exiger [ ɛgziʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1373; lat. exigere, proprt « pousser dehors », d'où « faire payer, exiger »
1 ♦ Demander impérativement (ce que l'on a, croit ou prétend avoir le droit, l'autorité ou la force d'obtenir). ⇒ réclamer, requérir, revendiquer. Être en droit d'exiger qqch. Il exige une compensation, des réparations. « Il finit par élever la voix et par exiger ses dossiers » (Courteline). Les malfaiteurs exigent une rançon. La police exige la libération de tous les otages. Exiger le silence, la soumission, l'obéissance. Exiger de qqn un sacrifice. Qu'exigez-vous de moi ? ⇒ attendre. Je le ferai puisque vous l'exigez. « Celui qui exige beaucoup de lui-même se sent naturellement porté à beaucoup exiger d'autrui » (A. Gide). — Requérir comme nécessaire pour remplir tel rôle, telle fonction. Qualités qu'on exige d'une secrétaire. Diplômes exigés pour être admis à un emploi.
♢ EXIGER (de qqn) QUE(et le subj.). Elle exige qu'il revienne. ⇒ commander, ordonner, 1. sommer. (Suivi du condit.) Il exigea, avant de signer, qu'on lui réserverait ce droit. (Suivi de l'inf.) Il exigea d'être payé immédiatement.
2 ♦ (Sujet chose) Rendre indispensable, inévitable, obligatoire. Les circonstances exigent la plus grande prudence. ⇒ appeler, commander, demander, imposer, nécessiter, réclamer, requérir; obliger (à). Travail qui exige beaucoup d'attention. « Tout examen exige un sang-froid qu'on n'a jamais en voyant ce qu'on aime » (Rousseau). — EXIGER QUE(et subj.). « La discipline exige que le subordonné respecte le chef; elle exige aussi que le chef soit digne d'être respecté » (Maurois).
⊗ CONTR. Offrir, donner. Dispenser, exempter.
● exiger verbe transitif (latin exigere) Vouloir quelque chose (de quelqu'un), le réclamer impérativement : J'exige des excuses. Avoir absolument besoin de quelque chose, le nécessiter, le requérir comme nécessaire : Ces plantes exigent beaucoup de soleil. Rendre quelque chose nécessaire, obligatoire ; imposer, demander : Une telle entreprise exige de nouveaux collaborateurs. ● exiger (difficultés) verbe transitif (latin exigere) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : j'exige, nous exigeons ; il exigea. Construction Exiger que (+ subjonctif) : j'exige qu'il soit présent. ● exiger (synonymes) verbe transitif (latin exigere) Vouloir quelque chose (de quelqu'un), le réclamer impérativement
Synonymes :
- imposer
- ordonner
- réclamer
- sommer
Contraires :
- exempter
- renoncer
Avoir absolument besoin de quelque chose, le nécessiter, le requérir comme...
Synonymes :
- demander
- nécessiter
- requérir
- vouloir
exiger
v. tr.
d1./d Réclamer, en vertu d'un droit réel ou que l'on s'arroge. Exiger le paiement de réparations.
— Exiger que (+ subj.) Il exige qu'on vienne.
d2./d (Sujet nom de chose.) Imposer comme obligation. Allez-y, le devoir l'exige. Les circonstances exigent que vous refusiez.
|| Nécessiter. Construction qui exige une main-d'oeuvre abondante.
⇒EXIGER, verbe trans.
I.— [Le suj. désigne un animé]
A.— Faire savoir que l'on veut impérativement que quelque chose soit fait.
1. [Le compl. d'obj. est un subst.]
a) [Le compl. d'obj. est un subst. désignant une action] Exiger des excuses, des explications (de qqn). Mme la duchesse a exigé de notre obéissance le vœu d'être sincère (STENDHAL, Lamiel, 1822, p. 26). Une facture de librairie dont le paiement est exigé avec insolence (BLOY, Journal, 1903, p. 202) :
• 1. Parmi les conditions que Bismarck avait posées, il en était une qui était grave, et c'était la seule qui ne lui rapportât rien. Il avait exigé pour les troupes allemandes une entrée solennelle dans Paris.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 223.
