courber [ kurbe ] v. tr. <conjug. : 1>
• XIIe; lat. curvare
1 ♦ Rendre courbe (ce qui est droit). ⇒ arquer, arrondir, bomber, cintrer, couder, fléchir, gauchir, gondoler, incurver, infléchir, pencher, plier, recourber, replier, tordre, voûter. Courber une branche. Courber au feu une barre de fer.
2 ♦ Pencher en abaissant. La vieillesse l'a courbé. Courber le front, la tête sur un livre. ⇒ incliner. Il « incline devant Dieu des épaules que, le reste du temps, le labour courbe vers la terre » (Suarès). — Fig. Courber la tête, le front, en signe de soumission. ⇒ céder, obéir, se soumettre. Refuser de courber la tête devant une autorité. Allus. hist. Courbe la tête, fier Sicambre. Courber l'échine.
3 ♦ Région. et fam. Manquer (l'école, la classe, un cours). ⇒ sécher.
4 ♦ Intrans. Devenir courbe. ⇒ ployer. Courber sous le poids, le faix.
5 ♦ SE COURBER v. pron. Être, devenir courbe. — (Choses) La cataracte « se courbe en fer à cheval » (Chateaubriand). — (Personnes) Se baisser. « Il entra, obligé de se courber en deux comme un gros ours » (Loti). — Spécialt Se courber pour saluer. ⇒ s'incliner; courbette. Se courber en signe d'humiliation. ⇒ se prosterner. — Fig. et littér. Se soumettre.
⊗ CONTR. Dresser, raidir, redresser. Relever (se).
● courber verbe transitif (latin populaire curbare, du latin classique curvare) Rendre quelque chose courbe, l'infléchir ; plier, recourber : Le vent courbait les arbres. Donner au corps une forme courbe en inclinant, en penchant le buste, la tête, les épaules : Il était si grand qu'il marchait en courbant les épaules. ● courber (citations) verbe transitif (latin populaire curbare, du latin classique curvare) saint Remi ?-vers 530 Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. Commentaire D'après Grégoire de Tours, saint Remi, archevêque de Reims et apôtre des Francs, aurait prononcé ces paroles en baptisant Clovis à Reims le jour de Noël 496. ● courber (expressions) verbe transitif (latin populaire curbare, du latin classique curvare) Familier. Courber l'école, en Suisse, faire l'école buissonnière. Courber le front, la tête, le dos, l'échine, s'incliner en signe de soumission, d'humilité ; se soumettre. ● courber (synonymes) verbe transitif (latin populaire curbare, du latin classique curvare) Rendre quelque chose courbe, l'infléchir ; plier, recourber
Synonymes :
- arquer
- arrondir
- bomber
- busquer
- cintrer
- couder
- gauchir
- incurver
- infléchir
- plier
- ployer
- tordre
Contraires :
- aplanir
- dresser
Donner au corps une forme courbe en inclinant, en penchant...
Synonymes :
- pencher
Contraires :
- lever
- relever
● courber
verbe intransitif
Littéraire. Courber sous le poids, le faix, avoir du mal à supporter une charge trop lourde ; plier, ployer.
● courber (expressions)
verbe intransitif
Littéraire. Courber sous le poids, le faix, avoir du mal à supporter une charge trop lourde ; plier, ployer.
courber
v.
rI./r v. tr.
d1./d Rendre courbe. Courber une branche.
d2./d Fléchir, baisser. Il doit courber la tête pour passer la porte.
— Fig. Courber le front, la tête: témoigner sa soumission.
rII./r v. intr.
d1./d Plier, fléchir, devenir courbe. Courber sous le poids.
d2./d (Suisse) Tourner; prendre un virage.
rIII/r v. Pron.
d1./d Devenir courbe. Pièce qui se courbe à la chaleur.
d2./d Fig. Céder, se soumettre. Je refuse de me courber devant lui.
⇒COURBER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Rendre courbe.
1. Courber un objet; courber des branches, un bâton, des arbres. Quelques autres [lépreux] courbaient des nasses d'osier, ou taillaient des hanaps de buis (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 157). Leurs [des déesses des eaux] chevelures de pourpre emmêlées de perles que semblait avoir courbées l'ondulation du flux (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 40) :
• 1. Courtiser Messaline, infante aux sens troublés,
Très belle, quoi qu'on fasse,
Ou Camille, aux bras nus, qui courait sur les blés
Sans courber leur surface; ...
