Akademik

vouloir

1. vouloir [ vulwar ] v. tr. <conjug. : 31>
XIIe; voleir Xe; lat. pop. °volere, sur le rad. de certaines formes du lat. class. velle
IAvoir une volonté, une intention, un désir. A(Suivi de l'inf., d'une complétive ou d'un pron.)
1(Suivi de l'inf.) « Je veux être Chateaubriand ou rien » (Hugo). Elle « voulut absolument lui donner à souper » (Stendhal). tenir (à).(Au conditionnel, pour marquer un désir plutôt qu'une volonté) « Qu'il est dur de haïr ceux qu'on voudrait aimer » (Voltaire),qu'on aurait envie d'aimer, qu'on souhaiterait aimer. « J'aurais voulu savoir, mais en même temps j'avais peur d'apprendre » (A. Daudet). (Renforcé par bien) aimer, désirer (cf. Avoir envie de). « Je voudrais bien connaître cette femme-là » (Sand). Spécialt (atténuation polie de je veux) « Je voudrais vous parler en particulier » (Balzac). (Au subj. optatif et à l'impér. de politesse) « Dieu veuille me prendre » (France). « Monsieur, veuillez poursuivre maintenant, dit l'avoué » (Balzac).
(En phrase négative, la négation portant vraiment sur vouloir) « Il n'a pas voulu vous insulter » (Stendhal),sa volonté n'était pas de... — (La négation portant non sur vouloir mais sur l'inf. suivant) « Ils ne veulent pas servir un maître » (Daniel-Rops),leur volonté est de ne pas servir... ⇒ refuser. Fam. (Choses) « Le café s'entêtait à ne pas vouloir passer » (Zola). Le feu ne veut pas prendre.
2 ♦ VOULOIR QUE (suivi d'une complétive au subj., dont le sujet ne peut être celui de vouloir). « Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres » (La Fontaine). « Veux-tu que je te laisse ? » (A. Hermant). (En tour interrog., dans un sens affaibli) « Sur qui dans son malheur voulez-vous qu'il s'appuie ? » (Racine). « Comment voulez-vous que je m'en sorte ? » (Romains). Fam. Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ? Que voulez-vous que je vous dise ? je n'y peux rien, c'est comme ça. — (Avec ellipse de la complétive) Que veux-tu ? Que voulez-vous ?, marque l'embarras, ou une sorte de résignation fataliste. « Qu'est-ce que vous voulez, un premier prix, ça ne nourrit pas » (Colette).
(En phrase négative, la négation portant sur vouloir) « Vous n'avez pas voulu qu'il eût la certitude Ni la joie ici-bas ! » (Hugo). (La négation portant sur la complétive) Je ne veux pas que tu viennes. défendre, interdire.
3(1534) (Avec un pron. compl. neutre, représentant un inf., une complétive) « Revenez près de moi, je le veux » (Balzac). commander, exiger, ordonner. « Vous l'avez voulu, George Dandin » (Molière),mots passés en proverbe, pour signifier à qqn que ce qui arrive est de sa faute. Vous l'avez voulu, bien voulu : c'est de votre faute (cf. iron. Vous voilà content, satisfait...). Que tu le veuilles ou non. Sans le vouloir. involontairement. « Fais ce que [tu] voudras » (Rabelais). « L'homme vraiment libre ne veut que ce qu'il peut » (Rousseau). (Avec ellipse du compl.) « Il frappera le taureau où il voudra, quand il voudra, comme il voudra » (Gautier). « Ça va-t-il comme vous voulez ? » (Maupassant). Tant que vous voudrez. Spécialt Si tu veux, si vous voulez, si on veut, sert à introduire une expression qu'on suppose préférée par l'interlocuteur. « Guenille, si l'on veut, ma guenille m'est chère » (Molière).
B(1080) Avec un compl.
1Prétendre obtenir ou souhaiter que se produise... demander, désirer. « Je veux mes cent francs » (Sartre). « Louis XVIII voulait sa tranquillité à tout prix » (Chateaubriand). (Avec de partit.) « Je veux de la poudre et des balles » (Hugo). J'en veux, je n'en veux plus. En vouloir pour son argent.
Spécialt (pour exprimer la demande d'un client) « Monsieur veut-il une friction ? » (Huysmans). (Au condit. de politesse) « Nous voudrions une chambre » (Romains).
(Avec un compl. de personne) « Les hommes veulent des messies » (Duhamel). Vouloir posséder sexuellement. désirer. « Ce n'était pas Lise qu'il voulait, c'était cette gamine ! » (Zola).
Vouloir qqch. de qqn, vouloir obtenir de lui. ⇒ attendre. « Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle » (Hugo). (Dans le même sens, par attract. de demander) Qu'est-ce que vous me voulez ?
Loc. EN VOULOIR : vouloir obtenir beaucoup, avoir de l'ambition; être volontaire et agressif, vouloir se battre (sports, etc.).
2(voleir mal a Xe) Vouloir du bien, du mal, qqch. à qqn : souhaiter que qqch. échoie, arrive, soit à qqn. « Des âmes honnêtes, qui me veulent du bien » (Rimbaud). Je ne veux de mal à personne. « Je lui voudrais d'autres yeux » (Balzac) :je voudrais, j'aimerais qu'elle ait d'autres yeux.
3(1549) EN VOULOIR À. Vx S'en prendre à. En vouloir à la vie de qqn. Mod. Avoir des visées sur, s'intéresser à. « On n'en veut qu'à sa signature » (Sartre).
(XVIIe) Garder du ressentiment, de la rancune contre (qqn). Ne m'en veuille (fam. veux) pas; ne m'en veuillez (fam. voulez) pas. « Elle lui en voulait de ce calme » (Flaubert),à cause de ce calme. « Il ne lui en voulait pas de déprécier les choses qu'il estimait » ( Larbaud). S'en vouloir de... : se reprocher de. ⇒ se repentir. Je m'en veux d'avoir accepté. Fam. « Moi, aller voir des femmes ? Ah ! je m'en voudrais ! » (Montherlant).
4(Avec un attribut du compl.) Souhaiter avoir (une chose qui présente certain caractère). « Il veut le blé à bon marché » (Zola). « Il les voulait telles qu'elles étaient » (Michelet).
5Se vouloir : vouloir être, prétendre être. Une analyse qui s'est voulue objective.
6(XIIIe) (Objet ind.) VOULOIR DE (qqch. ou qqn) :être disposé à s'intéresser à... ou à se satisfaire de..., à accepter. Il ne veut pas de tes excuses. « Une pouliche dont [...] pas un parieur ne voulait » (Zola). « Une femme pardonne tout, excepté qu'on ne veuille pas d'elle » (Musset).
7(1553) Absolt Faire preuve de volonté. Il « avait la qualité dauphinoise, il savait vouloir » (Stendhal). « À force de m'habituer à ne pas vouloir » (Proust).
II(v. 1200) (Avec un sujet de chose, auquel on prête une sorte de volonté) Avoir besoin de..., demander. (Avec l'inf.) L'attention « veut être relâchée de temps en temps » (Bossuet). Vouloir dire qqch. : signifier.
(Avec une complétive) « L'honneur veut que ce suppliant devienne, à l'instant, sacré » (Gobineau). prescrire. « Un malheureux hasard voulut qu'ils ne fussent point réunis » (Alain-Fournier). « Le malheur a voulu que tout dernièrement [...] on a brûlé une foule de papiers » (Chateaubriand),le malheur a fait que...
Vieilli (sujet chose concrète; avec un compl. d'objet) « Tout cela voudra du temps et voudra de l'argent » (Balzac),demandera, exigera.
IIIPar ext. (déb. XVIIe) (volonté « logique ») Affirmer (par un acte du jugement volontaire plus que par référence à la réalité). prétendre. « Descartes a voulu, contre toute apparence, que les animaux fussent des machines » (France) . C'est la thèse « qui veut, en somme, que la raison soit soumise à l'expérience » (Benda).
Fam. Je veux ! formule d'approbation ou d'affirmation énergique. ⇒ oui (cf. Et comment ! Un peu !) .
IV(déb. XIIe) (Simple acquiescement de la volonté) Consentir, accepter. « Demande-lui s'il veut venir souper avec moi » (Molière). « Si vous voulez me suivre par ici, Monsieur » (Balzac). « Moyennant que le temps le veuille » (A. Daudet). permettre. (Pour exprimer une prière polie) « Voulez-vous avoir l'obligeance de remplir ces formulaires ? » (Sartre). Veuillez vous donner la peine d'entrer. (En formule de politesse) Veuillez agréer, Madame, l'expression de mes sentiments distingués. (Pour marquer un ordre) « Veux-tu te taire, animal ? » (Zola). Ellipt Voulez-vous ! (vous taire, vous arrêter).
Vx Vouloir que... : admettre, concéder que. « Je veux qu'il y ait [dans l'Écriture] des obscurités » (Pascal).
Mod. VOULOIR BIEN. « Je veux bien m'en tenir à cette punition légère » (Laclos). « Si elle voulait bien me recommander à quelque employeur » (Céline). Ellipt « Nous jouerons à trois, si vous voulez bien » (Loti)[cf. Être d'accord]. Iron. « Ils appellent cela un studio [...] Moi, je veux bien » (Romains). Fam. Nous, on veut bien... : nous voulons bien croire, admettre (mais sans conviction, par pure complaisance). — (Avec une complétive) « Je veux bien que vous preniez quelques potages » (Proust). permettre. (Concession intellectuelle) Je veux bien qu'il se soit trompé, je l'admets.
V(1080) (Auxil. d'aspect) Région. (suivi de l'inf.) S'emploie, au lieu de aller, pour exprimer un futur proche et probable. Il veut pleuvoir. ⊗ CONTR. Refuser. vouloir 2. vouloir [ vulwar ] n. m.
XIIe; inf. subst. du v. vouloir
1Littér. Faculté de vouloir. volonté. « Cette interprétation téméraire du vouloir divin » (F. Mauriac).
2(1432) BON, MAUVAIS VOULOIR. Vx Bonnes, mauvaises intentions.
Mod.; vieilli ou région. Bonne, mauvaise volonté. « Désespéré du mauvais vouloir de ses serviteurs » (Zola).

vouloir verbe intransitif (latin populaire volere, du latin classique velle) Avoir de la volonté (surtout dans des sentences ou des maximes) : Quand on veut, on peut.vouloir (citations) verbe intransitif (latin populaire volere, du latin classique velle) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 […] Je ne sais ce que c'est que vouloir sans faire. Entretiens au bord de la mer Gallimard Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 L'homme n'est heureux que de vouloir et d'inventer. Propos sur le bonheur Gallimard Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Vouloir à partir de ce qu'on a fait sans le vouloir, c'est le vouloir même. Vingt Leçons sur les beaux-arts Gallimard Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Plus on veut, mieux on veut. Fusées Paul-Jean Toulet Pau 1867-Guéthary 1920 C'est la pire lassitude, quand on ne veut plus vouloir. Les Trois Impostures Émile-Paulvouloir (homonymes) verbe intransitif (latin populaire volere, du latin classique velle)vouloir verbe transitif Appliquer sa volonté, son énergie à obtenir quelque chose : Il veut le pouvoir. Vouloir réussir. Désirer quelque chose, souhaiter que quelque chose se produise : Les agriculteurs veulent de la pluie. Souhaiter avoir quelqu'un pour remplir telle fonction : Elle le voulait pour époux. Désirer ou accepter la présence de quelqu'un, quelque chose en tel lieu, dans tel état, etc. : Je les voudrais bien comme voisins. Elle ne veut plus ce piano ici. Avoir l'intention de : J'ai voulu me lever et je suis tombé. Ordonner quelque chose, le réclamer : Il veut qu'on lui obéisse. Exiger quelque chose de la part de quelqu'un, quelque chose, le requérir : Que voulez-vous de moi ? Le règlement veut une minute de silence. Exiger tant en échange de quelque chose, le demander comme prix : Ils veulent combien de leur voiture ? Accepter quelque chose, le laisser se produire, ou faire qu'il se produise, en parlant en particulier d'une force, du destin : La chance a voulu me donner cette occasion. Affirmer, dire quelque chose : C'est la théorie qui le veut.vouloir verbe transitif indirect Accepter de prendre quelqu'un en tant que tel : Je ne veux pas de lui comme collaborateur. Accepter de recevoir quelque chose (surtout négatif) : Je ne veux pas de son argent.vouloir nom masculin (de vouloir) Bon vouloir, bonne volonté. Bon vouloir de quelqu'un, libre décision de quelqu'un. ● vouloir (citations) verbe transitif Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Les gens qui veulent fortement une chose sont presque toujours bien servis par le hasard. La Vendetta Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 Car la jeunesse sait ce qu'elle ne veut pas avant de savoir ce qu'elle veut. La Difficulté d'être Éditions du Rocher Thomas Corneille Rouen 1625-Les Andelys 1709 Académie française, 1685 Je crains ce que je veux et veux ce que je crains. Camma et Pyrrhus Georges Duhamel Paris 1884-Valmondois, Val-d'Oise, 1966 Académie française, 1935 On ne choisit pas ce qu'on voudrait. Les Sept Dernières Plaies Mercure de France Marie Jean Hérault de Séchelles Paris 1759-Paris 1794 Qui veut la gloire passionnément, finit par l'obtenir, ou du moins en approche de bien près. Mais il faut vouloir, et non pas une fois ; il faut vouloir à tous les instants. Voyage à Montbard, Visite à Buffon Joseph Joubert Montignac, Corrèze, 1754-Villeneuve-sur-Yonne 1824 N'est pas heureux qui ne veut l'être. Pensées Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Vous l'avez voulu, vous l'avez voulu, George Dandin, vous l'avez voulu […]. George Dandin, I, 7, Dandin Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir. De l'esprit des lois Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 La liberté, pour l'homme, consiste à faire ce qu'il veut dans ce qu'il peut, comme sa raison consiste à ne pas vouloir tout ce qu'il peut. Discours sur l'homme intellectuel et moral vouloir (difficultés) verbe transitif Conjugaison 1. Vouloir possède à l'impératif deux séries de formes : veuille, veuillons, veuillez et veux, voulons, voulez. Les formes de la première série sont employées surtout dans les formules de politesse et pour exprimer de manière courtoise une requête ou un ordre : veuillez agréer mes sentiments respectueux ; veuillez vous asseoir ; veuille m'excuser auprès de nos amis. Veuillons reste pratiquement inusité : veuillons maintenant passer au premier point de l'ordre du jour. Les formes de la seconde série sont employées en particulier dans deux cas. - Pour engager quelqu'un à faire preuve de volonté et de détermination : tu aimerais devenir champion, c'est possible : veux-le vraiment ; vous voulez arriver ? voulez avec force. Cet emploi est rare. - Dans la locution en vouloir à qqn : ne lui en voulez pas, il n'était pas au courant. Cet emploi est beaucoup plus courant que le précédent. Dans l'expression soignée, on peut se servir également de la première forme, plus soutenue : ne lui en veuille pas, ne lui en veuillons pas, ne lui en veuillez pas. 2. Au subjonctif présent, aux 1re et 2e personnes du pluriel, vouloir présente également deux formes doubles : que nous voulions / que nous veuillions et que vous vouliez / que vous veuilliez. La première est courante : il faudrait que nous voulions bien nous mettre d'accord ; tout est possible à condition que vous le vouliez. La seconde n'est plus utilisée que dans le registre très soutenu : il demande que nous veuillions donner notre accord ; je suis bien aise que vous veuilliez admettre que ce que je dis n'est pas infondé. Emploi Pour exprimer une demande avec courtoisie, on emploie vouloir au conditionnel plutôt qu'à l'indicatif : je voudrais cinq carottes et deux poireaux ; nous voudrions vous demander un renseignement ; il voudrait que nous soyons là à huit heures (plutôt que : je veux cinq carottes..., nous voulons vous demander..., il veut que nous soyons là..., considérés comme trop impérieux). Registre Je veux, employé pour oui ou renforçant une affirmation, appartient à la langue parlée très familière : « C'est bon ? - Je veux ! » ; « Il va venir ? Je veux, qu'il va venir ! »peu Construction 1. Vouloir, le vouloir. On peut dire, avec ou sans le pronom neutre le : je resterai là si tu veux ou si tu le veux ; nous sommes restés moins longtemps qu'il ne voulait ou qu'il ne le voulait. 