avilir [ avilir ] v. tr. <conjug. : 2> I ♦ V. tr.
1 ♦ Rendre vil, indigne de respect, méprisable. ⇒ abaisser, corrompre, déconsidérer, 1. dégrader, déshonorer, diminuer, discréditer, 1. flétrir, prostituer, rabaisser, ravaler, souiller. Ils « commencèrent par travailler à m'avilir, pour parvenir dans la suite à me diffamer » (Rousseau). — (Sujet chose) Violences, tortures qui avilissent l'homme. « Le désordre et le péché qui partout ternissent, avilissent, tachent et déchirent ce monde » (A. Gide). Son comportement l'avilit.
2 ♦ Spécialt ou littér. Abaisser la valeur, rendre de vil prix. ⇒ déprécier. L'inflation avilit la monnaie.
II ♦ S'AVILIR v. pron.
1 ♦ Devenir vil, abject. ⇒ déchoir, 1. se dégrader. S'avilir par des lâchetés. « Il s'avilissait, se ravalait peu à peu au niveau de ce peuple d'ivrognes » (Loti).
2 ♦ Perdre de sa valeur, de son prix. ⇒ se déprécier, se dévaluer. Ces marchandises se sont avilies. Les cours se sont avilis, effondrés.
⊗ CONTR. Élever, exalter, glorifier, honorer. Enchérir, hausser. Améliorer, revaloriser.
● avilir verbe transitif (de vil) Abaisser quelqu'un jusqu'à le rendre méprisable, lui faire perdre sa dignité ; dégrader, déshonorer : De tels mensonges vous avilissent. Vieux. Faire perdre à une chose sa valeur ; déprécier : L'inflation a avili le franc. ● avilir (synonymes) verbe transitif (de vil) Abaisser quelqu'un jusqu'à le rendre méprisable, lui faire perdre sa...
Synonymes :
- abaisser
- déconsidérer
- dégrader
- déshonorer
- discréditer
- flétrir
- humilier
- ravaler
Contraires :
- élever
- ennoblir
- réhabiliter
- relever
Faire perdre à une chose sa valeur ; déprécier
Contraires :
avilir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Litt. Déprécier, abaisser la valeur de. Avilir une monnaie.
d2./d Rendre méprisable. Avilir son nom. Syn. déconsidérer.
rII./r v. Pron. Se déprécier, se dégrader. Marchandises qui s'avilissent. S'avilir par des bassesses.
⇒AVILIR, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Rendre vil, dégrader, abaisser.
1. [Le compl. désigne une pers.] Avilir qqn. Sa conduite l'avilit aux yeux de tout le monde (Ac. 1835-1932, BESCH. 1845, Lar. 19e) :
• 1. Je suis environné de trop de témoignages pour rester encore dans le doute. Homme, toutes tes fonctions prises dans leur vrai sens, et purgées des abus qui les avilissent et les corrompent, me présentent sans cesse des torts à redresser et des maux à guérir.
SAINT-MARTIN, L'Homme de désir, 1790, p. 127.
2. [En parlant des attributs d'une pers. : caractère, dignité, charge, rang, etc.] :
• 2. Les lettres (...) s'accordent à dire que le peuple familiarisé avec les supplices, habitué à voir tomber chaque jour les têtes des plus illustres personnages, à entendre outrager la majesté royale, et avilir un nom auguste qu'on a cherché à remplacer par une ridicule dénomination, que ce peuple abreuvé de sang avait confondu le supplice de la reine, avec celui de mille autres victimes...
SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1887.
• 3. ... la vérité sera connue, et l'on s'indignera, se demandant qu'ont à faire de pareils traitements avec la sûreté du prisonnier. D'un autre côté, si tout cela n'était qu'un excès de zèle dans Sir Hudson Lowe, cet excès de zèle condamne son cœur, avilit son caractère, déshonore sa mémoire.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 428.
