affaiblir [ afeblir ] v. tr. <conjug. : 2>
1 ♦ Rendre physiquement faible, moins fort. ⇒ abattre , débiliter, diminuer, miner. « Moins affaibli par l'âge que par la maladie » (La Bruyère). Pronom. (pass.) « Il s'affaiblissait, il se courbait davantage » (Zola). ⇒ baisser, décliner, dépérir. — Par anal. (Polit., milit.) Affaiblir l'opposition. Le syndicat est sorti affaibli de ces grèves. « nous laisser seuls et affaiblis devant l'Allemagne » (Bainville).
2 ♦ Priver moralement d'une partie de sa force, de son intensité. ⇒ diminuer. « Si la civilisation n'affaiblit pas le courage » (France).
3 ♦ Priver d'une partie de son énergie, de sa valeur expressive. ⇒ adoucir, atténuer, édulcorer. Affaiblir un contraste. Pronom. Le sens de cette expression s'est affaibli.
⊗ CONTR. Fortifier. Renforcer. Exagérer, grossir.
● affaiblir verbe transitif Diminuer la résistance, l'importance, la valeur de quelque chose : Ces mesures ont affaibli la monnaie. Rendre quelqu'un plus faible, diminuer ses forces physiques ou morales : La fièvre l'a affaibli. Faire perdre à une institution, à un groupe de son pouvoir, de son autorité : Ces crises ont affaibli le pays. Pratiquer l'affaiblissement d'un phototype. ● affaiblir (synonymes) verbe transitif Diminuer la résistance, l'importance, la valeur de quelque chose
Synonymes :
- altérer
- amollir
- atténuer
- diminuer
- émousser
- modérer
- tempérer
Contraires :
- affermir
Rendre quelqu'un plus faible, diminuer ses forces physiques ou morales
Synonymes :
- abattre
- débiliter
- épuiser
- miner
Contraires :
- réconforter
- relever
Faire perdre à une institution, à un groupe de son...
Synonymes :
- briser
- ébranler
- miner
- saper
affaiblir
v. tr. Diminuer la force physique ou l'énergie morale de, rendre faible. La maladie l'a affaibli. Syn. débiliter, diminuer. Ant. fortifier.
|| v. Pron. Devenir faible. Ma vue s'affaiblit.
— Fig. Le sens de ce mot s'est affaibli avec le temps, a perdu de sa force d'expression.
⇒AFFAIBLIR, verbe trans.
Rendre progressivement plus faible.
A.— Emploi trans.
1. [L'obj. est un être phys. ou mor., ou une entité composant un être phys. ou mor.]
a) [L'obj. désigne une pers. phys. ou un organe, une fonction la composant] Rendre physiquement plus faible, priver d'une partie de sa vitalité. Affaiblir le corps :
• 1. Plusieurs fondateurs d'ordres ont eu l'intention formelle d'affaiblir leurs religieux, en leur interdisant l'usage de la chair : ceux qui ont voulu les affaiblir davantage, leur ont interdit en même temps celui du poisson.
P. CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 49.
• 2. Ainsi marche ma vie depuis bien des années. Toute l'énergie de mon âme se dévore et se tue à s'exercer sur elle-même et tout son effet extérieur est d'affaiblir et de détruire le corps.
G. SAND, Lélia, 1833, p. 130.
• 3. Catherine m'inquiète. Cette maladie risque de l'affaiblir beaucoup, peut-être même de lui gâter tout à fait la santé, de compromettre son avenir.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, p. 181.
• 4. La pire misère du dénuement n'est pas qu'elle affaiblisse le corps, c'est qu'elle avilisse l'âme.
F. AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 43.
— P. anal., dans le domaine de la pol. ou de la stratégie milit. Amoindrir l'efficacité d'une puissance en la divisant, en en réduisant les effectifs ou l'influence. Affaiblir une armée, ses ennemis, sa propre puissance :
• 5. À cette époque, une tribu d'Ansariés, ayant feint une querelle avec leur chef, quitta son territoire dans les montagnes, et vint demander asile et protection à l'émir de Maszyad. L'émir, profitant avec empressement d'une occasion si favorable d'affaiblir ses ennemis en les divisant, accueillit les Ansariés, ainsi que leur scheik Mahmoud, dans les murs de Maszyad, ...