2. Bien vouloir / vouloir bien. La première formule est tenue pour plus déférente que la première. On dit ou on écrit en s'adressant à une personne à qui l'on doit le respect ou à un supérieur hiérarchique : je vous prie de bien vouloir... En revanche, je vous prie de vouloir bien (et a fortiori vous voudrez bien) ne peut être employé qu'en s'adressant à un subordonné : je vous prie de vouloir bien déférer à la convocation ci-jointe ; vous voudrez bien à l'avenir tenir compte de cette remarque. 3. Vouloir que (+ subjonctif ou indicatif). Le verbe de la subordonnée est au subjonctif : je veux qu'il vienne ; que veux-tu que j'y fasse ? Cependant, l'indicatif est possible après vouloir que si vouloir a pour sujet la destinée, le hasard, le destin, etc. : le malheur veut qu'il fait pleine lune cette nuit-là. Vouloir bien que (+ subjonctif ou indicatif). Le verbe de la subordonnée est au subjonctif. Cependant, lorsque vouloir bien est pris au sens de « admettre, concéder que », il peut être suivi de l'indicatif : je veux bien qu'il faut un capital pour se lancer, mais il faut surtout de la volonté et du travail. 4. Vouloir de = recevoir, accepter pour sien, est employé surtout en tournure négative. Je ne veux pas de sa pitié. En aucun cas elle ne voudra de votre aide. Dans une phrase affirmative, on dit dans le même sens vouloir bien de : elle veut bien de votre aide, de votre don. Remarque Ne pas confondre la tournure vouloir de et la construction avec de partitif : vouloir de l'argent, vouloir du sucre, etc. 5. S'en vouloir de (+ infinitif), que (+ subjonctif) : elle s'en est voulu de ne pas lui avoir répondu plus tôt (ou, avec un complément substantif : elle s'en est voulu de son retard à lui répondre). La construction s'en vouloir que (+ subjonctif) est possible, mais elle est littéraire et beaucoup plus rare : je m'en veux qu'il ait pu croire que je l'avais oublié. ● vouloir (expressions) verbe transitif Vouloir bien, accepter quelque chose, y consentir : Elle veut bien que tu viennes ; se prêter à une action : Si la voiture veut bien démarrer. Dieu veuille !, souhait que l'on formule, en particulier dans des moments d'inquiétude. Faire ce que l'on veut de quelqu'un, avoir un grand empire sur lui. Que veux-tu, que voulez-vous !, exprime la résignation. Sans le vouloir, involontairement, par mégarde. Savoir ce qu'on veut, être résolu. Si on veut, si vous voulez, se dit comme une concession. Veuillez + infinitif, introduit un ordre poli, entre dans des formules de politesse : Veuillez croire à l'expression de mes meilleurs sentiments. Voulez-vous, veux-tu (bien), expriment un ordre poli ou violent selon l'intonation. Vouloir du bien à quelqu'un, être animé de bonnes intentions à son égard. ● vouloir (homonymes) verbe transitifvouloir (synonymes) verbe transitif Appliquer sa volonté, son énergie à obtenir quelque chose
Synonymes :
- désirer
- tenir à
Contraires :
Désirer quelque chose, souhaiter que quelque chose se produise
Synonymes :
- désirer
Souhaiter avoir quelqu'un pour remplir telle fonction
Synonymes :
- aspirer à
- espérer
- rêver de
Contraires :
- répudier
Ordonner quelque chose, le réclamer
Synonymes :
- réclamer
Exiger quelque chose de la part de quelqu'un, quelque chose, le requérir
Synonymes :
- nécessiter
- requérir
Exiger tant en échange de quelque chose, le demander comme prix
Synonymes :
- réclamer
Affirmer, dire quelque chose
Synonymes :
- alléguer
- prétendre
Contraires :
Vouloir bien
Synonymes :
Contraires :
- décliner
- dédaigner
vouloir (expressions) verbe transitif indirect Familier. En vouloir, être ambitieux, avoir un comportement de gagneur. En vouloir à quelqu'un, lui garder de la rancune pour telle action, tel comportement, lui reprocher quelque chose. En vouloir à l'argent, au bien de quelqu'un, vouloir le détourner à son profit. En vouloir à la vie de quelqu'un, à ses jours, former le projet de le tuer. ● vouloir (homonymes) verbe transitif indirectvouloir (citations) nom masculin (de vouloir) Maurice Blondel Dijon 1861-Aix-en-Provence 1949 Le besoin de l'homme, c'est de s'égaler soi-même, en sorte que rien de ce qu'il est ne demeure étranger ou contraire à son vouloir […]. L'Action P.U.F.vouloir (expressions) nom masculin (de vouloir) Bon vouloir, bonne volonté. Bon vouloir de quelqu'un, libre décision de quelqu'un.

vouloir
v. tr.
rI./r
d1./d être fermement déterminé à, ou désireux de. Il veut partir. Je veux qu'il vienne.
|| Absol. Manifester de la volonté. Vouloir, c'est pouvoir.
|| (Dans une loc. exclam. ou interrog., pour marquer la résignation.) Que voulez-vous!
Fam. Que veux-tu que j'y fasse?
d2./d être résolu ou aspirer à obtenir (qqch). Vouloir la paix.
Fam. En vouloir: ne pas se contenter de peu. Il en veut: il veut réussir.
Vouloir telle somme d'argent d'une chose, la réclamer pour prix de cette chose.
|| Vouloir qqch de qqn, l'attendre de lui.
|| Vouloir du bien (du mal) à qqn, être dans des dispositions favorables (défavorables) à son égard.
d3./d (Souvent renforcé par bien.) Consentir à. Je veux bien y aller.
(Formule impérative.) Voulez-vous bien vous taire!
|| (à l'impératif, pour exprimer un ordre adouci, une prière polie.) Veuillez me faire le plaisir de... Veuillez agréer...
rII./r (Sujet n. de chose.)
d1./d Fam. Pouvoir. Ce bois ne veut pas brûler.
d2./d Demander, exiger. La loi veut que...
d3./d Vouloir dire: signifier.
d4./d v. impers. (Suisse) Il veut pleuvoir: il va pleuvoir.
rIII/r (Emploi trans. avec comp. d'objet partitif.) Vouloir de qqn, de qqch, l'accepter. Il ne veut pas de lui pour cet emploi. Je ne veux pas de ton cadeau.
rIV./r En vouloir à qqn, avoir de la rancune contre lui.
|| v. Pron. Regretter, se repentir (de). Je m'en veux d'avoir fait cela.

I.
⇒VOULOIR1, verbe trans.
I. — Empl. trans. dir.
A. — [Le suj. désigne une pers.]
1. Avoir la ferme intention, le souhait, le désir de.
a) Empl. abs. Avoir de la volonté, faire preuve de volonté. Art, faculté de vouloir; savoir et vouloir; il faut vouloir pour agir. Il ne suffit pas toujours de vouloir pour être heureux (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 210). On pourrait se demander si la volonté, même lorsqu'elle veut pour vouloir, n'obéit pas à quelque raison décisive, et si vouloir serait vouloir librement (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 126). V. acte1 ex. 1, agir ex. 2, fonction I B 1 b ex. de Valéry, oser ex. de Hugo.
Loc. proverbiale. Vouloir c'est pouvoir. La détermination mène à la réussite (d'apr. REY-CHANTR. Expr. 1979). Pour réussir dans le monde, seigneur étudiant, retenez bien ces trois maximes: voir, c'est savoir; vouloir c'est pouvoir; oser, c'est avoir (MUSSET, Quenouille Barb., 1840, I, 2, p. 285).
Vouloir vouloir. « Il suffit de vouloir ». Mais on dit cela sans bien réfléchir, car à partir du moment où l'on se met à vouloir, le problème est résolu, quel qu'il soit. Aussi la vraie difficulté n'est-elle pas de vouloir, mais de vouloir vouloir (GREEN, Journal, 1945, p. 247).
b) [Le compl. d'obj. dir. est un inf., une complét. ou un pron. neutre]
) [Le compl. est un verbe à l'inf.] Synon. entendre (v. ce mot II B, C). Vouloir comprendre; vouloir épouser qqn; vouloir parler d'autre chose; vouloir partir; vouloir absolument s'amuser; vouloir à tout prix rester. Camus veut nous faire apparaître le néant intérieur de son héros, et, à travers lui, notre propre néant (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 16). Gillou qui a dix-sept ans veut à toute force entrer dans la résistance (G. MARCEL, Heure théâtr., 1959, p. 51). V. savoir1 I A 2 ex. de Genevoix.
Expr. Si tu veux le savoir! V. savoir1 I A 2.
— Souvent à la forme nég. Je ne veux pas ennuyer plus longtemps mes lectrices (LÉOTY, Corset, 1893, p. 102). Elle me disait pour me consoler qu'elle n'aurait voulu pour rien au monde me rendre malheureux (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 156).
Locutions
Ne pas vouloir abuser. Ne pas vouloir abuser du temps, de la patience de qqn. Demain, je passerai brièvement sur ces différents types de fédéralisme qui ne seraient pas très longs à expliquer, mais je ne veux pas abuser (SCELLE, Fédéralisme eur., 1952, p. 22).
Ne vouloir rien avoir à faire avec. Mais Malraux scandalise. Nos critiques sont des Cathares: ils ne veulent rien avoir à faire avec le monde réel (SARTRE, Litt., 1948, p. 38).
Ne vouloir rien entendre. V. entendre I B 2 a . Ne pas vouloir en entendre parler. V. entendre I A 2 a.
Ne/n'en rien vouloir savoir; ne pas vouloir savoir qqc. Décider d'ignorer quelque chose, refuser d'écouter les objections de quelqu'un. (Je ne) veux pas le savoir (fam.). V. savoir1 I C 3 a.
— [Suivi d'une tournure verbale en en]
Vouloir en avoir le cœur net. V. en2 II B 1 b ex. de Camus.
Vouloir en finir. La France veut en finir avec la guerre civile (THIERS, 1871 ds Rec. textes hist., p. 65).
Expr. Si vous voulez m'en croire. V. en2 II B 2 b ex. de Bernanos.
♦ [Dans une interr. dirr. ou indir.] Où veux-tu en venir? Voilà où je voulais en venir; voilà quel rêve remplissait mes jours et troublait mes nuits (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 175). V. III A 1 b ex. de Dumas père.
— [Au cond.]
♦ [Sert à exprimer un souhait de manière discrète, à exprimer un désir plutôt qu'une volonté] Il la regardait dormir, il aurait voulu la boire (L. MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 98). V. que I C 2 a ex. de Gide. [Atténuation polie de je veux] Je voudrais dire un mot; je voudrais attirer votre attention sur; je voudrais vous parler en particulier. Je voudrais bien savoir, pensai-je en me rongeant les doigts, depuis quand et à quel propos on rend la justice à Greenock au nom de la reine de Saba (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 134). Littér. [Dans un discours, un raisonnement] Je voudrais commencer cette conférence en rappelant quelques-uns des traits les plus originaux du monde moderne (BERGER, Homme mod. et éduc., 1962, p. 115).
Je voudrais (bien) vous y voir. V. voir 1re Section I B 1.
Locutions
Vouloir dire. Chercher à exprimer, à énoncer quelque chose (d'une certaine manière). Que veut dire cet homme? (Ac.). D'un tel processus, l'expérience quotidienne nous donne mille exemples dans la vie courante: que de fois nous arrive-t-il d'interrompre notre interlocuteur pour lui dire: « Je ne vous suis plus: que voulez-vous dire au juste... » (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 91). V. comment ex. 13, dire1 ex. 14, hasard I A 1 ex. de Lachelier.
En incise. Voilà donc masqué ce grand fait d'histoire de l'alimentation, je veux dire, la diminution constante du nombre des plantes alimentaires récoltées sur place (L. FEBVRE, Entre Benda et Seignobos, [1933] ds Combats, 1953, p. 95).
Vouloir rire. V. rire1 I A 2 c. Vous voulez rire. V. rire1 I A 2 c ex. de Courteline.
Vx. Être d'un caractère à demander ou à exiger (telle ou telle chose). Il y a des enfants qui veulent être menés par la crainte (Ac. 1798-1878).
) [Le compl. est une complét. en que, le suj. de la complét. étant différent de celui de vouloir] Souhaiter, avoir l'intention déterminée de faire faire quelque chose. Synon. entendre (v. ce mot III B, C). Vouloir que qqn obéisse, que qqn s'amuse. Je veux que tu me racontes ton roman (SALACROU, Terre ronde, 1938, I, 4, p. 166). V. quand I A 1 rem. 2 ex. de Peyré.
— [Au cond.] Je voudrais tant que mon ménage ressemblât au vôtre... Je suis très ambitieux! (BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 6, p. 10).
— [Dans une formule de politesse servant à engager une action, faire une proposition] Voulez-vous que nous discutions ensemble de ce problème? Voulez-vous que je vous offre quelque chose? (VAN DER MEERSCH ds Lar. Lang. fr.).
