goinfre [ gwɛ̃fr ] n. m. et adj.
• 1578; o. i., p.-ê. rad. de goujat
♦ Personne qui mange avec excès et salement. ⇒ glouton, goulu, arg. morfal, vorace; région. goulafre, 2. gueulard. Cette fille est un goinfre. Quel goinfre ! « il bâfra; comme un goinfre, comme un pourceau » (A. Gide).
⊗ CONTR. Frugal, sobre, tempérant; gourmet.
● goinfre adjectif et nom (mot dialectal, peut-être gascon) Familier. Qui mange avec avidité et d'une façon répugnante.
goinfre
adj. et n. Qui mange voracement et avec excès.
⇒GOINFRE, subst. masc.
A. — Vieilli. Parasite. Ne demande rien; un mendiant est un voleur timide. Accepte rarement; un obligé est un demi-serf. Es-tu si mou de corps et de cœur qu'il te faille vivre du labeur d'autrui? Estime-toi beaucoup, et, à cause de cela, ne sois pas un simple goinfre (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 269).
B. — Fam. Personne qui mange avec excès, avidement et salement. Synon. glouton, goulu, vorace; anton. frugal, gourmet, sobre. Ces goinfres qui se font vomir pour pouvoir encore manger (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 37) :
• ... si l'on ne se paie qu'un gueuleton par-ci, par-là, on serait joliment godiche de ne pas s'en fourrer jusqu'aux oreilles (...). Ils pétaient dans leur peau, les sacrés goinfres! La bouche ouverte, le menton barbouillé de graisse...
ZOLA, Assommoir, 1877, p. 579.
Rem. On relève, notamment chez Balzac, le syntagme part à goinfre. Profit abusif et plus ou moins honnête, acquis dans une opération financière. Ce que la Bourse nomme les parts à goinfre, commissions exigées pour les moindres services, comme d'appuyer une entreprise de leur nom et de la créditer (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 271). L'intérêt de du Tillet fut de cinq cent mille francs. Dans le vocabulaire financier, ce gâteau s'appelle part à goinfre! (ID., Mais. Nucingen, 1838, p. 641).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1611 goinfre, gouinfre « joyeux compagnon, débauché » (COTGR.); 1622 « libertin, gros mangeur » (SONNET DE COURVAL, Contre les Garde Dismes in FLEURET et PERCEAU, Les Satires fr. du XVIIe siècle, I, 152 ds QUEM. DDL t. 15). Orig. inc. (FEW t. 21, p. 461); sur une hyp. rattachant goinfre à Galafre, Golafre, noms de héros de chansons de geste ou de romans de chevalerie, cf. SAIN. Sources t. 1, pp. 27-33. Fréq. abs. littér. : 30. Bbg. QUEM. DDL t. 15 - SAIN Sources t. 1 1972 [1925], p. 20, 33, 296; t. 2 1972 [1925], p. 395; t. 3 1972 [1930], pp. 411-412.
goinfre [gwɛ̃fʀ] n. m.
ÉTYM. 1596, gouinfre « gueux affamé »; orig. incert.; ni la phonétique ni l'évolution des sens ne permettent de rattacher le mot à goul-; le n. pr. Galafre, Golafre (héros de chansons de geste) semble assez gratuit; P. Guiraud rapproche le mot de goulafre, gougnafier… et suggère un v. gouer « se remplir le jabot », d'après s'engouer, gouailler.
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1 Vx. Homme sans ressource, pauvre et débauché; pique-assiette, parasite (encore chez Taine, in T. L. F.).
♦ Adj. (au XVIIe). Qui se fait sans cérémonie, à la bonne franquette.
2 (1613, in D. D. L.). Mod. Individu qui mange avec excès et salement. ⇒ Glouton, goulu, gourmand, vorace; fam. bâfreur. || Il se jette sur les plats comme un goinfre. || C'est un goinfre. || Cette fille est un vrai goinfre (⇒ Goinfresse). || Bande de goinfres, laissez-moi du rôti ! — Adj. || Être goinfre. || Ils sont assez goinfres (→ ci-dessous cit. 3).
1 S'il faut rire ou chanter au milieu d'un festin,
Un docteur est alors au bout de son latin :
Un goinfre en a toute la gloire.
Boileau, Poésies diverses, I.
2 Nous étions là cinq ou six goinfres émérites, et nous avons briffé et lampé au mieux (…)
Th. Gautier, les Grotesques, IX, p. 298.
3 (Les riches Romains) des malheureux assez goinfres pour s'étendre afin de mieux se remplir et qui une fois remplis, se vidaient comme des outres, leurs gros doigts bagués d'or au fond de la gorge, sans seulement prendre la peine de se mettre sur leur séant, devaient avoir à la fin du repas bien besoin de se décrasser (…) Il est vrai qu'ils habitaient des villas somptueuses.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 37.
4 (…) il s'épongeait le front fréquemment, mangeait beaucoup, non tant comme un gourmet que comme un goinfre (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, III, I.
5 Il se pencha sur son assiette et l'on ne peut dire qu'il commença de manger : il bâfra; comme un goinfre, comme un pourceau.
Gide, Ainsi soit-il, p. 50.
6 Devant moi, le frangin de mes espoirs ! Bâfrant. Déglutissant. Les joues enceintes d'aliments. Mâchouillant. Salivant. Baissant la tête au niveau de la fourchette débordante. Aspirant. Avide. Goinfre : je n'ai jamais si parfaitement compris qu'en face de lui, ce que pouvait être un tube digestif.
Louis Calaferte, Partage des vivants, p. 57.
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CONTR. Frugal, sobre, tempérant.
DÉR. Goinfrer, goinfrerie, goinfresse.
Encyclopédie Universelle. 2012.