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chatouiller

chatouiller [ ʃatuje ] v. tr. <conjug. : 1>
• fin XIIIe; p.-ê. de 1. chat, ou néerl. katelen
1Produire sur (qqn), par des attouchements légers et répétés de la peau, des sensations agréables ou pénibles qui provoquent un rire convulsif. Chatouiller qqn dans le cou. Je te défends de me chatouiller ! Pronom. récipr. Enfants qui se chatouillent. Iron. Frapper. Chatouiller les côtes à qqn. Spécialt Faire des caresses érotiques légères à. P. p. adj. Des rires de filles chatouillées.
2 Par ext. Faire subir un léger picotement à (qqn). picoter. « Je sens une espèce de démangeaison ici. Ça me chatouille, ou plutôt, ça me gratouille » (Romains).
3Exciter doucement (les sens) par des impressions agréables. piquer. Chatouiller l'épiderme. Vin qui chatouille le palais. flatter, titiller. Ce parfum chatouille l'odorat. Fig. Exciter doucement par un sentiment, une émotion agréable. émouvoir, 1. toucher. Chatouiller qqn à l'endroit sensible, lui faire plaisir. ⇒ plaire. Chatouiller l'amour-propre de qqn. flatter. « n'êtes-vous point chatouillé de l'envie d'assister à la toilette d'une fille d'Opéra ? » (France).
⊗ CONTR. Calmer. Déplaire.

chatouiller verbe transitif (onomatopée) Produire, par des attouchements légers et répétés, une excitation de la peau ou des muscles, parfois agréable, parfois irritante, qui peut s'accompagner d'un rire convulsif. Produire sur les sens une impression agréable ou, au contraire, un léger picotement : La poussière me chatouille la gorge. Familier. Toucher, exciter quelqu'un, quelque chose en risquant de provoquer des réactions : Chatouiller imprudemment un adversaire.chatouiller (expressions) verbe transitif (onomatopée) Chatouiller l'amour-propre de quelqu'un, le flatter agréablement. ● chatouiller (synonymes) verbe transitif (onomatopée) Produire, par des attouchements légers et répétés, une excitation de...
Synonymes :
- caresser
- titiller
Produire sur les sens une impression agréable ou, au contraire...
Synonymes :
- démanger
- irriter
- picoter
- piquer
Contraires :
- adoucir
- calmer
Familier. Toucher, exciter quelqu'un, quelque chose en risquant de provoquer des réactions
Synonymes :
- asticoter (familier)
Chatouiller l'amour-propre de quelqu'un
Synonymes :
- flatter
Contraires :
- blesser
- choquer
- écorcher
- heurter

chatouiller
v.
rI./r v. tr.
d1./d Causer, par un attouchement léger, un tressaillement spasmodique qui provoque un rire nerveux. Chatouiller un bébé.
d2./d Produire une impression agréable. Ce vin chatouille le palais.
d3./d Fig. Exciter. Chatouiller la curiosité de qqn.
rII./r v. tr. ou intr. (Belgique, France rég.) Syn. de démanger (sens 1). Mon dos me chatouille.

⇒CHATOUILLER, verbe trans.
A.— Exciter l'épiderme de quelqu'un par des attouchements réguliers provoquant facilement un rire convulsif. Chatouiller qqn sur la plante des pieds :
1. ... il [Hassler] disait des mots drôles, et il le [Christophe] chatouillait pour le faire rire; et Christophe ne pouvait s'empêcher de rire au milieu de ses larmes.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, L'Aube, 1904, p. 80.
Loc. fig. Chatouiller les côtes à qqn.
♦ Lui procurer une sensation de satisfaction :
2. ... il [Jeanlin] continuait à rire, plein d'un immense dédain pour Lydie et Bébert. Jamais on n'avait vu des enfants si cruches. L'idée qu'ils gobaient toutes ses bourdes, et qu'ils s'en allaient les mains vides, pendant qu'il mangeait la morue, au chaud, lui chatouillait les côtes d'aise.