B.— Faire perdre de sa valeur, déprécier.
1. COMM. et FIN. Il ne faut pas avilir la marchandise (Ac. 1798-1932, BESCH. 1845). L'inflation avilit la monnaie (ROB.). L'inflation avilit le franc (DUB.) :
• 4. ... les fils noués par M. Madeleine se brouillèrent et se rompirent; on falsifia les procédés, on avilit les produits, on tua la confiance; les débouchés diminuèrent, moins de commandes; le salaire baissa, les ateliers chômèrent, la faillite vint.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 437.
• 5. ... la découverte d'excellents filons (...) lui avait porté [à Delaveau] un coup terrible, en avilissant le prix de la matière première.
ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 75.
2. Au fig. Dégrader. Avilir des valeurs morales (ROB.) :
• 6. ... il [le mysticisme] élève tellement la foi au-dessus des œuvres, qu'il avilit les œuvres et en inspire le dédain.
COUSIN, Cours d'hist. de la philos. mod., t. 2, 1847, p. 147.
— Emploi abs. Abaisser, dégrader :
• 7. Achetez l'amour. L'amour qui ne s'élève point s'abaisse. Vous sentirez une fureur d'humilier et d'avilir.
ALAIN, Propos, 1926, p. 683.
II.— Emploi pronom.
A.— [En parlant d'une pers.] Devenir vil, se dégrader, s'abaisser. Cet homme s'est avili (lui-même) par ses bassesses (Ac. 1798-1932, BESCH. 1845, Lar. 19e). S'avilir à ses propres yeux (Ac. 1835-1932, BESCH. 1845) :
• 8. ... il tombait tout à fait bas comme tant d'autres qui, eux aussi, avaient été bons et braves; il s'avilissait, se ravalait peu à peu au niveau de ce peuple d'ivrognes; et sa débauche devenait repoussante et vulgaire comme une débauche d'ouvrier.
LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 236.
B.— Rare, COMM. et FIN. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Perdre de sa valeur, se déprécier. Les marchandises s'avilissent par leur abondance (BESCH. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). Les cours se sont avilis, effondrés (ROB.). Le pouvoir d'achat s'avilissait (DUB.) :
• 9. ... nous avons bien vu la forme de la richesse changer déjà une fois, lorsque la valeur de la terre a baissé, que la fortune foncière, domaniale, les champs et les bois, a décliné devant la fortune mobilière, industrielle, les titres de rente et les actions, et nous assistons aujourd'hui à une précoce caducité de cette dernière, à une sorte de dépréciation rapide, car il est certain que le taux s'avilit, que le cinq pour cent normal n'est plus atteint...
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 306.
PRONONC. :[], j'avilis [].
ÉTYMOL. ET HIST. — [La forme avillir indiquée ds GDF. Compl. pour CHR. DE TROYES, Erec et Enide, B.N. 375, [P] f° 7e ne figure pas parmi les var. de l'éd. W. Foerster au passage cité, v. 1560] 1. XIIIe s. [date du ms.] avillir « rendre vil, indigne d'estime » (La Première Continuation de Perceval, ms. ASP, éd. W. Roach, v. 6798 : Trop m'averïes avilli [leçon isolée de P, tous les autes mss qui contiennent ce passage ont avileni]); 2. a) 1587 pronom. « se rendre vil, indigne d'estime » (LANOUE, Discours politiques, p. 519 ds GDF. Compl. : Ils se vont chacun jour avilissans a choses indignes); b) 1690 pronom. « se déprécier, perdre de sa valeur » (FUR. : Les marchandises s'avilissent, quand elles ne sont plus à la mode, quand elles n'ont plus de debit).
Dér. de vil; préf. a-1; dés. -ir.; s'est substitué à l'a. fr. avillier, parfois aviler très cour. dep. ca 1168, CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 1560.
STAT. — Fréq. abs. littér. :642. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 494, b) 467; XXe s. : a) 784, b) 731.
avilir [aviliʀ] v. tr.
