rétablir [ retablir ] v. tr. <conjug. : 2>
• restablir « remettre en bon état » 1120; de re- et établir
I ♦
1 ♦ Didact. Établir de nouveau (ce qui a été oublié, changé, altéré). ⇒ reconstituer, restituer. La France demande aux historiens « de rétablir la chaîne des faits, des idées, d'où sortirent ces résultats » (Michelet). Rétablir la vérité.
2 ♦ RÉTABLIR (QQN, QQCH.) EN, DANS, À : remettre en une place, une situation, un état (ce qui n'y était plus). On l'a rétabli à sa place, dans son emploi. ⇒ réintégrer. Fig. « pour que les tribus abâtardies soient rétablies dans leur splendeur passée » (Saint-Exupéry).
3 ♦ Cour. Faire exister de nouveau. Rétablir les communications. Rétablir un contact, un circuit. Cela rétablira l'équilibre. Rétablir l'ordre. ⇒ ramener.
♢ Remettre en vigueur. ⇒ relever, 1. restaurer. « Un grand peuple ne se venge pas, il rétablit le droit » (R. Rolland).
II ♦ (XIIe)
1 ♦ Remettre (qqn) en bonne santé. ⇒fam. retaper. Ce traitement le rétablira en peu de temps. — Par ext. Rétablir la santé.
2 ♦ Améliorer. Mesures visant à rétablir la situation économique.
III ♦ SE RÉTABLIR v. pron.
1 ♦ Se faire de nouveau. ⇒ revenir. Le calme, le silence se rétablit.
2 ♦ (XVIIe) (Personnes) Guérir, se remettre. ⇒ récupérer. « Je la voyais toujours malade, mais en voie de se rétablir; je la trouvais mieux » (Proust).
3 ♦ (1928) Faire un rétablissement (3o). « Antonio sauta. Comme il se rétablissait en haut du talus [...] » (Giono).
⊗ CONTR. Détruire, renverser; altérer, fausser. Couper, interrompre.
● rétablir verbe transitif (de établir) Remettre dans son état premier ou dans un état satisfaisant : Des mesures destinées à rétablir la situation économique. Remettre quelqu'un sur pied, le ramener à la santé : Ce traitement devrait vous rétablir. Remettre quelqu'un dans sa position antérieure, lui rendre les avantages dont il avait été privé : Rétablir quelqu'un dans toutes ses fonctions. Établir de nouveau, remettre en vigueur, en état ce qui avait été supprimé, interrompu : Rétablir le courant. Reconstituer un texte dans sa forme originale. ● rétablir (expressions) verbe transitif (de établir) Rétablir les faits, la vérité, décrire un événement de façon objective, en rectifiant une présentation tendancieuse. ● rétablir (synonymes) verbe transitif (de établir) Remettre dans son état premier ou dans un état satisfaisant
Synonymes :
- rajuster
- relever
Remettre quelqu'un sur pied, le ramener à la santé
Synonymes :
- guérir
- remettre
- ressusciter (familier)
- sauver
Remettre quelqu'un dans sa position antérieure, lui rendre les avantages...
Synonymes :
- réintégrer
Établir de nouveau, remettre en vigueur, en état ce qui...
Synonymes :
- ramener
rétablir
v.
rI./r v. tr.
d1./d établir de nouveau. Rétablir la paix. Rétablir qqn dans ses fonctions.
|| Remettre en fonctionnement. Rétablir le téléphone.
d2./d Remettre (qqch) en bon état. Rétablir ses finances.
|| Rétablir les faits, en rectifier une version inexacte.
d3./d Redonner la santé à (qqn). Le repos l'a rétabli.
rII./r v. Pron.
d1./d Revenir à son état premier. Le pouls se rétablit.
d2./d Recouvrer la santé.
d3./d Faire un rétablissement (sens 3).
⇒RÉTABLIR, verbe trans.
