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relever

relever [ r(ə)ləve; rəl(ə)ve ] v. <conjug. : 5>
XI e; de re- et lever
I V. tr. A
1Remettre debout. Relever qqn qui est tombé. Relever un meuble, un véhicule renversé. Relever des ruines, un mur démoli. reconstruire.
2Fig. Remettre en bon état, en bonne position (ce qui est au plus bas). Relever l'économie, les finances d'un pays par une politique d'austérité.
Vieilli Remettre (qqn) au rang d'où il était tombé. La grâce « relève les plus misérables pécheurs » (Péguy) . Rendre la dignité à (qqn). Des êtres « qu'elles veulent consoler, relever, racheter » (Balzac).
3Vx Prendre à terre. ramasser. Relever un mouchoir, des gerbes. Mod. Professeur, surveillant qui relève les cahiers, les copies, qui les ramasse, les collecte. — Loc. Relever le gant, le défi : répondre à un défi.
4Faire remarquer; mettre en relief. noter, souligner. Relever des fautes, des erreurs dans un texte. « Impossible de relever aucune contradiction » (Poincaré ). « On ne put relever aucune charge contre lui » (France). retenir.
(1660) Montrer qu'on a remarqué (un mot, une allusion); répondre vivement à (une parole). Relever une allusion perfide, une offense. Une accusation gratuite qui ne mérite pas d'être relevée.
Noter par écrit ou par un croquis. Relever une citation. copier. « Les contractuelles relèvent votre numéro, les commerçants relèvent vos coordonnées » (A. Schifres). Relever des mesures. prendre. Relever un plan ( dresser, 1. lever) , un dessin. Relever des empreintes : trouver des empreintes et les reporter par impression sur un support spécial pour les identifier. — Relever le(s) compteur(s). Par ext. Relever l'électricité. Mar. Relever un point, déterminer et noter l'angle que fait sa direction avec la ligne nord-sud.
BRemettre plus haut.
1Diriger, orienter vers le haut (une partie du corps, du vêtement). Relever la tête, le front. « Un faible sourire relevait un coin de sa bouche » (Proust). Relever son col par grand froid. remonter. Relever ses jupes, ses manches. retrousser. Relever la vitre d'une portière. remonter.
2Donner plus de hauteur à. Relever de dix mètres le niveau de l'eau. élever.
Fig. Élever le chiffre de (qqch.) au niveau souhaitable. hausser, majorer. Relever le niveau de vie, les salaires, les impôts, les taux d'intérêt. Professeur qui relève toutes les notes d'un point.
3Fig. Donner une valeur plus haute à. rehausser. Relever le niveau de la conversation. « Dix duels par jour ne l'auraient relevé dans l'estime de personne » (M me de Staël).
4(1690) Donner plus de goût à (un mets) en ajoutant un assaisonnement. assaisonner , épicer. Relever une sauce avec des câpres. Fines herbes qui relèvent un plat.
5 ♦ RELEVER (qqch.) DE : donner du relief, de l'attrait à (qqch.) par (qqch.). ⇒ agrémenter. « Des réflexions sérieuses qu'elle relevait de citations agréables » (Sainte-Beuve). Relever un récit de détails scabreux. pimenter. Bx-arts Rehausser. « De tendres plafonds pistache relevés de stuc blanc » (Morand).
Mettre en valeur, faire valoir. rehausser, souligner. Robe rouge qui relève la blancheur de la peau.
C
1Remplacer (qqn) dans un travail continu. relayer; relève. « Immobile à son poste, comme une sentinelle qu'on a oublié de relever » (Gautier).
2 ♦ RELEVER QQN DE, le libérer (d'une obligation). ⇒ délier. Relever qqn d'une promesse. Relever un religieux de ses vœux. « Ils étaient relevés de toute obéissance à l'égard des officiers factieux » (Malraux). Relever une personne de ses fonctions. 2. démettre, destituer, limoger, révoquer.
II V. tr. ind. RELEVER DE.
1(1573) Être dans la dépendance (d'une autorité supérieure). 1. dépendre. Cadre qui relève de tel directeur. Fief qui relève d'un seigneur. Dieu « de qui relèvent tous les empires » (Bossuet).
Par ext. Être du ressort de ( 2. ressortir), dépendre de (en parlant d'un fait). Affaire qui relève de la compétence de... justiciable. « Mon christianisme ne relève que du Christ » (A. Gide).
2Fig. Être du domaine de. Ce qui relève du cœur ou de l'esprit. appartenir (à), concerner. « Tout ce qui est conventionnel et traditionnel relève [...] du poncif » (Baudelaire). Son cas relève de la psychanalyse.
III V. intr.
1(XIIIe) Relever de : se rétablir, commencer à guérir de. Relever de maladie. Relever de couches ( relevailles) .
2Remonter. Sa jupe relève derrière.
IV ♦ SE RELEVER v. pron.
1Se remettre debout; reprendre la position verticale. Enfant qui tombe et se relève. fam. se ramasser. « Je lui tendis la main droite pour l'aider à se relever » (Giraudoux).
Fig. Pays qui se relève (de ses ruines, de ses cendres). ressusciter. Se relever d'un malheur, d'un chagrin. se remettre. « Jamais tu ne te relèveras de cette honte » (Stendhal). « Terrassé sous le coup d'une épigramme dont on ne se relevait pas » (Chênedollé) .
2(Choses ) Se diriger vers le haut.
(Pass.) Être ou pouvoir être dirigé vers le haut. Volet, accoudoir qui se relève. relevable. « les strapontins baissés se relevaient avec bruit » (Léautaud).
3(Récipr.) Se remplacer dans une tâche (cf. ci-dessus, I, C). se relayer. « son fils et ses trois filles se relevaient à mon chevet » (Chateaubriand).
⊗ CONTR. Renverser; abattre, accabler, affaiblir, avilir, 2. dégrader; abaisser, descendre, rabattre; déprécier, diminuer, rabaisser. — Descendre, 1. tomber.

relever verbe transitif (de lever ou latin relevare) Remettre quelqu'un debout sur ses pieds : Relever un blessé. Remettre quelque chose dans sa position ou dans son état normal : Relever les pylônes abattus par l'ouragan. Amener à une meilleure position ce qui est en déclin, en chute, ruiné : Relever l'économie par des mesures énergiques. Porter quelque chose plus haut, accroître sa hauteur, son niveau, sa valeur : Relever d'un mètre le niveau de l'eau dans un bassin. Accroître la valeur de quelque chose, augmenter son niveau : Relever les notes d'un point. Mettre, ramener quelque chose en position haute : Relever la tête. Relever la vitre d'une portière. Donner un goût plus prononcé à un mets en y ajoutant épices ou assaisonnement : Relever la salade d'une pointe d'ail. Littéraire. Mettre quelque chose en valeur par un élément ajouté, lui donner plus d'accent, de caractère : Relever un discours d'une pointe d'humour. Remarquer quelque chose, le mettre en évidence, le signaler à l'attention : Je relève que vous avez commis plusieurs fautes. Consigner quelque chose par écrit sous forme de note, de croquis, de schéma, etc. : Relever le compteur. Relever les cotes d'un objet pour en faire le plan. Prendre l'image, le moulage d'une marque : Relever des empreintes. Reprendre vivement les propos de quelqu'un pour montrer qu'on ne saurait les admettre : Relever une allusion blessante. Remplacer quelqu'un dans une occupation, une fonction : L'équipe de jour relève l'équipe de nuit. Littéraire. Libérer quelqu'un de quelque chose, le délier d'une obligation, d'un engagement : Relever un religieux de ses vœux. Priver quelqu'un de sa charge, de son poste : Relever un officier de son commandement. Architecture Lever des plans, faire un relevé. Bâtiment Déplacer, enlever pour réparation (un parquet, par exemple). Beaux-arts Mettre en valeur, faire ressortir. Exécuter un relevé. Couture Reprendre, dans un tricot, une maille qui a filé. Droit Dispenser un condamné des effets résultant de sa condamnation. Jeux Ramasser ses cartes sur le tapis. Marine Prendre la direction d'un point au moyen du compas. Topographie Effectuer un relèvement. ● relever (expressions) verbe transitif (de lever ou latin relevare) Relever les cahiers, les copies, les ramasser pour les corriger. Relever un défi, le gant, répondre à un défi, se déclarer prêt à le soutenir. ● relever (synonymes) verbe transitif (de lever ou latin relevare) Remettre quelqu'un debout sur ses pieds
Synonymes :
Contraires :
Remettre quelque chose dans sa position ou dans son état normal
Synonymes :
- rebâtir
- réparer
Contraires :
- démanteler
- démolir
Amener à une meilleure position ce qui est en déclin...