BANVILLE, Les Cariatides, Auguste Supersac, 1842, p. 177.
— Emploi abs. Ainsi le vent, qui n'a point de poids ni d'odeur, connaît qu'il existe en creusant les blés. « Je suis, pense-t-il, puisque je courbe » (SAINT-EXUP., Citadelle, 1944, p. 920).
2. Courber une partie du corps. Sa taille [de Françoise] que l'âge commençait à courber (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 896).
— P. méton. Courber une personne. Un mal courbe ma mère et lui brûle le foie (A. FRANCE, Poésies, 1876, p. 138).
B.— Pencher, en l'abaissant, une partie du corps. Courber sa tête sur les livres :
• 2. Il fallut après franchir un espace découvert. La fausse Hora laissa prendre de l'avance à Poëri, courba sa taille, se fit petite et rampa contre le sol.
T. GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, p. 270.
• 3. Il s'est tenu trente ans de suite à la porte de son magasin de nouveautés, courbant l'échine devant les gens qui entraient, et disant : — « Qu'y a-t-il pour le service de Madame? ... »
TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de M. F.-T. Graindorge, 1867, p. 32.
♦ P. méton. Le héros est courbé au labeur comme un animal de trait (BAUDEL., Salon, 1845, p. 21).
— En partic. [En signe de soumission] Courber la tête, le front, le genou :
• 4. Mais, dès qu'ils arrivaient devant le flamboiement,
Les clairons effarés se taisaient brusquement,
Tout ce bruit s'éteignait. Reculant en désordre,
Leurs chevaux se cabraient et cherchaient à les mordre,
Et la lance et l'épée échappaient à leur poing.
En voyant la lueur qu'ils ne comprenaient point,
Ils s'arrêtaient, courbant leurs faces étonnées;
Ils avaient ce front bas des bêtes enchaînées
Quand, le loup étant pris au piège et garrotté,
L'air terrible fait place à l'air épouvanté.
HUGO, La Légende des siècles, t. 6, La Vision de Dante, 1883, p. 346.
♦ Courber la tête. Se résigner :
• 5. Sa mort. — Il en appelle à la nature, aux espaces. Il courbe la tête. Il se rend à la mort, il s'abandonne entre les mains de la mort.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 13, 1921-22, p. 205.
— P. métaph. [Le compl. d'obj. désigne une abstraction] :
• 6. Vraiment, le pardon calme à défaut d'espérance;
Il détend la colère; on pleure, on apprend Dieu,
Dieu triste! Comme nous voyageur en ce lieu,
Et l'on courbe sa vie au pied de sa souffrance.
M. DESBORDES-VALMORE, Élégies, Affliction, 1859, p. 42.
• 7. Eh bien, la grande erreur de notre temps, ç'a été de pencher, je dis plus, de courber, l'esprit des hommes vers la recherche du bien-être matériel...
HUGO, Actes et paroles, 1, 1875, p. 254.
• 8. Oui, vraiment, ce soir même où elle me parlait comme j'ai rapporté, je me sentais l'âme si légère et si joyeuse que je me méprenais encore, et encore en transcrivant ces propos. Et parce que j'eusse cru répréhensible l'amour, et que j'estimais que tout ce qui est répréhensible courbe l'âme, ne me sentant point l'âme chargée je ne croyais pas à l'amour.
GIDE, La Symphonie pastorale, 1919, p. 912.
C.— Au fig. Courber qqn sous la domination de qqc. Soumettre quelqu'un à quelque chose :
• 9. Il veut tromper pour fonder un système dont la chaîne ait le premier anneau rivé dans le ciel au pied d'une divinité, ou bien il s'est enivré lui-même du vin des ciboires, et par peur du diable, s'agenouille en tremblant et voudrait courber le monde sous l'égoïsme et la terreur, sous l'attente d'une récompense mal rêvée ou d'un supplice burlesque.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1863, p. 1382.
— [Le compl. d'obj. désigne une abstraction] :
• 10. On sait avec quel noble désintéressement (...) Léonard Astier-Réhu se démit de sa charge au bout de quelques années (1878), refusant de courber sa plume et l'impartialité de l'Histoire devant les exigences de nos gouvernants actuels.
A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 18.
