1. balle [ bal ] n. f.
• 1534; it. palla
1 ♦ Petite sphère élastique dont on se sert pour divers jeux. ⇒ 1. ballon, pelote. Jouer à la balle. Lancer, envoyer, recevoir, relancer, renvoyer la balle. Balle de ping-pong, de tennis. Anciennt Balle de paume. ⇒ éteuf. Crosser la balle (au hockey). La balle rebondit. ⇒ bond, rebond. Prendre la balle au bond, de volée. Couper la balle. — Coup. Faire des balles, faire quelques balles : échanger quelques balles sans compter les points, pour se mettre en train au tennis. Balle de set, de match : le coup qui décide du jeu, du set, du match. Une belle balle : un beau coup. Une balle bien placée.
♢ Loc. fig. Prendre, saisir la balle au bond : saisir avec à-propos une occasion favorable. — La balle est dans votre (son) camp : c'est à vous (à lui) d'agir. — Renvoyer la balle, se renvoyer la balle : répliquer avec vivacité, discuter avec animation; se décharger sur qqn d'une obligation ennuyeuse.
♢ Enfant de la balle : à l'origine, fils d'un maître de jeu de paume, élevé dans la profession de son père. Par ext. Comédien, acteur, etc. dont les ascendants faisaient le même métier. « Un homme qui n'était pas enfant de la balle, et qui avait appris la musique tout seul » (Rousseau).
♢ Loc. adv. Fam. Raide comme balle : avec rudesse.
2 ♦ (XVIe) Petit projectile métallique dont on charge les armes portatives ou automatiques et certaines pièces d'artillerie. Balle de revolver, de fusil, de mitrailleuse. ⇒ plomb; fam. ou arg. bastos, dragée, praline, prune, pruneau. Petite balle. ⇒ chevrotine. Obus à balles. ⇒ shrapnel. Le calibre d'une balle. La douille et l'amorce d'une balle. ⇒ 2. cartouche. Balle explosive. Balle dum-dum. Balle traçante. Tirer à balles. Balle perdue, qui n'atteint pas sa cible. Être blessé, tué par balle. Son corps était criblé de balles. Se tirer une balle dans la tête. Fam. Recevoir douze balles dans la peau : être exécuté (par le peloton). — Loc. fam. Trou de balle.
3 ♦ Pop. Vx Testicule. — Loc. fam. Peau de balle : absolument rien. Peau de balle et balai de crin.
⊗ HOM. Bal.
balle 2. balle [ bal ] n. f.
• 1268; frq. °balla → déballer, emballer
1 ♦ Gros paquet de marchandises généralement enveloppé de toile et lié de cordes. ⇒ 1. sac; ballot. Faire, défaire une balle de coton. Une balle de café. ⇒ 1. farde. « Des balles de marchandises qui couvraient le quai » (Chateaubriand).
♢ Agric. Balle parallélépipédique, cylindrique : paquets de foin (qui ont remplacé les meules). ⇒ 2. barge.
2 ♦ (1833) Fam. et vieilli Figure. ⇒ 1. bille, 2. bouille.
balle 3. balle [ bal ] n. f. VAR. bale
• 1549; gaul. °balu
♦ Agric. Enveloppe des graines de céréales. ⇒ glume, glumelle. Balle d'avoine.
balle 4. balle [ bal ] n. f.
♦ (Toujours au plur. et avec un numér.) Fam. Franc. Une pièce de dix balles. J'en ai eu pour deux cents balles.
● balle nom féminin (italien du Nord balla, de l'italien palla) Projectile des armes à feu portatives. Pelote sphérique pouvant rebondir, utilisée dans de nombreux sports (tennis, tennis de table, golf, etc.). [Se dit souvent pour ballon.] Jeu dans lequel on lance une balle : Jouer à la balle. Populaire. Franc (au pluriel, avec un nombre) : Trois cents balles. Céramique Masse de pâte provenant de la fragmentation d'un ballon. Optique Outil sphérique convexe servant à ébaucher, doucir et polir les surfaces concaves grâce à l'interposition d'abrasifs. ● balle (citations) nom féminin (italien du Nord balla, de l'italien palla) Aleksandr Vassilievitch, comte, puis prince Souvorov Moscou 1729 ou 1730-Saint-Pétersbourg 1800 La balle est folle. La baïonnette sait ce qu'elle fait. Proclamation à l'armée, 1797 ● balle (expressions) nom féminin (italien du Nord balla, de l'italien palla) Une belle balle, une balle bien lancée, bien placée. Familier. (Avoir) une bonne balle, une figure franche, sympathique, pleine de santé. Balle de jeu, de set, de match, au tennis, au tennis de table, au volley-ball, échange dont le gain permet de remporter le jeu, le set ou le match. Enfant de la balle, personne née et élevée dans un milieu d'artistes, ou qui continue le métier de ses parents (comédien, acrobate, saltimbanque, etc.). Faire des balles, au tennis, au tennis de table, échanger des balles pour s'entraîner, s'échauffer sans décompter les points. Populaire. Flanquer, mettre douze balles dans la peau à quelqu'un, le fusiller. La balle est dans le camp de quelqu'un, c'est à lui de faire des propositions, de prendre une initiative, de répondre. Prendre, saisir la balle au bond, profiter sur-le-champ d'une occasion favorable. Renvoyer la balle, riposter vivement. Se renvoyer la balle, se jeter mutuellement une responsabilité. Balle explosive, synonyme de balle dum-dum. Balle perdue, balle ayant manqué l'objectif, mais toujours dangereuse. Fausse balle, balle en carton, en plastique ou en bois, des cartouches à blanc. Obus à balles, synonyme de shrapnel. ● balle (homonymes) nom féminin (italien du Nord balla, de l'italien palla) bal nom masculin bale nom féminin ● balle (synonymes) nom féminin (italien du Nord balla, de l'italien palla) Armement. Balle explosive
Synonymes :
● balle
nom féminin
(francique balla)
Gros paquet de marchandises : Balle de café.
Synonyme de botte (dans botte de foin, de paille).
Réunion de plusieurs feuilles de pâte à papier pressées sous forme de parallélépipèdes.