A. DE LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 2, 1835, pp. 119-120.
• 6. Si nous devions, au retour de l'abîme, soit restaurer honteusement les défauts et injustices anachroniques qui nous avaient affaiblis, divisés, démoralisés, soit nous jeter dans de ruineuses convulsions, il serait bien inutile d'avoir tiré de nous-mêmes l'extraordinaire effort qui nous ramène au seuil de la liberté et de la grandeur.
Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Unité, 1956, p. 585.
b) Au fig. [L'obj. est une composante ou un produit de l'être mor. ou intellectuel de l'homme] Amoindrir l'énergie, la portée, la valeur de quelque chose.
— [L'obj. est une entité ou une composante mor. de la pers. hum.] Affaiblir l'âme, l'esprit, les passions :
• 7. ... la vie de la campagne tue beaucoup d'idées, mais elle affaiblit les vices et développe les vertus.
H. DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 79.
• 8. C'est le vague de la tristesse, état maladif qui affaisse l'âme, l'affaiblit et la tue à la fin, si elle ne lutte pas contre son mal; ...
E. DE GUÉRIN, Lettres, 1835, p. 92.
— [L'obj. désigne un produit de la nature, ou de l'industr., ou de l'intelligence hum.] :
• 9. ... les sels de fer (...) affaiblissent la levure et conduisent à la production de bières vides et sans moelleux.
BOULLANGER, Malterie, brasserie, 1934, p. 27.
— En partic., en LITT. Affaiblir un texte. En diminuer la force, l'effet produit sur le lecteur (p. ex. par une glose surajoutée, ou au contraire par la suppression de certains passages, de certains mots énergiques, etc.) :
• 10. N'en déduis pas, pas exagérément, que je te conseille de limer et user un peu plus ces passages signalés où l'art est encore sensible. Mon avis très paradoxal serait de les conserver dans une publication expurgée, et de les affaiblir dans une édition future complète.
A. GIDE, P. VALÉRY, Correspondance, lettre de P. V. à A. G., juill. 1917, p. 453.
• 11. ... je lisais les lignes suivantes dans l'Outline of history, de H. G. Wells, livre publié en 1920. L'auteur parle de l'avenir de l'Europe et dit : « The great war of 1914-1918... » etc. On ne pourrait qu'affaiblir cette page brillante en la commentant.
J. GREEN, Journal, 1941, pp. 125-126.
2. [L'obj. est un attribut ou une activité d'être phys. ou mor.] Diminuer progressivement l'intensité, rendre moins vif.
a) [En parlant de l'énergie phys. d'un son, d'une lumière, d'un mouvement] :
• 12. On remarquera enfin que le rouge et la poudre, de même que les ornements plus primitifs, comme tatouages ou plumes, ont pour effet de dissimuler et d'affaiblir la plupart des mouvements de la physionomie, sans compter qu'ils obligent aussi à les retenir; ainsi naît l'expression, toujours composée.
ALAIN, Système des beaux-arts, 1920, p. 63.
• 13. Son grand âge avait affaibli la sonorité de sa voix, mais donné en revanche à son langage, jadis si plein de réserve, une véritable intempérance.
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, La Fugitive, 1922, p. 631.
• 14. ... « affaiblissez l'éclat de ces yeux noirs; vous en verrez d'autres, jusqu'à ce qu'il ait vingt ans. »
J. MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, t. 2, 1933, p. 154.
b) Au fig. [En parlant d'une qualité mor.] :
• 15. Le sentiment de l'humilité, si noble devant le ciel, affaiblit l'énergie des passions terrestres et donne nécessairement de la monotonie à la plupart des sujets religieux.
G. DE STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 52.
3. Emplois techn. (relevant tantôt de l'emploi 1, tantôt de l'emploi 2)
a) CONSTR. ,,Diminuer l'épaisseur d'un mur ou la grosseur d'une pièce de charpente.`` (LITTRÉ).
— P. anal. :
• 16. Alors le sabotier se rend tout à fait compte de son œuvre. Il frappe le sabot du doigt, il en écoute le son pour savoir s'il est au point de force et de légèreté voulu, si un faux coup d'outil n'en a point trop affaibli la paroi. Il est des sons mats et des sons clairs, des sons fragiles et des sons résistants. Quelques sabots particulièrement secs et évidés ont un éclat métallique.