A. — Rétablir qqc.
1. Remettre dans son état premier, dans son état antérieur. Je tournai le commutateur et, rétablissant la communication dans ma chambre, je la coupai entre le bureau de postes et la loge du concierge à laquelle il était relié d'habitude à cette heure-là (PROUST, Sodome, 1922, p. 730). Meynestrel, les mains au dos, la mine soucieuse, allait et venait à travers l'étroite pièce, afin de rétablir la circulation dans sa jambe ankylosée (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 242).
— Empl. pronom. Sainte Catherine expose aussi que Jésus n'interdit le ciel à personne, que c'est l'âme même qui (...) se précipite (...) dans le purgatoire, pour s'y modifier, car elle n'a plus qu'un but, se rétablir dans sa pureté primitive (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 262).
2. Remettre en bon état; améliorer (un état, une situation). L'enfant, le cœur si longtemps déchiré par un combat obscur, parut se calmer, lorsque sa santé fut enfin complètement rétablie (ZOLA, Page amour, 1878, p. 963). Il y avait plaisir à rendre service à un tel garçon. Un engagement d'un mois, et grassement payé, voilà qui promettait de rétablir les affaires de la famille. On allait pouvoir prendre un ouvrier pour rentrer les fourrages (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 52). Empl. pronom. Fait à noter: c'est à partir de cette cure à Karlsbad, en 1807, que la santé de Thérèse se rétablit complètement, que sa taille se redresse, et qu'elle plaît (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 566).
3. Remettre dans son état normal. Lili s'était remise à marcher, après avoir rétabli soigneusement les plis de sa jupe (ZOLA, Nouv. contes Ninon, 1874, p. 94). Elle était occupée à rétablir l'édifice de sa chevelure, et, par des tapes légères, à défriper sa robe autour de ses hanches et de ses genoux (TOULET, Mariage Don Quichotte, 1902, p. 191).
4. Remettre dans son état authentique. Si l'Évêque n'avait pas sérieusement fait entrevoir la police correctionnelle, jamais son texte n'aurait été rétabli dans le journal qui l'avait sottement falsifié (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 27). Il faut beaucoup de mensonges de la mémoire, de l'imagination et de l'histoire pour rétablir la vraisemblance, j'entends par là le vacarme et la fureur généralisés (ARNOUX, Roi, 1956, p. 112).
5. Remettre en vigueur; faire exister de nouveau. Eux, les Vendéens, ils n'avaient qu'une idée, c'était de prendre un bon port, où les Anglais pourraient débarquer facilement et les aider à rétablir chez nous la dîme, la gabelle, le champart, les corvées, la haute et basse justice, la roue, les tortures et le reste (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 182). À Madagascar, comme ailleurs, la France Combattante va réparer cela en même temps qu'elle va rétablir les lois de la République, ciment de l'unité de l'Empire (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 427).
B. — Rétablir qqn
1. Remettre en bonne santé. Synon. guérir. Ni médicaments, ni stimulants, ni piqûres. Un calcul minutieux des apports alimentaires, une vigilance rigoureuse quant aux dépenses de chaleur, travail, forces musculaires et nerveuses, un traitement plus psychologique que physiologique, avaient assez rapidement rétabli Émilie (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 107). Empl. pronom. Recouvrer la santé, retrouver des forces, son équilibre physique. Synon. se remettre. Comment? Votre gamin ne se rétablit pas plus vite que ça! Je vous engage fortement à lui faire passer le plus de temps que vous pourrez en pleine campagne ou au bord de la mer (FLAUB. Corresp., 1872, p. 43).
2. Remettre en position d'équilibre. Au coin d'un bois de lauriers-roses, son cheval fit un grand écart devant le cadavre d'un homme, étendu par terre. L'esclave, aussitôt, la rétablit [Salammbô] sur les coussins (FLAUB. Salammbô, t. 2, 1863, p. 34). Empl. pronom. Effectuer un rétablissement. Se rétablir sur la barre. (Ds PETIOT 1982).