● balle (homonymes)
nom féminin
(francique balla)
bal
nom masculin
bale
nom féminin
● balle (synonymes)
nom féminin
(francique balla)
Synonymes :
- botte (dans botte de foin, de paille )
● balle ou bale
nom féminin
(peut-être gaulois balu)
Enveloppe du grain des céréales, constituée par les glumes et les glumelles, que l'on détache au cours du battage et du vannage.
● balle ou bale (homonymes)
nom féminin
(peut-être gaulois balu)
bal
nom masculin
balle
nom féminin
balle
n. f.
d1./d Gros paquet de marchandises, souvent enveloppé et lié de cordes. Une balle de coton.
d2./d Fam. (Toujours au Plur.) Francs. T'as pas cent balles?
————————
balle
n. f.
d1./d Petite sphère de matière élastique qui sert dans certains jeux. Balle de tennis.
|| Loc. fig. Saisir la balle au bond: profiter d'une occasion favorable au bon moment.
— Renvoyer la balle: répliquer avec vivacité.
— Se renvoyer la balle: s'accuser réciproquement de quelque chose.
— La balle est dans votre camp: c'est à vous de parler ou d'agir.
|| Fig. Enfant de la balle: personne élevée dans le milieu des artistes de théâtre et de cirque.
d2./d Projectile métallique des armes à feu portatives. Balle de fusil, de mitrailleuse. Balle explosive, qui éclate à l'impact. Balle traçante, dont le sillage est rendu visible par une composition chimique.
————————
balle
n. f. Ensemble des enveloppes des grains des graminées, séparées de ces derniers au battage. Balle de riz.
I.
⇒BALLE1, subst. fém.
I.— Objet de forme sphérique généralement élastique et de petite dimension, que l'on utilise dans de nombreux jeux :
• 1. La pelote basque se joue en plein air, contre un mur de face, sur une piste cimentée. La pelote ou balle est faite de cordes très serrées, recouvertes de peau de mouton. Elle est élastique au point de rebondir à une hauteur et à une distance inouïes, et dense, au point de ne se déformer que rarement sous le choc.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 169.
SYNT. Balle (de, en) caoutchouc; balle oblique, longue; balle de set; balle de match; jouer à la balle; (re) lancer la balle (en l'air); (r)attraper la balle; prendre, saisir la balle (au bond); manquer ses balles; (r)envoyer la balle; arrêter, servir la balle; se jeter la balle; échanger quelques balles; réussir de belles balles (bien) placées; jeu de balle.
— Loc. Avoir la balle. ,,Avoir le droit de la lancer le premier`` (Lar. 19e, Lar. encyclop.). Avoir la balle belle. ,,L'avoir dans de bonnes conditions pour la relancer`` (Lar. 20e, Nouv. Lar. ill.; attesté d'autre part dans LITTRÉ et QUILLET 1965). À vous la balle. ,,C'est à vous à lancer la balle, à jouer le premier`` (Lar. 19e, Lar. encyclop.; également dans BESCH. 1845). Couper la balle. ,,La frapper avec la raquette inclinée`` (Ac. 1835-1932).
A.— Proverbes et loc. fig. ou métaph.
1. Loc. Avoir la balle belle. ,,Avoir une belle occasion`` (Lar. 20e). À vous la balle. ,,Ceci s'adresse à vous, ou bien, C'est à vous d'agir ou de parler`` (Lar. 19e). Juger la balle. ,,Prévoir quel tour une affaire prendra`` (Ac. 1835-1932; Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
♦ Placer la balle. Développer des arguments, exposer des idées, oralement ou par écrit :
• 2. Son humeur a déjà fait son choix dans le fond commun des idées, mais son génie n'a pas mis sa marque à ce qu'il a choisi. Dix ans plus tard, il placera la balle autrement, la même balle, mais les mots auront changé de couleur.
GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des « confessions », 1948, p. 126.
♦ Prendre, saisir la balle au bond. Profiter avec à-propos d'une occasion favorable, fortuite mais opportune pour dire ou faire quelque chose. Synon. saisir l'occasion; sauter sur l'occasion :
• 3. Henri m'a prise tout de suite au sérieux... Didier et Marion Delorme, quoi! Tu comprends : j'ai pris la balle au bond... et... je l'ai épousé...
E. AUGIER, Le Mariage d'Olympe, 1877, p. 172.
♦ Ramasser la balle. Relever le défi; saisir le prétexte :
• 4. On passe à Port-Royal. Saint-Victor s'emporte contre ces crétins qu'il hait : « Fribourg, dépose tes haines », lui dit Sainte-Beuve, faisant allusion à son éducation chez les Jésuites. Renan ramasse la balle et le voilà à défendre les saints de Port-Royal; ...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1864, p. 43.
♦ Rattraper la balle. Dans une conversation, une discussion, réagir à ce qui se dit, y répondre :
• 5. Nous ne nous dénouons et n'allons aux extrémités de nous-mêmes qu'en face des personnes qui rattrapent la balle. J'aime parler. J'aime écouter... J'aime le rire qui étincelle au choc.
COCTEAU, La Difficulté d'être, 1947, p. 166.
♦ Relever la balle. Dans une dispute, une discussion, riposter à une parole désobligeante, à une remarque perfide, etc. :
• 6. M. Patissot, (...) déclara : « vous n'êtes pas français, monsieur. La galanterie française est une des formes du patriotisme. » M. Rade releva la balle. « J'ai fort peu de patriotisme, monsieur, le moins possible. » Un froid se répandit,...
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Les Dimanches d'un bourgeois de Paris, 1880, p. 328.
♦ Reprendre la balle. Reprendre l'idée, la plaisanterie de quelqu'un, renchérir :
• 7. Le pape est parfaitement drôle, et les évêques qui reprennent la balle ne le sont pas moins.
MÉRIMÉE, Lettres à M. Panizzi, 1870, p. 73.
♦ Renvoyer, rejeter la balle (à qqn), se renvoyer, se rejeter la balle.
a) (Se) donner la réplique avec vivacité, avec esprit, dans une conversation, une discussion :
• 8. Il a l'esprit libre, frais et dispos, toujours présent et prêt à la riposte. Dépourvu d'émotions réelles, il renvoie promptement la balle élastique des bons mots.
VIGNY, Chatterton, 1835, p. 233.
b) Rejeter (sur qqn), renvoyer (sur qqn) la responsabilité de quelque chose d'embarrassant et le charger d'y répondre ou d'en répondre :
• 9. ... c'est un complot formé par une société de ci-devant qui se rejettent la balle les uns aux autres, comme des lâches qu'ils sont.