) [Le compl. est un pron.]
— [Le compl. est le pron. neutre le]
♦ [Pour signifier à qqn qu'il a bien mérité ce qui lui arrive, qu'il doit accepter les conséquences de ses actes] Tu l'auras voulu; vous l'avez voulu, vous l'aurez voulu. Ne m'échauffe plus les oreilles, fillette. Tu l'as voulu; je te garde ici jusqu'à demain (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 90).
♦ [Le suj. désigne une autorité, une pers. qui donne des ordres] Avec des ministres qui changent tous les dix-huit mois, rien n'est commode comme de répondre aux reproches les plus fondés: Le ministre l'a voulu (STENDHAL, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 156).
Expr. [Le suj. désigne Dieu] Si Dieu le veut. Enfin, il a vu l'impression de deux œuvres en prose, les Commentaires de Socrate, (...) et Claire Lobscure, titre principal de plusieurs nouvelles pour être l'une et l'autre continuées si le veut Dieu (VERLAINE, Œuvres en prose compl., Paris, Gallimard, 1972 [1884], p. 691). Dieu l'a voulu. Dieu l'a voulu. Et pour ce motif-là, j'accepterais aussi bien un monde qui ne serait que mal qu'une larme d'enfant (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 81).
Loc. Sans le vouloir. Sans en avoir l'intention. Synon. par inadvertance, involontairement. [Arnauld] a fait une chose humainement grande: il a créé la secte janséniste, mais sans le vouloir, sans même y songer (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 286). Il faut le vouloir. Il faut en avoir la volonté. L'amour est une fièvre, une maladie, et je suis guérie. Vous guérirez aussi, mais il faut le vouloir (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 142).
— [Avec (tout) ce que] On trouve là tout ce qu'on veut. V. désirer II A 1 b ex. de Hugo. P. ext. Tout ce que tu voudras. Tout, tout ce qu'on peut imaginer. Tu connais ma tante Zulma?... Eh bien, étant enceinte, elle eut une envie de morue. C'était idiot, c'était grotesque, c'était tout ce que tu voudras, mais enfin elle eut cette envie (COURTELINE, Vie mén., Envie, 1890, I, p. 107).
Faire ce qu'on veut; fais ce que tu veux, ce que tu voudras; faites ce que vous voulez, ce que vous voudrez. Les clients, une fois sortis, font ce qu'ils veulent (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 235). Faire de qqn (tout) ce qu'on veut. Avoir une grande emprise sur cette personne, sur sa volonté, ses actes (d'apr. Ac.).
Savoir ce qu'on veut; ne pas savoir ce qu'on veut; ne savoir ce qu'on veut. V. savoir1 I C 1. V. contradictoire ex. 6.
Ce que femme veut. V. femme I B 2 l ex. de Goncourt. Expr. proverbiale, p. plaisant. Ce que femme veut, Dieu le veut. V. dieu 2e Section II B 1.
— [Le compl. est un pron. interr. ou une loc. interr.] Qu'est-ce que vous voulez? Le tour est joué. L'histoire est faite. Que voulez-vous de plus? Rien. Sinon:savoir pourquoi (L. FEBVRE, L'Hist. historisante, [1947] ds Combats, 1953, p. 118). Que veux-tu? V. que II A 1 a ex. de Giraudoux.
) [P. ell. de l'inf., de la complét. en que ou du pron. neutre]
— [P. ell. de l'inf. ou du pron. neutre]
♦ [Dans une tournure avec qui suj. ou compl.] Le fasse qui voudra. N'est pas journaliste qui veut. Trousser un écho, rédiger une chronique, faire un article, c'est un art (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 95). V. qui I B 1 c ex. de Valéry et qui I B 1 d ex. de Malraux.
♦ Dans une loc. exclam. ou compar. Autant qu'on veut, tant qu'on veut, comme on veut, où on veut, quand on veut. Autant qu'on peut le souhaiter, à sa guise, à son gré. Comme tu voudras! Le gros des forces n'est pas libre d'agir où l'on veut et comme on veut (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 165). Je descendrai jusqu'aux plaines, et je prendrai le courrier de Banon. Qu'est-ce que tu en dis, Ulalie? (...)Fais comme tu veux (GIONO, Colline, 1929, p. 190).
Loc. Quand tu voudras, quand vous voudrez. Quand tu seras prêt, quand vous serez prêt. V. quand II ex. de Staël.
— [P. ell. du pron. neutre le ou de la complét. en que] Expr. pop. Ça va(-t-il) comme tu veux/vous voulez? Et ça va toujours comme vous voulez, madame Laure? (A. FRANCE, Crainquebille, 1905, 3e tabl., 1).
— [P. ell. de l'inf.] C'est comme ça! On ne fait pas ce qu'on veut! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 254). Ce que nous avons voulu dans ces pages, c'est présenter moins une défense qu'une illustration des jeunes paysans, faire saisir leurs difficultés (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 263).
(N')en vouloir pour exemple, pour preuve, pour témoin que... (Ne) vouloir citer, donner pour exemple, pour preuve, pour témoin de quelque chose, que... La guerre (...) reçoit sa forme (...) des rapports qui existent au moment où elle éclate. Je n'en veux pour exemple que les transformations originelles qu'eurent à subir les armées de l'Europe se battant avec Napoléon pour arriver à la victoire (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 38). J'en veux pour preuve qu'on peut remplacer l'objet par une photographie (WARCOLLIER, Télépathie, 1921, p. 340).
c) [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose; c'est un subst. ou un pron. neutre]
) Qqn veut qqc. Avoir l'intention déterminée d'obtenir quelque chose, souhaiter vivement quelque chose. Vouloir l'impossible; vouloir la paix; vouloir le bonheur de qqn. Une bourgeoisie basse et jalouse, qui nous hait et veut notre ruine (SANDEAU, Mlle de la Seiglière, 1848, p. 117). Maxence veut avant tout la vérité (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 93).
Proverbes
Qui veut la fin veut les moyens. V. fin1 B 1 ex. de Dumas père. [P. réf. au proverbe] L'essentiel est de vouloir la fin pour trouver les moyens (CAPELLE, Éc. demain, 1966, p. 71).
Si tu veux la paix, prépare la guerre. V. paix I A.
Loc. Vouloir le mal pour le mal. V. mal3 III A 1.
— [Le compl. d'obj. dir. désigne un objet concr.] On veut des romans d'amour, de chevalerie et les policiers de l'époque où il y a des revenants et des voleurs (Civilis. écr., 1939, p. 18-5).
♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne des avantages pécuniaires, soc.] Vouloir une augmentation, une promotion. V. ex. 7.
♦ [Le compl. d'obj. dir. désigne une denrée comestible] Voulez-vous un apéritif? « Je veux des asparges », dit Anthime; la mère rectifia:« asperges », dis: « des asperges, ou tu n'en auras pas! » « Je veux des asparges! » (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 36). [Au cond.] Je voudrais un autre demi; pas vous?Non, j'ai trop chaud, dit Anne (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 225).
— [Avec un attribut du compl. d'obj. dir.] Souhaiter avoir, proposer une chose qui présente certaines qualités. Vouloir un steack saignant. La merluche se réduit en une espèce de crème. Si vous la voulez verte, vous pilez des épinards dont vous joignez le suc (Gdes heures cuis. fr., Grimod de la Reynière, 1838, p. 159):
Cet art, il le veut conforme à ce qu'il appelle la réalité: c'est pourquoi il garde la nostalgie de certains aspects du réalisme. Il le veut agréable à sa sensibilité, brillant, luisant et quelque peu voluptueux...
CASSOU, Arts plast. contemp., 1960, p. 16.
) [Avec compl. prép. à/pour] Souhaiter que quelque chose arrive à quelqu'un. Vouloir un avenir brillant pour qqn.
Vouloir du bien, du mal à quelqu'un. Souhaiter qu'une personne soit heureuse ou malheureuse; avoir de bonnes ou de mauvaises intentions à l'égard de quelqu'un. Je ne te veux absolument aucun mal (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 108). Ne jamais vouloir de mal à quelqu'un, ne vouloir de mal à personne. V. mal3 II A 2 a ex. de Barante.
Un ami qui vous/te veut du bien. V. bien3 I B 2 a.
— [Dans une interr. dir. ou indir. à valeur exclam.; sert à exprimer le fait qu'une pers. craint qu'une autre pers. cherche à l'importuner] Qu'est-ce qu'il nous veut, ce gendarme, de nous examiner comme ça? (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 199). V. que ex. 11.
) Qqn veut qqc. de qqn. Attendre ou accepter quelque chose de la part de quelqu'un. Vous n'avez rien voulu de moi, dit Calyste, je rendrais votre fortune à vos héritiers (BALZAC, Béatrix, 1839, p. 94). V. que II B 1 c ex. de Mauriac.
) [En parlant du prix d'une chose à vendre] Qqn veut qqc. de qqc. Demander tel prix pour tel objet. Vouloir tel prix de qqc. Que voulez-vous de ce cheval? (Ac. 1835-1935). Je te l'achète cinq cents écus [ton bétail] ! et l'on tend la main pour « taper l'accord ».Non, j'en veux six cents! (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 2, 1954, p. 67).
— [P. ell. du compl. prép.] Combien veux-tu? V. combien I A 1 b rem.
d) [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.]
) Qqn veut qqn. Rome veut un maître.
— Désirer, posséder charnellement. Synon. désirer (v. ce mot II A 2 c). Vouloir une femme. Tu sais aussi que je te veux plus encore que tu ne peux me vouloir. Tout moi te veut. Je t'appartiens. Tu m'as demandée; je suis venue (MARAN, Batouala, 1921, p. 122).
P. anal. [Le suj. désigne une jument] Vouloir l'étalon. Être en chaleur. (Ds Lar. Lang. fr.).
— [Le compl. d'obj. dir. désigne un enfant auquel on donne naissance] Vouloir, ne pas vouloir d'enfant. Elle aurait voulu un garçon, parce que les garçons se débrouillent toujours (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 468).
— [Avec un compl. circ.] Je te veux avec nous, Raboliot (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 238).
Loc., vx. Se faire bien vouloir, mal vouloir de qqn. ,,Gagner son affection, s'attirer son inimitié`` (Ac. 1835, 1878).
— [Avec un attribut du compl. d'obj. dir.] Et si tu consentais à n'être qu'à moi, oh! Je te voudrais la plus belle, la plus riche, voitures, diamants, toilettes (ZOLA, Nana, 1880, p. 1335).
Empl. pronom. réfl. Se proposer d'avoir telle ou telle attitude, tel ou tel caractère, et faire effort en ce sens. Se vouloir aimable, équitable; se vouloir témoin de son époque. Baudelaire, « l'homme qui s'est voulu grand poète sans être ni Hugo, ni Lamartine, ni Musset » (GUIRAUD ds Langage, 1968, p. 442).
♦ [Introd. par pour] Je le veux pour époux. Voici des travailleurs non capitalistes: (...) Est-ce que vous les voulez pour ennemis? (L. BLANC, Organ. trav., 1845, p. 64).
) Loc. pop. Vouloir la peau de qqn. V. peau B 2 p. méton.
2. Affirmer, prétendre, soutenir péremptoirement (quelque chose). Il veut absolument avoir déjà rencontré cet homme quelque part. Il y a eu, il y a encore des sociétés sans état, même s'il est vrai, comme voulait Hegel, que l'histoire ne commence qu'avec l'avènement de l'État (Traité sociol., 1968, p. 390).
Absol., loc. pop. [Pour renforcer une réponse, pour marquer une assertion, une approbation] Je veux! je veux mon neveu ! Je prétends absolument, cela ne fait aucun doute, c'est sûr et certain. Synon. et comment! plutôt! je te crois. Alors comme ça vous l'avez connu?Je veux, dit Léonie. Ç'a été mon premier béguin (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 34). — Bon, ça va être la fête au 8 de la rue que je te parle. Je veux, mon neveu (SAPHO, Ils préféraient la lune, 1986, p. 85 ds BERNET-RÉZEAU1989).
3. [À la 2e pers., dans une phrase interr. ou exclam.; le compl. d'obj. dir. est une complét. Indique que le locuteur, résigné ou devant une situation insoluble, s'en remet à son interlocuteur ou le prend à témoin] Que voulez-vous que je vous dise? Comment veux-tu que je m'en sorte? Qu'est-ce que vous voulez que j'en sache? Mais qu'est-ce que tu veux que ça lui fasse, à bonne maman, de recevoir ou non une lettre de moi? (GIDE, Si le grain, 1924, p. 376). V. comment I B 1 c ex. de Zola, qui I D 2 ex. de Claudel.
P. ell., parfois en incise. [Marque l'embarras ou la résignation] Que veux-tu, que voulez-vous. Qu'est-ce que vous voulez, mon garçon!... On m'a commandé de vous mettre dans le cachot de Bonnivard (...) Je vous mets dans le cachot de Bonnivard (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 209).
4. [Le compl. est un inf., une complét. en que ou un pron. neutre; souvent avec l'adv. postposé bien]
a) Accepter quelque chose, concéder quelque chose à quelqu'un, consentir à quelque chose. Voulez-vous danser avec moi? Vous voulez bien que je vous embrasse? Dorothy oh! mais avec plaisir! (BOURDET, Sexe faible, 1931, II, p. 402).
— [Dans une réponse ell.; formule de politesse par laquelle on donne son accord] — « Encore un morceau?Je veux bien (...) » (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 77).
Loc. Que tu le veuilles ou non/Que vous le vouliez ou non. Avec ou sans ton/votre consentement. Car tu trembles! car j'ai senti, que tu le veuilles Ou non, le tremblement adoré de ta main (ROSTAND, Cyrano, 1898, III, 6, p. 132). V. non I A 4 ex. de Mauriac.
— [Formules servant à introduire un souhait dont on n'ose croire que le ciel accepte de le réaliser] Dieu veuille... Veuille le juste Ciel... Veuille le ciel n'avoir permis qu'à moi de le surprendre (GIDE, Caves, 1914, p. 789). Dieu veuille vous garder à vous, ma Mère! (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, II, 4, p. 1590).
b) Loc. ell., gén. en incise
) Si tu veux, si vous voulez, si l'on veut
— Si cela te/vous fait plaisir. Si vous voulez, madame, Cette bourse est à vous, cette autre, et celle-ci (MUSSET, Coupe, 1832, IV, 1, p. 313).