Rem. On rencontre en Suisse, arg. scol., courber. Manquer un cours, faire l'école buissonnière (cf. ITTEN-BASTIAN, Santé! Conversation! Lausanne 1970, p. 108).
II.— Emploi pronom.
A.— Devenir courbe, prendre une forme courbe, décrire une courbe. Ses épaules s'étaient courbées, elle grelottait un peu dans le froid de ses vêtements trempés de sueur (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1172) :
• 11. J'avais pitié d'un poisson rouge plus long que le diamètre de son bocal, et qui tournait en se courbant.
A. ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, p. 16.
• 12. Entre deux assez hauts murs de terre il [le chemin] circule comme indolemment; les formes des jardins, que ces hauts murs limitent, l'inclinent à loisir; il se courbe ou brise sa ligne; dès l'entrée, un détour vous perd; on ne sait plus ni d'où l'on vient, ni où l'on va.
GIDE, L'Immoraliste, 1902, p. 391.
B.— S'incliner, se pencher. La plante se courbe au grand soleil (ALAIN, Propos, 1913, p. 160). Les maisons royales ressemblent à ces figuiers de l'Inde dont chaque rameau, en se courbant jusqu'à terre, y prend racine et devient un figuier (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 11). Les blés jeunes se courbaient et luisaient, comme couchés par une immense main d'argent (LA VARENDE, Manants du Roi, 1938, p. 157) :
• 13. ... des femmes charmantes, qui, subissant elles-mêmes l'influence de ce spectacle, se courbent sur les balcons, se penchent hors des fenêtres, font pleuvoir sur les voitures qui passent une grêle de confetti qu'on leur rend en bouquets; ...
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 511.
— [En signe de soumission] Noble sicambre, à demi dépouillé au milieu de l'âge, courbez-vous! (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 266). Il [l'évêque] dressa les deux doigts de sa main droite et bénit l'homme qui ne se courba pas (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 105).
♦ Au fig :
• 14. Une heure arrivait dans cette vie où Germinie renonçait à la lutte. Sa conscience se courbait, sa volonté se pliait, elle s'inclinait sous le sort de sa vie.
E. et J. DE GONCOURT, Germinie Lacerteux, 1864, p. 193.
Rem. 1. On rencontre ds la docum. a) Un ex. d'emploi abs. au sens de « s'incliner ». L'Empereur se fâcha (...). Le grand-maître courba devant l'orage, et n'en continua pas moins son train accoutumé (LAS CASES, Mémor. S.-Hélène, t. 1, 1823, p. 815). b) Emploi normal avec suppression du pron. réfl. derrière faire + inf. (cf. aussi LITTRÉ). — Qu'on se hâte! dit une voix au fond de la galerie. Cette voix fit courber tout le monde, comme le vent en passant sur la plaine fait courber un champ d'épis. Moi, elle me fit tressaillir. Cette voix, c'était celle de mon père (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 260). 2. On rencontre ds la docum. un ex. de courbeur correspondant au prov. mod. courbaire, employé (imprimé en italique) par Mistral dans sa trad. de Mireille et cité par Lamartine « ... le vent de mer, courbeur puissant des peupliers » (Cours litt., 40e entretien, 1859, p. 291).
Prononc. et Orth. :[], (je) courbe []. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. Ca 1170 curberent le genuil (devant Baal) (III Rois, XIX, 18, éd. E. R. Curtius, p. 161). Du lat. vulg. curbare, class. curvare « courber ». Fréq. abs. littér. : 1 095. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 405, b) 2 325; XXe s. : a) 1 682, b) 1 199. Bbg. GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 25. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 153.
courber [kuʀbe] v. tr.
ÉTYM. XIIe; lat. pop. curbare, du lat. class. curvare.
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I V. tr.
1 Rendre courbe (ce qui est droit). ⇒ Plier; arquer, arrondir, bomber, busquer, cintrer, contourner, coucher, couder, déjeter, fausser, fléchir, gauchir, gondoler, incurver, infléchir, pencher, plier, recourber, replier, tordre, voûter. || Courber une branche droite en l'inclinant. || Courber un arc pour le bander. || Courber au feu une barre de fer. || Courber à froid une plaque de métal. ⇒ Emboutir.
1 « Quand l'eau courbe un bâton, ma raison le redresse :
La raison décide en maîtresse. »
La Fontaine, Fables, VII, 18.