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1370.
P. antiphrase. Le frapper.
Loc. pronom. Se chatouiller pour se faire rire. Se forcer à rire alors qu'on n'en n'a pas envie :
3. ... rien n'est plus attristant que de voir des gens mécontents d'eux et de tout, qui se chatouillent les uns les autres pour se faire rire.
ALAIN, Propos, 1907, p. 25.
P. euphém. Chatouiller une femme. La caresser. Elle [Thérèse] était sur une vache avec un grand soldat basané, qui la chatouillait, et la serrait de très près (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 183).
Péj. Provoquer une sensation souvent désagréable de démangeaison, par des attouchements ou des frottements. Madge avait appuyé sa main contre la vis de chêne. Un frottement continu lui chatouillait la peau (SCHWOB, Le Livre de Monelle, 1894, p. 46). Je vais jouer (...) à me chatouiller l'intérieur des narines avec la pointe d'une herbe parfumée (COLETTE, Sept dialogues de bêtes, 1905, p. 130).
B.— P. ext.
1. Toucher quelqu'un ou quelque chose de manière à provoquer une réaction. Il [le marchand] examina les dents, chatouilla les ventres, puis demanda qu'on les [chevaux] fît sortir, pour les voir trotter (CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, 1911, p. 234) :
4. ... quand ça tombait un peu trop pour son goût, il se couchait sur le ventre, au fond de la tranchée, et tu pouvais toujours lui masser les entre-côtes à coup de talon, pendant des heures, lui faire des piqûres fortifiantes avec ta baïonnette dans le gras des fesses, même lui chatouiller le dedans de l'oreille avec le canon de ton revolver, il bougeait pas, le frère!...
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 171.
MAN. Chatouiller un cheval de l'éperon. Le toucher légèrement de l'éperon.
2. Au fig.
a) Produire (sur l'ouïe, la vue, l'odorat, le goût) des sensations agréables. Cette odeur chatouille mes narines; cette nourriture chatouille mes papilles :
5. Le glouton ignore le principe élémentaire de la gastronomie, l'art sublime de broyer : il avale les morceaux entiers; ils passent dans sa bouche sans chatouiller son palais, sans éveiller la plus petite idée...
BALZAC, Œuvres diverses, t. 2, 1850, p. 63.
b) Flatter une personne ou certains de ses penchants par d'aimables paroles ou attitudes. Chatouiller l'amour-propre, l'orgueil, la vanité de qqn :
6. ... tu peux être épousée par amour, et cela ne te suffit pas. Grand merci! Tâche de trouver mieux; je t'en souhaite. Dans ces dernières paroles de M. Levrault, il y avait bien quelque chose qui chatouillait agréablement l'orgueil de sa fille.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 12.
7. [à ...] : Je vous remercie, mon cher Ami, d'avoir songé à moi pour cette ouverture qui ne vous intéresse pas seulement, mais tous ceux qui vous lisent. Vous assaisonnez cela de choses bien aimables et qui me chatouillent fort.
SAINTE-BEUVE, Correspondance gén., t. 5, 1818-69, p. 580.
Absolument :
8. ... voilà qu'un écrivain de nos amis et qui dit être de nos confidents, publiant deux gros volumes sur le Travail intellectuel en France au XIXe siècle, a jugé ce fait capital digne de mention. Jusque-là tout est bien, et de telles mentions chatouillent; ...
SAINTE-BEUVE, Poésies, 1829, p. 315.
Rare, pronom. :
9. CLYTEMNESTRE. Ma petite Électre...
ÉLECTRE. Je ne suis pas ta petite Électre. À frotter ainsi tes deux enfants contre toi, ta maternité se chatouille et s'éveille.
GIRAUDOUX, Électre, 1937, I, 4, p. 78.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. chatouillage. Action de chatouiller. La nourriture produit, chez cette créature d'apparence idéale, une fébrilité singulière, qui se traduit par de petits rires enfantins, de petits cris insensés, de petits propos bêtement exaltés, le chatouillage fou de sa mère (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1871, p. 830).