— [Précédé de ou ou de et; formule empl. pour marquer une précision ou pour introduire une approximation par rapport à ce qui a été exprimé] Elle est, depuis 1875, ou, si vous voulez, depuis 1878, aux mains des Républicains déclarés (CHALLEMEL-LACOUR, 1888 ds Fondateurs 3e Républ., p. 154). Réserves de méthode et, si l'on veut, de principe (L. FEBVRE, Entre Benda et Seignobos, [1933] ds Combats, 1953, p. 78).
— [Fréq. dans la conversation; formule par laquelle on cherche à associer l'interlocuteur au déroulement du raisonnement, du propos, à lui signifier qu'on tient compte de sa présence] Cherchons ensemble, si vous voulez, les lois de la société, le mode dont ces lois se réalisent, le progrès suivant lequel nous parvenons à les découvrir (PROUDHON, Lettre à Marx, 1846 ds Doc. hist. contemp., p. 235).
Si vous le voulez. Un développement d'orchestre peignant, si vous le voulez, le passage tumultueux de la caravane, mais qui pourrait aussi bien peindre autre chose, ou ne rien peindre du tout (P. LALO, Mus., 1899, p. 339). Il y a beaucoup à dire sur la Grande Bretagne et sur les Anglais, ce sera, si tu le veux bien, pour la revue (NIZAN, Conspir., 1938, p. 157).
) Si Dieu veut. Avec le consentement de Dieu. Et il faudra que je jette au monde beaucoup de petits tueurs, si Dieu veut, et avec l'aide des astres (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 573).
c) [Avec une valeur impér.; dans une phrase interr. à valeur exclam., ou dans une phrase exclam.] Voulez-vous me suivre? Voulez-vous fermer la porte! Voulez-vous vous taire, voulez-vous bien en finir! (Ac. 1835-1935). Qui va faire l'article?... Daudet, voulez-vous vous en charger? (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 22).
— [Au fut., exprime un ordre] Mademoiselle, vous voudrez bien aider un peu Alphonsine dans ses travaux de lingerie (BAZIN, Vipère, 1948, p. 49).
— [En fin de phrase] Veux-tu? voulez-vous? Hugo verse-moi à boire, veux-tu? (SARTRE, Mains sales, 1948, 5e tabl., 1, p. 180).
♦ [Pour s'assurer de l'accord de son interlocuteur] Je viendrai dîner chez vous demain, voulez-vous? (L. FEBVRE, G. Espinas, [1950] ds Combats, 1953, p. 405).
Loc. exclam., p. ell. Veux-tu! [Tournure par laquelle le locuteur exprime son opposition à ce que fait son interlocuteur; souvent en empl. hypocor.] — Yvonne! Yvonne! (Yvonne la frappe presque). Veux-tu! (COCTEAU, Parents, 1938, I, 5, p. 211).
— [Dans une formule de politesse, gén. avec bien; sert à tempérer l'ordre contenu dans l'inf. qui suit] Si Monsieur veut bien me suivre! Si sa Majesté voulait avoir la bonté d'agréer sa demande instante d'ordonner l'adoption de cette dernière solution (Affaire Dreyfus, 1900, p. 256).
♦ [Précédé de prier de]
Bien vouloir. [Formule gén. considérée comme plus courtoise que vouloir bien] Je prie donc le lecteur de bien vouloir interdire que l'inconsistance de ce conte de fées nuise à ce qui précède (DAVID, Cybern., 1965, p. 172). V. prier C 2 ex. de Farrère. Loc. Je vous prie de bien vouloir agréer. [Dans des formules épistolaires; exprime un « appel courtois au bon vouloir »; utilisé notamment lorsqu'on s'adresse à un supérieur hiérarchique (d'apr. Admin. 1972)] Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, les assurances de ma haute considération (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 334).
Vouloir bien. [Notamment dans des formules admin. et lorsqu'on s'adresse à une pers. d'un rang hiérarchiquement inférieur; tournure polie mais impér.] On le pria de vouloir bien en informer l'évêque (BILLY, Introïbo, 1939, p. 113).
♦ [À l'impér. de politesse] Veuillez continuer, poursuivre votre déposition; veuillez préciser votre question; veuillez entrer, vous donner la peine d'entrer. Veuillez n'en rien dire à personne (Ac. 1835-1935).
[Dans des tournures épistolaires] Veuillez agréer, veuillez croire, chère Madame, à mes sentiments les meilleurs. V. agréer1 ex. 16.
♦ [Au cond. de politesse] Merci mon ami. Voudriez-vous nous laisser seuls (CAMUS, Possédés, 1959, 3e part., 15e tabl., p. 1079).
d) [Avec une nuance concessive; le compl. est un inf., une complét. ou un pron. neutre] Admettre quelque chose, consentir à quelque chose. J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire (ZOLA, « J'accuse », 1898 ds Doc. hist. contemp., p. 60).
— [Souvent renforcé par bien] Ce n'est pas aussi important que l'on veut bien le croire; je veux bien croire que vous avez dit la vérité. Dans les arts, dans les lettres, et même dans ce qu'on veut bien appeler la politique (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 397). Les procédés photographiques de reproduction polychrome ne sont pas toujours aussi « mécaniques » qu'on veut bien le dire (PRINET, Phot., 1945, p. 72).
♦ [Avec une complét. en que + subj.] Je veux bien que vous ayez oublié cela. Fam. Je veux bien que cela soit. Je suppose que cela est ainsi, quoique je n'en convienne pas. (Ds Ac.). Pop. [Avec l'indic.] Et la nièce, donc, l'héritière! on ne l'a jamais vue ici, sa nièce. Je veux bien qu'il y a eu des brouilles. Alors pourquoi qu'elle hérite? (BERNANOS, Crime, 1935, p. 818).
Expr. Je veux être pendu si..., je veux qu'on me pende si... . V. pendre I A 2.
B. — P. anal. [Le suj. désigne une chose]
1. Loc. Vouloir dire
a) [Le suj. désigne un mot, une expr., un texte] Signifier, avoir telle signification. Que veut dire cette clause? (Ac.). Expliquer veut dire: ramener à des termes connus, et en linguistique expliquer un mot, c'est le ramener à d'autres mots (SAUSS. 1916, p. 259).
b) [Le suj. désigne une chose, un fait] Être le signe de quelque chose. Vouloir dire qqc. (v. dire1 III A 3). J'apprends qu'ordre a été donné de traiter moins durement Dreyfus. Cela ne veut pas dire grand-chose... car les dernières nouvelles représentent le prisonnier comme mourant de fièvre et de dysenterie dans une cabane qui ressemble à la cage d'un fauve dans les jardins zoologiques (Affaire Dreyfus, 1900, p. 131). [À la forme interr., dans une formule par laquelle on exprime son étonnement ou sa réprobation] Mais que veut dire cela? Qu'est-ce que cela veut dire? (Ac.).
Loc. fam. Entendre ce que parler veut dire. V. entendre II A 1 b.
2. a) Vieilli ou littér. Exiger telle ou telle condition pour se développer ou être réalisé de façon satisfaisante. Synon. nécessiter. L'honnêteté, la politesse ne voudrait-elle pas que... Cette affaire veut être conduite avec ménagement (Ac.).
— [Le compl. d'obj. dir. est un subst.] Les papiers [d'état civil] veulent beaucoup de temps, et je ne sais pas si, avec l'activité que tu sais, j'aurai les miens le 15 août à cause des légalisations (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1846, p. 354). Toute analyse veut d'abord, comme outil, un langage approprié (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p. 79).
♦ [Le suj. désigne un végét.] Cette plante veut un terrain humide (Ac. 1878, 1935). Plante exigeante, le houblon veut des terres profondes, fertiles et fraîches (Industr. fr. brass., 1955, p. 4).
b) Exiger de par sa nature, tendre à. Un pantalon à sous-pieds, mais flétri, dont la façon voulait des bottes vernies (BALZAC, Début vie, 1842, p. 479). Quelques récitatifs qui veulent être « dits » sans emphase et non « posés » (BERLIOZ, À travers chants, 1862, p. 216).
c) [Dans une phrase nég.; sert à renforcer la négation] Être capable de, ou être dans l'impossibilité de. La voiture ne veut pas démarrer. Ce bois ne veut pas brûler (Ac.). Cette machine ne veut pas marcher (Ac. 1935).
d) Empl. pronom. réfl. Se vouloir + attribut. Se donner pour, prétendre être, avoir tel ou tel caractère. Ce journal se veut objectif; peintures qui se veulent décoratives. Le répertoire du TNP se veut donc un répertoire de haute culture (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 164). Faut-il tenter de rassembler tous ces traits dans une définition qui se voudrait parfaite? (SALLERON, Comment informer, 1965, p. 11).
3. [Le suj. désigne une réalité qui s'impose ou que l'on prend pour réf.]
a) [Le suj. désigne une puissance, une entité qui s'impose] Entraîner quelque chose, être responsable de quelque chose. C'est le siècle, c'est l'époque qui le veut. Si le malheur voulait que nous dussions subir une guerre (...) ce n'est pas pour une province que nous lutterions mais bien pour l'existence même de la patrie! (CLEMENCEAU, 1885 ds Fondateurs 3e Républ., p. 225). Antigone: Vous êtes odieux! Créon: Oui, mon petit. C'est le métier qui le veut (ANOUILH, Antigone, 1946, p. 181). V. hasard I A ex. de Rolland.
b) [Le suj. désigne une réalité que l'on prend pour réf.; le verbe de la complét. est au subj.] La coutume, la loi, la règle, la théorie, la tradition, l'usage veut que... Nos habitudes veulent que nous entassions dans nos salons plus de monde qu'ils n'en peuvent contenir (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 296). Une légende orientale veut que de beaux yeux « pareils aux pétales de lotus épanouis » soient tombés dans une rivière où ils se sont miraculeusement multipliés (METTA, Pierres préc., 1960, p. 74).
4. [En fonction d'auxil. d'aspect; marque le fut. proche] Vieilli ou région. Rhumatismes ou fraîcheurs dont quelques-uns se ressentent encore quand le temps veut changer ([L'HÉRITIER], Suppl. Mém. Vidocq, t. 1, 1830, p. xxxvj). Nous mettons il veut devant un infinitif, pour marquer le futur. Il veut pleuvoir, il veut faire beau (J. HUMBERT, Nouv. gloss. genev., 1852, p. 2).
5. Loc. À bouche(-)que(-)veux-tu
Vieilli. V. bouche II B 2 c. Au fig. V. bouche II A 3 d.
— À pleine bouche, longuement. S'embrasser à bouche que veux-tu. V. bouche I B loc.
P. anal. et p. plaisant. Je me battais à poing que veux-tu (ZOLA, Contes Ninon, 1864, p. 264).
II. — Empl. trans. indir.
A. — [Le plus souvent à la forme nég.] Vouloir de
1. Vouloir de qqn. Être disposé à recevoir, à accepter quelqu'un. Ne plus vouloir de qqn. Ils savent que, pour jouer de façon à enchanter leur public, ils ont à peine besoin d'être dirigés; ils ne veulent pas d'un chef impérieux qui les contraindrait d'obéir et changerait leurs habitudes (P. LALO, Mus., 1899, p. 347).
— [Avec un compl. circ.] Le parti ne veut pas de Poincaré à l'Élysée (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 203).
— [Avec un attribut de l'obj.] Ne pas vouloir de qqn pour esclave. Quant aux rédacteurs, c'est de singuliers pistolets, de petits jeunes gens dont je n'aurais pas voulu pour des soldats du train (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 259). Vouloir de qqn comme collaborateur, vouloir de Mlle X pour épouse (CAPUT 1969).
2. Vouloir de qqc. [Souvent dans une phrase nég.] Être disposé à prendre, à accepter, à recevoir, à garder quelque chose. Ne vouloir de qqc. pour rien au monde. L'avenir m'effraye tant, que je ne veux pas de l'avenir, et le présent m'est insupportable (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 698). Vous avez tant de mérites réels, que vous devez être le premier à ne pas vouloir d'un mérite factice (HUGO, Corresp., 1862, p. 376).
— [Avec un attribut de l'obj.] Je ne veux pas de cet argent comme aumône (Lar. Lang. fr.).
Loc. En vouloir pour son argent. V. argent II B loc. fig. Loc. adv. En veux-tu en voilà. V. voilà I A 1.
B. — En vouloir à qqn, à qqc.
1. S'en prendre à quelqu'un, s'attaquer à quelqu'un. En vouloir à la vie de qqn (Ac. 1835-1935). Il en voulait au genre humain tout entier (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 458).
Vieilli, fam. Avoir des prétentions, des vues sur quelqu'un, désirer rencontrer quelqu'un. Il en veut à cette fille (Ac.).
2. En vouloir à qqn. Éprouver de l'hostilité, du ressentiment, de la rancune à l'égard de quelqu'un. Je lui en veux à mort (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 257).
— [Avec un compl. prép. de cause] En vouloir à qqn de, pour, à cause de qqc. Éprouver du ressentiment contre quelqu'un à cause de quelque chose. En vouloir à qqn d'être méchant. Je ne sais si l'on ne nous en veut pas plus d'un espoir déçu qu'on ne nous sait gré d'une faveur (BALZAC, Lys, 1836, p. 160).
3. Empl. pronom. réfl.
a) S'en vouloir (de qqc.). Se reprocher quelque chose. Je m'en veux beaucoup, reprit-il en poussant le bateau à la mer (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 37).
— [Avec un compl. prép. de] Il s'en veut de cet échec. Il s'en voulait d'avoir parlé trop vite (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1144).
— [Au cond.] Cette réforme s'impose tellement que je m'en voudrais de vous faire perdre votre temps et de perdre le mien à vous en entretenir davantage (GAMBETTA, 1876 ds Fondateurs 3e Républ., p. 318).
Expr. fam. [Exprime qu'à aucun prix on ne ferait ou n'accepterait telle chose] Je m'en voudrais! V. cucuterie ex. de Montherlant.
b) Loc., vx. Se vouloir mal de qqc. Regretter quelque chose, s'en vouloir. Je me veux mal de ma faiblesse (Ac. 1878, 1935).
4. En vouloir à qqc. Vouloir profiter de quelque chose. En vouloir à l'argent, au porte-monnaie de qqn. Il en veut à cette charge (Ac.).
C. — En vouloir. Loc. fam. Faire preuve d'une grande volonté, d'ambition. SPORTS. ,,Défendre sa chance avec acharnement`` (PETIOT 1982). Le Racing qui en veut terriblement fait des efforts pour marquer (L'Auto-Vélo, 23 déc. 1901, ds PETIOT 1982).