J. DE PESQUIDOUX, Chez nous, t. 1, 1921, p. 217.
b) FIN. Affaiblir les espèces d'or et d'argent. ,,En diminuer le poids et le titre.`` (Ac. 1798-1878).
Rem. Sens encore noté ds DG.
c) MUS. Affaiblir un accord. En altérer l'harmonie par l'introduction d'un son n'entrant pas dans cet accord (d'où accord, cadence imparfaits) :
• 17. Donnons (...) la gamme d'Ut majeur, on ne pourra moduler qu'en sol majeur, en la relatif mineur, en fa majeur et en ré mineur, encore ne faut-il toucher qu'en passant le ton de fa parce qu'il affaiblit le ton principal à cause du si b qui en détruit (...) la note sensible...
CHÉRUBINI, Cours de contrepoint et de fugue, 1835, p. 11.
• 18. Cadence imparfaite. Un accord de sixte affaiblit la cadence, d'où le nom d'imparfaite...
Ch. KOECHLIN, Traité de l'harmonie, t. 1, 1930, p. 44.
B.— Emploi abs. :
• 19. — Ah! c'est différent, dit-il, je ne savais pas... cela vaut mieux, en effet. D'ailleurs, les adieux! les adieux! cela affaiblit.
A. DE VIGNY, Servitude et grandeur militaires, 1835, p. 51.
Rem. Dans l'ex. suiv. le verbe à l'inf. a la valeur d'un verbe pronom. Certains aut. écrivent d'ailleurs se sentir s'affaiblir (cf. infra ex. 24). L'emploi en apparence absolu s'explique par la présence devant lui d'un verbe déjà pronom. (se sentir) :
• 20. Elle renvoya le courrier en disant à son fils qu'elle se sentait affaiblir tous les jours et qu'elle lui demandait une preuve d'amitié qui serait peut-être la dernière, c'était de partir à l'instant même, deux heures après avoir reçu sa lettre, et de venir passer huit jours à Carville.
STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 110.
C.— Emploi pronom. S'affaiblir
1. [Le suj. désigne une pers. phys., ou un organe du corps, ou une entité phys. qualifiant le corps (santé, etc.)]
a) Devenir physiquement plus faible, perdre une partie de ses forces, de sa vitalité. La vue, la santé s'affaiblit :
• 21. Est-ce une raison pour vivre d'une manière opposée à mes goûts, à mes intérêts, à mes chances de réputation, à la conservation même de mes facultés physiques, car ma vue s'affaiblit tous les jours.
B. CONSTANT, Journaux intimes, août 1804, p. 117.
• 22. ... sa santé est très-mauvaise et s'affaiblit tous les jours. Elle ne voit personne que moi, l'occupation lui est souvent très-difficile; ...
G. DE STAËL, Corinne, t. 3, 1807, p. 386.
• 23. Peu à peu les ressorts de ma constitution, naguère excellents, s'affaiblirent, se désorganisèrent :je voyais mes forces dépérir, mes facultés s'oblitérer, et mon mal moral s'aggravait de toute ma faiblesse physique.
L. REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 138.
• 24. Son mari lui écrivait qu'il commençait à s'inquiéter de sa longue absence dans une saison qui pouvait devenir rigoureuse d'un jour à l'autre; qu'il se sentait s'affaiblir lui-même de mois en mois; qu'il désirait l'embrasser et la bénir avant de mourir.
A. DE LAMARTINE, Raphaël, 1849, p. 211.
b) Au fig. [Le suj. désigne une pers. en tant qu'être mor.] Devenir moralement faible, perdre une partie de sa force psychique :
• 25. ... la femme nous fait peur; elle nous paraît un vampire, une goule qui boit en riant le sang de nos veines et la moelle de nos vertèbres et nous redisons avec Pythagore : veux-tu t'affaiblir, approche-toi de la femme.
H.-F. AMIEL, Journal intime, 28 sept. 1866, p. 467.
— Except., avec une valeur méliorative :
• 26. ... il souffrait sans cesse sans bien comprendre pourquoi, il souffrait de ne plus sentir sa robe frôler ses jambes tout le jour, et de ne plus pouvoir se calmer et s'affaiblir entre ses bras, surtout.
G. DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, La Petite Roque, 1885, p. 1039.
♦ S'affaiblir à + inf. S'affaiblir à force de + inf. :
• 27. ... on peut déchirer les photos de ceux qu'on aime parce qu'on en a assez de s'affaiblir à les regarder; ...
A. MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 625.
2. [Le suj. désigne une qualité phys. ou mor.] Perdre de son intensité, s'amoindrir, s'estomper.
a) [En parlant d'une sensation, d'une perception] La lumière, le bruit s'affaiblit :
• 28. ... le bruit s'affaiblit, diminue, et par degrés s'évanouit dans le silence.
E. FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, p. 187.
• 29. Le décor se voile progressivement. La lumière s'affaiblit ainsi que la sonorité de la musique.
P. VALÉRY, Variété 3, 1936, pp. III-IV.
b) [En parlant d'un sentiment] Les passions s'affaiblissent, l'amour s'affaiblit... :
• 30. Le véritable amour est quelque chose de bien plus intime, de bien plus profond qu'un sentiment qui va et vient, s'affaiblit ou s'augmente sans notre concours, et ne dépend de nous en aucune façon.
F.-R. LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1829, p. 209.
3. Périphrase de l'aspect progressif (inhérent au verbe). Aller s'affaiblissant (ou en s'affaiblissant).
a) [En parlant d'une pers. phys. ou mor., ou d'une de ses composantes] Perdre peu à peu de ses forces, décliner progressivement. Au fig. Perdre de son influence :
• 31. Je vais tous les jours m'affaiblissant; je ne puis écrire que de loin en loin, et il y a des moments où respirer même me fatigue.
F.-R. LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1831, p. 222.
• 32. ... les nationalités vont bien plutôt se fortifiant que s'affaiblissant; détruire une nationalité, c'est détruire un son dans l'humanité.
E. RENAN, L'Avenir de la science, 1890, p. 314.
b) [En parlant d'une qualité phys. ou mor.] Diminuer progressivement d'intensité :
• 33. Bientôt la lumière fut éteinte, les deux respirations se firent entendre derechef sans que la porte eût crié. Puis, à mesure que les deux hommes descendirent, le bruit alla s'affaiblissant.
H. DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, p. 47.
• 34. La voix est lancée par l'émotion (...), puis redescend et s'affaiblit sur les dernières syllabes.
J. COMBARIEU, Les Rapports de la musique et de la poésie, 1894, p. 303.
Rem. L'idée de progression peut aussi, cumulativement ou non, s'exprimer p. ex. par un compl. circ. de temps. Cf. supra ex. 20 et 31 (tous les jours).
4. Emplois techn.
a) CHIM. [En parlant d'une solution] Baisser en concentration :
• 35. Cette solution de potasse pour nickelage s'affaiblissant, il faut l'entretenir continuellement...
FONTAINE, Électrolyse, 1885, p. 66.
b) CONSTR. Diminuer d'épaisseur, perdre de sa solidité :
• 36. ... on sent que la sève coule dans les arbres et que les herbes poussent avec la même force et le même rythme que les pierres s'écaillent et que les murailles s'affaiblissent.
G. FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, p. 207.
c) HORLOGERIE :
• 37. [dans les] horloges (...) le ressort moteur s'affaiblit en se débandant; ...
J. ANDRADE, Horlogerie et chronométrie, 1924, p. 151.
d) MUSIQUE
♦ Perdre une partie de sa valeur harmonique :
• 38. On ne peut nier qu'à la 2e mesure [de l'exemple donné] la ligne mélodique supérieure, au lieu de continuer sa progression croissante, ne s'affaiblisse en passant dans le médium de la flûte.
GEVAERT, Cours méthodique d'orchestration, 1885, p. 132.
e) PEINT. [En parlant d'une couleur] Perdre de son éclat, s'atténuer :
• 39. On reconnaît la présence du bleu de Prusse, en le traitant par l'eau de potasse; alors la couleur s'affaiblit, ...