— [Le compl. d'obj. n'est pas précédé de l'art.] :
• 2. ... je ne suis pas infaillible, et mes erreurs peuvent avoir quelquefois des suites fâcheuses, dont l'offensé a droit d'exiger réparation tant que je ne l'ai point faite.
MARAT, Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 133.
b) [Le compl. d'obj. est un subst. ne désignant pas une action] Il exige des honneurs qui ne lui sont pas dus (Ac.). J'approuve le duc de Nemours d'exiger la culotte courte à ses soirées (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 203). Donner et afficher des ordres. Exiger la tenue, la discipline, les marques extérieures de respect (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 434).
— En partic. [Le compl. d'obj. désigne le plus souvent une somme d'argent] Faire savoir que l'on veut impérativement que quelque chose soit payé, livré. Exiger des contributions de guerre (Ac.). Un usurier (...) qui leur louait des voitures, en exigeant un intérêt scandaleux (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 750). Mon fils (...) va exiger les huit mille roubles que je lui dois (CAMUS, Possédés, 1959, 1re part., 2e tabl., p. 951) :
• 3. ... les villes de la Libye (...) s'étaient livrées à Régulus. Pour les punir, on avait exigé d'elles mille talents, vingt mille bœufs, trois cents sacs de poudre d'or, des avances de grains considérables.
FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 96.
♦ Rare [Le compl. d'obj. n'est pas précédé de l'art.] Beaucoup de curés (...) exigent salaire pour administrer les sacrements et pour dire la messe (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 47).
2. [Le compl. d'obj. est un procès exprimé par un verbe]
a) [Le compl. d'obj. est un inf. introduit par de] Je n'oserai dire que la marquise a exigé de lui de vous calomnier, mais le fait est probable (STENDHAL, Chartreuse Parme, 1839, p. 202). Une femme avait expressément exigé en se mariant d'avoir un appartement sur les boulevards, pour regarder les omnibus (GONCOURT, Journal, 1864, p. 42) :
• 4. Nous sommes tous des cas exceptionnels. Nous voulons tous faire appel de quelque chose! Chacun exige d'être innocent, à tout prix, même si, pour cela, il faut accuser le genre humain et le ciel.
CAMUS, Chute, 1956, p. 1515.
b) [Le compl. d'obj. est une prop. compl. introduite par que dont le verbe est au subj.] Un monde incapable de rien comprendre à demi-mot et qui exige que l'artiste souligne, insiste, appuie (MAURIAC, Journal, 1937, p. 136) :
• 5. Cavaignac, au temps où il régnait, a exigé de lui [Brisson] que l'on emprisonnât Picquart, parce que Picquart offrait de prouver que la grande preuve de la culpabilité de Dreyfus avait tous les caractères d'un faux.
CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 157.
3. [Le compl. d'obj. est un propos rapporté au discours dir. ou un pron. neutre qui le représente] Georges Dupuis (...) s'est engagé à ne jamais me revoir. On a exigé cela et il y a consenti (BLOY, Journal, 1901, p. 66). Mais précisez donc, mon garçon! exigeait madame mère (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 63) :
• 6. Mes lettres ont été adressées à une apparence. Rendez-les-moi, je l'exige : vous les avez entre les mains par erreur.
MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1188.
4. [Le compl. d'obj. est un subst. suivi d'un attribut exprimant le contenu de l'exigence] Il surveillait maman Coupeau, exigeant les biftecks très cuits, pareils à des semelles de soulier (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 609) :
• 7. Le mari de Cathie voulait avoir une maison bien tenue et Cathie ne voulait s'occuper de rien, son mari exigeait des repas à l'heure, et Cathie restait étendue sur un divan avec un livre...
TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 162.
Rem. Au lieu de cette dernière constr., on emploie plus couramment une prop. compl. Exiger que les biftecks soient très cuits.