Rem. 1. Au subj. prés. les formes veuillions et veuilliez sont maintenant considérées comme arch. et sont remplacées par voulions et vouliez (d'apr. HANSE Nouv. 1983). 2. L'impér. s'exprime au moyen des formes veuille, veuillez + inf., qui, dans les tournures nég., peuvent faire place aux formes veux, voulez: on a ainsi ne lui en veux pas trop, ne m'en voulez pas, à côté des formes plus élégantes ne m'en veuille pas, ne m'en veuillez pas. Les formules de politesse telles Veuillez agréer, cher Monsieur, veuillez croire, ont contribué à affaiblir la valeur des impér. veuille, veuillez.
REM. 1. Vouleur, subst. masc., hapax. Ce vouleur terrible, ce travailleur à outrance, se bat nuit et jour avec une créature qui est sa compagne de foyer et de lit! (VALLÈS, J. Vingtras, Insurgé, 1885, p. 300). 2. Vouloir-, élém. de compos. entrant dans la constr. de subst. masc. formés sur le modèle de vouloir-vivre et exprimant la volonté de réaliser une action ou d'atteindre un état désigné par le 2e élém. a) Philos. [Chez Schopenhauer] Vouloir-vivre. Ensemble des désirs subconscients qui constituent le fond de l'individualité et qui est à l'origine de la reproduction des individus et de la continuité de l'espèce (d'apr. JULIA 1984). Antoine (...) expliquait (...) la difficulté d'extraire le projectile (...): « Oubliez ce pistolet!... Laissez, laissez la balle!... C'est le vouloir-vivre... qu'il faut... resurexciter! » (MARTIN DU G., Thib., Été 14,1936, p. 196). b) P. anal. ) Vouloir-écrire. On s'est moqué de son « vouloir- écrire » [de R. Barthes], de cette hésitation transie à l'orée d'une littérature dont les monstrespar lui adorésappartiennent à une race évanouie (Le Nouvel Observateur, 4 sept. 1982, p. 71, col. 3). ) Vouloir-être. Une volonté opposée au vouloir-être (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 1278). ) Vouloir-faire. L'acquisition laborieuse d'un pouvoir par habitude, étude, gymnastique ou exercice, conditionne le passage du vouloir-faire au faire (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 229). ) Vouloir-paraître, ling. ,,Motivation psychologique de l'acte verbal par lequel un sujet déterminé se sert d'un niveau de langue autre que celui qu'il utilise habituellement, afin de se prévaloir du prestige qui lui est attaché`` (Lar. Lang. fr.). ) Vouloir-penser. Je ne forme point de pensée sinon par ce pouvoir de penserpar ce vouloir-penserqui est le cogito lui-même (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 412).
Prononc. et Orth.:[], (il) veut [vø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Ind. prés.: je veux, tu veux, il veut, nous voulons, vous voulez, ils veulent ; imp.: je voulais... ; fut.: je voudrai...; passé-comp.: j'ai voulu...; p.-q.-parf.: j'avais voulu...; passé ant.: j'eus voulu...; fut. ant.: j'aurai voulu...; cond.: je voudrais...; cond. passé: j'aurais voulu.... Subj. prés. que je veuille, que tu veuilles, qu'il veuille, que nous voulions, que vous vouliez, qu'ils veuillent, rem. jusqu'au XVIIe s., uniquement: que nous veuill(i)ons, que vous veuill(i)ez d'après les formes fortes veuille(s), veuillent; au XVIIe s. les deux séries se concurrencent; auj. que nous voulions, que vous vouliez l'emportent mais au XIXe s. les aut. emploient encore volon-tiers les anc. formes que LITTRÉ jugeaient meilleures: ,,C'est un barbarisme assez récent et désormais autorisé par l'usage que de dire voulions, vouliez; mais c'est un meilleur usage de dire veuillions, veuilliez``; subj. imp.: que je voulusse, que tu voulusses, qu'il voulût...; subj. passé: que j'aie voulu...; subj. p.-q.-parf.: que j'eusse voulu...; impér.: veuille, veuillons (inus.), veuillez formés sur le subj., empl. dans les formules de politesse et veux, voulons, voulez, formés sur l'ind. pour exprimer la détermination. LITTRÉ n'admet que la 1re série: ,,Les autres formes sont récentes et à peine intelligibles``. Mais selon GREV. 1964674: ,,Elles sont utiles, indispensables même pour exprimer à l'impératif l'idée de « faire acte de volonté » (veuille, veuillez, réduits au rôle d'auxiliaires, sont devenus impuissants à le faire)``. Rem. L'expr. en vouloir (à qqn ou qqc.) sous sa forme nég. se modèle sur le subj. dans la lang. soignée: ne m'en veuillez pas et sur l'ind. dans la lang. cour.: ne m'en voulez pas (cette forme est aussi att. dans la lang. littér.). Voir GREV., ibid. Part. prés.: voulant; passé: voulu, -ue. Étymol. et Hist. I. « Avoir la volonté, l'intention, le désir » A. 1. suivi d'un inf. a) 881 parfait 3e pers. plur. (Ste Eulalie, 3-4 ds HENRY Chrestomathie, p. 3: Voldrent la veintre li Deo inimi, Voldrent la faire diaule servir); 881 p.-q.-parf. 3e pers. sing. [marque l'antériorité] (ibid., 21, ibid.: A czo voldrent concreidre li rex pagiens); 881 parfait 3e pers. sing. (ibid., 24, ibid.: Volt lo seule lazsier); 2e moit. Xe s. ind. prés. 1re, 2e, 3e pers. sing., 3e pers. plur. vol, vols, volt, volunt (St Léger, éd. J. Linskill, 96, 94, 136, 60); ca 1050 imp. subj. 1re pers. sing. volisse (St Alexis, éd. Chr. Storey, 202); ca 1100 vuleir meilz « préférer » (Roland, éd. J. Bédier, 536; 2738); 1370-72 part. prés. adj. (NICOLE ORESME, Ethiques, V, 16, éd. A. D. Menut, p. 306: quant il fait telle chose non voulant); b) 1176-81 empl. pronom. réfl. (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 2101: Car qui se vialt antrer i puet); id. (ID., Chevalier au lion, éd. M. Roques, 1451: qui se vialt, si l'oie), v. éd. W. Foerster, 1447, p. 294, note; cf. lat. sibi velle « se proposer, avoir dessein de »; c) ca 1180 subj. prés. 2e pers. sing., visée jussive (MARIE DE FRANCE, Fables, éd. K. Warnke, LIII, 44, De Eremita: Ne vueilles mes Adam blasmer Se le fruit de l'arbre manja), v. MOIGNET, p. 210; d) 1690 le suj. désigne une chose [à laquelle on prête une volonté] (FUR.: ce bois ne veut pas brûler); 2. suivi d'une complét. introd. par que suivi du subj. ca 1050 (St Alexis, 39: Or volt que prenget moyler; 249); ca 1200 subj. prés. 3e pers. sing., visée optative (GUIOT DE PROVINS, Armeüre du chevalier, 434 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 107: Li sire veuelle que...). B. Avec un nom, un pronom compl. 1. voleir aucune rien à aucun 2e moit. Xe s. voleir mal a « avoir de la haine pour » (St Léger, 101); 1174-87 voleir bien a (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 8514); av. 1630 pronom. réfl. se vouloir mal « se reprocher » (D'AUBIGNÉ, Sonnets, XII ds Œuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 3, p. 252: Je me veus mal à moy qui te suis trop fidelle); 1713 empl. pronom. réciproque (HAMILTON, Gram., 8 ds LITTRÉ: Deux personnes qui se voulaient tant de bien); 2. avec compl. indir. voleir d'aucune rien « accepter, s'intéresser à, se satisfaire de » ca 1050 (St Alexis, 49: Mais ç'ost tel plait dunt ne volsist nïent); ca 1200 (GUIOT DE PROVINS, Bible, 535, p. 26: Lou chateil lait et prent la monte Li sires, s'en vuet); 3. voleir aucune rien ca 1100 (Roland, 2523: Ki herbe voelt, il la prent en gisant); 1835 spéc. part. passé adj. « conforme à une volonté, requis » formalités voulues (Ac.); 4. le compl. désigne un animé, une pers. a) ca 1100 (Roland, 40; 87: S'il voelt ostages); b) ) 1re moit. XIIe s. « aimer quelqu'un, l'avoir en faveur » (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, XXI, 8: Il fuit al Seignur, salvet lui, delivret lui, kar il vuelt lui); ) 1549 « désirer (une femme) » (EST.); 1920 en vouloir « vouloir de l'amour, aimer le plaisir ou l'amour » (BAUCHE, p. 230b); c) 1377 vouloir un oiseau « (en parlant d'un faucon) avoir envie de le poursuivre » (GACE DE LA BUIGNE, Deduis, éd. A. Blomqvist, 9684); 1845 vouloir [l'étalon] (en parlant d'une jument) (BESCH.); 5. en vouloir à qqn a) 1549 « chercher à l'atteindre, le viser, le menacer » (EST.); 1646 en vouloir aux jours de qqn (CORNEILLE, Héraclius, I, 4); b) ca 1590 en vouloir à qqn « éprouver de l'hostilité envers lui » (MONTAIGNE, Essais, III, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1044); c) 1799 pronom. réfl. s'en vouloir de + inf. « se reprocher de » (L. B. PICARD, Collatéral, V, 2 ds LITTRÉ); 6. 1643 vouloir qqc. à qqn « en attendre quelque chose » (CORNEILLE, Polyeucte, IV, 1: Gardes, que me veut-on?). C. Avec un pron. neutre compl. (représentant un inf. ou une complét.) a) ca 1050 empl. pronom. réfl. (St Alexis, 614: Ço ad ques volt); ca 1100 (Roland, 3674: Ço voelt li reis par amur cunvertisset); id. (ibid., 3625: Paien s'en fuient, cum Damnesdeus le volt); b) ca 1050 avec ell. du compl. (St Alexis, 597: Voilent o non, sil laissent enfodir); ca 1100 (Roland, 258: Se li reis voelt; 2801: Se vos volez). D. 1553 empl. abs. « avoir une volonté agissante » (Bible, Sap., 2, 18, impr. J. Gerard d'apr. FEW t. 14, p. 216b). II. « Consentir, acquiescer » 1. a) 1re moit.XIIe s. avec un subst. compl. « approuver, acquiescer à » (Psautier de Cambridge, XXXVI, 23: Del Seignur li alemant de hume serunt confermet, e la veie de lui voldrat); b) ca 1208 un inf. compl. (GEOFFROI DE VILLEHARDOUIN, Conquête de Constantinople, éd. E. Faral,182: Alexis [...] prist de son tresor ce qu'il en pot porter, et mena de ses genz avec lui qui aler s'en voldrent; si s'enfui); c) ca 1274 avec une complét. (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 827: Vueilliez que cors et ame et quanque j'ai soit vo); d) 1579 spéc. exprime une concession de l'esprit je veux que + subj. « j'admets, je concède que » (FAUCHET, Antiq., II, 10 ds HUG.); 2. voloir bien a) 1174-87 pron. neutre compl. (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, 3613: Mes se vos voleiez venir Avoec moi jel voldroie bien); b) 1635 inf. compl. (CORNEILLE, Médée, III, 2: Veut-elle bien céder à la nécessité?). III. Le suj. désigne une chose (à laquelle on attribue une volonté) 1. suivi d'une complét. introd. par que + subj. « avoir pour conséquence, pour effet, entraîner que » ca 1200 (GUIOT DE PROVINS, Chans., IV, 5, p. 7: Et mainte fois veult amors ke je soie Mes et pensis, dolens et corresus); 1573 id. + ind. le malheur veut que... (BAÏF, Poèmes, l. V [II, 252] ds HUG.); 2. suivi d'un inf. 1534 (RABELAIS, Gargantua, XXIV, éd. R. Calder et M. A. Screech, p. 186, 57: Sont ce [...] influences des astres qui voulent mettre fin à tes ayzes et repous?); 3. avec un pron. neutre compl. id. (ID., ibid., XXVI, p. 178, 66: La raison le veult ainsi); 4. avec compl. désignant une chose « exiger, réclamer » 1640 (CORNEILLE, Horace, V, 2: Un si rare service [...] Veut l'honneur le plus rare et le plus éclatant). IV. Auxil. d'aspect; exprime le fut. proche, probable ca 1100 (Roland, 3404: Bataille veit cil ki entr'els volt estre); fin XIIe s. (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 3527: Chaoir voloit del destrier arabi Quant .i. borgois en ses bras le saisi); ca 1433 impers. il veult pleuvoir (Passion de Semur, 1014 ds E. ROY, Mystère de la Passion en France, 1905, p. 21a). V. « Affirmer » 1616-20 vouloir que + ind. « affirmer que » (AUBIGNÉ, Hist. universelle, VIII, 21 ds HUG.: Quelques-uns veulent que ces paroles intimidèrent les chefs chrestiens). Du lat. vulg. (relevé sous la forme du gérondif volendi: fin IVe-déb. Ve s., AUG., Serm., 186, 1 ds BLAISE Lat. chrét.; de l'ind. prés. 2e pers.: si vis, si voles VIIIe s., Gloss. Reich., 551 d'apr. VÄÄN., § 315), réfection du class. d'apr. les formes à rad. vol- (volo, volui) sur le modèle de habui-, potui-potere. exprime le désir, la volonté (velis, nolis « bon gré, mal gré »); constr. avec un subst. à l'acc. (aquam velim, PLAUTE; pacem volo, CICÉRON; spéc. bene velle aliquem « diligere », CATULLE, v. FEW t. 14, p. 219a, note 4, ainsi que Ps. XXI, 9: salvum faciat eum, quoniam vult eum); avec un inf., une prop. inf. (spéc. avec un attribut et ell. de esse: te salvum volunt, CICÉRON), avec un subj. précédé ou non de ut ou de ne; exprime aussi l'affirmation, l'opinion (cf. CICÉRON, De Or., I, 235); avec pour suj. un nom de chose, il signifie « exiger, demander » (si volet usus, HORACE); à basse époque, il forme une sorte de fut. périphrastique « aller, être sur le point »: IVe s., Actes, XX, 13 [codex e]: volentes suscipere; VIe s., CORRIPUS: jam properare volent ds BLAISE Lat. chrét. Fréq. abs. littér.:116 875 (vouloir-vivre : 28). Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 160 169, b) 166 510; XXe s.: a) 174 742, b) 166 072. Bbg. ANSCOMBRE (J.-Cl.). Voulez-vous dériver avec moi? Communications. 1980, n° 32, pp. 100-102. — BLUMENTHAL (P.). Imperfekt und Perfekt der frz. Modalverben. Z. fr. Spr. Lit. 1976, t. 86, pp. 26-39. — OLSSON (K.). La Constr.: verbe + obj. dir. Thèse, Stockholm, 1976, pp. 150-174. — HANSE (J.). Déplacements réels ou prétendus de la nég. en fr. Mél. Bal. (W.). Cah. Inst. Ling. Louvain. 1984, t. 10, pp. 77-85. — PERRET (D.). Le Rôle du sujet de l'énoncé ds certaines assertions. Fr. mod. 1974, t. 42, pp. 108-120; Les Verbes pouvoir et vouloir ds les énoncés de prop. Lang. fr. 1974, n° 21, pp. 106-121. — QUEM. DDL t. 19, 29; 1 (s.v. vouleur). — RAPIN (R.), POHL (J.). À propos de vouloir, auxil. du futur. Fr. mod. 1961, t. 29, pp. 62-64. — ROQUES (G.). La Conjug. du verbe vouloir en a. fr. Colloque Internat. sur le M. Fr. 4. 1982. Amsterdam, 1985, pp. 227-268. — SCHNUR (M.). Das d. und das frz. System der modalen Hilfsverben. Z. rom. Philol. 1977, t. 93, pp. 276-293. — STRERI (A.). Énonciation et référenciation: [...] vouloir et dire. Paris, 1979, 129 p. — VALOGNES (J.). Les Verbes du désir en fr. Thèse, Strasbourg, 1977, pp. 24-41. — WUNDERLI (P.). L'Impér. de vouloir. Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 12.1968. Bucarest, 1970, t. 1, pp. 557-567
II.