3. Redonner à quelqu'un ce dont il a été dépouillé. Les ministres du roi confirmèrent cet arrêté, mais l'Assemblée rétablit le maire dans sa place, et son ascendant s'accrut par sa disgrâce momentanée (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 381). En conséquence, les conseils municipaux dissous, les maires, adjoints, conseillers, révoqués ou suspendus après cette date, sont immédiatement rétablis dans leurs droits sauf le cas d'indignité pour délit de droit commun (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956p. 571).
Prononc. et Orth.: [], (il) rétablit [-bli]. Ac. 1694, 1718: restablir; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. 1. 1re moit. XIIe s. restablir de qqc. « délivrer de » (Psautier d'Oxford, 34, 20 ds T.-L.); 2. ca 1155 « établir de nouveau une chose qui avait été supprimée » (WACE, Brut, 3504, ibid.); 3. a) 1174-76 « remettre dans son état normal ce qui a été dérangé » (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 3168); b) id. en sante restablir (ID., op. cit., 5889); c) 1687, 23 avr. rétablir une terre (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 289); d) 1690 « remettre un texte dans son état authentique » (FUR.); 1831 rétablir un fait (LAMART., Corresp., p. 168); e) 1855 « redresser » (SAND, Hist. vie, t. 3, p. 39: il s'écroula et il fallut le rétablir). B. Verbe pronom. 1. 1650 « revenir à une position antérieure » (Cardinal de RETZ, Mémoires, éd. Ad. Régnier, III, 53: le Cardinal se mettoit dans l'esprit de se rétablir dans le public); 2. 1735-36 « reprendre des forces » (MARIVAUX, Le Paysan parvenu, 4e partie ds LITTRÉ); 3. 1850 gymn. (LAISNÉ, Gymnastique pratique ds PETIOT 1982). Dér. de établir; préf. re-. Fréq. abs. littér.: 2 285. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 4 165, b) 2 928; XXe s.: a) 2 522, b) 3 074. Bbg. QUEM. DDL t. 27.
rétablir [ʀetabliʀ] v. tr.
ÉTYM. V. 1155; restablir, 1120, encore au XVIIIe; de re-, et établir.
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1 Établir de nouveau. || Rétablir le culte sur ses ruines. ⇒ Réédifier. — Établir de nouveau (ce qui a été oublié, changé, altéré). ⇒ Reconstituer, restituer. || Rétablir un texte : restituer l'original (⇒ Rectifier). || Rétablir les faits; rétablir la vérité.
1 Il dit que Noé a pu aussi bien rétablir en esprit le livre d'Enoch, perdu par le déluge, qu'Esdras a pu rétablir les Écritures perdues durant la captivité.
Pascal, Pensées, IX, 632.
2 Voilà ce que nous demande la France, à nous autres historiens, non de faire l'histoire, elle est faite pour les points essentiels moralement, les grands résultats sont inscrits dans la conscience du peuple; mais de rétablir la chaîne des faits, des idées, d'où sortirent ces résultats (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, XII.
2 Remettre (en une place, une situation, un état précédent ce qui n'y était plus). || On l'a rétabli à sa place, dans son emploi, dans ses fonctions. ⇒ Réintégrer. — (Abstrait). || Rétablir qqn dans l'estime d'autrui. ⇒ Réhabiliter. — Rétablir dans (qqch.) : faire retrouver (qqch.) à. || Rétablir le mariage dans son éclat (→ Conjugal, cit. 3), le langage dans sa dignité (→ Parole, cit. 29). || Rétablir qqn dans ses droits. — Mettre (quelque part, qqch. qui aurait dû y être). || On a rétabli dans l'orthographe française l'h (cit. 4) muet du latin.
3 (…) ainsi le voilà (le duc de Chaulnes) rétabli dans votre estime (…)
Mme de Sévigné, 1231, 2 nov. 1689.
4 Alors, pour que les tribus abâtardies soient rétablies dans leur splendeur passée (…)
Saint-Exupéry, Terre des hommes, VI, IV.