5. Emploi abs., rare :
• 8. Les Pharisiens veulent que les autres soient parfaits. Et ils exigent et ils réclament. Et ils ne parlent que de cela. Mais moi [dit Dieu] je ne suis pas si exigeant.
PÉGUY, Myst. Sts Innoc., 1912, p. 101.
B.— [La volonté n'est pas toujours explicitée]
1. [Le compl. second. désigne une pers.] Faire savoir à quelqu'un que l'on s'attend impérativement à quelque chose d'heureux, de favorable de sa part, p. ext., s'attendre impérativement à quelque chose d'heureux, de favorable de la part de quelqu'un.
a) [Le compl. d'obj. est un subst.] Des références sérieuses sont exigées pour être admis à cet emploi. La taille exigée pour le service militaire (Ac. 1932). Mme Chanteau (...) s'étendait sur les qualités qu'elle exigeait d'une bru parfaite (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 931). Il exigeait des épouses la fidélité, des jeunes filles l'innocence, mais consentait aux hommes de grandes libertés (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 38).
b) [Le compl. d'obj. est un adv. de quantité à valeur nominale] Il exigeait trop d'une femme, il en attendait le bonheur et un rien le froissait (CHARDONNE, Romanesques, 1937, p. 16). Celui qui exige beaucoup de lui-même se sent naturellement porté à beaucoup exiger d'autrui (GIDE, Journal, 1938, p. 1299) :
• 9. Vous avez trop étendu les devoirs. Vous avez dit : demandons plus, afin d'obtenir assez. Vous vous êtes trompé, si vous exigez trop des hommes, ils se rebuteront...
SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 82.
2. P. ext., rare. [Le compl. d'obj. est une chose] S'attendre impérativement à quelque chose d'heureux, de favorable de la part de quelque chose
a) [Le compl. d'obj. est un subst.] :
• 10. Tout dormait maintenant et seul veillait peut-être encore quelque aiguilleur ou quelque télégraphiste peu soucieux de donner à cette partie de la ville la physionomie pittoresque qu'en exigeait Pierrot.
QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 199.
b) [Le compl. d'obj. est un adv. de quantité à valeur nominale] Sans la conception du bonheur, l'existence serait plus tolérable, nous exigeons des choses plus qu'elles ne peuvent donner (FLAUB., Corresp., 1878, p. 105).
II.— P. ext. [Le suj. désigne un inanimé ou un animé considéré du point de vue de son développement temporel] Nécessiter impérativement.
A.— [Le compl. d'obj. est un subst.]
1. [Le compl. d'obj. est un subst. désignant une action] Travail qui exige une attention soutenue. C'est un grand souci qu'une écurie. Le cheval est un animal délicat, qui exige mille soins (FRANCE, Nos enfants, 1887, p. 18). La poésie exige de son adepte un entier dévouement et le sacrifice de toute autre satisfaction (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 298) :
• 11. Où êtes-vous né?... évidemment loin d'ici, probablement à la campagne (...). Cela signifie que vous êtes venu au monde avec des poumons qui réclament le grand air, des jambes exigeant la randonnée quotidienne à travers champs...
ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 24.
— [Le compl. d'obj. n'est pas précédé de l'art.] Il y a des admirations qui exigent effort, que le doute suit de près (RENARD, Journal, 1897, p. 398). L'enfant ne sait pas attendre, ses désirs exigent satisfaction immédiate (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 314) :
• 12. Jour à jour, la colère s'accumulait, comme la soif et la faim. À certaines heures, elle exigeait assouvissement. Après de véhéments assauts, Justin cédait, s'humiliait.
DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 246.
2. [Le compl. d'obj. est un subst. désignant une qualité] Travail qui exige de la patience. Cette place exige une grande assiduité (Ac.). Je demandais (...) au ministre de la marine si cette opération (...) pouvait être exécutée avec la rapidité exigée par les circonstances (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 187) :
• 13. Ce qui est vrai, c'est qu'une politique effective de paix comporte ses risques. La paix, la vraie paix a son prix. Elle peut commander des sacrifices difficiles. Elle exige aussi du courage, un courage plus difficile encore.