A. DUMAS Père, Le chevalier de Maison-Rouge, 1847, II, 5.
2. Proverbes. La balle cherche le bon joueur. ,,L'occasion ne manque jamais à qui sait la saisir`` (Lar. 19e). Au bon joueur la balle, la balle va au joueur. ,,Se dit Quand l'occasion de faire quelque chose se présente à celui qui est le plus capable de s'en bien acquitter`` (Ac. 1835-1932; ainsi que dans la plupart des dict. gén. du XIXe s. et ROB.).
B.— P. méton.
1. [Jeu de paume] Enfant de la balle.
a) Vx. Fils d'un maître de jeu de paume.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén.
b) P. ext. [En parlant de gens du cirque et d'artistes obligés à de fréquents déplacements (acteurs, chanteurs, etc.)] Personne élevée dès son plus jeune âge dans un milieu d'artistes surtout itinérants et dont la formation, de ce fait, a été plus directe qu'en milieu scolaire traditionnel :
• 10. Je suis un « enfant de la balle », les planches m'excitent à la manière dont les tables de Monte-Carlo excitent le joueur.
COCTEAU, Le Foyer des artistes, 1947, p. 3.
— Au fig., fam., usuel. Personne dont l'enfance s'est déroulée dans l'atmosphère d'une profession exigeante ou bien typée :
• 11. En plus j'avais des espoirs... un sérieux boni, si je remontais par mes efforts l'artisanat de la ciselure. Il me trouvait bien un peu jeune... mais ça n'avait pas d'importance, puisque j'avais le feu sacré... que j'étais un enfant de la balle... Que j'étais né dans une boutique! ...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 189.
♦ Être de la balle. Être de la partie, être du métier :
• 12. De loin je surveille mal mon équipage. Les impondérables m'échappent. Qu'y changerai-je? Voici les interprètes qui se contrôlent et perfectionnent la machine. Voici ceux qui vivent en scène et tâchent de vaincre la machine. Diderot parle à la légère. Il n'est pas de la balle.
COCTEAU, La difficulté d'être, 1947, p. 51.
2. P. anal. Métiers de la balle. Métiers du cirque :
• 13. ... elle [Mme Paris] était écuyère, mais elle avait fait tous les métiers de la balle...
P. VIALAR, La Chasse aux hommes, Le Rendez-vous, 1952, p. 68.
C.— Argot
1. P. anal. de forme. Tête, visage, physionomie. On ne voit que (...) de franches balles sympathiques (GENEVOIX, La Boîte à pêche, 1926, p. 217).
♦ Bonne balle. Tête bien ronde, respirant la santé :
• 14. Il avait, comme on dit, « une bonne balle ». Il semblait avoir pris sa tête, ronde comme un boulet, dans une boîte à billes, et c'est de là, pensai-je, que ses camarades (...) lui avaient donné ce surnom (...) « Boitabille! ... »
G. LEROUX, Le Mystère de la chambre jaune, 1907, p. 9.
♦ Balle d'amour. ,,Physionomie agréable`` (MICHEL 1856).
♦ Rude balle, forte balle. Tête, visage fortement typés :
• 15. À ces mots, la figure du soldat rougit. C'était une forte balle de sabreur, aux longues moustaches, équarrie à coups de latte.
G. D'ESPARBÈS, La Légende de l'Aigle, 1893, p. 14.
— Péj. Figure grotesque :
• 16. — C'te balle! oh! c'te taule!
— J'espère bien qu'on lui coupera la tronche, à celui-là.
T. GAUTIER, Les Jeunes-France, 1872, p. 321.
2. Franc :
• 17. — Tu ne pourrais pas m'avoir des bêtises rouges comme ça? ... Est-ce cher? — Ces sanguines-là? ... Je les ai payées deux cents francs à Mayor, le marchand de dessins anglais. — Deux cents balles! Fichtre.
E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 107.
3. P. métaph. ou au fig.
♦ Être rond comme une balle. Être complètement ivre; avoir bu et mangé avec excès.
♦ Faire balle, faire la balle élastique. Être à jeun, avoir le ventre creux :
• 18. Quelques taches [d'excréments] dans un quart de pain ne sont pas pour faire reculer un fagot de bon appétit et qui fait balle (a le ventre creux) depuis quarante-huit heures.
A. HUMBERT, Mon bagne, 1880, p. 44.
♦ Faire la balle de qqn. Convenir à quelqu'un, faire l'affaire de quelqu'un. Ça fait ma balle :
• 19. Le beurre [la gratification] ne peut m'échapper... j'ai sous la main un couillé qui fait ma balle; ... les spectateurs le jugeront sur la mine; et le tribunal, prévenu par ses antécédens, sévira contre lui sans difficulté.
L.-F. LHÉRITIER, Suppl. aux Mémoires de Vidocq, t. 2, 1830, p. 58.
♦ Peau de balle. Absolument rien :
• 20. Ca n'sert à rien d'être aux as, ta blanche, c'est comme si t'avais peau d'balle dans ton morlingue, pisqu'y a pas d'marchands.
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 206.
♦ Peau de balle et balai de crin :
• 21. Aussi, pour nous aller pieuter à la caserne, c'est peau d'balle, balai d'crin et variétés diverses; tiens, v'là comme nous irons pieuter à la caserne! et ce disant, il eut cette mimique (...) qui consiste à se caresser la naissance de la gorge avec le revers de la main.
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re part., 7, p. 78.
D.— Emplois techn., p. anal. de forme.
1. CÉRAM. Masse de pâte homogène, en forme de boule, avec laquelle on façonne une pièce en la coulant dans un moule dont elle épouse la forme.
♦ Moulage à la balle (Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG).
3. OPT. Instrument convexe, en cuivre, utilisé pour tailler les surfaces concaves (cf. bassin).
II.— Synon. de boule :
• 22. Par degrés il se fit contre eux une masse collective de haine, comme ces balles de neige, qui, d'abord échappées à la main d'un enfant, parviennent, en se roulant sur elles-mêmes, à une grosseur monstrueuse.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 1, 1797, p. 179.
• 23. Chaque enfant reçoit un morceau de papier, à charge de le rouler en balle (...). Pourquoi le papier se met-il en boule? Parce que le creux de la main est rond.