Encyclopédie Roret, Fabrication des couleurs, t. 1, 1905, p. 320.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[] ou [--]. DUB., Pt ROB. et Pt Lar. 1968 transcrivent la 2e syllabe avec [e] fermé, Harrap's 1963 avec [] ouvert. D'apr. WARN. 1968, la prononc. [e] relève du lang. cour., la prononc. en [] du lang. soutenu. PASSY 1914 transcrit [] ouvert mi-long. Enq. :/afebli, afeblis/ Conjug. agir. 2. Dér. et composés : affaibli, affaiblissant, affaiblissement, affaiblisseur. Cf. faible. 3. Hist. — L'ensemble des dict. du XIXe s. transcrivent le mot avec [e] fermé, NOD. 1844 et LITTRÉ avec [] ouvert. — Rem. FÉR. 1768 donne les graph. affoiblir, affoiblissement (oi prononcé []); FÉR. Crit. t. 1 1787 : affoiblir ou afaiblir (avec un seul f), affoiblissant, affoiblissement ou afaiblissement; cf. aussi Ac. 1798 pour les graph. en oi, oi étant définitivement remplacé par ai à partir de Ac. 1835.
Étymol. ET HIST. — Début XIIe s. « rendre faible » trans., trad. (Ps. Cambridge, éd. Fr. Michel., XXXIV, 14, p. 57 b : Jeo acertes cum jeo fusse affebli de eals, esteie vestut de haire [Ego autem cum infirmarer ab eis, induebar cilicio]); 1160-1174, part. passé adjectivé, aflebi « devenu faible » (WACE, Rou, éd. Andresen, II, 1305 ds T.-L. : Des travailz e des peines qu'il out fait, aflebi).
Dér. de faible; préf. a-1, dés.-ir; cf. a. fr., m. fr. afeblier « id. » dep. début XIIe s. (Ps. Cambridge, LXXXVII, 9).
STAT. — Fréq. abs. litt. :986. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 2 656, b) 1 182; XXe s. : a) 848, b) 782.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BARB. — CARD. 1963. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — BOISS.8. — BRUANT 1901. — CAPUT 1969. — DUP. 1961. — FROMH.-KING 1968. — LAF. 1878. — LAF. Suppl. 1878. — LAV. Diffic. 1846.
affaiblir [afebliʀ] v. tr.
ÉTYM. Déb. XIIe; de 1. a-, faible, et suff. verbal.
❖
1 (Sujet en général n. de chose). Rendre physiquement faible, moins fort. ⇒ Diminuer, débiliter. || Ce long jeûne l'a affaibli. ⇒ Abattre, épuiser, miner. || Affaiblir le corps, les forces physiques.
1 La vieillesse languissante et ennemie viendra rider ton visage, courber ton corps, affaiblir tes membres (…)
Fénelon, Télémaque, XIX.
2 Un corps débile affaiblit l'âme.
Rousseau, Émile, I.
♦ Au passif et p. p. || Être affaibli par les privations, le jeûne… || Être très affaibli.
3 De telles passions dévastent l'âme; et quand l'âme est déjà affaiblie par la maladie, comme l'était celle de Beethoven, elles risquent de la ruiner.
R. Rolland, Vie de Beethoven, p. 20.
3.1 Ils roulèrent ainsi en face des côtes, emportés par une rafale, ramenés par la marée, ayant achevé leurs quelques provisions, sans une bouchée de pain. Cela dura trois jours.
— Trois jours ! s'écria la charcutière stupéfaite, trois jours sans manger !
— Oui, trois jours sans manger. Quand le vent d'est les poussa enfin à terre, l'un d'eux était si affaibli, qu'il resta sur le sable toute une matinée. Il mourut le soir. Son compagnon avait vainement essayé de lui faire mâcher des feuilles d'arbre.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 136-137.
♦ Rendre plus faible aux sens, diminuer l'intensité de (sensations). ⇒ Amortir, atténuer, modérer. || L'alcool affaiblit les sensations. ⇒ Éteindre, user. || Affaiblir la sensibilité. || « Son grand âge avait affaibli la sonorité de sa voix » (Proust, la Fugitive, Pl., p. 631). — Affaiblir un sentiment.
4 Le temps qui fortifie les amitiés, affaiblit l'amour.
La Bruyère, les Caractères, IV, 4.
5 Les sens usés sans avoir joui, l'esprit affaibli sans avoir produit rien de bon, et blasé sans avoir rien goûté (…)
d'Alembert, cité par Littré, art. Usé.