GUÉHENNO, Journal Révol., 1938, p. 260.
— [Le compl. d'obj. n'est pas précédé de l'art.] La pensée exige maîtrise de soi, objectivité, ampleur du regard (MOUNIER, Traité caract., 1946 p. 631).
3. [Le compl. d'obj. est un subst. désignant une chose concr.] Dans la pratique industrielle, c'est une coûteuse installation que celle qu'exige la fabrication de l'acide sulfurique (VERNE, Île myst., 1874, p. 157). Des chemins creux qui exigent le chariot à roues géantes (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 16) :
• 14. ... les cellules en culture exigent une alimentation spéciale : le simple plasma sanguin ne leur suffit point, il faut l'enrichir de jus d'embryon.
J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 58.
B.— [Le compl. d'obj. est un procès exprimé par un verbe]
1. [Le compl. d'obj. est un inf. introduit par de] :
• 15. ... la qualité (...) n'est jamais obtenue par une cause connue et éprouvée, donc fatale; elle exige d'être chaque fois recréée, par une aventure.
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 393.
2. [Le compl. d'obj. est une prop. compl. introduite par que dont le verbe est au subj.] Les devoirs de la société exigent qu'on ménage l'amour-propre d'autrui (Ac.) :
• 16. ... l'ensemble des armées franco-britanniques (...) ne pouvait escompter le secours immédiat ou prochain de plus de 70 000 fantassins américains. La faiblesse indiscutable de ce résultat exigeait que les errements suivis jusqu'ici pour le transport en France de l'armée américaine fussent modifiés.
FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 80.
C.— [Le compl. d'obj. est un propos au discours dir. représenté par un pron. neutre] Un conspirateur est bien obligé de vivre seul : le métier l'exige (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 39) :
• 17. Bardoux est « au pinacle », je lui ai envoyé un mot de félicitations. Avez-vous pensé à lui expédier vos cartes de visite? ou même, toi, un mot aimable? Cela me semble exigé par la bienséance.
FLAUB., Corresp., 1877, p. 105.
Prononc. et Orth. :[], (j')exige []. Cf. é-1. Enq. : // (il) exige. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1357, BL.-W.3-5]; 1373 exigier « percevoir, recouvrer (un impôt); demander impérativement ce qui est dû » (Mandem. de Ch. V, p. 520 ds DG); 1604 « rendre indispensable, nécessaire » (MONTCHRESTIEN, Les Lacènes, éd. P. de Julleville, p. 18 : Le devoir exigeoit qu'il me fust revelé). Empr. au lat. class. exigere (de ex et agere), proprement « pousser dehors, chasser; faire sortir » d'où « exiger ». Fréq. abs. littér. Exiger : 5 112. Exigé : 664. Fréq. rel. littér. Exiger : XIXe s. : a) 8 541, b) 4 858; XXe s. : a) 6 029, b) 8 223. Exigé : XIXe s. : a) 1 151, b) 706; XXe s. : a) 982, b) 872. Bbg. BUCHSENSCHUTZ (K.). Ist das ein grammatischer Fehler? Die neueren Sprachen. 1932, t. 40, p. 424. — CORNULIER (B. de). Sur une règle de déplacement de négation. Fr. mod. 1973, t. 41, p. 53, 54.
exiger [ɛgziʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. 1373; lat. exigere, proprt « pousser dehors », de ex « hors », et agere, d'où « faire payer, exiger ».