2 « (L'on voit les poulains) Dessous leurs pas précipités
Faire à peine courber les herbes. »
Racine, Poésies diverses, Ode VI.
3 Ibsen se replie sur soi-même, comme la forêt que courbe un éternel orage, et le vent la fait moins ployer qu'il ne la violente.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », IX, p. 180.
2 Pencher en abaissant (le corps, une partie du corps, qqn). || Courber le corps. ⇒ Affaisser. || La vieillesse l'a courbé. — Courber le front, la tête sur un livre. ⇒ Incliner. || Courber le dos pour jouer à saute-mouton. ⇒ Abaisser, baisser.
4 (…) Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos (…)
La Fontaine, Fables, I, 22.
5 La vieillesse languissante et ennemie viendra rider ton visage, courber ton corps, affaiblir tes membres (…)
Fénelon, Télémaque, XIX.
6 (…) quand il tient un homme, il en exige, je l'ai dit, le « rendement » maximum, et, dans l'expression exacte du mot, le courbe sur sa tâche.
Louis Madelin, De Brumaire à Marengo, VI, p. 95.
7 (Il) incline devant Dieu des épaules que, le reste du temps, le labour courbe vers la terre.
André Suarès, Trois hommes, I, « Pascal », p. 16.
♦ ☑ Loc. Courber le genou, le dos, le front… en signe de respect, d'humilité, de soumission. || Courber la tête sous le joug.
8 On courbait la tête sous leur bénédiction (des évêques).
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, III, 2.
9 (…) je courbais mon front : il n'était point encore chargé de ces ennuis qui pèsent si horriblement sur nous, qu'on est tenté de ne plus relever la tête lorsqu'on l'a inclinée au pied des autels.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 52.
10 Tout est désert. Mais non; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée.
Hugo, les Orientales, XVIII, L'enfant.
♦ Fig. || Courber la tête, le front. ⇒ Céder, obéir, soumettre (se), subir. || Refuser de courber la tête devant une autorité. — (Abstrait). || Courber les pensées.
11 Ah ! si la politique ne courbait à ce point ses pensées, quel fin critique ce serait !
Gide, Journal, 5 janv. 1907.
♦ (Sujet n. de chose) :
12 À la fin du règne de Salomon, une immense lassitude courbait les épaules de ses sujets.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, I, p. 198.
♦ ☑ Allus. hist. Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré (→ Brûler, cit. 9).
3 (Compl. n. de personne). || Courber qqn sous sa loi, sous sa volonté, sous sa domination. ⇒ Assujettir, dominer, humilier, rabaisser, soumettre.
4 Régional et fam. (Suisse, Belgique). Manquer (l'école, la classe, un cours). ⇒ Sécher. || Courber l'école, la gym.
12.1 Écoute, dit-elle, il me vient une idée de génie. On « courbe » le basilic (le basilic était l'excellent Saugier, professeur de philologie romane).
Janine Marat, le Beau Monstre, p. 114.
———
II V. intr. Littér. et vx.
1 Devenir courbe. ⇒ Ployer. || Courber sous le poids, le faix de quelque chose. || Arbre qui courbe sous le poids des fruits.
13 L'ombrage n'était pas le seul bien qu'il sût faire :
Il courbait sous les fruits (…)
La Fontaine, Fables, X, 1.
14 Quatre monstres marins courbent sous ce fardeau.
Corneille, la Toison d'or, 882.
2 (Abstrait). Plier, se soumettre. || Courber sous qqch. ⇒ Subir, supporter. || Courber sous la volonté de qqn. ⇒ Soumettre (se).
15 L'État est florissant, mais les peuples gémissent;
Leurs membres décharnés courbent sous mes hauts faits.
Corneille, la Toison d'or, 31.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
se courber v. pron.
1 Être, devenir courbe. — (Choses). Devenir courbe. || Tiges qui se courbent dans le vent. || Fer, acier qui se courbent lorsqu'on les trempe. ⇒ Envoiler (s'). || Qui tend à se courber. ⇒ Curvatif (→ ci-dessous, cit. 17).
♦ (Personnes). S'incliner, se pencher. ⇒ Baisser (se). || Se courber pour passer sous une porte basse; pour s'appuyer sur un bâton, une balustrade. || Se courber pour ramasser qqch. || Se courber sur un travail, un livre. || Se courber en deux (→ ci-dessous, cit. 16, 18, 19).