2 Amoindrir la force, l'énergie de (qqch.). || Affaiblir les qualités d'une race animale. ⇒ Abâtardir, appauvrir. — Priver moralement d'une partie de sa force. ⇒ Diminuer. || Affaiblir la volonté, le courage de qqn. ⇒ Amollir, briser, décourager. || Affaiblir qqn dans sa volonté.
6 Les mariages entre parents qui peuvent affaiblir les faibles et les faire dégénérer, fortifient, au contraire, les forts.
Michelet, la Femme, p. 228.
7 C'est une grande question de savoir si la civilisation n'affaiblit pas chez les hommes le courage en même temps que la férocité.
France, l'Anneau d'améthyste, p. 228.
8 On lui reproche (à notre littérature) son raffinement et d'avoir travaillé à affaiblir plutôt qu'à galvaniser nos énergies (…)
Gide, Pages de journal, II, 6, 1940.
♦ Par anal. (Polit., milit.) Amoindrir l'efficacité de (une autorité, une puissance). ⇒ Ébranler, ruiner. || Affaiblir une armée, une politique. || Le scandale a affaibli l'autorité du ministère. ⇒ Saper. — Affaiblir les lois.
9 Les lois inutiles affaiblissent les nécessaires.
Montesquieu, Cahiers, p. 99.
♦ Passif et p. p. || Un pays affaibli.
10 (Napoléon III) n'avait réussi à la fin qu'à nous laisser seuls et affaiblis en face de l'Allemagne organisée (…)
J. Bainville, Hist. de France, XX.
3 (Le compl. désigne un signe, une qualité expressive). Priver d'une partie de son énergie, de sa valeur expressive, de son efficacité. ⇒ Adoucir, atténuer, édulcorer. || Les modifications successives ont affaibli le texte. || Affaiblir une expression, un trait. || Affaiblir les couleurs, les teintes d'un tableau.
11 On affaiblit toujours tout ce qu'on exagère.
La Harpe, Mélanie, I, 1.
♦ (Mus). || Affaiblir un accord : le modifier en introduisant un son qui n'entre pas dans cet accord.
——————
s'affaiblir v. pron.
1 (Domaine humain). Devenir physiquement ou intellectuellement faible. — (Choses). || Sa vue s'affaiblit. ⇒ Baisser, décliner. — (Personnes). || Malgré les soins, il s'affaiblissait. ⇒ Dépérir, faiblir. || Sa mémoire s'affaiblit. ⇒ Vaciller. || Son esprit s'affaiblit de jour en jour.
11.1 Il s'affaiblissait, il se courbait davantage vers la terre qui semblait le rappeler à elle.
Zola, la Terre, I, p. 215.
2 (Domaine non humain). Perdre de son intensité, de son efficacité. || Le soir venu, les bruits de la rue s'affaiblissaient. ⇒ Diminuer, faiblir. || Le rideau s'ouvrit, la lumière s'affaiblit sur la scène. ⇒ Décroître. — Les besoins s'affaiblissent avec le temps. ⇒ Baisser. || Le sens de cette expression s'est affaibli. ⇒ Atténuer.
12 Mais quand le nœud social commence à se relâcher et l'État à s'affaiblir (…)
Rousseau, Du contrat social, IV, 1.
13 On dit qu'en vieillissant nos sensations s'affaiblissent. Peut-être, mais elles s'accompagnent de l'écho de sensations plus anciennes, comme ces grandes chanteuses un peu vieilles dont un chœur invisible renforce la voix affaiblie.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 476.
14 (…) Le sens primitif s'affaiblit par la diffusion de l'expression (…)
F. Brunot, la Pensée et la Langue, XVII, 2.
——————
affaibli, ie passif, p. p. adj.
ÉTYM. (V. 1170).
♦ Voir ci-dessus, cit. 3, 3.1; 5; 10. || Malade affaibli. || Voix affaiblie. — Armée affaiblie.
❖
CONTR. Affermir, consolider, fortifier, galvaniser, raffermir, réconforter, relever, renforcer. — Augmenter, exagérer, grossir. — Corroborer.
DÉR. Affaiblissant, affaiblissement, affaiblisseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.