ÉTYM. XIIIe, avillir; de 1. a-, et vil.
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1 (Sujet n. de personne ou de chose). Rendre vil, indigne de respect, méprisable. ⇒ Abaisser, corrompre, déconsidérer, dégrader, déshonorer, discréditer, flétrir, prostituer, rabaisser, ravaler, souiller. || Avilir qqn. || Avilir le caractère de qqn. || Humilier et avilir qqn. || Violences, tortures qui avilissent l'homme. — REM. Alors que humilier désigne un effet sur la psychologie subjective, avilir concerne la nature même de l'être. — Faire considérer comme méprisable. || Avilir qqn aux yeux de la société. || Avilir les sentiments de qqn. — (Sujet n. de chose). || Un tel comportement l'avilit. — Absolt. || Le pouvoir avilit.
1 La cour de Claudius, en esclaves fertile (…)
Qui tous auraient brigué l'honneur de l'avilir (César).
Racine, Britannicus, I, 2.
2 Souffrir qu'on insulte et qu'on avilisse devant eux la foi de leurs pères !
Massillon, Respect de la religion, 2.
3 Ta secte obscure et basse avilit les mortels (…)
Voltaire, Mahomet, II, 5.
4 Que vous avilissiez l'honneur de votre rang
Jusqu'à vous compromettre avec un misérable (…)
Voltaire, les Scythes, IV, 1.
5 (…) de soi-disant amis, qui (…) commencèrent par travailler à m'avilir, pour parvenir dans la suite à me diffamer.
Rousseau, les Confessions, VIII.
6 (…) la commisération qu'il (Grimm) feignait d'avoir pour moi tendait bien moins à me servir qu'à m'avilir.
Rousseau, les Confessions, IX.
7 (…) Tout leur faisait croire, à Grimm et à elle (Mme d'Épinay) qu'en me poussant à la dernière extrémité, ils me réduiraient à crier merci, et à m'avilir aux dernières bassesses (…)
Rousseau, les Confessions, X.
8 L'éclat de toutes les vertus ornait à mes yeux l'idole de mon cœur; en souiller la divine image eût été l'anéantir. J'aurais pu commettre le crime, il a cent fois été commis dans mon cœur; mais avilir ma Sophie ? Ah ! cela se pouvait-il jamais ?
Rousseau, les Confessions, IX.
9 Un roi qu'on avilit tombe.
Hugo, la Légende des siècles, XV, « Le petit roi de Galice », IV.
10 (…) si l'esclavage ne déshonore pas la domesticité avilit.
Hugo, Bug-Jargal, p. 7.
11 (…) l'aumône avilit également celui qui la reçoit et celui qui la fait.
France, M. Bergeret à Paris, p. 440 (→ Aumône, cit. 14).
12 (…) le désordre et le péché qui partout ternissent, avilissent, tachent et déchirent ce monde.
Gide, la Symphonie pastorale, p. 38.
12.1 Il était et il est impossible à une victime des camps de concentration d'expliquer à ceux qui l'avilissent qu'ils ne doivent pas le faire.
Camus, Actuelles I, Le témoin de la liberté, in Essais, Pl., p. 402.
2 Spécialt ou littér. Abaisser la valeur de. ⇒ Déprécier. || L'abondance de cette marchandise l'a avilie, en a bien avili le prix (Académie). || L'inflation avilit la monnaie. — Fig. || Avilir des valeurs morales.
13 Je sais que par là, j'acquiesce à la commercialisation de certaines valeurs morales, que par là, je les déprécie et les avilis, que la vie, la mort, la souffrance, la joie, du fait même que je leur laisse assigner une valeur marchande, perdent une partie de leur valeur humaine (…)
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XII, p. 197.
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s'avilir v. pron.
ÉTYM. (1587).