— Pourquoi les balles de plusieurs grosseurs? Parce que les morceaux de papier n'étaient pas tous pareils...
FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 58.
• 24. Tout de suite après, commençaient les vergers, des abricotiers et des pêchers déjà couverts de ravissantes petites balles laineuses, hautes en couleurs, gaies comme des confetti.
E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 225.
PRONONC. — 1. Forme phon. :[bal]. Enq. :/bal/. 2. Homon. : bal.
ÉTYMOL. ET HIST. — V. balle2.
BBG. — DUCH. 1967, passim. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GUIRAUD (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, t. 11, n° 2, p. 46. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 250. — ROG. 1965, p. 92. — ROQUES (M.). Enfant de la balle. In : [Mél. Michaëlsson (K.)]. Göteborg, 1952, pp. 401-406. — SAIN. Lang. par. 1920, passim.
II.
⇒BALLE2, subst. fém.
Petit projectile généralement métallique, de forme sphérique ou oblongue, propulsé isolément par certaines armes de jet (fronde, etc.), par les armes à feu portatives, ou propulsé en nombre par certaines pièces d'artillerie :
• 1. Allons donc, mon cher abbé, vous radotez : croyez-vous qu'une flèche antique allât plus vite qu'une balle moderne chassée d'une arquebuse rayée?
J. DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, 1821, p. 286.
• 2. ... il défait son fusil qu'il portait en bandoulière et lâche deux coups sur Brunel. L'un des deux coups était chargé à balle et blessa le Brunel (...). Le docteur jura qu'il avait oublié que l'un des canons avait une balle...
STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 50.
• 3. Le commandeur Aspertini a trouvé à Modène des balles de fronde qui avaient été lancées en l'an 43 avant notre ère...
A. FRANCE, L'Anneau d'améthyste, 1899, p. 262.
SYNT. a) Balle d'arquebuse, de fronde, de fusil, de mitrailleuse, de mousquet, de mousqueton, de pistolet, de revolver. b) Balle(s) claquer, crépiter, percer qqc., pleuvoir, ricocher (sur), siffler; balle(s) rester dans les chairs, traverser la poitrine; balle(s) blesser, faucher, toucher qqn. c) Calibre, trajectoire d'une balle; éclats, rafale, sifflement, sillage de balle(s); à l'abri, à l'épreuve des balles. d) Abattre qqn d'une balle, loger une balle en plein cœur, mourir d'une balle, tomber sous les balles de qqn; mériter une balle dans la tête, dans la peau; se tirer une balle dans la tête, dans le cœur.
1. En partic.
a) MILITAIRE
♦ Balle d'expansion, expansive; balle creuse, évidée. Balle explosible ou explosive, balle dum-dum. Contenant un mélange explosif qui libère l'éclatement de la capsule au point d'impact.
♦ Balle traçante :
• 4. La chasse ennemie revint, tira de nouveau de toutes ses mitrailleuses; les balles traçantes tendirent autour de l'avion une toile d'araignée de traits rouges.
MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 793.
♦ Balle lumineuse :
• 5. J'ai vu là, sur l'avant, trois coups de lance divergents. Trois longues tiges verticales et brillantes. Sillages de balles lumineuses ou d'obus lumineux de petit calibre.
SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, p. 333.
♦ Boîte à balles. Projectile de certaines armes lourdes, fait d'un cylindre métallique garni de balles. Synon. boîte à mitraille.
♦ Balle mâchée (vx). Balle déformée avec les dents pour être rendue plus dangereuse.
♦ Balle de canon. ,,Se dit (...) du boulet dont on charge le canon; mais ce n'est guère que dans les phrases suivantes. Canon chargé à balle. Ce canon porte vingt-quatre livres de balle`` (Ac. 1798). Synon. boulet :
• 6. ... le patron de la jeune Amélie avait monté sur pivot, (...) deux petites couleuvrines pareilles à des fusils de remparts, qui, (...) pouvaient envoyer une jolie balle de quatre à la livre à mille pas.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 272.
♦ Balle morte. Balle qui, ayant dépassé sa portée normale d'action, a perdu vitesse et force d'impact :
• 7. — Vous avez été fusillé, et vous vivez! ... dit Camusot.
— J'avais quelques intelligences avec les soldats (...) et alors ils m'ont placé si loin que j'ai seulement reçu des balles presque mortes, ...
BALZAC, Splendeur et misères des courtisanes, 1847, p. 421.
♦ Balle perdue. Balle qui a été tirée au hasard ou a manqué son objectif. Être tué d'une balle perdue.
— P. métaph. Action, propos, qui manquent leur but :
• 8. Le combat pour le progrès veut la concentration des forces (...) Pas de balle perdue dans la bataille des principes.
HUGO, Actes et paroles, 2, 1875, p. 457.
• 9. Cependant je m'occupe de vous, je vous donne de ma substance, il m'arrive de vous parler comme si je parlais à un monde inconnu. Combien de ces paroles ont atteint leur but? Que de balles perdues!
MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, p. 1157.
♦ Pare-balles :
• 10. Il y avait en ce point, naguère, un créneau de veilleur qui a été démoli. On a refait le créneau plus bas avec deux pare-balles (...). Paradis me dit, (...) : — C'est moi qui ai arrangé ces deux boucliers-là, ...
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 257.
b) CHASSE
♦ Moule à balles :
• 11. ... des enfants, en jouant, découvraient sous un tas de copeaux et d'épluchures un sac qui contenait un moule à balles, un mandrin en bois à faire des cartouches, ...
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 36.
♦ Faire balle. Avoir un point d'impact unique identique à celui que produirait une balle :
• 12. La plaie était affreuse à voir : la charge, — du plomb de lièvre, — avait fait balle; des morceaux de toile noircie y étaient pris encore.
POURRAT, Gaspard des montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 235.
— P. métaph. :
• 13. — Ah çà! Pourquoi ne le voit-on plus? demanda le président de l'air d'un homme qui ressent une commotion produite par mille observations oubliées dont la réunion subite fait balle, pour emprunter une expression aux chasseurs.
BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, p. 68.
• 14. Devant les portraits de famille, mâcher patiemment le mot qui fera balle dans la vanité des maîtres. Ne pouvoir jamais s'enthousiasmer qu'à blanc.
