contraste [ kɔ̃trast ] n. m.
• 1669; « lutte, contestation » 1580; it. contrasto, lat. contrastare « se tenir (stare) contre »
1 ♦ Opposition de deux choses dont l'une fait ressortir l'autre. ⇒ antithèse, opposition. Contraste entre deux choses, de deux choses. Contraste frappant, saisissant. Accentuer, accuser un contraste. Mettre en valeur par contraste. ⇒ relief, repoussoir. Présenter, offrir un contraste avec qqch. Faire (un) contraste avec qqch. ⇒ contraster.
♢ (Abstrait) Contrastes d'idées, de sentiments. « Il est certains esprits auxquels déplaisent les violents contrastes » (Balzac).
♢ Loc. adv. Par contraste : par l'opposition avec son contraire.
2 ♦ Phys. Contraste entre deux plages lumineuses : différence relative des luminances des deux plages ou objets. Contraste optique simultané ou successif. Contraste de couleurs, entre couleurs de luminosité différente. Contraste de phase. Contraste interférentiel. — Télév. Rapport des brillances entre parties claires et sombres de l'image. Régler le contraste. — Méd. Substance, produit de contraste : substance opaque aux rayons X qui permet de faire apparaître l'image de certains organes à la radiographie.
⊗ CONTR. Accord, analogie, identité.
● contraste nom masculin (italien contrasto, lutte) Opposition de deux choses, dont l'une fait ressortir l'autre : Le contraste entre un tapis bleu et un mur jaune. Le contraste de deux caractères. Ensemble des rapports d'une unité linguistique avec les unités de même niveau qui l'entourent, en particulier différence phonologique entre deux unités successives de la chaîne parlée. ● contraste (expressions) nom masculin (italien contrasto, lutte) Contraste des couleurs, effet subjectif d'une apposition quantitative de couleurs, par exemple des stimulations sensorielles juxtaposées dans l'espace (contraste simultané) ou dans le temps (contraste successif). Contraste d'une image optique, variation relative de l'éclairement d'une image lorsqu'on se déplace à l'intérieur de cette image. En contraste, par contraste avec quelque chose, par opposition à quelque chose : Par contraste avec l'agitation de la ville, tout est calme ici. Substance de contraste, produit opaque aux rayons X (sulfate de baryum, dérivés iodés) qui permet, après absorption ou administration, de faire apparaître l'image de tout ou partie d'un organe normalement invisible. ● contraste (synonymes) nom masculin (italien contrasto, lutte) Opposition de deux choses, dont l'une fait ressortir l'autre
Synonymes :
- antithèse
- désaccord
- disparité
Contraires :
- accord
- analogie
- harmonie
- identité
- parité
contraste
n. m.
d1./d Opposition prononcée entre deux choses ou deux personnes, chacune mettant l'autre en relief. être en contraste. Contraste de deux caractères.
d2./d OPT Contraste de couleurs, qui fait qu'une couleur paraît plus vive lorsqu'on la regarde en même temps que sa couleur complémentaire.
— Contraste d'une image optique: variations de l'éclairement dans cette image.
— AUDIOV Régler le contraste d'un poste de télévision, régler le rapport des brillances entre parties sombres et parties claires de l'image.
|| LING Rapport entre une unité d'un énoncé (morphème, phonème) et celles qui forment son contexte.
⇒CONTRASTE, subst. masc.
A.— Opposition entre deux ou plusieurs choses, mise en évidence et soulignée par leur rapprochement, leur mise en relation. Quelques goûts communs nous avaient liés, moins que la découverte de nos contrastes (VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 42) :
• 1. Faire le contraire (...) des gens que nous ne goûtons point, nous paraît déjà un plaisir, et presque une garantie que nous agissons bien. Notre instinct est de multiplier les contrastes avec nos antipathies, afin de pouvoir nous conserver notre estime. L'imitation étant un hommage, l'opposition est comme une protestation secrète.
AMIEL, Journal intime, 1866, p. 131.
• 2. ... les lois naïves des contrastes que l'on croyait exister entre l'art et la nature, le beau et le vrai, la pensée et la vie, le vieux et le neuf.
VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 12.
SYNT. Contraste frappant, saisissant, remarquable, prononcé, marqué; contraste pittoresque, singulier; contraste révélateur; goût du contraste; remarquer, mesurer un contraste; former, présenter, offrir un contraste; établir, souligner, accentuer, atténuer un contraste; être en contraste avec.
♦ En contraste. Mettre (deux ou plusieurs éléments) en contraste; présenter (qqc.) en contraste avec (qqc.).