1 Devenir vil, abject. || S'avilir soi-même. || S'avilir par ses bassesses, ses platitudes, ses lâchetés. || S'avilir dans une vie abjecte, dans la fréquentation de gens interlopes. ⇒ Dégrader (se).
14 N'est-ce pas s'avilir soi-même que de dépriser à ce point toute l'humanité ?
Massillon, Petit carême, Humanité des grands.
15 Et je vous apprendrai qu'on peut, sans s'avilir,
S'abaisser sous les dieux, les craindre, et les servir.
Voltaire, Sémiramis, II, 7.
16 Moi, jaloux ! qu'à ce point ma fierté s'avilisse !
Voltaire, Zaïre, I, 5.
17 (…) elle (la liberté) ne s'évanouit dans notre âme que quand le cœur se flétrit et que l'esprit s'avilit ou se décourage.
Lamartine, Graziella, I, 4, 9.
18 (…) il s'avilissait, se ravalait peu à peu au niveau de ce peuple d'ivrognes (…)
Loti, Mon frère Yves, LVIII.
19 Vasselage où l'esprit s'avilit.
Gide, Journal, 18 mai 1930.
20 (…) les désirs troubles, les obscures pensées, qui le poussent traîtreusement à s'avilir et à s'anéantir (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, p. 207.
2 (1690). Perdre de sa valeur, de son prix. ⇒ Déprécier (se), dévaluer (se). || Ces marchandises se sont avilies. || Les cours se sont avilis, effondrés. ⇒ Baisser. || La monnaie s'avilissait un peu plus chaque jour.
21 Et qu'on ne dise pas que je répands ici de fausses terreurs, que les billets de la caisse d'escompte ne s'avilissent point (…)
Mirabeau, Collection, t. II, p. 402.
♦ Figuré :
22 Saint-Augustin dit que ces merveilles (de l'univers) se sont avilies par leur répétition (…)
Fénelon, Traité de l'existence de Dieu, 3.
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avili, ie p. p. et adj.
♦ ⇒ Vil; abject, déprécié, méprisable.
23 (…) plonger plus avant (sous le joug) leurs peuples avilis (…)
Corneille, Sertorius, II, 1.
24 Après avoir quitté la suprême puissance, vous êtes demeuré avili, obscur, inutile, abattu (…)
Fénelon, Dial. des morts anciens, 38.
25 Où sont-ils ces hommes grossiers qui ne prennent les transports de l'amour que pour une fièvre des sens, pour un désir de la nature avilie ?
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, II, Lettre XIII.
26 Je ris de ces peuples avilis qui, se laissant ameuter par des ligueurs, osent parler de liberté sans même en avoir l'idée et, le cœur plein de tous les vices des esclaves, s'imaginent que, pour être libres, il suffit d'être des mutins.
Rousseau, Du contrat social, Politique, VI.
27 Je sentis, en m'éveillant le lendemain, un si profond dégoût de moi-même, je me trouvai si avili, si dégradé à mes propres yeux (…)
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, II, 1.
28 (…) en peignant la misère si laide, si avilie, parfois si vicieuse et si criminelle, leur but est-il atteint, et l'effet en est-il salutaire, comme ils le voudraient ?
G. Sand, la Mare au diable, I.
29 La voix a le vieil accent parisien, dont celui des faubourgs actuels sous une forme dégénérée, avilie (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, p. 27.
30 Par quel affreux miracle ce pays si grand, si varié (…) se trouve-t-il avili, enlaidi ?
G. Duhamel, Scènes de la vie future, VII, p. 115.
31 Dans les régions que nous avons traversées ce n'étaient que races piétinées non tant viles peut-être qu'avilies, esclavagées, n'aspirant qu'au plus grossier bien-être (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 815.
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CONTR. Élever, ennoblir, relever; exalter, glorifier, honorer, réhabiliter. — Enchérir, hausser, monter, renchérir. — Améliorer, revaloriser.
DÉR. Avilissant, avilissement, avilisseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.