RENARD, La Lanterne sourde, 1893, p. 298.
c) Argot
♦ Raide comme balle. De manière rapide, brutale et inattendue :
• 15. ... il lui passerait plutôt sur le corps avant d'arriver à la petite. Un soir, elle s'approcha du monsieur et lui envoya raide comme balle que ce qu'il faisait là n'était pas bien.
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 722.
♦ Un(e) bouffe-la-balle. Personne joufflue, gros mangeur; ,,expression apparue, peu après la conspiration du général Mallet contre Napoléon Ier, dont l'un des protagonistes avait reçu un coup de pistolet dans la bouche lors de son arrestation`` (ÉD. 1967).
— Vulg. Trou de balle. Anus.
2. Spécialement
a) MAR. Balle à queue (boulet à queue) (...). ,,Instrument de calfat dans quelques ports. C'est un boulet monté d'un manche ou queue en fer, qu'on fait fortement chauffer pour servir à la liquéfaction d'un seau de brai dans lequel on le plonge à peu près rouge`` (WILL. 1831).
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe s.
b) PÊCHE. Pêche à la balle. ,,On nomme ainsi une pêche qui se fait avec une ligne garnie dans sa longueur de petites baguettes dites baluettes, à l'extrémité desquelles sont empilés des haims, et cette ligne est terminée par une balle ou petit boulet, qui la fait caler. (...). On appelle cette pêche traîner la balle, parce qu'elle se fait en bateau sans voile`` (BAUDR. Pêches 1827).
Rem. Également attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe s. ainsi que dans Lar. 20e.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1534 jeux, jouer à la balle (RABELAIS, Gargantua, éd. Marty-Laveaux, t. 1, ch. 23, p. 86 : & iouoient à la balle, à la paulme); 2. 1534 artillerie (ID., op. cit., ch. 37, p. 138 : [Gargantua] se testonnant de son pigne [...] faisoit tomber à chascun coup plus de sept balles de bouletz qui luy estoient demourez entre ses cheveulx à la demolition du boys de Vede).
Empr. à l'ital. du Nord balla (corresp. à l'ital. palla) (BARB. Misc. t. 3, n° 2; BL.-W.5; DAUZAT68; DEI; FEW t. 151, s.v. balla) attesté au sens 1 dep. av. 1519 (LÉONARD DE VINCI [1452-1519] I, 318 dans BATT.); le sens 2 est seulement noté ,,ancien`` dans BATT. L'ital. balla est issu du longobard balla corresp. à l'a. b. frq. de même forme, v. balle3 « paquet ».
BBG. — DUCH. 1967, passim. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim.
III.
⇒BALLE3, subst. fém.
A.— Paquet de marchandises enveloppé de grosse toile et fortement ficelé pour être transporté plus aisément. Balle de marchandises; balle de laine, de coton, de café :
• 1. ... il a fallu les pourvoir [les magasins], à mi-hauteur, d'une vaste porte croisée par laquelle on fait entrer, en les hissant, les innombrables balles de marchandises qui attendent là leur chargement pour une nouvelle destination.
MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, p. 158.
— P. ext., rare. Paquet d'une certaine importance :
• 2. ... j'avise une femme âgée, proprement vêtue, mais d'aspect chétif, qui venait de poser sur un banc une espèce de grosse balle de linge et qui s'efforçait, en vain, de recharger correctement ce fardeau sur son épaule.
G. DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, p. 54.
1. En partic.
a) AGRIC. Balle de fourrage. Masse de fourrage sec comprimé mécaniquement pour améliorer sa conservation et faciliter le transport :
• 3. On cherche (...) ces fourrages charnus surtout, aux reflets sombres, qui, séchés et pressés, avant d'être expédiés, s'accumulaient en balles grises sous le haut hangar...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 209.
b) PAPET. Paquet de dix rames de papier :
• 4. ... ces bobines sont découpées en feuilles aux formats voulus, qui sont ensuite triées, comptées par mains de 24 et rames de 480 ou 500 puis, si nécessaire, pliées et pavillonnées, enfin empaquetées et mises en balles.
La Civilisation écrite, 1939, p. 18°06-8.
2. Vieilli. Gros paquet, contenant les articles à vendre, que le colporteur transporte sur son dos. Balle d'étoffes, balle de livres :
• 5. Sur le dos il avait une balle de toile, (...). De la balle s'échappaient des bouts de serviettes et de cretonne rouge. C'était un de ces colporteurs piémontais qui voyagent dans les campagnes; ils vendent aux fermes isolées du fil, des aiguilles, ...
BOSCO, Le Mas théotime, 1945, p. 186.
a) Porter la balle. Être colporteur.
Rem. De là : porte-balle « colporteur ».
— P. ext. Porter la balle. Faire du petit commerce :
• 6. Si l'on ose afficher une telle adoration pour l'argent dans l'un des salons les mieux composés de France (...) que sera-ce pour les malheureux marchands millionnaires aujourd'hui mais dont hier encore le père portait la balle?
STENDHAL, Armance, 1827, p. 29.
b) [Empl. comme compl. de nom] De balle. Marchandises de balle. ,,Celles que vendent les marchands forains appelés Porteballes, et qui sont ordinairement inférieures en qualité à celles que vendent les marchands établis dans les villes`` (Ac. 1835).
— P. compar., fam. et péj. De peu de valeur, de mauvaise qualité. Mouchoirs de balle, ciseaux de balle (Ac. 1835).
♦ [En parlant d'une pers.] Juge de balle, rimeur de balle, etc. ,,Un juge ignorant, un mauvais poëte, etc.`` (Ac. 1835).
B.— Spéc., GRAV., IMPR. ,,Frotton fait de crin pétri et de colle forte en forme de miche enveloppée d'un linge ou d'une peau`` (CHAUTARD 1937).
Rem. Utilisée avant l'invention du rouleau pour encrer les caractères, elle est encore employée en gravure sur bois pour l'encrage des planches.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1268-71 bale « paquet de marchandise, en gén. enveloppé de toile pour le transporter » (E. BOILEAU, Mestiers, 2e p., XIII, 12, var. dans GDF. Compl. : Et doivent de l'arivage de chascune bale I. den.); 1680 fig. et péj. (RICH. : Un rimeur de bale. C'est-à-dire, un mechant rimeur).
