Manières familières, trop familières. || Air, ton familier.
12 La manière de France est bonne pour vos femmes; mais, pour les nôtres, elle est un peu trop familière.
Molière, le Sicilien, 11.
♦ (Animaux). Qui s'apprivoise. || Animaux familiers et animaux sauvages (→ par métaphore Apprivoiser, cit. 19).
13 Et leur troupe à la fin se rendit familière
Jusqu'à sauter sur l'épaule du roi.
La Fontaine, Fables, III, 4.
♦ (Personnes). Qui se familiarisent, deviennent plus libres.
14 L'humilité des enchères encouragea la troupe des petits brocanteurs, qui se mêlèrent à nous et devinrent familiers.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 330.
5 (1680). Qu'on emploie naturellement en tous milieux dans la conversation courante, et même par écrit, mais qu'on évite dans les relations avec des supérieurs, les relations officielles et les ouvrages qui se veulent sérieux. || « Boulette » pour « bévue » est un mot familier. || Langage familier. || Une langue simple et familière (→ Correctement, cit. 2). || Mot, terme familier. || Expression, locution, tournure familière (→ École, cit. 25). || « Se donner un mal de chien », expression familière. || Dans ce dictionnaire, les emplois familiers sont notés fam.
15 Voltaire eut l'art du style familier. Il lui donna toutes les formes, tout l'agrément, toute la beauté même dont il est susceptible (…)
Joseph Joubert, Pensées, XXIV, XXXVI.
♦ N. m. (1764). Ce qui est sans recherche.
16 (…) cette façon de dire et de conter, facile, heureuse, unissant le familier au rare (…)
G. Duhamel, Refuges de la lecture, IV, p. 132.
———
II N. m. et f.
1 Celui, celle qui est dans la familiarité de qqn. || C'est un de ses familiers. — N. m. || Un familier de la maison, qui fréquente habituellement une maison où il est accueilli comme un membre de la famille. ⇒ Ami. || Être timide devant ses familiers (→ Considération, cit. 10).
17 (…) ils étaient pages ou domestiques, selon l'expression du temps, qui signifiait alors familier, ami de la maison.
A. de Vigny, Cinq-Mars, VII, t. I, p. 211.
18 Donc, vous n'étiez pas un familier de la maison ? Les voisins n'avaient pas pu vous remarquer ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, IV, p. 39.
♦ Par extension :
19 Nul de ces grands acteurs de la Révolution ne m'avait laissé froid. N'ai-je pas vécu avec eux, n'ai-je pas suivi chacun d'eux, au fond de sa pensée, dans ses transformations, en compagnon fidèle ? À la longue, j'étais un des leurs, un familier de cet étrange monde. Je m'étais fait la vue à voir parmi ces ombres, et elles me connaissaient, je crois.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Préface de 1868, t. I, p. 15.
2 Personne qui fréquente habituellement un lieu. || Les familiers d'un club, d'un lieu de réunion (→ Couvrir, cit. 48). ⇒ Habitué.
3 Littér. Personne qui a l'habitude (de qqch.). || Les familiers de la musique, de la littérature.
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CONTR. Étranger, farouche, sauvage. — Arrogant, digne, distant, fier, froid, grave, hautain, réservé. — Cérémonieux, correct, discret, respectueux. — Ampoulé, boursouflé, noble, recherché. — Exceptionnel, insolite, rare. — Inconnu.
DÉR. Familièrement.
Encyclopédie Universelle. 2012.