Synonymes :
- régénérer
- rétablir
Porter quelque chose plus haut, accroître sa hauteur, son niveau, sa...
Synonymes :
- élever
- surélever
Contraires :
Accroître la valeur de quelque chose, augmenter son niveau
Synonymes :
Contraires :
- dévaloriser
- dévaluer
- réduire
Mettre, ramener quelque chose en position haute
Synonymes :
Contraires :
Donner un goÛt plus prononcé à un mets en y...
Synonymes :
- épicer
Littéraire. Mettre quelque chose en valeur par un élément ajouté, lui donner...
Synonymes :
Remarquer quelque chose, le mettre en évidence, le signaler à l'attention
Synonymes :
- découvrir
Contraires :
- laisser passer
Consigner quelque chose par écrit sous forme de note, de croquis...
Synonymes :
Reprendre vivement les propos de quelqu'un pour montrer qu'on ne...
Synonymes :
Remplacer quelqu'un dans une occupation, une fonction
Synonymes :
Littéraire. Libérer quelqu'un de quelque chose, le délier d'une obligation, d'un engagement
Synonymes :
- dégager
- délier
relever verbe transitif indirect Commencer à se remettre d'une maladie, à se rétablir : Il relevait d'une grippe. Être sous l'autorité, dans la dépendance de : Ce service relève de tel ministère. Être du ressort de : Votre cas relève d'un spécialiste. S'expliquer par, être le fait de : Sa guérison relève du miracle.relever verbe intransitif En parlant d'un cervidé, sortir le soir pour aller viander. ● relever nom masculin (de relever) En chorégraphie, synonyme de relevé. ● relever (difficultés) verbe transitif indirect Conjugaison Comme lever. Emploi On dit relever de maladie, d'une grave maladie ; relever de couches (et non se relever d'une maladie, se relever de couches). En revanche, on dit il a subi une grave maladie, il ne s'en relèvera pas. Remarque Ce tour naguère critiqué est devenu courant, sans doute par analogie avec l'emploi se relever de, sortir de (une situation difficile, pénible) : le pays se relève de ses ruines ; c'est un coup très dur, mais vous vous en relèverez. ● relever (synonymes) verbe transitif indirect Être sous l'autorité, dans la dépendance de
Synonymes :
- dépendre de
Être du ressort de
Synonymes :
- ressortir à
S'expliquer par, être le fait de
Synonymes :
- faire partie de
- toucher à
relever (synonymes) nom masculin (de relever)
Synonymes :
- relevé

relever
v.
rI./r v. tr.
d1./d Remettre debout (qqn); remettre dans sa position naturelle, remettre à la verticale (qqch). Elle était tombée, je l'ai relevée. Relever un siège.
|| Relever un mur en ruine, le reconstruire.
Fig. Relever l'économie d'un pays.
d2./d Ramasser. Relever des copies d'examen.
Fig. Relever le gant: accepter un défi.
d3./d Noter, constater. Relever une erreur.
|| Inscrire, copier. Relever les noms des absents. Relever un plan.
Par ext. Relever un compteur, les chiffres qu'il indique.
|| MAR Déterminer l'azimut de. Relever un amer: V. amer 2.
d4./d Mettre ou remettre en position haute; hausser. Relever une manette. Relever la tête, la redresser; fig. retrouver son courage ou sa fierté.
|| Fig. Relever les salaires, les augmenter.
d5./d Donner plus de relief, plus d'éclat à.
|| CUIS Donner un goût plus prononcé, plus piquant à, en ajoutant un assaisonnement. Relever une sauce avec du piment.
d6./d Relayer. Relever une sentinelle.
|| Spécial. (Québec) Prendre soin d'une femme venant d'accoucher, la relayer dans ses activités jusqu'à ce qu'elle soit capable de les reprendre. Sa mère est venue la relever.
d7./d Libérer (d'une obligation). Relever un religieux de ses voeux.
|| Relever qqn de ses fonctions, le révoquer.
rII./r v. intr.
d1./d Relever de: se rétablir de. Relever de maladie, de couches.
d2./d Dépendre de; être du domaine de. Cette affaire relève de la justice.
rIII/r v. Pron.
d1./d Se remettre debout. Aider qqn à se relever.
Fig. Se relever de ses ruines.
|| Sortir de nouveau du lit.
d2./d (Choses) Se redresser, remonter. Chapeau dont les bords se relèvent.

⇒RELEVER, verbe
I. — Empl. trans.
A. — 1. [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou une chose] Remettre debout, droit quelqu'un/quelque chose qui est tombé. Relever un banc, une chaise, un enfant qui est tombé(e):
1. Oh! Jésus-Christ, qui tendais les bras aux malheureux, pourquoi ne l'as-tu pas relevé de la neige avec tes mains pâles? Pourquoi, Sainte Vierge, ne l'avez-vous pas soutenu d'un geste miraculeux quand il a trébuché pour la dernière fois?
HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 151.
Relever une maille. Retricoter, reprendre une maille qui est tombée, qui s'est défaite. Elle laisse tomber des mailles qu'elle ne relève pas. Son lé va s'apetissant (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 240).
Empl. pronom. dir. [Le suj. désigne une pers.] Se relever brusquement, lentement, péniblement; se relever d'un bond; se relever sur ses genoux; tomber pour ne plus se relever; aider qqn à se relever. Un passant glisse sur une pelure de banane, tombe, se relève en grommelant et se frotte le genou (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 85). [Le suj. désigne une pers. assise] Se relever de table. Il ne s'assied qu'un instant, se relève aussitôt, marche à grands pas (GIDE, Journal, 1905, p. 156). [Le suj. désigne une pers. couchée] Il est obligé, comme Harpagon, de veiller sur son trésor et se relève la nuit pour voir si on ne le lui prend pas (PROUST, Sodome, 1922, p. 921). [Le suj. désigne une chose] Il avait plu dans la matinée (...), mais l'herbe, couchée par l'ondée, se relevait peu à peu en séchant au soleil (GREEN, Autre sommeil, 1931, p. 183).