⇒VOULOIR2, subst. masc.
A. — Littéraire
1. Faculté de vouloir. Synon. volonté. L'ambition du vouloir humain; vouloir divin. Le manque de vouloir dans Louis (CHATEAUBR., Litt. angl., t. 1, 1836, p. 206). L'important déjà, c'est de comprendre comment les résistances et les souffrances, même contraires à nos plus vives aspirations, peuvent servir d'enseignement et de route à notre vouloir profond (BLONDEL, Action, 1893, p. 162). V. agir ex. 2.
2. Acte de volonté. Un vouloir de créer; mon vouloir; tel est mon vouloir. Jusqu'alors sa vie avait été composée d'actes sans volonté, de vouloirs impuissants (BALZAC, Mme de La Chanterie, 1844, p. 219). [Pétrarque] l'avait trouvé faible [son cousin] mais inébranlable en ses vouloirs (TOULET, J. fille verte, 1918, p. 268).
Se rendre au vouloir de qqn. Se plier au désir, à la volonté de quelqu'un. J'observai que la fille m'étant confiée, je ne devais point l'exposer à attraper du mal, et Huriel se rendit cette fois à mon vouloir (SAND, Maîtres sonneurs, 1853, p. 120).
B. — Bon vouloir; mauvais vouloir
1. Vieilli. Bienveillance, malveillance; bonnes, mauvaises intentions. Les antipathies et les mauvais vouloirs des gens de ce salon, et les amabilités qui ressemblent à un instrument qui joue faux (GONCOURT, Journal, 1888, p. 751). Il sut à quelles portes il fallait frapper; quelles paperasses il y avait à remplir, quels bons vouloirs à gagner aux divers échelons de la hiérarchie, quelles influences extérieures à mettre en jeu (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 165).
— [Avec un compl.] Bon vouloir à l'égard de qqn. Bonne disposition à l'égard de quelqu'un. Ce que vous avez dit, mon général, prouve votre bonté et votre bon vouloir à mon égard, et je vous en suis bien sincèrement reconnaissant (SÉGUR, Auberge ange gard., 1863, p. 189).
Vx. Malin vouloir. Mauvais vouloir, intention de nuire. Il a témoigné son malin vouloir; il a un malin vouloir contre moi (Ac. 1798-1878).
2. ,,Volonté considérée dans ses déterminations particulières`` (FOULQ. 1971).
Bon vouloir, mauvais vouloir. Bonne volonté, mauvaise volonté. Il dit que, grâce au mauvais vouloir des petits propriétaires de son village, les haies des chemins sont « en anarchie » (RENARD, Journal, 1901, p. 669).
Le bon vouloir de qqn. La libre décision, le bon plaisir de quelqu'un. Cela dépend de son bon vouloir. L'emploi de chacun a longtemps dépendu du bon vouloir patronal, tel que le concrétisait la toute-puissance du contremaître dans l'atelier (Traité sociol., 1967, p. 499).
REM. Non(-)vouloir,(Non vouloir, Non-vouloir) subst. masc., psychol. Suspension de la volonté, refus de vouloir. Je traverse une crise de non vouloir que rien ne fait espérer qui passera (TOULET, Corresp. avec un ami, 1920, p. 216). La tendance qui trouble un projet consiste toujours dans une intention contraire, dans un non-vouloir dont il nous reste seulement à savoir pourquoi il ne s'exprime pas autrement et d'une manière moins dissimulée (FREUD, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p. 84).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1130-40 « ce que l'on veut, volonté » (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis [ms. A], 420: Or voi bien que Dex maint en toi, Ton voloir puet faire de moi); ca 1160 faire toz ses voleirs; a son voleir (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 12610; 17502); 2. ca 1200 « action de désirer, de vouloir » (CHASTELAIN DE COUCI, Chans., éd. A. Lerond, IV, 5: Adonc flourist mes cuers en un voloir de fine amour); id. (GUIOT DE PROVINS, Armeüre de chevalier, 593 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 112); 3. 1432 spéc. bon vouloir « disposition favorable à quelqu'un » (CHARLES D'ORLÉANS, Ballades, 42, 27 ds Œuvres, éd. P. Champion, t. 1, p. 63: J'ay bon vouloir envers vous). Subst. de vouloir1. Cf. l'a. fr. vueil « volonté » (842 meon vol cas oblique abs. « à ma volonté » Serments de Strasbourg ds HENRY Chrestomathie, p. 2, 7), déverbal de voleir, vouloir1. Bbg. QUEM. DDL t. 37, 39.

1. vouloir [vulwaʀ] v. tr.
CONJUG. je veux, tu veux, il veut, nous voulons, vous voulez, ils veulent; je voulais; je voulus; je voudrai; je voudrais; que je veuille, que nous voulions, que vous vouliez (anciennt, veuill(i)ons, veuill(i)ez), qu'ils veuillent; que je voulusse; voulant; voulu; deux impératifs : au sens fort, veux, voulons, voulez (→ cit. 12); au sens affaibli — impér. de politesse —, veuille, veuillons, veuillez (→ cit. 5).
ÉTYM. XIIe; voleir, 980; d'un lat. pop. volere, formé sur le rad. vol- de certaines formes du lat. class. velle.
———
I Avoir la volonté; l'intention, le désir de…
A (Suivi de l'inf., d'une complétive ou d'un pronom).
1 (Suivi de l'inf.). || Je veux remuer, je ne peux pas (→ 1. Pouvoir, cit. 7). Essayer. || « Je veux être Chateaubriand ou rien » (cit. 50). || « Seigneur, vous serez roi dès (cit. 10) que vous voudrez l'être ». || « Je le suis, je veux l'être » (→ Maître, cit. 37). || « Las (cit. 8) de se faire aimer, il veut se faire craindre ». || Vouloir absolument faire, dire… (→ Mouvement, cit. 24). Tenir (tenir à). — ☑ Loc. Vouloir dire. 1. Dire (cit. 25).(Au conditionnel, pour marquer un désir plutôt qu'une volonté). || Qu'il est dur de haïr ceux qu'on voudrait aimer (cit. 17). || Je voudrais croire, espérer… (→ Oser). || J'aurais voulu savoir, mais j'avais peur d'apprendre (cit. 32). || J'aurais voulu vivre et mourir libre (cit. 18). || Vouloir entendre, vouloir voir (cit. 26 et 29) — ☑ Loc. Je voudrais vous y voir. || Je voudrais bien voir (cit. 60) qu'on me résistât.(Renforcé par bien). Aimer (cf. Il me plairait de). || Je voudrais bien trouver (→ Déverser, cit. 1), savoir (→ Plaire, cit. 22), connaître… (→ Attache, cit. 16).
1 (…) Arnaud Baculard, qui ne dit jamais ce qu'il veut dire, et ne fait jamais ce qu'il veut faire (…)
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 114.
2 Ils veulent être libres et ne savent pas être justes.
Abbé Sieyès, Disc. à la Constituante, 10 août 1789, in Guerlac.
3 (…) il devra répondre comme faisait Rousseau à ceux qui lui demandaient, s'il avait voulu se peindre dans Saint-Preux : « Non, disait-il, Saint-Preux n'est pas ce que j'ai été, mais ce que j'aurais voulu être ».
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 29 oct. 1849.
4 Je voudrais être beau pour que tu m'aimes (…)
Apollinaire, Ombre de mon amour, XXXVIII.
Spécialt (atténuation polie de je veux). || Je voudrais vous parler en particulier (cit. 8).
(Au subjonctif optatif et à l'impératif de politesse). || Dieu veuille bénir ta maison (→ Foison, cit. 2). || « Veuille le juste Ciel me garder en ce jour… ! » (→ Preuve, cit. 1).Veuillez être discret (cit. 8). || Veuillez à votre tour reconnaître (→ Nature, cit. 45; et aussi poème, cit. 2). || Veuillez entrer (cf. Donnez-vous la peine de…, je vous prie de…). Politesse (formules de).
5 — Monsieur, veuillez poursuivre maintenant, dit l'avoué. — Veuillez, s'écria le malheureux vieillard en prenant la main du jeune homme, voilà le premier mot de politesse que j'entends depuis (…)
Balzac, le Colonel Chabert, Pl., t. II, p. 1103.
6 Lorsqu'un jour sonnera l'heure immense où tu meurs (…)
(…) Veuille encore penser à moi !
Anna de Noailles, Forces éternelles, « Lorsqu'un jour sonnera… »
6.1 Ne veuille plus rien; la fatigue vient de volonté. Tu y es, tu y es, n'y pense plus.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 113.
(En phrase négative, la négation portant vraiment sur vouloir). || Il n'a pas voulu vous insulter, sa volonté n'était pas de… (→ Manant, cit. 5). || Je ne veux pas me donner pour plus fort que je ne suis (→ Atrocement, cit.). || Je ne veux pas dire que la poésie n'ennoblisse pas les mœurs (→ Moral, cit. 4).(Avec anticipation de la négation, qui porte alors non sur vouloir mais sur l'inf. suivant). || Ils ne veulent pas servir un maître, leur volonté est de ne pas servir… (→ Dénombrer, cit. 3). Refuser (refuser de). || Je ne veux pas orner (cit. 10) la vérité. || « Je ne veux plus aimer que ma mère Marie » (→ 1. Mère, cit. 2). — ☑ Loc. Il ne veut rien savoir.
(Sujet n. de chose). Fam. (En parlant d'une chose à laquelle on prête vie et volonté). || Le café s'entêtait à ne pas vouloir passer (cit. 22). || Ce bois ne veut pas brûler (Académie). || La voiture n'a pas voulu démarrer.
6.2 Ce maudit rhume qui ne veut pas me quitter.
Zola, Rome, X.
2 Vouloir que… (suivi d'une complétive au subj., dont le sujet ne peut être celui de vouloir). Entendre (I., 2.), envie (avoir). || « Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres » (cit. 47; → aussi Épargner, cit. 23). || « De nos crimes communs je veux qu'on soit instruit » (→ Assassinat, cit. 1). || Veux-tu que je te laisse ? (→ Signe, cit. 14). || « Que vouliez-vous qu'il fît contre trois ? » (→ Désespoir, cit. 12). || Je voudrais bien que… (→ Broderie, cit. 2).
(En tour interrogatif, vouloir prenant un sens affaibli, voisin de demander, suggérer ou prétendre. → ci-dessous, III.). || « Sur qui dans son malheur voulez-vous qu'il s'appuie ? » (cit. 37). || Que vouliez-vous que je fisse d'elle ? (→ Parfait, cit. 3). || Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ? (→ Parce que, cit. 7), que ça me fasse ? || Comment voulez-vous que je m'en sorte ? (1. Sortir, cit. 26).Voudriez-vous que… ? (→ Voir, cit. 67). || Pourquoi veux-tu que… ? (→ Meurtrissure, cit. 2). — ☑ Fam. Que voulez-vous que je vous dise ? je n'y peux rien, c'est comme ça.
7 — (…) Qu'avez-vous fait ? — Que voulez-vous, mon père, que j'aie fait ? — Ce n'est pas moi qui veux que vous ayez fait, mais qui demande ce que c'est que vous avez fait.
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 2.
8 — Vous ne répondez point ? — Que veux-tu que je dise ?
Racine, Bérénice, I, 3.
9 Cette énormité n'attire plus vos regards ? Elle retient les nôtres, que voulez-vous que je vous dise.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 256.
(En tour interrogatif, dans le même sens, avec ellipse de la complétive). || Que veux-tu ? || Que voulez-vous ?, marquant l'embarras, ou la résignation. Ainsi (c'est). → Cachet, cit. 7; négligence, cit. 7; noircir, cit. 13; 2. plaid, cit. 4; provende, cit. 2; radoter, cit. 2. || Qu'est-ce que vous voulez ? (→ Prix, cit. 29). || Qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce qu'on peut y faire ?
10 — Que veux-tu, mon pauvre nourricier ? il faut bien obéir à notre maître (…)
Molière, le Médecin malgré lui, I, 4.
(En phrase négative, la négation portant sur vouloir). || Je ne veux pas que…, mais je veux que… (→ Art, cit. 53).
11 Vous n'avez pas voulu qu'il eût la certitude
Ni la joie ici-bas !
Hugo, les Contemplations, IV, XV.
(La négation portant sur la complétive). || Je ne veux pas que tu viennes (→ Diable, cit. 22), qu'on les lise (→ 3. Droit, cit. 11). Défendre, interdire.
3 (Avec un pronom complément neutre, représentant un inf., une complétive). || Dieu l'avait voulu (→ Arriver, cit. 60). || Revenez, je le veux. Commander, ordonner (→ Bouder, cit. 4; demander, cit. 3). || « Vous l'avez voulu, George Dandin » (cit.), mots passés en proverbe, pour signifier à qqn que ce qui arrive est de sa faute, qu'il l'a bien mérité. Conséquence (accepter, subir les). || Vous l'avez voulu, bien voulu, c'est de votre faute. || Si je l'avais voulu (→ Dépouiller, cit. 31). || Que tu le veuilles ou non (→ Trembler, cit. 5). Nolens volens. || Sans le vouloir (→ Mien, cit. 24). Involontairement, mégarde (par).(Le compl. est un démonstratif). || « Fais (cit. 55) ce que voudras ». || Tu fais ce que tu veux, mais moi à ta place… || Ce que femme veut, Dieu (cit. 56) le veut. || « Et vous ferez (cit. 143) de lui tout ce que vous voudrez ». Influence (avoir de l'). || Si vous m'aimez, vous devez vouloir tout ce que je veux (→ Exclusivement, cit. 5). || « (…) tu peux ce que tu veux » (→ Haut, cit. 117). || L'homme vraiment libre (cit. 26 et 28) ne veut que ce qu'il peut. || Vous qui ne savez rien et qui ne voulez rien (→ Routine, cit. 3). || Il ne sait pas ce qu'il veut. || Il vise (1. Viser, cit. 5) à bien dire ce qu'il veut, comme il le veut.