Prononc. et Orth. :[], (je) chatouille []. Ds Ac. 1694-1932; écrit chatoüiller ds Ac. 1718. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 catellier « provoquer des tressaillements » (G. DE COINCI, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 44, 524 : [var. chatollier ms. B (XIIIe s.)]); 2. 1414 fig. catoillier « exciter » (CH. D'ORLÉANS, La Retenue d'Amours, éd. P. Champion, 222 : Quant dedans fu [le dard], mon cueur vint esveillier, Et tellement le vint à catoillier Que je senti que trop rioit de joye); 3. XVe s. « provoquer des sensations agréables » (BASSELIN, Vau de Vire, 9 ds LITTRÉ); av. 1625 fig. « faire plaisir, flatter » (MALH., V, 25 ds LITTRÉ). Orig. incertaine; l'hyp. la plus probable est celle d'une orig. onomatopéique, plusieurs lang. européennes exprimant cette même notion par la succession des consonnes k-t-l (FEW, s.v. kat-; BL.-W.5) g-t-l (REW3, n° 4684), notamment pour les lang. rom., dans les domaines ital. (REW3) et prov. (catilha, gatilha, MISTRAL) avec voyelle radicale -a- et dans les lang. germ. : a. h. all. , m. h. all. kitzeln, a. nord. kitla (KLUGE20, s.v. kitzeln) avec voyelle radicale i; cf. lat. médiév. catilare « chatouiller » (VIIIe-IXe s. ds Mittellat. W. s.v., 382, 9). En fr. la forme suffixée en -ouiller a prévalu sur les autres types : catillier (XIIIe s., pic. Dit de Cointise, éd. A. Henry, 102 ds R. Lang. rom., t. 68, p. 189) et cateillier (v. supra); dans les formes non dial. en ca- (Ch. d'Orléans), la force expressive de l'onomatopée se serait maintenue (d'apr. FEW. loc. cit.) empêchant le développement régulier k > . Cette évolution k > montre l'ancienneté du mot : aussi l'hyp. d'un empr. au b. all. (EWFS2) ou au néerl. katelen « chatouiller » (DAUZAT 1973) semble-t-elle à écarter. Une dérivation directe de chat (SAINÉAN, La Création métaphorique en fr. et en rom., le chat ds Beihefte zur Z. rom. Philol., t. 1, 1905, p. 33 repris par DAUZAT 1973) offre peu de vraisemblance, ce mot ne pouvant être évoqué que comme étymol. seconde. Fréq. abs. littér. :303. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 224, b) 730; XXe s. : a) 643, b) 319. Bbg. SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 315; t. 3 1972 [1930], p. 175.

chatouiller [ʃatuje] v. tr.
ÉTYM. XIIe; orig. incertaine.
1 Faire à (qqn) des attouchements légers et répétés sur la peau, en produisant (chez lui) des sensations agréables ou pénibles qui provoquent un rire convulsif. || Chatouiller légèrement qqn. Caresser, titiller, toucher. || Chatouiller à la plante des pieds (Académie).
0.1 Car son oncle, par plaisanterie, chatouillait volontiers Jean, supplice qui lui était si atroce qu'il trouvait la mort préférable à une vie où on peut être placé sans défense, même une fois par semaine, à côté d'une personne qui vous chatouille, d'autant qu'il avait sur le chatouillement, parce que sa mère le craignait pour Jean à cause de sa nervosité, des idées obscures qui en faisaient quelque chose peut-être d'obscène et certainement de cruel.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 349.
(Le compl. désigne une partie du corps). || Il lui chatouillait les flancs (→ 1. Chatouille, cit.).
Par métaphore (la cit. 1 est en emploi absolu) :
1 Je suis charmé de votre remerciement; j'en étais même un peu inquiet, je vous l'avoue, car, en chatouillant, on n'est jamais sûr de ne pas trop gratter (…)
Sainte-Beuve, Correspondance, t. I, p. 282 (éd. Calmann-Lévy).