2. En partic.
a) [Le compl. d'obj. désigne un navire qui s'est échoué, qui a chaviré] Remettre à flot. Relever un bâtiment. La machinerie a une puissance de 30 chevaux et suffit pour relever une épave de 800 tonneaux (BOURDE, Trav. publ., 1929, p. 302).
b) [Le compl. d'obj. désigne une construction démolie ou tombée en ruines] Reconstruire. Relever des fortifications, un mur, des remparts, des ruines. La plupart de ces maisons à cinq étages, hideuses et malsaines (...) sont tombées en ruines et n'ont pas été relevées (A. FRANCE, Pierre bl., 1905, p. 264). V. baguette ex. 6.
c) Vieilli (quand le compl. d'obj. désigne une chose). Prendre à terre, ramasser. Relever les morts sur un champ de bataille; relever une épingle, des gerbes, un mouchoir. J'étais là quand on fauchait, là quand on relevait les fourrages, et je me laissais emmener par les chariots qui revenaient avec leurs immenses charges (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 51). Une (...) trêve, pendant laquelle chaque parti releva ses blessés (ALAIN, Propos, 1921, p. 219). V. fracturé III ex. de Judet.
Relever le gant. V. gant I C 4 a et infra I C 2 a.
P. ext. Ramasser. Relever les copies. Relever les cartes (Ac.). Il est l'heure, mesdemoiselles, je relève les feuilles! (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 203).
d) Prendre, ramasser ce qui est contenu dans quelque chose. Relever les boîtes aux lettres, ses pièges. Richard Fénigan, grand chasseur et pêcheur en Seine-et-Oise (...) venait de relever ses verveux (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 13). Le courrier relevé dans les boîtes aux lettres (...) ou dans les bureaux de poste est acheminé ensuite vers des centres de tri (Admin. P. et T., 1964, p. 18). V. collet ex. 3.
3. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Faire en sorte que quelqu'un se remette debout, droit. Relever qqn qui s'est agenouillé, qui s'est prosterné; relever qqn à coups de fouet. Le son d'une voix de femme relève d'un seul coup tout ce monde profondément incliné (ROSTAND, Cyrano, 1898, IV, 4, p. 169). V. impétrant ex. de Proust.
4. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une pers. (vieilli ou littér.), un ensemble de pers. ou un attribut, une manifestation d'une pers.] Remettre quelqu'un/quelque chose qui a eu une défaillance, qui a perdu de sa valeur dans l'état, dans la situation où il se trouvait auparavant. Synon. ranimer, redresser, restaurer, rétablir. Relever le courage, le moral de qqn; relever les cœurs; relever qqn de son abaissement; relever un pays vaincu; relever l'économie, les finances, la puissance d'un pays. Le père avait ruiné la famille, le fils l'a relevée (Ac.):
2. Une seule pensée relevait (...) Tannenwalder de son ennui des débuts de saison (...): la pensée qu'en crépissant avec ses outils de maçon, il travaillait peut-être à sa maison future.
PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 38.
Empl. pronom. Elle laissa tomber la conversation. Je crus la soutenir en parlant de l'art grec (...). Elle ne me suivit pas dans ces lointains domaines, et la conversation tomba cette fois pour ne plus se relever (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 533).
Relever un titre. Reprendre un titre de noblesse qui n'était plus porté. Un roturier ayant fait fortune (...) pouvait (...) relever un « titre » que la famille n'avait pu reprendre (PAGE, Dern. peuples primit., 1941, p. 116).
Empl. pronom. Se relever de son abaissement, de sa déchéance; échec, erreur, faute, malheur dont on ne se relève pas; ne pas pouvoir s'en relever tout seul; pays qui se relève de sa défaite, de ses ruines. Dix millions, c'est-à-dire la faillite évitée, la possibilité de se relever, de recommencer la vie (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 236). [Les Allemands] ont dit: « Vous ne supposez pas que nous allons sottement laisser la France se relever à notre frontière? (...) » (VERCORS, Sil. mer, 1942, p. 69).
B. — 1. [Le compl. d'obj. désigne une chose, le plus souvent une partie du corps, une partie du vêtement] Mettre plus haut, diriger, incliner vers le haut. Synon. lever, (re)monter. La jument ne relevait pas bien ses pieds et (...) risquait de s'abattre (SAND, Fr. le Champi, 1848, p. 69). Sa bouche, relevée aux coins d'une grimace douloureuse qui ressemblait à un effrayant sourire (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 174). V. cognée ex. 1.
SYNT. Relever son col, sa/ses jupe(s), ses lunettes, ses manches, sa moustache, son pantalon, sa robe, son voile; chapeau aux bords relevés; relever le front, les paupières, les sourcils, les yeux; cheveux relevés sur la tête, relevés en chignon; animal qui relève sa queue; relever l'ancre, le pont-levis, une sonde; rideau qui se relève.
ÉQUIT., MAN. ,,Il se dit absolument (...) des chevaux qui ont le galop élevé, qui lèvent les pieds très haut au galop, au trot ou au pas. (...). Les chevaux anglais ne relèvent point`` (Ac.). Relever un cheval. ,,Le soutenir de la main et de l'éperon pour lui faire porter la tête plus haute et l'asseoir sur les hanches`` (Ac.).
Au fig. Relever le front, la tête. Reprendre courage, retrouver sa dignité. L'espoir a rendu à sa contenance toute sa fierté; il relève son front superbe (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 275). Vous avez cru m'écraser et j'ai relevé la tête (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 303). V. brave ex. 12.
2. En partic.
a) Mettre le niveau de quelque chose plus haut, donner plus de hauteur à quelque chose. Synon. rehausser. Relever le niveau de l'eau. Il faut relever ce plancher pour le mettre au niveau du palier de l'escalier (Ac.). L'eau s'abaisse et se relève En entraînant les cailloux blancs (NOAILLES, Ombre jours, 1902, p. 8).
b) À la forme pronom. ou au part. passé. [Le suj. désigne une étendue] S'incliner, incliné vers le haut. Virage relevé. Un beau jardin relevé en terrasse le long du torrent (SAND, Péché de M. Antoine, t. 1, 1845, p. 52). Au nord, le terrain se relève pour former l'éperon qui commande le coude de la Schwarza et domine son confluent avec la Saale (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 291).
3. P. anal.
a) [Le compl. d'obj. désigne une chose concr. ou perceptible par les sens] Mettre en relief, donner plus d'éclat, plus d'intensité à quelque chose. Relever la flamme d'une lampe; vin qui relève le goût d'un mets, d'un plat; aquarelle, fusain relevé(e) de gouache. Une robe sang de bœuf (...) relevait de tragique façon la lividité surnaturelle de son visage (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 30):
3. ... cette odeur de rouille et de pourriture organique indéfinissable relevée d'une pointe d'alcali qui caractérise certaines eaux thermales...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 221.
ART CULIN. [Le compl. d'obj. désigne un mets, un plat] Donner plus de goût. Relever une sauce; vin qui relève le goût d'un mets, d'un plat. Le veau froid, relevé de cette mayonnaise moutardée que Rose adore (MORAND, Rococo, 1933, p. 39). La viande que Didace voulait fortement relevée d'épices, d'ail et de gros sel (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 45).
b) [Le compl. d'obj. désigne une chose quantifiable] Mettre à un degré, à une valeur plus élevé(e). Synon. augmenter, majorer. Relever les impôts, le niveau de vie, le plafond de la Sécurité Sociale, les prix, les salaires, les tarifs. Le jeu (...) consistait à faire tomber ces actions à 650 livres (...), afin d'en acheter le plus grand nombre possible à ce prix et de les relever ensuite à 4 000 ou 5 000 livres par des motions rassurantes (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 92). Empl. pronom. La température (...) descend jusqu'à -9; puis soudain, elle se relève pour revenir à 0 (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 103).
4. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une pers., un attribut, une manifestation d'une pers.] Donner plus de valeur, plus de relief (à quelqu'un/quelque chose). Quelquefois une finesse remarquable, ce que nous appelons de l'esprit, relevait ses aphorismes [de Jésus] (RENAN, Vie Jésus, 1863, p. 94). Quinton (...) honorait naturellement tout ce qui orne et relève l'homme (ALAIN, Propos, 1932, p. 1100).
Empl. pronom. réfl. dir. Chefs de clans, jaloux de se relever à leurs propres yeux par un vernis superficiel d'hindouisme (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 45).
C. — 1. [Le compl. d'obj. désigne une chose] (Faire) remarquer, mettre en relief. Synon. noter, souligner. Relever des empreintes, des traces; relever une contradiction, un défaut, une erreur; relever des fautes d'orthographe dans un texte; ne pas relever de charges contre qqn. Il se plaît à relever les beautés d'un ouvrage, au lieu d'en faire remarquer les défauts (Ac.). Les griefs relevés contre Picquart sont précisément ceux qu'on doit imputer à ses adversaires (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 77):
4. ... les anachronismes qu'on a relevés dans ses œuvres [de Proust] étaient conscients, et destinés à substituer dans l'esprit de son lecteur, à la notion abstraite du temps astronomique, celle vivante, du temps psychologique, du temps vrai.
BLANCHE, Modèles, 1928, p. 126.
Relever le défaut.
[Avec une complét. dont le verbe est à l'ind.] Boettcher a (...) relevé que, sur huit textes de Goethe qu'il entreprend, entre 1800 et 1804, six sont restés inachevés (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 160). Valéry (...) relève avec humour que si la vie de Lamartine et de Mme Charles pouvaient expliquer Elvire, nous aurions tous écrit le Lac; car à qui n'est-il pas arrivé de revenir solitaire sur les lieux d'une amour perdue? (GUIRAUD ds Langage, 1968, p. 441).
2. P. ext.
a) [Le compl. d'obj. désigne un énoncé] Répondre, réagir vivement à quelque chose. Relever une accusation, une allusion, une impertinence, une offense. M. de Seigneulles, en tout autre temps, eût vertement relevé l'insolence de cet Esculape campagnard, mais il n'avait même plus la force de s'indigner (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 190). Bissibingui ne releva pas la menace. Parole n'est pas geste. Il se contentait de surveiller les moindres mouvements de Batouala (MARAN, Batouala, 1921, p. 142).
Relever la balle. V. balle1 I A 1.
Relever le/un défi. Accepter un défi, y répondre. V. défi A 1 b ex. de Mauriac, B 3 ex. de Ponge et de Green. Relever le gant. V. gant I C 4 a.
Vieilli. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Répondre vivement à quelqu'un. Synon. reprendre. Il avait avancé une proposition choquante, mais on l'a bien relevé (Ac.). Je voulus critiquer la couleur du cheval et la pose de l'esclave, mais Oscar me releva d'importance (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 249). L'on va voir avec quelle vigueur et même quelle roideur il releva Mirabeau, un jour qu'il croyait avoir à se plaindre de lui (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 8, 1853, p. 336).
b) Noter par écrit, copier. Relever une adresse, une inscription; relever un passage, une phrase d'un texte. Une roulette à aiguilles, pour relever les patrons: elle sert à cet usage et plus fréquemment encore à tracer le patron de grandeur naturelle sur l'étoffe (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 742). On m'avait dit qu'il y aurait une dizaine de réfractaires, et vous êtes plus de quatre-vingts (...) Vos noms seront relevés et signalés au gouvernement français (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 293).
Fam. Relever un compteur; relever l'électricité, le gaz. Noter le chiffre indiqué par un compteur (d'électricité, de gaz). V. compteur II B en partic. ex. de Céline.
TOPOGR. Déterminer et noter la configuration, la disposition de quelque chose. Relever une côte, une île. Pour peu qu'une ville eût eu de la célébrité (...) elle était sûre de se voir relevée par le César archéologue [Adrien] (RENAN, Église chrét., 1879, p. 9).
Relever un croquis, un plan. Dresser, prendre un croquis, un plan. Les archéologues sous-marins (...) ont réussi à explorer les anciens ports et à en relever le plan (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 110).
c) Déterminer, repérer. Relever le pouls d'un malade. [Le renard] relève leurs allées et venues [des poules], le sillon qu'elles suivent pour gagner leur nid (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 136).
MAR. Relever un cap, un navire. ,,Déterminer l'angle que fait leur direction avec la ligne nord-sud`` (GRUSS 1978). Papadakis (...) abattait vers la terre, relevait un cap, un phare, la croupe d'une montagne éloignée, redonnait un coup de barre (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 215).
D. — [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un ensemble de pers.]
1. [Le compl. d'obj. désigne le plus souvent un soldat, une troupe] Remplacer quelqu'un dans une fonction, dans un travail. Synon. relayer. Relever un factionnaire, les postes, une sentinelle; relever le quart, l'homme de barre; relever qqn de garde. L'abbé Barthomeuf, venait relever Charlotte de sa corvée et tenir la partie [de trictrac] du marquis (BOURGET, Disciple, 1889, p. 139). Les trois corps anglais avaient été relevés sur l'Aisne par deux divisions françaises (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 458).
Empl. pronom. réciproque. Toutes les huit heures, six soldats de garde se relevaient dans la grande salle (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 300). Mlle Largeyx et la sœur Anaclet se relevaient pour tenir compagnie à la marquise (BOURGET, Disciple, 1889, p. 165).
En partic. Décharger quelqu'un de ses fonctions, le révoquer, le limoger. Relever un général de son commandement. Onésime, relevé de ses fonctions commerciales, s'attacha uniquement aux intérêts publics (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p. 139). De la mobilisation au 6 septembre, j'avais dû relever deux commandants d'armée, neuf commandants de corps d'armée (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 421).
2. Relever qqn de qqc. Libérer, délier quelqu'un d'une charge, d'une obligation, d'un contrat, de quelque chose de pénible. Relever qqn de ses obligations, d'une promesse, d'un serment, d'un vœu. Tout mineur est en droit de se faire relever des actes qu'il a passés en minorité (Ac.). [La princesse de Faenza] est excommuniée (...) et un père prie Laurent de Médicis, qui a un grand crédit près du pape, d'intercéder pour qu'elle soit relevée des censures ecclésiastiques (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 174). La captivité, accident de combat, ne relève personne des devoirs de l'état militaire, et tout prisonnier est encore un soldat (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 274).
Relever qqn du péché de paresse.
II. — Empl. intrans., rare. Remonter, être dirigé vers le haut. Quant aux hommes, en Espagne, voyez-vous, c'est des drôles de particuliers: des manteaux qui marchent et une épée qui relève (DUMAS père, Napoléon, 1831, III, 3, p. 60). Alboni est si serrée que son jupon relève (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 2).
III. — Empl. trans. indir.
A. — Qqn relève de qqc. Se rétablir (de quelque chose). Relever de couches, de maladie, d'une longue maladie. Depuis son accident (...), mademoiselle a toujours été entre la vie et la mort. Elle n'en relèvera certainement pas, quoi qu'en disent MM. les médecins (SAND, Mauprat, 1837, p. 331). Une nuit d'insomnie, dont elle relève avec des yeux battus et des pommettes plus couperosées que de coutume (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1074).