Empr. à l'a.b.frq. balla, que l'on peut déduire de l'a.h.all. balo, m.h.all. balle, all. mod. Ballen « balle de marchandise »; ces formes sont des var., de déclinaison faible, de l'all. Ball « balle, pelote », de déclinaison forte, remontant lui-même à un germ. primitif ball-, racine i.-e. bhel- « souffler, bouffer » (KLUGE20, s.v. Ballen; IEW t. 1, pp. 120-121).
L'hyp. d'un empr. à l'a. h.all. (Kluge dans Z. rom. Philol., t. 41, p. 678) convient moins bien étant donné le caractère gallo-roman du mot : l'esp. bala, fin XIIIe s. et l'ital. balla, XIVe s., sont empr. au fr. (COR.; DEI et DEVOTO). Le même argument vaut à l'encontre de l'hyp. d'un empr. au germ. antérieurement à l'invasion franque. (BRÜCH, pp. 66-67).
BBG. — DUCH. 1967, passim. — LAMMENS 1890, p. 278.
IV.
⇒BALLE4, BALE, BÂLE, subst. fém.
AGRIC., BOT. Pellicule qui enveloppe les grains des Graminées (blé, avoine, maïs, etc.) utilisée notamment pour l'alimentation animale.
Rem. Dans le lang. cour., se dit surtout à propos de l'avoine dont les balles sont préférées à la plume pour les matelas et oreillers des lits d'enfants :
• 1. ... Sa paille [du blé] était courte, mais son grain était bien nourri. Il a aussi des harmonies négatives avec l'eau par les balles de son épi. Ces balles sont ce que les botanistes appellent calices dans les autres fleurs...
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 54.
• 2. ... le jeune nourrisson
S'endormit dans la paille et la balle et le son,
Ses deux genoux pliés sous son ventre charnel.
PÉGUY, Ève, 1913, p. 815.
— P. ext., région. Menue paille :
• 3. ... il [le chaulier] la remplit d'eau [une cavité], et la recouvre d'un peu de cette menue paille, de cette balle de blé si légère.
J. DE LA VARENDE, La Normandie en fleurs, 1950, p. 121.
— P. métaph. :
• 4. C'était un navire symbole, qui flottait toujours, mais vers des rives dénudées, des révoltes sans lendemain, mutilées, avortées (...) transportant sa cargaison qui ne nourrirait jamais personne, non pas le blé d'une moisson, mais seulement un « son », une « balle », sans principes vitaux...
P. VIALAR, La Mort est un commencement, Risques et périls, 1948, p. 115.
Prononc. et Orth. Cf. balle1. Ac. 1798 et 1932 enregistrent uniquement balle. Cf. aussi DG, Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Ac. 1835 consacre à bâle une vedette de renvoi à balle en signalant que ,,les botanistes écrivent plus ordinairement bâle``. Ac. 1878, s.v. balle, renvoie à bale. On trouve les formes bâle et bale à côté de balle dans LITTRÉ; la forme bale seule à côté de balle dans ROB. et Pt ROB. Homon. et homogr. : balle1, balle2, balle3. Étymol. et Hist. Ca 1220 agric. « enveloppe des grains de céréales » (PEAN GATINEAU, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 9851 dans T.-L. : De la balle fesoient coites Et le grain a lor pors donoient), attest. isolée; 1549 bale (EST.). Orig. incertaine. L'existence d'une part, de la forme de l'Ouest bel, bele (Maine et Loire, ALF point 1452 d'apr. Gamillscheg dans Z. rom. Philol., t. 43, p. 563) dont le vocalisme peut représenter un -a- accentué libre, d'autre part des formes bavo, bago, attestées dans le Massif Central et dont le consonantisme représente un traitement local du -l- intervocalique (différent du traitement du -ll-) devenu -v- et -g- (Dauzat dans Fr. mod. t. 21, p. 110), supposent un prototype bela et non balla. Gamillscheg (loc. cit., p. 564 et EWFS2) et Dauzat (loc. cit. et DAUZAT 1968) attribuent à ce prototype une orig. celt. : bala serait une forme collective d'un gaul. balu qui remonterait à la racine i.-e. bh(e)l- « gonfler, bouffer », élargie en bh(e)legh- « enfler » qui apparaît dans le gaul. bulga « sac de cuir », le britannique bolc'h « cosse de lin », le kymr. bùl « gousse », v. aussi IEW, p. 120, 125 et 126. Dans cette hyp., la forme en -a- (bale) serait issue des dial. du Sud-Ouest où a- suivi de -l- demeure, d'autre part l'a. fr. baler « vanner » (au fig. ca 1160, B. DE STE MAURE, Ducs Normandie, II, 9200, Michel dans GDF. : Dites lui bien, c'en est la summe. Que ja ne serom mais si home, C'est mais tot escos e balé, N'il a nos sire n'avoé), est à rattacher au mot étudié et différent de l'a. fr. baler (baller). L'hyp. d'un subst. verbal de l'a. fr. baler « vanner », considéré comme même mot que l'a. fr. baler, baller « danser » (FEW t. 1, p. 219b et BL.-W.5), fait difficulté du point de vue phonét., parce que ne pouvant rendre compte des formes dial. énumérées plus haut.
STAT. — Balle 1, 2, 3, 4. Fréq. abs. littér. :2 313. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 873. b) 4 334; XXe s. : a) 3 519, b) 3 799.
BBG. — DAUZAT (A.). Balle. Fr. mod. 1953, t. 21, p. 110. — NYSTEN 1824. — STIMM (H.). Zu gallo-romanisch balaier. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1958, p. 797.
1. balle [bal] n. f.
ÉTYM. 1534; ital. balla, forme dial. de palla.
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1 Petite sphère élastique dont on se sert pour divers jeux. ⇒ 1. Ballon, pelote. || Balle de base-ball, de cricket, de golf, de hockey, de ping-pong, de tennis… — Anciennt. || Balle de paume. ⇒ Éteuf. || L'art des exercices de la balle dans l'Antiquité. ⇒ Sphéristique. || Jouer à la balle. || Lancer, envoyer, recevoir, relancer, renvoyer la balle. || Empaumer la balle. || Crosser la balle, la pousser avec une crosse (hockey). || La balle rebondit. ⇒ Bond, rebond. || Prendre la balle au bond, en volée, de volée, en demi-volée (au tennis). — Couper la balle, la frapper de manière à lui imprimer un mouvement de rotation sur elle-même (notamment au tennis). || Donner de l'effet à une balle. (Tennis). || Balle amortie, brossée, liftée, smashée, travaillée… || Balle let; balle out.