12 (…) n'espérez plus au néant; non, non, n'y espérez plus; voulez-le, ne le voulez pas, votre éternité vous est assurée.
Bossuet, Second sermon, Pour la fête de tous les saints, III.
13 Une seule personne qui sait ce qu'elle veut, où elle va, brise le désordre de cinq cents énergumènes.
M. Barrès, Leurs figures, VII.
14 Les esprits valent selon ce qu'ils exigent,
Je vaux ce que je veux.
Valéry, Mauvaises pensées, Œ., t. II, Pl., p. 165.
(Avec ellipse du complément). || Comme, quand, où (cit. 35)… je veux (→ 1. Aller, cit. 5; bon, cit. 64; intrigant, cit. 4). || Je fais ce que je veux avec lui. || Je fais ce que je veux quand je veux.Fam. || Ça va-t-il comme vous voulez ? (→ Maître, cit. 96). || Cela n'allait pas exactement comme elle voulait. || Tant que vous voulez. || Le fasse, le lise… qui (cit. 34 et 35) voudra. || Assommez-moi si vous voulez (→ Assommer, cit. 13). || « Doutez (cit. 25), si vous voulez, de l'être qui vous aime ».
15 (…) il frappera le taureau où il voudra, quand il voudra, comme il voudra.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 212.
Si tu veux, si vous voulez, si on veut, s'emploie pour marquer une concession (par rapport à l'interlocuteur ou au lecteur) ou l'approximation (→ Ardent, cit. 7; désespérance, cit. 1; laid, cit. 2; navrer, cit. 4; rappeler, cit. 4). || « Guenille, si l'on veut, ma guenille (cit. 6) m'est chère. »
B (Avec un nom complément).
1 a (Compl. n. de chose). Prétendre obtenir (qqch.) ou souhaiter que se produise (qqch.). Demander, désirer (cit. 6). || Je veux mes cent francs (→ Prendre, cit. 28). || Vouloir d'abord la fortune (→ Risquer, cit. 15), vouloir avant tout son divertissement (cit. 3), vouloir sa tranquillité à tout prix (→ Majorité, cit. 3). || « Je ne veux que l'honneur de l'attacher (cit. 2) moi-même ».Je ne veux pas la mort (1. Mort, cit. 34) du pécheur. || Ils ont voulu la guerre (cit. 14 et 26). — ☑ Prov. Si tu veux la paix, prépare la guerre.Le peuple veut son relèvement (cit. 1). || Je voulais cette explication, je l'ai provoquée (cit. 5). Souhaiter (→ aussi Nuance, cit. 9; poète, cit. 4).
16 J'ai voulu des jardins pleins de roses fleuries,
J'ai rêvé de l'Éden aux vivantes féeries,
De lacs bleus, d'horizons aux tons de pierreries;
Mais je ne veux plus rien; il suffit que tu ries.
Ch. Cros, Sonnet madrigal.
Vouloir qqch. de qqch. || Je veux cent francs de ce livre, j'en veux tel prix.
Spécialt (pour exprimer la demande d'un client). || Monsieur veut-il une friction ? (→ Shampooing, cit.). || Il voulait une paire de pistolets (1. Pistolet, cit. 1). || « Qu'est-ce que vous voulez ? — Trois pastis » (cit. 1; → aussi 2. Râble, cit. 1).(Au conditionnel de politesse). || Nous voudrions une chambre (cit. 7). || Je voudrais deux salades.
(Avec de partitif). || « Je veux de la poudre et des balles » (→ Grec, cit. 6). || Voulez-vous du café ? || Je ne veux pas de ça. || « Où je ne vois point de profit (cit. 1), je veux au moins du plaisir ». || J'en veux, je n'en veux plus. || « Mange, finis ta soupe ! — J'en veux plus ! » || J'en veux encore, de la glace ! || Je n'en veux plus de cette robe, je te la donne.
16.1 Maria veut encore boire. Il commande les manzanillas sans faire de remarques. Lui aussi en prendra.
— C'est mon mari qui a voulu de l'Espagne pour les vacances. Moi j'aurais préféré ailleurs.
M. Duras, Dix heures et demie du soir en été, p. 12.
Loc. En veux-tu, en voilà.
16.2 Et des placards, et des armoires, et des tiroirs et des resserres, et des fouillis de toute sorte, en veux-tu, en voilà… Jamais je ne me retrouverai dans tout cela (…)
O. Mirbeau, le Journal d'une femme de chambre, p. 23.
16.3 Je ne manque pas d'ouvrage à Genève. J'en ai, de toutes sortes, en veux-tu, en voilà.
R. Rolland, Deux hommes se rencontrent, p. 282.
En vouloir pour son argent.
Absolt.En vouloir.Fam. || Une jument qui en veut, qui est en chaleur.Fig. || Il en veut ! : il se dépense beaucoup, il est plein d'ardeur. || Un type qui en veut, ambitieux, arriviste.
b (Compl. n. de personne). || « Mais Rome veut un maître (cit. 17) et non une maîtresse » (→ aussi 1. Peuple, cit. 1). || Les hommes veulent des messies (cit. 5). || « Je voulais votre fille, et ne pars qu'à ce prix » (cit. 18).
Spécialt. Vouloir posséder charnellement; désirer (→ Graveleusement, cit.; sien, cit. 3).
17 — (…) Je te veux; me veux-tu de même ? — Avec plaisir.
Molière, le Dépit amoureux, I, 2.
18 (…) ce n'était pas Lise qu'il voulait, c'était cette gamine ! Jamais l'idée de la peau de Lise contre la sienne ne lui avait seulement fait battre le cœur; tandis que tout son sang l'étouffait, à la seule pensée d'embrasser Françoise.
Zola, la Terre, II, IV.
c Vouloir qqch. de qqn, vouloir obtenir de lui. Attendre (→ Non, cit. 60). || « Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle » (→ Nuptial, cit. 3). || « Que voulez-vous de moi, flatteuses voluptés ? » (→ Attachement, cit. 1).
19 Que vais-je devenir, et que veut-on de moi ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « L'espoir en Dieu ».
(Dans le même sens, par attraction de demander, cit. 32 et 33). || Qu'est-ce que vous me voulez ?
20 — Gabrielle ! — Que me voulez-vous ? — Ne trouvez-vous pas que ça a assez duré ?
Maupassant, l'Inutile Beauté, IV.
d Vouloir (qqch.) à (qqn) : souhaiter que (qqch.) échoie, arrive à (qqn). || Vouloir du bien à autrui. Altruiste (cit. 1; et → 1. Roussi, cit.).(Le compl. est un pronom). || Il me veut quelque bien (→ Mouvement, cit. 38). || Le bien qu'ils m'ont voulu (→ Attacher, cit. 59). || Vouloir mal (vx; → 1. Dire, cit. 46), du mal (3. Mal, cit. 5) à qqn. || Je ne veux de mal (3. Mal, cit. 9) à personne (→ Bougre, cit. 2). || Un ami qui vous veut du bien (formule de lettres anonymes).Vx. || « Je me veux mal de mort d'être de votre race », je m'en veux d'être… (→ Sang, cit. 20).
21 — Vous voulez un grand mal à la nature humaine !
— Oui, j'ai conçu pour elle une effroyable haine.
Molière, le Misanthrope, I, 1.
21.1 Ô mes enfants ! il en est donc qui se sont rendus des traîtres dans l'Église de Dieu ? Il fallait refuser ce pain, dès que vous vouliez mal à quelqu'un de ceux à qui il jurait amitié en votre nom (…)
Restif de La Bretonne, la Vie de mon père, p. 42.
21.2 (…) Thérèse parla d'objets que l'on perd, de parents éloignés qui vous veulent du bien, de voyages avantageux et de maladies dont il ne faut pas s'inquiéter.
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 14.
2 Vx. || Se faire bien vouloir, mal vouloir (de qqn), s'attirer la sympathie, l'antipathie.
Souhaiter que (qqch., qqn) ait (qqch.).
22 Oui, quand Hélène me parle, je lui voudrais une autre voix quand elle me regarde, je lui voudrais d'autres yeux.
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 750.
3 (1549). || En vouloir à (qqn, qqch.). a (Vieilli). S'en prendre à… (→ Piédestal, cit. 3). || En vouloir à la vie de qqn.
b (XVIIe). Avoir des prétentions, des visées sur, s'intéresser à (qqch.). || On n'en veut qu'à sa signature (cit. 6), qu'à son argent.
23 — (…) Elle en veut à mon cœur, et non pas à l'empire.
— D'autres avaient déjà pris soin de me le dire,
Seigneur; et que votre reine a le goût délicat
De n'en vouloir qu'au cœur, et non pas à l'éclat.
Corneille, Tite et Bérénice, V, 2.
c (XVIIe, avec valeur affective). Cour. Avoir de l'hostilité envers (qqn à qui l'on a qqch. à reprocher), garder du ressentiment, de la rancune contre… Avoir (en), irrité (être), plaindre (se), rigueur (cit. 3 : tenir rigueur). → Brutal, cit. 7; humeur, cit. 47. || Il ne faut pas lui en vouloir (→ Indulgent, cit. 8). || Je ne vous en veux plus (→ Fatalité, cit. 5).(Avec un compl. de cause). || En vouloir à qqn de, pour qqch., à cause de qqch. || Elle lui en voulait de ce calme (→ Asseoir, cit. 46). || Il ne lui en voulait pas de déprécier (cit. 6) les choses qu'il estimait (→ aussi Faim, cit. 18; monopole, cit. 5; réduire, cit. 18). || J'en veux à l'humanité de ce que je fais partie (cit. 10) d'elle.
24 En vouloir à une créature, c'est lui vouloir du mal. Pourquoi pas du bien ? Serait-ce que le principal versant de notre volonté serait du côté du mal ?
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, IX.
25 — (…) Tiens, je n'ai jamais pu t'avoir de véritable gratitude, et c'est pour cela, surtout pour cela, que je t'en veux : tu as fait de moi un ingrat.
G. Duhamel, Salavin, III, XXVI.
S'en vouloir de… : se reprocher de. Repentir (se). || Je m'en veux d'avoir accepté. || Je m'en voudrais ! (cf. fam. Ça me ferait mal !).
26 — (…) allons aux championnats d'athlétisme féminin.
— Moi, aller voir des femmes ? Ah ! je m'en voudrais ! La cucuterie !
Montherlant, les Olympiques, Il s'en voudrait !, p. 32.
REM. À l'impératif, on rencontre les formes Ne m'en veuille, ne m'en veuillez pas (cf. Hugo, Valéry, Giraudoux, in Grevisse), et, plus cour., Ne m'en veux pas, ne m'en voulez pas (Flaubert, R. Rolland, Barrès).
4 (Avec un attribut du complément). Souhaiter avoir (une chose présentant certain caractère, une chose dans certaines conditions). || « Comment voulez-vous votre steak ? — Bleu ». || Il cultivait l'amitié (cit. 22) mais la voulait modérée. || Si elle veut une révolution, elle la veut en faveur de la vie (→ Romantisme, cit. 7). || Il veut le blé à bon marché (→ Oiseau, cit. 22).Il les voulait telles qu'elles étaient (→ Panier, cit. 8).« Je n'en veux pour témoin qu'Hercule et ses travaux » (→ Fleur, cit. 10). → ci-dessous Se vouloir (3.). || Je n'en veux pour preuve que…
26.1 Pressons-nous, mes enfants, dit-il d'une voix qu'il voulait cordiale et qui grinçait. Pensez qu'il commence à se faire tard.
M. Aymé, le Vin de Paris, « Traversée de Paris », p. 29.
5 (XIIIe; avec un compl. d'objet indirect). || Vouloir de (qqch. ou qqn), être disposé à s'intéresser à…, à se satisfaire de…REM. À la différence des tours où de a sa valeur partitive (je veux du pain), cette construction, employée surtout en phrase négative, « donne une force remarquable à l'expression du refus » (G. et R. Le Bidois, Syntaxe du français moderne, §1846). || Un misérable banquier a daigné vouloir d'elle (→ Tigré, cit. 1). || Se souciant peu qu'on veuille ou non d'eux (→ Faiblesse, cit. 34).Une pouliche dont pas un parieur (cit. 2) ne voulait. Abandonner. || « Dieu ne veut point d'un cœur où le monde domine » (cit. 4). || Si vous ne vouliez pas de mon amour… (→ Aussi, cit. 38). || « Une femme (cit. 55) pardonne tout, excepté qu'on ne veuille pas d'elle » (Musset). || Personne n'en veut. || Je n'en voudrais pour rien au monde.(Avec attribut du complément). || De petits jeunes gens dont je n'aurais pas voulu pour soldats (→ 1. Pistolet, cit. 4).
27 Veux-tu de nous ? La paix. N'en veux-tu pas ? La guerre.
Hugo, la Légende des siècles, VI, VII.
6 Absolt. Faire preuve de volonté. || La faculté de vouloir (→ Désir, cit. 1). || L'art de sentir et de vouloir (→ Humanisme, cit. 7). || Pouvoir et vouloir (→ 1. Pouvoir, cit. 28 et 29). || Dieu (cit. 7), cet être qui veut et qui peut. || Vouloir et savoir (→ 1. Savoir, cit. 22). || « Voulons fortement (cit. 2) et nous serons plus formidables que jamais ». || Sachez vouloir, vouloir fortement (→ Flottant, cit. 5). || À force de m'habituer à ne pas vouloir (→ Lâche, cit. 6). — ☑ Prov. Vouloir, c'est pouvoir (→ Voir, cit. 52).
28 — Mais si vous êtes et si vous avez toujours été le maître de vouloir, que ne voulez-vous à présent aimer une guenon; et que n'avez-vous cessé d'aimer Agathe toutes les fois que vous l'avez voulu ? Mon maître, on passe les trois quarts de sa vie à vouloir, sans faire. — Il est vrai. — Et à faire sans vouloir.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 723.