B. — Qqn/qqc. relève de qqn/qqc.
1. [Le suj. désigne une pers., un attribut d'une pers. ou un territoire] Être subordonné à quelqu'un/quelque chose, dépendre de quelqu'un/quelque chose. Synon. être du ressort de, ressortir à. Relever de l'autorité, de la compétence de qqn; fief, vassal qui relève de la couronne, du roi; administration dont relève un fonctionnaire. Un pouvoir absolument autonome qui ne relevait de personne (NIZAN, Chiens garde, 1932, p. 148):
5. En temps de guerre, tout corps organisé, quand il est sous les armes, est soumis aux lois militaires, fait partie de l'armée et relève soit du ministre de la Guerre, soit du ministre de la Marine.
J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, p. 3810.
2. Le plus souvent dans un cont. admin. ou judiciaire. Être de la compétence, du ressort (de quelque chose). Relever de la cour d'assises, d'une juridiction spéciale; relever de la compétence de tel tribunal; relever de l'article n de la constitution; relever du code pénal, du droit commun; relever du régime général de la Sécurité Sociale; relever de l'État. Un juré ne relève que de sa conscience (LABICHE, Pied ds crime, 1866, II, 3, p. 371). Le problème du bruit relève soit de la réglementation des établissements incommodes (...), soit des pouvoirs de police générale des maires (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 383). V. autoroutier ex.
[Dans une tournure nég.] N'être digne, n'être justiciable que (de quelque chose). Cela ne relève que du mépris (Ac. 1935). L'auteur d'une pareille cochonnerie ne relève que de la trique et de la voirie (BLOY, Journal, 1905, p. 271).
3. Être du domaine de quelqu'un/quelque chose, appartenir (à quelqu'un/quelque chose). Fait qui relève de la conscience, de l'instinct, d'une théorie; habitude qui relève de l'enfantillage. De la seconde tendance relève l'empereur Hadrien, qui fait restaurer, copier les plus beaux monuments du monde (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 254). Il y a tout un domaine commun qui relève à la fois du psychologue et du sociologue, celui des représentations collectives et des pratiques collectives (Traité sociol., 1967, p. 72). V. cuisinière ex. de Aragon.
P. méton. Subir l'influence de quelqu'un, être marqué par quelqu'un. D'aucuns, parmi ces jeunes gens, voulaient plus de profondeur, d'intellectualité, dans la poésie, et ceux-là relevaient surtout de Stéphane Mallarmé (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 369). Les Illuminations ont eu une postérité. J'ai nommé tout à l'heure Jarry. Mais Connaissance de l'Est relève directement de Rimbaud, et, aussi, bien des passages de M. Luc Durtain (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 162).
REM. 1. Relevant, -ante, part. prés. en empl. adj. Synon. rare de pertinent. Est relevant ce qui présente un rapport raisonnable à la question dont il s'agit (LAL. 1968, s.v. relevance). Un argument relevant constitue un apport décisif dans la réponse à une question qui est en discussion (THINÈS-LEMP. 1975). 2. Relevance, subst. masc., région. (Belgique, dans la lang. jur.). Pertinence, portée, effet. Sans relevance. Sans portée. La date d'encaissement effectif des revenus mobiliers d'origine belge est sans relevance en l'occurrence (A. GOOSSE, Façons de parler, 1, Gembloux, Duculot, 1971, p. 130).
Prononc. et Orth.:[()ve], (il se) relève [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Prend un è devant syll. muette: relève, relèverai, etc. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « remettre debout » (Roland, éd. J. Bédier, 3726); 2. 1160-74 « prendre à terre, ramasser quelque chose » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 8397); 3. 1174 « rendre la prospérité à quelqu'un » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 34); 4. ca 1175 « remettre dans sa position naturelle, en bon état » (Chronique Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 17630); 1680 relever un vaisseau (RICH.); 5. 1564 relever le cœur « redonner du courage à quelqu'un » (Indice de la Bible, 34c, 20); 6. fin XIVe s. « reprendre quelqu'un, lui répondre vivement » (FROISSART, Chroniques, éd. G. Raynaud, XI, p. 70); 1636 « mettre en relief, souligner » (MONET); 7. 1640 relever un plan (OUDIN Curiositez); 1716 « déterminer la position d'un cap, d'une île... et l'inscrire sur une carte » (FREZIER ds Trév. 1732); 8. 1811 « prendre des notes » (CHATEAUBR., Itinér. Paris Jérus., t. 2, p. 851); 9. 1890 relever sur un compteur à gaz (SER, Phys. industr., p. 292); 1964 relever le gaz (ROB.); 10. 1952 relever des empreintes (Le Figaro, 19-20 janv., p. 2, col. 5). B. 1. 1555 « orienter, diriger vers le haut » (L. LABÉ, Discours, V ds Œuvres compl., éd. E. Guidici, p. 58); 1573 « donner plus de hauteur à quelque chose » (DUPUYS); 1680 relever un cheval (RICH.); 1835 fig. relever la tête (Ac.); 2. 1670 part. passé « d'un mets auquel on a donné plus de goût » (MOLIÈRE, Bourgeois gentilhomme, IV); 3. 1674 « augmenter » (BOUHOURS, Doutes sur la lang. fr., p. 73); 4. 1269-78 « mettre en relief, en valeur » (JEAN DE MEUNG, Rose, éd. F. Lecoy, 8400); 1571 tapisserie relevee d'or et d'argent (Ordre tenu au sacre et couronnement de la royne Elisabeth ds HAVARD 1890); 1608 « faire valoir, exalter » (M. REGNIER, Satyre IV, éd. G. Raibaud, p. 43, vers 100). C. 1. 1549 « libérer quelqu'un d'un engagement » (EST.); 1654 relever la garde (LA ROCHEFOUCAULD, Mém., éd. Gilbert et Gourdault, II, 197); 1740 relever qqn de ses vœux (Ac.); 1875 relever qqn de ses fonctions (Lar. 19e, s.v. relevé); 2. 1671 « remplacer un service ou un plat par un autre » (LA FONTAINE, Contes, Les Remois, éd. L'Intégrale, p. 228); 1814 part. passé subst. relevé de potage (VIARD, Cuisin. impérial, p. 385). D. 1. Ca 1100 verbe intrans. « se remettre debout » (Roland, 3575); 2. ca 1155 relever de mal « guérir quelqu'un d'un mal » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 8945); ca 1256 relever de maladie (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Regime du corps, éd. Landouzy et Pépin, 24, 24); 3. ca 1165 relever « se lever la première fois après les couches » (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1041); 4. 1573 relever de « être dans la dépendance de » (DUPUYS); 1638 id. « dépendre hiérarchiquement de » (ROTROU, Antigone, IV, 4); 1872 « être du ressort, de la compétence de » (A. DAUDET, Tartarin de T., p. 237). E. Verbe pronom. 1. ca 1140 « se remettre debout » (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 865); 2. 1588 « se remettre d'une épreuve, d'une situation difficile » (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 900). Du lat. relevare « soulever », « décharger, alléger », « soulager, réconforter ». Fréq. abs. littér.:7 358. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 9 333, b) 10 740; XXe s.: a) 11 117, b) 10 882.
DÉR. Relevable, adj., rare. Qui peut être relevé. Accoudoirs relevables (DAVAU-COHEN 1972). La pièce aurait été miraculeusement jouée, (...) ça aurait été la même chose (...) il n'y avait rien à faire et (...) la pièce, peut-être relevable ailleurs, ne l'est pas là (GONCOURT, Journal, 1889, p. 946). [()]. 1res attest. fin XIVe s. « qui a besoin d'être relevé » (Gl. gall.-lat., Richel. L. 7684 ds GDF.), 1934 « qu'on peut relever » (BOULLANGER, Malt., brass., p. 262); de relever, suff. -able.