♦ Par ext. Coup. — Au tennis. || Faire des balles, faire quelques balles : faire quelques échanges sans compter les points, pour se mettre en train. || Balle de service. || Balle de jeu, de set, de match : le coup qui décide du jeu, du set, du match. || Une belle balle : un beau coup. || Une balle bien placée. || Une bonne balle, une balle qui marque.
1 D'abord on joua à la paume de la main nue ou avec un gant double, dans la suite quelques-uns mirent à leur main des cordes et tendons pour renvoyer la balle avec plus de force, et de là on imagina la raquette.
Saint-Foix, Essai d'une histoire sur Paris.
1.1 Annette, d'un côté, sa jupe noire relevée, nu-tête, montrant ses chevilles et la moitié du mollet lorsqu'elle s'élançait pour attraper la balle au vol, allait, venait, courait, les yeux brillants et les joues rouges, fatiguée, essoufflée par le jeu correct et sûr de son adversaire.
Lui, la culotte de flanelle blanche serrée aux reins sur la chemise pareille, coiffé d'une casquette à visière (…) attendait la balle avec sang-froid, jugeait avec précision sa chute, la recevait et la renvoyait sans se presser, sans courir, avec l'aisance élégante, l'attention passionnée et l'adresse professionnelle qu'il apportait à tous les exercices (…) Cette distraction d'une seconde la perdit. La balle passa contre elle, rapide et basse, presque roulante, toucha terre et sortit du jeu.
Maupassant, Fort comme la mort, p. 199-200.
2 (…) le chat bondit sur le parquet, plus mol et plus élastique que la balle de laine qui nous sert de joujou.
Colette, Histoires pour Bel-Gazou, XIV.
2.1 A la fin je la lui ai donnée et il l'a prise dans sa gueule, doucement, doucement. Une petite balle de caoutchouc, vieille, noire, pleine, dure (…) J'aurais pu la garder (…) Mais je l'ai donnée au chien.
S. Beckett, la Dernière Bande.
2.2 La grosseur en est à peu près celle d'une balle de tennis, mais la matière fait penser davantage à celles — beaucoup plus petites — qu'on utilise au jeu de ping-pong : une sorte de celluloïd blanc, opalescent, translucide, très brillant, qu'on prendrait de loin pour du verre d'une extrême minceur.
A. Robbe-Grillet, Souvenirs du triangle d'or, p. 157.
♦ Balle-au-chasseur : jeu qui consiste à atteindre de la balle l'un ou l'autre des joueurs du jeu, dans sa course.
2.3 Je me souviens d'avoir passé toute une récréation enfermé dans les cabinets tant j'avais peur de la « balle-au-chasseur » lancée contre moi à bout portant (…)
F. Mauriac, Un adolescent d'autrefois, p. 26.
♦ Balle au panier. ⇒ Panier (cit. 8.2); basket-ball.
♦ Par compar. (→ 2., renvoyer la balle) :
2.4 Analysez le dialogue entre la mère et l'enfant, vous verrez que l'enfant renvoie les mots comme des balles, et admire qu'il s'entende lui-même comme il entend l'autre (…)
Alain, les Arts et les Dieux, Pl., p. 1225.
♦ (Sports; sous l'infl. de l'angl. ball « ballon »). Ballon. || Brosser la balle. || Contrôle de la balle. ⇒ Amorti, blocage. || Balle au centre. || La balle est entrée dans les buts. || Passe-moi la balle ! ⇒ Boule.
2 ☑ Loc. fig. Prendre, saisir la balle au bond : saisir avec à-propos une occasion favorable.
2.5 Je saisis donc la balle au bond pour prendre, sur Mme Lenoir, une revanche éclatante des deux ou trois moments que les paradoxes, assez serrés, de Lenoir m'avaient fait passer — et dont mon cœur ne pardonnerait jamais l'humiliation.
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 117 (1887).
♦ ☑ À vous, à lui la balle : c'est à vous, à lui de parler ou d'agir. ☑ La balle est dans votre (son…) camp (même sens).
♦ ☑ Vx. Au bon joueur, au joueur la balle : l'occasion d'agir, de parler, se présente pour celui qui le mérite.
3 Il m'est tombé des nues le plus beau chapelet du monde; c'est assurément parce que je le dis si bien : la balle au bon joueur.
Mme de Sévigné, Lettres, 818, 12 juin 1680.
♦ ☑ Renvoyer la balle, se renvoyer la balle : répliquer avec vivacité, discuter avec animation, et aussi se décharger sur quelqu'un d'une obligation ennuyeuse.
4 Le roi ne prit pas son parti (de Chamillart), et le laissa malmener par Boufflers et Harcourt, qui se renvoyaient la balle.
Saint-Simon, Mémoires, 232, 99.
♦ ☑ (1690; interprété comme « fils du maître d'un jeu de paume »; selon Guiraud, il s'agit de 2. balle, et de enfant « membre d'une association » de merciers ou mercelots). Enfant de la balle : personne (comédien, artiste de cirque, etc.) née dans le métier.
5 (…) un homme qui n'était pas enfant de la balle, et qui avait appris la musique tout seul.
Rousseau, les Confessions, VII.
6 Loin d'avoir été amenée à l'état que je fais par catastrophes du sort, ruines inouïes ou aventures romanesques, j'y suis née, étant, comme on dit, enfant de la balle.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, VI.
♦ ☑ Fam. Raide comme balle : avec rudesse.
6.1 (…) Rouletabille (…) me dirait mon fait, raide comme balle.
G. Leroux, le Parfum de la dame en noir, p. 150.
———
II (XVIe). Petit projectile métallique dont on charge les armes portatives, les armes automatiques et certaines pièces d'artillerie. ⇒ Tir. || Balle de revolver, de fusil, de mitraillette, de mitrailleuse. ⇒ Plomb; (fam. ou argot) bastos, berlingot, prune, pruneau, valda. || Petite balle. ⇒ Chevrotine. || Obus à balles. ⇒ Shrapnell. || Balle de plomb, d'acier. || Balle blindée. || Balle sphérique, cylindrique; cylindro-ogivale. || Le calibre d'une balle. || La douille et l'amorce d'une balle. ⇒ Cartouche. || Balle explosible, explosive. || Balle dum-dum. || Balle traçante. || Boîte à balles : boîte à mitraille. || Moules à balles, dans lesquels on coule le métal fondu pour la fabrication des balles. || Tirer à balles. || Arme chargée à balles. || Mettre, loger une balle dans la cible, dans le but. || La trajectoire d'une balle. || Le sifflement d'une balle. || Voiture à l'épreuve des balles. ⇒ Pare-balles. || Balle morte, qui n'a plus assez de force pour blesser qqn. || Balle perdue. || Être atteint, blessé, frappé par une balle. || Être blessé par balle. || Tomber percé, criblé de balles. || Se tirer une balle dans la tête. ☑ Fam. Recevoir douze balles dans la peau : être exécuté par le peloton.