29 (…) M. Casimir Perier avait la qualité dauphinoise, il savait vouloir. Le souffle de Paris, affaiblissant, corrodant la faculté de vouloir, n'avait pas encore pénétré dans nos montagnes en 1800.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 42.
———
II Par anal. (Sujet n. de chose, à laquelle on prête une sorte de volonté). Demander, exiger, réclamer (cit. 5).
1 (Avec l'infinitif). Besoin (avoir besoin de). || L'attention (cit. 7) veut être relâchée de temps en temps (→ aussi Archaïque, cit. 1). || L'orme (cit. 2) veut être toujours mouillé.
30 Avec lumière et choix cette union veut naître (…)
Molière, le Misanthrope, I, 2.
Spécialt. || Vouloir dire : signifier. 1. Dire (cit. 97 et 98).
2 (Avec une complétive). || « La parfaite raison fuit toute extrémité (cit. 14) Et veut que l'on soit sage avec sobriété » (Molière). || La nature, l'honneur, la prudence, l'usage veut que… Prescrire (→ Assurer, cit. 53; manière, cit. 22; 1. sacré, cit. 8). || La loi, la mode, la convenance voulait que… (→ Libelle, cit. 1; outré, cit. 1; silence, cit. 6). || Le hasard voulut qu'il fît beau ce jour-là. || Un malheureux (cit. 24) hasard voulut qu'ils ne fussent point réunis (→ aussi Pied, cit. 25). || Son malheur voulut que… (→ Gagner, cit. 8).
REM. Dans ces deux derniers cas, si l'on veut marquer qu'il n'y a rien d'intentionnel dans ce « hasard » ou ce « malheur », la complétive, exprimant alors la simple constatation d'un fait fortuit (cf. Le hasard fit que…), pourra être à l'indicatif (ou au conditionnel). « Le malheur veut que qui veut faire l'ange (cit. 14) fait la bête ».
31 Le bien que nous avons reçu de quelqu'un veut que nous respections le mal qu'il nous fait.
La Rochefoucauld, Maximes, 229.
32 J'avais conservé le manuscrit raturé avec un soin religieux; le malheur a voulu que tout dernièrement (…) on a brûlé une foule de papiers parmi lesquels le discours a péri.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, II, VII, IV.
33 (…) si le malheur veut que je vous ai perdue pour toujours, je ne chercherai pas à vous remplacer (…)
Henry Becque, la Parisienne, III, 6.
34 (…) le malheur a voulu qu'on ait à rouvrir la caisse (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VI, X, p. 79.
Vieilli. (Avec un compl. d'objet). Nécessiter, avoir besoin pour exister, se faire, pour réussir. Demander, exiger, requérir. || Ce travail, ce poème veut du temps, des soins (→ Apprentissage, cit. 7). || « Cet art veut sur tout autre (cit. 33) un suprême mérite ». || « Cette vérité veut quelque adoucissement » (cit. 4). || Le sublime (cit. 4) veut des pensées élevées. || La vérité ne veut aucun ornement (→ 1. Parer, cit. 4).Gramm. || « Afin que » veut le subjonctif. Régir.Ce plat veut une longue cuisson.
35 (…) tu y regarderas à deux fois avant d'acheter ou de faire construire une papeterie (…) Il te faudra d'ailleurs prendre un brevet d'invention (…) Tout cela voudra du temps et voudra de l'argent.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 928.
Loc. fam. Vx. Être à bouche que veux-tu, traiter qqn à bouche que veux-tu. Bouche (supra cit. 7).
Mod. S'embrasser à bouche que veux-tu, longuement, à pleine bouche. — ☑ Par plais. À gueule que veux-tu (→ Museler, cit. 1).
———
III (Volonté « logique »). || Vouloir que…, affirmer (par un acte du jugement volontaire plus que par référence à la réalité). Prétendre. || Descartes a voulu, contre toute apparence (cit. 46), que les animaux fussent des machines (→ aussi Mécanique, cit. 5). || Elle veut à toute force que la seule approche d'un homme déshonore (cit. 7) une fille. || Ceux qui veulent que les hommes soient tout bons ou tout méchants (→ Mélanger, cit. 6).(Sujet n. de chose). || La thèse, l'opinion, la maxime qui veut que… (→ Instinct, cit. 11; raison, cit. 35; relation, cit. 9). || La légende veut que… || Un mythe (cit. 2) grec veut que…REM. Par analogie avec prétendre, la complétive est parfois à l'indicatif.
36 La légende veut qu'à Bagdad il rencontra l'illustre El Ghazali, et qu'en le voyant celui-ci (…) aurait dit (…)
Jérôme et Jean Tharaud, le Rayon vert, p. 3, in Grevisse.
(Dans le même sens, suivi d'un inf.). || Il veut à tout prix l'avoir rencontré.
37 (…) une petite fille, en sa vie si morne, veut absolument avoir été violée dans un bois (…)
Henri Michaux, La nuit remue, p. 204.
Pop. Je veux !, s'emploie comme formule d'approbation ou d'affirmation énergique (cf. Je pense bien !).« Il connaît son affaire. — Je veux ! dit le typo » (→ Main, cit. 82). || Je veux, mon neveu ! (même sens).
38 — Tu ne trouves pas qu'il y a de l'abus ? demanda Louis-César.
— Je veux ! répondit Osmond, en faisant une moue écœurée.
Michel de Saint-Pierre, les Aristocrates, XV.
38.1 — Ça durera que quelques jours, que vous m'avez dit.
— En effet. Voilà. D'abord : vous avez votre permis ?
— Naturellement, dit Pierrot.
— Je m'en doutais. Vous sauriez conduire une camionnette ?
— Je veux, dit Pierrot.
R. Queneau, Pierrot mon ami, Folio, p. 159.
38.2 — Tu la connais ?
— Je veux. Oh là là.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 46.
Avec une complétive :
38.3 Des paumés comme toi, des mal habillés, je veux qu'on les voie venir de loin.
M. Aymé, le Vin de Paris, « Traversée de Paris », p. 49.
———
IV (Simple acquiescement de la volonté).
1 (Sous la forme simple). Accepter de…, consentir à…(Suivi de l'inf.). || Demande-lui s'il veut venir souper avec moi (→ Demander, cit. 47). Accepter. || Je vais te donner un louis d'or pourvu que tu veuilles jurer (cit. 9). || Je ne voudrais à aucun prix le perdre (→ Tenir, cit. 42). || « Qui voudra s'abaisser à me servir d'appui ? » (cit. 39). Daigner. || Si vous voulez me suivre par ici, Monsieur… (→ Ordonnance, cit. 6).(Avec ellipse de l'inf. compl.). || Je vous dirai (1. Dire, cit. 81), si vous voulez, le conte de Peau d'Âne. || Si tu voulais (→ Leçon, cit. 6).
Spécialt. (En tour interrogatif, pour exprimer une prière polie). Politesse (formules de). || Voulez-vous avoir l'obligeance, la bonté de… ? (→ Formulaire, cit. 3; joindre, cit. 19). || Voulez-vous repasser lundi prochain ? (→ Passe-droit, cit. 2).(Ellipt.). || Laissez-moi souffler un peu, voulez-vous ?(Pour marquer un ordre qui reste poli). || Veux-tu te taire (cit. 9), animal ? || Voulez-vous ne pas baisser le nez ? (→ Privauté, cit. 1).
39 Vouloir, employé interrogativement, est souvent (…) une formule de demande; mais il exprime fréquemment aussi un ordre catégorique, pressant même; ce n'est que par une sorte d'ironie que l'on sollicite le consentement de la personne à qui on commande, ou pour lui poser un dilemme : Veux-tu te taire, polisson ! (Musset, Lorenzaccio, V, 5). Qu'est-ce que cette coiffure ? Veux-tu arranger tes cheveux ? (A. Cap., Châtelaine, I, 2).
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 563.
40 (…) voulez-vous vous en aller là dehors, petit fripon ?
Molière, la Comtesse d'Escarbagnac, 2.
Vieilli. || Vouloir que… (pour marquer une simple concession de l'esprit). Accorder, admettre, concéder. || « Je veux qu'il y ait dans l'Écriture des obscurités (…) mais il y a des clartés admirables » (→ 1. Manifeste, cit. 1).
41 Je veux qu'elle ait en soi quelque chose d'aimable;
Mais enfin à Mélite est-elle comparable ?
Corneille, Mélite, II, 6.
41.1 (…) par habitude de professeur, il se servait constamment d'expressions comme « j'accorde que », et même, pour dire « je veux bien que », « je veux que » : « je veux que l'énorme développement des fronts nécessite, etc. »
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 792.
2 Vouloir bien : admettre, permettre, tolérer.(Suivi de l'inf.). || Je veux bien avouer que… (→ Dramatique, cit. 1; et aussi 1. marron, cit. 5; synthèse, cit. 3). || Je veux bien m'en tenir à cette punition légère (cit. 17). || Le bel article que vous avez bien voulu me faire (→ Moitié, cit. 17). || Il voulait bien mentir mais non pas se parjurer (cit. 2). || Si elle voulait bien me recommander (cit. 1). || Je viens vous prier de vouloir bien… (→ Orchestre, cit. 9). || Vous voudriez bien m'avertir si…
Ellipt. || Nous jouerons (cit. 22) à trois, si vous voulez bien.Fam. || Nous, on (cit. 36) veut bien. || Moi, je veux bien (→ Studio, cit. 1). || Je veux bien croire, admettre (mais sans conviction, par pure complaisance). Accord (être d').
41.2 Carlotta me regardait de ses beaux yeux bruns; et elle murmura en se mettant à sourire : « S'il veut, je veux bien, moi. »
Comment aurais-je pu refuser ? Je déclarai : « Mais certainement que je veux bien. »
Maupassant, les Sœurs Rondoli, Pl., t. II, p. 160.
Vouloir bien que… (suivi du subjonctif). → Récuser, cit. 1. || Je veux bien que vous preniez… Permettre (→ Olé, cit. 1).(Pour marquer une simple concession de l'esprit). || Je veux bien que l'insuffisance d'instruction leur rende (cit. 35) plus difficiles… || Ils ont donc été superstitieux (cit. 1); je le veux bien, mais… (→ aussi 2. Que, cit. 7).REM. Comme accorder ou admettre, vouloir bien peut, dans ce sens, être suivi de l'indicatif.
42 Je veux bien que je n'avais pas tout à fait raison de l'agacer… avec mes philosophies contraires à ses convictions religieuses, mais il faut dire que (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 344.
Bien vouloir (à l'inf.). || Je vous demande de bien vouloir recevoir M. X.
———
V (En fonction d'auxiliaire d'aspect). Régional. Suivi de l'infinitif, vouloir s'emploie parfois au lieu d'aller pour exprimer un futur à la fois proche et probable. Il veut pleuvoir (XVe, Dijon, cf. Grevisse, §655, 15o, note). || On dirait qu'il veut faire beau.
43 Ils sont plus tourmentés sans comparaison de leurs douleurs quand il veut pleuvoir, que lorsqu'il fait beau temps (…)
A. Paré, IX, 5, in Littré, art. Vouloir.
44 La baraque (…) semblait vouloir s'affaisser dans la boue (…)
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, V, Le dernier.
——————
se vouloir v. pron.
ÉTYM. (Déb. XVIIe, d'Aubigné : se vouloir mal de qqch.).
1 (1713). Récipr. Se souhaiter mutuellement. || Se vouloir du bien, du mal.S'en vouloir : avoir réciproquement de la rancune.
2 (1799). Réfl. || S'en vouloir (de qqch.) : se reprocher. || Elle s'en veut de ne pas avoir répondu à ta lettre.Vx. || Se vouloir du mal de… : s'en vouloir.
(1924, Montherlant). Fam. || Je m'en voudrais ! : je ne le ferais à aucun prix.
3 (Mil. XXe). || Se vouloir… (et attribut). a (Personnes). Faire effort pour être; se considérer comme… en faisant effort. || Il se veut équitable. || Il se veut le témoin de son époque.
b (Choses). Se donner pour… || Son livre se veut objectif. Prétendre (se).
4 Didact. Réfl. Vouloir sa propre existence.
45 Le désir n'est pas. Les philosophes le savent depuis longtemps. Il « veut ». Que veut-il ? Dans la mesure où ce terme qui désigne de « l'être » a un sens, le désir se veut.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 222.
——————
voulu, ue p. p. adj.
1 Qui a été voulu, recherché avec intention. Délibéré, intentionnel, volontaire. || Frivolité consciente et voulue (→ Amateur, cit. 7; et aussi pittoresque, cit. 5). || L'obscurité voulue de sa retraite (→ Projection, cit. 3). || Dédain voulu (→ Peuh, cit. 2). || Simplicité, nudité voulue (→ 1. Magot, cit. 4).C'est voulu : ce n'est pas le fait du hasard.
2 Commandé, requis par les circonstances. || Dans les formes juridiques voulues. Prescrit (→ Procès-verbal, cit. 2). || La quantité de drap voulue (→ Soumissionner, cit. 1). || Faire pointer (1. Pointer, cit. 2) une carte à la case voulue.
3 Vx. || Bien, mal voulu (de, par qqn) : envers qui on est bien, mal disposé; bien, mal vu.
CONTR. Refuser — (De voulu) Involontaire.
COMP. Revouloir.
HOM. 2. Vouloir.
————————
2. vouloir [vulwaʀ] n. m.
ÉTYM. XIIe; infinitif substantivé de 1. vouloir.
1 Littér. Faculté de vouloir. Volonté (→ Distinction, cit. 5). || Mon vouloir (→ Causalité, cit. 1). || Le vouloir divin (→ Téméraire, cit. 2). || L'habitude (cit. 41) psychologique qui est une forme de vouloir.
1 Si le talent a son germe dans une prédisposition cultivée, le vouloir est une conquête faite à tout moment sur les instincts, sur les goûts domptés, refoulés, sur les fantaisies et les entraves vaincues, sur les difficultés de tout genre héroïquement surmontées.
Balzac, la Muse du département, Pl., t. IV, p. 177.
2 (Déb. XVe, bon vouloir). Vieilli. Bon, mauvais vouloir : bonnes, mauvaises intentions. Bienveillance, malveillance.(1670). Mod. Bonne, mauvaise volonté (→ Expression, cit. 37; nature, cit. 30; précautionner, cit. 1). || Y mettre un mauvais vouloir évident.
2 — C'est bon, conclut Voiturier, puisque vous y mettez du mauvais vouloir, la procession, y en aura pas.
M. Aymé, la Vouivre, VIII.
Vx. || Malin (cit. 4) vouloir : mauvais vouloir.
HOM. 1. Vouloir.

Encyclopédie Universelle. 2012.