♦ Par contraste. Ressortir par contraste; opposer, faire valoir par contraste :
• 3. ... le bruit arrivait directement, vous atteignant sous le menton, sous une de vos oreilles, sur un des côtés de votre figure; après quoi, par contraste, il y a eu. presque du silence, il y eut retombée et vide...
RAMUZ, La Grande peur dans la montagne, 1926, p. 19.
— Partic. dans le domaine artistique et littér. [Comme moyen d'expression p. oppos. de couleurs, de lignes, de formes, de sons, de rythmes, de mots, d'idées...] L'art des contrastes :
• 4. ... la mélancolie physique peut s'allier avec un esprit gai et de ce contraste ressort la gaieté et le comique des situations. Molière avait cette deuxième disposition...
MAINE DE BIRAN, Journal, 1820, p. 289.
SYNT. Procédé, souci du contraste; effets de contraste; jeu, hardiesse des contrastes; contrastes du clair-obscur, de lumière et d'ombre, des droites et des courbes; chercher l'effet par le contraste, manier les contrastes.
1. Spéc. Opposition de parties sombres et de parties claires.
a) Domaine de la radiographie et de la phot. (en noir et blanc ou en couleur). Contraste d'un négatif, contrastes d'un cliché; accentuer le contraste d'une image.
— RADIOGRAPHIE. Substance de contraste. Substance opaque aux rayons X administrée pour rendre visibles certains organes ou tissus qui, naturellement, n'apparaîtraient pas en contraste.
— En appos., PHOT. Papier contraste. Papier permettant d'obtenir de bonnes épreuves même à partir de clichés aux contrastes peu marqués.
b) Domaine de la télév. Différence entre les impressions lumineuses produites sur l'écran par les parties claires et les parties sombres de l'image.
2. P. anal.
a) PSYCHOL. Loi de contraste. Opposition, renforcée par leur rapprochement dans la conscience, de deux phénomènes (domaine des sensations, des perceptions, des images, des sentiments, des idées), chacun étant senti ou perçu avec plus de force, de netteté (cf. GOBLOT 1920). Contraste simultané, successif (cf. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 720).
♦ Association par contraste. Association d'idées où une idée appelle son contraire (l'idée de blanc appelant celle de noir, l'idée de beau celle de laid, etc.). M. Paulhan a fait une remarque analogue à propos du délire du doute quand il a dit que les idées de ces malades sont dues à l'exagération de l'association par contraste (P. JANET, Les Obsessions et la psychasthénie, 1903, p. 66).
♦ Partic. Contraste des couleurs, contraste simultané des couleurs. Phénomène d'optique se produisant lorsque l'œil considère en même temps deux couleurs juxtaposées et consistant en un renforcement de leur opposition, chacune recevant un supplément de coloration correspondant à la couleur complémentaire de l'autre. Contraste successif des couleurs. Phénomène d'optique se produisant lorsque l'œil, ayant considéré quelque temps une couleur, en regarde une deuxième qui lui apparaît alors teintée de la couleur complémentaire de la première. Loi du contraste simultané et successif des couleurs (cf. R. WARCOLLIER, La Télépathie, 1921, p. 268).
b) LING. Rapport existant entre chaque unité d'un énoncé et les unités du même type figurant simultanément dans la chaîne (d'après MOUNIN 1974); cf. aussi Ling. 1972.
B.— Opposition entre personnes. Esprits religieux éminents, qui ont toujours été plus ou moins en contraste et en lutte au sein d'une même foi, d'une même charité (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 226). Le bataillon des élèves de Saint-Cyr était arrivé : en rivalité et en contraste avec l'école polytechnique, il avait embrassé la cause royale (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 623).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1580 « contestation, discussion » (MONTAIGNE, Essais, II, 3, éd. de la Pléiade, p. 387); 2. 1669 peint. (MOLIÈRE, La Gloire du Val-de-Grâce ds Œuvres, éd. E. Despois et P. Mesnard, t. 9, p. 545). Empr. à l'ital. contrasto (au sens 1 dep. 1re moitié du XIVe s., G. Villani; sens 2 dep. av. 1519, L. da Vinci ds BATT.), déverbal de contrastare (contraster). M. fr. contrest « contestation, querelle » (XIIIe s., Assises de Jérusalem, éd. Beugnot, t. II, p. 104) est déverbal de l'a. fr., m. fr. contrester « résister », aussi « contester » (contraster). Fréq. abs. littér. :1 886. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 468, b) 2 707; XXe s. : a) 1 795, b) 2 531. Bbg. BARTHES (R.). Él. de sémiologie. Communications. 1964, t. 4, p. 121. — HOPE 1971, p. 183. — WIND 1928, p. 126, 180, 196.
contraste [kɔ̃tʀast] n. m.