3 Faire exister de nouveau (une chose, un phénomène, un état disparu, interrompu). || Rétablir la circulation dans un membre ankylosé (cit. 2). || Rétablir la chaleur naturelle (→ Médecine, cit. 2). || Rétablir des communications. || Rétablir un contact, un circuit. || Le courant est rétabli (→ Rallumer, cit. 2). || La nature rétablit ce que l'homme détruit (→ Bienfaisant, cit. 3). ⇒ Refaire. || Rétablir le jeu des forces contraires, l'équilibre (cit. 12). → Rationnement, cit. 3. || Rétablir la paix (cit. 20; ⇒ Pacifier), l'ordre. ⇒ Ramener, renaître (faire); → Commander, cit. 13; germaniser, cit.; 1. recouvrement, cit. 4. — Remettre en vigueur. || Rétablir la loi de Dieu (→ Ligue, cit. 3), l'autorité royale (→ Courant, cit. 4), la royauté (→ Exécration, cit. 1), la monarchie (→ Protée, cit. 1). ⇒ Relever, restaurer. || Rétablir l'amovibilité (cit.) des offices.
5 Ainsi la censure, inactive depuis plusieurs mois et comme suspendue, était rétablie en face de la nation assemblée, rétablie pour les communications nécessaires, indispensables, des députés et de ceux qui les avaient députés.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, II.
6 Un grand peuple ne se venge pas, il rétablit le droit.
R. Rolland, Au-dessus de la mêlée, p. 34.
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II (V. 1190).
1 Remettre en bon état. Vx. || Rétablir une terre : la remettre en valeur.
♦ Mod. || Rétablir une situation désespérée (→ Extrémité, cit. 4.). ⇒ Améliorer, redresser (cf. Retomber sur ses pieds). || Rétablir sa fortune compromise (→ Se remettre à flot, revenir sur l'eau; et aussi habileté, cit. 6).
♦ Spécialt. Mettre qqch. dans un meilleur état en supprimant (un caractère négatif, regrettable). Vx. || Rétablir le désordre : y remédier. || Rétablir le désordre de sa tenue (→ Rabat, cit.). ⇒ Arranger.
REM. Dans cet emploi, dénoncé comme abusif par l'Académie dès le XVIIIe s., le sens de rétablir devient antonymique du sens I., 3.
7 (…) quand on a failli, il n'est pas aisé de réparer le manquement, et de rétablir ce qu'on a gâté (…)
Molière, l'Amour médecin, II, 5.
2 Spécialt. Rétablir ses forces en se restaurant. ⇒ Réparer, ranimer. — Rétablir qqn : le guérir. || Ce médicament, le repos l'a rétablie. || Le Seigneur le rétablira (→ Extrême-onction, cit. 2).
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se rétablir v. pron.
ÉTYM. (XVIe).
1 Se faire de nouveau. ⇒ Revenir. || Le calme (→ Dégager, cit. 33), le silence (→ Gros, cit. 17), l'ordre se rétablit (→ Pluie, cit. 14). || L'équilibre tend à se rétablir (→ Nombre, cit. 8).
2 S'améliorer. || Ses forces se rétablissent, sa santé s'est rétablie. — (Personnes). Aller mieux. || Malade qui se rétablit. ⇒ Guérir (intrans.), remettre (se), reprendre (intrans.). Cf. Se remettre debout, sur pied, en selle; se refaire, se requinquer; prendre le dessus.
8 Le corps se rétablit difficilement, quand l'esprit est si peu tranquille.
Laclos, les Liaisons dangereuses, CLX.
9 On avait espéré merveille du changement d'air pour me rendre les forces nécessaires à la vie d'un soldat; mais ma santé, au lieu de se rétablir, déclina.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 77.
10 Je la voyais toujours malade, mais en voie de se rétablir; je la trouvais mieux.
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 782.
3 (1850). Faire un rétablissement (5.). || Se rétablir sur la barre. — Retrouver, reprendre son équilibre.
11 Antonio sauta. Comme il se rétablissait en haut du talus une griffe de bête lui égratigna la joue.
J. Giono, le Chant du monde, II, VII.
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DÉR. Rétablissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.