BBG. — CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 428. — PIRON (M.). Les Belgicismes lex. Mél. Imbs (P.) 1973, p. 303 (s.v. relevance). — QUEM. DDL t. 16.

relever [ʀəlve; ʀ(ə)ləve] v. [CONJUG. lever.]
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; de re-, et lever.
———
I V. tr.
A
1 Remettre debout. || Relever qqn qui est tombé (→ Compagnon, cit. 1).Par métaphore. || Relevez-moi du bourbier (cit. 3) où j'étais tombé.Relever un drapeau (→ Lui, cit. 29). Redresser. || Relever un meuble, un véhicule renversé. || Relever des ruines, un mur démoli. Rebâtir, reconstruire.Par métaphore. || Napoléon a « relevé les autels » (cit. 29).
1 Elle (…) se jeta le front dans la poussière, les bras allongés. Son esclave la releva lestement, car il fallait, d'après les rites, que quelqu'un vînt arracher le suppliant à sa prosternation (…)
Flaubert, Salammbô, III.
2 Remettre en bon état, en bonne position (ce qui est abattu, ce qui est au plus bas). || Relever un pays affaibli, vaincu (→ Abattre, cit. 14; culte, cit. 12; et aussi radouber, cit.), y ramener la prospérité. || Relever l'économie, les finances. || Relever la monarchie. Rétablir (→ Culbuter, cit. 3).(1564). || Relever le courage de qqn, lui redonner du courage, de l'énergie. Exciter, ranimer (→ Estime, cit. 27). || Relever le moral. Conforter, consoler, exalter, réconforter, remonter; fam. regonfler.
2 Mille fois elle (la religion) a été à la veille d'une destruction universelle; et toutes les fois qu'elle a été en cet état, Dieu l'a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance.
Pascal, Pensées, IX, 613.
3 Comme si ce n'était pas assez d'avoir relevé l'ordre, la religion, la famille, la propriété, etc., sans vouloir relever les Français ! Quelle nécessité ? Mais quelle rage de restauration ! Laisse donc crever ce qui a envie de mourir. Un peu de ruines, de grâce (…) !
Flaubert, Correspondance, 448, 28 déc. 1853.
Vieilli. Remettre (qqn) au rang d'où il était tombé. || La grâce (cit. 31) relève les plus misérables pécheurs.Spécialt. Rendre la dignité à (qqn). || Consoler, relever, racheter un homme (→ Dévouer, cit. 7).
4 J'admirais les coups de la fortune, qui relève tout à coup ceux qu'elle a le plus abaissés.
Fénelon, Télémaque, II.
Techn. || Relever une maille : reprendre dans un tricot une maille glissée ou mise en attente. Rattraper (→ Laine, cit. 9).
3 (V. 1155). Vx. Prendre à terre, en bas. Ramasser. || Relever un mouchoir, une épingle (→ Piquer, cit. 24), des gerbes (cit. 3).Mod. || Professeur, surveillant qui relève les cahiers, les copies, qui les ramasse, les collecte. — ☑ Loc. Relever le gant. — ☑ Relevons le défi.
5 — (…) Et ces restes de paille qui sont encore sur la grange, qu'attends-tu pour les relever ? — On les relèvera demain.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 515.
6 (…) j'ai toujours été persuadée que celui qui sait, d'aussi bonne grâce, relever un éventail, sait aussi, au besoin, relever le gant; et nous aimons assez cela, nous autres.
A. de Musset, Contes, « La mouche », V.
7 Quand l'homme relevé de la plus vieille tombe
Écartera la ronce et les fleurs du hallier (…)
Ch. Péguy, Poésies, « Ève », Pl., p. 751.
7.1 Enfin, Roubaud plie le Moniteur du Fresnois sur lequel il s'est un peu assoupi, et tire sa montre : « Il est l'heure, Mesdemoiselles, je relève les feuilles ».
Willy (Colette), Claudine à l'école, p. 211 (1900), in D. D. L., II, 16.
4 (1465, « enregistrer »). Fig. a Faire remarquer; mettre en relief. Noter, souligner.(S'emploie surtout à propos d'une faute). || Relever des fautes (→ Fourmiller, cit. 11), des défauts. || Relever certains mots, signaler l'abus de certains tours (→ Disséquer, cit. 4). || Impossible de relever aucune contradiction (→ Hypothèse, cit. 1). || Relever un caractère commun à plusieurs formes (→ Dialectique, cit. 4). || On ne put relever aucune charge contre lui (→ Préventif, cit. 3).
8 La Cour ou ne connaît pas la ville, ou par le mépris qu'elle a pour elle néglige d'en relever le ridicule (…)
La Bruyère, Discours sur Théophraste.
9 Christophe voyait mieux que quiconque les ridicules de la pièce, et même certaines erreurs de la musique (…) Mais (…) Il était de ces gens qui veulent bien relever les fautes de ceux qu'ils aiment, mais qui ne le permettent pas aux autres.
R. Rolland, Jean-Christophe, Dans la maison, II, p. 1015.
b Montrer qu'on a remarqué (un mot, une allusion); (1660) répondre vivement à (une parole). || Relever une allusion perfide, une offense. || Une accusation gratuite qui ne mérite pas d'être relevée.
10 C'est souvent hasarder un bon mot et vouloir le perdre que de le donner pour sien : il n'est pas relevé, il tombe (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 65.
11 (…) il n'eut pas le temps d'examiner si elle avait employé cette expression proverbialement ou avec intention; mais dans tous les cas, il prit le parti de ne pas la relever (…)
A. de Vigny, Cinq-Mars, XVII.
c (Déb. XIXe). Prendre par écrit (en copiant, en représentant un modèle). || Relever un passage, une citation d'auteur. || Relever une adresse, une date, des comptes. Copier, noter. || Relever un plan ( Dresser, lever), un dessin.
12 Demain, j'irai faire une visite adroite à Mme de Vaize. Il ne faudrait pas qu'elle se doutât que je viens relever l'état de sa maison (…)
Stendhal, Lucien Leuwen, II, LXI.
13 M. Hachette mit à ma disposition des personnes instruites qui lurent pour moi les auteurs, et inscrivirent, sur de petits papiers portant en tête le mot de l'exemple, les phrases relevées.
Littré, Comment j'ai fait mon dictionnaire…, p. 6.
14 J'ai relevé tout au long du volume les passages où il est fait allusion à cette opération politique. Je vais les citer tous. Je copierai également d'autres passages de ce livre trop peu connu (…)
Gide, Nouveaux prétextes, p. 155.
14.1 (…) ce même œil inexpressif (…) de la même façon, je suppose, dont elle regardait indifféremment l'employé du gaz venant relever le compteur ou son dentiste, c'est-à-dire sans les voir (…)
Claude Simon, le Vent, p. 212.
Mar. || Relever un amer, en déterminer le relèvement, l'azimut (au moyen du compas de relèvement, du taximètre).
5 (XVIIe). Vx. (Compl. n. de personne). || Relever qqn. Corriger, redresser, reprendre, réprimander.
B (1573). Remettre plus haut.
1 Diriger, orienter vers le haut (une partie du corps, un vêtement). Lever. || Relever la tête, le front (→ Brouiller, cit. 30). || Sourire qui relève le coin de la bouche (cit. 5). || Relever une mèche (1. Mèche, cit. 9), ses cheveux avec des peignes. || Relever son col par grand froid. Remonter. || Relever ses jupes. Retrousser, trousser (→ 1. Cotte, cit. 2; genou, cit. 2). || Relever ses manches. Retrousser. || Relever un voile. Soulever (→ Bravade, cit. 2). || Relever des rideaux (→ Pour, cit. 55), le capot d'une voiture…
15 Un capitaine de la garde, Kaumann, reçoit un coup de barre de fer sur la tête : étourdi et les yeux sanglants, il relève avec son épée les baïonnettes de ses soldats qui mettaient en joue l'ouvrier.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 197.