ÉTYM. 1669, Molière; « lutte, contestation », 1580; ital. contrasto, de contrastare, du lat. pop. contrastare « se tenir (stare) contre » (→ Contraster).
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1 Opposition (de deux choses dont l'une fait ressortir l'autre). ⇒ Antithèse; → Opposition, cit. 2. || Le contraste du jour et de la nuit. || Un contraste d'ombre et de lumière (⇒ Clair-obscur). || Le contraste entre une qualité et un défaut. || Un grand contraste de caractères, de goûts, de sentiments. || Les contrastes du laid et du beau, entre le laid et le beau. || Contraste frappant, saisissant, violent. || Contraste flagrant, criant. || Faire ressortir un contraste. || Effet de contraste. || La loi des contrastes. || Repoussoir qui met en valeur un contraste. || Comparaison tirée du rapprochement et du contraste. || L'art des contrastes. || Contraste d'idées. ⇒ Antithèse (cit. 5). || Comique de contraste. || Contrastes d'un tableau. || Adoucir les contrastes. || Le Japon (etc.), terre de contrastes (cliché). || Présenter, offrir un contraste avec qqch. || Former un contraste avec qqch. || Association (cit. 17) des idées par contraste ou par ressemblance. — ☑ Loc. adv. Par contraste : par opposition. || Par contraste, cette nourriture lui parut très familière.
1 Les différents contrastes qu'offre votre caractère de naturel sans simplicité, de réserve et d'imprudence, contrastes qui viennent en vous du combat de l'art et de la nature.
d'Alembert, Portrait de Mlle de Lespinasse.
2 De même que les yeux habitués à ne voir que les couleurs douces sont blessés par le grand jour, de même il est certains esprits auxquels déplaisent les violents contrastes.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 942.
3 La nature procède par contrastes.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, III (→ Contraire, cit. 13).
4 À chaque défaut elle réunissait une qualité qui ressortait peut-être plus fortement par le contraste.
Mérimée, Carmen, II.
5 Tout l'homme (Mirabeau) est dans ces contrastes, mais ces contrastes sont moins des contradictions que les aspects différents d'une même politique.
Barthou, Mirabeau, p. 168.
6 Se retenir à une touffe d'herbe : contraste émouvant entre l'énergie extraordinaire de la prise, et ce brin de graminée si fragile. Contraste entre la fragilité de la vie (puisqu'elle tient à un brin d'herbe), et la puissance presque infinie du vouloir vivre.
Valéry, Rhumbs, p. 86.
7 (…) le contraste, tous les jours plus criant, de cette misère générale avec la débauche dorée qui, plus que jamais, s'étalait.
Louis Madelin, l'Ascension de Bonaparte, XIII, p. 181.
8 Loin de moi au reste la pensée de blâmer ces poignants contrastes où les larmes et les rires se confondent.
Sainte-Beuve, Correspondance, t. I, p. 79.
9 (…) la blancheur neigeuse des chairs, le rouge sanglant des draperies, le lustre éblouissant des soies (dans la peinture flamande), ont toute leur force, et ne sont point reliés, tempérés, enveloppés, comme à Venise, par cette teinte ambrée qui empêche les contrastes de se heurter et les effets d'être rudes.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, III, I, III, p. 276.
10 (…) la musique instrumentale se fait le souple vêtement de l'âme vivante, toujours en mouvement, perpétuellement changeante, avec ses fluctuations et ses contrastes inattendus.
R. Rolland, Voyage musical, p. 89.
♦ ☑ En contraste (avec qqch.). || Être en contraste (de deux, plusieurs choses). || Mettre une chose en contraste avec une autre. || Mettre deux langues en contraste pour les comparer. ⇒ Contrastif. || Des esprits « en contraste et en lutte » (Sainte-Beuve).
2 Sc. et techn. a (Opt.). || Contraste des couleurs, dû au rapprochement d'objets colorés différemment. || Contraste d'une image optique : variation de l'éclairement à l'intérieur de cette image. || Contraste de phase. || Microscope à contraste de phase, à contraste interférentiel. — Spécialt (sur une photo, un cliché). || L'image manque de contraste. — Rapport des brillances entre parties claires et sombres d'un poste de télévision. || Régler le contraste.
b Méd. || Substance, produit de contraste, produit opaque aux rayons X, qui permet de faire apparaître l'image de certains organes ou tissus. — Ellipt. || Employer un contraste.
c (Angl. contrast). Ling. Rapport entre deux unités contiguës (phonologiques, morphologiques, syntaxiques) de la chaîne du discours. || Le contraste est un rapport syntagmatique, alors que l'opposition est paradigmatique. || Unités en contraste.
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CONTR. Accord, analogie, identité, ressemblance, similitude, uniformité.
Encyclopédie Universelle. 2012.