❖
1 Demander impérativement (ce que l'on a, ce que l'on croit ou prétend avoir le droit, l'autorité ou la force d'obtenir). ⇒ Demander, enjoindre, réclamer, requérir, revendiquer. || Avoir le droit, être en droit d'exiger l'exécution d'un contrat, d'une obligation. || Âpreté à exiger ses droits (→ Âpre, cit. 18). || Il exige, il exigea une compensation, des réparations. ⇒ Prétendre (à). || Exiger ce qui n'est pas dû, plus qu'il n'est dû. ⇒ Concussion (cit. 1), exaction. || Exiger de lourds tributs, des contributions onéreuses. ⇒ Contraindre (à), imposer, prélever. || On exige du contribuable d'absurdes déclarations (cit. 8). || Les malfaiteurs exigent une rançon. || Enfant capricieux qui exige les jouets de ses camarades.
1 Sers-toi de ton autorité pour exiger d'eux ce qui t'est dû (…)
2 La guerre contre les Saxons avait commencé pour un tribut de trois cents chevaux et quelques vaches que Pépin avait exigé d'eux; et cette guerre dura trente années.
Voltaire, Essai sur les Mœurs, XV.
3 Il finit par élever la voix et par exiger ses dossiers.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, III.
♦ Exiger un engagement, une promesse (→ Chanceux, cit. 1). || Elle exigea de lui le plus grand secret (→ Découvrir, cit. 36). || Exiger le silence, la soumission, l'obéissance. || Requérir comme nécessaires pour remplir tel ou tel rôle, telle ou telle fonction. || Exiger de qqn une qualité, des aptitudes. || Qualités qu'on exige d'un boursier, d'un tuteur, d'un domestique (cit. 8), d'un auteur (→ Donateur, cit. 1). || Napoléon exigeait des hommes l'efficacité, le rendement maximum (→ Courber, cit. 6). — Au p. p. || Diplômes exigés pour être admis à un concours, à un emploi. || Épreuve exigée du compagnon (cit. 10) qui voulait devenir maître. — Exiger de quelqu'un un acte, une conduite particulière. || Exiger un sacrifice. || Qu'exigez-vous de moi ? ⇒ Attendre. || Je le ferai puisque vous l'exigez (→ Éloigner, cit. 1). || Je le ferai de moi-même si on ne l'exigeait pas. ⇒ Astreindre (à; → Contrainte, cit. 2).
4 (…) je vous crois trop raisonnable pour vouloir exiger de moi que ce qui peut m'être permis par l'honneur et la bienséance.
Molière, l'Avare, IV, 1.
5 C'est ce qu'en vain le ciel voudrait exiger d'elle.
Et peut-il, dira-t-elle, en effet l'exiger ?
Boileau, Satires, X.
6 — Mon ami, me dit-il, il faut toujours exiger des hommes plus qu'ils ne peuvent faire, afin d'en avoir tout ce qu'ils peuvent faire. C'était un bon principe militaire venant d'un bon officier.
A. de Vigny, Journal d'un poète, p. 64.
7 Il faut exiger beaucoup du cavalier pour en obtenir peu.
France, l'Orme du mail, p. 65.
8 Celui qui exige beaucoup de lui-même se sent naturellement porté à beaucoup exiger d'autrui.
Gide, Journal, 1er et 2 févr. 1938.
9 (Cette vieille) Qui veut, vingt ans encore après le sacrement,
Exiger d'un mari les respects d'un amant ?
Boileau, Satires, X.
♦ Exiger (de qqn) que (suivi du subj.). ⇒ Commander, désirer, ordonner, 1. sommer. || Elle exige de lui qu'il travaille plus. || Nous exigeons qu'il s'en aille (→ Argument, cit. 4; chef, cit. 12; diplôme, cit. 3). — (Suivi du cond.). || Il exigea, avant de signer, qu'on lui réserverait ce droit, il mit cette condition à sa signature.
10 Sachez qu'en notre accord elle (mon épouse) a, pour premier point
Exigé qu'un époux ne la contraindrait point
À traîner après elle un pompeux équipage (…)
Boileau, Satires, X.
11 (…) lorsque telle de leurs incartades accusait avec évidence les défauts de son système d'éducation, elle exigeait que Sammécaud se chargeât de la réprimande (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XX, p. 149.