16 Un faible sourire relevait à peine et bien mollement un coin de sa bouche comme on essaye de relever un rideau pour laisser entrer la gaieté du jour.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 51.
17 Camille avait choisi une place sèche et s'était assis en relevant les pans de sa redingote.
Zola, Thérèse Raquin, XI.
2 Donner plus de hauteur à. || Relever le niveau de l'eau (→ Écluse, cit. 2). Élever, monter. || Relever un ouvrage en bosse, lui donner du relief. || « Le bourbier de Vincennes est (…) relevé » (La Bruyère), comblé.
Élever le chiffre de (qqch.) au niveau souhaitable. Augmenter, hausser, majorer.Écon. polit. || Relever le niveau de vie, les salaires, les impôts. || Relever le salaire d'une catégorie professionnelle, d'une fonction. Revaloriser. || Relever un taux d'intérêt, le taux des barrières douanières.
3 Donner une valeur plus haute à (qqch., qqn). Rehausser. || Relever le nom du roi dans les nations étrangères. Porter (plus loin). → Rabaisser, cit. 3. || Les manières ne relèvent pas le mérite (→ Farder, cit. 2). || Cela le relevait à ses propres yeux. Grandir (→ Hors, cit. 9).Spécialt. Rendre plus noble. || Locution qui relève le sens d'un mot (→ Métier, cit. 1). Ennoblir, exhausser.
18 Si un homme avait manqué de quelque manière aux lois de la morale, dix duels par jour ne l'auraient relevé dans l'estime de personne.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, IV.
4 (1690). Donner plus de goût à (un mets) en ajoutant un assaisonnement. Assaisonner, épicer. || Relever une sauce avec des câpres.(Le sujet désigne l'assaisonnement). || Les fines herbes qui relèvent une sauce.Par ext. || Relever le goût, la fadeur d'un mets avec des aromates, un condiment.
19 Nous avions besoin de ces tranches rafraîchissantes (de cantaloups) pour modérer l'ardeur des piments et des épices dont sont relevés tous les mets espagnols.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 199.
5 (V. 1265). || Relever (qqch.) de, par (qqch.) : donner du relief, de l'attrait à…, par… Agrémenter. || Des réflexions sérieuses qu'elle relevait de citations agréables (→ Moraliser, cit. 2). || Bon sens relevé d'esprit (→ Convenir, cit. 6). || Relever un récit de détails licencieux. Pimenter; et aussi piment, piquant, sel.
Mettre en valeur, faire valoir. Exalter, souligner. || Relever sa beauté par un riche ajustement (→ Galant, cit. 11), par une parure.(Le sujet désigne la chose utilisée). || Mouche (cit. 12) qui relève la blancheur du teint.
Arts. (Passif et p. p.). Rehausser. || Lame (cit. 7) relevée de filets d'or. || Des plafonds pistache (cit. 2) relevés de stuc blanc.
C Enlever.
1 (Mil. XVIIe). Remplacer (qqn, un groupe) dans un travail continu, qui ne souffre pas d'interruptions. aussi Relayer. || Compagnies (cit. 14) qui doivent en relever d'autres. || Factionnaire (cit.) qu'on relève de deux heures en deux heures. || Relever une sentinelle (→ 3. Poste, cit. 1). Relève.
20 Pendant ce temps, ceux du village continuaient à relever le poste; comme le poste était de quatre hommes, et qu'on le relevait toutes les quatre heures, c'était pour eux un grand dérangement. Quatre hommes, six fois par jour, ça en faisait vingt-quatre par jour (…)
C.-F. Ramuz, la Grande Peur…, X.
Vx. Remplacer (un plat) dans le service de la table. 1. Relief (→ ci-dessous, relevé).
2 (1549). || Relever (qqn) de, le libérer de (une obligation). || Relever qqn d'une promesse, d'un vœu ( Délier, 1. détacher), d'une interdiction (→ Interdire, cit. 15).
21 Norma, attendrie, promet à la pauvre fille de la relever de ses vœux et de la rendre au bonheur.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, Beautés de l'Opéra, V.
22 (…) les soldats ayant refusé d'exécuter les ordres de leurs officiers après avoir entendu les haut-parleurs du gouvernement légal d'Espagne annoncer qu'ils étaient relevés de toute obéissance à l'égard des officiers factieux.
Malraux, l'Espoir, I, I, I, III.
(1875). || Relever une personne de ses fonctions. Destituer, limoger, révoquer.
———
II V. intr. (et trans. ind. : relever de…).
A V. intr.
1 (V. 1155). Vx. Se remettre sur pieds.
(XIIIe). Mod. || Relever de : se rétablir, commencer à guérir de… || Relever de maladie : quitter le lit et se rétablir. Convalescence. || Relever de couches.REM. Relever s'est dit absolt, en parlant d'une accouchée. || « Mme de Soubise (…) relève trop grasse… » (Mme de Sévigné, 235, 6 janv. 1672). Relevailles.Par ext. Guérir. || Je n'en relèverai plus (→ Atonie, cit. 3).
23 (…) vous avez dû rencontrer plusieurs figures semblables à celle de Monsieur Rabourdin (…) une bouche sérieuse, une taille élevée, maigre ou plutôt maigrie comme celle d'un homme qui relève de maladie (…)
Balzac, les Employés, Pl., t. VI, p. 864.
2 (Fin XIXe). Remonter. || Sa jupe relève.
B V. tr. ind. || Relever de…
1 (1573). Être dans la dépendance (d'une autorité supérieure). Dépendre. || Seigneur qui relève immédiatement de la couronne (→ Médiatement, cit.), qui ne relève que de Dieu (→ Hommage, cit. 25). || Fief qui relève d'un seigneur. Mouvance; mouvant.Dépendre administrativement, politiquement. || La Gaule relevait de la préfecture de Trèves (→ Diocèse, cit. 1). || Territoire relevant de l'influence britannique (cit. 1).Par métaphore. || Dieu… « de qui relèvent tous les empires » (→ Appartenir, cit. 20). || Relever d'un évêché, d'un tribunal…, d'un évêque, d'un magistrat (→ Employé, cit. 2).Ne relever de personne, être indépendant.
24 Le génie ne relevait que de lui-même; il était seul juge de ses moyens, car lui seul connaissait la fin : il devait donc se mettre au-dessus des lois, appelé qu'il était à les refaire (…)
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 514.
25 Le poète primitif, en communication intime avec l'homme et la nature, ne relève de personne.
Hugo, Post-scriptum de ma vie, L'esprit, Le goût.
26 Les fiefs, les métairies, les fermes et les terres qui relevaient du château s'étaient envolés pièce à pièce (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, I.
(Choses). Être du ressort de… ( Ressortir), dépendre de… (en parlant d'un fait). || Activité qui relève des autorités (→ Politicien, cit. 2). || Affaire qui relève de la compétence de… Justiciable.Mon christianisme ne relève que du Christ (→ Écran, cit. 2).
2 (Mil. XIXe). Fig. Être du domaine de… || Ce qui relève du cœur ou de l'esprit (→ Ingénieux, cit. 3). Appartenir (à), concerner. || Étude qui relève de la philosophie (→ Existence, cit. 9). || Tout ce qui est traditionnel relève du poncif (cit. 3).