2 La mort de millions d'inconnus nous chatouille à peine et presque moins désagréablement qu'un courant d'air.
Proust, le Temps retrouvé, I, éd. La Gerbe, p. 107.
Par euphém. (érotique). || Chatouiller une femme, la caresser discrètement. Peloter.
Manège. || Chatouiller un cheval de l'éperon, le toucher légèrement avec l'éperon.
Loc. Chatouiller les côtes à qqn, le battre, le frapper (sujet n. de personne); lui donner une sensation de satisfaction (sujet n. de personne ou de chose).
2.1 (…) il (Jeanlin) continuait à rire, plein d'un immense dédain pour Lydie et Bébert. Jamais on n'avait vu des enfants si cruches. L'idée qu'ils gobaient toutes ses bourdes, et qu'ils s'en allaient les mains vides, pendant qu'il mangeait la morue, au chaud, lui chatouillait les côtes d'aise.
Zola, Germinal, 1885, p. 1370, in T. L. F.
2 Faire subir un léger picotement à (qqn, une partie du corps). Agacer, exciter, picoter. || Il sent quelque chose qui lui chatouille la gorge (Hatzfeld). || Ça me chatouille. Gratter. || « Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ? » Gratouiller (cit. 3, Romains).
2.2 (…) un frisson de vent, rien qu'un frisson, caresse la mer, fait à peine frémir, en la chatouillant, sa peau bleue et moirée.
Maupassant, la Vie errante, p. 28.
3 Littér. Exciter doucement (le goût, l'odorat, l'ouïe) par des impressions agréables. Piquer (→ Âne, cit. 3). || Chatouiller le palais. Flatter, titiller. || Parfum qui chatouille l'odorat. || Cette musique lui chatouille les oreilles. Charmer.
3 (…) Ce mets
Lui chatouillait fort le palais.
La Fontaine, Contes, XI, « Pâté d'anguille ».
4 (…) si elle lui chatouillait un peu la vue elle ne lui entrait pas pour cela dans le cœur.
G. Sand, François le Champi, XVII, p. 122.
(Av. 1625). Exciter doucement (qqn) par un sentiment, une émotion agréable. Émouvoir. || Chatouiller qqn à l'endroit sensible, lui faire plaisir. Plaire. || Chatouiller l'amour-propre de qqn. Flatter (→ Aumaille, cit. 1; caresser, cit. 21).
5 La louange chatouille et gagne les esprits (…)
La Fontaine, Fables, I, 14.
6 Ces noms de roi des rois et de chef de la Grèce,
Chatouillaient de mon cœur l'orgueilleuse faiblesse.
Racine, Iphigénie, I, 1.
7 Pourquoi ne conviendrais-je pas que ce jugement chatouille de mon cœur l'orgueilleuse faiblesse ?
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, III, VI.
8 (…) maintenant que vous êtes vêtu comme un marquis, n'êtes-vous point chatouillé de l'envie d'assister à la toilette d'une fille d'Opéra (…)
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, Œ., t. VIII, p. 92.
——————
se chatouiller v. pron.
|| Se chatouiller soi-même. || Enfants qui se chatouillent.
Loc. (Réfl.). Se chatouiller pour se faire rire : se forcer à rire quand on n'en a pas de sujet ou qu'on n'en a pas envie.
(Récipr.) :
9 La source de la joie est au-dedans, j'en conviens; et rien n'est plus attristant que de voir des gens mécontents d'eux et de tout, qui se chatouillent les uns les autres pour se faire rire.
Alain, Propos, 27 déc. 1907, Amitié.
——————
chatouillé, ée p. p. adj.
|| Des enfants chatouillés qui hurlent de rire.(Au sens érotique). || Des rires de filles chatouillées.
N. || Le chatouilleur et le chatouillé.
CONTR. Calmer. — Blesser. — Déplaire.
DÉR. Chatouillant, 1. chatouille, chatouillement, chatouilleur, chatouilleux, chatouillis.

Encyclopédie Universelle. 2012.