7 On lui demanda juridiquement ce qu'il aimait le mieux d'être fustigé trente-six fois par tout le régiment, ou de recevoir à la fois douze balles de plomb dans la cervelle (…)
Voltaire, Candide, 2.
8 Je n'ai jamais vu un pareil regard : quand la colère y montait, la prunelle étincelante semblait se détacher et venir vous frapper comme une balle.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, 1.
9 Deux ou trois balles sifflent encore, plus rasantes, celles-ci; on les voit ricocher, comme des sauterelles dans l'herbe.
Loti, Pêcheur d'Islande, III, p. 136.
10 Dans son esprit simple et nu, les idées se logent comme des balles dans un mur.
France, le Lys rouge, III.
11 Il fut tué dès 1914. La balle entra par l'épaule, et chemina jusqu'au cœur, comme un ver (…)
Giraudoux, Bella, V.
12 Depuis l'instant où ce garçon d'hôtel (…) avait annoncé d'une voix rogue que « le monsieur de la chambre 9 venait de se tirer une balle dans la tête » (…) toute sa pensée avait été pour le blessé.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 236.
12.1 Ah ! dame, s'il y a des gosses trop tendres qui ont une hésitation, on les fusille immédiatement, douze balles dans la peau, vlan !
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 748.
♦ ☑ Loc. Trou de balle. ⇒ Trou.
♦ ☑ Fig. Faire balle : frapper comme fait une balle (expression empruntée des chasseurs); atteindre au point sensible. ⇒ Mouche (faire mouche), toucher.
13 (…) une commotion produite par mille observations oubliées dont la réunion subite fait balle pour employer une expression aux chasseurs.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 581.
14 Malgré lui (l'empereur), fusait parfois, une brève objection qui faisait balle (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. VI, p. 59.
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III (Par métaphore de 1. balle ou 2. balle).
1 Fam. Figure. ☑ Avoir une bonne balle, une figure, une tête sympathique. ⇒ Bille, bouille, boule.
♦ ☑ Loc. Peau de balle : absolument rien. ⇒ Peau (cit. 26). Peau de balle et balai de crin !
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COMP. Passe-balles, tire-balles, pare-balles.
HOM. Bal, 2. balle, 3. balle ou bale, 4. balle.
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2. balle [bal] n. f.
ÉTYM. 1268, bale; selon Wartburg, du francique balla, cf. all. Ballen « ballot » (→ Déballer, emballer), mais Guiraud fait remonter le mot au lat. ballare « danser », d'où « fouler ».
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1 Gros paquet de marchandises généralement enveloppé de toile et lié de cordes. ⇒ Sac. || Faire, défaire une balle de coton. || Expédier par bateau mille balles de laine. || Marchandise en balles. || Mettre en balle. ⇒ Emballer. || Petite balle. ⇒ Ballot, colis. || Mise en balle. ⇒ Emballage. || Une balle de café. ⇒ Farde.
0.1 Les charges étaient toutes faites et, sur chaque balle, on lisait en gros caractères : POUR BAGDAD.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. II, p. 349.
1 Les emballeurs, chargeurs et déchargeurs sous corde pour faire toutes sortes de balles, ballots…
Arrêt du Conseil d'État, 15 oct. 1622.
2 Céluta tomba évanouie sur des balles de marchandises qui couvraient le quai (…)
Chateaubriand, les Natchez, II, 242.
3 Des tonneaux d'huile, des balles de laine, des caisses de fils jalonnaient la longue cour de l'usine.
A. Maurois, Bernard Quesnay, III, p. 20.
♦ Agric. || Balle de paille, de fourrage : gros paquet de paille, de fourrage, compressé et ficelé par une lieuse mécanique. ⇒ Botte.
2 Vx. Ballot d'un colporteur, qui contient sa marchandise. || Marchandise de balle.
4 Ne vous inquiétez pas du terme d'avance; vous payerez après; nous ravitaillerons même votre balle de colporteur (…)
Louise Michel, la Misère, t. III, p. 486.
♦ Fig., péj. || De balle : de mauvaise qualité, sans valeur. || Rimeur de balle.
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DÉR. Ballot, balluchon.
HOM. Bal, 1. balle, 3. balle ou bale, 4. balle.
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♦ Enveloppe des graines de céréales. ⇒ Glume, glumelle. || On détache les balles de l'épi par le battage. || Les balles sont un riche aliment pour les animaux. || La balle d'avoine est employée pour faire des paillasses.
REM. Le mot, par suite des nombreuses homonymies, est rare en emploi isolé (les syntagmes, comme balle d'avoine, sont plus usuels).
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HOM. Bal, 1., 2., 4. balle.
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4. balle [bal] n. f.
ÉTYM. 1655, « livre », puis « franc »; orig. incert., p.-ê. de 1. balle par l'idée de rondeur. → Rond.
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♦ (Toujours au plur. et avec un numéral). Fam. Franc. || Une pièce de dix balles. || J'en ai eu pour deux cents balles.
1 — Je suis heureux de vous avoir rencontré, lui dit-il en empochant les cinq balles (…)
R. Queneau, le Chiendent, p. 68.
2 Recevez de mon notaire les 30 balles ces jours-ci.
G. Nouveau, Lettre à Verlaine, janv. 1878, Correspondance, Pl., p. 851.
REM. Appliqué aux anciens francs jusqu'à la réforme monétaire, le mot est utilisé indifféremment pour « franc » (nouveau) ou « centime ». T'as pas cent balles ? (un franc). J'ai payé ce bouquin cent balles (cent francs).
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HOM. Bal, 1., 2. balle, 3. balle ou bale.
Encyclopédie Universelle. 2012.