16 (…) nous l'avons vue,
Un poignard à la main, sur Pyrrhus se courber (…)
Racine, Andromaque, V, 5.
17 La cataracte se divise en deux branches et se courbe en fer à cheval.
Chateaubriand, Atala, Épilogue.
18 (…) il s'affaiblissait, il se courbait davantage vers la terre, qui semblait le rappeler à elle.
Zola, la Terre, I, p. 215.
19 Il entra, obligé de se courber en deux comme un gros ours, car il était presque un géant.
Loti, Pêcheur d'Islande, I, I, p. 5.
♦ Par métaphore :
20 Son idée est constamment grande et haute; mais, pour sortir de son esprit, elle se courbe et se rapetisse sous l'expression comme sous une porte trop basse.
Hugo, Littérature et philosophie mêlées, Sur Mirabeau, VI.
2 Spécialt (personnes). Vieilli. || Se courber pour saluer. ⇒ Courbette (faire des), incliner (s'), révérence (faire la). || Se courber jusqu'à terre devant qqn. || Se courber en signe d'humiliation, de soumission. ⇒ Prosterner (se).
21 L'insolent devant moi ne se courba jamais.
Racine, Esther, II, 1.
22 Séraphins, prophètes, archanges,
Courbez-vous, c'est un roi; chantez, c'est un martyr !
Hugo, Odes, I, V, II.
3 Fig. et littér. Se soumettre. ⇒ Abaisser (s'), humilier (s'), incliner (s'). || Tout se courbe devant lui.
23 La véritable grandeur (…) se courbe par bonté vers ses inférieurs (…)
La Bruyère, les Caractères, II, 42.
24 L'homme y voit (en Flandres) exclusivement ce qui est, sa pensée se courbe si scrupuleusement à servir les besoins de la vie qu'en aucune œuvre elle ne s'est élancée au delà du monde réel.
Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 477.
——————
courbé, ée p. p. et adj.
♦ Qu'on a rendu courbe, qui est devenu courbe. ⇒ Courbe, croche, crochu, plié. || Branche courbée qui sert à faire un arc. || Route à surface courbée. ⇒ Bombé. || Être courbé sous le poids d'une charge. || Une personne courbée de vieillesse, par l'âge. ⇒ Bossu, cassé. || Dos, échine courbée (→ Caresse, cit. 12). — Incliné. || Une personne courbée sur son ouvrage.
25 Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot, aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
La Fontaine, Fables, I, 16.
26 Poli jusqu'à l'obséquiosité, il se tenait toujours les reins à demi-courbés dans la position de quelqu'un qui salue ou invite.
Flaubert, Mme Bovary, II, IV, p. 69.
27 Jusqu'ici il avait laissé dire sans broncher, courbé sur un rapport (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 5e tableau, I, p. 171.
28 Ils fuyaient tout courbés, rasant le sol, s'aplatissant comme des léopards.
Loti, Pêcheur d'Islande, III, I, p. 139.
29 Je serai un vieux cassé, un vieux courbé, un vieux noueux. Je serai un vieux retors.
Ch. Péguy, la République…, déc. 1905, p. 267.
30 Elle se tenait sur cette place, comme une fille des champs, quand elle reprend haleine et, redressant son dos courbé, se donne un moment de repos, appuyée à la haie.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VI, p. 153.
♦ Par métaphore. || Être courbé sous le joug. — Fig. et littér. ⇒ Abaissé, écrasé, humilié, soumis.
31 Paris sanglant, courbé, sinistre, inanimé,
Voit ces horreurs et garde un silence farouche.
Hugo, les Châtiments, VI, 2.
32 (…) ils (bourgeois et paysans) semblaient courbés sous le joug d'une même pensée (…)
Balzac, les Chouans, Pl., t. VII, p. 768.
♦ Nom (littéraire).
33 À tous les déshérités, les courbés sous le joug et chargés, les assoiffés, les meurtris, les dolents, l'assurance d'une survie compensatoire ! Si chimérique qu'elle soit, oserez-vous leur enlever cette espérance ?
Gide, Journal, 7 août 1935.
❖
CONTR. Dresser, raidir, redresser. — Relever (se). — Défier, tête (avoir la tête haute, relever la tête). — Droit, raide, rectiligne.
DÉR. Courbable, courbage, courbement, courbet, courbette, courbure.
COMP. Recourber.
Encyclopédie Universelle. 2012.