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mouvance

mouvance [ muvɑ̃s ] n. f.
• 1516; de mouvoir intr., féod.
IFéod.
1Dépendance d'un fief par rapport à un autre. tenure.
2Fief dont d'autres dépendent (mouvance active), ou qui dépend d'un autre fief (mouvance passive). « une des plus riches mouvances du royaume » (Balzac).
(mil. XXe) Fig. Domaine où une personne, un groupe exerce son influence; sphère d'influence. État qui est dans la mouvance d'une grande puissance. orbite (cf. État satellite). Pays de mouvance communiste.
II(1914) Didact. Caractère de ce qui est mouvant. On a « reproché à M. Bergson la mouvance, le mobile » (Péguy).

mouvance nom féminin (de mouvoir) État de dépendance d'un fief par rapport au domaine éminent dont il relevait. (La mouvance noble impliquait la foi et l'hommage, la mouvance roturière seulement des redevances.) Domaine où une personne, un groupe, un État exerce son influence. Littéraire. Caractère de ce qui est fluctuant, changeant : La mouvance de la situation politique.

mouvance
n. f. Domaine, sphère d'influence. Petit pays qui est dans la mouvance d'un voisin puissant.
|| Tendance politique. La mouvance présidentielle.

⇒MOUVANCE, subst. fém.
A.— 1. DR. FÉODAL. État de dépendance dans lequel est tenu un fief par rapport à un autre. Comme Baudoin lui demandait ensuite les raisons de son attitude, il répondit en revendiquant la suzeraineté d'Édesse, « la ville ayant appartenu de tout temps à la mouvance d'Antioche... » (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 88) :
1. Comme la terre de Bargeton, située en Angoumois dans la mouvance du fief de La Rochefoucauld, était substituée, ainsi qu'une maison d'Angoulême, appelée l'hôtel de Bargeton, le petit-fils de Monsieur de Bargeton-le-mangeur hérita de ces deux biens.
BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 40.
P. métaph. Car nos années sont terres de mouvance dont nul ne tient le fief, mais comme un grand Ave de grâce sur nos pas nous suit au loin le chant de pur lignage (SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p. 273).
P. méton. Fief dépendant d'un fief plus important. Depuis l'établissement des impôts, le duc de Navarreins ne touchait pas quinze mille francs par an de cette seigneurie, jadis une des plus riches mouvances du royaume (BALZAC, Curé vill., 1839, p. 128).
2. Domaine, zone d'influence. La France conserverait son influence sur les pays qui relèvent traditionnellement de sa mouvance (Le Monde, 21 févr. 1969 ds GILB. 1971).
Dans, sous la mouvance de. Sous l'autorité de :
2. Si l'information de l'opinion est, au sens le plus large du mot, un service public de fait, seule celle qu'assure la radio-télévision (si l'on excepte le cas particulier du journal et des bulletins officiels) s'appuie sur un organisme placé dans la mouvance de l'État.
BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 142.
B.— Caractère de ce qui est changeant, instable; p. méton. instabilité.
1. [À propos d'un inanimé concr.] Nathanaël, nous n'avons pas encore ensemble regardé les feuilles. Toutes les courbes des feuilles... feuillages des arbres; grottes vertes, percées d'issues; fonds déplaçables aux moindres brises; mouvance; remous des branches; balancement arrondi (GIDE, Nourr. terr., 1897, p. 226).
2. [À propos d'un inanimé abstr.] Mais, malgré cette incertitude majeure et inévitable, il faut quand même concevoir les bases essentielles sur lesquelles fonder l'organisation générale des forces, le choix des matériels et de l'instruction. Il est indispensable dans cette mouvance de trouver des points fixes auxquels amarrer nos dispositions quotidiennes (BEAUFRE, Dissuasion et strat., 1964, p. 143).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1516 [et non 1495, v. l'éd. p. 483, note a] dr. féodal « dépendance d'un fief par rapport à un autre » (Coutumes de Sens ds Nouv. Coutumier Général, éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t. 3, p. 499); b) 1756 droit de mouvance (VOLTAIRE, Essai hist., t. 2, p. 274); 2. 1733 « état de dépendance » (DUBOS, Réflexions critiques, t. 2, p. 215); 3. 1897 « caractère de ce qui est mouvant, sujet à changement » (GIDE, loc. cit.); 4. 1917 « changement d'état, de forme » (ESTAUNIÉ, Solitudes, p. 162); 5. 1967 « domaine d'influence » (Le Monde, 15 janv. ds GILB. 1971). Dér. de mouvoir, comme terme féod. (B 3); suff. -ance. Fréq. abs. littér. :12.

mouvance [muvɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1516; dér. de mouvoir, II., 2.
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I Féod.
1 Dépendance d'un fief par rapport à un autre ( Tenure). || Mouvance immédiate, médiate (par l'intermédiaire d'un troisième fief). || Arrière-fief (cit. 1) dans la mouvance d'un fief.
2 Par ext. Fief dont d'autres dépendent (mouvance active), ou (plus souvent), qui dépend d'un autre fief (mouvance passive).
1 (…) cette seigneurie, jadis une des plus riches mouvances du royaume, et dont les terres avaient échappé à la vente par la Convention, autant par leur infertilité que par l'impossibilité reconnue de les exploiter.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 639.
3 (Mil. XXe). Fig. Domaine, sphère d'influence. || La mouvance électorale. || « La construction automobile entraîne dans sa mouvance de nombreux secteurs » (le Monde, 15 janv. 1967).
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II (1914; de mouvoir, mouvant). Didact. Caractère de ce qui est mouvant.
2 On a beaucoup reproché à M. Bergson la mouvance, le mobile, et ce qu'on a nommé d'un mot déjà moins heureux et moins exact, étant moins bergsonien, d'un mot déjà trop fixe, la mobilité.
Ch. Péguy, Note conjointe, Sur Descartes, p. 238.
REM. Ce sens tend à se répandre; il est critiqué à cause de la confusion avec le sens I, mais se trouve chez de grands écrivains.

Encyclopédie Universelle. 2012.