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
se relever v. pron.
ÉTYM. (Déb. XIIe).
1 Se remettre debout; reprendre la position verticale. || Enfant qui tombe et se relève (→ Patinette, cit.). Fam. Ramasser (se). || Je lui tendis la main pour l'aider (cit. 11) à se relever. || Se prosterner à plat ventre et se relever (→ Coulpe, cit. 2). Redresser (se). || Faire se relever, et, ellipt., faire relever (quelqu'un).
27 Ce cheval, jeune et vigoureux, s'était couché sur le sillon, et le laboureur avait beau le secouer par la bride, le prier, le caresser, le menacer, jurer, frapper, l'animal restait immobile et refusait opiniâtrement de se relever.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 724.
28 Isabelle (…) s'agenouillant près du prince, lui prit la main et la baisa en reconnaissance de cette délicatesse.
« Relevez-vous, ma fille, reprit le prince d'un air attendri, et reprenez votre place. Ce que je fais est juste. »
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XVIII.
(1859, in Petiot). Sports. Se remettre en garde après un coup, en escrime.(1901, in Petiot). Relever son buste en ralentissant son effort (en parlant d'un cycliste).
(En parlant d'un pays). || La France se relève (→ Chanceler, cit. 6), elle s'est hardiment relevée (→ Plaie, cit. 9). || Se relever de ses ruines, de ses cendres. Ressusciter, résurrection.(Personnes). || Se relever d'un malheur, d'un chagrin. Remettre (se). → Reprendre le dessus, s'en sortir. || Jamais tu ne te relèveras de cette honte (cit. 5). || Terrassé sous le coup d'une épigramme dont on ne se relevait pas (→ Interlocuteur, cit. 1).
29 (…) ils ne sont pas tombés, eux ! ils sont nés de plain-pied avec le crime; mais moi, j'avais tenté de m'élever, et si l'homme peut se relever aux yeux de Dieu, jamais il ne se relève aux yeux du monde.
Balzac, Vautrin, III, 4.
30 Si je n'avais pas pour père l'homme d'esprit le plus redouté de Paris (…) jamais je ne me relevais de la profonde disgrâce où nous a jetés notre républicanisme (…)
Stendhal, Lucien Leuwen, II, LV.
31 Cependant, avec l'étonnante faculté que possède la France de se relever de ses ruines dès que l'ordre est rétabli, des richesses se reformaient, le commerce et l'industrie étaient florissants, les finances elles-mêmes revenaient à la santé (…)
J. Bainville, Hist. de France, XVII, p. 399.
2 (Choses). Se diriger vers le haut. || Bouche dont les coins se relèvent. || Mèche qui se relève en pointe.(Passif). Être ou pouvoir être dirigé vers le haut. || Volet, dossier…, col qui se relève.
32 Le nez, déprimé depuis sa racine, se relevait brusquement en pied de marmite.
Balzac, Ursule Mirouët, Pl., t. III, p. 266 (1841).
33 (…) les strapontins baissés se relevaient avec bruit (…)
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XLVI.
Prendre plus de hauteur. || La pente de la rue se relevait (→ Raidillon, cit. 2).
3 (Récipr.). Se remplacer dans un travail. Relayer (se).
34 Je demeurai quatre mois entre la vie et la mort. Mon oncle, sa femme, son fils et ses trois filles se relevaient à mon chevet.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 68.
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relevé, ée p. p. adj. et n.
1 (1559). Dirigé, ramené vers le haut. || Moustache relevée en pointe. || Porter les cheveux relevés (→ Grec, cit. 15). || Chapeau à bords relevés. || Col relevé (→ Pardessus, cit.). || Manches relevées. Retroussé. || Avoir sa jupe relevée. Troussé.Équit. || Pas (1. Pas, cit. 44) relevé : pas d'une monture qui lève haut le pied.
35 La tragédienne, la tête soulevée sur deux oreillers (…) avait les genoux relevés en façon de pupitre pour sa lecture.
Ed. de Goncourt, la Faustin, VII.
36 Edmond, sans veston, avec une chemise bleue, les manches relevées (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXIII.
Virage relevé, dans lequel la voie est plus haute vers l'extérieur de la courbe.
2 (1608). Vx. Qui a de l'élévation, de la noblesse. Élevé, haut, noble, sublime. || Style noble et relevé (→ Dithyrambe, cit.).(En tournure négative). Littér. || Les passions les moins relevées (→ Norme, cit.).
37 Mais, dans le fond, il est toute science, et bien souvent il dit des choses tout à fait relevées.
Molière, le Médecin malgré lui, II, 1.
38 En somme les strophes de Baudelaire, devant lesquelles il avait fait la petite bouche, avaient fini par dessiner dans sa tête la fresque des jeunes amours (…) Murger y était peut-être aussi pour quelque chose, et d'autres lectures moins relevées.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXI, p. 227.
D'un haut rang social, digne d'un haut rang. || Une condition relevée. || Une noblesse (cit. 15) plus relevée.(Vx, en parlant des personnes) :
39 Elle n'a pas toujours été si relevée que la voilà, et ses deux grands-pères vendaient du drap (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 12.
3 Rendu fort par un assaisonnement. Épicé, 1. fort, piquant. || Un mets très relevé.
4 N. m. a (1740). Action de prendre par écrit (en copiant, collationnant, représentant…); la chose ainsi copiée, représentée. Relèvement. || Relevé de compte, relevé des dépenses. Détail; et aussi attachement, facture. En France. || Relevé d'identité bancaire : document comportant les coordonnées bancaires du titulaire d'un compte en banque (abrév. R. I. B.). || Relevé des condamnations. Casier (judiciaire). || Relevé de citations, d'adresses… || Relevé d'une construction, d'un objet. Dessin, 3. plan. || Relevé topographique. || Relevé de plan. aussi Arpentage.Techn. || Relevé de diagramme (d'une antenne).
40 Le notaire donna lecture du relevé des comptes.
Zola, la Terre, IV, VI.
41 (…) la littérature qui se contente de « décrire les choses », d'en donner seulement un misérable relevé de lignes et de surfaces, est celle qui, tout en s'appelant réaliste, est la plus éloignée de la réalité (…)
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 885.
41.1 (…) des vieilles rentières avares que guettent dans les escaliers silencieux les assassins sournois, faux camelots venant leur proposer des brosses, des machines à laver, faux inspecteurs venant faire le relevé de leurs compteurs à gaz (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 171.
b Pli fait au bas d'une robe pour la relever.(1835). Cuis. Plat qui en « relève », en remplace un autre. || Un relevé de potage, et, absolt, un relevé.Mod. Entrée.
42 On servait les relevés, une carpe du Rhin à la Chambord et une selle de chevreuil à l'anglaise (…)
Zola, Nana, IV.
5 N. f. (XIIe, « temps après lequel on s'est relevé de la sieste »). Vx ou dr. || Relevée. Après-midi. || À trois heures de relevée.
CONTR. Affaisser, crouler, étaler, renverser; abattre, abrutir, accabler, affaiblir, anéantir, avilir, dégrader, déprimer, étioler. — Abaisser, appuyer, baisser, descendre, rabattre; déprécier, diminuer, rabaisser; humilier. — Affadir. — Astreindre, obliger (à). — Descendre (intrans.), tomber. — Baissé, 1. bas, plat, rabattu. — Commun, familier, ignoble, vulgaire. — Doux, fade, insipide.
DÉR. Relevable, relevage, relevailles, relève, relevée, relèvement, releveur, 1. relief.
HOM. Relevée.

Encyclopédie Universelle. 2012.