♦ Exiger de (avec l'inf.). || Il exigea d'être payé immédiatement. || Elle exigea de partir dès le lendemain.
11.1 Chacun exige d'être innocent, à tout prix, même si, pour cela, il faut accuser le genre humain et le ciel.
Camus, la Chute, in T. L. F.
♦ Absolt. || Au lieu de demander, il exige. || N'exigeant plus, il n'obtient rien (→ Désapprendre, cit. 1).
12 (…) on ne fut point sévère pour La Fontaine, parce qu'il semblait ne prétendre à rien : moins il exigeait, plus on lui accordait; on lui passait ses mauvaises fables en faveur des excellentes.
Voltaire, Lettre (sous le nom de la Visclède) au secrétaire de l'Acad. de Pau.
13 Quand on n'est pas pressé d'instruire, on n'est point pressé d'exiger, et l'on prend son temps pour ne rien exiger qu'à propos.
Rousseau, Émile, II.
2 (1651, Corneille; sujet n. de chose). Rendre indispensable, inévitable, obligatoire; avoir besoin, nécessairement. || Les circonstances exigent une action immédiate. ⇒ Appeler, commander, demander, imposer, nécessiter, réclamer, requérir; obliger (à). || Texte, travail qui exige beaucoup d'attention. || Devoir que l'honneur exige (→ Abandonner, cit. 21). || Cela exige une grande application, une forte discipline (cit. 12). ⇒ Supposer. || Cette danse exige une grande dépense nerveuse (→ Charleston, cit. 1). || Les raisons qui ont exigé son départ. ⇒ Motiver. || La vigne exige de grands soins. ⇒ Vouloir. || L'automobile exige des routes plus larges (→ 2. Carrière, cit. 3).
14 Mais enfin elle est reine, et cette qualité
Semble exiger de nous quelque civilité.
Corneille, Nicomède, II, 4.
15 On est obligé de mêler un peu de cuivre avec l'étain, pour lui donner la fermeté qu'exigent les ouvrages qu'on en veut faire (…)
16 Ces sévérités, qui révoltent nos mœurs, étaient peut-être nécessaires dans un pays où le maintien des lois semblait exiger une rigueur effrayante.
Voltaire, Histoire de l'Empire de Russie, II, XXVII.
17 Tout examen exige un sang-froid qu'on n'a jamais en voyant ce qu'on aime.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, Lettre VIII.
18 En réalité, ce qu'une telle situation demandait de lui, cette patience, cette attente, cette fausse activité que paralysait le sentiment d'une impuissance totale, c'était bien ce qui répugnait le plus foncièrement à son tempérament, ce qui exigeait de lui le plus insoutenable effort.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 178.
19 Mais un moment arrive où la foi, si elle devient dogmatique, érige ses propres autels et exige l'adoration inconditionnelle.
Camus, l'Homme révolté, p. 149.
♦ (Sans article devant le compl. d'objet). || « La pensée exige maîtrise de soi, objectivité, ampleur du regard » (E. Mounier, in T. L. F.). || Exiger (de qqn) que (avec le subj.). || La vie exige que nous satisfassions chaque jour à nos besoins (→ Appréhender, cit. 2).
20 La discipline exige que le subordonné respecte le chef; elle exige aussi que le chef soit digne d'être respecté, et que lui-même respecte les lois.
A. Maurois, Études littéraires, Saint-Exupéry, t. II, p. 258.
♦ Exiger de (suivi de l'inf.). || Désirs qui exigent d'être satisfaits (→ Circonscrire, cit. 6).
21 La politique exige de punir sans exception.
——————
s'exiger v. pron. (passif).
♦ Être exigé.
22 Tant que la levée des revenus s'exigera par des voies arbitraires, il est impossible que les peuples ne soient exposés à un pillage universel répandu par le royaume.
——————
exigé, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article, ci-dessus.
❖
CONTR. Offrir, donner. — Dispenser, exempter, exonérer.
DÉR. Exigeant, exigible. V. Exigence.
Encyclopédie Universelle. 2012.